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celle-ci la direction du jeune colon. (Voy. ci-après Mémoire au conseil municipal.)

La Société d'adoption reçoit les enfants trouvés et abandonnés et les orphelins des mains des hospices. Encore ici alliance de la charité publique et privée. La charité publique paye une part de la dépense, la charité privée fait le reste. L'enfant s'étiolait à l'hospice, oisif et inutile; il deviendra entre les mains de la colonie un robuste agriculteur. (Voy. COLONIES AGRICOLES.)

La Société de patronage pour les jeunes libérés à laquelle M. le comte de Bérenger donne son nom, applique le système de surveillance et de placement en apprentissage aux enfants sortis de la maison pénitentiaire des jeunes détenus de la Roquette et des Magelonnettes. Nous verrons tout à l'heure, la Société de patronage que dirigent Mmes de Lamartine et marquise de Lagrange faire la même chose pour les jeunes filles de SaintLazare, tant les œuvres naturellement s'engendrent et se complètent. (Voy. SYSTÈMES PÉNITENTIAIRES.)

Ici se trouve encore le concert de l'administration publique avec la charité privée. L'administration publique n'attend pas charité privée. Pendant sa durée, si le détenu a témoigné du repentir, si sa bonne conduite a appelé l'indulgence de l'autorité, il est confié aux soins de la charité privée qui reçoit du trésor public une allocation de 60 centimes par jour jusqu'à l'expiration de la peine. A partir de cette époque, le jeune détenu reste aux charges de la charité privée.

Nous renvoyons pour les chiffres au mémoire de M. le comte de Rambuteau. (Voyez pour Mettray COLONISATION et COLONIES AGRICOLES; Paris fut le berceau de toutes ces bounes et magnifiques œuvres.

Paris manquait de maisons de préservation. Les Ecoles de la Compassion sont destinées à combler ce vide. Jusqu'ici elles ne s'appliquent qu'aux garçons. Nous empruntons au prospectus de l'œuvre la définition des diverses catégories des misères morales auxquelles s'applique la fondation. « La première se compose des jeunes victimes du scandale de la famille et de la rue. Nés la plupart de parents pervers, ils sont corrompus dès l'âge le plus tendre; livrés à tous leurs instincts mauvais, voués à un vagabondage continuel, ils perdent par leur contact une foule d'autres enfants honnêtes qui, avec eux, produisent une pépinière de jeunes malfaiteurs destinés à remplir les prisons, en attendant qu'ils aillent peupler les bagnes,

La deuxième comprend ceux que leurs mauvais instincts, résultat ordinaire d'une funeste éducation, amènent devant les tribunaux, avant qu'ils aient atteint leur onzième année, pour rendre compte de leurs méfaits.

La troisième s'applique à ceux pour lesquels les moyens ordinaires d'éducation sont demeurés insuffisants. Ces enfants n'ont peut-être pas rencontré une volonté assez

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ferme pour combattre leurs caprices, assez énergique pour les soumettre en temps opportun; alors, devenus rebelles aux soins les plus attentifs, ils se sont fait renvoyer, tes uns, de l'établissement de bienfaisance qui les avait admis; les autres, des diverses institutions auxquelles ils avaient été confiés, et ils ne peuvent plus être placés nulle part. Bon nombre de ces derniers, bien qu'appartenant à des familles honorables, sont destinés à être malheureux et à rendre malheureux leurs parents, souvent même à les couvrir de honte et de déshonneur. Pénétrer dans les familles des premiers, les soustraire par tous les moyens qu'inspire la charité à l'influence qui les dispose au crime; solliciter près des juges la délivrance des seconds avant qu'ils soient frappés d'un jugement qui les perdrait sans ressources; ne pas délaisser les troisièmes, que tout le monde rejette; réparer avec tout le zèle possible les ravages que le mal a pu faire dans leur cœur ; recueillir le plus grand nombre possible de tous ces enfants dans des maisons spé ciales; leur procurer tous les avantages de l'éducation de la famille chrétienne; apprendre aux uns, sous la surveillance de vient; préparer les autres à une carrière honorable, digne de leur famille et d'eux-mêmes, tel est le but del'œuvre de la Compassion. font les premiers essais de la vie de la comPlusieurs hommes dévoués à cette œuvre munauté, et ils espèrent que d'autres viendront plus tard en partager avec eux les consolations et les sacrifices. Un religieux est chargé de la direction spirituelle de la maison.

