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le nom de Sainte-Eulalie, et devient le cheflieu de l'ordre. Le nombre des prêtres surpasse celui des chevaliers, ce qui détermine plus tard le pape Clément V à décréter que le général de l'ordre, après la mort d'Arnould Raymond, sera prêtre à l'avenir. Lorsque le roi d'Aragon porte les armes dans le royaume de Valence, Pierre de Nolasque s'y emploie à la rédemption des captifs, et fonde dans le pays conquis plusieurs monastères de son ordre, entre autres, celui de NotreDame du Puch, devenu célèbre. Aussitôt après la conquête de la ville de Valence, le même roi d'Aragon transforme en cathédrale la grande mosquée, et une autre mosquée avec les bâtiments qui en dépendent, est érigée en couvent de la Merci. Des captifs sont délivrés successivement sur toutes les côtes d'Espagne occupées par les Maures, par Pierre de Nolasque, reçu partout avec trop d'honneur au gré de son humilité. Il aspire à plus de dangers, et dirige ses efforts, par ce motif, sur les côtes d'Afrique. Les infidèles l'accusent d'avoir facilité l'évasion de quelques esclaves chrétiens. On le charge de chaînes; on le fait comparaître devant le juge comme un voleur. Le cadi, ne trouvant contre lui aucune preuve, n'ose cependant le condamner. Mais Pierre de Nolasque, pour désintéresser les Maures et empêcher que la fuite des captifs n'aggrave le sort des autres esclaves chrétiens, s'offre pour être esclave à la place des premiers. Le maître des esclaves fugitifs préfère garder son compagnon en le chargeant lui-même de retourner en Espagne, chercher la rançon du chevalier restant. Deux tartanes sont mises en mer, dont l'une faisait eau de tous côtés. Ce fut sur celle-là qu'on embarqua Pierre de Nolasque. Elle est livrée aux flots, à dessein, sans voile ni gouvernail. Les infidèles aiment encore mieux se défaire du saint que d'avoir la rançon du chevalier captif. Saint Pierre de Nolasque, sous la conduite de la Providence, arrive à son monastère sain et sauf.

Le saint fondateur se démet de son titre de général de l'ordre, et veut finir sa vie dans la pratique des plus humbles devoirs des chevaliers de l'ordre. Il se charge des aumônes à la porte du monastère, ce qui lui fournit l'occasion d'instruire les pauvres en les secourant. Il fonde depuis un nouveau Couvent de son ordre à Celsonnes. Sa réputation s'étend dans les provinces les plus éloignées. Saint Louis se sent attiré par une sorte d'attraction vers saint Nolasque. Il souhaite passionnément de le voir. Saint Nolasque ne se sent pas moins d'attrait pour ce pieux et grand roi, et il s'empresse de J'aller trouver pendant le séjour de ce prince en Languedoc. Saint Louis méditait alors sa première expédition dans la terresainte. Il convie Pierre de Nolasque à l'y accompagner. Le saint accepte cette proposition avec d'autant plus d'ardeur qu'il trouvera en Asie de nouvelles occasions de travailler à la mission de toute sa vie, la délivrance des captifs des mains des infidèles.

Son grand âge et ses infirmités ne l'arretent pas, mais une grave maladie paralyse son zèle. Il ne peut plus offrir au saint roi que ses vœux, ses prières et une affection qu'il emporta au tombeau, et qui s'est épanchée dans une correspondance que les deux saints entretinrent après le retour du prince de la Palestine.

Pierre de Nolasque mourut en 1256, à l'âge de 67 ans ; sa canonisation eut lieu en 1628.

Des couvents de la Merci sont fondés du vivant du saint dans le midi de la France, à Perpignan, Toulouse, Montpellier, etc. Guillaume de Bas, successeur de Pierre Nolasque, rachète pendant son administration 1,400 esclaves chrétiens. A 80 ans il donne sa démission qu'on ne veut pas ac cepter, et meurt l'année suivante (1629). I avait augmenté l'ordre de plusieurs mo nastères.

Il se répandit dans 'Amérique espagnole, et les branches y surpassèrent le tronc primitif. Il y eut huit provinces, gou vernées par deux vicaires généraux. Il n'y en avait que trois en Espagne et une en France, sous le nom de province de Guer ne, d'où dépendait le couvent et le col lége de Paris, et le couvent de Chenoise en Brie.

