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rapprochés. M. le préfet, continue-t-il, nous a invités à en ouvrir un plus grand nombre, mais les frais de constructions et d'entretiens sont trop considérables pour que la société philanthropique puisse s'en charger,'à moins qu'il ne lui soit accordé un fonds spécial pour cet objet. Les soupes vendues un sou sont revenues à la société à 14 centimes.

Nous empruntons quelques autres détails joint aux rapports de 1834. à un règlement intérieur que nous trouvons

Il est établi auprès de chaque fourneau et auprès de chaque dispensaire une commission spéciale chargée du service particulier relatif à chacun d'eux. Les membres de ces commissions sont nommés par le comité d'administration. Cinq autres commissions

le premier dispensaire pour exemple. Il est desservi par un médecin et un chirurgien ordinaires, rétribués chacun 600 fr. L'élève en chirurgie et l'agent du dispensaire coûtent 360 fr. (pour eux deux). Le loyer est de 700 fr. les dépenses diverses montent à 196 fr. 20 c. Il est fourni par le même dispensaire, toujours dans l'année 1826, pour 5,392 fr. 73 c. de médicaments. La dépense des bains est portée à 326 fr. 45 c. Total de cette première partie de la dépense, 8,175 fr. 38 c. Au premier janvier 1826, le nombre des malades soignés est de 111; sont enregistrés dans le courant de l'année, 378; ont été guéris, 307; sont morts, 18; sont sortis soulagés ou pour diverses causes, 48; restent au 1er janvier 1827, 116, dont 57 sont traités à domicile, et 59 au dispensaire. Le prix commun de la dépense de chaque malade est de 16 fr. 72 c. La première série de dépenses que nous venons de porter pour le premier dispensaire à 8,175 fr. 38 c. s'élève, pour les six dispensaires, à 44,216 fr. 58 c. Le total des malades restant le 1 jan-cripteurs est au 1" janvier 1834 de 669, et il vier 1827 est de 624, dont 284 sont traités à domicile, et 340 venant aux dispensaires. Le nombre des enfants trouvés est de 82. Le prix commun de la dépense de chaque malade est de 12 fr. 27 c. La dépense par malade parcourt cette échelle, 16 fr. 72, 16 37, 11 77, 11 44, 10 06, 8 fr. 72 c.

Ce n'est pas seulement par des distributions gratuites que nous avons soulagé les indigents, dit le rapporteur de 1827, c'est en vendant à un sou ce qui nous en a coûté trois, et en secourant ainsi des indigents qui auraient été humiliés de recevoir l'aumône, et qui auraient perdu le goût du travail, s'ils avaient pris l'habitude de la demander; c'est encore en les dispensant de préparer euxmemes leurs aliments. Nos cartes de dispensaire, continue le rapporteur, établissent des relations entre le bienfaiteur qui donne la carte et le malade qui la reçoit; elles font goûter aux uns la douceur de rendre service,

et excitent chez les autres les sentiments de la reconnaissance. En fournissant à domicile les secours de la médecine, nos dispensaires entretiennent dans les familles l'habitude des soins réciproques, et ils favorisent ainsi les bonnes mœurs. Nos dispensaires donnent des soins aux malades pendant leur convalescence, et diminuent la dépense des hôpitaux. Le rapporteur dit qu'en étendant la société philanthropique, en encourageant les sociétés de secours mutuels, en multipliant les écoles gratuites, on parviendrait à détruire les principales causes de la misère. Le rapporteur parle des cinq fourneaux établis dans les divers quartiers. Les soupes, dit-il, ont été fort recherchées, parce que l'hiver a été rude, et que les familles surchargées d'enfants n'auraient pu se procurer à si peu de frais (qu'à un sou par soupe) une aussi bonne nourriture. Les distributions ont été de 1,361,711 rations, dont 132,132 ont été vendues, et la distribution, dit le rapporteur, se serait élevée dix fois plus haut si les fourneaux eussent été plus

sont encore constituées: une commission centrale des fourneaux; une commission centrale des dispensaires; une commission spéciale des sociétés de prévoyance; une commission spéciale de fonds; enfin une commission générale. Le nombre des sous

