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FUGES,

L'association pour l'extinction de la mendicité n'est pas le seul effort tenté, à Versailles, pour secourir les classes souffrantes. La révolution de 1848 a donné naissance à des misères spéciales, qui ont exigé des secours extraordinaires. Versailles, loin de manquer à sa mission, l'a comprise mieux que ne l'a fait Paris à la même époque. Au lieu d'organiser de prétendus ateliers nationaux, stériles pour la chose publique, démoralisants pour la classe ouvrière, Versailles a consacré 100,000 fr, à des améliorations, des réparations, des embellissements profitables à la cité C'est ainsi que l'avenue de Sceaux, le boulevard de la Reine, celui de la Paix, ont été entièrement rajeunis. Ces travaux ont dispensé la ville de la ruineuse création des ateliers parisiens, Dans le même esprit de prudence et de charité bien entendu, la ville tient en réserve d'autres travaux qui atteindraient le même but que ceux de 1848, si les circonstances les rendaient nécessaires. Le plan d'un chemin à ouvrir à travers le bois de Buc, à partir de la rue Saint-Martin jusqu'à la porte du Cerf-Volant, a été tracé pour cette éventualité.

Les classes ouvrières, de leur cdié, se prémunissent contre l'écueil de la maladie et de la vieillesse, par des associations qui atteignent les dernières limites de la prevoyance. Les classes riches s'ingénieni en ce moment même à ́seconder les classes laborieuses dans cette voie. Se plaçant à un point de vue plus haut encore, elles réagis sent contre les mauvaises doctrines qui tendent à ronger les fondements de notre édifice social. Voy. ASSOCIATION (Section V), SoCIÉTÉS DE SECOURS MUTUELS.

La société de Saint-Vincent de Paul compte à Versailles trois conférences, une dans chaque paroisse, Elles disposent d'une somme de 8,000 fr., servant à soulager environ 200 familles. La société de la sainte Famille a pour but de mettre les garçons en métier après leur première communion et la visite de ces enfants dans les ateliers, Ceux d'entre eux qui se conduisent bien reçoivent, à titre de récompense, des cartes grandes ou petites, selon la moralité dont ils ont fait preuve et qui dounent droit à des vêtements. Cette œuvre dépend de la confrérie dite du Rosaire,

Une autre œuvre est celle des Dames de la charité, dont il a été parté à propos du bureau de bienfaisance auquel elle se relie. Elle se fractionne en trois parties, rayonnant dans les trois paroisses. Cette œuvre dépend de la confrérie de la Sainte-Vierge; elle dispose d'environ 18,000 francs. Une autre œuvre, celle des Dames de Saint-Vincent de Paul, est établie sur deux paroisses, Saint-Louis et Notre-Dame; ses ressources sont évaluées à 4,000 francs. Elle a pour objet la visite des malades du sexe féminin, rend un compte mensuel, physique et moral, de l'état des personnes visitées, et dresse un rapport général annuel, qui est distribué aux souscripteurs. Son fonds de secours est constitué par un sermon de charité, des quêtes et des loteries.

L'œuvre des Jeunes économes est établie à l'imitation de celle de Paris; elle se compose d'associées, de zélatrices et de simples souscripteurs. Les zélatrices sont chargées de recueillir les souscriptions.

Il existe à Dourdan une société pour l'extinction de la mendicité, disposant d'une somme de 1,000 à 1,200 francs, produit d'une souscription.

A Etampes, une association des Dames de charité se fait un revenu de 7 à 800 francs, soimme égale à la recette du bureau de bienfaisance. Elle distribue du bois, des vêtements, des légumes, des médicaments et des secours en argent, consacrés au payement des loyers; elle assiste surtout les pauvres honteux. On évalue à la même somme de 7 à 800 francs les sommes recueillies par la charité religieuse,

A Etampes, ainsi qu'à Versailles, les forces de la charité, sous cette triple forme pulique, privée et religieuse, sont à peu près égales; les trois charités se donuent la main.

