Page images
PDF
EPUB

vant uniquement d'aumônes, et donnant asile à 50 jeunes filles, est obligé de les nourrir très-mal, faute de ressources.

La société de Charité maternelle est digne aussi des libéralités locales, et de celles de l'Etat; son budget de 1852 présente une recelte de 3,923 fr. Elle compte 15 danes påtronnesses et 21 bienfaitrices. Les cotisations sont de 25 fr.; 1,200 fr. sont le produit d'une quête à domicile. Les mères qui nourrissent leurs enfants reçoivent un secours mensuel de 6 fr. par mois. 51 femmes y ont pris part en 1852. La moyenne du secours est de 55 fr. quand, pour être suflisamment efficace, il devrait s'élever à 100 ou 120 fr.

l'instruction religieuse des militaires. Vendôme n'a pas moins de 61 membres actifs. 63 membres honoraires et 5 aspirants, et dispose de 4,000 fr. Une conférence rurale a été fondée dans les paroisses limitrophes de Coun et Cheverny. Les directeurs du collége de Pont-le-Voy ont formé dans leur établissement une conférence composée de 42 membres actifs, 17 membres honoraires. Les ressources de la conférence égalent 3,000 fr. La société de Saint-Vincent de Paul d'Orléans remonte à 1840. Elle compte 192 membres actifs et 150 membres honoraires. Elle est divisée en 3 conférences: 1° celle de Sainte-Croix, comprenant 80 membres, et visitant 120 familles. Celle de Saint-Paul, comprenant 58 membres donnant du secours à 90 familles; celle de Saint-Paterne, élendant ses auniônes à un pareil nombre de familles, et réunissant 54 membres. Le nombre des familles visitées est donc de 300. Les 3 conférences disposent de 8 à 10,000 fr. La société a une œuvre des militaires. On cite un des militaires qui est entré en religion chez les Capucins, un autre qui s'est consacré à l'apostolat chez les missionnaires du Saint-Coeur de Marie. La société patronne 200 ouvriers; elle a une œuvre de loyers qui donne aux parties versantes, une prime de 10 à 15 010, et enfin une œuvre des fourneaux. Pithiviers a sa conférence composée de 30 membres, dont 11 membres actifs. Elle se livre au patronage des ouvriers et à la visite des prisonniers. Jargeau, simple chef-lieu de canton, a trouvé moyen de réunir 15 membres actifs, et 16 membres honoraires. Sa conférence dispose d'environ 3,000 fr., recette considérable pour une population de 2,800 âmes.

Cher. Les plus importants des établissements privés dans le Cher sont : la sorété maternelle de Bourges, la conférence de Saint-Vincent de Paul, formée en 1842, et la maison des orphelines.

La maison de la Providence, fondée à Saint-Amand, émane de l'administration municipale.

Allier. La société particulière qui s'était fondée à Moulins pour l'extinction de la mendicité, a été supprimée en 1848. Les ressources ont manqué à Gannat, pour conduire à bonne fin les projets d'extinction de la mendicité qu'on y avait conçus. La congrégation de Notre-Dame de Moulins, que l'on classe parmi les établissements d'assistance, est une école où reçoivent l'enseignement gratuit de 120 à 150 enfants.

L'OEuvre de la Miséricorde de la même ville se lie très-étroitement à la charité. C'est une association importante, composée de 60 membres actifs et d'autant de membres honoraires. Elle est rattachée au bureau de bienfaisance par les sœurs de la Charité qui desservent ce bureau et agissent de concert avec les dames de l'œuvre. La charité publique, religieuse et privée se donnent ainsi la main.

La Maison du Bon-Pasteur, établissement très-utile, très-oublié et très-pauvre, vi