est porté le 31 décembre de la même année à 695. Le nombre allait croissant, car il n'était en 1831 que de 644. Le nouveau roi a fait prendre des cartes sous le nom de son chef de bureau des secours. En 1835, les cartes sont portées au nom du roi. On voit le duc d'Orléans et le duc de Nemours s'intéresser à la société, le dernier des deux princes pour une somme de 500 fr. La société a fait soigner dans ses six dispensaires, en 1834, 2,310 malades, 1059 hommes, et 1,251 femmes. Parmi les malades traités sont au-dessous de 20 ans 173 hommes et 22 femmes; sont âgés de 20 à 30 ans, 132 hommes et 198 femmes ; de 30 à 40 ans, hommes et 308 femmes; de 50 à 60 ans, 164 219 hommes et 270 femmes; de 40 à 50 ans, 258 hommes et 163 femmes; au-dessus de 60 ans, 113 hommes et 91 femmes. On relève parmi les malades: 116 domestiques males, 189 domestiques du sexe féminin, 670 ouvriers, 703 ouvrières, 50 employés hommes, 3 employés femmes, 41 marchands, 58 marchandes, 21 artistes hommes, 18 artistes femmes, 161 hommes et 221 femmes sans profession. Le sixième des malades traités avaient moins de 20 ans. Les trois cinquièmes appartenaient à la classe vigoureuse de 20 à 50 ans. La société philanthropique s'applaudit d'avoir assisté un aussi grand nombre d'individus appartenant à la classe des ouvriers dans la force de l'âge, se livrant à des travaux pénibles, et ne faisant pas partie de indigents inscrits sur la liste du bureau de bienfaisance.

Le rapporteur nous apprend que les fourneaux confiés à la direction des Sœurs de la charité ont été administrés avec beaucoup d'économie et à la grande satisfaction des consommateurs. Des plaintes s'étaient élevées les années précédentes contre les fourneaux'confiés à des cuisinières. Les dépenses de la société, à partir de 1800 jusqu'à la fin de 1834, s'élèvent à 3,585,165 fr. 93 c.

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ainsi que les fourneaux économiques. Elle a dépensé, en 1854, en primes aux ouvriers. qui se sont distingués par leur zèle et leur exactitude à remplir leurs devoirs et par leur bonne conduite 2,500 fr. Il a été légué à la société dans l'année une somme de 1,000 et 2,000 fr. Les chiffres extraordinaires des portions distribuées par la société dans les années de disette jalonnent l'espace parcouru entre 1800 et 1854. En l'an X,1,613,199 portions; il n'avait été distribué que 164,090 portions en l'an IX. Il est distribué 4,342,569 portions en 1812, 1,972,547 portions en 1814, 1,331,702 portions en 1815. Les distributions n'avaient été en 1811, que de 258,335. On retrouve dans la déplorable disette de 1817, la quantité de 808,708 portions. Les distributions anormales ne reparaissent qu'en 1831 et 1832; elles sont la première de ces deux années de 1,008,551 portions, la seconde de 1,242,203 portions. L'interrègne des disettes dure jusqu'en 1847, où l'on rencontre 1,570,091 distributions. Il faut attribuer à la multiplication des fourneaux dans Paris, en dehors de la société, le maintien du chiffre en 1854, à 641,353. On ne peut prévoir au juste ce que nous réserve, dit le compte-rendu, l'hiver de 1855. Les dépenses de la société se sont élevées en 54 ans, à 5,693,497 f. 38 c.

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84,663 32 1855. La société philanthropique, dans son compte-rendu pour 1854, calcule qu'elle a distribué depuis 1,800, 29,832,259 portions alimentaires, donnant par an une moyenne de 552,449 portions. Pendant l'hiver de 1854, ses fourneaux ont distribué, en quatre mois, 220,065 portions de riz et 421,238 portions de haricots. 536,556 portions, sur cette quantité, ont été cédées contre argent au prix de 5 c.; ces mêmes portions revenaient en moyenne à la société à 8 c. 8 mil., d'où résultait un sacrifice de 4 c. par portion, soit de 20,000 fr.; les bons étaient vendus 10 c. La société a donc soigné dans ses dispensaires, dans le cours de la même année, 2,906 malades; sur ce nombre 1,697 ont été guéris et 921 sont sortis soulagés. Elle a pratiqué 64 accouchements et donné 2,895 consultations gratuites, ce qui forme 5,869 personnes ayant participé aux bienfaits de l'institution. La société emploie quatre méde-lique par ses statuts et en forme le proloncins et cinq chirurgiens dans ses dispen

saires.

