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plices qu'elles endurent. Il porte à 6,000 le nombre des malades, nous ne dirons pas admis, mais entassés à l'Hôtel-Dieu de Paris, où l'on recevait les pauvres de quelque pays qu'ils fussent et quelques maladies qu'ils eussent, pourvu toutefois qu'elles ne fussent pas contagieuses. Ce n'est pas que ces dernières maladies manquassent de secours; aucunes, au contraire, n'ont donné lieu à autant de fondations charitables. Les léproseries et les maladreries leur doivent leur nom.

L'Hôtel-Dieu de Paris compte 38 religieux et 25 religieuses. Parmi les religieux sont 4 prêtres, 4 clercs destinés aux ordres sacres, et 30 laïques (c'est-à-dire simples religieux). Un des religieux est placé à la tête de l'hôpital en qualité de supérieur sous le nom de maître. D'autres ont la qualité de proviseurs. Le maître et les proviseurs élisent la maîtresse des sœurs. Le maître prête serment au chapitre de Notre-Dame, qui a le droit de le révoquer. Le vœu de chasteté, de pauvreté et d'obéissance est formé entre les mains du chapitre, des proviseurs et du mattre.

La règle des frères et des sœurs de l'Hôtel-Dieu de Paris est celle-ci. Ils assistent à la messe, à vepres et à matines, à moins qu'ils ne soient occupés au service des malades. Ils disent, pour tenir lieu de matines, sept Pater, pour vêpres cinq, pour les autres heures trois. S'ils sont absents pour des phoires qui ne regardent pas le service de l'hôpital, ils disent pour matines vingt-cing Pater, neuf pour vêpres, et sept pour les autres heures. Ils peuvent manger de la viande le dimanche, le mardi et le jeudi, et les jours de fête solennelle. Ils ne peuvent sortir par la ville seuls, ni avant d'avoir pris la bénédiction du maître. Ils ne peuvent pas manger hors de l'enceinte de l'Hôtel-Dieu, si ce n'est boire de l'eau. Par exception, ils vont résider dans les fermes de la maison, quand on le juge nécessaire. Une fois la semaine, ils assistent au chapitre pour s'y accuser de leurs fautes. Si un frère ou une sœur en ont fait une qui mérite la discipline, les frères sont punis devant les frères en l'absence des sœurs, et celles-ci devant les sœurs en l'absence des premiers. Frères et sœurs sont vêtus de robes noires et de bas blancs. Au choeur, les frères portent des chapes noires, des surplis et des peaux d'agneau.

XIV siècle. 1322. Hospitaliers charpentiers de Saint-Jacques du Haut-Pas. Ils se rattachent par leur nom aux hospitaliers de Saint-Jacques du Haut-Pas de Lucques. (Voy. Hopital du Haut-Pas à Paris), et leur destination est analogue à celle des hospitaliers Pontifes, constructeurs de ponts de la Durance et d'Avignon.

On leur a quelquefois donné le nom de chevaliers. L'ordre de religieux du Paut-Pas avait un grand maître en Italie et un commandeur général pour la France. Les hospiLaliers se font ordonner prêtres à une certaine époque; mais dans l'origine ce sont

des frères lais qui construisent eux-mêmes les bacs dans lesquels ils passent les voyageurs sur les rivières, aux endroits où il n'y a pas de ponts. Plus tard, ils exercèrent l'hospitalité envers les pèlerins. Ils portent sur leurs manteaux des marteaux qui ont le manche pointu par le bas, pour élargir les trous dans lesquels on faisait entrer les clous et les chevilles destinés à lier entre elles les planches des bateaux. Les tombes restées dans l'église Saint-Magloire faisaient voir que les uns se servaient de marteaux en forme de maillets, comme ceux des tonneliers, les autres de marteaux à deux pointes. D'autres marteaux avaient la forme d'une hache d'un côté, mais tous les manches étaient pointus. On a donné aux hospitaliers de Saint-Jacques le titre de chanoines réguliers.

