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d'une maladie contagieuse; n'importe; le bon pasteur ne laissera point expirer sa brebis sans adoucir ses angoisses, sans l'environner des consolations de l'espérance et de la foi, sans prier à ses côtés le Dieu qui mourut pour elle, et qui lui donne, à cet instant même, dans le sacrement d'amour, un gage certain d'immortalité. Voilà le prêtre, le voilà tel qu'il existe au milieu de nous. La religion est aujourd'hui ce qu'elle fut à son origine. Il y a moins de Chrétiens, et les Chrétiens ne sont pas changés. Et M. l'abbé de Lamennais part de là pour décrire les œuvres de la charité privée que la religion enfante. Loin que le nombre en ait diminué, il s'était prodigieument développé, lors que l'illustre écrivain, devenu si différent de lui-même, mourait dans l'endurcissement de son orgueil, et nous apprenait ce que c'était qu'un prêtre tombé. Voy. BUREAU DE BIENFAISANCE, Bourse des pauvres de Lille en 1526; CAPITAL ET REVENU, chapitre: Concours du drgé; CHARITÉ PRIVÉE, départements du Nord, Mortagne et l'Aigle, et surtout Cox

GREGATIONS HOSPITALIÈRES ET ENSEIGNANTES. COALITION.

Voy. ASSOCIATIONS (Application du prinripe des), section 8, chap. 2, col. 1216. COLONISATION ET COLONIES AGRICOLES.

PREMIERE PARTIE. — COLONISATION. — Secton-I.Considérations générales. Historique. -LaGrèce. Colonisations romaines. Supériorité de Tesprit grec. Colonisations de l'ère moderne. CoJosie françaises avant 1789. Colonisation en Amérique. Coup d'œil général sur nos anciennes possessions. Colonisation par les Jésuites en 1615. Compagnies commerciales. Canada en 1628. Etabissement de la compagnie des Indes occidentales en 1642. Colonie française dans l'Amérique méridionale en 1657. Concession en 1662. France equinoxiale en 1664-4674. Issue de la compagnie des Indes occidentales. 1675. Règlement pour la compagnie des Indes orientales. 1681. Confirmation de la compagnie du Sénégal et des côtes d'Afrique. Traite des nègres. Compagnie de GuiBée. 1697. Priviléges aux soldats libérés qui ne trouvent pas à s'établir dans le royaume et qui Tont peupler nos colonies. 1698. Etablissement de la compagnie de Saint-Domingue. 1711. Reglement relatif à cette compagnie. 1712. Mississipi et Louisiane. Le soin de peupler la Louisiane Confié à la police de Paris. Concession à un riche Inancier pour 15 ans. 1713. Perte d'une partie du Canada. 1719. Réunion de la compagnie des lades orientales et de la Chine à la compagnie Occident. 1720. Révocation de la concession acCordée à la compagnie de Saint-Domingue. 1731, Rétrocession au roi de la Louisiane. 1743. Concessions dans les colonies de l'Amérique. 1768. Liberté attribuée à Cayenne et à la Guyane de commercer avec toutes les nations pendant 12 ans. 1775. Autorisation aux déserteurs amnistiés de se faire transporter gratuitement aux colonies, eux et leur famille. 1676. Mesures contre l'importation excessive des noirs dans la métropole. 1777. Monopole de la traite des noirs conféré à la compagnie de la Guyane. 1781. Nouvelles conswutions de chapelles pour les hommes de coueur, 1785. Monopole du commerce des Indes orientales reconstitué d'abord pour 7 ans et en stile pour 15 ans. Historique de la transporta