La recette de 1854, s'est élevée à 126,175 fr. 67 c. Les souscriptions ne dépassent pas 30,330 fr. Le surplus provient de dons et de subventions (s'élevant à 13,000 fr.) de la dotation de la société et du produit de la vente des bons et des portions.

La dépense des fourneaux est ainsi répartie achat de riz 8,328 fr. 80 c., de ha ricots 26,475 fr. 70 c.; beurre 640 fr. 15 c., sel 835 fr. 55 c., combustible 2,812 fr., gages 3,284 fr. 55 c., loyers 545 fr,, dépenses diverses 1,063 fr. 88 c. Les dispensaires sont entrés dans la dépense pour 46,137 fr. 36 c. Cette dépense se décompose ainsi : loyers et traitements des personnes de service 15,185 fr. 80 c., médicaments 29,126 fr. 06 c., bains 1,825 fr. Les professions qui ont fourni le plus de malades sont dans un ordre décroissant les ouvriers, les domestiques, les employés, les marchands, les instituteurs, quelques militaires et quelques professions non classées. Partout les femmes sont en majorité, si ce n'est chez les employés et les artistes. La société philanthropique réclame l'honneur d'avoir la première organisé un service medico-pharmaceutique à domicile,

L'œuvre des pauvres malades visite ceuxci dans les quartiers les plus populeux et les plus éloignés de toute ressource. Ce sont des dames charitables qui la composent; elles sont associées dans ce but aux sœurs de Saint-Vincent de Paul, chargées de la visite des malades par la plupart des bureaux de bienfaisance de Paris. Ainsi l'œuvre des

pauvres malades se rattache à la charité pu

gement. Les associées vont avec les Sœurs de Saint-Vincent de Paul, ou d'après leur indication, porter aux malades des secours en argent, bouillon, bois, sucre, sirop, ce que ne leur donne pas ou leur donne en quantité trop petite la charité publique. Elles profitent de la maladie, dit le programme de l'association, pour améliorer le malade et sa famille, apprendre le catéchisme à ceux qui l'ignorent ou l'ont oublié et quelquefois procurer à la même famille le baptème, la première communion et le mariage. Des trésorières, parmi lesquelles on rencontre Mme la princesse de Bauffremont, faisant partie de la société travaillent à grossir la recette; elles s'engagent à apporter à la caisse commune, à leurs risques et périls, 50 francs par an, qu'elles recueillent des quêtes ou des souscriptions, ou fournissent en tout ou partie de leurs deniers. L'œuvre reproduite dans treize paroisses, a visité et secouru en 1843 le nombre considérable de 11,000 malades.

La visite des pauvres malades dans les hôpitaux occupe une œuvre spéciale, c'est une des plus anciennes de Paris; elle s'adresse aux femmes malades, leur procure des secours spirituels et temporels, assiste

La société de la Miséricorde a pour but de secourir les familles qui, d'une position élevée ou aisée, sont tombées dans l'indigence. L'indigent doit fournir les preuves de sa position antérieure et faire connaître les causes qui la lui ont fait perdre.

leurs familles pendant leur séjour à l'hô- Saint-François-Régis au mot: AssOCIATION, pital et continue de les visiter et de les se- t. I, col. 1191. courir à domicile pendant leur convalescence. Quand les malades sont jeunes, l'œuvre les recueille dans une maison spéciale, l'Asile du cœur de Marie, où elles achèvent leur convalescence en s'occupant à des ouvrages d'aiguille, jusqu'à ce que leurs protectrices leur aient trouvé une place ou du travail; 600 jeunes filles ont été ainsi placées par les soins de l'association; c'est une œuvre à ajouter à celles qui concernent l'adolescence. Les dames de l'œuvre ont fondé, dans les hôpitaux, des bibliothèques de bons livres qu'elles prêtent aux malades.

