Page images
PDF
EPUB

Ils embrassèrent Cange, et de sa bienfaisance
Il se crut trop payé par leur reconnaissance,
Je ne m'attendais pas, dit-il, à ce plaisir :
On m'avait assuré que vous deviez périr!
O sainte humanité! combien tes vives flammes
Répandent de douceurs dans le fond de nos âmes!
Fais que tous les Français soient tous de vrais amis;
Sous les plus sages lois, fais qu'ils soient tous unis;
Bannis de leurs foyers, les fureurs et la guerre;
Qu'ils servent de modèle au reste de la terre,
Et que, dans l'univers, heureux de leur destin,
Le peuple le plus brave en soit le plus humain.
Par le citoyen J.-M. SEDAINE.

En vertu d'un décret du 9 avril 1811, la prison de SaintLazare fut concédée au département de la Seine.

Les bâtiments furent réparés; l'ancienne église, démolie en 1823, fut remplacée par une chapelle, et tout l'édifice disposé de manière à recevoir en moyenne.douze cents personnes. Il est affecté :

1° Aux femmes prévenues de vols ou d'autres délits;

2° A celles qui subissent une condamnation au moins d'un an de prison;

3 A celles qui, devant subir une peine de plus longue durée, attendent l'époque où elles seront transférées à Clermont ou à Beaulieu;

4° Aux jeunes filles mineures arrêtées pour vagabondage ou enfermées à la requête de leurs parents;

5° Aux filles publiques enfermées pour infractions au règlement de la police.

Toutes travaillent silencieusement dans des ateliers sous la direction de sœurs de charité. M. Gabriel Delessert avait institué des surveillantes laiques, qui ont été plus tard supprimées.

Le costume de la prison consiste en un bonnet noir sans garniture, une robe de droguet rayé de couleur carmélite, un fichu bleu, une ceinture noire avec boucle de cuivre, des bas bleus et des sabots.

En demandant une permission à la préfecture de police, les parents des détenues peuvent les voir deux fois par semaine. Il y a deux espèces de parloir : dans le premier, les prisonnières et les visiteurs sont séparés par deux grilles, entre lesquelles est ménagé un couloir où se promène un gardien; dans le second, les prisonnières et les visiteurs sont rapprochés et peuvent se parler, même à voix basse; mais plusieurs gardiens veillent à ce qu'il n'y ait aucune transmission de billets, d'argent ou d'objets quelconques.

ses

Les sœurs de la charité eurent longtemps leur maison mère presque en face de Saint-Lazare, de l'autre côté de la rue du faubourg Saint-Denis. Vincent de Paul avait formé, en 1617, une association de dames pour le service des pauvres; mais l'éducation, les habitudes de délicatesse, les soins du monde empêchaient ces femmes bien intentionnées d'accomplir les devoirs que le vénérable prêtre leur avait imposés. Mae Legras, née Louise de Marillac, veuve du secrétaire général des commandements de Marie de Médicis, s'entendit avec Vincent de Paul, et le 21 novembre 1633, elle réunit dans sa maison, près de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, de pauvres filles des champs, familiarisées avec le travail et l'acceptant mème sous formes les plus répugnantes. Les membres de cette communauté, qui furent bientôt connus sous le nom de Sœurs-Grises, étaient admis, après cinq années d'épreuves, à prononcer des vœux simples, qu'ils renouvelaient après le 25 mars de chaque année. Leur emploi était d'assister les malades et de donner une instruction primaire aux jeunes filles. L'élection de la supérieure était renouvelée tous les trois ans, et les sœurs étaient placées sous la direction perpétuelle du général de la Mission. Après avoir occupé pendant quelque temps une maison de La Villette, la communauté se fixa rue du faubourg SaintDenis. Le cardinal de Retz approuva, le 18 janvier 1655, les règlements que Vincent de Paul avait faits pour elle, et l'établissement fut confirmé par des lettres patentes, qui furent expédiées au mois de novembre 1658 et enregistrées le 16 décembre suivant.

Me Legras, qui était restée, par une faveur exceptionnelle, supérieure jusqu'à la fin de ses jours, mourut le 15 mars 1660, à l'âge de soixante-huit ans, et fut enterrée au pied du maîtreautel de la chapelle couventuelle. Qu'est devenue la tombe de cette femme de bien?

La maison du faubourg Saint-Denis fut supprimée en 1792. Les sœurs de la charité, dont le service fut à peine interrompu par la Révolution, se transférèrent rue du Vieux-Colombier; puis, en 1813, rue du Bac, à l'ancien hotel La Vallière. Une partie des bâtiments de l'ancien monastère fut disposée, par le chirurgien Antoine Dubois, en maison de santé, grâce à l'initiative du conseil général des hospices, et aux frais de la ville de Paris. Les remaniements qu'a subis le quartier ont nécessité la translation de cet utile établissement au numéro 200 de la même rue.

Les malades ou blessés qui sont dans l'impossibilité de se faire traiter chez eux y trouvent des logements à divers prix: ils ont, pour 15 francs par jour, une chambre à coucher, une antichambre et un salon; pour 10 francs, une chambre et un cabinet; pour 8 francs, une chambre particulière. Moyennant un prix qui varie de 7 à 4 francs, ils trouvent place dans des chambres communes qui contiennent deux, trois, quatre ou six lits. Dans le prix de la pension sont compris les frais médicaux, la nourriture, le chauffage, l'éclairage, les bains, les opérations, les accouchements. La quinzaine se paie d'avance, et le prix des huit premiers jours reste toujours acquis à l'établis

[blocks in formation]

Les immenses terrains que possédaient les lazaristes sont en grande partie occupés par la gare du chemin de fer de l'Est, qui termine majestueusement le boulevard de Strasbourg, bordé de constructions monumentales et de cafés éblouissants.

