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tion qui agit aussi largement sur la constitation de la famille parmi les classes ouvrières n'appartient plus seulement au domaine de la charité chrétienne, elle devient une institution sociale; mais la pensée religieuse répand sur elle un caractère de désintéressement et de bienveillance qui la rehausse et la féconde.

L'OEuvre des apprentis prend les fils des ouvriers, au moment où ils sortent de l'école; elle les place en apprentissage et s'applique à les préparer à la vie réelle, dans Jaquelle ils vont bientôt avoir un rang à tenir. Dans les réunions du soir, des instructions religieuses auxquelles on a heureusement mêlé le chant des cantiques, tendent à soutenir et à développer le sens moral. Inaugurée au mois de novembre 1849, cette institution a été parfaitement accueillie par les classes laborieuses. De 130, le nombre des jeunes ouvriers patronnés s'est bientôt élevé à 200, et le local primitif est devenu trop étroit. En s'appliquant à un âge où les impressions reçues se gravent si profondément dans le cœur, une tutelle bienveillante et éclairée peut obtenir des résultats qu'il serait presque impossible d'espérer plus tard. Il n'y a pas plus de bons citoyens sans une éducation morale, que de citoyens utiles saus une instruction spéciale. Réunir à l'apprentissage d'un métier un enseigne ment propre à élever l'âme, c'est agirà la fois selon l'intérêt de chaque individu, et selon l'intérêt de la société tout entière.

Le socialisme de son côté, on s'y attend bien, s'efforce d'exploiter l'esprit d'associa tion si naturel à la population filloise. Il a cherché à s'infiltrer dans toutes les réunions formées en dehors de la pensée religieuse. En fait d'associations de cette seconde espèce, dont les mouvements méritent à coup sûr l'étude la plus attentive, nous trouvons à Lille la société dite de l'Humanité, des sociétés de secours mutuels, des sociétés chantantes, et enfin les cercles des cabarets. Quels résultats le socialisme a-t-il obtenus sur ce terrain, où il ne rencontrait pas la digue impénétrable du sentiment chrétien? Où en est-il aujourd'hui dans ses rapports avec la population?

Dunkerque. Les salles d'asile, une des fondations les plus approuvées de la classe indigente à Dunkerque, sont dues à la charité privée. Elles existaient depuis près de dix ans quand la commune a apporté son contingent dans leur dépense. Les frais de remier établissement sont couverts par des bals, des concerts et des souscriptions qui produisent en deux ans à peu près 15,000 fr. Peu à peu les libéralités de la ville s'élèvent à 2,000 fr., ce qui forme aujourd'hui plus de la moitié de la dépense. La contribution de la charité privée n'est plus que de 1,639 fr. 52 c. en 1854; mais de 1835 à 1854, elle a produit 55,940 fr. 30 c., quand l'apport de la commune n'a été au total que de 20,500 fr. En vingt ans, les subventions départementales ne donnent que 1,800 fr. Une inain incounue verse depuis quinze ans,

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chez un notaire, une somme de 600 fr., destinée à l'achat de vêtements pour les enfants. Les salles d'asile, au nombre de 2, reçoivent de 4 à 500 enfants, et ne coûtent pas au delà de 3,200 fr. de dépenses fixes. Elles sont patronnées par 24 dames inspectrices, formant un comité pour chaque salle. Les écoles gratuites des frères dès écoles chrétiennes s'ouvrent à 1,100 garçons pour une population de 24,600 habitants. Les écoles d'adultes, qui se tiennent de 7 à 9 heures du soir, réunissent 420 élèves. Les filles, au nombre de 900, sont enseignées gratuitement par des sœurs de la Providence.

Deux jeunes personnes ont fondé, en février 1848, la maison des Orphelines, qui en élève aujourd'hui 36, de 3 à 18 ans. La charité privée y place des enfants au bas prix de 200 francs par an.

Les pauvres sont secourus à domicile, en dehors du bureau de bienfaisance, par une association fondée en 1828. 200 souscrip teurs lui assurent une somme de 9,000 fr., qui assiste de 1,800 à 2,000 indigents. Quatre sœurs de l'Enfant-Jésus visitent les malades, accompagnées des administrateurs de l'œuvre. Dans l'institution résident en outre 6 sœurs du même ordre, qui remplissent les fonctions de gardes-malade à domicile, moyennant une certaine rétribution. Mais là ne se bornent pas les œuvres de la charité privée. La maison des Orphelines fournit un local à environ 30 dames ou demoiselles se réunissant une fois la semaine pour travailler soit à des layettes, soit aux vêtements des pauvres, dont ces dames fournissent la matière première. Les diverses œuvres sont soutenues par l'association de Notre-Dame des Dunes, moyennant une souscription de 10 fr. par an. L'association procure aussi à la ville des secours spirituels. Elle y a appelé 3 frères rédemptoristes qui s'occupent de prédication. Il nous reste à parler des sociétés de Saint-Vincent de Paul, de Saint-François Régis, de SaintJoseph et d'une société de Saint-Vincent de Paul de dames.