I fournit à l'Eglise plusieurs cardinaux, archevêques et évêques, comme aussi plu sieurs saints, dont un certain nombre restèrent en ôtage entre les mains des infidèles, pour y travailler plus efficacement à la délivrance des captifs, et en même temps à la conversion des barbares. Saint Raymond de Nonat, qui fut cardinal, demeure huit mois en captivité et endure des tourments inouis. Les infidèles, ne pouvant l'empêcher de précher la parole de Dieu, lui percent les deux lèvres avec un fer chaud et lui mettent un cadenas à la bouche. Un autre religieux de la Merci, saint Pierre-Pascal, évêque de Jaen, emploie tous ses revenus au soulage ment des pauvres et au rachat des capit Il a entrepris la conversion des mahome tans. On le charge de fers, il endure les plus durs traitements. Le clergé et le peuple de son Eglise lui envoient une somme d'argent pour sa rançon; il la reçoit avec i plus tendre reconnaissance, mais au lieu de l'employer à se procurer la liberté, il en re chète nombre de femmes et d'enfants, de qui la faiblesse faisait craindre leur aban don de la religion chrétienne. Resté a entre les mains des barbares, il y trou le martyre en 1300.

Le rachat des captifs, la rédemption d corps, touche de trop près au rachat de âmes, à la prédication, pour que les de œuvres ne se confondissent pas dans le dre de la Merci. Le P. Jean-Baptiste. l'ancienne famille des Gonzalez, appr que les religieux de son ordre ont beau souffert dans les Indes, principalement de le Pérou, et qu'ils y ont converti un g nombre d'intidèles. Il se sent animé d' sainte émulation, et demande à ses su

rieurs à aller participer aux rudes labeurs et aux souffrances de ses frères. En effet, il amène un grand nombre d'idolâtres au culte du vrai Dieu. Et de ce pays, d'où tant d'autres revenaient chargés d'or et d'argent, il revient portant sous son bras son bréviaire, et à la main, une tête de mort qui lui rappelle ce qu'est l'homme, et quelle An l'attend.

Alphonse de Monroy, général de l'ordre au xvi siècle, chargea le vénérable JeanBaptiste de fonder un ordre réformé sous le nom de religieux déchaussés de Notre-Dame de la Merci. A partir de la fondation du nouvel ordre, Jean-Baptiste change le nom de Gonzalez en celui de Jean-Baptiste du Saint-Sacrement. Deux couvents sont bâtis pour les religieux du nouvel ordre. Ce que Jacques I d'Aragon avait fait pour Pierre de Nolasque pendant que l'on construisait les premiers couvents de son ordre, la comtesse de Castellar, Béatrix Ramirez de Mendoza, le renouvelle en faveur de Jean-Baptiste et de ses compagnons. Pendant que l'on construit les couvents, elle leur donne un appartement dans son hôtel de Madrid, et plus tard, pour se conformer au besoin de retraite qu'éprouvent les religieux, dans son château de Ribasbourg, distant de Madrid de trois lieues. Les deux maisons sont occupées par les religieux en 1603 et 1604, et les habitants du bourg de Ribas obtiennent de la comtesse qu'il en sera fondé une troişième sur leur territoire. D'autres couvents du même ordre s'établissent à Madrid, à Salamanque, à Alcala de Benarez, et un grand nombre dans la Sicile,

Il est créé aussi des religieuses de NotreDame de la Merci, tant de la grande Observance que Déchaussées. Après avoir prononcé les trois vœux de religion, elles ajoutent: « Je promets, en tant que mon état le peut permettre, de vaquer aux choses qui regardent le rachat des captifs, et de donner ma vie pour eux s'il est nécessaire. »

Il y eut une maison de l'ordre de la Merci, à Nantes. L'évêque de Nantes, Gilles de la Baume le Blanc, leur donne en 1672 une maison nommée l'Ermitage de Saint-Similien sur les Hauts-Pavés. L'ordre de la Merci s'était perpétué en Espagne dans le XIX siècle, mais la suite des révolutions qui suivirent la mort de Ferdinand VII, il disparut des couwents d'hommes. Les établissements de Pais sont allés se perdre dans la révolution de 89. Celui de la rue du Chaume comptait 35 religieux vers le milieu du dernier siècle. C'était une maison de noviciat. Pour le noviciat et pour la prise d'habit, il était payé 500 livres. Chaque religieux devait fournir en outre 150 livres de pension viagère. La maison de la rue des Sept-Voies avait été fondée en 1250. Il y avait à Rome trois maisons de cet institut au dernier siè cle. Enfin, il faut mentionner un tiersordre de Notre-Dame de la Merci. (Voy. Dictionnaire des ordres religieux, t. 11, p. 927 et suivantes.)