La société de Saint-Vincent de Paul a une conférence à Moulins. Elle est composée de 23 membres actifs et 18 membres honoraires. Son patronage s'exerce sur 25 enfants placés en apprentissage. Elle leur prête des outils dont elle leur fait don, s'ils s'en rendent dignes par leur Bonne conduite; elle patronne en outre 20 enfants fréquentant les. écoles, et auxquels elle fournit des livres, du papier et des plumes. Les apprentis sont conduits aux offices le dimanche par un membre de la conférence. Ils se livrent à des plaisirs de leur âge ce jour-là, dans une maison prêtée à la conférence par Mgr l'évêque de Moutins, et dans laquelle il leur est fait une exhortation par un prêtre de la paroisse. Chaque apprenti est pourvu d'un livret, et visité tous les quinze jours (au plus tard tous les mois) par un menibre de la conférence qui attesté sur le livret la conduite de l'ouvrier. 15 ou 20 familles reçoivent de la conférence 3 livres de pain par semaine; sa recette s'alimente, outre les cotisations individuelles, de deux quêtes faites, l'une le jour de Saint-Vincent de Paul, l'autre aux courses de chevaux qui ont lieu annuellement. Elle ne s'élève pas au total à plus de 12 ou 1,500 fr.

A Montluçon, l'évêque de Moulins, secondé par M. le curé de la ville, a éprouvé (non à la vérité sur des habitants des camnpagnes, mais auprès des ouvriers des villes) jusqu'à quel point une bienfaisante pression pouvait être exercée sur la classe des travailleurs. Il avait observé que beaucoup, d'ouvriers se tenaient oisifs sur les places de la ville le dimanche; que d'autres stationnaient aux abords des églises, que d'autres aussi y entraient et s'y tenaient debout faute de chaises ou de bancs qu'ils fussent libres d'occuper. Il eut la pensée de faire un appel général aux sentiments religieux qui sommeillaient dans la classe ouvrière, composant à Montluçon 3,000 personnes, la famille comprise) sur une population de 9,000 âines.

Il n'hésite pas à visiter toutes les fabriques; il adresse de fraternelles allocutions aux travailleurs, et finit par les convoquer tous à un rendez-vous le dimanche suivant. Ce jour-là il monte en chaire, il expose qu'il n'ignore pas que beaucoup d'ouvriers ne demanderaient pas mieux que de prendre part à, la célébration du dimanche, qu'ils sont

arrêtés par des obstacles de détail qui n'existeront plus désormais. Une messe basse sera célébrée pour eux spécialement, à sept heures du matin, dans l'église Notre-Dame; eux seuls auront le droit d'y entrer, afin qu'ils soient assurés d'y trouver place; les chaises seront gratuites, et il ne sera pas fait de quête; les orgues joueront comme aux grandes fêtes, pour ajouter à la solennité; Te curé y fera aux ouvriers une courte exhortation, et l'office ne devra jamais durer au delà de trois quarts d'heure. pondez de l'exécution des engagements que prend ici votre évêque, ajoute le prélat, en s'adressant au curé de la paroisse. Le curé, de son côté, supplie les ouvriers d'être fidèles à un rendez-vous qui, à l'avenir, engagera sa responsabilité.

---

domicile et d'une loterie. Le curé, à la fois membre de la commission administrative de l'hospice et président de l'association, sert de point de contact aux deux modes de secours, et en maintient l'harmonie.

Il existe à la Palisse une société de dames et une conférence de Saint-Vincent de Paul. La conférence emploie en secours environ 700 fr. La société de dames, de 80 membres, s'occupe de la confection des layettes. Les ateliers de vêtements y sont venus du Puy- Vous me ré-de-Dôme, où ils ont pris naissance et où ils se développent sur une grande échelle. (Voir ci-après, même col.)

Huit cents ouvriers étaient présents; depuis trois ans, aucun d'eux n'a manqué d'assister à la messe célébrée à leur inténtion. L'accomplissement de leurs devoirs religieux fut la conséquence naturelle de leur démarche première. L'entraînement a été général, le succès a été complet.

L'économiste s'enquiert des causes de la misère dans les départements et des moyens d'y porter remède. Le procédé employé par Mgr l'évêque de Moulins est certainement un de ces moyens. Avec l'accomplissement des devoirs religieux sont venus les bonnes mœurs, l'abandon des cabarets et par conséquent l'épargne et l'aisance qui la suit.

