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tion, et tout ce qui, en infanterie et en tillerie, excéderait l'effectif des garnisons Jinaires de Bourbon et de Sainte-Marie; que le gouverneur de Bourbon serait argé de négocier avec la reine des Ovas traité où l'on s'abstiendrait au besoin de cuter la question de souveraineté, et qui trait pour but essentiel de régler les reons commerciales entre la France et Ma

Lascar.

L'administration de Bourbon, vers 1834, posa l'évacuation de Sainte-Marie, la reesentant comme inutile à notre commerce a notre marine, surtout dans l'hypothèse la fondation d'un nouvel établissement à ôte nord-ouest. Le conseil d'amirauté pressa de partager l'opinion de l'admistration de Bourbon. Cependant le mitre de la marine crut devoir ajourner de détermination à ce sujet; les dépenses Peat réduites à 60,000 francs, et la mae partie des noirs yolofs, de la garnison Sainte-Marie, furent renvoyés au Sénégal. te dépêche ministérielle du 25 août chargea le gouverneur de Bourbon aminer, en conseil privé, les questions antes: 1° La possession de Sainte-Marie, ne sans utilité comme poste militaire, fe-t-elle pas un avantage politique, en tens que la présence du pavillon français nre d'une sorte de protection morale nos Kons de commerce avec la Grande-Terre, ême temps qu'elle constate le maintien tos droits de propriété à l'égard de nos lens comptoirs de la côte orientale? le Sainte-Marie ne sera-t-elle plus néaire à Bourbon pour y transporter les aves dangereux? 3 Les noirs provenant aisie en matière de traite devant être tés en 1838, et devant être préparés inamment à la liberté absolue dont ils font alors, ne sera-t-il pas utile de les er dans une situation intermédiaire, où rennent l'habitude du travail par l'atde la propriété, et l'ile de Sainte-Marie e-t-elle pas des facilités pour mettre à disposition, dans cette vue, des ter$qui puissent leur être ultérieurement dés? N'aurait-on plus à s'occuper, as d'évacuation, de donner ou de prouu autre asile à ceux des naturels de Grande-Terre qui s'y sont réfugiés, et ne peut livrer à la vengeance des Ovas? fin n'est-il pas reconnu que l'abandon erritoire de Sainte-Marie pourrait doneu à des indemnités en faveur des péens qui y ont formé des établisses de culture non encore délaissés, et serait alors le montant approximatif de ademnités? (M. DREOLLE, Revue du XIX , 1841.)

France a conservé Sainte-Marie, mais en est tenue là. Tout ce que nous voudémontrer, c'est que si nos projets olonisation ont échoué à Madagascar e à la Guyane, c'est par défaut de stance de notre part et non autrement. spossessions de l'Océanie compren1les fles Marquises, petit archipel

occupé en 1842 en vertu de traités de cession passés avec les chefs; 2° Taïti, fle principale de l'archipel de la Société, placée en 1842 sous le protectorat de la France; 3° la Nouvelle Calédonie, dont nous avons pris possession à la fin de 1853.

Iles Marquises.-Il n'y a aucune population européenne à Noukahiva, île chef-lieu des Marquises, sur laquelle flotte le pavillon de la France. Les indigènes ont fait très-peu de progrès en civilisation, malgré la présence de nos missionnaires, établis à côté du poste français dans la baie de Taïohaë. Une loi du 8 juin 1850 a ordonné la création dans ces fles de deux établissements de déportation du 1" et du 2 degré. L'établissement du 2° degré a seul été installé à la baie de Taïohaë, fle Noukahiva. On n'y a envoyé depuis 1850 que trois déportés, dont la peine a été en dernier lieu commuée en bannissement. Il ne contient done plus aucun déporté et le gouvernement a décidé qu'il ne serait plus, jusqu'à nouvel ordre, entretenu à Noukahiva qu'un poste pour la garde du pavillon et la protection des missionnaires.