Les captifs rachetés dans les Etats barba

resques sont de toutes les nations, de toutes les classes, de tous les âges, de tous les sexes. Il existe dans les récits des ordres rédempteurs des légendes touchantes sur les aventures et les misères de ces prisonniers, au nombre desquels on compte le célèbre Cervantès, qui, avant d'écrire son Don Quichotte, est longtemps esclave à Alger, esclave peu résigné, car il a conçu la pensée de s'emparer de la ville en se mettant à la tête de ses compagnons de misère. Les Algériens disent que tant que ce Chrétien sera dans le bagne, il n'y aura pas d'évasion d'esclaves, tant il a réussi à donner à tous ses compagnons l'espoir de surprendre Alger. Parmi ces légendes, il en est qui racontent les épreuves, le courage, quelquefois le triomphe (tant la vertu a de puissance même sur les natures les plus farouches), d'autres fois le martyre de saints prêtres, de braves chevaliers de Malte, de jeunes filles, de jeunes hommes, et même de jeunes enfants.

En 1551, les religieux de l'ordre de la Rédemption, témoins des misères des captifs qu'ils ne peuvent racheter, et voulant au moins soulager dans leurs maladies ceux auxquels ils ne peuvent pas encore rendre la liberté, érigent quelques chapelles dans les bagnes mêmes où sont enfermés les esclaves du dey d'Alger. Les Espagnols, fondateurs du plus grand de ces établissements, ne cessent de l'augmenter. Ce fut un religieux espagnol, le P. Sébastien Duport, du Couvent de Burgos, qui prit l'initiative de cette œuvre de charité vraiment évangélique. Il va pour la première fois à Alger, en 1546, pour y racheter 200 esclaves. Touché de la misère et des souffrances de ceux qui tombent malades pendant leur captivité, ce saint prêtre, pour lequel Charles-Quint a une vénération particulière et qu'il emmène avec lui, en 1531, dans son expédition contre Alger, fait de nouvelles quêtes afin de leur assurer des secours, et fonde un hôpital pour les recevoir. En 1612, les PP. Bernard de Monroy, Jean d'Aquila et Jean de Palacio sont venus, comme à leur ordinaire, à Alger pour y racheter des esclaves, et ils vont en repartir avec 130 captifs chrétiens dont ils ont payé la rançon, lorsqu'une nouvelle, venue de Corse, excite la colère du dey, qui les fait arrêter. Il confisque la somme payée par eux pour la rançon des 130 esclaves chrétiens qu'il fait remettre aux fers, enferme les trois prêtres dans un cachot, et les menace de les faire brûler vifs. Cependant leur innocence, leur patience à souffrir ces rigueurs injustes finissent par toucher le dey. Il les fait tirer de leur cachot, et leur permet de remplir auprès des captifs les devoirs de leur ministère et les inspirations miséricordieuses de leur zèle, mais en leur annonçant qu'ils ne sortiront jamais d'Alger. Ils entreprennent de réédifier l'hôpital qui tombait en ruines. Ils réparent le bâtiment, y installent de nouveaux lits, pourvoient à f'achat des médicaments, rachètent plusieurs captifs, consolent ceux qu'ils ne peu

vent racheter, soignent les malades, obtiennent pour ceux dont la santé résiste aux fatigues la permission d'assister aux cérémonies du culte et de recevoir les sacrements, exhortent les mourants et ensevelissent les morts. Quand Dieu les appelle à lui, les prisonniers les honorent comme des saints. On reçoit dans l'hôpital les chrétiens libres comme les chrétiens esclaves de toutes les nations sans distinction. Un médecin, un pharmacien, attachés à l'établissement, vont visiter en ville les femmes, qui, suivant les mœurs du pays, ne sont pas reçues dans l'hôpital.