Tout à l'heure la charité privée servait à allonger les bras du bureau de bienfaisance, ici elle se fait l'humble acolyte de la charité publique dans des hôpitaux ; c'est le fruit de l'entente cordiale des deux charités. Le ministre de l'intérieur et l'administration des hospices concourent par des subventions au succès de cette œuvre, dont Mme la comtesse de Gontaut-Biron est la présidente. Nous parlerons au mot CLERGE (Influence du), des associations de charité dites des paroisses, des arrondissements.

Elles sont présidées par le curé; les associées se partagent aussi les pauvres à visiter et à secourir avec les sœurs de Saint-Vincent de Paul. Ces secours qu'elles répandent proviennent des recettes de la charité religieuse, dont le curé est le représentant (16). Périodiquement la société se réunit au presbytère pour prononcer sur l'admission des pauvres et la répartition des secours. Elles existent quelquefois sous divers noms, tout en se proposant le même but; elles s'appellent à la paroisse de Saint-Eustache, association des Bons Secours et association des dames de la Providence, à la paroisse BonneNouvelle'; les associations de charité des arrondissements, n'existent encore que dans trois arrondissements de Paris.

Elles remplissent la même mission que les bureaux de bienfaisance, mais avec des ressources particulières produit d'une souscription qui ne s'élève pas à moins de 50 francs par associé. Moyennant le versement de cette somme on peut procurer à une famille, toute l'année, les secours de l'association. La recette s'accroît d'une vente, qui a lieu chaque année, d'objets fournis par les dames sociétaires. Dans le premier arrondissement une société de 20 dames se réunit tous les 15 jours en hiver et une fois par mois en été, et délibère sur les demandes et la distribution des secours, mais les dames de Charité des arrondissements doivent se mettre en rapport plus qu'elles ne paraissent faire avec les commissaires-visiteurs des bureaux de bienfaisance. Comment sans cela connaître l'utilité, l'opportunité des aliments, des vêtements, du bois, des médicaments qu'elles distribuent concurremment avec la charité publique ? Voy. Société de

L'œuvre fait des avances dans certain cas urgent, donne des secours en nature, en vêtements, en chauffage, en médicaments, procure à l'indigent un emploi ou du travail, même en justice fait valoir ses droits et poursuit ses réclamations. Elle est dirigée par un conseil, dont chaque membre paye une cotisation de 20 francs et aidée de souscripteurs à 5 francs. Les travaux commandés pour l'œuvre aux indigents qui manquent d'ouvrage, sont vendus dans une réunion spé-ciale. En 1844, 610 tamilles ont été secourues; c'est à M. de Quélen qu'est due l'idée et la création de la société. Celie qui vient après dans l'ordre logique remonte à la fin du XVIe siècle. Madame de Lamoinon fut sa fondatrice: c'est l'œuvre des prisonniers pour dettes. Elle délivre les détenus pour dettes, que recommandent leurs malheurs et leur probité, et préférablement ceux dont la liberté et le travail importent le plus à leur famille; elle porte des secours aux familles des prisonniers; elle assiste ceux qu'elle a rendus à la liberté, en leur donnant les premiers fonds nécessaires pour reprendre leur état; elle consulte des avocats, des magistrats sur les affaires des prisonniers, ou se met en rapport avec leurs créanciers pour en obtenir soit une remise sur la dette, soit des arrangements qui, assurant la liberté du débiteur, le rendent à sa famille et à ses travaux. Les prisonniers pour dettes, malades, ou leurs familles, sont secourus par un médecin de la société. Ce n'est pas tout à chaque trimestre une somme est remise pour l'œuvre à l'aumônier général des prisons, pour être distribuée par sa main en petits secours aux plus malheureux des détenus.