Une société de Saint-François Xavier a servi de lien aux ouvriers de Mont-Guion. Voy. ASSOCIATION.-Tout a été rendu possible pour augmenter le bien-être de la classe ouvrière à Montluçon, tandis que toute tentative a échoué jusqu'ici à Moulins. — Voy. Ibid. L'absence des sociétés de secours mutuels dans cette dernière ville accroît visiblement les charges du bureau de bienfaisance et de l'hôpital. C'est ainsi qu'en économie sociale tout se tient. Montluçon possède une conférence de Saint-Vincent de Paul; elle est composée de 40 membres actifs et d'un nombre égal de membres honoraires. La cotisation de ces derniers est de 1 fr. par mois; celle des membres actifs (à la quête de chaque séance) est indéterminée. La société dispose de 2,500 fr. et secourt 120 familles. Une Société de dames de la charité en assiste 200. Ses ressources ne s'élèvent pas à moins de 4,000 fr. Les dames se concertent avec la conférence pour éviter les doubles emplois.

Bourbon-l'Archambault, sur une population de 3,000 habitants, ne compte pas moins de 500 nécessiteux. Le pays est sans ressource jusqu'à la saison des bains, et la présence des étrangers ne profite même pas sensiblement à la classe pauvre. L'hospice nourrit, habille et entretient 120 indigents, et dépense dans ce but 2,000 fr. L'Association sous l'invocation de Marie consacre au soulagement d'un nombre indéterminé de pauvres familles, 3,000 fr. environ. Elle reunit de 25 à 30 membres. Elle tire ses ressources d'une cotisation, d'une quête à

On cite, dans l'Allier, la maison de charité fondée, dans la commune de Noyant, par M. Baudon (président général de la société de Saint-Vincent de Paul). La classe pauvre de la contrée y trouve tous les genres d'assistance. Il est digno de remarque que l'infirmerie en est déserte, les indigents des campagnes aimant mieux être soignés chez eux qu'au dehors. Une sœur pharmacienne parcourt les campagnes, moniée sur un âne, escortée d'un certain nombre de jeunes filles de l'école qui fait partie de la fondation, et auxquelles est donnée, entre autres enseignements, la leçon de la charité.

Puy-de-Dôme. Le plus puissant auxiliaire du bureau de bienfaisance à Clermont-Ferrand (voy, BUREAU DE BIENFAISANCE) est l'œuvre des ateliers, fondée par l'évêque du diocèse. Mgr de Clermont a divisé la fondation en cinq ateliers. Ces cinq ateliers sont ies principaux salons de la ville. A Clermont, comme dans beaucoup de grandes villes, les positions sociales se groupent par quartiers. Paris en offre un exemple. Le faubourg SaintGermain et le faubourg Saint-Honoré, la Chaussée-d'Antin, le quartier du Palais-Royal et le Marais ont leur type particulier. On trouverait sans peine dans chacun de ces quartiers un salon central. C'est ainsi qu'il a été créé cinq ateliers de dames sous les auspices de Mgr de Clermont, dans les cinq principaux quartiers de la ville. Afin que l'oeuvre des ateliers ait pour fondement la religion et la charité, dit le règlement, l'association des dames s'établit sous la direction du premier pasteur. A partir du mois de novembre jusqu'au mois de juin, les associées se réunissent une fois la semaine. La séance s'ouvre par une courte prière. A la première séance de novembre, les associées font une offrande de cinq francs. Quinze conseillères sont élues au scrutin, dans une réunion générale. Elles sont renouvelées par tiers. Chaque conseillère n'est rééligible qu'un an après sa sortie. Le burean nomme une présidente, une vice-présidente. une trésorière et une dame secrétaire, dom les fonctions durent trois ans, et qui son indéfiniment rééligibles.

Mgr l'évêque préside quelquefois l'œuvre en personne. Pour connaître les pauvres les plus nécessiteux, le conseil a soin de consulter les curés des paroisses, les supéricures des bureaux de bienfaisance et la

conférence de Saint-Vincent de Paul dont il sera parlé plus loin. Des dames de l'œuvre, désignées par le conseil et choisies dans les divers ateliers, visitent elles-mêmes les pauvres pour les interroger sur leurs besoins, les conseiller et les consoler. Les religieuses des quatre sections du bureau de bienfaisance sont chargées de la distribution des vêtements d'après une liste dressée par l'œuvre. Tous les ans, un compte général est présenté an prélat directeur. Les ressources de l'association se composent 1° du travail des associées; 2° de leurs offrandes personnelles; des dons offerts par des personnes charitables qui veulent bien concourir à l'œuvre; 4 do produit d'une quête annuelle; 5° d'une loterie. Les dames associées forment entre elles une famille particulière unie par les liens de la charité, dit le règlement. Une messe est célébrée à l'ouverture des ateliers et deux autres aux fêtes de la Cor-passion de la sainte Vierge et de Saint-Vincent de Paul, patrons de l'œuvre. Une autre messe et des prières sont dites pour les associées et bienfaiteurs défunts.