La charité, après avoir songé aux vivants, songe aux morts. La plupart du temps, les musulmans laissent les corps des captifs chrétiens sans sépulture. Un P. Capucin, confesseur de don Juan d'Autriche, ayant été pris sur mer et conduit comme esclave à Alger, est vivement ému de cette profanation de ses frères. Il achète, hors de la porte Bab-alOued, un terrain sablonneux, langue de terre assez étroite, mais d'une longue étendue, qui côtoie la mer. C'est là qu'on ense velit les esclaves chrétiens. La charité avait tout créé, le rachat des esclaves, l'hôpital, l'église, le cimetière.

Les côtes barbaresques ne sont pas le seul point où s'exerce la charité des Rédemptoristes. En 1602, des religieux, envoyés l'année précédente en Hongrie pour la rédemption des pauvres chrétiens prisonniers des Turcs, entrent dans la ville d'Arras, par la porte Méolens, la veille de la Toussaint, a en ordre de procession, »dit la chronique, << chantant himnes et canticques à la luange de Dieu, et au devant de eulx alloient deux à deux quarante-deux pauvres chrestiens captifs, de diverses nations, par eulx rachetez, et portoient chacun leur ceps et manutes dont ils estoient enferrez audit pays de Turquie, lesquels marchoient avecq trompe, banerolles et enseignes, portant la croix mie partie de rouge et bleu, et en cest ordre, ayans traversé la ville, se serroient par la porte de Saint-Nicolas pour se rendre au couvent de la Trinité és faubourg de ceste ville. » Le 4 novembre 1670, le P. Touret arrive d'Alger à Arras avec 31 captifs qu'il a rachetés. Ils sont conduits processionnellement à l'église de Saint-Jean, où le P. Augustin Bertoult fait un sermon sur la rédemption des captifs. Après la messe, on présente les esclaves rachetés au gouverneur, marquis de Montpezat, aux officiers du conseil d'Artois, aux mayeurs et échevins de la ville présents à la cérémonie, et tous donnent aux captifs quelque aumône.

En 1701, le P. Liebbe, natif d'Arras, fait avec son procureur le voyage de Tunis, par ordre du Pape Clément XI, pour racheter les esclaves. Il en ramène trente et quelques de différents pays. On fait encore à Arras, à cette occasion, une procession générale à laquelle on porte un crucifix et une image de la sainte Vierge retirés des mains des infidèles. Je tenais, durant la procession, dit le P. Ignace qui raconte la cérémonie, une

des chaînes attachées au bras du crucifix, Une autre procession a lieu en 1730; 17 esclaves ont été rachetés; les Trinitaires vont les reconnaître à la porte Rouville et les conduisent au bruit des timbales et des trompettes dans l'église de la Paix. Le lendemain, dimanche, une procession générale parcourt toute la ville. Le P. Duplessis, Jésuite, prononce un sermon à Saint-Géri, le Miserere est chanté à la cathédrale et le Te Deum à Saint-Nicaise. Une cérémonie semblable se renouvelle en 1738. Les Trinital res consacraient au rachat des captifs le tiers de leur revenu.

Le dernier rachat fait en 1767, à Saffie, dans le royaume de Maroc, coûta un million. Avec cette somme, à laquelle contribuèrent le roi et le clergé, les rédemptoristes délivrèrent deux cents Français.

Les Trinitaires ou Rédemptoristes s'ap pelaient à Paris Mathurins.

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§ IV. Formes infinies de la charité mo nastique. Les œuvres spéciales ici nous échappent. Les fleuves finissent, et nous abordons la pleine mer des œuvres monas tiques, lesquelles, comme les océans qui ea serrent le monde, embrassent l'humanit

« La société civile, »dit M. Guizot, nale, provinciale ou municipale, étant en proie à toutes sortes de désordres. Elle se dissolvait de toutes parts. Tout centre, toct asile manquait aux hommes qui voulaiert discuter, s'exercer, vivre ensemble; ils ea trouvèrent un dans les monastères. La vie monastique allume un foyer de dévelop pement intellectuel; elle sert d'iustryment à la fermentation, à la propagation des idées. Les monastères du Midi sont les é les philosophiques du christianisme; c'est là qu'on médite, qu'on discute, qu'on enseigne; c'est de là que partent les idées noc velles, les hardiesses de l'esprit, les heresies.» (Histoire de la civilisation.)