Taiti.-A Taïti, le régime du protectorat est établi en vertu d'une convention passée avec la reine de cette île le 9 septembre 1842, convention qui, dans le temps, a été rendue publique par les débats de la Chambre des députés. (Revue coloniale, 1844, p. 292.) Cet acte «maintient la souveraineté de la reine et des principaux chefs: il ordonne que toutes les fois et règlements seront faits au nom de la reine et signés par elle. La possession des terres de la reine et du peuple leur est garantie; elles ne peuvent leur être enlevées sans leur consentement, soit par acquêt ou échange. Toutes les contestations relatives au droit de propriété des terres sout du ressort et de la juridiction spéciale des tribunaux du pays. Chacun est libre dans l'exercice de son culte et de sa religion. Les missionnaires anglais continueront leur mission sans être molestés; il en sera de même pour tout autre culté. A ces conditions, la reine et les grands chef's principaux abandonnent entre les mains du gouvernement français ou à la personne chargée de le représenter, la direction de toutes les affaires avec les gouvernements étrangers, de même que tout ce qui concerne les résidents étrangers, les règlements de port, etc., et toutes les mesures utiles pour la conservation de la bonne harmonie et de la paix. » Depuis cette époque, et par une applicationintelligente et mesurée de l'acte de protectorat, le gouvernement indigène de Taïti a fonctionné d'une manière de plus en plus fructueuse pour l'amélioration du sort de la population, pour le progrès des mœurs et de la civilisation. L'assemblée taïtienne, composée des grands juges et des délégués des différents districts, et guidée par un commissaire français qui assistait à ses délibérations, a révisé presque toutes les lois de régime intérieur et en édicté de nouvelles qui marquent presque toutes des progrès très-sérieux.

La population blanche (européenne ou américaine), qui commence à croître à Taïti en nombre et en importance, est régie par des actes de l'autorité française, soit quant aux intérêts mixtes (affaires entre blancs et indigènes), soit quant aux affaires entre blancs seulement.

Le service administratif est très-sommairement organisé à Taïti. Le gouverneur tient de l'ordonnance royale du 28 avril 1843 les pouvoirs les plus étendus pour tout ce qui touche à l'administration, au commerce, à la police des ports; pour tout ce qui se rattache à la souveraineté extérieure vis-à-vis du gouvernement indigène, il n'est que le commissaire du gouvernement français, chargé de faire exécuter le protectorat de concert avec le pouvoir local, auquel l'acte du 9 septembre 1852 a réservé son action et ses droits. Il y a près du gouverneur quelques chefs de détail préposés aux diverses parties du service. Il est assisté d'un conseil d'administration purement consultatif et composé de ces fonctionnaires réunis sous sa presidence. La franchise la plus entière

constitue le régime commercial de Taïti.

La création récente à Papéïti, port de commerce de Taïti, d'une cale de halage et de divers moyens de réparation et de ravitaillement pour les navires, qui s'en servent moyennant un tarif très-modéré, y attire de tous les points de l'Océanie un nombre croissant de bâtiments de toutes les nations, et bien qu'ils n'y fassent pas encore de nombreuses opérations commerciales, le mouvement des affaires a pris cependant un déveJoppement sensible.

Nouvelle Calédonie,--Dans un avenir sans doute prochain, cette grande fle, voisine de la riche et déjà populeuse Australie, sera peutêtre la plus belle des possessions transatlanti ques de la France, comme c'en est déjà la plus étendue. Aujourd'hui c'est encore une terre vierge, habitée par des peuplades sauvages, mais où déjà nos explorateurs ont constaté l'existence de ports comparables aux plus beaux de toutes les mers. La concession des terres y attirera, à des conditions encourageantes, une première affluence d'immigrants; la colonisation s'y fondera et les richesses naturelles de ce beau pays se révèleront sous la main des premiers exploitants. Un bon règle ment territorial sera certainement le premier acte d'administration auquel donnera naissance la colonie nouvelle. En ce moment (juin 1855) nous n'avons qu'à en constater la prise de possession, en applaudissant à cet acte de féconde initiative. (MESTRO, loc. citato.)