Ce n'est qu'après la première communion que les enfants font les premiers essais pratiques de l'état qu'ils doivent professer. Les uns apprendront un état dans l'établissement; pour d'autres, on aura recours à l'œuvre des apprentis. Plusieurs seront destinés aux colonies agricoles. Un certain nombre, doués d'une intelligence élevée et qui se sentiraient le zèle et la force de faire pour les autres ce qu'on aura fait pour eux, fourniront les hommes d'action dont l'euvre a besoin à l'intérieur et à l'extérieur,

Plusieurs de ces malheureux enfants, les plus pervers, retirés de la fange, recueillis dans les conditions les plus déplorables, repoussés de tout le monde, tels enfin qu'ils sont recherchés par l'oeuvre, qui est une œuvre de rédemption, maintenant dociles et vertueux, donnent une juste idée des excellents effets de l'éducation religieuse sur les cœurs les plus dégradés, et de l'impor tance d'une institution dont les premiers fondements sont jetés sur le sol de la foi et de la charité. Il faut entendre le pieux fondateur de cette maison, M. Cotte, raconter les moyens qu'il emploie, les suprêmes dégoûts qu'il surmonte, pour attirer à lui et rapporter littéralement sur ses épaules les brebis égarées dont sa charité compose son butin. Il faut l'entendre raconter dans quels repaires de vices et d'infamie il descend, plongeant aux heures matinales dans ces

foyers d'infamie, c'est-à-dire aux moments de leurs plus intenses infections. Le concubinage héréditaire y multiplie ses iniquités. Sous leur couverture de haillons la figure dégradée par une débauche précoce, ces enfants ressemblent à des singes plutôt qu'à des enfants des hommes. L'intrépide visiteur, levant un coin du lambeau, y trouve les sexes mêlés, comme chez les petits des animaux immondes. Il faut le dire, car on ne le comprendrait pas encore, des filles de onze ans vivent maritalement, & pudeur! avec leurs frères de douze ans. D'autres

jeunes garçons de dix à douze ans reçoivent les embrassements de leur sœur dans la couche incestueuse de leur propre père. Voilà sur quelles traces d'infamie s'est précipité chrétiennement le fondateur des écoles de la Compassion.Ces crimes contre la nature, contre Dieu, contre la morale, se commettent par centaines, faut-il le dire en plein xix' siècle, dans la capitale du monde : dans ce Paris, où tant d'autres centaines, tant d'autres milliers d'âmes chrétiennes vont chaque matin, aux heures dont nous parlons, recevoir dans leur cœur ému l'inspiration de la charité, contraste étrange et douloureux, inégalité déplorable, celle-là, de condition entre les nommes. Marchons, disions-nous en sortant de la demeure de M. Cotte, marchons tous à la conquête de ce monde d'iniquité, comme y marché seul ce courageux chrétien. Quels sont, lui disions-nous, les mobiles de vos coopérateurs, simples laïques comme vous? Quelle force impulsive les soutient chaque jour dans le rude labeur de la régénération de ces enfants couverts de tant de souillures? Le moyen qu'emploie M. Cotte, n'aurait jamais été soupçonné par un économiste quel est-il? La fréquente communion.

:

D'où vous viennent ces jeunes hommes d'élite, demandions-nous encore? Je n'en ai pas découvert un seul, répond M. Cotte; c'est la Providence qui me les a envoyés tous. Ils sont au nombre de 8 sur 48 élèves. M. Cotte pense que ce n'est pas trop, quand la maladie morale ronge les enfants jusqu'aux os, et qu'ils ont besoin d'être veillés et pansés jour et nuit comme les malades en danger de mort. Pour ne rien exagérer, il estime que douze mattres seront indispensables quand il aura réuni cent enfants, terme qu'il ne veut pas dépasser, et au delà duquel il regarde la responsabilité d'un inspecteur, comme mise en périt dans les conditions d'une œuvre telle que la sienne.

