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surveillance continuelle, le jour et la nuit, de la part des sœurs et des autres personnes attachées à l'établissement. M. Dubeau luimême donne l'exemple de cette surveillance assidue, en visitant la maison matin et soir, pour s'assurer que rien n'est négligé dans f'intérêt des élèves, comme dans l'intérêt du bon ordre et de l'économie. Tous les jours un médecin vient à l'asile, qu'il y ait ou non des malades; enfin, les parents peuvent voir leurs enfants aussi souvent qu'ils le veulent, les jeudis et les dimanches. Un instituteur primaire est attaché spécialement à l'asile, et dirige l'éducation des élèves de la première catégorie, au nombre de 80 en viron. Les plus jeunes sont contiés aux soins d'une sœur, qui leur fait faire les mêmes exercices que dans les asiles communaux, Les plus âgés sont occupés, hors le temps consacré à l'école, à de petits travaux de maison et de jardinage. On a fait confectionner pour eux des brouettes et des râteaux proportionnés à leurs forces et à leur taille; on va aussi leur donner de petites bêches, M. Dubeau ayant l'intention de diriger les goûts et l'éducation de ses élèves du côté des travaux agricoles,

Ne s'en rapportant pas à son zèle et à sa vigilance pour la bonne direction de l'asile de Veaujours, M. l'abbé Dubeau a voulu s'entourer des lumières et de l'expérience d'hommes capables de juger les améliorations dont l'œuvre est susceptible. Le 2 mars 1841, un conseil d'administration s'est constitué sous la présidence de M. le baron Charles Dupin. MM. Desmousseaux de Givré, député; Delapalme, avocat général; Blanqui, membre de l'Institut, et d'autres hommes honorables font partie de ce conseil. Leur concours offre de nouvelles garauties pour la bonne administration de Veaujours.

Voici la situation financière de l'œuvre, du 1" octobre 1843, époque de sa fondation, jusqu'au 1 octobre 1844.

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Le généreux fondateur de l'asile de Veaujours n'a reculé devant aucun sacrifice pour réaliser le projet qu'il avait conçu dans l'intérêt des pauvres enfants de la ville de Paris. Il a donné tout ce qu'il possédait; il n'espère plus aujourd'hui que dans la bienveillance de l'administration et dans la charité publique, pour accomplir sa mission et donner à son entreprise les développements qu'elle doit encore recevoir.

Tant que les frais de premier établissement ne seront pas entièrement payés, cette œuvre aura besoin d'être secourue; mais dans un avenir qui n'est pas éloigné, peutêtre, les recettes et les dépenses pourront se balancer, puisque la plupart des enfants ne sont reçus dans l'asile Fénelon, que moyennant une rétribution mensuelle de 10 à 15 fr, Le préfet propose, comme l'année précédente, un secours de 3,000 fr.

L'asile Fénelon réunit en 1854, 400 enfants parmi lesquels on compte 250 orphelins; ces enfants sont nés d'artisans, d'ouvriers, de serviteurs, de petits marchands colporleurs ou revendeurs; quelques-uns sont issus de familles déchues par des malheurs. La dépense de la maison, personnel administratif compris, est de 110,000 fr. Un tiers de cette somme est fourni par la bienfaisance ostensible; 36,000 fr. proviennent des prix de pension payés par les protecteurs des enfants, ou de dons particuliers demenrant secrets; le surplus est tiré du sein de la famille même qui place l'enfant à l'asile; cette dernière source s'alimente de dévouements admirables.

Etablissement de Crèches dans le 1" arrondissement. On expose ici la fondation des crèches à Paris, par M. Marbeau,

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La première crèche a été établie rue de Chaillot, n° 89, au milieu de l'un des quartiers les plus pauvres de l'arrondissement; elle a été ouverte le 14 novembre 1844 : elle contient 12 berceaux. « Dans un local trèsmodeste, mais propre et sain, dont l'ameublement se compose de quelques berceaux, la mère dépose son enfant le matin; elle vient l'allaiter aux heures des repas et le repreud chaque soir. L'enfant sevré a son petit panier comme l'enfant de l'asile. Des berceuses, d'une moralité sûre, prennent soin des enfants, sous la direction des sœurs de charité, sous la surveillance des dames inspectrices de la salle d'asile, Un thermomètre indique la température convenable à ces jeunes plants. Un ventilateur épure l'air constamment, et la crèche est visitée chaque jour par un habile médecin. On n'adinet que les enfants dont les mères sont pauvres, travaillent hors de leur domicile, se conduisent bien et se conforment aux règlements affichés dans la crèche. La mère donne aux berceuses 20 c. par jour, ou 30 c.si elle a deux enfants. Cette rétribution ajoutée : 1° à la nécessité d'allaiter l'enfant ou de garnir son panier; 2° à l'obligation de le garder la nuit et les jours fériés, a pour résultat de conserver intact le lien précieux de la ma ternité. Ce petit établissement a été formé,

Idem de la ville de Paris.