§ IV, Algérie. Dans un écrit publié en 1844 et dont nous rendions compte dans les journaux du temps, M Mauroy a établi (104) que bien loin qu'il fût vrai que nous nous traînions péniblement là où les Romains n'avaient fait que se montrer pour vaincre, nous avons marché vingt fois plus vite que Rome. Là où il a fallu à Rome deux

(104) Question d'Alger, en 1844, précédée d'un Frécis de la domination romaine dans le nord de Afrique, et suivie d'un Appendice sur le commerce

siècles, depuis les deux Scipions jusqu' règne de Claude, pour arriver à la plei domination du pays, nous n'avons empl que 18 ans. Qu'on ne vienne pas mettre avant Abd-el-Kader, car les Abd-el-Kad dans la conquête romaine, se succède comme le feraient des héritiers légitime Les Romains, après deux siècles, possède en pleine domination, mais cette dominat elle-même est remplie de troubles. A: deux siècles de luttes pour conquérir, que siècles de protestations de la part des va cus, depuis les Césars jusqu'aux Sarrasi Mais les protestations de la barbarie n't pêchent pas la civilisation romaine de s'e parer de l'Afrique, pas plus qu'Abd-el-Ke | n'empêcha notre gouvernement de trans mer l'Algérie en Afrique française. Sous Romains, après les deux siècles qu coûtés la conquête, des colonies se fo des municipes s'établissent, des villes ). ou tributaires s'agrandissent et devien florissantes, des voies romaines mary. partout les pas des vainqueurs; les ar luxe de Rome entrent par cette large is si bien qu'une loi impériale interdit I' que aux exilés, parce qu'ils y eussent tro les habitudes, les plaisirs et le langage Ronie. Puis, le christianisme triomphe l'Afrique romaine avec Constantin. O compte un jour plus de six cent quatre-vi dix évêques, ce qui supposait six cent qu vingt-dix villes ou bourgades de quelque portance. L'Afrique ne rentre dans fo que le jour où l'Europe entière s'endort le moyen âge et s'y retrempe comm homme dans le sommeil de la nuit. Que sédaient les Romains en Afrique après ans? Rien à peu près, quand nous possé tout, de Tunis au Maroc, de la Méditerr aux derniers rameaux de l'Atlas. Direz que les Romains eurent encore à contre une nation puissante et fortemen ganisée? Mais, à l'époque de l'occup romaine, Carthage était détruite. Direz que nous avons été soutenus par des all ces ou servis par des défections? Non, dant dix ans, aucun chef considérable venu à nous; tandis que les Romains av pour eux la fidélité de Massinissa. La gion de Carthage ne différait guère de de Rome. Et d'ailleurs, n'y avait-il pas à Rome pour tous les dieux? Nous, au traire, l'Arabe nous repousse comme L les la guerre qu'il nous a faite était tionale et sainte. La levée de bouchers Maroc l'a prouvé.

Dans l'inde, l'Angleterre n'a pas e combattre, comme la France en Afrique. ennemis dignes d'elle. Les Indiens et aux trois quarts vaincus par la mol Elle en a pu faire bon marché. Les In sont allés au-devant de leurs vainque Soumis au caprice, à la volonté de que hommes efféminés, étouffés sous le d'un luxe excessif, vivant au milieu

de l'Algérie avec l'Afrique centrale, par M. Vou Paris, 1844.

assonpissant, enivrés par les parfums és à leurs pieds, comme à ceux d'une ité, il n'a pas fallu de grands efforts les renverser. La conquête de l'Inde a été facile; elle devait l'être. Un peuple laves n'est pas une nation, il n'a aucun êt à opposer de la résistance. Il ne conl'autre vertu que le sentiment qui lui référer sa vie propre au maintien d'un è auquel il n'est nullement intéressé ne partie intégrante. Ce peuple devait t s'attendre, en passant sous la puisanglaise, à une transformation de ernement qui lui devait être matérielnt plus favorable. L'Angleterre a donc nquérir sans gloire comme sans peine; a été pour elle une proie facile. Et dant, remarquons-le bien, il a fallu à leterre ce qu'on refuse à la France, du , un siècle, avant d'avoir pu tirer de nquêtes les avantages qu'elle s'en était