L'auteur de l'Histoire de la civilisation se place uniquement au point de vue intellec tuel; mais les couvents sont matériellemen des lieux d'asile pour les misères du cor vivent, mais pour ceux qui ne font qu'y et de l'âme, non-seulement pour ceux qui ser. Les couvents sont des refuges, des h pitaux, des hospices; ce sont des maison Dieu religieuses comme il y a des hôteDieu civils, des maisons-Dieu encore p riches et encore plus nombreuses que autres. Certaines charités sont des claus expresses des règles.

Reglements charitables des couvents. Saint Gérard, fondateur de la congrég de Sauve-Majeur, est reçu à la profess monastique par l'abbé Foulques, l'an 1 Il tombe malade par l'excès du labeur lui impose le rétablissement des affaire la communauté que la guerre a boules sées. L'abbé l'autorise à recevoir de ses rents et de ses amis tous les secours nécessite son état. Saint Gerard s'en un moyen de charité. Au lieu d'emp les ressources qu'il se procure à son poa

soulagement, il les distribue aux pauvres, se servant pour cela d'un valet que l'abbé lui a donné pour le servir. Tous les jours il reçoit trois pauvres à sa table après leur avoir humblement lavé les pieds.

Nous n'avons pas à raconter par quelle suite d'événements Gérard, ayant recouvré la santé, bâtit un monastère au lieu appelé alors Silve-Majour (grande forêt), depuis Sauve-Majeur, par les libéralités du duc de Guienne, l'an 1077, et donne une règle aux moines qu'il réunit sous ses ordres. Plusieurs autres monastères sortent de ce tronc primitif, entre autres quatre en Aragon et un en Angleterre. Une des règles porte qu'à la mort d'un des religieux il sera délivré aux pauvres, tous les jours, pendant un an, du pain et du vin. Si un religieux meurt hors du monastère, la distribution a lieu dans le prieuré dont le religieux dépendait. Aux termes de la règle de Nicolas IV et de Léon X, la charité est recommandée aux frères et sœurs de Saint-François envers ceux qui viennent demander l'hospitalité à leurs couvents. Le chapitre 7 leur prescrit également la charité envers les malades. (XIIe siècle.)

Les frères et sœurs du Consort, à Milan, sont chargés de l'exécution de toutes les œuvres et les legs pieux que les fidèles font en faveur des pauvres et des malades. (Diction, des ord. relig.)

Dans l'ordre des religieux et religieuses Bergittains (Voy. Dictionnaire des ordres religieux), lorsqu'un religieux ou une religieuse viennent à décéder, les habits du Dort sont distribués aux pauvres, et l'on donne tous les jours aux pauvres sa pitance jusqu'à ce que le défunt soit remplacé. Si un postulant ou une postulante apporte quelque chose en entrant dans l'ordre, on L'attribue aux pauvres et aux églises nécessiteuses. Tous les ans, avant la Toussaint, on dresse l'état de la dépense de l'année suivante, et si les ressources dépassent cette dépense, en argent ou en nature, on alloue l'excédant aux pauvres le lendemain de la Toussaint, n'étant pas permis à la communauté de posséder au delà du nécessaire.

Les chanoines réguliers de Sainte-Croix le Coïmbre, en Portugal, pour témoigner eur reconnaissance au prince Alphonse, endent un décret capitulaire par lequel ils s'obligent à donner à manger, tous les ans, l'anniversaire de la mort de leur bienfaieur, à cent pauvres dans leur réfectoire; à ertaines fêtes de l'année ils reçoivent un auvre à leur table. (Diction. des ord. relig., III, p. 448.)

Les religieuses de la Miséricorde ont pour ondateur le P. Antoine Ivan, né dans un ourg de Provence (Rians), le 10 novembre 570, et Madeleine Martin, née à Aix l'an 512. Le but de la fondation est de servir asile aux pauvres demoiselles et aux filles 'une condition honnête qui, se sentant apelées à l'état religieux, n'ont pas de quoi e faire recevoir dans les autres monastères i assez de bien pour se marier selon leur

condition. Les statuts des religieuses de la Miséricorde prescrivent de recevoir toutes les personnes qui se présentent pour être admises avec ce qu'elles peuvent apporter.