tion des mendiants aux colonies. Le projet remonte à 1719. Ordonnance de 1720 qui prescrit de conduire aux colonies les mendiants valides. Application de la pénalité aux vagabonds. Men. diants et vagabonds travaillent en qualité d'engagés. Ordonnance de 1719 rapportée en 1722; motifs. L'assemblée constituante revient à l'idée de la transportation aux colonies des mendiants récidivistes. La Corse choisie pour lieu de transportation. Faux systèmes de l'assemblée constituante. § II. Tentatives de colonisation en Guyane. Conditions de cette colonie. Cayenne. Indiens de la Guyane. Diversité du sol de la Guyane. Ses productions naturelles. Population de la Guyane. Projets de colonisation remontant à 1626. Nouvelle tentative en 1652. Autre projet en 1663. Culture du café en 1721. Nouveau plan de colonisation de 1763 à 1765. Fautes commises. Nouvelle tentative en 1777. Actes du gouvernement relatifs à la Guyane. 1784 et 1787. Conséquences de la brusque émancipation des esclaves en 1792. La famine devient imminente. Ouvriers cultivateurs mis en réquisition en 1794. Le travail décrété par la convention, sous peine de mort en 1795. Organisation d'un service de travail agricole. Tentative de rébellion en 1799. Loi du 30 floréal an X qui rétablit l'esclavage dans les colonies. Arrêté consulaire de 1802 qui organise une conscription agricole par quartier. Registre général de conscription. Tentative de colonisation en 1826. Établissement par Mme Javouhey à Mana en 1844. Plan d'une compagnie générale de colonisation par M. Jules Lechevalier. Emancipation en 1848. Colonisation de la Guyane en 1852 par les condamnés. Opinion de Sismondi sur l'aptitude de la France à s'assimiler les pays conquis. Section II.-§ I. Colonies modernes. Etendue en hectares et population de nos colonies modernes. Exportation. Guadeloupe. Son organisation. Martinique. Situation actuelle. Colonisation à la Guyane par les condamnés. — § II. Inde française. Régime colonial dans son application à la culture par les natifs. § III. Tentative de colonisation à Madagascar.§ IV. Algérie. Conparaison entre la colonisation romaine et la colonisation française. Ce que la France a opéré. Produits naturels de l'Algérie. Diversité des opinions sur notre conquète. Plans de colonisation. M. Enfantin, M. Obert et J. M. Leblanc de Prébois. Situation en 1845-1845. Dépenses du ministère de la guerre en 1846. Plan de colonisation par le maréchal Bugeau. Plan de M. l'abbé Landmann. Les Trappistes en Afrique. Staouëli. Colonie de Ben-Aknoun par M. l'abbé Brumauld, pour les enfants pauvres. 1847. Colonie de Medjez-Amare, par l'abbé Landmann pour les enfants trouvés, 1848 (19 septembre). Crédit de 50 millions voté par l'assemblée nationale pour l'établissement de colonies agricoles. Règlement. Impression des émigrants. 1852. Paris envoie ses enfants trouvés et ses enfants pauvres aux colonies d'Alger. Circulaire du ministre de l'intérieur aux préfets en cette occasion. Insuffisance des moyens d'émigration. Colonies suisses de Sétif. Opinion de Monteit. Conclusion. § V. Colonisation à l'intérieur. Diverses formes de colonies. Comment elles peuvent se constituer. Dépenses et produits. Exemples cités. Distribution des terres ingrates aux petits cultivateurs. Expériences faites dans le Poitou et le Maine. Expériences faites en Hollande. Moyens d'exécution. Devis de la dépense d'un ménage colonial. Ménages d'ouvriers dans les colonies agricoles hollandaises. Système de colonie agricole sans limites. Horticulture. Colonisation du littoral des landes de Gascogne. Colonic d'Arcachon. Formule de colonisation à l'intérieur par M. Achille de Clésieux, Saint-Jean (Côtes-du-Nord). — § VI Colonisation à l'étrun

ger. Angleterre. Insuccès des travailleurs [européens à la Jamaïque. L'esclavage maintenu dans I'Inde anglaise. L'Angleterre dans ses rapports personnels avec ses sujets coloniaux. Anglais dans l'Australie. Colonisation hollandaise. Colonisation belge. Colonisation espagnole. Colonisation religieuse de la Californie.