Oise. Il existe à Beauvais une société de Saint-François Régis, une de Saint-Francois Xavier, une conférence de Saint-Vincent de Paul et des dames de la Providence. Cette dernière société, comme celle de SaintVincent de Paul, a pour objet la visite des pauvres à domicile. Il a été organisé aussi des sociétés dites de la fraternité, c'est-àdire dont les membres se réunissent par dizaine pour secourir une famille, conformément aux statuts rédigés par M. Armand de Melun, en 1848. Senlis compte beaucoup de charités individuelles; les personnes qui s'y adonnent ont leurs pauvres, pauvres houteux pour la plupart, qui reçoivent d'elles des vêtements, du pain et des secours en argent. Les secours ainsi distribués sont réputés égaux à ceux du bureau de bienfaisance. Une société de dames distribue de la soupe, de la viande et des légumes à bas prix aux classes pauvres. Les sœurs de SaintJoseph, vouées à l'enseignement, donnent aussi des aliments aux nécessiteux. Ces deux sociétés ont pour objet de substituer des aliments sains au vin et à l'eau-de-vie a T'aide desquels les classes laborieuses se pro

curent des forces artificielles, en ruinant feur constitution, et transmettent ainsi à leurs enfants un sang vicié. Une conférence de Saint-Vincent de Paul a été organisée par le proviseur du coliége; tous les élèves, au nombre de 130, en sont membres. Deux élèves, sous la conduite d'un professeur, visitent les familles pauvres. Un fonds de secours est mis à leur disposition, et ils y ajoutent le produit d'une cotisation faite entre eux et leurs camarades. Ils distribuent aux pauvres du pain, de la viande et des vêtements; mais surtout ils apprennent de bonne heure à compatir aux misères d'autrui et à les soulager. Chaque compagnie de gardes nationaux a une caisse de secours pour ceux de ses camarades indigents qui tombent malades. Une cotisation de 25 centimes a lieu dans ce but à chaque garde montante. La diversité des œuvres pourrait occasionner des doubles emplois et de nombreux abus chez les parties prenantes. On a rendu les erreurs et les fraudes impossibles en délivrant à tout assisté un livret, où est inscrit le secours chaque fois qu'il est attribué, sa quotité et sa nature, avec la date de la délivrance; ce procédé devrait être d'un usage général.

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Eure-et-Loire. La Société maternelle de Chartres a été fondée en 1826. Elle n'a secouru, cette première année, que 28 personnes. Le chiffre des assistés monte à 130 personnes en 1847. La révolution de 1818 a arrêté ce progrès. Les assistés n'étaient plus, en 1850, que de 110. De 1833 à 1850 la recette de la société a été de 83,181, somme dans laquelle l'Etat est entré, pendant ces 17 ans, pour 20,265 fr. Dans ce même espace de temps elle a dépensé, en chiffres ronds, les sommes ci-après :

Frais d'accouchement 6,000 fr.; berceaux 2,000 fr.; trousseaux et layettes 1,800 fr.; blanchissage 2,000. Et en frais d'un autre ordre: pain 7,000 fr; viande 9,000 fr.; vin 2,000 fr.; sucre et médicaments 4,000 fr. ; bois 4,000 fr. La preuve que la Société est gérée avec économie, c'est qu'elle a trouvé moyen d'effectuer un placement de 23,000 fr. Le revenu de cette dernière somme compose son unique dotation. C'est assez dire qu'elle mérite toute la bienveillance du gouvernement, et qu'il y a lieu d'accroître la subvention qui fui est dévolue, plutôt que de la diminuer.

La conférence de Saint-Vincent de Paul, composée de 35 membres, soulage un nombre pareil de familles, et patronne 200 enfants. N'oublions pas de mentionner une institution gratuite, dite Maison bleue, donnant l'enseignement à 80 jeunes filles.

Eure. Un ouvroir a été fondé à Evreux, sur la paroisse Saint-Thorin. Il est dirigé par la communauté des Sœurs de la Providence, et administré par elles. Il réunit 13 ou 14 enfants. Une somme de 150 fr. est payée en entrant. Les élèves y demeurent jusqu'à leur majorité, àge que nous trouvons exagéré. L'œuvre est soutenue par une subven

tion du conseil général et par les cotisations. d'une société de dames qui accroissent ces ressources par une quête.

