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qu'à Rouen ou Elbeuf payent 78 fr. 80 pour 580 kilomètres. Cela ait 14 centimes par kilomètre. Les laines de la Plata, partant du Havre ou d'Anvers, payent de 6 à 8 centimes, les laines françaises, de 12 à 14. Le calcul des chemins est de repousser le trafic aux extrémités des lignes pour avoir plus de transports. De Dunkerque à Paris, la houille anglaise est portée à 7 fr. 40; la houille française, de Lens, 96 kilomètres de moins, est taxée au même prix. Les tarifs communs, combinés entre les six grandes Compagnies, n'ont d'autre but que de déshériter la navigation. Il demande que la laine ne soit pas sur une ligne dans la deuxième classe et dans la troisième sur une autre ligne. La production de la laine a diminué en France depuis 1860 d'environ 15 0/0. Il ignore le bénéfice que la France a pu tirer de la suppression du droit sur les laines. On aurait dû maintenir sur les laines étrangères une charge équivalente à celle qui pèse sur les indigènes. Il faut un droit compensateur. Nous pouvons lutter dans le travail à la main, nous ne le pouvons plus quand viennent les machines. Comme peigneur de laines, il demande une juste compensation. L'Amérique, en 1850, produisait 52 millions de livres de laines; en 1860, c'était 60 millions et 177 millions en 1868. C'est le résultat des droits protecteurs établis après la guerre. Les Américains donnent un drawback sur les produits exportés : c'est le droit, moins 10 0/0. Ils donnent une prime de sortie aux produits du pays. Il faut imposer la laine étrangère à 12 ou 15 0/0. Il entre en France, sans compter les céréales, pour plus de 2 milliards de produits agricoles qui ne payent pas de droits ou qui en payent d'insignifiants. Le droit compensateur sur le blé devrait disparaître quand ce produit vaudrait plus de 20 fr. l'hectolitre. En 1869, il a acheté des laines de la Plata à 92 centimes le kilog., qui rendaient 31 à 32 0/0. M. Pouyer-Quertier ne demande pas de protection, il ne veut que de la compensation. Il vaut mieux dégrever l'alimentation que le vêtement. Les laines qu'il achète à Dijon lui coûtent plus cher de transport que celles de la Plata. Il faut mettre un droit de 10 à 12 0/0 sur la matière première et l'augmenter d'une somme correspondante sur la matière travaillée. La production lainière française est diminuée de 7 à 8 070 relativement à l'ancienne fabrication.

M. VULLIAMY, peigneur et filateur à Nonancourt, vient affirmer que la filature au continu existe en France. Au moyen d'un nouveau système, les broches peuvent faire jusqu'à 8,000 tours à la minute. Ce système exige plus de force, plus de houille; c'est un avantage pour les Anglais. Il produit 10,000 kilog. par mois de laine au continu et demande le maintien du traité tel qu'il existe. T.-N. BENARD,

REVUE DES PRINCIPALES

PUBLICATIONS ÉCONOMIQUES DE L'ÉTRANGER

SOMMAIRE. - L'Economist.

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Les taxes locales en Angleterre. - Un nouveau budget de Londres. Le Clearing-House. Le remboursement de la dette; arguments pour et contre. - La diminution des charges en Angleterre. Les nouveaux impôts français. Le mode de payement des impôts en Angleterre. Recensement de la population. Revue trimestrielle d'économie politique (Viertelj.-Schr.) de M. Jules Faucher. Le groupement de l'industrie dans l'Union américaine. — Influence du lieu de production des matières premières; influence des salaires. Recensement suisse. La Presse économique (Volks-w. Presse) de Vienne. La raison et les passions. Chan

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gement de rédacteur.

de billets de banque.

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Progrès de l'Italie.

