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gale.nent approximatif, pour les dépenses diverses natures, qui devaient être faites ans l'intervalle de trois années, pour parenir à la formation de la compagnie d'exipitation. Dans ce dernier devis sont comes les frais de recherche et de publication e documents les plus propres à éclairer le ouvernement et l'opinion publique. La mmission trouve suffisamment justifié le emier devis de 215,000 tr., destiné aux udes et au voyage qui doit les compléter; e a même pensé qu'il devrait être porté à 1,000 fr., afin que le troisième associé qui

à Paris put y continuer, pendant la rée de l'expédition, les travaux de l'asiation et les recherches auxquelles elle se livrer pour suivre le projet.

commission est édifiée sur les dépenPortées au second devis, lesquelles lui paru devoir être subordonnées au rédu voyage d'exploration, qui pourrait ger ou modifier l'opinion des auteurs jet eux-mêmes, et les dissuader de outre à son exécution. Il paraît donc mmission, qu'avant de statuer définient sur le chiffre du crédit affecté à partie de la dépense, il est convenable Endre l'issue du voyage d'exploration. frsqu'il s'agirait pour le gouvernement atuer sur la seconde partie du crédit, mission se réservait d'exposer, dans pport plus étendu, son avis motivé sur uestions que devait soulever la constid'une compagnie pour l'exploitation Goyane.

mancipation dans les colonies anglaisait M. Jules Lechevalier, dans une remise à M. le duc de Broglie, au lieu der le mouvement des opérations finantet commerciales sur les terres et sur foductions des colonies, a occasionné éritable recrudescence de l'esprit de lation. Ainsi, à peu près au même mooù le parlement anglais votait l'inité de 500 millions de francs, les prinbanquiers de Londres établissaient enque coloniale an capital de 1,500 milde francs (liv. st. 60,000,000) ayant son à Londres, et se ramifiant dans toutes lonies, dites des Indes occidentales. fablissement à Paris d'une compagnie lenisation qui serait, en même temps, anque coloniale, dit ailleurs M. Jules evalier, donnerait à la France ce qui manqué jusqu'ici, une capitale de come maritime, et ferait tourner, au profit inité nationale, la rivalité du Havre, de Pille, de Bordeaux et de Nantes, qui astonne aujourd'hui que perturbation @perdition de forces. Si l'Angleterre a tapitale de commerce maritime, ce n'est zalement parce que la Tamise porte de vaisseaux, c'est surtout parce que les res de commerce maritime sont centraentre les mains de grandes compadont l'action principale s'exerce à la que de Londres. De grandes compagnies merce maritime, ayant un centre compour la négociation de leurs titres et

DICTIONN. D'ECONOMIE CHARITABLE.

papiers, voilà le principal avantage que le commerce anglais a sur le nôtre. Sans qu'il soit besoin de faire de Paris un port de mer, la France peut acquérir les moyens de développement maritime qui lui manquent, si la direction du mouvement des valeurs coloniales se trouve placée à Paris, et si nous savons appliquer l'association aux affaires de commerce maritime, comme nous commençons à l'appliquer aux affaires de canaux et de chemins de fer.

La question financière n'était pas la seule à résoudre; la plus grave de toutes est celleci le travail est-il possible par les Européens aux Antilles?

:

M. Ternaux-Compans, dont la notice historique sur la Guyane nous a fourni nos principaux renseignements, est d'avis que les différents essais de colonisation tentés pendant près de deux siècles, n'ont réussi que lorsque les noirs d'Afrique y ont été employés. La Guyane française, dit-il, comptait près de 100,000 indigènes, et on ne voit pas qu'on ait dirigé leurs bras vers l'agriculture. Cependant les missionnaires en avaient catéchisé un assez grand nombre. La colonisation n'a réussi que par le concours des noirs. L'opinion des Antilles est fixée sur ce point, qu'il n'y a de culture possible que par les nègres. Un sieur Nau de la. Rochelle, avait présenté au duc de Choiseul un mémoire où il établissait qu'il n'est pas possible de supposer que des gens aisés consentent à s'expatrier sous un soleil brûlant, pour cultiver la terre de leurs mains; qu'on ne formera qu'une colonie de gens sans aveu et sans ressources, dont on ne pouvait rien attendre de bon Il propose d'introduire en Guyane 10,000 noirs, aux frais du gouvernement, et dont les colons Jui rembourseraient successivement le prix dans l'espace de sept ans. D'autres mémoires, adressés de la colonie, avaient contenu à peu près la même demande, fondée sur les mêmes motifs et fortement appuyée par M. d'Orvilliers, fils du gouverneur de ce nom, qu'un séjour de 47 années à la Guyane avait mis à même de bien apprécier la colonie.