S.

que nous avons fait en 18 années est nse; et nous l'avons fait assiégés que tions dans le petit nombre de points és. Il fallait une escorte militaire pour d'Alger. Une petite armée était nécespour se rendre à Bouffarik, et des cashadjoutes se glissaient à travers les u sol jusqu'aux portes de la capitale. rd'hui la plaine est couverte d'ouvriers laboureurs, et les roues des omnibus sent l'Atlas, parcourent ces gorges ges où tant de sang fut répandu: c'est ne sécurité partout. Le voyageur bien plein air, ou va chercher l'hosé sous une tente hier ennemie. Cela it s'écrire déjà en 1844.

étape et un magnifique jalon pour d'autres conquêtes. « Le rivage algérien,» dit Louis Reybaud, « est placé sur le chemin de l'Orient.» Ajoutons que le canal de Suez à la mer Rouge va lui servir de prolongement.

Les produits naturels de l'Algérie sont des forêts d'oliviers sauvages. Greffés et mis en rapport, ils affranchiraient la France d'un tribut considérable que son industrie paye au royaume de Naples, à l'Espagne, à la régence de Tunis, à l'ile de Candie et à l'AsieMineure. L'étranger verse annuellement dans nos ports pour 35,000,000 d'huile d'olive.

Nous avons planté le murier en Algérie. Le coton y réussit, ainsi que la vigne et les arbres fruitiers.

L'Algérie a des biens de toute nature. L'Afrique nous fournit par elle l'indigo, des peaux de bêtes fauves et de bétail, et des soies écrues. Les céréales de l'Algérie sont magnifiques.

Bien des ouvrages sur l'Algérie ont été publiés; la plupart signalent les fautes qui furent commises, les difficultés que présente la colonisation de cette contrée. Dans quelques-uns, les auteurs voulaient que la France conservât ses possessions en Afrique; d'autres prétendaient que l'Algérie, arrosée par le sang français, n'était qu'un gouffre où

on engloutirait sans avantage une partie de nos trésors. Ceux-ci veulent l'occupation partielle et faire d'Alger un poste militaire; ceux-là réclament, au contraire, l'occupation complète, et demandent la colonisation. Les uns préfèrent la colonisation militaire; d'autres s'y opposent et ne comprennent de résultats possibles qu'avec des colons civils. Ceux-ci voudraient que telle province fût colonisée de préférence à telle autre.

1840, l'Algérie n'avait pas de routes. ans plus tard, on y trouvait 357 lieues emins carrossables, exécutés par nos Sous le titre de Colonisation de l'Algérie, 5. Vous voyez de votre fenêtre partir M. Enfantin a présenté l'un des plans les r pour Blidah, chaque matin, 15 dili- plus complets qui aient paru: il indique sou omnibus de 5 ou de 3 chevaux. l'association entre les travailleurs et le proarais avaient été desséchés, des ca- priétaire, comme devant être le moyen creusés, des ponts jetés sur le Sig, sur d'entreprendre la grande culture, de rea, sur le Chéliff; des travaux immen- planter les forêts, d'aménager les eaux aient été réalisés simultanément à et de régler l'irrigation des terres; travaux , à Philippeville et à Cherchell; l'en- indispensables pour la colonisation de l'Ald'Alger, chaque jour élargie, promet-gérie. Il la regarde comme le germe de la e ville de 200,000 âmes. christianisme marche en tête de cette ation naissante. La croix, abattue delus de huit siècles, brille au sommet osquées converties en églises. Les 5 nous craignaient beaucoup plus e athées, que nous paraissions être au de la conquête, que comme Chrétiens ous nous sommes montrés à partir de L'évêque d'Alger visite son diocèse al comme le ferait un évêque de nos -vingt-six départements. La populausulmane accourt à sa rencontre, les s s'empressent de lui faire honneur. ple prêtre chrétien, et cela est plus lait seul dans le camp d'Abd-el-Kader de l'échange des prisonniers, qu'il ait au camp français.

re colonie d'Alger est pour nous une

future organisation du travail, dont il désire que l'Algérie soit le berceau; il considère cette organisation comme la véritable constitution des peuples, à laquelle il ne manque, dit-il, que la charte des droits et des devoirs des ouvriers. Pour arriver à cette association des travailleurs et des propriétaires, problème dont la solution doit nous aider à résoudre un autre problème plus grand encore, celui de l'organisation du travail, M. Enfantin propose de confier les travaux de colonisation à l'administration des ponts et chaussées.