Cette gare, étudiée et construite par M. Duquesney, architecte, sous la direction de M. de Sermet, inspecteur général des ponts et chaussées, est incontestablement d'un très-bel effet architectural, mais elle est aussi incommode qu'elle est belle.

Elle est trop courte et trop étroite eu égard au service qui doit s'y faire. Les salles d'attente pour les voyageurs sont conve nablement placées à côté du trottoir, ainsi que la salle pour la visite de l'octroi à l'arrivée; mais la salle où l'on dépos les bagages pour ce dépôt est beaucoup trop petite et placée en tête de la gare; elle est beaucoup trop éloignée du wagon à bagage, placé en tête du train. De là des manoeuvres difficiles et coùteuses. C'est là un grand défaut dans une gare comme celle du chemin de fer de Strasbourg, où le service des bagages a une très-grande importance. Les bureaux de l'administration et ceux des chefs de service (ingénieurs et directeur de l'exploitation) répartis le long des grandes galeries, sont à trop grande distance, et la circulation d'un bureau à l'autre se fait en hiver dans de très-mauvaises conditions en suivant ces galeries entièrement ouvertes.

La loi du 27 juin 1833 ouvrit un crédit de 50,000 francs pour l'étude d'un chemin de fer de Paris à Strasbourg par Nancy, avec embranchement sur Metz. Bientôt commencèrent les travaux. L'État exécuta sur la ligne de Paris à Strasbourg les travaux d'art et de terrassement; la compagnie concourut à construire une partie des bâtiments de station, posa les voies et fit le ballastage. Les projets avaient été étudiés par M. Schvilgué, inspecteur général des ponts et chaussées, assisté de MM. de Sermet, Marinet, Guibal, Collignon (directeur général des chemins russes, Jaquiné, Boulangé et Guerre, ingénieurs en chef.

Voulant hater le jour de l'exploitation, la compagnie se chargea à forfait d'une partie importante des travaux en retard, et elle eut le bonheur de trouver un ingénieur en chef aussi actif qu'intelligent en la personne de M. Vaigner, président de la société des ingénieurs civils. Il fut secondé par MM. Lemoinne, Grenier (aujourd'hui ingénieur en chef des chemins du Luxembourg hollandais) et Goschler, ingénieurs

[blocks in formation]

Le chemin de Thionville à la frontière du Luxembourg a été exécuté, sous la direction de M. Vuigner, par M. Delétang, ingénieur civil.

Le chemin de Bâle à Strasbourg a été étudié et exécuté par M. Bazaine, ingénieur en chef des ponts et chaussées (aujourd'hui ingénieur en chef du chemin du Bourbonnais), et par M. Chaperon, également ingénieur en chef des ponts et chaussées (aujourd'hui directeur du chemin de Lyon). Le chemin de Strasbourg à Wissembourg, par M. de Regel, ingénieur civil (aujourd'hui directeur général du chemin de fer du Hainaut).

Le chemin de fer de Paris à Mulhouse fut entièrement étudié et exécuté pour le compte de la compagnie, par M. Yuigner, assisté de MM. Collet-Meygret, Pluyette, Sieben, Lariviere, Jussy, Guibert, Daigremont et Fleur Saint-Denis, tous ingénieurs des ponts et chaussées, et de MM. Deniel, Barroux, Masson et Marsillon, ingénieurs civils.

Le chemin de fer de Blesmes à Gray, par M. Zeller, ingénieur en chef des ponts et chaussées.

Tous ces chemins, successivement livrés à la circulation, ont considérablement développé le commerce, et leur produit a dépassé les prévisions des statisticiens, qui l'avaient évalué à 16 millions pour toute la ligne et l'embranchement de Forbach. Les produits de la première année d'exploitation de la ligne entière (1853) ont atteint 24 millions. La seconde année, ils ont dépassé 30 millions; la troisième, ils ont atteint 39 millions, et la quatrième, 40 millions.

C'est surtout le mouvement des marchandises qui a considérablement augmenté. De 1853 à 1857 il a doublé. En 1857, le produit des marchandises augmentait quand celui des voyageurs décroissait.

C'est peut-être sur le chemin de Strasbourg que le rapport du produit brut des marchandises à celui des voyageurs est le plus grand.

Malheureusement le produit net ne répond pas au produit brut, parce que la plus grande partie des marchandises transportées par ce chemin ont peu de valeur: ce sont des houilles, des fers, des pierres, etc., pour lesquels le tarif est très-faible. D'un autre côté, les distances parcourues par la marchandise sont assez souvent peu considérables, et les retours se font à vide ou à peu près. Enfin, les pentes, sur quelques points du tracé, sont assez fortes (Bar-le-Duc à Commercy, 8 millièmes, Épernay à Reims, 1 centième). Ainsi, lorsque le transport d'une tonne de houille revient, intérêt, amortissement du matériel et renouvellement de la voie compris, sur le chemin du Nord, à 3 centimes, il coûte, sur celui de Strasbourg, 3 centièmes 7 dixièmes.

Non-seulement les marchandises, sur le réseau de l'Est, sont de peu de rapport, mais encore la majorité des voyageurs appartient à une classe peu aisée. Ainsi, le produit moyen brut kilométrique annuel des trains de voyageurs étant de 27,000 fr. sur le chemin du Nord, le même produit sur le chemin de l'Est n'est plus que de 17,000 fr. Les voyageurs sur le Nord sont plus riches et plus nombreux.