La Société maternelle existe depuis 12 ans. Elle dispose d'une somme de 1,200 fr. Elle donne aux femmes en couches: une layette, au prix de 40 fr. ; une demi-layette coûtant 25 fr.: elle distribue du bouillon, de la viande et du vin. Cette Société rend de trèsgrands services.

La conférence de Saint-Vincent de Paul compte 30 membres.

Aube. Troyes (1854). Un des préfets de l'Aube a pris l'initiative de l'interdiction de la mendicité, dans le département, avant d'avoir pourvu à l'organisation des secours. Ce procédé, bien que peu rationnel, a parfaitement réussi. La mendicité dans l'Aube est réellement éteinte. L'extinction a pour base, à Troyes une commission par paroisse, une auberge où sont logés les mendiants de passage aux frais de la commune, et un abonnement, fait par le département avec le dépôt de mendicité de Beaugency au prix de 4,000 fr. Les commissions paroissiales existent à part du bureau de bienfaisance et des autres œuvres de la charité privée. Leurs statuts, qui datent de 1850 (2 mai), portent qu'elles sont instituées spécialement pour secourir les individus à qui la mendicité est interdite. Elles sont composées d'un membre du conseil municipal président, du curé de la paroisse, d'un médecin, d'une sœur de la charité, d'un nombre de membres, proportionné à l'étendue de la paroisse, et d'un sécretaire trésorier.

Les membres des commissions sont élus. par le maire; ils recueillent les secours, visitent les pauvres à domicile et travaillent à la formation et à la rectification des listes. Les commissions ne se réunissent pas au delà d'une fois par mois. Une assemblée générale a lieu chaque trimestre ou plus souvent, en cas de besoin sur la convocation du maire. Le trésorier y présente l'état des ressources, et les secours y sont répartis. C'est aussi en assemblée générale que sont rendus les comptes annuels. Les pauvres passent sur les listes d'une catégorie à une autre, selon les changements survenus dans leur position. On attribue à chaque membre un nombre déterminé d'indigents, qu'il doit visiter une fois la semaine ; il distribue lui-même les secours. Chaque commission a son trésorier partiel, qui reçoit chaque mois la part affectée à sa circonscription, des mains du trésorier central. L'individu qui mendie, après avoir été portó sur la liste des secours, peut être rayé temporairement ou tout à fait. L'individu not. inscrit, lors de la formation des premières listes, doit justifier de dix ans de domicile, L'individu inscrit qui se livre habituellement à l'ivrognerie ou à la débauche, peut être suspendu ou éliminé des secours, mais sans que la mesure s'étende à sa famille. Les recettes de l'association s'élèvent jusqu'ici à 20,000 fr., sur une population de 27,090

ames, dans laquelle la classe ouvrière entre pour 10,000. On compte à Troyes 5,383 pauvres répartis entre les paroisses; le nombre des familles secourues est de 1595; toutes ces familles sont visitées par les 96 membres des commissions, existant en nombre iné gal dans leurs 8 circonscriptions; ainsi la Commission de la paroisse Saint-Pierre réumit 21 membres, quand celle de la paroisse Saint-Nizier n'en compte que 8. Les commissions de l'extinction de la mendicité n'opèrent pas seules; le bureau de bienfaisance a fait emploi, dans l'année 1853-54, d'une somme double à la vérité de la recette habituelle. Ce que nous allons ajouter appartient plus particulièrement au sujet de la mendicité; mais en le séparant de ce qui précède, on ne se ferait pas une idée exacte des conditions auxquelles l'extinc tion de la mendicité s'obtient.