DEUXIEME PARTIE. — COLONIES AGRICOLES. §1. Considérations générales. Dénombrement. La charité départementale abandonne l'enfant trouvé au moment où l'éducation commence. Historique des colonies agricoles. 1767, 1775, 1788, 1818. Des colonies agricoles à l'étranger par MM. de Lurieu et Romand. Colonies hollandaises. Colonies d'orphelins. Colonies d'agriculture. Colonies. libres. Colonies agricoles suisses. Colonies belges. Colonie italienne de Palestrina. § II. Colonies agricoles françaises. Colonie de Mettray. Etude approfondie de cette colonie. Pourquoi elle est placée à la tête des colonies d'orphelins. Progression agricole de Mettray. Procédés agronomiques. Situation économiqne de la colonie en 1855. Dividende moral: Impressions recueillies au mois d'octobre 1855. §MI. Appli cation du système de Mettray aux colonies d'enfants trouvés, d'orphelins. Etudes sur la colonie de Saint-Firmin (Oise). Situation de la colonie en 1854. Etude sur la colonie de Bonneval. § IV. Revue générale des colonies agricoles. Saint-Jean (colonie centrale de Bellejoie). Asile Fénelon. Colonies de Saverdun, de Montbellet, de Saint-Antoine, de Launay, de Caen, d'Allonville, de Lesparre, de Montmorillon, de Drazilly, de Plougeroc, de Cernay, de Notre-Dame des Vallades, de Notre-Dame des Champs, d'Arinthold, de Mairsain, des Bradières, de Montagny. Ferme d'Ecole (Doubs). OEuvre agricole de SaintIsidore. Colonie de Varaignes. Evaluation des frais d'établissement et de la dépense moyenne d'une colonie agricole. Chiffres des encouragements de l'Etat. Statistique générale. Tentative de colonies agricoles par une société en commandite par actions au capital de 1,500,000 fr. § V. Résumé. Conclusions de MM. de Lurieu et Romand. Examen de ces conclusions. L'Etat devrait avoir à son budget des bourses et des demibourses affectées aux colonies agricoles pour les enfants des classes pauvres. Objections contre es colonies agricoles d'enfants trouvés. Les colonies agricoles sont un moyen de remédier à la division indéfinie de la propriété. Beaucoup d'hospices sont à même de créer des colonies agricoles sur leur propre terrain. Le voisinage des villes favoriserait la prospérité des colonies agricoles. L'enseignement religieux est le fondement indispensable des colonies agricoles. Versels du Deuteronome.

PREMIERE PARTIE.

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COLONISATION.

SECTION II". Considérations générales. Historique. a 1. La civilisation, dit Louis Reybaud, s'empare de toute la surface du globe et se l'assimile. »> La colonisation est un de ses meilleurs moyens d'exécution. Elle ouvre un champ sans bornes aux esprits pratiques ou spéculatifs. La petite philanthropie, s'éprenant d'une amitié fraternelle pour telle race, trouve mauvais qu'on discipline des bandes pillardes et violatrices des traités. La grande philanthropie voudrait entreprendre une croisade universelle au profit de tous les opprimés du globe, du droit qu'elle nomine les grands principes de l'humanité. Les uns exagèrent la règle du chacun chez soi, les autres esti

ment qu'une grande nation ne doit s arrêter de conquérir que là où la terre lui manque, oubliant, la première, que les nations qui s'arrêtent se mettent hors d'état de conserver; oubliant, la seconde, qu'il faut proportionner son butin à ses forces. Où commencent et où finissent le droit d'occupation, le droit de colonisation. Christophe Colomb traverse les oers, il est dans son droit. Il pose le pied sur une terre inconnue; la vieille Europe y dresse sa tente, le commerce de l'ancien monde y tend la main à l'industrie du nouvel hémisphère; les échanges de peuple à peuple s'étendent pour la première fois aux deux rivages de l'Atlantique; là est le droit. Le contrat est violé, la force en demande la sanction, là encore est le droit. Des proscrits du continent ou de l'Angleterre vont chercher au delà des mers une terre hospitalière ; ils apportent avec eux l'industrie, la science, les arts de l'Europe; ils demandent leur nourriture au sol qui les recueille; ils se bâtissent des demeures, et ces demeures deviennent des villes; là encore est le droit. La vie sauvage dispute le terrain à la civilisation, la civilisation repousse la force par la force; là est le droit. Mais le droit finit où commence le despotisme du plus fort, la ruine et la devastation. La barbarie de l'homme civili est pire que celle du sauvage, et mille fois plus criminelle. L'Europe était dans son droit quand elle prenait possession au nom du roi de l'Espagne et du Portugal, au no du roi de France et du roi de la Grand Bretagne, des plages inhabitées, des champs en friche, d'où elle a tiré des richesses plus durables que l'or. Mais il y avait loin d'ar borer le drapeau de sa nation dans les pr des deux Amériques à massacrer leurs la

tants.