L'Education des jeunes filles pauvres reçoit de beaucoup la plus grande part des soins des 12 ou 15,000 religieuses consacrées à l'enseignement. L'éducation des jeunes filles pauvres moins variée dans ses combinaisons, moins étendue quant à son objet, a été dans tous les temps et de nos jours, et plus que jamais, la préoccupation favorite de la charité privée. La raison en est que c'est aux femmes qu'elle échoit. Or la charité qui,

chez les hommes, demande réflexion et effort, chez la femme est un sentiment et presque un instinct. La femme est charitable aussi naturellement qu'elle est mère ; de là vient que le champ de la charité envers les jeunes filles est le mieux cultivé de tous; jamais la charité publique n'y remplacera la charité privée. Les Sœurs de churité de Saint-Vincent de Paul occupent, à Paris comme partout, la tête de la charité enseignante. Elles donnent gratuitement l'instruction primaire et l'éducation religieuse (sous l'inspection du conseil de instruction publique), dans 28 écoles distribuées daus les 12 arrondissements de Paris. A presque toutes les écoles sont annexés des ouvroirs où les jeunes filles sont occupées aux travaux d'aiguille pendant une grande partie de la journée. Dans les ouvroirs, on enseigne la couture, le repassage et la broderie.

Dans plusieurs maisons, les sœurs recueillent des orphelines et des jeunes filles pauvres qu'elles logent, nourrissent et entretiennent jusqu'à l'âge de leur placement.

Outre cela dans 20 pensionnals religieux un grand nombre d'élèves sont reçues gratuitement de 7 à 20 ans. Les autres ne payent que quinze francs par mois, moins de 50 centimes par jour, et la pension cesse de 14 à 16 ans. Une partie de la dépense est couverte alors par le travail des enfants. La charité privée fait le reste. Quelquefois, partant de 300 francs, le prix diminue d'année travailler. Il existe des écoles gratuites et des en année, selon que les jeunes filles peuvent ouvroirs dans presque tous les couvents de Paris chez les Dames du Sacré-Cœur, chez celles de la congrégation de Notre-Dame, noms pieux qui expriment autant de vertus et de bienfaits.

Il en existe à l'Abbaye-aux-Bois, chez les Dames de Saint-Thomas de Villeneuve, chez celles de Picpus et chez les Dominicaines.

14 écoles sont dirigées par des maîtresses laïques. Les jeunes filles pauvres y sont admises aux frais de la ville de Paris. L'éducation y est la même que chez les sœurs, aux méthodes près. Nous avons déjà dénombré 62 maisons où les jeunes filles de la classe ouvrière reçoivent gratuitement, ou à moins de 50 centimes par jour, soit l'enseignement, soit un asile complet. Nous allons voir encore la charité privée et la charité religieuse s'appuyant, s'ingéniant, se cotisant, mère et grand'-mère, filles et petites-filles, faisant appel et violence à toutes les bourses, nous allions dire à toutes les passions, pour être secourables à d'autres mères, d'autres pauvres femmes, d'autres pauvres jeunes filles. L'association des jeunes économes pourvoit à l'éducation, au placement, à l'entretien des jeunes filles pauvres, qui n'étant pas orphelines, trouvent difficilement accès dans les maisons charitables d'éducation et de secours. L'œuvre se compose d'un nombre illimité de jeunes filles associées s'engageant à payer 30 centimes par mois, et 60 centimes au mois de janvier seulement. C'est là, certes, une

charité à la portée de toutes les bourses. Une loterie et une quête viennent s'ajouter à la souscription. La jeune fille pauvre est adoptée à l'âge de 8 ans jusqu'à 18; à 18, si sa conduite a été bonne, elle reçoit un trousseau neuf et complet. Vingt-quatre conseillères et autant de vice-conseillères président à l'œuvre. Une commissaire choisie parmi elles surveille les jeunes adoptées instruction religieuse, travail, conduite, propreté et santé. La maison où sont reçues les enfants est confiée aux sœurs de Saint-Vincent de Paul. (Voir pour les chiffres le mémoire ci-après.)

Vient ensuite l'Association de Sainte-Anne, plaçant en apprentissage les jeunes filles pauvres, et procurant de l'ouvrage aux jeunes ouvrières dont l'éducation est achevée. Elle est composée de dames associées moyennant une souscription de 50 centimes par mois. C'est de la charité encore à bon marché. Outre un bureau central, l'association en a un particulier dans le 12 arrondissement de Paris. Les jeunes filles pauvres admises au patronage doivent avoir au moins 11 ans. Mme la comtesse de Rambuteau a été la présidente de l'œuvre jusqu'en 1848. (Voy. Mémoire au conseil municipal.)