Le caractère religieux des œuvres est une partie essentielle de l'histoire de l'époque que nous traversons. Chaque atelier est composé de 30 à 40 dames. Le travail n'est pas limité aux jours de réunion; les dames emportent leur ouvrage chez elles, travaillent à la ville et à la campagne, dans l'intervalle de leurs sessions charitables. L'impulsion donnée à l'association s'est communiquée hors d'elle. Les marchands de la ville livrent au prix de revient ou d'achat, même à prix réduit, les matières premières des confections. L'électricité du bien-faire a été velle qu'une loterie à 2 sous a produit 5,000 franes.

Une œuvre des domestiques a été fondée à l'instar de celle des dames. Celles-ci confectionnent des vêtements neufs; les domestiques se livrent au raccommodage des vêtements qui peuvent encore servir. La cotisation pour elles est de 10 centimes. Nous tenons de la bouche de Monseigneur que, Faprès le compte rendu de 1852, 2,400 pièces de vêtements ou d'objets de literie, roes, pantalons, blouses, chemises, draps, ont été distribuées dans le courant de l'année. Les premiers germes de l'œuvre des ateliers se découvrent en 1845; elle ne réunissait alors que quatre ou cing dames. Le règle ment qui l'organise définitivement appartient à l'année 1832.

La conférence de Saint-Vincent de Paul donne la inain à l'œuvre des vêtements et aux sœurs du bureau de bienfaisance. Son premier compte rendu est de 1845. Elle a pris naissance le 27 mars 1844; ses recettes' s'élèvent la première année à 3,710 francs. Sur cette somme elle a distribué 9,115 kilogrammes de pain bis, 341 kilogrammes de in blanc, 20,000 mottes pour le chauffage, 113 fr. 10 cent. pour le transport d'une famille, 40 francs pour achat de tabliers et de blouses pour les jeunes apprentis patronnés Dar l'œuvre, et la conférence en dehors de

sou budget a distribue une assez grande quantité de vêtements neufs ou vieux; elle commençait avec 15 membres. En 1846, sa recette s'est élevée à 5,523 fr. 25 cent.; elle a dépensé en pain 4,567 fr. 70 cent. En 1847, la caisse a monté à 9,503 fr. 15 cent.; c'était l'année de la disette. le bureau de bienfaisance distribuait à cette époque 4,000 rations de soupes économiques par jour; le bureau et la conférence travaillent dans un même esprit de fraternité, dit le compte rendu. La dépense de la conférence en pain s'élève, en 1847, à plus de 6,000 francs.

En 1850, la recette descend à un peu moins de 6,000 fr. La révolution de 1848 lui avait-elle porté préjudice? l'œuvre des ateliers en se dévelopant avait-elle partagé ses ressources? C'est ce que nous ne saurions décider. La diminution de la recette peut s'expliquer par la diminution des besoins. L'année 1850 n'avait pas autant de misères à secourir que les trois années précédentes durant lesquelles avaient sévi trois fléaux: la disette, la révolution et le choléra. En 1851 et 1852, la recette semble prendre le niveau de 4 à 5,000 francs. Il est distribué aux pauvres, la dernière des deux années, 16,537 kilogrammes de pain bis au prix de 3,062 fr. 55 cent. et 602 kilogrammes de pain blanc ayant coûté 346 francs. Une des dépenses de cette dernière année a consisté à payer la pension de deux enfants à la maison de la Providence des orphelins dont nous allons parler. Le nombre des familles visitées par la conférence est de 300 en hiver et diminue de moitié pendant l'été.

L'œuvre des orphelins dit de la Providence de Saint-Vincent de Paul, commencée couragensement par un jeune artiste qui eut assez de zèle pour se charger à lui seul de quatre pauvres enfants, alla se fondre plus tard dans celle des apprentis de la conférence de Saint-Vincent de Paul. Les fondations de la charité privée, au lieu de s'entre-detruire, s'engendrent et s'entr'aident l'une l'autre, à la condition d'une entente cordiale, qui doit être bien facile dans la pratique de la charité.