Fondée par une Lamoignon, la société est soutenue par une petite-fille des d'Ormesson, noble héritage de notre vieille magistrature, dignement perpétué. Les condamnés pour crimes et délits sont secourus par l'œuvre des dames visitant les prisons, soit avant, soit après les jugements. Les dames de l'oeuvre font aux prisonnières des instructions sur la religion, surveillent les ateliers et leur distribuent des secours. Nous retrouvons le beau nom de madame de Lamartine à la tête de l'œuvre. L'amour de l'humanité ne se produit pas seulement en discours dans cette illustre famille, et madame de Lamartine n'est pas à la tête des œuvres seulement à Paris. Au château de Saint-Point, elle instruit les jeunes filles et visite les malades; à Paris, elle rend à la vertu de pauvres jeunes filles que Paris a perdues, et remet dans le droit chemin d'au

(16) Dans toutes les églises de Paris vous lisez Tronc pour les pauvres de M. le curé.

:

tres malheureuses dont les vices sont devenus des crimes.

Mais moraliser les prisonnières, les disposer au bien n'était pas assez; de même que les jeunes filles trouvaient dans la maison de patronage un asile à leur sortie, et une éducation qui leur manquait, les prisonnières adultes devaient trouver à leur sortie également du travail et un refuge autrement la misère les menace ou le vice leur tend une main perfidement amie à la porte de la prison. De l'œuvre de la visite des prisons est née l'ouvroir de Vaugirard. Une vieille maison, un atelier où le jour et l'air entrent à plein au milieu d'un vaste jardin, reçoit les prisonnières, à leur sortie des salles sombres de Saint-Lazare. C'est marquer comme il faut le passage de l'atmosphère du vice à celle de la vertu. L'espoir y rayonne, le bonheur de la liberté rendue y entre à pleins poumons. Mais, on ne reste là qu'à la condition de payer sa dette; la dette c'est le travail. On ne croit pas au sincère retour à la vertu sans cette garantie. L'ouvrage manquerait à la prisonnière libérée, on le lui fournit; elle trouve nourriture et logement dans la maison, mais au prix de son travail estimé 85 centimes par jour.

La soif de la liberté peut triompher d'une première résolution. Arrivée à l'ouvroir la pensionnaire peut s'en échapper demain. Elle peut promettre le travail et ne le pas donner. Non, cela n'arrivera pas, le règle

ment y a mis bon ordre; une somme

de 8 francs 50 centimes, avance des dix premières journées de la pension, a été versée, en entrant, dans les mains de la directrice. C'est une caution assurée contre la paresse, les mauvaises inspirations ou le caprice. Et comment la détenue s'est-elle procuré cette somme, au jour de sa libération? Ça été le produit de son travail à Saint-Lazare; c'est le pécule de la prisonnière. C'est ainsi que tout se tient et que l'organisation du travail, fondement de la discipline des prisons, est devenu un moyen de salut pour les libérés. L'ouvroir de Vaugirard est un parfait specimen du patronage des libérés; mais la charité privée a là une tâche immense qui l'attend. L'Etat, pour l'accomplissement de cette tâche, ne doit pas lui faire défaut. Voy. Mémoire au conseil municipal.

Le patronage des libérés adultes, de ces formidables ennemis de l'ordre, de ces audacieux agresseurs de la propriété,de ces redoutés habitants des grandes villes, de ces voyageurs affamés des grandes routes, ce patronage est à créer. Le Mettray des adultes n'existe pas. La colonisation extra-métropolitaine ou intérieure pourra seule nous le donner, Elle est en germe dans tous les esprits; elle n'attend qu'une volonté ferme et opiniâtre, comme celle qui a fondé Mettray, pour naiire et rapidenieut grandir (17).