A cette objection que la Guyane a été colonisée originairement par des blancs, M. Ternaux-Compans répond que les essais de colonisation ont été faibles, et qu'ils prouvent, contre l'opinion, la possibilité de la culture par des Européens. Les engagés blancs, par qui furent opérés les premiers défrichements, connus sous le nom de trente-six mois, étaient traités avec aussi peu de ménagement que des esclaves. Secondement, dit M. Ternaux-Compans, le jour où l'abolition de l'esclavage a été proclamé, en 1799, le travail a cessé dans les ateliers; toute culture a été abandonnée; la famine a menacé la colonie; des lois plus ou moins humaines (car on a recouru à la torture) n'ont pu rétablir l'ordre, et il a fallu recourir à la peine de mort.

Quand la colonie s'est acheminée vers le progrès entre les mains des Hollandais ou

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de coloniser et de mettre en valeur des r gions incultes, sous quelque degré de let tude que ces régions se trouvent placées. I Amérique, comme en Europe, l'action int ligente et libre de l'industrie humaine, le fait principal, l'influence du climat est fait secondaire.

Il nous reste à préciser la position t cente faite à la Guyane. Commençons établir sa situation politique.

des Portugais, la culture a eu lieu par des noirs esclaves. Tout est à faire, concluait M. Ternaux-Compans, pour établir que la culture est possible sous les tropiques, par des blancs jouissant de la plénitude de leurs droits de citoyens et libres de leur personne. Peut-être, écrivions-nous il y a dix ans, la solution du problème de la colonisation par les blancs, réside-t elle dans la création d'une armée de travailleurs, levée comme une armée de soldats. L'armée des travailleurs se composerait de deux sortes de personnes, les enrôlés volontaires et les valides qui ne justifieraient d'aucun moyen d'existence. Il y aurait à craindre les déserteurs, les traînards et les mauvais sujets; mais le service militaire, tel qu'il existe, disionsnous, n'avait-il pas à résoudre le même problème, il l'a résolu. Le travail est-il donc moins naturel à l'homme que la guerre?

Nous demandions à un marin éminent quel serait le sort de la colonisation intronisée dans la Guyane française par la loi de 1852, dont nous parlerons tout à l'heure. Si vous écrivez sur ces matières, me répondit le capitaine de frégate St E. R., prenez en note qu'il arrivera ceci : la moitié sera tué par le climat; un quart, parmi ceux qui sont doués d'une complexion vigoureuse, vivra à l'état sauvage dans les forêts vierges; l'autre quart se fera bandit et exercera son industrie dans la Guyane anglaise et hollandaise. Ainsi était tiré l'horoscope dé la colonie par un marin expérimenté qui a parcouru en tout sens la Guyane française. D'où vient qu'il en sera ainsi, demandionsnous? D'une cause décisive. répondit le marin, de ce que le sol de la Guyane n'est pas cultivable par des mains européennes. Suivant le même marin, la classe des condamnés est d'une faible complexion en général. Les natures vigoureuses appartiennent, par exception, à ceux que des passions violentes entraînent à commettre de grands crimes; c'est le très-petit nombre.