Les couvents, lieux d'hospitalité. — Les monastères, et ce qu'on appelait plus particulièrement les abbayes, exerçaient 'hospitalité à la fois librenient et obligatoirement : obligatoirement en vertu des droits que l'Etat prétendait avoir à l'exiger. Parlons d'abord de ce dernier mode.

L'obligation de recevoir les invalides de l'armée est une des charges auxquelles les abbayes et les prieurés obtiennent leurs priviléges. L'obligation dont nous parlons résulte notamment des édits de 1578, 1585 et 1586. On voit par ces édits que les capitaines et soldats estropiés sont logés dans les abbayes et prieurés, sous le nom de frères ou religieux lais, qu'ils reçoivent des pensions de ces mêmes établissements; nous reviendrons tout à l'heure sur ces édits ou mandements.

montrance des états généraux de 1514, staUne ordonnance de 1629 rendue sur la retue que pour récompenser les pauvres cail sera fait état de tous les prieurés et abbayes pitaines et soldats estropiés au service du roi, du royaume et que lesdits capitaines et soldats comporteront des places de religieux lais seront investis sur les bénéfices qui le

suivant la bonne et ancienne coutume du royaume. L'usage, d'après cet édit, semblerait exister de temps immémorial.

Les militaires estropiés pourront, aux termes de l'ordonnance, s'en appliquer le profit de deux manières : en étant reçus dans les couvents et y rendant le service qu'ils pouvaient, ou en touchant une pension fixée à cent livres par an, à cause de l'enchérissement des vivres. Le prix de la pension aussi était payable de deux manières, en argent ou en nature, au choix des pensionnaires. Les denrées étaient prises et estimées au prix. courant des marchés des lieux, étant établi que nul ne pourrait être pourvu de deux pensions (art. 219).

Afin que l'allocation des pensions s'opérât avec plus de choix et de fondement et non par fortuité et sans grand discernement, comme cela s'était pratiqué si souvent, l'ordonnance de janvier 1620 prescrit qu'il sera fait un rôle de tous les estropiés, d'après les certifications des maréchaux de France et des colonels d'infanterie. Les maréchaux et colonels feront la déclaration du mérite et des services des estropiés, des lieux et des occasions où ils ont reçu leurs blessures, soit d'après leur propre connaissance, soitd'après les renseignements qu'ils pourraient tirer des capitaines ou mestres de camp.

Les rapports ainsi faits, les rôles seraient arrêtés au conseil du roi en présence du grand aumônier. Les pensions et les provisions seraient assignées aux estropiés selon l'ordre où ils seraient placés sur le rôle; elles devaient être expédiées et scellées par le garde des sceaux. L'ordonnance de

1629 veut que les soldats et capitaines qui ont rendu des services dans l'île de Ré et au siége de la Rochelle et y ont reçu des blessures, soient pourvus les premiers et placés de préférence à tous autres sur les rôles à dresser.

On donnait aussi aux religieux lais le nom d'Oblats. Les pensions que payaient les abbayes furent plus tard appliquées à l'Hôtel des invalides.

L'ancien établissement des religieux lais dans les abbayes du royaume a été saintement fait et observé durant plusieurs siècles, lisons-nous dans l'édit d'institution à Bicêtre d'un établissement pour les soldats invalides sous le titre de Commanderie de Saint-Louis. Les officiers et soldats reçus dans les couvents étaient tenus à la résidence; cela ne convenait pas toujours à leurs mœurs et devait contrarier en effet des habitudes militaires. Plusieurs préféraient la liberté, et la liberté pour eux, c'était le plus souvent la mendicité; de là un des éléments de la mendicité chez nos pères. (Edit d'institution à Bicêtre pour l'entretien des soldats invalides, novembre 1635.)