La charité privée, moins effrayée à l'idée

(17) Nous avons écrit ceci en 1847; depuis, des Try SYSTEME PÉNITENTIAIRE,

des prévenus que des condamnés, a eu depuis quelques années l'heureuse prévoyance de venir en aide à ces victimes de la loi que la justice jette sur le pavé sans pain ni gîte, après un mois, deux mois, trois mois, après six mois de détention. Si le condamné mérite, dans un intérêt social et par cela seul qu'il appartient à l'humanité, que la pitié, que la charité, que la prévoyance l'attendent à la porte de la prison, que dire du prévenu que la justice a innocenté? I sort et reste sans ouvrage: son arrestation, sa détention lui ont imprimé leur stigmate; il a perdu relations et amis; sa famille est endettée. Au lieu de lui tendre la main, on l'évite. La justice se tient pour satisfaite; mais lui, doit-il être satisfait de la justice? La société est allée à lui pour sa sûreté, ne lui doit-elle rien, pas même une excuse de sa méprise? Ne doitelle pas lui rendre en partie au moins ce qu'elle lui a pris, son travail, son temps et son argent? Ne serait-ce pas justice qu'il y eût secours officiel au prévenu, d'après la recommandation du juge et aussi selon la conduite tenue en prison par le prévenu? Le patronage du prévenu est à bon droit matière à charité privée.

La société de patronage pour les prévenus acquittés est née de cette réflexion. Son programme est la protection aux prévenus indigents dont l'innocence a été reconnue, et auxquelles une longue détention a ôté leurs ressources et leurs moyens d'existence. Elle pourvoit pendant quelques jours à leur subsistance et leur facilite les moyens de reprendre leur état. Une maison d'asile les reçoit jusqu'à ce qu'ils aient trouvé une place ou de l'ouvrage, ou qu'ils retournent Mémoire au conseil municipal.) dans leur pays. (Voy. pour les chiffres le

La société de la morale chrétienne est entrée en partie dans la même voie. Instituée originairement pour décerner des prix et des médailles aux belles actions, elle a organisé depuis un comité des prisons qui pourvoit à la défense des prévenus indigents, et leur distribue des secours quand ils sont acquittés. La même société procure des outils aux ouvriers et les objets dont ils ont besoin pour reprendre leur travail.

La société des amis des pauvres, moitié catholique, moitié protestante, se propose plus particulièrement le but spécial d'achat d'outils et de matériaux aux indigents dont la position est perdue ou compromise, n'importe à quel titre.

La société de patronage et de secours pour les aveugles en France, protége l'aveugle à tous les instants de sa vie, élève l'enfant, donne du travail à l'adulte et nourrit le vieillard. Elle a fondé un atelier où un certain nombre d'aveugles sont occupés à des travaux de vannerie, et de brosserie pour les hospices de Paris. L'ancien directeur de l'institution des jeunes aveugles, M. Dufau, est à

colonies pénitentiaires ont été créées en Guyane.

Ja tête de l'œuvre, et les réunions de la société ont lieu au ministère de l'intérieur, tant la nécessité du secours privé est comprise par la charité publique. Deux autres sociétés viennent de se fonder, l'une sous la présidence de M. le duc de Liancourt, membre du conseil général des hôpitaux, l'autre par Mgr l'archevêque de Paris en personne, dans le but de visiter et secourir les aliénés indigents de Paris à leur sortie de la Salpétrière et de Bicêtre. Quelle route suivront ces malheureux dont la raison a été ébranlée, si on ne leur vient en aide? Ils deviendront mendiants sans doute sinon aliénés une seconde fois. Les hôpitaux contribuent à ces œuvres naissantes que la charité préventive a suggérées. Là encore union de la charité privée, publique et religieuse.

Ne passons point sous silence la Maison des ouvriers qui place gratuitement les ouvriers et ouvrières de toute profession, qui a un service organisé pour connaître les besoins des maîtres, et leur communiquer toujours gratuitement les renseignements sur les ouvriers et ouvrières que patronne la société; n'oublions pas non plus deux sociétés de placement des domestiques femmes dans Paris et la banlieue, dont l'une est dirigée par les dames Ursulines et présidée par un respectable ecclésiastique. Ces deux sociétés s'occupent de trouver des places aux domestiques (femmes), après s'être assurées qu'elles réunissent capacité et moralité. Les deux mêmes maisons reçoivent aussi les ouvrières sans ouvrage. Celles-ci sont logées et nourries au bas prix de 50 centimes par jour.

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Deux autres sociétés patronnent spécialement, l'une les Suisses d'origine, l'autre les Israélites et leurs enfants; c'est la société helvétique de bienfaisance, et la société israélite des amis du travail. (Voy. Mémoire au conseil municipal.) Tous les secours dont nous venons de parler sont destinés aux adultes. Nous n'avons encore rien dit des vieillards.