Le produit brut kilométrique du chemin de Mulhouse a été comme celui du chemin de Strasbourg, en croissant rapide

ment.

Les produits nets de l'ensemble du réseau, toutefois, sont faibles. Cela tient d'abord aux raisons déjà données, à ce qu'une partie des embranchements ont coûté très-cher et rapportent peu, comme Blesmes à Gray, Bâle à Strasbourg, ou à ce que, s'ils n'ont pas coûté très-cher (de Strasbourg à Wissembourg, de Nancy à Épinal), ils ne rapportent presque rien.

Les embranchements de Forbach et de Reims sont, à la vérité, dans d'excellentes conditions, mais leurs produits ne suffisent pas pour couvrir le déficit des autres lignes.

Un fait remarquable s'est produit sur l'embranchement de Reims lorsqu'il a été prolongé vers le Nord. Le produit kilométrique a subitement monté de 25,000 à 50,000 francs. Ce produit malheureusement diminuera considérablement, lorsque le chemin de Paris à Reims par Soissons sera livré à la circulation.

Le réseau de l'Est dessert ou est appelé à desservir une partie de la Belgique, le Luxembourg hollandais, une partie de la Prusse rhénane, l'Allemagne centrale et méridionale et la Suisse septentrionale.

Dans quelques mois, les chemins de Strasbourg à Kehl, le pont du Rhin et le chemin à Vienne seront terminés. Le chemin

155

de Strasbourg sera alors la grande route de Paris en Orient par Constantinople.

L'excellent ouvrage de M. Auguste Perdonnet, Notions générales sur les chemins de fer, nous apprend qu'aux chemins de fer de l'Est, la partie exploitée étant de 1,624 kilomètres, les ouvriers ou agents de toute espèce sont au nombre de 14,400. Ils se répartissent de la manière suivante entre les différents services Économat, secrétariat, comptabilité, administration centrale à Paris, 218. Exploitation (Paris et la ligne), 3,500. Matériel, 5,647. Voie, service de l'entretien, 5,035.

[blocks in formation]

La gare du Nord, voisine de celle de Strasbourg, fut bâtie en 1845, sur les dessins de M. Renaud, et elle a reçu graduellement de l'extension, de sorte qu'elle occupe aujourd'hui une superficie de 40,000 mètres.

La ligne principale du Nord, qui mettait Paris en communication avec la capitale de la Belgique, fut inaugurée le 25 juin 1846. Deux ans plus tard, on ouvrit complétement la ligne d'Amiens à Boulogne. Les embranchements sur Calais et SaintQuentin furent livrés à la circulation en 1850 dans la totalité de leur parcours. Le réseau fut complété, aux termes d'un décret du 19 février 1852, par les lignes de Saint-Quentin à la frontière belge, du Câteau à Somain, de La Fère à Reims, de Noyelles à Saint-Valery-sur-Somme. Les constructions de la gare du Nord sont encore élevées presque entièrement sur des terrains appartenant aux Lazaristes; il en est de même du bel hôpital de Lariboisière. La construction en fut autorisée par une ordonnance du 26 avril 1846, pour remplacer l'hôpital provisoire du Bon-Secours, situé rue de Charonne, et la partie de l'Hôtel-Dieu détruite pour dégager les quais du petit bras de la Seine. Lorsque M. Gauthier, architecte, en traça les plans, ce dut être l'hôpital de Louis-Philippe; mais il était inachevé à l'époque de la révolution de 1848, et les nombreuses pierres réunies aux alentours en faisaient une position formidable. Pour en débusquer les insurgés, il fallut que le général Lebreton formât, le 25 juin, une division composée des 3o, 4 et 6 compagnies du 2o bataillon de la 1re légion, et quelques pelotons des 2e et 3o. Dans les rangs, marchaient comme volontaires les généraux Moline de Saint-Yon, Drolenvaux, La Rue, Rulhière et Gourgaud. A quatre heures et demie, le général Lebreton fit battre la charge, et les fortifications des insurgés cédèrent à des assauts réitérés. Les gardes nationaux d'Amiens et de Rouen vinrent alors relever ceux des légions parisiennes.

Après s'être appelé Hòpital de la République, puis Hôpital du Nord, il reçut le nom de la comtesse de Lariboisière, née Roy, qui avait fait aux pauvres de Paris un legs de 2,900,000 fr. L'ensemble des bâtiments dont il se compose a la forme d'un carré très-allongé dont la plus grande dimension est parallèle au faubourg Poissonnière. Dans la partie antérieure se trouvent les bureaux, les logements des divers employés, les cuisines, etc. Dans la partie postérieure, la chapelle, la communauté des sœurs, la lingerie, les bains, la salle des morts, les amphithéâtres. Au centre, est une vaste cour, plantée d'arbustes, et dont le milieu offre un bassin avec jet d'eau. Cette cour-jardin sépare deux ailes, l'une destinée aux hommes, l'autre aux femmes. Chaque aile est subdivisée en trois pavillons, auxquels se rattachent autant de préaux ou promenoirs. Les pavillons reposent sur des voûtes qui recouvrent d'immenses caves ou plutôt de vastes magasins dans lesquels l'air circule en pleine liberté. Ces pavillóns se composent d'un rezde-chaussée et de deux étages formant autant de salles contenant chacune trente-cinq lits. Le rez-de-chaussée a sur la cour une galerie couverte et le premier étage une galerie dé

couverte.

