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Laines qu'il emploie.

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Déposition de M. Richard. Salaires de sés ouvrières: main-d'œuvre en Angleterre et en Prusse. Industries de Saint-Étienne; leur accroissement. - Question des transports.

Déposition de M. Desmares, fabricant de draps à Vire. — Industries de Vire; leurs souffrances. Coût du charbon: avantages de l'Angleterre. Salaires. — Maintien du livret. — Lignite en Prusse. Conversion des droits ad valorem en droits au poids. - Impôt des patentes. Déposition de M. Junker, président de la Commission ouvrière de Roubaix. Protestation contre retrait de la loi des coalitions; instruction obligatoire. La guerre et la grève. Association aux bénéfices. Demande l'enseignement technique et économique. - Modification de l'art. 1153. Association dans les petites industries. Chambres syndicales. Institution de prix; révision de la loi de

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recrutement; objection au visa du livret par la police. Déposition de M. Flipo, délégué de la Commission ouvrière. mentation du prix de toutes choses par suite des traités de commerce. - Augmentation des salaires. Égalité des salaires anglais et français: différence du temps de travail. - Différence des salaires en France et en Belgique. Supériorité de l'ouvrier français. Déposition de M. Junker, de la Commission. Travail des enfants. - Réduction des charges pesant sur l'industrie; protection modérée. -Inexécution de la loi sur le travail des enfants. - Droit de coalition corollaire du suffrage universel; instruction correctif des coalitions.

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Déposition de M. Warnier, membre de la Chambre de commerce de Reims. Commerce et industrie de Reims : suppression des droits pour arriver au libre échange. Menaces de Roubaix. contraire à l'ouvrier. - L'État et l'industrie.

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Protection

M. BALAS demande, au nom des fabricants de tresses, galons et passementerie, la suppression des droits sur les poils de chèvre et laines filés, conversion du droit ad valorem en droits au poids. M. Richard emploie des laines anglaises filées à Bradford. Les ouvrières en tresses sont payées à la tâche. La main-d'œuvre est plus chère en Angleterre qu'en Prusse. On fait à Saint-Étienne de la passementerie de soie, des armes, de la quincaillerie, des fers et aciers, de la passementerie de laine et on extrait des houilles. Le nombre des broches a doublé depuis les traités. Nos expéditions sur l'Amérique ont cessé depuis qu'ils ont établi un droit de 50 0/0. Une balle de laine vient en trois jours de Bradford à Lyon et il faut deux jours de Lyon à Saint-Étienne. On a rétabli des fourgons de poste sur la route de terre.

M. JUHEL-DESMARES, fabricant de draps à Vire.-L'industrie du district comprend la papeterie, la draperie, la filature, le tissage, la teinture du coton et les granits. Une filature fondée en 1845 a disparu en 1867. Le charbon revient dans l'usine à 46 ou 48 fr. la tonne. Les quatre-vingt-six fabricants de 1860 sont réduits à une

trentaine. Toutes les usines sont dépréciées. Il est plus avantageux d'achéter la laine et les matières tinctoriales en Angleterre qu'en France. Il en est de même des machines. Les salaires sont plus élevés en France qu'à l'étranger. Il demande le maintien du livret. Le prix du charbon, qui était de 48 fr., est tombé à 36 fr.; l'ouverture des chemins de fer a amené cette baisse. En Prusse, on brûle du lignite; 5 à 6 fr. de lignite font marcher une usine toute la journée. Il faudrait convertir les droits ad valorem en droits au poids. On augmente tous les ans le prix des patentes, et les réclamations sont inutiles.

M. JUNKER, président de la Commission ouvrière de Roubaix, proteste contre les demandes de retrait de la loi des coalitions. On aurait dû donner l'instruction obligatoire avant ou avec le suffrage universel et le droit de coalition. La guerre et la grève sont deux monstruosités dont il est temps de faire justice. Beaucoup de patrons cherchent à supprimer les grèves en associant les ouvriers aux bénéfices. Personne n'a le droit d'intervenir dans les rapports que patrons et ouvriers peuvent établir entre eux. Il demande l'instruction primaire obligatoire et gratuite, l'enseignement technique et professionnel, des cours et bibliothèques populaires, l'ÉTABLISSEMENT DE CHAIRES D'ÉCONOMIE POLITIQUE, AU MOINS DANS CHAQUE DÉPARTEMENT, pour que les ouvriers et les patrons puissent voir et étudier ces questions de plus près, la modification de l'art. 1153 du Code civil, l'association dans les petites industries, la participation dans les grandes, la libre formation de chambres syndicales pour régler les différends dans la question des salaires, heures de travail, etc., l'institution de prix pour les ouvriers et contre-maîtres qui ont réalisé un perfectionnement ou une économie; la révision. de la loi du recrutement; généralement on ne demande pas la suppression du livret; on objecte au visa la police.