Dans 7 paroisses de París des associations formées dans les catéchismes de première communion et de persévérance font élever des jeunes filles pauvres à leurs frais dans des maisons d'éducation. Les jeunes associées sont les surveillantes des élèves dans les maisons où celles-ci sont placées. Des quêtes, des loteries et des souscriptions, couvrent la dépense; ainsi naît et se développe de bonne heure le savoir-faire du bien qui a plus besoin d'exercice qu'on ne croit.

La Maison des enfants délaissées qui compte 52 ans d'existence, élève gratuitement 100 orphelines pauvres de Paris jusqu'à l'âge de 20 ans. Mesdames la duchesse et la baronne de Montmorency sont à la tête de l'œuvre. Chaque pensionnaire coûte 200 francs par an; nais, circonstance à noter, le travail des jeunes filles avait produit, en 1843 10,767 francs. (Voir ci-après Mémoire au conseil municipal.)

La Maison de la Providence, dirigée par les sœurs de Saint-Vincent de Paul, renferme plus de 200 orphelines. La charité privée a concouru à la fondation de l'œuvre, et le plus grand nombre des lits est à la nomination des bienfaiteurs. Les jeunes filles ne sont abandonnées à elles-mêmes qu'à 20 ans. Trente-six sont recueillies dans le pensionnat des orphelines de la Providence à raison de 200 francs par an (55 centimes par jour).

Les Sœurs de Notre-Dame de Bon-Secours dirigent la Maison des enfants de la Providence, qui, elle aussi, reçoit des orphelines. Des jeunes filles pauvres sont élevées au nombre de 35, dans la maison de Sainte-Marie de Lorette, de 12 à 18 ans. L'éducation qu'on y donne a pour objet d'en faire de bonnes domestiques.

L'institution de Saint-Louis, fondée en 1817,

élève 35 jeunes filles pauvres, principalement des orphelines de 9 à 20 ans ; des souscriptions et des quêtes annuelles pourvoient à la dépense de la maison. (Voy. Mémoire au conseil municipal.)

Dans l'Atelier de travail de Mme Chauvin,` 28 jeunes filles, reçues gratuitement, ont obtenu de leur travail, en 1843, un résultat bien digne de remarque: 8,284 francs ! C'est 298 par an, c'est-à-dire, le prix le plus élevé de la pension d'une jeune fille dans les maisons charitables. La conséquence à en tirer, c'est que des jeunes filles pauvres de 10 à 20 ans, élevées en commun, peuvent suffire à leurs besoins, l'une portant l'autre, et, ce qui est vrai des jeunes filles, ne pourrait-il pas l'être aussi des jeunes garçons?

Mentionnons encore les sœurs de SaintAndré, chez lesquelles 140 internes et 400 externes sont élevées, les unes gratuitement, les autres, suivant leur âge, leur position et le temps qu'elles doivent rester dans la maison.

L'œuvre spéciale des jeunes Luthériennes élève 32 orphelines, dont 25 à la charge de la maison et 7 aux frais du Consistoire. Une autre œuvre spéciale, est la Maison de refuge des jeunes Sourdes-muettes, recueillant les indigentes élevées par l'institution nationale des Sourds-muets, à leur sortie. (Voy. Mémoire au conseil municipal.) Sur les pas de la charité publique, la charité privée.

Enfin, par delà toutes ces maisons d'éducation et tous ces ouvroirs veille l'œuvre de l'Immaculée-Conception, attentive à procurer de l'ouvrage aux jeunes filles sachant travailler et manquant d'ouvrage, chrétiennement élevées dans leur enfance, mais pouvant faillir à leur premier pas, faute d'appui. De même qu'une société particulière travaille à étendre le noviciat des frères des Ecoles chrétiennes, une société spéciale favorise le noviciat des sœurs enseignantes et hospitalières des bonnes institutrices, veille au recrutement de cette armée que Dieu ne protége qu'à la condition que l'homme y mettra du sien. Le marquis de Dampierre est le trésorier de cette société qui se propose aussi un autre objet bien digne d'être mentionné, l'impression et la réimpression de bons livres.