Des lettres de Charles le Bel, de l'an 1322, d'autres lettres de Philippe de Valois de l'an 1335, font connaître que ces religieux occupent alors l'emplacement où fut bâti l'église Saint-Jacques du Haut-Pas, dans le lieu nommé le Clos du Roi dont ils possédaient la moitié. Ils logent les pauvres passants et les pèlerins. On leur construit une première chapelle bénite en 1350, puis une plus vaste, qui est consacrée en 1519. En 1574, Catherine de Médicis pour faire bâtir l'hôtel de Soissons, déplaça les Filles pénitentes. Celles-ci occupent la maison des religieux de SaintMagloire, lesquels viennent s'établir à l'hôpital Saint-Jacques du Haut-Pas. L'ancien hôpital Saint-Jacques du Haut-Pas devait être rendu à sa destination primitive d'établissement charitable. Ce serait à que s'établirait plus tard l'institution des SourdsMuets.

Les anciens bâtiments de l'hôpital furent démolis en 1823 pour faire face aux constructions actuelles. Pie II supprima leur ordre et appliqua leur revenu à celui de NotreDame de Bethlehem. Il paraît qu'il en existait encore des restes en 1672, car l'ordre fait partie de ceux que Louis XIV réunit à celui de

Saint-Lazare.

Religieux Cellites.

Religieux Cellites. Ces religieux ne reçoivent pas de prêtres parimi eux. Ils ont soin des malades et des pestiférés en temps de contagion, et enterrent les morts. La plupart de leurs couvents servent de maison de correction pour les enfants de famille, et d'asile aux aliénés. Ceux de Cologne assistent les criminels condamnés au dernier supplice. Le nom de Cellites leur venait, dit-on, des cellules où ils exercaient leurs œuvres de mséricorde. Ceux qui objectent à cette étymologie que les Cellites soignaient surtout les malades à domicile, ne font pas attention qu'ils recevaient dans leurs couvents les enfants soumis à la correction paternelle et les aliénés. Rien ne s'oppose toute fois à ce qu'ils prissent leur nom du mot latin employé par Tertullien (cella) pour signifier sépulcre, et correspondant à leur saint office d'ensevelir les morts. Ils remontent au commencement du XIV' siècle. On indique assez vaguement l'année 1309 comme époque de leur origine.

Vers 1462, ils embrassèrent la règle de SaintAugustin et tirent des voeux solennels.

Leur ordre est divisé en deux provinces, l'une d'Allemagne, l'autre de Brabant. A Gand, toute personne riche lui doit à son décès un écu, quatre flambeaux et un schelling par flambeau. A Maestrick la même redevance d'un écu leur est due par les Juifs et les protestants comme par les catholiques. Leur habillement consiste en une robe de serge noire et un scapulaire de même étoffe et même couleur, auquel est attaché un capuce (par scapulaire il faut entendre ici l'antique surtout qui couvrait les épaules et protégeait les vêtements quand on se livrait aux travaux pénibles). Quand ils sortaient et allaient aux enterrements ils mettaient une chape de même couleur dans laquelle s'insérait la pointe du capuce. La robe, le scapulaire et la chape descendaient jusqu'aux talons.

• Il a existé un autre ordre d'enterreurs de morts qu'on a confondu avec les Cellites. I s'appellait Vespillonum ordo. Madius a fait à leur sujet huit vers commençant ainsi : Vespillonum ordo vulgo despectus ut omen triste ferens, etc. (Voyez ces vers, Dictionnaire des ordres relig. t. 1, p. 735.).

Il a existé aussi des religieuses Cellites nommées, en quelques lieux, collestines, et plus communément sœurs noires. Aux trois vœux de religion, elles ajoutaient celui de soigner les malades, même en temps de peste. "Dans plusieurs endroits elles prenaient des filles repenties. Quelques-unes desservaient les hôpitaux, d'autres soignaient et pansaient les malades chez les particuliers lorsqu'elles "y étaient appelées.

Jeronimites.-Pierre de Piseforme une congrégation d'hermites du nom de Saint-Jérôme. Il crée des couvents à Venise, Pesaro, Talachio, Fano, Trévise, Crispano, Padoue. D'un ordre religieux à un ordre hospitalier il n'y avait qu'une courte distance. Une noble dame de Venise, Luce Contarini, accorde à Pierre de Pise et ses compagnons l'hôpital de "Saint-Job qu'elle a fait bâtir. Pierre de Pise gouverne l'hôpital. Henri Delphino, mari de Luce Contarini, se fait son disciple. Les religieux servent les malades et leur donnent tous les secours spirituels et temporels. Pierre de Pise fut enterré dans l'hôpital de Saint-Job, dont la gestion fut plus tard remise à des religieuses de l'ordre de Saint-Augustin. Pierre de Pise était né en 1355.