M. FLIPO, chargé de lire les réponses faites par la Commission ouvrière de Roubaix, déclare que les traités ont causé une augmentation du prix des denrées, du prix des loyers, des charges provenant de l'octroi, du chômage et une augmentation de travail qui ne compense pas l'augmentation du salaire. Dans les filatures, la main-d'œuvre a augmenté de 30 0/0; les autres emplois ont augmenté de 20 0/0; dans le tissage mécanique, l'augmentation est de 10 0/0, mais il y a une diminution de 30 0/0 dans le tissage à bras. L'ouvrier roubaisien gagne à peu près ce que gagne l'ouvrier anglais. L'ouvrier anglais gagne en 60 heures ce que l'ouvrier français met 72 à 78 heures à gagner. A Roubaix, l'ouvrier gagne 15 0/0 moins que dans les centres belges. Il y a un écart de 50 0,0 entre le prix de la main-d'œuvre à Roubaix et celui des villes belges. L'ouvrier français est supérieur à bien d'autres ouvriers.

M. JUNKER ajoute qu'il ne faudrait pas forcer les enfants de dix ans à travailler plus de six heures. Il voudrait la réduction des charges qui pèsent sur l'industrie et une protection dont il ne chiffre pas le montant. La loi sur le travail des enfants n'est pas exécutée. Le droit de coalition est le corollaire du suffrage universel; l'expérience et l'instruction seront le correctif de ce qu'il peut avoir de mauvais.

M. WARNIER, membre de la chambre de commerce de Reims. Nos envois de vin progressent toujours; ils sont passés de 7 millions de bouteilles à près de 14 millions. Le conditionnement des laines a quintuplé. La laine peignée représentait 45 millions en 1847, 44 millions en 1852, 75 millions en 1862 et 105 millions en 1867. Reims a intérêt à voir disparaître les droits sur les houilles, les machines, les matériaux de construction, les fers, la fonte et les produits chimiques. La Société industrielle demande non-seulement que le traité ne soit pas dénoncé, mais que de nouvelles réformes amènent le libre échange absolu. Roubaix a menacé Reims de lui faire concurrence si Reims ne demandait pas la protection. La chambre de commerce a répondu que Reims essayerait de lutter et que ce n'était pas une raison pour changer d'opinion. Les ouvriers de Roubaix demandaient tout à l'heure la protection. Ce n'est pourtant pas leur intérêt de payer leurs vêtements, leur nourriture, leur combustible plus cher. L'État ne doit de garantie de profits à personne; il ne doit à l'industrie que la liberté des mouvements et la sécurité.

SOMMAIRE.

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SÉANCE DU VENDREDI 1er JUILLET.

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Question

Déposition de M. Léon Say, administrateur du chemin de fer du Nord. — Exposition générale de la question; chiffres des transports; différences des tarifs. Transports sur Roubaix, Tourcoing, Lille, etc. Réduction graduelle des tarifs, moyenne des prix en Angleterre, en Allemagne. Absence de concurrence en Angleterre, fusion ou entente des lignes. Batellerie; ses transports. Transports de 1860 à 1869; proportion des frais avec la valeur. - Tarifs en Angleterre. Pourquoi les tarifs sont-ils si multipliés? des délais. Déposition dc M. Pouyer-Quertier. - Multiplicité des matières pour avoir un produit fabriqué. Prix de transport en Angleterre. Transport des laines en France: faveurs accordées aux laines étrangères. — Transport des houilles; assimilation des tarifs. - Diminution dans la production de la laine; droit de compensation. - Impossibilité de la lutte quand le travail devient mécanique. Production de la laine en Amérique. Il faut imposer les produits agricoles étrangers, sauf le blé, sur lequel on peut mettre un droit compensateur.

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M. Vulliamy, peigneur et filateur, dépose qu'il file au continu.

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Nouveau système accroissant les avantages de l'Angleterre. Il demande le maintien pur et simple des traités.