Entrée dans une nouvelle phase au mois de février 1851, elle fut mise entre les mains des frères des écoles chrétiennes qu'on retrouve partout. Douze enfants sont installés dans

de la conférence de Saint-Vincent de Paul. Une sœur de la charité entretient à ses frais le onzième, et le dernier est un apprenti carrossier qui gagne 12 francs par mois chez son maître. Les damnes des ateliers se chargent de l'habillement et de la literie; les religieuses de Sainte-Marie, du. raccommodage et du blanchissage. Un négociant, qui a introduit dans le pays une industrie prospère, envoyait 200 kilogrammes de inacaroni à la Providence des orphelins, qui méritait si bien son nom. Le grand séminaire et d'autres établissements y faisaient conduire divers meubles. On recevait un jour deux rouleaux de 100 francs avec cette inscription: priez pour le donateur. Rien de plus

instructif et aussi de plus touchant que de considérer ce secret concours de la Providence à la création des œuvres de l'homme. L'œuvre des orphelins qui commence avec 12 enfants en comptait déjà 80 au mois de juin 1853. Le nombre des frères est aujourd'hui de 7. La tendance de la fondation'était de diriger les enfants dans la voie du travail agricole. Déjà les frères possèdent près de Clermont deux hectares, où 24 orphelins de 12, 13, 14 et 18 ans s'essayent à l'agriculture. Un nouveau fait providentiel vient d'élargir tout à coup l'horizon de la fondation. Une famille riche et de piété éminente met à la disposition des frères un domaine de 100 hectares situé dans la montagne, à 10 lieues de Clermont. Les frères vont y établir une colonie agricole. Les 100 hectares leur sont abandonnés, à titre gratuit, pendant 3 ans ; et à l'expiration de ce temps ils en seront les locataires, moyennant un modeste fermage de 2,000 francs. Le terrain, propre à tous les genres de culture, se prêtera à l'enseignement agricole dont les orphelins ont besoin. L'œuvre n'a pas au delà de 12,000 fr. de revenu, dont une quête de 10,000 francs est presque l'unique élément.

Il existe à Clermont deux autres œuvres d'assistance appartenant au même ordre de secours. Le premier est l'Orphelinat, tenu par les Dames de la Miséridorde, qui réunit 100 jeunes tilles. Le prix de pension d'un certain nombre est payé par des personnes pieuses, la dépense des autres est supportée par les sœurs. La maison recueille accessoirement des jeunes filles sans place; la fondation n'est pas antérieure à 1836. L'autre création est l'OEuvre des lits, grandement intéressante au point de vue du soulagement moral encore plus que matériel des classes souffrantes. La promiscuité des sexes durant la nuit, dans la demeure du pauvre, est une des plus profondes plaies de la misère, dans un temps où les mœurs du peuple ont perdu l'antique pudeur qui en diminuait le danger. L'OEuvre des lits à pour objet spécial la séparation des sexes et des ages. Ce ne sont pas encore toutes les fondations d'une ville où la charité est inépuisable. La Maison de Refuge, créée en 1837 par le curé de la cathédrale, comprend une maison de pénitence, une école de préservation et deux salles d'asiles. L'établissement est divisé en trois sections n'ayant aucune communication entre elles. Nous renvoyons au mot SYSTÈMES PÉNITENTIAIRES ce que nous avons à dire de la section des pénitentes.

La section dite de préservation comprend 66 jeunes filles. La pension de 35 d'entre elles est payée par des personnes charitables au prix de 5, 6, 8, 10, 12 et 15 fr. par mois. On comprend tout ce que ces faibles sommes laissent à la charge de l'œuvre. 24 enfants sont reçus aux frais des sœurs. Ils appartiennent à des familles dont le peu de moralité, aussi bien que l'état nécessiteux, serait pour les jeunes filles un éminent péri. La section de préservation s'appelle la

petite classe. La troisième section est le point extrême de la teinte graduelle de la fondation. Singulier contraste sous le même toit qu'un asile de pénitentes et des salles d'asile; la pure innocence qui ignore jusqu'au nom du mal, et le repentir après la chute. La charité est une comme elle est universelle. L'une des salles d'asile, celle des filles, compte 12 enfants, et 50 celle des garçons. La maison est gouvernée dans son ensemble par 15 religieuses et 2 converses de l'ordre de Saint-Joseph, dit du Bon-Pasteur de Clermont. Deux des religieuses du Refuge sont rétribuées par la charité privée. Le département attribue 1,000 fr. à l'œuvre, et l'Etat ordinairement 500 fr. On s'étonne de ne pas trouver parmi les donataires la commune à qui il échoirait tout naturellement de faire les frais des deux salles d'asile.