La mendicité, supprimée à l'égard des indigents de la ville, aurait continué de subsister pour le fait des mendiants ou indigents de passage, si la commune n'y avait pourvu. C'est elle qui, pour compléter Peuvre de l'extinction de la mendicité, a pris à sa charge la dépense des voyageurs. Elle a fait marché pour cela avec la petite auberge de la Boule d'Or, où les passants indigents reçoivent le gîte sur un bon de la commune, et prennent quelquefois un repas. C'est l'hospitalité de nos peres, transportée de la maison hospitalière à l'auberge. Le prix du gîte est de 20 centimes, quelque fois le bon du gite mentionne une ration de pain, livrée par le boulanger qui demeure en face de l'hôtel de ville. Pour avoir droit au gité, il faut être étranger. Les lits que Hous avons visités se composent d'une paillasse, un drap et une couverture, étendus sur une couchette en bois, tout cela dans un étát fort misérable; c'est à tout prendre ce qu'on appelle à Paris le garni à son dernier degré d'abjection. L'hôtesse disait que c'était encore trop bon et trop beau pour l'espèce de gens qui fréquentent son auberge. De temps en temps elle y voit revenir les mêmes passants. La ville dépense dans ce genre d'assistance de 4 à 500 fr. à l'auberge même et pour 300 fr. de pain.

À l'interdiction de la mendicité il faut une sanction que le Code pénal, aidé du dépôt de mendicité, peut seul fournir. C'est pour satisfaire à ce besoin que le département a traité avec le dépôt de Beaugency. Il était impossible de le faire à meilleur marché qu'avec un abonnement de 4,000 fr. par an. Le mode de l'abonnement est excellent, pour les dépôts comme pour les départements. Le dépôt peut appuyer son budget sur autre chose que des éventualités. Jusqu'ici l'opération a été bonne pour l'Aube et pour le dépôt de Beaugency, car le nombre des mendiants provenant de l'Aube n'excède pas 13 ou 14 par an en moyenne. Les étrangers arrêtés sont expulsés du département après leur condamnation; les autres sont envoyés au dépot; ils y restent jusqu'à ce qu'ils sient gagné de 5 à 10 fr., après quoi où les

met en liberté. Que deviennent-ils lorsqu'après avoir mangé leur pécule ils ne trouvent pas d'ouvrage c'est ce dont nul ne s'enquiert; c'est là une lacune à combler. Les mendiants, à leur sortie du dépôt, doivent être surveillés et patronnés comme les libérés. L'association pour l'extinction de la mendicité se plaint qu'on n'arrête pas assez les mendiants.

Le nombre restreint des mendiants de l'Aube dans le dépôt est un trait de vive lumière jeté sur la question de l'interdiction de la mendicité. Plus le dépôt est sous la main du mendiant, moins il le redoute; plus il est éloigné, plus il lui fait peur. Le déplacement qu'on a employé pour les enfants trouvés peut être une des solutions de l'extinction de la mendicité; le déplacement sur le premier plan et sur le second, c'est-à-dire en cas de récidive, la transportation.

La société de Charité maternelle, celle de Saint-Vincent de Paul, l'institution de SainteAnne, ou OEuvre des vêtements, et les deux ouvroirs fondés dans les bureaux de secours, concourent, avec le bureau de bienfaisance et les commissions dont nous vecité à Troyes. nons de parler, à l'extinction de la mendi

Société de charité maternelle. Elle altribue des indemnités à 140 mères de famille, donne à 20 autres, par exception, des secours s'élevant à 170 fr., et paye les mois de nourrice de 120 femmes, mères de deux enfants au moment de leurs couches. La somme allouée à ces dernières, est de 15 fr. Des secours extraordinaires en pain et en bois sont portés au budget pour 599 francs.

Société de Saint-Vincent de Paul. - Elle éxiste à Troyes depuis douze ans et compte 50 membres. Son projet est de se fractionner en deux conférences au moins; ses visites s'étendent à 90 familles. La recette de 1853 monte à 7,171 fr. 03 e. Les quêtes qui ont lieu aux séances, et une loterie, en forment les principaux articles. Les bons de pain, en 1853, absorbent, dans la recette, près de 3,000 fr. (2817-75). La société donne, cette rême année, 999 fagots et 501 paires de sabots, en dehors des vêtements qui figurent au budget pour 557 fr. 55 c. Le chiffre des médicaments distribués est de 292 fr. 35 c. Les œuvres accessoires de la visite des pauvres sont celles de Saint-François-Régis, du patronage des enfants dans les écoles, des militaires, des loyers et de la Bibliothèque. Nous avons parlé, ailleurs, de l'OEuvre de Saint-François-Régis. Voy. Associ

TION.