A la suite des admirables œuvres qui donnent le moyen et la force de lutter contre l'ignorance, le vice et la faim, qui empêchent de tomber, viennent celles qui tendent une main miséricordieuse aux pauvres jeunes filles qui, le plus souvent par ignorance, par l'exemple du vice, ou par misère, faibles ou délaissées, ont failli. L'Asile-ouvroir de Gérando, fondé en 1839, rappelle un nom justement célèbre, non moins dans la pratique que dans la science de la charité. Là sont recueillies les jeunes victimes d'une première faute, qu'un abandon complet exposerait à tous les dangers de la corruption et de la misère. On les y attend surtout à leur sortie des hôpitaux, où le vice, en portant sa peine, les a préparées au repentir. Elles y sont nourries, vêtues, instruites, jus

qu'au moment où on peut leur procurer une place ou du travail. La moyenne de la durée du séjour dans l'asile est de 45 jours et la dépense occasionnée de 100 francs. C'est bien peu de 45 jours pour une conversion! Aussi a-t-on essayé de soutenir le courage des néophytes, au moyen d'une association formée entre elles par les soins de l'aumônier. Des conseils et des exhortations y entretiennent l'émulation des bonnes mœurs. (Voy. Mémoire au conseil municipal.)

On ne croit pas autant aux conversions rapides à la Maison de refuge du Bon-Pasteur qu'à l'asile-ouvroir de Gérando. La lenteur des réformes morales est une opinion accréditée dans les maisons de pénitence religieuse. L'œuvre du Bon-Pasteur reçoit les jeunes filles que leur déréglement a conduites à l'infirmerie, à la prison de SaintLazare et qui volontairement se sentent portées à revenir au bien. Le vice contient bien des enseignements; mais nulle part il ne fait reculer ses victimes avec plus d'effroi que dans la débauche précoce; on entre au Bon-Pasteur de 16 à 23 ans. Le temps y est partagé entre le travail et les exercices religieux.

Mises en état de gagner leur vie, les repenties sont placées dans des maisons de confiance par les dames de l'association. Les pénitentes en qui se déclare la vocation religieuse, ce qui arrive plus souvent qu'on ne croit, sont reçues, à Sainte-Marie-Madeleine, chez les dames de la charité de Notre-Dame, au monastère de Saint-Michel. Des fruits de vertu mûrissent par le saint artifice de la piété. De ces fruits nés hier de la charité, la charité s'alimentera demain; car ces pauvres jeunes filles converties deviennent les plus actives et les plus empressées servantes des pauvres. Le Bon-Pasteur est issu de la charité privée unie à la charité religieuse. Des quêtes annuelles, des cotisations auxquelles se joignent des subventions du conseil général et du gouvernement composent ses ressources. Madame la comtesse de Vignolles le président; des sœurs de SaintThomas de Villeneuve, le desservent. La charité privée, la charité religieuse et la charité publique y sont représentées. Voy. Mémoire au conseil municipal.)

La Société de patronage clot dignement la série des secours aux jeunes filles. Mme de Lamartine et Mme la marquise de Lagrange, en fondant la société des jeunes filles détenues et libérées, se sont donné la sainte tâche de passer de longues heures à la maison de Saint-Lazare, pour étudier les détenues administratives ou judiciaires, connatire leur vie passée, démêler si leur retour à la vertu est espérable, si leur repentir est sincère. L'autorité publique confie la jeune pécheresse, la jeune mendiante, la jeune crimi

(15) Un jour de Pâques, Mme de Lamartine avai été déjeuner avec ses jeunes protégées; un morceau de son petit pain à café restant, toutes se le partagent spontanément et s'unissent à leur patronne vénérée et chérie par la communion du cœur com

nelle, à la charité privée. Des dames du BonPasteur vont les aider à repétrir ces natures abruties ou perverses. Attendez un an ou deux, car nous ne croyons pas non plus à la durée d'une réforme vite accomplie, et vous verrez s'abattre peu à peu sous la discipline religieuse, sous l'œil doux et caressant des dames patronesses, la dureté, l'audace de ces regards effrontés, comme s'efface la barbarie du nègre dans l'atelier européen des colons (15.)