Une élève aveugle de feu Braille, Mile Jalicon, nous a vivement prié de visiter un établissement qu'elle a fondé dans le village de Chamailières, à 1 kilomètre de Cler mont. Nous avions omis d'en parler au mot AVEUGLES. C'est une élève distinguée de l'institution des Jeunes aveugles de Paris, où elle était entrée en 1831 et d'où elle sortit en 1839. Feu Braille l'a portée dans son testament parmi ses légataires. Mile Jalicon est admirable de vertu autant que remarquable d'intelligence et d'instruction. Tous ses efforts n'ont réussi jusqu'à présent qu'à réunir 4 élèves. L'une d'elles appartient à la classe aisée de la société. Elle lui a donné un enseignement varié dont celle-ci profite. Elle sait parfaitement la géographie, calcule à merveille et fait des bourses dans la perfection. Mlle Jalicon l'a mise en état de faire sa première communion à dix ans, tant son instruction religieuse à cet âge était déjà complète. Une jeune fille du canton de Besse, née au contraire dans une condition infime, livrée à elle-même, privée de toute culture intellectuelle, semblait condamnée pour sa vie à l'idiotisme. Mlle Jalicon l'en a fait sortir. La santé physique s'est ranimée au souffle pour ainsi dire de la pensée. Le sang, comme glacé dans les veines de l'enfant, a circulé librement. Aujourd'hui, ainsi que nous avons pu nous en convaincre, l'idiote d'hier lit, écrit et tricote; elle suit l'office à l'église et ses journées sont remplies. La troisième aveugle lit assez bien; la plus jeune commence à épeler. Nous avons vu des couvrepieds en tricots et d'autres ouvrages de inême nature, fruit du travail des enfants. La preuve est acquise que Mile Jalicon est une excellente institutrice d'aveugles; elle a le bonheur d'avoir quelques ressources personnelles qui suffisent à la modestie de sa vie. Si elle était plus riche, elle consacrerait volontiers une partie de son revenu à communiquer à d'autres l'enseignement qui l'a rendue si heureuse. Elle est secondée dans son œuvre par sa mère, jeune encore, et qui nous disait que, pour apprendre à lire ou à travailler aux éléves, elle était obligée de fermer les yeux, tant il est dans la nature de l'éducation des aven

gles d'être communiquée par ceux qui ont traversé les mêmes milieux d'ignorance et de tâtonnements. Des quatre élèves, une seule paye pension; le département donne 300 fr. pour les trois autres, et Mlle Jalicon est parvenue à obtenir 26 fr. par mois des parents ou de la charité privée pour les trois autres, ce qui porte à 204 fr. le prix de pension de chacune. La maison occupée par Mlle Jalicon pourrait contenir 8 élèves de plus. Deux enfants aveugles, que l'institutrice ne peut recevoir faute de ressources, sollicitaient leur admission au moment de notre visite.

Les sociétés de secours mutuels, cette forme réputée si excellente des institutions préventives de la misère par tout pays, sont jugées défavorablement dans le Puy-deDome. On considère dans ce département les associations comme une cause de dangers plus ou moins prochains. L'opinion pu blique s'en effraye. Les mauvaises passions éclateraient, dit-on, parmi elles, si une direction leur était imprimée, si la crainte de la répression et de la surveillance de l'autorité ne les contenait. On compte à Clermont-Ferrand cinq sociétés de secours mutuels, dont une, la Fraternelle, réunit tous les corps d'état; les quatre autres sont formées des ouvriers maçons, cordonniers, tailleurs d'habits et typographes. Voy. Asso

CIATION.

A Riom, la charité privée s'est mise à peu près exclusivement au service du bureau de bienfaisance.