Ordre militaire ethospitalier de Sainte-Brigitte (1366). Cet ordre résiste aux incursions des barbares, combat les hérétiques, et en même temps remplit l'office d'ensevelir les morts, de protéger les veuves, d'assister les orphelins, et d'avoir soin des malades dans les hôpitaux. Il est réformé d'après les révélations de sainte Brigitte. Ses statuts ont beaucoup de rapports avee ceux des chevaliers

de Malte.

(116) La comtesse de Salisbury avait laissé tomber sa jarretière dans un bal, Edouard la ramassa, ce qui prêta à rire aux courtisans. Henni soit qui mal y pense, dit Edouard, ajoutant que tel qui s'é

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Edouar

Les chevaliers de la Jarretière. II venait de faire achever l'église de Wind sor, dans laquelle ses prédécesseurs avaient établi huit chanoines. Il'ordonne qu'aux huit chanoines on ajoutera un custode pour être leur chef, quinze autres chanoines et vingtquatre pauvres chevaliers n'ayant pas de quoi vivre, lesquels seront entretenus sur les revenus qu'il assigne à l'église. Ainsi la charité se trouve au fond d'une institution qui lui semblait tout à fait étrangère (115). Conformément au dessein d'Edouard II, le Pape Clément VI érigeal'église de Windsor en une collégiale de chanoines, de prétres, de clercs, et de pauvres chevaliers da royaume. Le nombre des chevaliers est fixé à 26 et non à 40, comme l'a avancé Froissard. Chaque chevalier, à sa réception, doit donner une aumône pour l'entretien des chanoines el des pauvres chevaliers, savoir, le roi quarante mares d'argent, un roi étranger 20 livres, le prince de Galles 20 marcs, etc. Les chevaliers, dans l'origine, ne doivent jamais quitter leur jarretière, (jarretière bleue sur laquelle se lit en broderie d'or la devise: Honni sout qui mal y pense.) Henri VIII modifie les statuts en 1252. Il réduit à treize le nombre des pauvres chevaliers. Après l'introduction du luthéranisme en Angleterre, les messes qui devaient être dites pour les chevaliers sont con verties en aumônes. Les statuts portent qu'an décès de chaque chevalier le roi donnerait 8 livres (200 francs), un roi étranger 6 livres, un prince et un duc 5 livres, un marquis 3 livres, un comte 2 livres. Le nombre des chevaliers est resté fixé à 26 y compris le roi d'Angleterre, chef de l'ordre.

XVe siècle Recollets ou Frères Mineurs de l'étroite observance.-Ces religieux desservent plusieurs hôpitaux. Leur nombre est cousidé rable. Ils sont divisés, tant en France qu'en Flandre, en douze provinces. Dans celle de Saint-Denis, ils ont 22 couvents et 2 hofpices. En Provence, ils embrassent 30 couvents et 3 hospices; ce qui comporte un personnel de 400 religieux. En Aquitaine, ils sont répandus dans 29 maisons et 1 hospice, avec un nombre de 480 religieux. Le Lyonnais compte 400 religieux dans 30 covents et 2 hospices. La province de Bretagne a 150 religieux, répartis en 11 couvents et 1 hospice. Les Récollets tentèrent de se reformer en congrégation sous la restauration mais ce projet vint se perdre dans la révolu tion de 1830.

XVI siècle. Hospitaliers de Saint-Jean de Dieu. Le fondateur de l'ordre appartient par sa naissance au xv* siècle. Il est né en 1495 (8 mars) d'une famille, obscure dans is petite ville de Monte-Major-el-Novo du Pordétails dans le Dictionnaire des ordres velitugal. Sa vie est racontée avec beaucoup de gieux (publié par M. l'abbé MIGNE), auquel

Ous renvoyons. Jean emploie.une partie de

tait moqué de cette jarretière s'estimerait beurest de la porter. Ainsi fut institué l'ordre de la Jarre tière.