Secours aux vieillards. — Les secours de la charité privée aux vieillards sont moins nombreux, ainsi que nous l'avons remarqué, par la raison que c'est à leur intention surtout que sont fondés les hospices, et que c'est à leurs besoins aussi que pourvoient le plus abondamment les bureaux de bienfaisance. Plusieurs hospices existent à Paris qui reçoivent les vieillards et les infirmes moyennant pension. Il est désirable que s'accroisse le nombre des lits à prix d'argent à des taux divers, et c'est là encore une amélioration que le temps se chargera d'accomplir. Quand nous émettions ce vœu (1843), nous ignorions l'existence des Petites sœurs des pauvres qui venaient de naître. Nous en parlerons aux mots CONGREGATIONS et HÔPITAUX.

L'asile de la Providence est un de ces hospices qui prennent des pensionnaires. (Voy. Mémoire au conseil municipal.) La société de la Providence s'est fondée comme pour venir au secours de ceux qui n'ont pas

de quoi payer leur pension intégralement. Elle en acquitte une partie pour eux. Certe création de demi-bourses, de quarts de bourses, dans les hospices payants, est du ressort de la charité publique comme de la charité privée, et on s'étonne que l'on n'ait pas recouru plus souvent à un pareil moyen de secours.

La société en faveur des pauvres vieillards, composée de dames catholiques et protestantes, fournit des vêtements, des draps et des couvertures. On ne dit pas l'étendue de ses ressources et de ses œuvres. Les prétres âgés et infirmes, manquant de ressources, sont reçus à l'Infirmerie de Marie-Thérèse, que Mme de Châteaubriand a fondée en 1819, et que dirigent des sœurs de Saint-Vincent de Paul; c'est l'archevêque de Paris qui prononce l'admission. Les ressources de l'oeu vre consistent en une quête annuelle dans la chapelle de Marie-Thérèse, et dans la vente du chocolat fabriqué par les sœurs. L'œuvre s'applique aux prêtres du diocèse de Paris.

Une maison de retraite s'est fondée pour les ecclésiastiques, sous le patronage de plusieurs évêques de France, pour y servir de refuge à tous les prêtres âgés et infirmes, à quelque diocèse qu'ils appartiennent. Un ancien grand vicaire de Paris en est l'administrateur. Une commission de dames, là comme partout, recueille des souscriptions. Une petite pension de retraite est payée aux prêtres indigents du produit d'une quête annuelle dans les églises de Paris. Il est juste, il est bon que le prêtre âgé et infirme vive encore de l'autel, c'est-à-dire de l'Eglise.

M. de Watteville évalue de 5 à 6 millions le revenu des œuvres de la charité privée à Paris.

Nous avons laissé en dehors de cette esquisse l'oeuvre universelle de la propagation de la foi et celle de la Sainte-Enfance. Pour celles-là il n'y a ni montagnes ni océans. L'humanité est une; tout homme est notre frère, tout enfant est notre enfant. Philosophiquement ce serait le cosmopolisme, selon l'Evangile c'est tout simplement la charité chrétienne. L'œuvre de la Sainte-Enfance ne distingue pas entre l'enfant jeté dans la rue, à Pékin, et l'enfant déposé la nuit sur la borne dans un carrefour de Paris.

OEuvre de la Propagation de la foi. Voy. ASSOCIATION, p. 1185. ENSEIGNEMENT et CONGREGATIONS; OEuvre de la Sainte-Enfance. Voy. ASSOCIATION, Col. 1195.

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Nous puisons dans un mémoire adressé au conseil municipal de Paris, par M. le comte de Rambuteau, sur l'établissement de la charité privée de la même ville des détails, aussi précieux qu'ils sont exacts et qui nous feront connaître un certain nombre des fondations sous l'important rapport de leur revenu. Nous y avons souvent renvoyé au numiéro précédent.

Institution de la jeunesse délaissée (rue Notre-Dame-des-Champs, 18). Cette institution présente les résultats les plus satisfaisants, sous le rapport de la tenue et de la santé des pensionnaires, de leur éducation

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