M. Jules Lechevalier, dans sa note à M. le duc de Broglie, maintient que la race européenne, munie de tous les moyens d'assainissement, de défrichement, et de préservation dont la grande industrie peut disposer aujourd'hui, bien loin d'être exclue de ces régions, est mieux que toute autre race en mesure de les exploiter, sans compter qu'elle a plus que toute autre race le besoin de se créer de nouveaux domaines. C'est, dit-il, ce qu'il s'engage à établir, d'après des faits positifs et en s'appuyant de l'autorité de M. de Humboldt. Il y a, d'ailleurs, sur ce point, ajoute M. Jules Lechevalier, une autorité bien supérieure à celle des grands naturalistes, c'est celle de l'expérience; or, l'expérience est faite par voie d'épreuve et de contre-épreuve. Le déve loppement industriel des Etats-Unis d'Amé rique, est l'exemple pratique de ce qu'il faut faire; tout comme le système colonial de l'Espagne, de la Hollande, de la France et même de l'Angleterre, est l'exemple pratique de ce qu'il faut éviter, lorsqu'il s'agit

La Guyane doit être rangée dans la ca gorie des établissements français, forma des colonies dans toute l'acception du c'est-à-dire comprenant une population tropolitaine devenue propriétaire du dans un pays placé sous la souverainete la France, l'exploitant pour en envoyer produits dans la mère-patrie, et deman à celle-ci ses moyens de consommatios articles industriels ou manufacturés. A prendre que l'étendue du sol déjà expl ou susceptible de l être, aucune de nos sessions transatlantiques ne justifierat que la Guyane la dénomination de colo

L'ordonnance du 27 août 1828 avait.i tué, à la Guyane, un conseil général tr formé en conseil colonial par la loi de avril 1833, puis, supprimé par un décre gouvernement provisoire du 27 avril 1 La nouvelle organisation donnée aux tilles et à la Réunion, par le sénatus sulte du 3 mai 1854, ne s'appliquant pas Guyane, le conseil général n'est pas re pour cette colonie. Mais aux termes l'art. 17 de cet acte, l'un des membra comité consultatif des colonies est d'y remplir, pour la Guyane, les fo de délégué. Le régime financier de ca lonie est en suspens; mais il sera pro ment assimilé à celui des Antilles et Réunion par l'acte même qui règlera cele Voici les chiffres compris pour la Guya budget de 1855 (dépenses au compte del Personnel, 646,900 fr.; matériel, 220,7 subvention du service local, 523,000 total, 1,390,600 fr. Quant au budget vice local, il est réglé sur les lieux gouverneur en conseil privé, et a pour 1° les recettes à prévoir (chiffre de 162,000 fr.; 2° la subvention de 523,000 fr.; total du service local, 685, Il n'y a pas, à la Guyane, de régim nicipal organisé. La ville de Cayenn seule érigée en municipalité. Dans les tiers, il y a des commissaires command qui exercent les principales fonctions buées aux maires. La garnison de la Ga se compose de 1,119 hommes d'infas 76 d'artillerie, 156 gendarmes, et d'une pagnie noire, dont le cadre est de 15 dats.

Culte et enseignement: - La Guyan pas été érigée en diocèse en 1851; lo a été créé des évêchés pour la Martin la Guadeloupe et la Réunion. Cette c se trouve donc sous le régime antérie ment en vigueur dans ces mêmes cold celui des préfectures apostoliques. Le apostolique est nommé par le gouverne

et agréé par la cour de Rome; il n'a que certains pouvoirs sur le clergé dont il est le chef; il est révocable par le concours des deux pouvoirs dont il tient sa nomination. Le personnel ecclésiastique de la Guyane est fourni par le séminaire du Saint-Esprit, et relève, comme celui des trois autres colonies, du ministre des cultes, en vertu de l'acte organique de 1848, cité plus haut. Il y a, à la Guyane, 12 paroisses, auxquelles sont altachés 12 curés ou vicaires. L'enseignement élémentaire et gratuit est donné par des sœurs de Saint-Joseph et des frères de Ploërmel. On trouve, dans la colonie, 9 écoles, tenues par ces deux congrégations et comptant ensemble 1,070 élèves (574 garçons et $96 filles).