La Société de Saint-François Régis, de Troyes, œuvre accessoire de la conférence de Saint-Vincent de Paul, avait compté, en dix-huit mois, lors du dernier compte rendu (1854), 119 affaires inscrites et 86 arrivées à leur conclusion, résultat qui égale un quart des mariages faits dans la ville pendant le même temps; 84 sur 86 mariages ont été bénis par l'Eglise. Dans les 86 unions, 56 ont été uulement favorisées par la société, mais 30

étaient la réparation de désordres et ont procuré, à 18 enfants, le bienfait de la légi timation. L'œuvre des militaires n'a duré qu'une année; elle est aujourd'hui suspendue; elle est portée au budget de 1853 pour 312 fr. 10 e. La société se sert de livrets et décerne des récompenses aux écoliers. Ce sont des enfants d'ouvriers qui n'ont qu'une heure par jour à donner à l'école où ils viennent s'asseoir tout couverts du duvet des filatures et après avoir gagné le pain de la famille. La récompense est souvent une blouse ou un pantalon. L'oeuvre des loyers date seulement de 1853. L'ouvrier remet, à la caisse de la conférence, toutes les petites sommes qu'il peut amasser, et elles lui produisent, le premier mois, 20 010; le second, 15; le troisième, 10. A la fin da trimestre le trésorier remet, au visiteur, la somme déposée, accrue de ses primes. 35 familles ont fait, en 1853, 110 dépôts formant 815 fr. 97 c., et ayant produit 130 fr. 48 c. de prime. La somme partielle déposée est, en moyenne, de 2 fr. L'œuvre de la bibliothèque figure, au budget, pour 200 fr. On ne peut dénombrer les lecteurs, par la raison que le livre passe de main en main.

Institution de Sainte-Anne. — Les dames de la paroisse Sainte-Anne ont fait les fonds d'un ouvroir où se confectionnent des vêtements pour les pauvres. C'est une création nouvelle; on reçoit gratuitement les jeunes alles de la paroisse; les autres enfants n'y entrent que moyennant une rétribution. On n'y est admis qu'après la première communion. La maison, tenue par des sœurs du Bon-Pasteur, dont la niaison-mère est à Troyes, ne réunit encore que 20 élèves.

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Ourroirs des maisons de secours. Nous avons parlé, au mot BUREAU DE BIENFAISANCE, de deux ouvroirs très-importants, qui sont des annexes de cet établissement, ainsi que les écoles tenues sous le même toit par des sœurs de Saint-Vincent de Paul, Celui de la rue Saint-Pierre ne compte pas moins de 90 pensionnaires, et celui de la rue Saint-Vincent de Paul de 70 à 80. Les jeunes filles y sont si parfaitement élevées qu'elles devien ment presque toutes demoiselles de magasin nu religieuses à l'ouvroir de Saint-Pierre, qui remonte à 1827. On ne connaît que deux jeunes filles qui appartiennent à la domestiaté. On reçoit les élèves à l'ouvroir dès l'âge de six ans et elles n'en sortent qu'à leur majorité.

Arcis-sur-Aube. Avec les 3,500 fr. de son bureau de bienfaisance et les 800 fr. enViron qu'y ajoute la société de Saint-Vincent de Paul, la ville d'Arcis est parvenue à éteindre la mendicité dans sa circonscription; c'est elle qui a pris l'initiative de cette me sure il y a seize ou dix-huit ans dans l'Aube où la mendicité est interdite et réellement éteinte dans la mesure de perfection dont les choses humaines sont susceptibles.

La charité individuelle agit en secret conarremment avec les secours à domicile sucurement organisés par le bureau de

bienfaisance. Voy. BUREAU DE BIENFAISANCE. La société de Saint-Vincent de Paul assiste 8 familles, patronne 30 enfants. Ceux-ci sont réunis le dimanche et le jeudi dans deux endroits, différents par section de grands et de petits, et là, enseignés religieusement et moralisés par les membres de la conférence.