Vente de fourrages.

DÉPENSES.

Achat de mobilier de toute nature.

30,673 50

2,580

Frais du personnel.

5,600

Cokure et jardinage.

977

Nourriture et entretien des enfants.

23,782 70

61,603

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1

En sorte qu'il devait encore au

octobre
DICTIONN, D'ECONOMIE CHARITABLE.

5

avec toute la simplicité et l'économie possibles; les dames patronnesses et les sœurs de charité surveillent le service de la crèche avec une sollicitude toute prévoyante. La rétribution suffit rarement au salaire des berceuses; le surplus est payé sur les fonds de la crèche, ainsi que les autres dépenses, telles que le loyer, le chauffage, la nourriture des enfants, l'entretien du mobilier, etc. L'ensemble des charges est évalué à 30 cent. par jour et par enfant. A ce compte, la crèche de Chaillot donnera lieu à une dépense annuelle de 1,200 fr. Les 12 berceaux peuvent servir à 14 ou 15 enfants à la fois, parce que les mères ne viennent pas toutes ensemble. Lorsque, par exemple, elles n'ont pas d'ouvrage hors de leur domicile, elles conservent leurs enfants. La crèche peut recevoir en outre, 2 ou 3 enfants en sevrage; elle peut donc profiter à 16 ou 18 enfants en même temps.

La seconde crèche, ouverte le 29 avril, et située rue du Faubourg-du-Roule, n° 12, contient 15 berceaux et peut recevoir 18 à 20 enfants à la mamelle, ainsi que 4 à 5 enfants en sevrage. Deux berceuses seulement sont attachées à cette crèche, disposée comme la première; il n'y a de différence que dans la matière des berceaux: là ils sont en fer; à Chaillot ils sont en osier. La troisième crè che, ouverte le même jour, 29 avril, a été établie rue Saint-Lazare, n° 144; elle peut contenir 15 berceaux et recevoir 18 enfants à la mamelle, ainsi que 4 à 5 en sevrage. Deux berceuses sont attachées à cet établissement. Ces trois crèches paraissent devoir suffire, quant à présent, aux enfants pauvres des quartiers de Chaillot, du Faubourgdu-Roule et de la Petite-Pologne; mais à mesure que ces établissements seront plus connus et plus appréciés des familles, le nombre de celles qui demanderont à y porter leurs enfants augmentera nécessairement, et il faudra, ou donner plus d'extension à chacune des trois crèches ouvertes, ou bien, ce qui serait préférable, il faudra en établir de nouvelles à la portée des familles. Il sera également nécessaire de placer les crèches dans des localités plus salubres et mieux appropriées à leur destination; mais dans l'incertitude où se trouvaient les fondateurs sur les moyens de faire face aux frais de premier établissement et aux charges annuelles des crèches, ils ont dû les établir provisoirement dans des locaux à bon marché, sauf à les transporter, plus tard, dans des lieux plus convenables, si des ressources plus abondantes se trouvaient assurées. Des établissements semblables s'organisent en ce moment dans les quartiers excentriques des autres arrondissements, par les soins des personnes bienfaisantes qui ont apprécié l'utilité incontestable de l'usage des crèches pour les enfants pauvres et leurs familles. Ce n'est pas seulement à Paris, que la pensée heureuse et féconde de M. Marbeau trouve des imitateurs. Des crèches se sont formées dans les principales villes de France et de l'étranger,

Il appartenait à la ville de Paris d'être la première à adopter une si précieuse institution et à la protéger, en lui accordant une dolation suffisante pour assurer son existence. Voy. CLASSES SOUFFRANTES.