MM. Obert et J. Carles ont mis en avant, de leur côté, un projet de colonisation de l'Algérie par la fondation d'une compagnie qui prendrait pour titre : Communauté géné rale des intérêts agricoles, industriels et fonciers de l'Algérie. La compagnie aurait son

siége à Paris, et serait dirigée par un conseil général, composé de membres nommés par le chef de l'Etat. Ce premier conseil, ainsi composé, se trouverait placé sous l'autorité immédiate du gouvernement. Des comités de direction provinciale seraient établis dans chaque province de l'Algérie, et l'on établirait sous eux des conseils communaux, chargés de l'administration des divers centres du travail; les uns et les autres recevraient l'impulsion du conseil général. Le gouvernement conserve ainsi une puissance incontestable; dans cette combinaison, la communauté se compose de toutes les personnes qui, à quelque titre que ce soit, sont employées par elle. Outre le payement de son salaire, chacun des membres actifs reçoit une part des bénéfices. La répartition de ces bénéfices est proportionnée aux salaires reçus. Dans cette répartition, l'Etat figure pour un tiers; ce tiers représente l'impôt et le prix des concessions territoriales; de plus, et avant partage, le gouvernement perçoit annuellement une part des bénéfices nets, à titre d'amortissement du capital avancé par lui. Cette combinaison est une association du capital mobile, de la propriété foncière et du travail. La colonisation, sur de telles bases, offre aux hommes que le besoin égare des garanties contre la misère; ils deviennent par elle des instruments puissants dans l'édification pacifique d'une œuvre d'ordre, d'avenir et de bien-être.

Le projet indique les précautions que la colonisation collective peut prendre pour se placer à l'abri de l'invasion des Arabes. Il condamne comme impuissante toute colonisation entreprise sans solidarité des occupants, ruineuse pour l'Etat, désastreuse pour les colons; car, dans leur isolement, ils ne peuvent réaliser les travaux que réclame la fondation d'une colonie. Tefs sont les travaux d'irrigation et d'assainissement, ceux de replantation des forêts et de desséchement des marais.

Dans chaque communauté, l'association est chargée de pourvoir à l'entretien du culte et à celui des écoles pour les enfants des deux sexes. Pour compléter l'œuvre de la colonisation, la communauté fixe le sort des femmes; des ateliers spéciaux sont organisés, où elles peuvent se livrer aux occupations qui leur sont propres; elles participent, dans ce cas, à tous les avantages réservés aux travailleurs.

La communauté n'exerce aucune contrainte, ni sur les usages, ni sur les mœurs, ni sur les familles, pas plus qu'elle n'a voulu en exercer sur la propriété; le travailleur qui a rempli ses engagements est toujours libre de cesser d'en faire partie.

Reste à considérer la part que l'armée doit prendre dans cette organisation. L'Algérie doit être protégée dans ses établissements coloniaux, et mise à l'abri des coups de main. Le moyen indiqué dans le projet pour atteindre ce but, serait la composition de gardes communales organisées en corps sédentaires et en corps actifs.

Les corps actifs sont composés de tous le militaires autorisés par le gouverneur gé ral à seconder la communauté. Leur coop ration consiste à défendre l'association da les jours de guerre, à prendre part à s travaux dans les jours de paix. Les cor sédentaires se composent de tous les me bres de la communauté exempts du servi militaire, ayant moins de 55 ans, et appl qués au service intérieur de la communaul Tous les membres de l'association sont ganisés militairement, toujours prêts à défense de leurs foyers, cultivateurs et sc dats tout ensemble. Ce système appelle l's mée à jouir des bénéfices de la colonisation sans affaiblir la discipline, et conserve habitudes militaires du colon sans nuire la marche des travaux.