Bar-sur-Seine. L'interdiction de la mendicité, jointe aux secours, a produit ses fruits à Bar-sur-Seine comme dans les autres arrondissements. Avant l'interdiction, les pauvres de la ville et de la campagne venaient par bandes demander l'aumône aux portes des maisons. Ce fait, qui avait complétement cessé de se produire, a reparu momentanément par suite du rigoureux hiver de 1854. Il est bien important que l'activité de la force publique ne se ralentisse pas; qu'on ne laisse pas se rouvrir une plaie si difficile à fermer. Le nombre des familles pauvres n'excède pas 50 familles, ce qui ne donne pas plus de 75 ou 80 individus. On attribue la misèré à la paresse, à l'ivrognerie et au vice plus particulier de la gourmandise que nous avons signalé dans le Doubs et la Côte-d'Or. Le bureau de bienfaisance, dont les secours s'élèvent à 2 ou 3,000 fr., se concerte pour leur distribution avec la conférence de SaintVincent de Paul qui compte deux ans d'existence. Un vicaire de la paroisse, membre des deux fondations, leur sert de lien, et, les 7 dames de la charité, qui distribuent les secours du bureau, s'étant associés, de leur côté, une religieuse, il arrive que la bienfaisance publique et la charité privée et religieuse réalisent une union qu'on regrette de ne pas trouver partout.

Les indigents secourus par la conférence donnent un chiffre plus élevé que celui du bureau, il forme de 80 à 90 personnes. Lo bureau assiste principalement les individus isolés, les conférences s'attachent plus particulièrement aux familles nombreuses. Plusieurs de ces familles ont jusqu'à 6 ou 7 enfants. Les confrères patronnent ceux qui vont à l'école des frères. Ces derniers avaient voulu fonder une école d'adultes et avaient échoué; la conférence a réuni jusqu'à 50, élèves.

Elle ne compte que 15 membres dont 5 sont des écoliers de l'enseignement secondaire. Le titre de membre de la conférence est une récompense accordée aux meilleurs d'entre eux. Un des professeurs, membre de la société, les conduit dans les familles pauvres. Sur les 10 autres membres, 8 appartien-. nent à la classe du peuple.

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beaucoup de peine à s'en faire obéir. La gourmandise règne à côté de l'ivrognerie. La classe ouvrière tombe dans la détresse faute d'économie et par inconduite; elle boit et mange avec excès et laisse ses enfants manquer de tout. Les salaires suffiraient, avec de l'ordre, pour défrayer la famille.

Une conférence de Saint-Vincent de Paul, composée de 12 membres, visite 40 familles, soit environ 120 personnes, chiffre égal à celui des indigents du bureau de bienfaisance. Elle dispose de 1,500 à 2,000 francs. Elle donne du pain, un peu de viande, des fagots et des vêtements, produit d'une quête en nature. Le bureau de bienfaisance communique sa liste à la société qu'il préserve ainsi des doubles emplois. Les secours en pain, de la conférence, sont en général de deux kilogrammes par semaine. Plusieurs ouvriers font partie de la société. Des préventions existent contre elle dans certains esprits de la ville, sans qu'on puisse, en décomposant ces préventions, leur trouver d'autre cause que l'essence religieuse de la société, si appropriée pourtant aux besoins d'une population jugée profondément immorale par ceux-là même qui s'emportent le plus, contre la conférence, en d'amères

censures,

Nogent-sur-Seine.- La souscription communale à laquelle on recourt pour éteindre la mendicité, fait partie de la recette du bureau de bienfaisance. Les mendiants, dont le nombre était porté à 30, ont complétement disparu. Seulement on craint que le zèle des souscripteurs ne se relâche. Comment n'apprécierait-on pas les avantages de la mendicité éteinte à Nogent comme on le fait à Arcis, où la souscription compte dix-huit ans d'un succès dont rien n'annonce la décadence, On compte parmi les indigents secourus à Nogent beaucoup de vieillards et d'enfants qu'on dit méritants. L'avénement des chemins de fer a entraîné la chute des industries locales qui avaient la navigation de la Seine pour fondement; des charpentiers et des cordiers se sont trouvés sans ouvrage en même temps que les mariniers. Il ne leur est resté d'autre ressource que le métier de portefaix exercé les jours de marché, c'est-à-dire une fois la semaine. Une conférence de Saint-Vincent de Paul complète l'oeuvre du bureau de bienfaisance. Elle visite 30 familles et patronne une dizaine d'enfants. Le nombre de ses membres actifs est de 12, et ses ressources vont de 1,000 à 1,200 fr.; ses tentatives pour moraliser les adultes sont à peu près stériles. Elle en attribue la cause à l'esprit irréligieux et aussi à l'intempérance des habitants. Le sous-préfet de Nogent seconde de son mieux l'impulsion religieuse essayée par la conférence.