Régime commercial. La Guyane a été longtemps tenue tout à fait en dehors du système restrictif qui a été indiqué plus baut comme ayant été, dès l'origine, établi pour nos colonies des Antilles. Aujourd'hui encore, le privilége colonial y est trèsmiligé. Ses rapports, avec la métropole, sont cependant soumis au régime de la navigation réservée, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent Svoir lieu que sous pavillon français. Ses principaux produits (sucre, café, coton, caCao et girofle) sont admis en France à la modération ou à l'exemption de taxes réservée aux produits dits coloniaux; mais, dans ses mapports avec l'étranger, elle est beaucoup moins limitée que la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion. La prohibition, à T'entrée de la Guyane, n'atteint que les denthes susceptibles de venir usurper en France privilége colonial (sucres, cafés, cotons aines, cacaos, girofles, etc.), et certains daits manufacturés dont on a cru devoir Server l'introduction au commerce fran5. Cette colonie jouit, en outre, à la difféence des trois autres, de la faculté de tirer les entrepôts de France, sans acquittement les droits de consommation, les produits trangers qu'elle ne peut se procurer direcment à l'étranger. Ce régime n'a, d'ailleurs, mais été établi par aucun acte de la métrole; il est le résultat d'une série d'actes eaux successivement adoptés par les gouproeurs en vertu des instructions du déIrtement de la marine. Dans l'état encore Téraire de l'agriculture et du commerce de Guyane, il semblerait peu opportun qu'un kret vint remplacer ces règlements et y bstituer un régime fixe et systématique. u reste, les tarifs existants sont contiés, bar leur application, à un service douanier pendant, comme celui des Antilles et de la union, du service général des douanes de la étropole.(M.MESTRO, Directeur des colonies.) Le décret du 13 février 1852, sur le réme du travail, sur la police rurale et la pression du vagabondage dont nous paras ci-après (Voy. Martinique et Guadeape), régit la Guyane comme les autres coies; mais il y a produit des effets beauup moins favorables, à raison des circonsaces de localités, de la dispersion des ciens ateliers, de la facilité qu'ont les

noirs à se soustraire, par les distances, à l'action de la police, et enfin, de l'avilissement plus grand du prix des terres, résultant de leur immense étendue. Cette situation paraît réclamer, pour la Guyane, un codo de travail et de police rurale d'une sévérité plus grande, et nous croyons que le gouvernement s'occupe d'en doter cette colonie.

Au mois de mars 1852, le gouvernement de l'empereur s'est déterminé à prendre la Guyane pour siège d'une colonie pénale, à la formation de laquelle a d'abord préludé un décret du 8 décembre 1851, prescrivant d'y envoyer les libérés en rupture de ban et les individus affiliés aux sociétés secrètes. A cet acte succédèrent d'abord un rapport du ministre de la marine, M. Ducos, en date du 22 février 1852, rapport approuvé par le président de la République, et devenu ainsi la base de toute cette grande entreprise ; puis un décret du 27 mars 1852, autorisant l'envoi à la Guyane, sous certaines conditions, des condamnés aux travaux forcés déjà détenus dans les bagnes et qui demanderaient à subir la transportation. Ce décret a été remplacé par une loi du 30 mai 1854, qui ordonne l'envoi dans la colonie pénale des individus auxquels sera appliquée à l'avenir la peine des travaux forcés, et qui autorise en même temps le gouvernement à y envoyer les individus antérieurement condamnés à la même peine ou, en d'autres termes, à évacuer les bagnes dans le délai qu'il jugera possible. Ainsi se trouve effacé le caractère conditiornel qui avait présidé sous l'empire du décret du 27 mars 1852, aux transportations d'abord effectuées. Aujourd'hui tous les individus placés dans les établissements pénitentiaires de la Guyane y sont, soit en vertu du décret du 8 décembre 1851, soit sous l'empire de la loi du 30 mai 1854. Le premier de ces actes soumet au régime militaire les individus qu'il prescrit d'y envoyer, et les affecte à des travaux d'utilité publique. Le second place les forçats transportés sous la juridiction d'un tribunal maritime spécial, ordonne leur euploi aux travaux les plus pénibles de la colonisation, les exemple de la chaine, sauf le cas de châtiment disciplinaire, et autorise une série d'adoucissements gradués qui peuvent leur être accordés comme récompense de leur bonne conduite, jusqu'à leur libéra. tion complète et leur installation comme co lons sur le sol de la Guyane. L'art. 14 de la loi du 30 mai 1854 prévoit l'émission d'un règlement d'administration publique pour la fixation plus détaillée du régime des transportés.