Issoire possède une OEuvre de la miséricorde et une Conférence de Saint-Vincent de Paul. La première des deux fondations parait s'être inspirée de celle des ateliers de Clermont. Elle procure aux pauvres des vêtements et des objets de literie. Ses ressources montent à 1,800 fr., produit d'une cotisation de 200 dames, à 5 fr. par an, et J'une quête de 7 à 800 fr. Une grande partie de la recette sert à habiller les enfants de la remière communion. Une conférence de Saint-Vincent de Paul, dans la même ville, réunit 60 membres, dont 30 actifs. Elle dispose de 7 à 800 r.; 30 familles sont secourues. Le placement des enfants en apprentissage est une de ses œuvres. Le curé d'Isscire, membre à la fois du bureau de bienfaisance et de cette dernière société, sert de hen aux deux fondations, et parmi les membres de la conférence on trouve le souspréfel. La jeune femme de ce magistrat est l'âme de l'OEuvre de la miséricorde, dont les distributions sont opérées par les religieuses du bureau de bienfaisance. Ces associations de forces charitables rendent tout possible et tout facile. Des efforts sont tentés à Thiers pour fender une société de secours mutuels sur la solide base d'une donation de 140,000 fr. destinée à cet objet. Le bureau de bienfaisauce concentre aujourd'hui tous les secours. La petite ville de Billom compte deux associations, une du Bon-Secours, l'autre de la Providence. La dernière visite les pauvres et leur donne du pain,

[ocr errors]

Elle procure aux jeunes filles l'enseignement professionnel dans un pensionnat tenu par les Sœurs de la miséricorde, où les enfants de la ville sont reçus gratuitement. Les pensionnaires étrangers à la ville payent pension, ce qui crée une ressource. L'OEuvre du bon secours semble encore une inspiration de l'œuvre des ateliers de Clermont, élle distribue surtout des vêtements. 250 familles sont assistées sur une population de 4,000 âmes, au sein de laquelle il n'y a pas, dit-on, de misère qui ne soit secourue. FRANCE DU NORD. Nord. Un écrivain de la Revue des Deux-Mondes, M. Audiganne, jette un coup d'œil sur la charité privée à Lille; nous le laissons parler. La Conférence de Saint-Vincent de Paul arrive aux masses populaires par la charité; elle visite les familles pauvres et distribue des secours, soit en nature, soit en argent; en adoucissant les rigueurs de la misère, elle tend à pacifier les cœurs et à resserrer les liens si réels, bien que souvent contestés de nos jours, qui unissent les différentes classes sociales. Oui, le président de cette société avait raison de le dire, il y a quelques mois, dans une circonstance solennelle: l'accomplissement d'une pareille tâche réclame cette éternelle jeunesse du cœur, toujours ardente, toujours infatigable, et co dévoument ignoré et furtif qui puise en lui-même sa récompense. L'enseignement chrétien, tel est le but principal de la société de Saint-François Xavier. Les réunions qui ont lieu le dimanche soir comprennent de exercices pieux et des instructions sur des sujets relatifs à la religion ou à la morale religieuse. Ces conférences s'adressent aux ouvriers, mais un assez petit nombre en profite. Le personnel de la société, qui s'est en partie renouvelé dans le cours de quelques années, demeure aujourd'hui à peu près stationnaire. Le bien que produit la Société de Saint-François-Régis est malheureusement le signe d'un désordre incontestable dans la vie de la population laborieuse. Quoique les chefs d'établissement (on doit le dire à leur honneur) se préoccupent de plus en plus de la dignité morale de l'ouvrier, le rapprochement des âges et des sexes devient trop souvent la source d'une précoce altération des mœurs. Oui, les ateliers sont bien tenus; oui, la discipline y est irréprochable; mais, quand le seuil de la fabrique est franchi, qui peut prévenir les conséquences des relations qui s'y sont formées ? Il en résulte de fréquents concubinages et un grand nombre de naissances illégitimes. La société de Saint-FrançoisRégis, depuis une dizaine d'années, est intervenue dans plus de 2,400 mariages, et elle a procuré la légitimation de plus de 800 enfants, La loi récente, qui accorde en pareil cas aux indigents la remise des droits de timbre et d'enregistrement, sera pour elle d'un utile secours. Bien placés pour juger du mérite de cette œuvre, les conseils municipaux de Lille et de Wazemmes l'ont inscrite au budget communal. Une associa

« PreviousContinue »