Société pour le renvoi dans leurs familles, des jeunes filles sans place et des femmes délaissées. Au mois de février 1846, M. le préfet de police a réclamé le concours de la ville de Paris, en faveur de la société qui s'est organisée le 1" juillet 1844, par les soins de personnes honorables et sous la présidence de M. Pététot, curé de SaintLouis d'Antin. Cette société a pour objet de secourir 1° les jeunes filles venues de la province à Paris pour y chercher un labeur honnête, et qui, après avoir épuisé leurs faibles avances, sans y parvenir, sont menacées de tomber dans la misère la plus profonde ou dans le désordre; 2° les femmes demeurées sans moyens d'existence par suite de l'abandon ou du décès de leur mari, et qui trouveraient en province, chez leurs parents, un asile et des secours dont elles restent privées, faute de pouvoir subvenir aux frais de voyage. Il résulte des renseignements fournis par M. le préfet de police que du 1" juillet au 31 décembre 1844, la société avait déjà renvoyé dans leurs familles 75 personnes, dont 50 jeunes filles, ouvrières ou servantes sans travail et sans place, 8 femmes veuves ou délaissées, 8 meres et leurs enfants au nombre de 9; la somme totale des frais de voiture et autres secours payés pour ces 75 personnes s'élève à 1,443 fr.; ce qui établit, par individu, une moyenne de 19 fr. 24 cent. M. le préfet de police, qui est plus particulièrement en état d'apprécier l'utilité de cette œuvre, se plaît à en constater les heureux résultats, et it exprime le vœu que la société ait des ressources suffisantes pour étendre son patronage à toutes les personnes qui se tronvent dans le cas de le réclamer justement. Le préfet de police réclame une subvention de 500 fr.

Comité Israélite de secours et d'encouragement. Le consistoire israélite de Paris a fondé, il y a 35 ans, sous la surveillance et avec l'autorisation préfectorale, un comité de secours et d'encouragement pour venir en aide à ses coreligionnaires les plus nécessiteux.

Le comité ne se borne plus à soulager l'indigence à domicile; il a fondé, au commencement de 1842, une maison de secours destinée au traitement des malades qui no peuvent être soignés convenablement chez eux, et qui, arrêtés par des scrupules religieux, ue consentiraient qu'avec un extrême chagrin à se laisser transporter dans un hôpital. Depuis le 1" avril 1842 (époque de sa fondation) jusqu'au 31 décembre 1844, cette maison de secours a reçu 350 personnes qui ont donné 10,000 journées. Les dépenses de la maison se sont élevées, pendant le même espace de temps, à près de 30,000 fr, Le nombre des individus secourus à domicile par le comité était, en 1842, de

1,569; il s'élevait, à la fin de 1844, à 1,602. Sur ce nombre, 292 ont dépassé l'age de 60 ans, et sont hors d'état de se livrer à aucun travail pour subvenir à leur existence; plusieurs d'entre eux remplissent les conditions prescrites pour entrer dans les hospices; mais ils ne réclament pas feur admission, parce qu'ils ne peuvent se résoudre à renoncer à toute pratique de leurs devoirs religieux et à vivre entièrement isolés de leurs coreligionnaires. C'est ainsi que l'on ne comptait, à la fin de 1842, dans toutes les maisons hospitalières de Paris, que trois Israélites. Parmi les 599 ménages (composés de 1,569 personnes) qui ont été secourus, en 1842, par le comité, 299 seule

ment étaient inscrits aux bureaux de bienfaisance; les autres sont donc restés entièrement à la charge du comité. Il faut même remarquer que les pauvres Israélites, jouissant de leur inscription aux bureaux de bienfaisance, ne peuvent, attendu les prescriptions de leur culte, profiter de tous les genres de secours auxquels ils ont droit, tels que les distributions de viande et de bouillon.

Enfin, ce comité pourvoit aux frais d'entretien ou d'apprentissage de 32 orphelins, et il a fait traiterà domicile, pendant l'année 1844, 211 malades qu'on a pu éviter de transporter à la maison de secours.

Les dépenses de toute nature, faites en 1844, pour les secours à domicile, distribués aux frais de la ville de Paris, se sont élevées à 20,000 fr. environ. En voici le détail pour 1812 :

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population de plus de 40,000 individus. Et parini les autres œuvres, se trouvent SaintVincent de Paul, qui secourt au moins 4,000 familles, plus de 10,000 individus : Saint-Nicolas, qui élève 1,000 enfants; les Sœurs des pauvres, qui recueillent 300 vieillards; environ 400 sociétés de secours mutuels. On peut affirmer, sans exagération, que les œuvres libres (sans évaluer les aumônes privées) dépensent aujourd'hui à peu près autant et alteignent autant d'individus que les bureaux de bienfaisance, dont le budget est de 2,800,770 francs, et dont la population charitable est de 70,000 individus.