Quant aux développements successifs que sont appelés à recevoir les établissements pénitentiaires, ils peuvent trouver des facilités dans les dispositious d'un décret du 12 janvier 1852 qui, par dérogation aux règles tracées par la loi du 8 mars 1810, a simplifié pour l'administration locale les formalités à remplir pour arriver à l'expropriation des terrains qui lui paraîtraient nécessaires. Ce décret n'a fait au surplus, qu'appliquer à la colonie, dans l'intérêt de la formation des

pénitenciers, une partie des règles spéciales consacrées en France, en matière d'expropriation pour cause d'utilité publique, par la loi du 3 mai 1841.

Un décret du 22 avril 1854 a créé, pour le service des établissements pénitentiaires, un corps spécial de surveillance organisé militairement. Les derniers renseignements fixent à 3,200 l'effectif général des transportés présents en avril 1855, chiffre qui n'exprime qu'incomplétement le nombre des individus envoyés à la Guyane depuis 1851, et que nous savons être d'environ 4,000. Il y a eu, en effet, en 1852, 1853 et 1854, un certain nombre de décès et des libérations assez nombreuses, surtout parmi les individus envoyés à la Guyane par application du décret du 8 décembre 1851.

N'oublions pas de mentionner un aecret du 20 août 1853 qui, sans attendre la loi du 30 mai 1854 sur la transformation de la peine des travaux forcés, a permis d'envoyer à la Guyane tous les condamnés d'origine afficaine, soit forçats, soit réclusionnaires. (Voy. SYSTÈMES PÉNITENTIAIRES.)

Nous trouvons dans une correspondance adressée aux Annales de la charité, des renseignements importants sur la colonisation pénitentiaire. L'auteur est d'avis qu'à la Guyane, les noirs seuls peuvent se permettre les travaux de la grande culture, c'est-à-dire l'exploitation des cannes à sucre, du café, du colon; attendu que cette exploitation ne peut guère réussir que sur des terrains alluvionnaires, pleins de marécages, et d'où s'exhalent des miasmes qui donnent la mort à l'étranger. Il n'y a donc, suivant lui, pour Cayenne d'autre avenir, au point de vue de son ancienne industrie, que dans la combinaison qui permettra d'enrôler un certain nombre de negres, qui seront soumis, pour plusieurs années, à un travail modéré, mais constant et salarié

L'avenir de Cayenne, continue l'auteur de la lettre, n'est pas tout entier dans l'exploitation de ses habitations, et le gouvernement, en se décidant à envoyer dans cette contrée ses forçats et ses libérés, doit lui donner une nouvelle vie. J'ai parcouru, ditil, tout le littoral de notre établissement de Cayenne à Mana, passant par Macouvin, Kourou, Sinnamary et Mana ;il y a de ce point à Cayenne 60 lieues. C'est à Kourou que l'expédition ordonnée par M. de Choiseul, en 1770, vint finir si tristement : 12,000 hommes abandonnés sur la plage, sans vivres, sans abri, sans secours d'aucune sorte, furent, en moins d'un an victimes de la coupable imprévoyance du gouvernement; mais on ne devrait pas, en France, s'abandonner aux craintes que le souvenir de ce désastre inouï pourrait causer. L'expérience a parlé, et les mesures sont prises pour que les envois de condamnés n'offrent plus désormais que des sujets d'encouragement et d'avenir. Nous avons ici 1,200 forçats libérés ou condamnés politiques, placés momentanément aux îles dusalat et de la Mère; leur état sanitaire y est

excellent, leur moral est assez satisfaisan on est prêt à recevoir les autres. Dans que ques jours, un établissement définitif va former à Ojapok, au lieu dit la Montag d'argent.