La Société de patronage garde les jeunes filles jusqu'à 21 ans et se charge de leur placement. Chaque jeune fille placée reçoit une patronesse, choisie dans la société chargée de visiter. Les jeunes filles sont reçues de 10 à 18 ans comme à Mettray. Le gouvernement paye à l'oeuvre 70 centimes jusqu'à l'expiration de la peine des détenues. Des souscriptions et une loterie complètent les ressources de l'œuvre. A la loterie, madame de Lamartine fournit les produits d'artiste de son pinceau et de son ciseau, et M. de Lamartine tant qu'on veut de beaux vers. Ici encore la charité publique est unie à la charité privée. Elles s'entr'aident sans usurpation ni confusion. (Voy. Mémoire au conseil municipal.)

Secours aux adultes. Malgré ce grand nombre des œuvres de la charité privée s'appliquant à l'enfance et l'adolescence. celles qui s'adressent aux adultes sont encore plus variées.

La charité publique soigne les malades, la charité privée les visite, les encourage, les console, emploie le mal physique à la guérison du mal moral, plus difficile à guérir de l'inconduite, de la débauche, de l'ivrognerie. Elle s'établit dans la famille que la charité publique n'a fait que traverser. Elle y fait cesser le concubinage, y met un terme à l'illegitimité des enfants, soutient la famille du prisonnier pour dettes, et le tire lui-même de prison quand elle peut.

Il ne nous reste rien à dire des 61 conférences de Saint-Vincent de Paul, que comptent Paris et sa banlieue. (voir plus haut). Elles sont par leur composition, de toutes les œuvres, les plus aptes à mettre les pauvres en rapport avec les nombreuses œuvres de la charité publique et privée.

La Société philanthropique dale de l'an Ix, correspondant à la première année de ce siècle. On jugera de son importance, si nous disons qu'en 1826 elle avait dépensé depuis sa naissance, 2,827,239 fr. 82 c. Elle part de 27,615 fr. 17 c., chiffre de 1800, pour s'élever à celui de 446,000 fr. en 1812. Ses frais flottent en chiffres très-inégaux selon les besoins. Elle dépasse 200,000 fr. en 1813 et 1817, atteint le même chiffre encore en 1818, dépasse 100,000 fr., en 1814, 1816, 1819, et 1822. Dès la seconde année de sa création,

me elles venaient de s'unir par celle de la foi avec Dieu. Là, comme à Mettray, le miracle s'opère par le contact, nous allions dire par l'incubation de la la charité.

1801, elle arrivait à 155,750 fr. 15 c., et descendait à 35,528 fr. 73 c. en 1809, et tandis qu'elle montait comme nous l'avons vu, de près de 450,000 fr. en 1812, elle s'abaisait à à 70,000 fr. en 1826.

La société a deux objets : le premier est le traitement à domicile des malades qui, n'étant pas inscrits au bureau de bienfaisance, se trouvent, par des pertes et l'interruption de tout travail, qu'entraîne la maladie, hors d'état de pourvoir aux besoins de leur famille et aux exigences de leur traitement. Le second est la distribution de soupes, de riz ou de haricots, à 5 centimes la portion, aux ouvriers et aux pauvres. La société a fondé, sous le nom de dispensaires, six établissements dans lesquels les malades recommandés par les souscripteurs reçoivent des consultations et des médicaments gratuits. La souscription est de 30 fr. par an; Elle donne droit à une carte de dispensaire et à un cent de bons de soupes et de légumes. La carte est valable pour un an ; celui dont elle porte le nom peut faire soigner par un médecin du dispensaire de son quarlier tel malade qu'il désigne. Il suffit d'envoyer la carte à l'agent du dispensaire avec une lettre indicative du nom et de la demeure de la personne recommandée. Lorsque le traitement est terminé, la carte est renvoyée au souscripteur, qui, chaque fois qu'elle lui revient, peut, dans le cours de l'année, l'appliquer à un nouveau malade, sauf le cas où elle a été appliquée à un accouchement alors elle ne peut plus être employée que trois mois après. Le malade auquel la carte est appliquée est visité et traité par le médecin ou le chirurgien attaché au dispensaire, qui lui fait avoir gratuitement chez les pharmaciens de la société les médicaments dont il a besoin. Un comité composé de cinquante membres nommés par les souscripteurs, est chargé de l'administration de la société, des dépenses, de la distribution des secours et de la surveillance des dispensaires et des fourneaux.