Loiret. La grande Providence d'Orléans compte 40 enfants.

Plusieurs membres du clergé d'Orléans, et à leur tête M. l'abbé Martin, aujourd'hui curé de Jargeau, se sont associés il y a quelques années pour fonder la maison de la

Sainte-Enfance. Une première maison avait été acquise par la paroisse de Saint-Donatien pour la création de l'œuvre, et avait coûté, pour acquisition et constructions nouvelles, de 16 à 18,000 fr.; bientôt elle fut trouvée trop petite. C'est une faute, en économie, dans un nouvel établissement de charité, d'acheter ou de faire bâtir. On s'épuise ainsi de ressources, on se crée des charges dont le poids se fait longtemps sentir, s'il n'est pas même tinalement fatal à la fondation. Dans tous les cas, il tarit la charité ou restreint ses bienfaits.

De cette même maison qui avait coûté 18,000 fr., on n'en trouvait pas 6,000; le faux calcul des fondateurs était manifeste. Le nouveau local a occasionné une dépense de 45 à 50,000 fr. en achat et réparations, et cependant la plus stricte économie a présidé à la disposition du mobilier. Deux petits tréteaux en bois, deux ou trois planches forment les lits fournis d'ailleurs de bous matelas et de bonnes couvertures. Le coup d'eil des dortoirs n'en donne pas moins l'idée de l'aisance et d'un bon confortable relatif; il contient 44 lits, y compris ceux de six maitresses. La maison peut contenir 60 enfants.

Ils sont reçus de 10 ans à 12 ans, c'est-àdire un peu avant l'âge de la première communion à l'enseignement élémentaire est jointe l'instruction professionnelle, la couture, la lingerie, le raccommodage des bas, le repassage et le blanchissage. Les divers emplois sont remplis par 15 maîtresses, nombre exagéré, mais si peu à charge à la maison, que plusieurs payeut pension. D'autres sont nourries et logées uniquement; trois maitresses seulement reçoivent un salaire en argent. Il faut considérer que la maison offre ainsi asile à des célibataires du sexe féminin, de santé délicate, ayant du gon pour l'enseignement, ou pouvant difficile ment vivre de leur état. La Sainte-Enfance est ainsi pour l'enfance un moyen, pour l'a mûr une fin. Les quinze maîtresses ne portent pas de costume religieux, ce qui devrai être toujours, afin qu'on ne soit pas tenté de confondre de simples laïques avec des sœurs comme il arrive souvent. La nourriture de enfants ne coûte pas au delà de 25 c.; cell des maîtresses est évaluée à 40 c. par jour la dépense totale por enfant est de 150 fr.

La société de Saint-Vincent de Paul a u conseil. Il comprend 23 conférences, 5 dan le diocèse de Chartres, 10 dans le diocèse de Blois, et 8 dans celui d'Orléans. Nous n mentionnerons que les principales: La con férence de Chartres remonte à 1842, ell compte 50 membres actifs, et 20 honoraires et dispose de 5,000 fr. Elle visite 70 famille et patronne 20 apprentis. La conférence d Dreux se fait remarquer par une bibliothè que de 1,500 vol. Celle de Blois date d 1846; elle compte 65 membres dont 43 as tifs. Elle emploie 5,000 fr. en bonnes cu vres, visite 72 familles, étend son patronag à 160 enfants des écoles et 20 apprentis; un P. Jésuite s'est adjoint à la conférence pou

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