C'est là que M. le gouverneur Sarda-Ga riga fera les premiers essais de débois ment, car c'est par le déboisement qu'il ve arriver à rendre quelque splendeur à Guyane; c'est par l'exportation aux Anti et même en France des bois de construct dont la Guyane abonde, qu'il espère fare jour payer par la colonie les frais énor que l'envoi des condamnés impose à la tropole. Les transportés à Cayenne forts trois catégories bien distinctes: les for: les libérés et les condamnés politiques, forçats sont pour le moment établis aux: du Salut, point très-sain situé à enving milles au sud de Cayenne. Là des bar en bois abritent ces condamnés, et une pagnie d'infanterie et une de gendarmere surveillent. Iis sont pour le moment, jettis à des travaux d'utilité locale. Les! du Salut, inhabitées jusqu'à ce jour s d'acclimatement pour les nouveaux de ront d'entrepôt de marchandises et de l qués; nos malades pourront, au besoin être placés. Quelques-unes de ces les sèdent une bonne eau de source; dans suffiront, pour l'année, aux besoins de autres, des citernes peuvent être ouverte population. Ces îles sont, comme on 17 de véritables vases de verdure sortant

l'Océan.

établira sur la grande terre de Caye Quand les forçats sortiront de là, Mana, par Sinnamary et Maccouria, intermédiaires de Cayenne à Mana éta ments où l'on pourrait au besoin alle terre et qui n'est pas à moins de 60 he Cayenne. Les forçats rendus à la libert la surveillance de la police et de la ge merie, seront employés au déboisement forêts. C'est à Mana que le gouverneur faire un des principaux centres d'o pation; c'est là que se ferait le déboise

Les vivres et un abri seront assure forçats jusqu'au jour où, pouvant se à eux-mêmes, ils ne seront plus pour lonie une cause de dépense, mais au traire une base, un élément de sa pros future. Ces hommes paraissent anime meilleur esprit, le gouverneur exerc eux un grand empire; il veut les régénére le travail, et les attacher à l'autorité, au vernement par le sentiment de la recom sance. Leur état sanitaire, du reste, est fait; peu ou pas de malades, aucun Les libérés sont provisoirement établis aux îles du Salut, mais leur emplacemen distinct de celui des forçats; on les pl sur la grande terre, et ils concourront au déboisement, mais séparés des for Le gouvernement pourvoira à leurs bes les mettra en mesure de se créer une propriété qui suffira plus tard à leur soins. Ces hommes aussi sont de bonne volonté, je les ai vus de près

l'Erigone, et je suis bien convaincu que leur intérêt, leur avenir, les engageront à persévérer dans le bien. Les condamnés politiques, la plupart repris de justice, sont au nombre de 150.

Des Jésuites et d'autres missionnaires seront disséminés dans les divers établissements pénitentiaires, et se chargeront de la partie religieuse et instructive des déportés ; il ya parmi ces prêtres, des hommes de science et d'un grand savoir-faire; ils font tous preuve d'un grand dévouement. Les Jésuites sont ici sur leur domaine. Lorsque la Guyane était portugaise, ils y avaient de grands établissements; l'hôtel du gouverneur, la plus belle construction de Cayenne, a été élevé par eax. Ils ont laissé dans ces contrées un souvenir qu'ont cimenté leur esprit de suite, leur inébranlable constance, et leur foi en leur mission.

La Guyane telle que nous la possédons, malgré la contestation que le Brésil élève sur la question des limites, n'en est pas moins un grand et magnifique pays ayant une profondeur immense et plus de cent lieues de côtes. Las indigènes sont paresseux, et cela se conçoit le pays produit en abondance tout ce qui est nécessaire à la vie. Comme à Taiti, l'Indien trouve des fruits, des légumes, du poisson, et de plus, du gibier; et pour fant deux heures de travail par jour suffiraient pour faire produire à la terre cinquante pour cent de la semence. Il y a ici d'autres éléments de richesse que le sucre et le café, il ne s'agit que de les exploiter. Nos libérés Font former des établissements qui recueillemont bientôt les fruits de ce nouvel essai de lonisation.

A la fin de la même année on écrit au ministre de la marine: « Au moment où Tous parviendra la présente lettre, j'aurai pris possession de la Montagne-d'Argent, tun grand nombre de transportés y seront installés.