Les préaux sont gazonnés et entourés par une allée d'arbustes. Tout le long des ailes est établi un chemin de ronde qui dispensera de faire entrer les voitures dans la cour centrale. La salle des morts, comme nous l'avons dit, est reléguée à la partie postérieure de l'édifice et à la portée du dehors. Les malades ne voient pas, comme dans certains hôpitaux, circuler les chars qui emportent les cadavres; on rassemble autour

d'eux tout ce qui est capable de les distraire, de les consoler et de les égayer, commodités et agréments, chauffoir où ils peuvent se réunir en hiver, petites pièces où ceux qui incommoderaient les autres par leur délire ou leurs cris seront mis à l'écart, petits cabinets de bains à la proximité des salles pour ceux qui ne pourraient être transportés sans inconvénients. Tel est l'aperçu sommaire de l'excellent aménagement de cet hôpital.

Cet édifice modèle revient à environ huit millions. Le terroir seul, qui a 34,595 mètres, a été payé 1,143,870 fr., plus 69,355 fr. de frais, soit, en totalité, 1,213,225 fr. pris sur les fonds de l'administration de l'assistance publique. Aux termes de l'ordonnance du 26 avril 1846, en effet, cette administration devait supporter dans la dépense du nouvel hôpital la totalité des frais d'acquisition du terrain, le tiers des travaux de construction et la totalité de l'acquisition du mobilier, le reste étant laissé à la charge de la ville. D'après les devis primitifs, les travaux devaient coûter une somme de 5,384,666 fr.; mais les travaux complémentaires, reconnus depuis indispensables et s'élevant à 751,737 fr. 84 cent., de plus une indemnité de 40,875 fr. 16 cent. réclamée par l'entrepreneur pour le couvrir des pertes qu'il a éprouvées en 1848 par suite de la suppression du marchandage, portèrent cette somme à 9,177,380 fr. En définitive, cet hôpital, avec les 608 lits complets, a coûté :

[blocks in formation]

Nous parlerons de l'hôpital Saint-Louis, quand nous suivrons les bords du canal Saint-Martin. Sans sortir des domaines des lazaristes, nous entrons dans l'église qu'on a dédiée naturellement à saint Vincent de Paul, puisqu'on était chez lui. El'e occupe la place d'un belvéder, où le bon prêtre aimait à se retirer pour se livrer à de pieuses méditations.

La façade de cette basilique est située à dix mètres au-dessus de la place La Fayette, et l'on n'y arrive que par des rampes disposées en fer à cheval, comme celles de la cour du château de Fontainebleau. Un péristyle, dont douze colonnes ioniennes supportent le fronton, est construit sur la façade. Nanteuil a sculpté dans le tympan saint Vincent de Paul entre la Foi et la Charité. La porte de fonte, modelée par Farochon, se divise en compartiments dont chacun encadre la figure d'un apôtre. Sous le porche sont sept tableaux religieux, peints sur lave avec des couleurs vitrifiables, par Jollivet, secondé par M. Hachette fils, un des inventeurs du procédé. Aux angles de la façade s'élèvent des campaniles; l'un renferme les cloches, et l'autre l'horloge. Ils sont reliés à leur base par une plate-forme qui peut tenir lieu de l'ancien belvéder, car on y domine l'immense capitale. Sur des piédestaux qui coupent le parapet se dressent les statues de saint Mathieu, par Barre; de saint Luc, par Brion; de saint Marc, par Foyatier, et de saint Jean, par Valois. Les statues de saint Pierre et de saint Paul, par Ernest Ramey fils, ornent des niches pratiquées dans les deux clochers.

A l'intérieur, la nef principale est séparée des bas côtés par quarante-six colonnes en pierres dures et polies; sur la frise se déroule une majestueuse procession de docteurs, de vierges, de martyrs, peinte par M. Hippolyte Flandrin. Le dessin en est pur; les figures, qui se détachent sur un fond d'or, sont pleines de noblesse, et cette œuvre est, en somme, une des plus belles qu'on puisse admirer dans les églises de Paris.

Le plafond, divisé en douze compartiments, suit dans sa forme les deux rampants des combles. Dans la coupole semicirculaire de l'abside, Picot a peint, avec le concours de Brisset, le Christ, entouré d'archanges, recevant saint Vincent de Paul, et au bas le Baptême, la Communion, le Mariage et l'ExtrêmeOnction. Avant que cette vaste composition fût entièrement terminée, et lorsqu'on pouvait monter sur des échafaudages pour la voir de près, on y pouvait remarquer d'excellentes parties; mais l'artiste n'a pas suffisamment calculé son effet, et son travail perd à être examiné d'en bas. En outre, il a eu la malheureuse idée de faire un Christ de taille colossale, tandis que tous les autres personnages dépassent à peine de quelques centimètres la stature ordinaire de l'homme. Aussi quelques critiques malveillants ont-ils prétendu que cette vaste fresque avait l'air de représenter Gulliver chez les Lilliputiens.

Les panneaux des stalles du chœur sculptés en bois par

MM. Millet et Molchnët, sont ornés de dix-huit statuettes de saints et de saintes, et il est à remarquer que les figures de saint Philippe, de sairt Ferdinand, de sainte Amélie et de sainte Adelaide sont des portraits.

La première pierre de cette église a été posée le 25 août 1824. Les travaux commencés sous la direction de MM. Lepère et Hittorff, architectes, et longtemps interrompus, ont été repris avec activité en 1831. Cette église, terminée sous la seule direc tion de M. Hittorff, fut consacrée et livrée au culte le 21 octobre 1844.