L'esprit de colonisation en est deven trop souvent le démon. Il a abusé de la fue et violé le droit naturel des gens, non-seelement contre la nation des mondes décou verts, mais contre les nations de la vieille Europe sa sœur. Dans le partage du glob extra-européen il n'y a pas même eu de congrès de Vienne. Les petits ont été dévores par les grands, les plus faibles ont subi la loi des plus forts, non-seulement de barbare à barbare, mais de civilisé à civilisé. L'Angleterre a traité l'Espagne, le Portugal et la Hollande comine l'Espagne avait traitée Mexique. La politique raftinée et mercantile a vengé la confiance patriarcale de Gu timozin.

II. Le Times (octobre 1844) accuse les Fra çais d'arabmanie, c'est-à-dire d'accorder une préférence marquée aux indigènes sur Européens. Etrange accusation! On la co çoit de la part de l'Angleterre. On ne e adressera pas un pareil reproche pour conduite aux Etats-Unis, pour sa condu aux Indes orientales ?

La France a changé en Algérie les vier règles de la colonisation; elle a mo qu'elle comprenait autrement l'œuvre de civilisation, l'extirpation de la barbar

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ses.

ar l'extermination des peuplades imes est obligé d'ailleursde reconnaître lui, que la France, en renversant le nement d'Alger, a rendu un serviment à l'Europe : qu'ayant fait, seule, Denses de la guerre, elle a admis les nations au partage du commerce en e. Que voudrait donc le Times que ce eût fait de mieux pour l'Europe la civilisation? Avoir rendu service ope est beau, mais avoir rendu serEurope et au nord de l'Afrique en temps vaut encore mieux, est plus de la civilisation et d'une nation

la France. La France y aura sa part, eterre avec l'Europe y aura la sienne, humanité en général y gagnera aussi.

ce que le Times paraissait ne pas dre et ce qui fait la plus grande notre pays. L'humanité y gagnera themain aura fait un grand pas de

furent les colonies grecques et Nous le marquerons en traits Colonies grecques.- La Grèce s'était à asimilé les colons d'Egypte que déjà andait sur toutes les côtes de la Ménée la civilisation que l'Egypte lui ransmise. Des colonies d'Ioniens as, de Doriens se dirigeaient vers l'Aeure. D'autres allaient sonder des velles dans l'Italie, dans la Sicile, bords du Pont-Euxin, sur les côtes que et sur celles de Provence. Ces sexercèrent sur les indigènes l'heufluence que les Egyptiens avaient sur les Grecs. Elles devancèrent leur métropole en population, en ce, en richesse et dans les arts. Troie, grecque, était plus puissante qu'aucités grecques qui se liguèrent ine. Le midi de l'Italie prit le Grande-Grèce, parce qu'il l'emporths Grèce antique par son étendue, bre, la richesse et la puissance de ses racuse l'emportait de beaucoup sur le qui l'avait fondée. Elle compte, 4-on, jusqu'à 1,200,000. habitants. e l'emportait sur Phocée, sa mère Rome n'était pas une colonie de mais elle devait sa religion, son lana civilisation à des peuples qui les

de la Grèce.

es Romains avaient deux méthodes de on. La première était barbare. Une Run romaine était substituée à la poindigène. Les vaincus, réduits en ge, étaient transportés ou vendus au urs maisons, leurs terres étaient disaux vainqueurs.

eut prendre une idée de la seconde le dans le code Théodosien. Les indi'étaient point expulsés du sol. Chadat chargé de couvrir un point, était eur d'un manoir ou bénéfice miliSur le revenu duquel il devait s'enlui et sa famille. On rendit le ser

vice de guerre obligatoire pour les enfants des familles militaires. L'agglomération des bénéfices constituait de grands villages, pagi, entourés de vastes terrains composés de pâturages et de bois. Le tout était placé dans le voisinage de tours ou de camps de défense solidement établis. Par l'effet de ces institutions les bords de la Moselle et du Rhin furent beaucoup plus avancés en civilisation, ou moins barbares que le centre des Gaules. Le mal était que les colons, composés d'hommes de tous les pays, n'avaient avec la métropole ni les liens du sang ni celui de la tradition, des croyances religieuses et des affections morales. Il en résulta que les colonies échappèrent aux Romains.