L'édit ou mandement de 1578 (14 mars) enjoint la vente des prieurés et des abbayes, prescrit d'en faire sortir tous les étrangers qui occupent les places laissées vides par les frères lais. Ces places étaient remplies par la domesticité des abbés et des prieurs ou par des pauvres de leur choix. L'édit de 1585 (février) se propose le même objet. Il rétablit les pauvres capitaines, les vieux soldats mutilés à la guerre et incapables de continuer leur service, dans les places à eux octroyées dans les prieurés et les abbayes. L'édit ou mandement de Henri III (27 mars 1586) revient sur le même sujet. Il réserve expressément la jouissance des places de religieux lais ès abbayes et prieurés du royaume aux soldats estropiés, vieux et caducs qui ont été blessés, navrés et estropiés ès guerres précédentes, d'après le certificat

Le mandement prescrit aux abbés et prieurs de les recevoir. Les procureurs du roi aux divers siéges reçoivent la mission de se transporter dans chaque abbaye et prieuré de leur ressort pour informer diligemment et bien, de ceux qui tiennent et Occupent les dites places de religieux lais n'étant de la dite qualité, de les débouter, de saisir leurs pensions des mains des receveurs et fermiers des abbayes. Les pensions des blessés sont une indemnité de nourriture et d'entretien. Les militaires logés dans les prieurés et les abbayes s'y nourrissent à leurs frais.

C'était de la facilité que montraient les Couvents pour recevoir des hôtes étrangers qu'avait dû naître dans l'esprit de l'Etat l'idée de l'hospitalité obligatoire. Les rois vont demander l'hospitalité aux couvents, le lit du roi est toujours préparé à la GrandeChartreuse.

A l'exemple des solitaires de la Thébaïde, les Chartreux dérogent à l'austérité de leur

règle en faveur de leurs hôtes. Le prieur des Chartreux rend visite aux hôtes, reçoit les religieux étrangers et rompt le jeune avec eux pour l'amour de l'hospitalité.

A la Grande-Chartreuse, tout le monde est reçu encore de nos jours. Pour limiter le nombre des visiteurs, on y reçoit les voyageurs à un prix minime; moyennant deut francs par jour, on a un déjeuner, un diner, et un coucher très-confortables pour ceur qui se contentent d'être servis en maigre, Le couvent ne donne à ses hôtes aucune autre nourriture, quelque jour de la semaine que ce soit. Mais la Grande-Chartreuse ne se borne pas à donner l'hospitalité à prix d'argent, elle distribue deux cents livres de pain par semaine aux pauvres de la commune où elle est située; et cette aumône ordinaire grandit en cas de disette à proportion de la misère publique. C'est une tradition et la vivante image au milieu de nous, des couvents abolis. Un point sur lequel ne tarissent pas les nombreux visiteurs des religieux de la Grande-Chartreuse, c'est la grâce parfaite qu'ils mettent à recevoir leurs hôtes. Ils se livrent avec succès à une industrie qui lear permet leurs grandes libéralités : elle consiste dans la confection d'un élixir qui porte nom du couvent, et dont la vertu digestive jouit d'un grand renom.

Les Bénédictins sont obligés par leur règle de recevoir les étrangers et spécialement Tes pauvres. C'était un des points de la règle de Saint-Benoît. Les religieux de SaintWaast (d'Arras), le jour de leur profession, en faisaient la matière d'un vœu à part. Aussi avaient-ils bâti une maison d'hospice poury recevoir les voyageurs et les pauvresè lerins; on y recevait également des nobles,des grands seigneurs et des princes. Le nombre des pauvres reçus par l'hospice de SaintWaast était de 3,000 par année. L'entretien et les dépenses se prenaient sur la mense commune de l'abbaye, et on y affectant le produit d'un domaine, tanto l'un, tani l'autre. Le religieux préposé à la conduite de l'hôtellerie rendait son compte; quand le revenu ne suffisait pas, l'abbaye y suppléa Saint Benoît trace jusqu'aux moindres de tails de l'exercice de l'hospitalité. « Qu' reçoive les étrangers comme si c'était Jésus Christ lui-même; que le prieur et les frères aillent au-devant d'eux, et les servent ave les égards et les soins de la charité la pl officieuse; que le jeûne et le silence soit rompus quand l'hospitalité l'exige.» (Re cap. 53.)

On lit dans les statuts des chevaliers l'ordre de Notre-Dame de la Victoire, 19 chapitre dans lequel il est traité de la c nière dont on doit construire les bâtime de la communauté, qu'à côté de l'église -" érigera une maison de piété où il ya quatre quartiers différents, et que dar premier il y aura des cellules pour les b Plusieurs chapitres traitent des œuvres rituelles de piété et de miséricorde que frères et les sœurs doivent exercer, que des devoirs de charité qu'ils doy

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