Sur la lisière des neuvième et dixième arrondissements s'élève une église d'un genre tout nouveau, exécutée dans des conditions toutes spéciales. En 1854, l'administration de la ville de Paris avait approuvé la création de nouvelles paroisses, mais elle avait en même temps laissé à la charge des fabriques les dépenses de première installation. Pendant que les nouveaux curés et les conseils de fabrique improvisaient des églises de plâtre et de bois, M. Boileau, architecte de l'église de Mottaincourt (Vosges), proposa au curé, l'abbé Coquand, d'édifier un temple durable à bon marché, en remplaçant par la fonte et le fer les piliers et les arcs en pierre des cathédrales gothiques. Les travaux commencèrent au mois d'avril 1854 et l'église fut inaugurée le 20 décembre 1855. Ornée à l'intérieur de boiseries sculptées, de verrières de couleur et de peinture polychrome, coûte environ six cent cinquante mille francs, | dont cinq cent trente mille francs pour le gros-œuvre, c'est-àdire seulement cinq fois plus qu'une église provisoire, et à peine la moitié que coûterait une église de cette importance, élevée avec voûtes en pierre.

Le patron de cette église est peu connu, ou confondu géné ralement avec ses homonymes, qui sont au nombre de seize, Le nôtre, dont le diocèse de Paris célèbre la fête le 15 novembre, naquit à Rome, prêcha l'Évangile en Espagne, à Lyon, et enfin à Paris. Par les ordres de Maximien Hercule, il fut arrêté près du village de Deuil (Diogilum), mis à mort, et ses restes furert jetés dans un lac, appelé de son nom le lac d'Enghien.

L'église qu'on lui a dédiée a 50 mètres de long sur 25 de large. La hauteur de la nef principale est de 23 mètres et celle des nefs latérales de 15 mètres.

Les murailles seules sont en maçonnerie. Les grandes colonnes de la nef sont en fonte creuse de 30 centimètres de diamètre moyen et de 2 centimètres d'épaisseur; les arcs et les galeries des tribunes, ainsi que les garnitures des cinquantequatre ouvertures, tant roses que fenêtres, qui éclairent le vaisseau, sont également en fonte; les fermes longitudinales, les fermes transversales et diagonales formant les arcs-doubleaux, les formerets et les nervures de la grande nef sont en fer; les voûtes sont formées par une épaisseur de deux tuiles hourdées et enduites en plâtre, qui reposent sur la courbe formant l'intrados des arcs en fer, l'extrados ou le dessus de ces arcs est couvert par un treillis en tringles de fer, revêtu d'un hourdis en plâtre pur, sur lequel sont posées des tuiles en grès de M. Alaboissette; ces tuiles, de couleurs diverses, forment des dessins qui donnent aux combles de l'édifice un aspect monumental plus riche que l'aspect ordinaire de toits en plomb, en ardoises ou en zinc; le faitage est décoré par une crête d'ornements de même matière que les tuiles.

Les colonnes de la grande nef sont peintes en bleu d'acier et en bronze florentin; elles supportent les nervures rehaussées de couleurs entières. Les colonnes des bas côtés sont reliées entre elles dans la moitié de leur hauteur par des tribunes en fonte peintes et dorées. Les voûtes sont semées d'étoiles. Toutes les baies sont garnies de vitraux, et comme pour faire comprendre que la lumière doit venir du sanctuaire, les verrières de l'abside, moins sombres que les autres, semblent éclairer toute l'église.

Le buffet d'orgue, les stalles, la chaire, les confessionnaux, les escaliers des tribunes sont d'un style pur, allié à une grande liberté de composition'; le maître-autel est décoré de treize niches trilobées, garnies de statuettes, et surmonté d'un retable à jour dans lequel des motifs d'architecture remplacent les chandeliers modernes, si disgracieux par leur grandeur démesuréc. Les autels des chapelles de la Sainte-Vierge et de SaintEugène, placées dans les deux petites absides, sont également bien agencés dans la place qu'ils occupent.

Les sculptures, tant sur bois que sur pierre, sont de MM. Boileau fils et Bernard; les vitraux en couleurs des bas côtés, représentant les divers épisodes de la vie du Christ; ceux de

l'abside centrale, représentant la Transfiguration, la Cène et la Passion, ainsi que les roses de la grande nef sont de M. Laurent Gsell, que le jury des beaux-arts de l'Exposition universelle a récompensé par une médaille d'or; les verrières des absides des bas côtés, contenant des sujets relatifs à la sainte Vierge et à saint Eugène, sont de M. Lusson, et les vitraux inférieurs des bas cotés, représentant les stations du Chemin de la Croix; sont de M. Oudinot, d'après les cartons de M. GérardSéguin.

Un beau buffet d'orgue, placé sur la tribune au-dessus du portail principal, est des ateliers de MM. Merklin et Schütze, facteurs de l'instrument, qui est remarquable par la suavité et la sonorité de ses jeux.

L'église Saint-Eugène a été bâtie sur des terrains qui dépendaient autrefois de l'hôtel des Menus-Plaisirs; c'était un vaste amas de cours, de salles, magasins, où étaient entassés des meubles de rebut, des lustres, des tapis, des décorations, des machines à l'usage des représentations dramatiques. L'hôtel des Menus-Plaisirs avait aussi une petite salle de spectacle où s'exerçaient les élèves de la danse.