sa jeunesse à la garde des troupeaux, s'enrôle plus tard dans une compagnie d'infanterie, redevient berger, vend plus tard des images et des petits livres de dévotion. Un seron qu'il entend à Grenade produit sur lui une impression si vive qu'il semble en avoir perdu l'esprit. Le futur bienfaiteur des aliénés est enfermé lui-même dans un hôpital de fous. Le docteur Avila, dont la prédication l'avait si vivement ému, l'apaise et le porte à se consacrer au soin des pauvres, ce qu'il fait d'abord dans l'hôpital même où il a été enfermé. Il en sort en 1539 pour se livrer à sa nouvelle vocation, dans toute l'inspiration de son zèle. Il nourrit plusieurs pauvres du travail de ses mains, allant couper du bois dans la forêt et le vendant à la ville pour les faire subsister. Il se voit en état, l'an 1540, de Jouer une maison pour y recevoir les malades et les pauvres. C'est le véritable point de départ de l'ordre. Un premier hôpital est fondé à Grenade. On ne manque pas, comme il arrive toujours, de traiter sa charité d'indiscrète et de téméraire. Le nom de SaintJean de Dieu lui est attribué par l'évêque de Tuy, qui lui donne aussi la forme de l'habit qu'il devra porter désormais, ainsi que ceux qui s'uniront à lui. Bientôt Saint-Jean de Dieu embrasse à la fois toutes les œuvres. Au soin des malades il joint les secours aux pauvres honteux et retire de la débauche un grand nombre de filles et de femmes. 11 meurt le 8 mars 1550.

Il ne laissait pas d'autres règles à ses continuateurs que son exemple: Antoine Martin le remplace comme supérieur. Bornons-nous à dire que plusieurs hôpitaux furent établis en Espagne sur le modèle de celui de Grenade. Les Frères Saint-Jean de Dieu se répandent en Italie. Le Pape Sixte V leur permet en 1585 de tenir un chapitre général et de se donner des constitutions. Il érige leur ordre sous le nom de congrégation de Jean de Dieu. Paul V leur permet de faire prendre les ordres sacrés à quelques-uns de leurs frères pour vaquer aux besoins spirituels des ma lades. Ce dernier fait se rapporte à l'an

1609.

Cette date est postérieure de sept années à l'apparition en France de l'ordre des Frères de Saint-Jean de Dieu. Ils sont établis en 1602 à l'hôpital de la Charité de Paris, connu alors sous le nom de SaintJean-Baptiste de la Charité.

Des lettres patentes de janvier 1602 leur octroient la permission de quester, mendier, recevoir legs et aumônes. Des lettres de janvier 1610 étendent ces priviléges. Ils ont le droit de quester dans toutes les églises el monastères du royaume, de s'y faire recommander et d'y avoir troncs et bassins. D'autres lettres, d'août 1611, confirment ces priviléges. D'autres lettres encore, du 22 décembre de la même année 1611, concèdent à l'hôpital de la Charité quatre minots de sel francs et quittes de tous droits pour chacun an. D'autres lettres, de mars 1612, accordent la maîtrise dans Paris au chirurDICTIONN. D'ECONOMIE CHARITABLE.

gien du même hôpital, après six ans de service gratuit,

Ils réclament de la reine-mère, par laquelle l'hôpital avait été fondé, entre autres priviléges, l'exemption de tous péages, impôts et droits d'entrée pour les approvisionnements de cet hôpital, et de toutes les maisons qu'ils posséderont dans le royaume. Ils se fondent sur ce que, suivant leur institution, ils sont chargés de secouriret d'assister les pauvres malades, lesquels y sont nourris et médicamentés gratuitement, sans qu'ils aient aucun revenu que ce qui leur est charitablement donné et aumosné par personnes dévotieuses. Pour atteindre ce but, il leur faut se procurer des provisions de bleds, vins, chairs, poissons, bois et autres denrées qui leur sont données ou qu'ils achètent pour l'entretènement d'eux, des malades et des serviteurs de leurs maisons.

Par ces motifs, ils demandent à jouir des priviléges accordés aux hospices de fondation royale et aux ordres mendiants de la ville de Paris. A l'appui de leur demande les religieux du B. Jean de Dieu rapportaient un arrêt donné en faveur des religieux, prieur et couvent du collège des Augustins pour l'exemption de semblables subsides. Désirant traiter favorablement les religieux de la Charité, à l'imitation de ses prédécesseurs, porté de mesme charité en leur endroit, et pour leur donner d'autant plus d'occasion de le recommander en leurs prières auxquelles il désirait être compris, Louis XIII, de l'avis de son conseil, ordonne que les religieux de la Charité jouiront des mêmes priviléges, exemptions et immunités dont jouissent les autres religieux mendiants de la ville de Paris, sans que les denrées pourvues d'exemption puissent être employées à autres usages, à peine de déchéance des priviléges, etc.