La communauté est hiérarchisée de te sorte, que le mouvement part toujours autorité supérieure, et va se communiq de degré en degré sans interruption, just dans les plus petits travaux de l'assoc tion. Chaque chef de service, chaquet vailleur est responsable d'une manière solue de la partie qui lui est assignée. T les fonctionnaires, tous les travailleurs, soumis à un conseil général, qui nom et destitue, qui ordonne en dernier ress les travaux généraux de l'association.

La Société orientale chargée d'exams le projet, est d'avis de l'affirmative. I pense qu'il est donné au système d'acc plir la plus grande et la plus belle œuv notre temps, œuvre d'une double po puisqu'en colonisant l'Algérie, elle rés le grand problème de l'organisation du vail.

Un capitaine d'état-major, M. Leblan Prébois, a proposé de diviser l'Afrique trois départements réunis aux 86 dépa ments français. L'auteur du projet rédu population arabe de l'Algérie, y compr Sahara, à 1 million d'habitants, soit à 80 bitants par lieue carrée. C'est bien loin l'opinion qui avait porté la population a de l'Algérie à 8 millions, et en dernier à 4 millions, selon M. de Corcelle maréchal Bugeaud. M. de Prébois é qu'à ce compte, la population moyenne l'Algérie serait plus forte que celle des partements des Hautes et Basses-Alpes la Corse, et double environ de celle de pagne, ce qui est inadmissible.

D'après lui, le sol de l'Algérie peut voir 500 habitants par lieue carrée; or près ses calculs, chaque lieue carré contenant que 80 indigènes, il y a pour 420 Français que le gouvernemen attirer dans ce pays. Les Arabes ne for raient que le 16 de la population to Ses conclusions sont que l'on peut appli à l'Afrique française les lois de la m pole. Suivant lui, la législation except nelle et arbitraire qui règne en Afrique une cause insurmontable à la circulation capitaux dans notre conquête. Il propos la partager en trois divisions militai vingt-deuxième province de Constanti

vingt-troisième province d'Alger; vingtquatrième province d'Oran; de former dans chacune de ces divisions un département dont il indique les limites. Il fait remarquer qu'après l'établissement du chemin de fer de Paris à Marseille, Bone, Alger et Oran ne seront plus qu'à 60 heures de Paris, c'està-dire, plus près que ne sont aujourd'hui Montpellier, Pau,` Draguignan, Mont-deMarsan et Bastia.

La France se trouvera augmentée d'un territoire de 12,000 lieues carrées, peuplé de 4 ou 5 millions de citoyens, lesquels payant une moyenne par tête de 40 fr. d'impôt comme en France, augmenteront le budget national de 200 millions de francs. (1843, avril.) Il arrive au ministère de l'intérieur un si grand nombre de demandes en concession sur les nouveaux centres agricoles de l'Algérie, que le ministre a dû faire prévenir les pétitionnaires que l'administration algérienne ne pouvait procéder que successivement, et selon l'ordre d'inscription des demandes, au placement des famílles, et qu'il importait que les pétitionnaires ne fissent leurs préparatifs de départ que lorsqu'ils auront reçu l'avis que le village auquel ils sont destinés est fondé, et que des lots leur sont spécialement réservés en Algérie. Une lettre particulière mandait à cette époque Tandis que l'armée continae au loin le cours de ses opérations, que des tribus se soumettent, se révoltent, se retirent dans le désert ou sont extermibées par nos colonnes, la colonisation poursuit sans éclat et sans bruit, mais aussi sans relache, ses utiles travaux qui fécondent le sol, y établissent la famille européenne et eracinent la domination de la France en Afrique. La feuille officielle de la colonie annonce que, dans le trimestre de janvier, février et mars 1843, la population civile a augmenté, dans la province d'Alger, de 1,300 âmes. Cette époque était celle de la mauvaise saison. Dans le trimestre actuel, les arrivées ont été beaucoup plus nombreuses, et nous comptons, du 1 avril 1843 jusqu'au 30 juin suivant, une augmentation d'au moins 3,000 Européens. Une grande partie des arrivants sont des cultivatears. Plusieurs ont été retenus par les travaux de la ville. Ceux de la campagne offrent plus d'avantages aux ouvriers. La yournée des faucheurs est payée 5 fr. avec la nourriture. Celle du moissonneur vaut 3 fr. 50 c. Les charretiers gagnent 100 fr. par mois. Les domestiques se payent dans la campagne, de 30 à 35 fr. avec la nourritare. Les ouvriers 2 fr. 50 c. par jour. A Alger, ils ne gagnent comme manœuvres et terrassiers que 2 fr. Ils sont obligés de ayer en ville un fort loyer; et leur bientre, surtout quand ils ont une famille nombreuse, est beaucoup moindre que lorsqu'ils habitent la campagne. Ils gagneraient 3 fr. par jour à Alger, que leur aisance n'égalerait pas celle des cultivateurs payés à la campagne à raison de 2 fr., mais logés et chauflés, ayant un travail assuré chaque jour pour