fondées depuis vingt ans; sans doute il La plupart des œuvres actuelles ont été existe quelques œuvres très-anciennes, comme l'OEuvre de la délivrance des prisonniers pour dettes, qui remonte à 1597, l'OEuvre de la charité maternelle, au frontispice de laquelle est inscrit le nom de Marie-Antoinette. Mais il est peu d'institutions anciennes qui aient survécu aux horreurs de re temps, où l'on proposait à la Convention de défendre aux aveugles des Quinze-Vingts de s'appeler du noni de frères et de sœurs, sous prétexte que ce doux nom avait été déshonoré dans les cloîtres (rapport des citoyens Riffard et Martin, 1791), et où l'on supprimait les associations religieuses, même celles qui, vouées au soulagement des pauvres, ont bien mérité de la patrie (août 1792). 2 œuvres sont antérieures à 1800, 3 œuvres fondées de 1800 à 1815, 10 œuvres de 1815 à 1830, 28 œuvres de 1830 à 1853.

Un des jeunes hommes qui consacrent avec le plus d'ardeur une intelligence supérieure aux intérêts généraux et spécialement à ceux des classes souffrantes, M. Cochin, écrivait naguère que presque toutes les œuvres de Paris sont, sous le rapport des ressources, dans une fausse sécurité, à deux points de vue: 1° Des 46 œuvres dont M. le préfet de la Seine subventionne les budgets, il n'en est qu'une, la Société philanthropique, qui doive à des souscriptions régulières plus plus d'un sixième de ses ressources: 8 seulément ont plus de 1,000 francs de rente, pas une plus de 4,000 francs. Aucune œuvre n'est établie dans une maison qui lui appartienne. Ainsi, pas de fondations, ni de souscriptions. 2 La charité privée compte sur les sermons et sur les secours de l'Etat et de la ville. L'Eglise est ici encore la mère nourricière des oeuvres. Seize des œuvres dont nous parlons doivent à des sermons une partie et quelquefois moitié de leurs ressources. Mais toutes ces quêtes ont lieu à la même époque, et les fidèles en sont fatigués, comme le seraient les contribuables, si tous les impôts se percevaient pendant le même mois. L'Etat ou la ville de Paris, par leurs subventions, font, pour quelques œuvres, le tiers, le quart, même la moitié des ressources. Les œuvres trouvent dans ces secours une fausse sécurité. Les quêtes, étant si multipliées, produisent de moins en moins, comme les loteries, les bals, les

concerts, autres moyens moins chrétiens de faire de la charitě chrétienne. Quant aux subventions, elles peuvent disparaître. Certains administrateurs commencent même à se préoccuper de leurs excès, et répètent: « Les œuvres sont sans doute une bonne chose, mais il faut les craindre, parce qu'elles ton bent tôt ou tard à la charge de la ville. »> Cette opinion, que nous devons combattre en passant, dit M. Cochin, est injuste pour plusieurs motifs. Il est tout naturel que l'on cherche, après avoir fondé une œuvre, à la rendre durable, et pour cela, qu'on la donne à l'une de ces personnes qui ne meurent pas, l'Eglise ou l'Etat. C'est l'histoire de toutes les fondations, c'est la juste espérance de tous les fondateurs. Quoi donc! La ville donne 88,000 francs à des œuvres qui versent entre les mains des pauvres 1,240,000 francs, et l'on trouve cette proportion exagérée! Mais examinons donc ce que la ville reçoit à son tour de la charité privée : Sur 12,800,000 francs, chiffre du budget des hos pices, 3,499,338 francs proviennent de fondations. Sur 2,080,000 francs, chiffre du budget des bureaux de bienfaisance, 475,37% fr. proviennent de dons et quêtes, et 215,031 fr. de fondations diverses: au total, 689,605 fr. produits par la charité privée. Et, pour abréger, nous nous en tenons aux chiffres. Que n'aurions-nous pas à dire du concours que prêtent à la charité publique et les sœurs et les commissions des pauvres, etc., qui apparemment font œuvre de charité parfaitement libre en se dévouant. La charité publique est en quelque sorte un édifice dont la charité privée a fait toutes les fondations, payé tous les impôts, et formé tous les serviteurs. Ainsi donc que la ville ne s'effraye pas de ce qu'elle donne à la charité privés, dont elle reçoit bien davantage. Qu'elle persévère plutôt dans la marche suivie avec tant d'intelligence par l'administration des hospices, qui multiplie par de faibles subventions les services d'oeuvres excellentes. Mais, en même temps, que les œuvres ne s'habituent pas à des subventions croissantes qui peuvent soit disparaître, soit diminuér, soit légitimer plus d'une entreprise sur la liberté de leur direction. Que ces faits aient aussi pour but de montrer à la charité publique et à la charité libre combien elles se sont indispensables, et combien elles ont d'intérêt à se rapprocher, à se servir, à s'aimer.