La colonisation romaine se produit sous une autre forme plus en rapport avec les idées modernes. L'an 450, Rome envoie deux colonies, l'une à Sora, de 4,000 hommes; l'autre, de 6,000, à Albafacentis, ville du pays des Eques ou des Marses. Elle se trouve ainsi avoir pourvu d'une seule fois au sort de 10,000 pauvres citoyens. (TIT. LIV., x, 1.) Six ans après, en 456, deux nouvelles colonies sont fondées dans le pays des Samnites. L'une, à l'embouchure du Liris, reçoit le nom devenu célèbre de Minturna; l'autre, établie dans une gorge, tire son nom de la ville de Vescia, près du territoire de Falerne, dans le même lieu où avait existé une ville grecque du nom de Sinope. On eut peine à trouver des citoyens qui voulussent se faire inscrire pour ces cofonies, parce qu'on les regardait moins comme une retraite sûre que comme des régions toujours prêtes à être infestées par des voisins inquiets et formidables.

L'an 461 le consul Posthumius écrit au sénat pour lui mander que Venouse et les terres adjacentes lui paraissent fort propres à y envoyer une colonie. La proposition est goûtée par le sénat. Un autre que ce consu!, dont la considération était médiocre à cause de son orgueil insupportable, fut chargé de l'établissement de cette colonie. Le nombre des citoyens qu'on y envoya est fixé au chiffre presque incroyable de 20,000 hommes. Rollin explique ce nombre d'émigrants romains comme une nécessité politique occasionnée par le caractère indomptable des Samnites, que la présence d'un si grand nombre de citoyens romains pouvait seule tenir en bride.

Deux ans après seulement, trois autres villes reçoivent des colonies romaines, Castrum Adria qui a donné son nom à la mer Adriatique et Séna dans le territoire des Gaules.Quelques auteurs rejettent l'établissement de ces colonies à des temps postérieurs. L'an 484, Rome envoie une autre colonie à Ariminum (Rimini) et une autre dans le Samnium, à Malivent, nom de mauvais augure qui fut alors changé en celui de Bénevent. L'an 483, il en est établi de nouvelles à Esermic, à Firmum (Fermo) et à Castrum, villes du royaume de Naples.

L'an 505, deux colonies nouvelles sont fondées, l'une dans l'Etrurie, à Esulum; l'autre, à Alsium, dans l'Ombrie. Enfin, l'an 512, une colonie latine est conduite à Spolète, ville d'Ombrie. Deux colonies sont envoyées à Plaisance et à Crémone, l'an 533. Les Boiens et les Insubriens s'en irritent. Rome avait deux motifs qu'elle ne perdait pas de vue, l'élimination des classes pauvres, du nombre des habitants de Rome, et l'extension de l'esprit romain, du nom romain, de l'influence et de la nationalité romaine.

L'an 569, trois colonies sont fondées, l'une à Modène, l'autre à Parme, la troisième à Saturnia, dans le territoire appelé Caletran. Le tribun Rubrias fait décider par le peuple, l'an 630, que Carthage, détruite par Scipion, serait rebâtie et qu'on y enverrait une colonie. Le tribun Caïus en conduit une de 6,000 citoyens Romains. Il donne à Carthage alors le surnom de Junonia auquel Virgile fit allusion (97).

Enfin, l'an de Rome 672, Sylla distribue aux officiers et aux soldats de 23 légions, formant plus de 100,000 colons, les terres de la municipalité italienne qu'il a confisquées. Toutes ces colonies romaines étaient comme de petites républiques qui se gouvernaient à l'imitation de la métropole.

Pompée, qui se montre si grand homme de mer dans la guerre contre les pirates dont il nettoie la Méditerranée en moins de trois mois, se signale par un trait d'humanité d'autant plus digne d'adiniration qu'il est unique dans les annales romaines.

Le droit public, dans l'ancien monde, condamnait à l'esclavage les prisonniers de guerre, et s'il y avait eu une exception, elle n'eût point été en faveur des pirates. Ceux que Pompée venait de vaincre avaient fait à Rome les plus grands maux qu'elle eût à craindre, ils l'avaient affamée en lui fermant la route maritime qui conduisait en Sicile, en Sardaigne et à la côte nord d'Afrique, ces trois greniers de Rome. Pompée s'étant emparé de diverses flotilles ennemies, les pirates qu'elles contiennent se rendent à lui sur parole. Ce sont des prisonniers de guerre, il ne leur doit que la vie sauve, et ils n'auront pas à se plaindre de l'esclavage qui est de droit commun. Un autre que lui aurait impitoyablement mis à mort ces dangereux brigands. Sa douceur envers eux fut une excellente politique. Il apprit par eux à connaître les retraites les plus cachées des plus opiniâtres et de ceux qui, se sentant coupables des plus grands crimes, ne pouvaient espérer de pardon.