Le 3 janvier 1784, sur la proposition du baron de Breteuil, un arrêté du conseil royal compléta l'organisation de cette école chorégraphique, en y ajoutant des classes de chant, de déclamation, de clavier et de langue française. Quoique Dulaure ait prétendu que cette école n'avait pris que sous l'empire possession du local des Menus-Plaisirs, il est avéré qu'elle occupa dès le principe le local où elle s'est maintenue.

Le zèle du baron de Breteuil, ministre du département de Paris, fut secondé par celui de M. de La Ferté, commissaire général de la maison du roi. Gausset fut choisi pour diriger le nouevl établissement, qui s'ouvrit le 1er avril 1784. L'école se composait de trente élèves des deux sexes, qui ne pouvaient être reçus qu'autant qu'ils réunissaient à une belle voix des dispositions sérieuses.

Par un décret du 18 brumaire an I, la Convention nationale ordonna la formation d'un Institut national de musique, dont l'organisation fut confiée au comité d'instruction publique. Le 19 thermidor an I, la Convention constitua le Conservatoire sur des bases que les gouvernements postérieurs ont peu modifiées :

Art. 1. Le Conservatoire, créé sous le nom d'Institut national, par le décret du 18 brumaire an п de la République, est établi dans la commune de Paris, pour exécuter et enseigner la musique.

Il est composé de cent quinze artistes.

2. Sous le rapport d'exécution, il est employé à célébrer les fètes nationales; sous le rapport d'enseignement, il est chargé de former des élèves dans toutes les parties de l'art musical.

3. Six cents élèves des deux sexes reçoivent gratuitement l'instruction dans le Conservatoire. Ils sont choisis proportionnellement dans tous les départements.

4. La surveillance de toutes les parties de l'enseignement dans ce Conservatoire, et de l'exécution dans les fêtes publiques, est confiée à cinq inspecteurs de l'enseignement, choisis parmi les compositeurs.

5. Les cinq inspecteurs de l'enseignement sont nommés par l'Institut national des sciences et arts.

6. Quatre professeurs, pris indistinctement parmi les artistes du Conservatoire, en forment l'administration, conjointement avec les cinq inspecteurs de l'enseignement.

Ces quatre professeurs sont nommés et renouvelés tous les ans par les artistes du Conservatoire.

7. L'administration est chargée de la police intérieure du Conservatoire et de veiller à l'exécution des décrets du corps législatif, ou des arrêtés des autorités constituées, relatifs à cet établissement.

8. Les artistes nécessaires pour compléter le Conservatoire, ne peuvent l'être que par la voie du concours.

9. Le concours est jugé par l'Institut national des sciences et

arts.

10. Une bibliothèque nationale de musique est formée dans le Conservatoire; elle est composée d'une collection complète de partitions et ouvrages traitant de cet art, des instruments antiques ou étrangers, et de ceux à nos usages qui peuvent, par leur perfection, servir de modèle.

11. Cette bibliothèque est publique et ouverte à des époques fixées par l'Institut national des sciences et arts, qui nomme le bibliothécaire.

157

12. Les appointements fixes de chaque inspecteur de l'enseignement sont établis à cinq mille livres par an; ceux du secrétaire, à quatre mille livres; ceux du bibliothécaire, à trois mille livres.

Trois classes d'appointements sont établies pour les autres artistes. Vingt-huit places à deux mille cinq cent livres forment la première classe; cinquante-quatre places à deux mille livres forment la seconde classe, et vingt-huit places à seize cents liv. forment la troisième classe.

13. Les dépenses d'administration et d'entretien du Conservatoire sont réglées et ordonnancées par le pouvoir exécutif, d'après les états fournis par l'administration du Conservatoire; ces dépenses sont acquittées par le Trésor public. .

14. Après vingt annés de service, les membres du Conservatoire central de musique ont pour retraite la moitié de leurs appointements; après cette époque, chaque année de service augmente cette retraite d'un vingtième desdits appointements. 15. Le Conservatoire fournit tous les jours un corps de musiciens pour le service de la garde nationale près le corps législatif.

Le Conservatoire revint alors au lieu qui l'avait vu naître; il reçoit aujourd'hui environ cinq cents élèves admis par voix d'examen et de concours. Un très-petit nombre de jeunes gens, que recommandent leurs talents spéciaux, sont logés et nourris dans l'hotel. Les exercices ont lieu vers le milieu de l'année; et à la fin, des récompenses sont distribuées.

Les bâtiments des Menus-Plaisirs, qui n'avaient pas été utilisés pour le service du Conservatoire, ont servi longtemps de succursale au garde-meuble, et d'ateliers pour les décorateurs de l'Académie impériale, royale ou nationale de musique. En 1852, on y mit l'exposition annuelle des beaux-arts; puis la démolition en fut ordonnée. Les ateliers furent transférés rue Richer, ainsi que l'école de danse où se forment les rats de l'Opéra.

La façade du Conservatoire, sur la rue du Faubourg-Poissonnière, est ornée de quatre statues : l'Opéra, l'Opéra-Comique, la Tragédie et la Comédie.

En dehors du Conservatoire, mais dans le même local, existe depuis le 9 mars 1828, la Société des concerts, dont Habeneck ainé fut le fondateur. Elle a assez d'importance pour qu'un artiste très-compétent, M. A. Elwart, en ait fait l'objet d'un beau volume de quatre cents pages, que les amateurs vont chercher en foule chez Castal, passage de l'Opéra.

CHAPITRE XI.