En 1827, la société est présidée par le roi. Elle a pour vice-présidents, M. le marquis de Pastoret, et le duc de la Rochefoucauld-Doudeauville, tous deux pairs de France. M. le marquis de Pastoret est, à la même époque, vice-président de la chambre des pairs, ministre d'Etat, membre de l'Institut et du conseil général des hospices. Nous voyons figurer dans le comité d'administration, M. le comte Chabrol de Volvic, conseiller d'Etat et préfet de la Seine; MM. Benjamin Delessert et François Delessert; Grandin, juge au tribunal de première instance; lé comte de Kergorlay, le vicomte Sosthène de la Rochefoucauld, le viconite Héricart de Thury, le comte Amédée de Pastoret; le comte Jules de la Rochefoucauld; Gustave de Gerando; Le Pelletier d'Aulnay; le baron Roy, et parmi les treize adjoints, M. le comte Maurice de Caraman, le comte Pelet de la Lozère, un prêtre de Saint-Germainl'Auxerrois, M. Marteaux, et un pasteur de l'église réformée, M. Monnod. I ne DICTIONN. D'ECONOMIE CHARITABLE.

faut donc pas trop s'effrayer au nom de la société.

La ville et la cour, la bourgeoisie et le clergé sont confondus dans la liste des souscripteurs. Les souscriptions du roi et de la famille royale montent à près de 20,000 fr., celle du ministre de l'intérieur, à 13,000 fr. L'académie royale de musique, les administrateurs des glaces, les avoués près le tribunal civil, la banque, l'imprimerie royale, souscrivent pour des sommes qui dépassent 100,000 fr.

La souscription de la banque de France est de 3,000 fr. Des particuliers, des anonymes portent leurs dons jusqu'à 500 fr. Il ne faut pas omettre les sociétés de bienfaisance ou de secours mutuels, qui, au nombre de 58, à cette époque de 1827, souscrivent collectivement. Les sociétés qualifiées par les noms de leurs professions sont celles des Amis de la papeterie et de la reliure, celles des bonnetiers, rue des Carmes, et des bonnetiers, faubourg Saint-Antoine; celle des corroyeurs, maroquiniers, des ouvriers charpentiers, des ouvriers cordonniers, des ouvriers maréchaux, celle des tisseurs, des tulliers, des débardeurs; les sociétés typographiques de secours, la société typographique d'espérance et de soulagement, la société typo-bibliographique. Quelques sociétés portent le nom de sociétés de secours mutuels, la société dite association de bienfaisance mutuelle, la société de secours mutuels dite des Charmes de la bienfaisance, la société de prévoyance mutuelle, la société de secours mutuels des imprimeurs, celle de secours mutuels des gagistes, de secours mutuels de Saint-Jean Porte-Latine, de secours mutuels dite de Bon accord, de secours mutuels de Saint-Médard, de secours mutuels des Quinze-Vingts, de secours mutuels des ouvriers porcelainiers, de secours mutuels de Saint-Nicolas, auxquelles il faut ajouter la société d'union et de bienfaisance mutuelle, la société d'union et de secours réciproques.

Les 70,416 francs de dépenses de l'année 1826 sont réparties comme suit :

Chap. 1er Dépenses des Etablissements de soupes.

2 achat de denrées.

3 Dépenses des 6 dispensaires.
4o Somme payée aux sociétés de
prévoyance, à titre d'an-
couragement.

5 Dépenses appartenant à des
exercices antérieurs à l'ex-
ercice de 1826.

6° Dépenses diverses.

Total.

12,280 52

7,471 05 44,216 58

320

1,495 16

4,6.3 15

70,416 46

La société se divise, comme on le voit, en six dispensaires.

Le nombre de soupes distribuées en 1826 est de 136,711. Dans ce nombre, 39,132 ont été vendues. La totalité des soupes distribuées de 1800 à 1806 et de 16,870,153. On va avoir une idéede la dépense et du mouvement des dispensaires à la même époque. Nous orenons III.

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