Le dénoûment de la guerre fut rapide avec les soixante vaisseaux que commandait Pompée. La flotte entière des pirates suit f'exemple des premières flottilles, elle livre au vainqueur hommes, vivres, magasins et arsenaux. Pompée, au milieu des fabriques d'armes, des vaisseaux sur le chantier, des

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immenses amas le cuivre, de voiles, des dages, de bois de construction, qui tém gnent de la puissance de l'ennemi trouve grand nombre de prisonniers de toutes nations. Son premier soin est de les renve dans leur patrie, où plusieurs sont, dep de longues années, pleurés comme mo et c'est à la suite de cette miséricordie délivrance qu'il montre envers les vain cette humanité que nous avions à cœur mentionner.

Pompée n'avait pas recueilli sur 90 v seaux capturés moins de 20,000 prisonn Que fera-t-il de cette multitude? Il n'a même la pensée barbare, mais parfaiter dans les mœurs de l'époque, de les sacril relâcher des hommes audacieux réd l'indigence, c'eût été compromettre las de l'empire romain et au moins la sûrel blique. C'eût été s'exposer à voir ren des maux auxquels il venait de mett terme si glorieux.

Pompée, dit Plutarque, fait réflexion l'homme n'est ni féroce ni insociable la violence est en lui un état contre nat qu'il est réformable en changeant de et quelquefois en changeant de lien, qu'ainsi on apprivoise même les bête rouches.

Le principe des systèmes pénitent modernes avait éclairé d'une illumi soudaine l'esprit de Pompée. Le de ces illuminations. Pompée a résol loigner ses prisonniers des bords de et de les transplanter dans les ter leur inspirer le goût d'une vie douce quille par l'habitation des villes et par les travaux agricoles. Plusieur de la Cilicie étaient presque déserte de Soli notamment qui venait d'être par Tigrane. Il y colonise un certain de pirates. La ville prend le nom de de sa restauration (Pompéiopolis). blit d'autres colons en Achaïe où la Dymé manquait d'habitants. Enfin il migration d'un certain nombre en l le voisinage de Tarente. Un comme de Virgile suppose que le vieillard rycie, cultivant son jardin avec un contentement de son sort, était du des pirates dépaysés par Pompée. (G Iv, 125.)

V. La force d'expansion du gé thènes s'est plus profondément fail dans ses colonies que dans ce Rome. Elles reproduisent les mêmes tutions politiques, le même esprit d cial et artiste. Nous citerons les ioniennes. C'est à l'esprit des lois nes que ces colonies doivent leur com l'action puissante de l'association taux entre les citoyens et les villes rées. C'est à l'influence d'Athènes que Mineure doit l'abondance de sa popt ses richesses et son industrie qu serve sous le gouvernement tyranni

nsuls romains. L'esprit commerçant Grèce et de ses colonies d'Asie phé de l'invasion des barbares du Nord, ie des Arabes et de l'islamisme. Penque Rome engouffre l'or des provinEgypte et l'Asie Mineure, composées ents grecs, s'unissent à leur source grand canal du commerce et de la naon. En général, l'élément romain déTélément grec reproduit. Tous les peui parlent la langue de la Grèce, font esser la fabrication, la navigation, le erce, l'industrie. Ils sont dans le bas ce que Venise, Gênes et Florence Europe du x et du xvI° siècle. qu'il y a d'étonnant, c'est que les odernes ont opéré, sous le gouvertyrannique des fils d'Othman, le phénomène que leurs ancêtres. Ils approprier l'agriculture, le comdustre comme eux. Ils ont amassé But considérables et créé une maente qui dans la dernière guerre avantage contre les forces de

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Esseurs.