-

Le Finanze. - Les petites coupures

La guerre étrangère, puis la guerre civile, un double siége d'une longueur totale de sept mois, on pourrait presque dire de neuf mois, ont tellement coupé les relations littéraires et scientifiques entre Paris et le reste du monde, que les fils n'en ont pas encore pu être complétement renoués. Nous nous justifions par le proverbe que l'on sait, et donnons ce que nous avons. Ce n'est du reste pas à dédaigner, comme on le verra.

Commençons par the Economist qui nous laisse, comme toujours, l'embarras du choix.

L'un des articles les plus intéressants, en même temps des plus actuels, est celui que nous trouvons dans le numéro du 8 avril 1871, sur les taxes locales. C'est l'analyse d'un bluebook, et comme nous avons en même temps le document officiel sous les yeux, nous nous permettons d'en transcrire les chiffres tels qu'ils se trouvent dans l'original, le rédacteur de l'Economist ayant jugé à propos de modifier un peu le document officiel, en défalquant les « remboursements de dettes,» tant aux recettes qu'aux dépenses. Nous croyons que c'est à tort, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas seulement de sommes inscrites pour mémoire, et qu'il y a un intérêt réel de connaître la totalité des sommes demandées à l'emprunt; les remboursements n'ont probablement été opérés par communes qui se sort adressées au crédit.

Recettes locales (année 1er avril 1868-31 mars 1869).

Rates ou impôts directs. .

Dues, tolls, fees, ou impôts indirects
Subventions du gouvernement..

Produit ordinaire des propriétés des comtés et des com

munes.

Livres sterl.

16,223,069

4,363,314

1,225,068

336,535

Recettes extraord. provenant des propriétés (ventes, etc.). .

999,328

Emprunts.
Recettes diverses.

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Dépenses générales.

Travaux nouveaux
Intérêts des dettes.

Remboursement de dettes.

On voit qu'il s'agit d'une somme de 755 millions et au-dessus, qui n'est pas comprise dans le budget de l'État. Nulle part d'ailleurs les taxes locales ne sont comprises dans le budget de l'État. Le budget français est le seul et unique dans lequel on s'obstine, contre toute logique, à comprendre des taxes locales; et ce qui rend le procédé encore plus illogique, c'est que l'on n'y comprend qu'une partie des taxes communales, celles qui prennent la forme de centimes additionnels aux contributions directes, et correspondent ainsi aux rates anglais, tandis qu'on prend la totalité des revenus des départements. Si l'on veut connaître le produit de l'ensemble des taxes locales en France, octrois compris, il faut recourir à un document spécial, qui ne paraît que de loin en loin. Le dernier a été publié en 1870, et se rapporte à l'année 1868 (1er janvier 31 décembre). En voici les principaux chiffres:

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(1) Ce chiffre se décompose ainsi : contributions directes (centimes additionnels), 116,551,000; produits éventuels, 38,202,00 fr.

Les taxes locales s'élèveraient donc à 20 fr. 50 par tête en Angleterre, et à 22 fr. 50 par tête en France; mais les taxes françaises renferment de quoi payer le culte, les routes départementales et l'instruction publique, qui ne sont pas (du moins dans la même mesure) compris dans le budget anglais. En revanche, le budget communal anglais comprend la bienfaisance publique, que le budget communal français compte à part. Les bureaux de bienfaisance et les hôpitaux et hospices français dépensent 120 à 125 millions.

par an.

Nous avons dit que les rates ou impôts communaux directs s'élèvent à 16,223,000 fr., soit à 405,575,000 fr.; l'ensemble des centimes additionnels communaux n'atteint en France que 133,843,851 francs. Si des 405 millions de taxes locales anglaises, nous défalquions les 187,500,000 fr. destinés à l'assistance publique, il resterait encore 217,500,000 fr.; d'un autre côté, si nous ajoutons aux 133,843,000 fr. de centimes communaux, les 116,551,000 fr. de centimes départementaux, nous aurions 250 millions à mettre en regard des 217 millions de l'Angleterre. Les taxes directes locales atteignent donc en France un chiffre supérieur à celui de l'Angleterre.