Il résulte de tous les rapports que je reçois du commandant particulier, que la tonduite des transportés est satisfaisante, el que l'ordre n'a pas cessé de régner un instant depuis la tentative d'évasion que J'ai eu l'honneur de porter à votre connaissance par ma lettre du 16 septembre. Leur pensée dominante est d'aller à la GrandeTerre. Toute l'impatience qu'ils ont témoignée quelquefois ne provient que de là, et c'est pour moi une considération qui me dispose à user de quelque indulgence pour les fautes légères qu'ils commettent; car ils veulent, disent-ils, travailler et produire, afin de se réhabiliter par un travail soutenu et la bonne conduite qui en doit être nécessairement la conséquence. Or ils ne trouTent sur les fles que de menus travaux à faire, travaux qui ne sont pour eux que du provisoire, et ne leur semblent pas devoir être comptés. Mais je ne m'en félicite pas moins d'avoir été obligé d'ajourner leur envoi à la Grande-Terre, quels que soient leurs vœux, car nous sommes encore en plein été, et d'après les renseignements qui

m'ont été fournis par des hommes compétents, connaissant le pays et le climat, c'est un moment peu favorable pour l'établissement, près des Terres-Basses, d'Européens qui ne sont pas acclimatés. Il s'exhale en effet, le soir surtout, après la chaleur du jour, des marais désséchés où ont séjourné des détritus, des miasmes délétères, source et cause de fièvres dites paludéennes, propres à ce pays. Lorsque les pluies ont commencé à tomber, au contraire, et que les marais se remplissent, les émanations cessent et le danger disparaît, ou du moins il y a peu de fièvres, et elles ne sont pas aussi malignes que pendant la saison sèche. Les pluies commencent d'ordinaire à tomber vers le mois de novembre; or, en expédiant maintenant les bois nécessaires pour la construction du bâtiment, je ne pourrai envoyer les transportés que vers le milieu du mois prochain, en faisant d'abord partir les noirs, ainsi que vos instructions me le prescrivent, pour les premiers travaux à exécuter. Ce sera donc seulement lorsque la saison pluvieuse sera tout à fait ouverte, que j'expédierai les transportés blancs, et c'est précisément là ce que j'ai depuis longtemps calculé en vue de les placer dans des conditions climatériques les plus favorables à leur arrivée sur la Grande-Terre.»

Nous avons anticipé sur la colonisation moderne en Guyane dans cette première section, affectée à la colonisation française avant 1789, par les raisons qui nous ont portés, dans divers sujets de ce Dictionnaire, à ne pas scinder des matières identiques. Dans la section suivante, nous allons tracer l'esquisse de nos colonies modernes dans leur ensemble. Terminons celle-ci par l'énoncé d'une opinion qui honore notre pays et qui réfute les idées trop répandues parmi nous de notre inaptitude à coloniser. Possunt quia posse videntur. Ayons le courage de vouloir ce que nous voulons.

Les Français, dans l'opinion de l'Italien Sismondi, sont, de toutes les nations de l'Europe, ceux qui ont montré le plus de sympathie pour les peuples sauvages ou demi-sauvages, et qui se sont montrés les plus propres à les civiliser. Ils ont toujours recherché l'amitié de leurs hôtes d'une autre race, et ils l'ont presque toujours obtenue. Moins orgueilleux de leur nationalité, ils ont été les plus flexibles de tous pour revêtir les mœurs et les habitudes étrangères. Leur nature communicative les a fait entrer avec aisance dans les plaisirs comme dans les travaux des peuplades errantes. Beaucoup moins cupides que les autres colonisateurs, ils ont poursuivi le succès plutôt que le profit. Lorsqu'ils n'ont point à leur portée la société de leurs compatriotes, leur sociabilité leur fait rechercher avec empressement des liens d'amitié avec les sauvages. Dans le Canada, dans la Louisiane, une alliance étroite fut formée entre les Français et les hommes rouges. Ils devinrent compa gnons à la vie à la mort, pour la pêche comme pour la chasse. Des noms français,

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