Francs suivirent les errements de We le lien religieux de plus. Partout aisèrent, ils établirent leurs croyanmême principe à la civilisation. Ce de de ce dernier moyen que Charassura à la France la Catalogne et Les Espagnols ne suivirent pas le temple au Mexique, au Pérou, au Philippines. L'infériorité militaire genes n'exigeait pas les mêmes ons. Ils se bornèrent à occuper les traux ou important à la défense. rent ensuite le territoire en déparA chaque département fut attaché militaire qui en tirait un certain rechargé de maintenir en paix et er les habitants, c'était une sorte raineté féodale. La population indiervait ses chefs naturels, ceux-ci Subordonnés aux conquérants. Un du clergé était préposé à la conrale du district. C'est ainsi que les s ont conservé les populations. pines on compte plus de deux d'indiens catholiques, sur 6,000 fapagnoles. Au Mexique, d'après Humallions 800,000 Indiens de sang pur, $1,200,000 âmes de sang mêlé. Monies françaises.—Nos possessions que étaient appelées, dans les predonnances, les îles de l'Amérique, et sion, nos pères disaient aller aux sa fortune aux îles. C'était aux les banqueroutiers allaient chersile, et que les pères de familles, bout, envoyaient les fils de famille nés. Qu'elles fussent continent ou ue, les colonies étaient les îles. , nos colonies américaines chanom et deviennent, dans les écrits et as royales, les Iles sous le vent. nom a disparu lui-même, et les le vent sont devenues les Antillions pas la qualification d'Indes

occidentales donnée génériquement à tout le continent américain, abstraction faite de l'océan Pacifique et en partant de la donnée que le continent découvert par Christophe Colomb n'était qu'une queue plus ou moins longue des Indes orientales. C'est merveille comme la science a de la peine à faire sortir le monde de l'ornière où il a séjourné pendant des siècles, quoiqu'il ait à côté de lui un chemin bien tracé, large et sûr.

Les îles d'Amérique, les îles sous le vent, les Indes occidentales, les Antilles, tout cela, dans notre histoire coloniale, signifie la même chose.

On sait que c'est en 1492 que Christophe Colomb découvrit l'Amérique. Il prit possession des contrées où il aborda au nom du roi d'Espagne. Le nouveau monde devint le point de mire de tous les aventuriers de l'ancien monde, et de toutes les contrées de l'Europe on s'abattit sur cette riche proie. On abordait dans une contrée inexplorée, on y plantait le drapeau de la nation à laquelle on appartenait, et on prenait possession au nom du chef de cette nation.

Dans les temps héroïques de la marine française, Louis XIV mesurait les continents anciens et nouveaux avec un compas, et s'en adjugeait à lui-même la part à sa convenance. Quand Napoléon voulait conquérir des royaumes, il se donnait la peine de les aller prendre; mais Louis XIV, envahissant des moitiés de continent d'un trait de plume, les distribuait à des compagnies, comme Napoléon ses conquêtes à ses capitaines, et se faisait fort de les y maintenir si quelque puissance était assez osée pour apporter quelque trouble à leur possession. C'était de la part de Louis XIV aller un peu vite et un peu loin, mais au moins fallait-il avoir conscience de sa force, pour se rendre coupable impunément devant l'Europe d'un pareil abus de pouvoir national.

Nous reviendrons tout à l'heure sur les actes du pouvoir au temps des compagnies. Nous jetons d'abord un coup d'œil général sur nos possessions coloniales. Le temps des compagnies finit en 1674.

Les colonies ayant fait retour dans les mains de l'Etat, il fallut songer à les organiser. On établit deux gouverneurs lieutenants généraux. En 1789, il y avait 7 gouvernements généraux des colonies. Toute l'autorité fut concentrée dans leurs mains, et si, dans le principe, il n'en résultait aucun inconvénient, il y eut plus tard des abus qui obligèrent le gouvernement à restreindre leur trop grande autorité. On la limita d'abord aux troupes réglées qu'on envoyait dans les colonies, aux escadres qui se trouvaient dans les mers de l'Amérique, et aux vaisseaux marchands, quand ils avaient pris terre. Plus tard, par un arrêt du conseil du 21 mai 1762 et par une ordonnance du 1" février 1766, on établit l'indépendance de l'autorité judiciaire : il fut interdit aux gouverneurs de se mêler de l'administration de la justice, et on leur enjoignit de prêter main-forte pour l'exécution des jugements

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