Malgré ces lettres patentes les fermiers et receveurs des subsides et droits troublaient les religieux de la Charité dans la jouissance des exemptions qui leur sont conférées; de nouvelles lettres patentes d'a

vril 1620 les confirment et les étendent même.

Des lettres d'août 1628 confirment les précédents priviléges, et accordent les mêmes priviléges à tous les hôpitaux qu'ils possèdent dans le royaume, et leur octroient, d'une manière générale, tous les priviléges dont jouissent les ordres mendiants.

Les religieux de la Charité, à l'avénement au trône de Louis XIV, réclament des lettres de confirmation du roi mineur. De l'advis de la reyne régente nostre très honorée dame et mère, avons lesdits religieux maintenus, etc., en tous et chacun de leurs priviléges, pour jouir d'iceux, comme ils ont cy-devant bien et deuëment jouy encore à présent, etc.

L'extension donnée à f'hôpital de la Charité en 1656 est telle que leur provision de vin s'élève, cette année-là, à deux cents nuids. Les fermiers veulent y apporter des restrictions; ils prétendent que les droits perçus à MauIII.

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beuge, que ceux établis à Joigny pour chaque muid de vin, et d'autres droits créés dans la province de Bourgogne ont modifié les priviléges dont se prévalent les religieux de la Charité. Ceux-ci défèrent la résistance des fermiers au conseil d'Etat, concluent à être déchargés de toute espèce de droits, et à ce que les fermiers soient condamnés à 500 livres d'amende et à tous dépens et dommages-intérêts. Le roi en son conseil, ayant égard à la requête des suppliants, ordonne qu'ils jouiront de l'exemption des 40 sous par muid de vin qui se lèvent à Joigny jusqu'à concurrence de 200 muids de vin, conformément à leurs priviléges, et que le trésor royal prendra l'impôt à sa charge.

En 1721, le prévôt et les gardes de le communauté des maîtres chirurgiens de la ville de Paris contestent aux prieur et religieux de l'hôpital de la Charité de Paris le droit de s'immiscer dans aucune opération de chirurgie. Les religieux se défendent en rapportant des lettres patentes des rois Henri IV et Louis XIII, et plusieurs décisions qui légitiment leur droit. Le lieutenant de police Voyer d'Argenson, ouï noble homme, mattre Hérault, avocat du roi en ses conclusions par sentence du 5 décembre 1715, maintient et garde les religieux dans le droit de traiter, panser et médicamenter dans leur hôpital tous les pauvres malades et blessés qui y sont et seront reçus, et leur donne acte de leur déclaration de ne vouloir traiter, panser ni médicamenter hors de leur hôpital

aucuns malades ni blessés.

Les maîtres chirurgiens de Paris attendent jusqu'en 1721 pour appeler de cette sentence. Dans la longue série des requêtes, défenses, productions, dits et contredits qui hérissent les préliminaires de l'arrêt, nous voyons les maîtres chirurgiens demander, entre autres concessions, qu'il soit fait défense aux Pères de la Charité de se dire Religieux-chirurgiens, et de prendre d'autre qualité que celles de Religieux hospitaliers. Les maîtres chirurgiens, au moment de plaider, s'avisèrent d'un terme moyen qui pouvait changer jusqu'à un certain point la face du débat ils requièrent que pour ôter tout prétexte aux religieux d'entreprendre sur leur profession, et attendu que le chirurgien, gagnant maîtrise à l'hôpital de la Charité, ne pouvait suffire au service des malades et des blessés qui y étaient reçus, ainsi que les religieux en convenaient eux-mêmes, il fût ordonné que la communauté des chirurgiens soit convoquée à Saint-Cosme de la ville de Paris (Conseil de la communauté des chirurgiens), où seraient nommés, suivant le besoin, un ou plusieurs maîtres, qui, conjointement avec le chirurgien gagnant maitrise, ainsi que cela était réglé pour l'hôpital royal des Invalides et à l'Hôtel-Dieu de Paris, seraient chargés d'exercer la chirurgie, servir, panser et médicamenter gratuitement les pauvres malades et blessés de l'hôpital de la Charité. Le parlement confirme la sentence de 1715 par son arrêt du 30 août 1721, et néanmoins statue que les

religieux seront tenus, outre le garçon gagnant maîtrise, de choisir un des maîtres de la communauté des chirurgiens pour travailler gratuitement, et de concert avec les religieux, à panser, traiter et médicamenter les pauvres malades et blessés. Le corps des chirurgiens gagne quelque chose, mais les religieux, au fond, conservent leurs droits: aussi les dépens étaient-ils compensés. Nous racontons au mot SERVICE MÉDICAL, qu'une nouvelle manière d'opérer la taille, pratiquée en 1730 à l'hôpital de la Charité, attira dans cet hôpital une affluence consi dérable.