Le Gymnase. La Porte-Saint-Martin. - Le Château-d'Eau.
Le Café Parisien. - La caserne du Prince-Eugène. - L'Hôpital
Saint-Louis.

Le Xe arrondissement est borné au sud par les boulevards Bonne-Nouvelle, Saint-Denis et Saint-Martin. Une rue basse, située à plusieurs mètres au-dessous du niveau du boulevard, régnait autrefois à la place où l'on a bàti le Bazar Bonne-Nouvelle. Le cimetière de l'église de ce nom était situé à l'endroit où les architectes Rougevin et Guerchy construisirent, en 1820, le théâtre du Gymnase-Dramatique.

Cette petite scène a l'honneur d'avoir inauguré le vaudeville de bon ton, qui peint les mœurs et qui évite les grosses facéties. Elle fut inaugurée le 23 décembre 1820 par un prologue de MM. Scribe, Mélesville et Moreau. Bernard Léon et Perlet étaient les principaux acteurs de la troupe, que dirigeait M. de la Roserie. En 1824, Léontine Fay, encore enfant, arriva des départements où elle avait été déjà acclamée, et émerveilla les Parisiens, par la précocité de son intelligence, dans le Mariage enfantin, Aladin, le Vieux Garçon. Scribe assura la vogue du théâtre par de petites pièces qui, à notre avis, valent mieux que ses grandes comédies. Qu'on critique, dans ses compositions légères, des négligences de style, des expressions triviales; qu'on y trouve quelques personnages de convention; il n'en est pas moins vrai que le Secrétaire et le Cuisinier, le Gastronome sans argent, le Nouveau Pourceaugnac, la Somnambule, Michel et Christine, Frontin, mari garçon, l'Heritière, la Demoiselle à marier, etc., etc., sont des pièces remplies de fines observations, habilement conduites et supérieures à la plupart de celles qui les ont précédées ou suivies. M. Poirson, qui, dès 1820, avait été administrateur du théâtre et qui en devint bientot directeur, sut se concilier les

158

bonnes grâces de la duchesse de Berry. Le 8 septembre 1824, elle autorisa le Gymnase à prendre le titre de Théâtre de S. A. R. Madame la duchesse de Berry. La troupe était parfois mandée à la cour, et avait des représentants auprès de Madame dans ses voyages. Lorsque Madame se rendit à Dieppe, au mois de juillet 1826, Numa, Legrand, Bernard Léon, Allan, Despréaux, Mues Esther, Dumesnil, Virginie Déjazet et Julienne, furent désignés pour aller donner des représentations dans cette ville pendant la saison des bains de mer. Le 6 février 1827, Gontier, Ferville, Paul, Numa, Mes Jenny Vertpré et Léontine Fay, jouèrent le Mariage de raison au Palais-Royal, devant les membres de la famille royale, sur un théâtre monté dans la grande galerie, par les soins des administrateurs des Menus-Plaisirs.

Un incident mit le théâtre de Madame en suspicion; il représenta, le 28 juin 1828, un vaudeville en trois actes de MM. Scribe et Rougemont, Avant, Pendant et Après. C'était une peinture superficielle de la société française sous l'ancien régime, en 1793, et sous la Restauration. L'esprit libéral dont les auteurs étaient animés enthousiasma le public et déplut à la cour. Le théâtre était exposé à se voir enlever sa désignation par ordre supérieur, quand il la perdit par l'effet de la Révolution de 1830. Redevenu le Gymnase, il conserva la faveur du public. Un grand nombre de ses acteurs laissera un nom dans les annales dramatiques: Gontier, Klein, si comique et si vrai dans les Enfants de troupe; Bouffé, ce Protée, qui créait avec le même succès des rôles si divers, dans le Gamin de Paris, Michel Perrin, la Fille de l'Avare, les Vieux péchés: MM Allan, Jenny Vertpré, Jenny Colon.

En 1842, M. Poirson se trouva en dissentiment avec la Sociéte des auteurs; ceux-ci mirent le théâtre en interdit, et après un long procès, qu'il perdit, le directeur céda la place à M. Montigny, qui se hâta de signer la paix et de reprendre possession d'un riche répertoire. Après être resté fermé pendant deux jours seulement, pour cause de réparation, le Gymnase rouvrit ses portes, le 20 juin 1844. Le spectacle se composait de la Marraine, Philippe, et Avant, Pendant et Après.

La troupe de M. Poirson se composait de Numa, Klein, Tisserant, Julien Deschamps, Sylvestre, Landrol père, Rébard; Mues Rose Chéri, Nathalie, Fargueil. M. Léon Monval, qui était entré au Gymnase dès le mois de mai 1831, en qualité d'artiste et de régisseur général, était comme le gardien des traditions du théâtre.

M. Montigny engagea MM. Achard, Geoffroy, Delafosse, et un peu plus tard Me Doche. Il mit en relief Me Désirée, fit débuter Geoffroy dans Rodolphe, Achard dans l'Aumônier du régiment et la Famille du fumiste. L'année 1844 finit par la première représentation de Rébecca, de M. Scribe, et de Madame de Cérigny, par Bayard et Charles Potron.

Le Gymnase, habilement conduit, servi par des écrivains distingués et des acteurs d'élite, est un des plus florissants théâtres de Paris. En dressant le tableau des pièces principales qu'il a jouées, nous en indiquons les destinées par un mot dont les souvenirs du public peuvent attester l'exactitude.