De tout ce qui précède, il y a bien des conclusions à tirer. Nous nous bornons, dit M. Cochin, à celle-ci, et nous ne faisons que cette concession à ceux qui se plaignent du nombre des œuvres : Les œuvres sont trop isolées. Plusieurs, ayant le même but, la inême forme, les mêmes agents, devraient être réunies. Ainsi sur les 46 œuvres citées, 18 sont vouées à l'éducation des jeunes filles. Toutes les œuvres qui ont le même but, ou qui sont fondées dans la même pa roisse, et les bureaux de bienfaisance, devraient être en relations ou en correspondances fréquentes, dans ce triple but: Se

rendre des services mutuels, se compléter, se continuer les unes les autres; se renseigner, renseigner le public, et déjouer ainsi les perfidies des pauvres de profession; se concerter pour leurs quêtes, bals, concerts, atin surtout d'en répartir mieux les époques.

Nous enregistrons avec bonheur ces opinions qui se marient à celles qu'on trouvera semées dans toutes les parties de ce Dictionnaire. Voici comment M. Cochin conclut : Les œuvres de charité de Paris sont de plus en plus nombreuses. Elles sont de plus en plus religieuses; elles sont de plus en plus utiles, grâce à leur direction intelligente; elles sont de plus en plus importantes, au point d'égaler, par leurs effets matériels, les secours publics, qu'elles surpassent pour leurs effets moraux. Ceux qui les administrent doivent se préoccuper de leur extrême isolement, en réunir quelques-unes, et multiplier les bonnes relations entre toutes. Ceux qui les secourent doivent se préoccuperde rendre leurs ressources plus régulières, leur avenir plus certain. L'Etat, la ville, qui les subventionnent, doivent les débarrasser de quelques entraves, et continuer de leur donner un concours qu'elles rendent au centuple. Enfin une alliance, une confiance de plus en plus étroites, doivent unir, sans les confondre, la charité publique et les œuvres libres, déjà intimement attachées à l'Eglise et à la charité religieuse. Nous voudrions, dit M. Cochin, que ces conclusions devinssent l'esprit général des œuvres de charité. Nous adhérons de tout notre cœur à ces vœux du brillant publiciste. (Voy. ENSEIGNEment des classes PAUVRES.)

Si beaucoup d'œuvres de la charité Privée reçoivent des secours des divers pouvoirs publics, non-seulement sans répugnance, mais à la suite de pressantes sollirent, à tort évidemment, leur indépendance citations, certaines euvres privées considècomme exposée à des périls par une récla mation adressée aux pouvoirs. Ils croiraient leur liberté enchaînée par la demande d'un secours. Nous avions offert notre entremise à un jeune prêtre du diocèse d'Arras afin de remédier à la gêne d'une œuvre qu'il a foudée pour recueillir les jeunes vagabonds du chef-lieu. Il nous demanda le temps de la réflexion, et nous reçûmes de lui peu après la lettre que voici. Il ne refusait pas les secours, mais il ne voulait pas les solliciter.

« A...., 14 janvier 1853.

« L'intérêt que vous nous portez, Monsieur, m'enhardit à vous dire entièrement na pensée : J'ai commencé sans bruit à rassembler autour de moi des enfants, la Providence a paru bénir mes efforts en m'euvoyant, jusqu'à présent, le strict nécessaire; je sais que beaucoup de choses nous manquent pour la commodité, mais ne serait-ce pas notre destinée de rester dans cette médiocrité avec des enfants qui pour