Des lettres patentes de mars 1732 ont pour objet la confirmation des diverses maisons des Frères de la charité. On y rappelle le but de l'institution, qui est le soulagement des pauvres malades et des blessés. Les frères les reçoivent, les nourrissent et les médicamentent; mais ceux du sexe masculin seulement. Ils les font enterrer en cas de mort. Les mêmes lettres accordent aux Hospitaliers de la charité de Paris, outre leurs anciens priviléges, le droit de recevoir des dons et legs, aumônes et bienfaits.

Par arrêts du conseil d'Etat du 5 mars 1678 et 2 janvier 1703, les religieux de l'hôpital de Paris ont été déchargés des taxes du 8' et et du 6 denier pour les acquisitions par eux faites des places où étaient bâtis leur église, cimetière, infirmerie, salles de malades, et autres lieux servant aux malades dans l'enclos de l'hôpital.

Les couvents et hôpitaux de l'ordre sont placés depuis leur fondation sous la sauvegarde royale, ainsi que leurs hommes, bestiaux, appartenances et dépendances. Il leur avait été accordé la permission de faire pla cer les armes du roi, pannonceaux et båtons royaux sur les portes de leurs couvents, hôpitaux et biens en dépendant. Le roi Louis XIV, par ses brevets des 16 février 1666 et 24 septembre 1675, leur avait accordé l'exemption de logement des gens de guerre dans leurs maisons, fermes et héritages de campagne, spécialement pour les maisons et fermes de Corbin, près Lagny, et pour le Pré du-Buc et de Sainte-Croix-desEssarts, situés en Brie, dans les paroisses d'Escardes et des Essarts-le-Vicomte. Lae sentence du bureau de l'hôtel de ville de Paris, du 13 juin 1729, réglait les conces sions d'eau faîtes à l'hôpital de la Charte dans les bassins et fontaines de la ville, concessions qui avaient eu lieu au surp.us antérieurement.

L'ordre des Frères de Saint-Jean de Dieu avait craint que la révocation des priviléges, contenue dans un édit d'août 1717, ne lui tot appliquée, mais des arrêts du conseil des 23 décembre 1718, 31 janvier et 15 septembre 1719 ont déclaré que l'édit d'août 1717 n'en tendait point comprendre les hôpitaux de la Charité dans ses dispositions. Les lettres tentes de mars 1732 où nous puisons les documents qu'on vient de lire n'ont d'autre objet elles-mêmes que de faire cesser les inquiétudes que pourraient concevoir ef

core les Frères de Saint-Jean de Dieu sur le maintien de tous leurs droits. «Voulant, à l'exemple des rois nos prédécesseurs, favoriser les hôpitaux des pauvres malades, portent ces lettres, et les religieux dudit ordre qui ne font qu'une même manse avec eux (c'est-à-dire qui se soumettent au même régime); afin de participer aux prières et bonnes œuvres qu'ils font dans les exercices de l'hospitalité, nous avons de nouveau confirmé et confirmons les établissements desdits hôpitaux et tous leurs priviléges, pourvu qu'ils en aient joui sans interruption. Il est ordonné à tous les officiers de la force publique de faire jouir les religieux hospitaliers pleinement et à perpétuité.» (Mars 1732.) Ces lettres patentes sont enregistrées au parlement le 26 août 1738, en la chambre des comptes le 20 septembre suivant, et à la cour des aides le 13 avril 1739.