M. LEON SAY, administrateur du chemin du Nord. - La Compagnie n'est pas en hostilité avec l'industrie, leur prospérité est solidaire, le trafic intérieur est supérieur au trafic étranger. Le réseau dessert un grand nombre de points industriels. La Compagnie transporte 4 millions et demi de marchandises de toute nature et 3 millions et demi de tonnes de houille. La houille ne peut supporter des tarifs élevés. Le tarif actuel est en moyenne de 3 cent. 44 par kilomètre. Les bases du tarif sont de 6 centimes jusqu'à 73 kilomètres et au point le plus bas 0 fr. 025 jusqu'à 300 kilomètres. Le prix maximum est de 7 fr. 40 par kilomètre pour l'étendue de la ligne dans tous les sens. Roubaix consomme 224,000 tonnes, Lille 168,000, Tourcoing 107,000. De Belgique à Tourcoing et Roubaix le tarif est de 60 centimes, et jusqu'à Lille de 1 fr. 10. Amiens reçoit 45,000 tonnes, Rouen 30,000, Saint-Quentin 28,000, Cambrai 41,000. Les transports en Angleterre sont plus élevés. Les tarifs baissent continuellement. En 1862, le prix pour Paris était de 9 fr.; de 1863 à 1866, il a baissé à 7 fr. 50; en 1867, il est à 7 fr. 40. En Angleterre, le prix était de 6 fr. 25 en 1862; il est maintenant de 8 fr. 15. Les Compagnies anglaises ne se font pas concurrence. La moyenne de nos prix est à peu près celle de l'Allemagne. Quand deux Compagnies sont en présence et savent qu'elles ne peuvent plus se détruire, elles font le partage du trafic; ce partage se fait après une lutte d'essai. En Amérique, la concurrence a été très-vive au début, puis on est arrivé à des fusions de Compagnies dont le public à fait les frais. Le relèvement des prix a eu lieu en Angleterre par suite d'une entente entre les diverses lignes. En Belgique, le grand fractionnement des concessions a amené des fusions. Le seul résultat de la concurrence, c'est que l'on a à servir les intérêts de deux capitaux au lieu d'un seul. Après une digression sur les lignes du Nord-Est, M. Say dit qu'en 1869 le Nord a transporté 3,567,000 tonnes de houille, et les canaux 2,500,000 tonnes; en 1844, la batellerie ne transportait que 1,200,000 tonnes. Les chemins de fer ont fait baisser les frets sur les canaux, comme les canaux font baisser le prix sur les chemins de fer. Le fret sur les canaux était à 35 fr. en 1835; il est aujourd'hui à 5 fr. 90. Toutes les fois qu'il y a de grandes demandes, le fret de la batellerie se relève; les chemins de fer ne relèvent pas leurs prix.

En 1860, la ligne de Roubaix transportait 120,000 tonnes; elle en transporte aujourd'hui 380,000. De 86,500 en 1860, la ligne de Tourcoing est passée à 207,000 tonnes. La valeur des laines transortées, tant de Dunkerque que de Bordeaux et Marseille, est de

89 millions; le transport est de 480,000 fr.; cela fait 1/2 0/0; réduisez les tarifs et voyez ce que cela peut faire sur le coût du produit manufacturé.

Par rapport à la valeur, le prix du transport des tissus est de 15 à 18 centimes par 100 fr. Une tonne de tissus de Roubaix portée à Paris est grevée de 15 à 16 centimes par chaque 100 francs de valeur. Les tarifs anglais pour les laines sont de 11, 12 et 13 centimes; suivant les distances, tandis qu'en France ils sont de 8 à 9 centimes. Pour les cotons, le tarif du Nord est de 5 centimes pour les grandes distances et de 9 pour les petites. De Londres à Manchester, le prix est de 5 centimes; de Liverpool à Manchester, il est de 18 centimes 8. Sur le Nord les tissus sont portés de 12 à 17 centimes; en Angleterre ils payent de 17 à 20. Il en est de même pour le lin et les tissus de lin. Il y a autant de prix de revient qu'il y a d'opérations de transport, et il faut que les produits de grande valeur payent plus cher pour que les produits à bon marché soient transportés à bas prix. Le prix moyen de 1870 est de 5 centimes 76; il était de 6,93 en 1860. Si les tarifs sont très-multipliés, c'est que les opérations sont très-diverses. S'il n'y avait qu'un seul tarif, ce serait le tarif moyen, et alors les houilles ne pourraient plus être transportées.

Quant aux délais, les déposants ont, en général, pris les délais imprimés dont on n'use pas et ont négligé la réalité. Les délais sont occasionnés par les destinataires qui ne font pas enlever leurs colis. Nos quais sont embarrassés et les déchargements ne peuvent se faire. En Angleterre, les destinataires n'envoient jamais chercher leurs colis. En France, la loi veut que le chemin de fer avertisse le destinataire de venir chercher la marchandise, et il transforme souvent les gares en lieu de dépôt. De Boulogne à Paris, le transport par petite vitesse n'est jamais plus de deux jours au lieu de dix comme l'établit le règlement. En Angleterre, les Compagnies ne sont pas responsables des délais.

M. POUYER-QUERTIER répond que, pour faire 1 kilog. de tissus de laine, i aut de 23 à 28 kilog. de toutes matières. Les prix de transport doivent être multipliés par ces chiffres, et il se jette dans une longue digression sur la cession des chemins du Nord-Est à la Compagnie du Nord. Puisque le Nord, dit-il, ne peut pas alimenter Paris de houille, comment alimenterait-il Rouen? Ou la Compagnie doit satisfaire largement les besoins du public ou elle doit être ex propriée. Les prix anglais que l'on a cités, dit-il, sont les prix imprimés, mais il y a des réductions sur ces prix. Quant à la laine, celle de Russie paye de Marseille à Rouen ou à Elbeuf 83 francs la tonne pour environ 1,000 kilomètres. C'est un peu plus de 8 cent. par kilomètre. De Chalon-sur-Saône, les laines de Bourgogne jus

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