L'une des révélations les plus intéressantes du bluebook que nous avons sous les yeux, est fournie par le résumé du budget de Londres de la métropole, et non de la cité seulement. Au moment même où M. Goschen évaluait à 3 millions sterlings, ou 75 millions de francs, le total des recettes de cette vaste agglomération de communes, nous venions de passer un mois à Londres, pour étudier sur place l'organisation administrative de la métropole, et surtout ses revenus. Nous avons alors établi, pour l'année 1866, un budget des recettes que nous allons comparer avec celui du bluebook, qui est relatif à l'année 1868. (Les chiffres de 1866 sont encore inédits: nous les réservions pour une publication spéciale.)

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(1) Les chiffres de 1868 prouvent que nos efforts n'ont pas été en vain, en 1867, où il s'agissait pourtant de créer. Nous avons dû aller dans les diverses administrations, pour ainsi dire, de porte en porte, recevant d'ailleurs partout le meilleur accueil.

Les dépenses pour 4868 s'élèvent aux chiffres suivants : dépenses générales, 4,219,295 1. st.; travaux nouveaux, 2,631,801; intérêts de la dette, 341,218; remboursement, 822,556; total, 8,014,870. Les subdivisions de ces dépenses se rapportent plutôt aux agents qu'à la nature des dépenses.

La statistique du Clearing-house, que nous trouvons dans l'Economist du 6 mai, ne montre aucun arrêt dans les affaires de l'Angleterre, pendant l'époque agitée que nous venons de traverser. Pendant l'année finissant le 30 avril, les sommes qui ont passé par le Clearing-house se sont élevées en 1867-68, à 3,257,411,000 1.; en 1868-69, à 3,534,039,000; en 1869-70, à 3,720,623,000; en 1870-71, à 4,018,464,000 1. st.

Signalons maintenant (Economist du 10 juin) l'appréciation du discours de M. Lowe, sur le remboursement de la dette. Aux hommes à l'esprit simple, les dettes semblent des charges dont il faut tendre à se débarrasser; mais il surgit de temps à autre des hommes à l'esprit subtil, qui démontrent - plus ou moins bien — qu'il est avantageux de conserver ses dettes, de sorte que le public, ballotté entre les esprits simples et les esprits subtils, ne sait plus à quelle doctrine se vouer. La question de remboursement de la dette se complique de la question du mode d'amortissement qui, de son côté, implique la préférence à accorder à une extinction lente ou à une extinction rapide de la dette. Ce sont précisément les difficultés d'exécution qui ont porté bien des personnes à attaquer le principe même de remboursement ou de l'amortissement. Il a fallu de longues discussions pour que tout le monde se mît d'accord sur ce point, qu'on ne doit pas amortir quand même, c'est-àdire emprunter à 6 0/0, pour amortir une dette contractée à 5 0/0; en termes vulgaires : qu'il ne faut pas ouvrir un grand trou, pour en boucher un petit (1). On admet assez généralement que les excédants de recettes doivent être employés à l'amortissement de la dette. Quelques hommes d'État, cependant, disent qu'il vaut souvent mieux réduire d'autant les impôts, sans parler de ceux qui utilisent ces excédants pour créer de nouvelles dépenses. Enfin, entre les deux extrêmes: 1° emprunter pour amortir, et 2° amortir au moyen des excédants, il y a ce terme intermédiaire auquel nous donnerons le n° 3: imposer pour amortir. Ce terme intermédiaire a des adversaires convaincus; ils voudraient laisser le produit de l'impôt d'amortissement dans la poche du contribuable, qui en

(1) Pratiquement, la question se formule souvent ainsi : vaut-il mieux emprunter (à 6 0/0) ou détourner de son emploi le fonds d'amortissement (qui tend à diminuer une dette qui coûte 3 0/0)?

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