La limite qui séparait le traitement médical des soins rendus par les frères aux malades de leurs hôpitaux, cette limite n'avait pas toujours été facile à poser. Un esprit d'hostilité insurmontable avait régné entre le chirurgien et les religieux. Une expérience de 36 années et ce qui avait été mis sous les yeux du pouvoir royal, tant de la part de l'ordre que de celle du premier chirurgien du roi, faisaient reconnafire qu'il était de la justice, du bien des pauvres et du public d'apporter quelque tempérament à la rigueur des lettres patentes de septembre 172%. On vint à penser que si on s'en remettait sur les religieux du choix de leur chirurgien et si, d'un autre côté, on étendait à toutes leurs maisons la prérogative accordée à celle de Paris, de faire gagner la maîtrise au garçon chirurgien qui y aurait servi gratuitement les pauvres pendant plusieurs années, il en résulterait entre les religieux et les maîtres chirurgiens une union ntile au service des malades, propre à fortifier l'expérience et les connaissances des religieux et à les mettre en état de suppléer sans inconvénient aux fonctions des chirurgiens en cas de nécessité. Le chirurgien Imposé aux religieux était leur dominateur et leur tyran; évidemment il n'en sera pas de même du chirurgien de leur choix. Attribuer aux religieux le droit de coopérer au traitement des malades était d'ailleurs un des priviléges de leur institution. Tels furent les motifs déterminants d'une déclaration royale du 20 juin 1761. Voici les dispositions:

Dans toutes les maisons de l'ordre, il doit y avoir un chirurgien en chef et un substitut de ce chirurgien quand l'importance de l'hôpital le comportera. Ils doivent être choisis l'un et l'autre parmi les chirurgiens les plus habiles du lieu où existe l'hôpital. Le choix en est fait par le prieur des religieux, assisté dans ce choix des quatre plus anciens religieux de la maison, conformément aux statuts de l'ordre. A mérite

égal, ceux qui ont gagné la maftrise dans la maison sont préférés. C'est un moyen de plus de bonne harmonie. Quand la place de chirurgien en chef vient à vaquer, le prieur doit en avertir le procureur général du parlement dans le ressort duquel la maison est située, et procéder dans le mois à la nomination de son successeur, sous telle peine qu'il appartiendrait; c'est une pénalité un peu vague. La nomination du chirurgien en chef et de son substitut peut être provoquée par la communauté des chirurgiens du lieu, par le maire, les échevins ou les syndics de la ville. Les prieurs doivent envoyer une copie des actes de nomination dans la quinzaine de leur date. S'il survient des plaintes contre les élus, il y est statué par les parlements sur les réquisitoires des procureurs généraux. En donnant aux religieux un tribunal aussi élevé que les parlements, on voulait à la fois honorer l'ordre et le soustraire aux influences et aux tracasseries locales.

La déclaration royale de 1761 permet au prieur de recevoir des élèves en chirurgie, de l'avis des quatre plus anciens religieux, à la condition qu'ils auront servi chez un maître chirurgien pendant un an, et qu'ils seront admis, après examen, par le chirur gien de l'hôpital ou son substitut. Les élèves sont inscrits sur un registre tenu par le prieur et le chirurgien en chef. Le nombre des élèves est fixé par le prieur, de l'avis des quatre religieux, de concert avec le chirurgien en chef. A Paris, le gagnant maîtrise doit être nommé au concours par le doyen de la faculté de médecine, le lieutenant du premier chirurgien du roi, les quatre prevôts de la communauté des chirurgiens, parmi les élèves qui ont servi à l'hôpital de la Charité et pareil nombre d'élèves choisis hors de l'hôpital par le chirurgien en chef. A mérite égal, l'élève de l'hôpital est préféré. Ailleurs qu'à Paris, tous les six ans un gagnant maîtrise est choisi aussi entre les élèves avant servi deux ans dans la maison et les élèves en chirurgie du lieu et des environs. L'élève de la maison avait également la préférence, toutes choses égales. Le prieur devant envoyer au procureur général du parlement de son ressort l'acte de nomination du gagnant maîtrise. Cette nomination avait lieu, ailleurs qu'à Paris, en présence et de l'avis du doyen de la faculté de médecine du lieu ou du plus ancien médecin, du lieutenant du premier chirurgien du roi (117), du prevôt de la communauté des chirurgiens le plus proche, ou du plus ancien chirurgien du lieu ou des environs.

Il devait être établi dans les hôpitaux des religieux, autant que possible, des cours de chirurgie et d'anatomie, faits par le chirurgien en chef de la maison ou son substitut, ou, à leur défaut, par un chirurgien séculier, choisi de concert avec le prieur. Les jeunes religieux y pouvaient assister avec les élè

(117) Le roi avait dans le royaume des lieutenants médecins comme des lieutenants de police et des substituts du procureur général.

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