22 mars 1845, la Belle et la Bête, comédie-vaudeville en 2 actes, de MM. Bayard et Varner; Tisserant, Klein, Miles Rose Chéri et Anna Chéri jouent les principaux rôles. Succès. 17 avril, l'Image, comédie vaudeville en 1 acte, de MM. Scribe et Sauvage, pour le début de Me Deche. Succès.

[blocks in formation]

28 juin 1845, Un changement de main, comédie-vaudeville en 2 actes, de MM. Bayard et Ch. Lafont. Me Doche devait créer le rôle d'Élisabeth; elle répéta le rôle pendant près d'un mois; le rôle lui fut retiré après la répétition générale et confié à Me Rose Chéri, qui le joua huit jours après. Grand succès pour la pièce et surtout pour Me Rose Chéri, Montdidier a créé le rôle d'Alexis, et Klein était fort remarquable dans le rôle de Tchouvaloff.

19 août, la Vie en partie double, comédie-vaudeville en 1 acte, de MM. Anicet, Dennery et Brisbarre.

4 octobre, les Couleurs de Marguerite, comédie-vaudeville en

2 actes, de MM. Bayard et Biéville.

21 janvier 1846, la Mère de famille, comédie-vaudeville en 1 acte, de MM. Dennery et Gustave Lemoine; jouée par Achard, Geoffroy, Miles Chéri et Melcy. Succès.

-

[blocks in formation]

5 août, Clarisse Harlowe, drame en 3 actes, de MM. Dumanoir, Clairville et L. Guillaud; joué par MM. Bressant, Tisserant, Miles Rose Chéri, Marthe.Grand succès, surtout succès d'acteurs, Bressant et Mile Rose Chéri étaient excellents dans les rôles de Lovelace et de Clarisse. Cette pièce est un des rares snccès d'été.

5 décembre, la Protégée sans le savoir, comédie-vaudeville en 1 acte, de M. Scribe.

2 février 1847, Irène ou le Magnétisme, comédie-vaudeville en 2 actes, de MM. Scribe et Lockroy.

19 avril, Une femme qui se jette par la fenêtre, comédievaudeville en 1 acte de MM. Scribe et G. Lemoine; jouée par Ferville, Deschamps, Mmes Lambquin, Anna Chéri, Melcy. Grand succès.

15 janvier 1848, début d'Arnal dans Ce que femme veut, comédie-vaudeville en 2 actes, de MM. Duvert et Lausanne, pièce du répertoire du Vaudeville.

Horace et Caroline, comédie-vaudeville en 2 actes. jouée le 19 mai 1848, par MM. Bressant, Ferville, Geoffroy, Miles Melcy et Marthe.

19 avril 1849, début de M. Lafontaine dans Être aimé ou mourir, vaudeville en 1 acte de MM. Scribe et Dumanoir. Après deux ans de recettes médiocres, le 25 février 1850, première représentation d'Un Coup d'Etat, vaudeville en 1 acte, de MM. de Leuven, Brunswick et A. de Beauplan.

21 avril, Héloïse et Abeilard, comédie-vaudeville en 2 actes, de MM. Scribe et Michel Masson, pour les débuts de Me Wolf, qui venait de l'Opéra-Comique. Geoffroy et Mile Marthe jouaient dans cette pièce. La donnée de la pièce était fort scabreuse, et M. Scribe a fait un tour de force en arrangeant ce sujet pour la scène.

15 juin, le Bourgeois de Paris, comédie-vaudeville en 5 actes, de MM. Dumanoir, Clairville et J. Cordier.

14 novembre 1850, début de Me Luther dans la Grand' Mère, comédie-vaudeville en 3 actes, de M. Scribe.

Depuis longtemps la salle était dans un état déplorable, mais les circonstances fâcheuses où se trouvait le théâtre pendant les trois années qui suivirent la révolution de février n'avaient pas permis de souger à commencer les réparations nécessaires; au mois de décembre 1850, M. Montigny se décida à faire un sacrifice onéreux, mais indispensable. Le théâtre fut fermé le 16 décembre, et le 28 du même mois, c'est-à-dire après douze jours seulement de fermeture, le Gymnase rouvrit ses portes en offrant au public une salle charmante. L'administration a sacrifié environ cent cinquante places pour rendre les autres meilleures; ainsi la première galerie et le balcon contenaient trois rangs de stalles étroites, qui ont été remplacées par deux rangs d'excellents fauteuils; les autres places ont reçu des amé liorations analogues; et aujourd'hui le Gymnase est une des salles les plus commodes de Paris, en même temps qu'elle est une des plus jolies. Il y a bientôt dix ans que la salle a été restaurée et elle a été si bien entretenue qu'il semble qu'on soit encore au lendemain de la restauration.

Le 28 décembre 1850, on a joué, pour la réouverture, une pièce de circonstance intitulée : les Mémoires du Gymnase. Cette pièce, de MM. Dumanoir et Clairville, a obtenu un grand succès. On a joué aussi le même jour le Canotier, vaudeville en 1 acte, de MM. Bayard et Sauvage; cette pièce, dans laquelle jouaient Bressant, Miles Marthe et Luther a complétement réussi.

4 février 1851, le Collier de perles, comédie en 3 actes, de M. Mazères; jouée par MM. Bressant, Numa, Geoffroy, Mme Rose Chéri. - Succès.

12 mars, Manon Lescaut, comédie mêlée de chant en 4 actes et un épilogue, de MM. Th. Barrière et Marc Fournier, jouée par MM. Bressant, Numa, Geoffroy, Villars, Me Rose Chéri. — Grand succès.

1 mai, début de la troupe espagnole dont faisait partie la

« PreviousContinue »