eux et leurs enfants. Les fermiers et les métayers sont de tous les habitants de la province d'Alger ceux qui ont le plus d'aisance. Un grand nombre de Mahonnais, qui se livrent particulièrement à la culture dans les environs d'Alger, ont acheté des propriétés et des maisons à la ville. Leur sort est bien différent de celui des concessionnaires de terre qui, ayant à bâtir, à défricher, à cultiver sans avance de fonds, végètent tristement, sont souvent dépossédés pour inexécution des charges et cèdent leurs concessions pour une somme moindre que celle qu'ils y ont dépensée.

Il est délivré au ministère de la guerre, en 1843, des permis de passage gratuits pour l'Algérie à plus de 14,000 cultivateurs ou ouvriers, non compris les individus qui se sont rendus à leurs frais dans la colonie. Le nombre de ces derniers a été considérable. On calcule que la population européenne s'est accrue, dans les trois premiers trimestres de 1843, de 11,807 habitants, et en y ajoutant les résultats du dernier trimestre, on est fondé à porter l'augmentation totale de l'année à 18 ou 19,000 individus.

(1845.) Il y a de grandes émigrations d'Espagne pour le nord de l'Afrique. Quatre barques chargées de passagers arrivent à Ald'Alicante, de Barcelone et de Valence. Tous ger de quatre points différents : de Malaga, ces émigrants déclarent qu'ils fuient l'insurrection et ses fatales éventualités.

Le soulèvement de la péninsule produisait beaucoup d'effet sur les Espagnols réfugiés en Afrique. Les colons espéraient que ces événements y amèneraient un plus grand nombre d'émigrés espagnols; leurs connaissances agricoles, leurs habitudes loyales et la sûreté de leurs rapports y sont vivement appréciées.

Les préfets des 86 départements français sont invités cette même année 1845, à faire connaître à leurs administrés que par suite de l'impulsion donnée à l'industrie agricole en Algérie, les cultivateurs célibataires ou les cultivateurs mariés, mais n'ayant qu'un ou deux enfants en bas âge, seront admis, s'ils le désirent, à passer en Algérie où ils trouveront immédiatement des moyens d'existence.

(1846.) Le ministre de la guerre dépense en frais de colonisation en Algérie, dans l'année 1846, 1,500,000 fr. On demande plus tard un supplément de 400,000 fr.

Plan de colonisation en Afrique d'après le maréchal Bugeaud. — On donne en Afrique, à l'époque dont nous parlans, 42 hectares de terre et une petite mais n à quiconque possède 1,500 francs pour les payer. Si la charité publique pouvait procurer une somme pareille à 300,000 familles agricoles dépourvues de ressources, grevées d'hypothèques, rongées d'usure, dévorées de frais judiciaires, la colonisation en Afrique serait réalisée; mais on n'aurait ainsi qu'une colonisation civile, et ce n'est pas ainsi que le maréchal

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