la plupart ont beaucoup souffert dans leurs premières années et qui ne seront guère de grande montre dans la société? C'est pourquoi, désirant toujours côtoyer la Providence, je ne me sens pas la force de faire maintenant les démarches près des autorités, sans toutefois refuser de les faire plus tard, si Dieu paraissait le vouloir. J'ai toujours cu cette espèce de difficulté. L'année dernière je n'ai pu prendre sur moi d'adresser au conseil du département la formule de demande que vous aviez bien voulu m'envoyer, ce qui n'a point empêché qué le conseil du département n'ait voté 500 fr. et le conseil municipal la même somme (de leur plein gré), comme marque de l'intérêt qu'on portait à mes enfants. S'il était possible que que le gouvernement fit quelque chose de semblable, je lui aurais la même reconnaissance. Notre consolation se trouve dans l'intérêt que l'on porte à nos enfants, dans leur nombre, qui est de près de 80, et dans la confiance que nous avons que Dieu fera marir, au temps donné, la bonne semenco que nous jetons dans leurs cœurs, après. avoir essayé longtemps d'en extraire les premières et malheureuses impressions. Agréez, etc.

Nous suivrons pour la charité privée la même marche qu'à l'égard des bureaux de bienfaisance, c'est-à-dire que nous l'envisagerons aux divers points cardinaux de la France, commençant par les départements du centre.

FRANCE DU CENTRE. Seine-et-Oise. — Une association, formée à Versailles contre la mendicité, s'est proposé la création d'une maison de refuge, moyen terme entre l'hospice et le dépôt de mendicité.

Les associés s'engagent pour trois ans. Leur nombre s'élève à 700. Les souscriptions ont procuré, en 1846, une recette de 17,000 fr., qui s'est abaissée en 1847 à 15,000 fr., à 12,000 fr. en 1848, à 11,000 en 1849, et qui n'a point outre-passé ce dernier chiffre en 1850. Cette dépression est attribuée à une quête faite par M. le curé de Notre-Dame pour un autre objet. A la tête de l'Association contre la mendicité est placé un conseil supérieur de 30 membres, et au-dessous, un conseil d'administration je 12 membres; au-dessous encore, le personnel administratif réunit 1 trésorier, 1 employé et 5 sœurs de la Sagesse.

Les moyens d'extinction de la mendicité employés sont de deux sortes : les secours hospitaliers donnés dans la maison de refage, et la mise en pension d'orphelines. Ene maison voisine du refuge recevra plus tard les orphelins.

La maison de refuge est un terme moyen entre l'hospice et le dépôt de mendicité. La population du refuge est de 60 individus dont 43 femmes. Le nombre des orphelines placées en pension est de 10, Le prix payé pour leur nourriture est de 30 c.

par jour; 3 impotents sont secourus chez eux. La dépense annuelle de la maison est do 12,000 fr. Les économies faites sur les cotisations des années antérieures ont formé une réserve de 30,000 fr. C'est avec cette réserve qu'on se procurera une maison pour les orphelins. On évalue qu'elle coûtera 15,000 fr. et 8,000 fr. de frais d'appropriation. La maison actuelle a coûté 14,000 fr. de prix d'achat; plus, en frais d'appropriation. 10,000 fr. Le mobilier est composé sur le pied de 6 draps par individu, chemises, 3 caleçons, un costume d'été et d'hiver. L'uniforme est une veste conforme à la saison. Ceux qui travaillent à la terre portent une blouse et un pautalon de treillis gris. La dépense moyenne de la journée de l'indigent, tout compris, est de 60 à 75 c. Le prix de la nourriture varie de 21 et 25 centimes. Un certain nombre d'assistés travaillent, et leur main-d'œuvre suflit au service de la maison.

Les uns font des travaux de maçonnerie, d'autres cultivent le jardin. Les femmes sont employées à la couture ou à la cuisine. Le mélange des sexes est un des inconvénients de la disposition du local. La supérieure désapprouve cette promiscuité. Parmi les indigents, 8 occupaient les lits de l'infirmerie lors de notre visite; leur état sanitaire tenait à leur seule vieillesse; 3 autres, alteints de maladies caractérisées, avaient été conduits à l'hospice. Le jardin de la maison, d'un hectare d'étendue, est cultivé par 2 hommes et 1 femme, et fournit des légumes pour la consommation de la maison. Un réservoir en pierre, un poulailler en moellons ont été construits par les vieillards, ainsi qu'un toit à porcs, contenant 4 de ces animaux.

Ou ne donnait d'abord aux vieillards

qu'une demi-livre de viande par semaine, les porcs permettent de leur en donner une livre et de leur servir de la soupe grasse deux fois la semaine. La livre de porc qui ne revient à l'administration du refuge que de 66 à 69 c. le kilogramme, coûte le double chez le débitant. Les indigents font la lesive. On leur alloue, en pareil cas, 25 c. par

jour.

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