La conférence de Saint-Vincent de Paul, fondée en 1850 seulement, compte aujourd'hui 41 membres actifs, 30 membres honoraires et un même nombre de souscripteurs. Elle visite 90 familles. Elle a dépensé en 1853, 5,000 fr. La conférence a un vestiaire approvisionné par ses membres. Elle patronne les militaires, près de 80 ouvriers et 150 enfants. Les dames du même nom, au nombre de 150, visitent les pauvres comme la conférence; font des distributions de soupe, de pain, de couvertures; elles veillent au placement des enfants en apprentissage. C'est, en tout point, une société de Saint-Vincent de Paul féminine. Une loterie, qui a lieu tous les deux ans, est une des resSources de l'œuvre. La société de SaintFrançois Régis réhabilite annuellement 50 mariages et légitime autant d'enfants; ses dépenses s'élèvent de 7 à 800 fr.; elle s'applique en partie à la constatation des

décès des marins. La société dé Saint-Joseph, fondée en 1848, se propose la moralisation des classes laborienses, en leur. offrant des récréations honnêtes. Elle compte 314 sociétaires à 50 c. par mois; sa dépense est de 2,000 fr.

Des jeunes gens, au nombre de 29, ont fondé une société dramatique dont le produit est affecté à la charité, particulièrement aux salles d'asile et à l'extinction de la mendicité. Une Société humaine a été fondée en 1834, pour secourir les naufragés; elle donne des médailles aux marius. La ville possède en outre des sociétés de secours mutuels. Voy. ASSOCIATION.

Pas-de-Calais. Le département du Pas-de-Calais est une des contrées de la France où la charité privée se produit plus ardente et plus parfaitement chrétienne. Nous commencerous par Arras. Le Patronage des enfants, de M. l'abbé Halluin, se relie en un point à la maison de Refuge dont nous parlerons au mot MENDICITÉ. Ce que le Refuge fait pour les adultes, M. l'abbé Halfuin l'a entrepris pour les jeunes mendiants. I ramasse sur la voie publique, si on peut le dire, tout enfant du sexe masulin qui y vagabonde. Il le tire de la mendicité, il fait plus, il le moralise et lui donne un état. La maison de Saint-Charles, dont nous allons parler, en faisant autant pour les filles, la mendicité n'a plus de motifs, et les tribunaux peuvent condamner les mendiants sans scrupule. L'abbé Halluin a loué d'abord, puis acheté une ancienne fabrique où il loge, nourrit et entretient 73 enfants. Il les recueille dès l'âge de 11 à 18 ans ; il il leur fait lui-même l'école le matin, de 5 36 heures, et leur donne l'instruction religiense le soir; tout le reste de leur temps peut être laissé à des maîtres de toutes les professions chez lesquels il place les enfants en apprentissage. Il les mène aux offices le dimanche. Ceux qui se conduisent bien mangent à la table du directeur: c'est un stiroulant puissant; chacun aspire à cet honneur. Des bienfaiteurs s'entremettent pour confier à l'abbé Halluin des enfants qu'ils veulent protéger. Le directeur reçoit tantôt 10 fr., tantôt 5 fr. par mois. Quelquefois il est obligé de payer des indemnités aux parents pour qu'ils lui abandonnent leurs enfints. L'établissement ne compte que 5 à 6 ans d'existence. L'abbé Halluin ne lui donne pas seulement ses soins, il y consacre sa petite fortune; la ville et le département lui accordent une subvention. Ses dépenses Content à environ 15,000 fr.

Saint-Charles. La maison de Saint-Charles pour les filles la même chose que le Patronage est pour les garçons; seulement on He reçoit à Saint-Charles que les jeunes Giles qui trouvent des protecteurs payant leur pension à raison de 13 francs par mois, travail déduit. Ce que ne fait pas la bienfaisance privée, la municipalité peut le réaliser, et le département, daus l'intérêt de l'exnction de la mendicité, intérêt de sa na

DICTIONN. D'ECONOMIE CHARITABLE.

ture départemental, devrait s'y employer également. Expliquons que les jeunes filles, au lieu d'aller en apprentissage dans la ville, apprennent un métier dans la maison. Leur nombre est de 68; leur âge de 6 à 14 ans. La maison est tenue par des sœurs de SaintVincent de Paul. Elle a été fondée par M. l'abbé Lallart, et elle a pour directeur l'évêque d'Arras.

La Sainte-Famille est dans la même voic. Elle s'appuie sur un pensionnat de 40 élèves, au prix modique de 12 fr. par mois ; les externes, au nombre de 160, sont reçues gratuitement. L'enseignement professionnel y est pratiqué en grand. Le prix de la pension diminue à proportion du travail; la pension payée, on compose aux jeunes filles un pécule de ce qu'elles gagnent; elles sont reçues dès l'âge de 6 ans. Le matin est consacré à l'enseignement primaire, le reste de la journée aux travaux professionnels. Les grandes se livrent à ces travaux toute la journée; l'industrie de la dentelle occupe une grande place dans la maison. Elle est dirigée par 6 religieuses de la SainteFamille, qui se sont adjointes une sous-maîtresse dentelière.

La société maternelle d'Arras a des liens étroits avec le bureau de bienfaisance. Les sœurs de Saint-Vincent de Paul, qui l'administrent, sont rétribuées par ce bureau. La société compte 24 dames, dites inspectrices; à la tête sont placées une présidente et une vice-présidente, une trésorière et une dame secrétaire. Les souscriptions donnent de 6 à 7,000 fr. ; 230 femmes en couche Sort secourues,

Autrefois il était dépensé de 5 à 600 fr. en mois de nourrices; le défaut de fonds a forcé de supprimer cette dépense. La pénurie de la société a mis le bureau de bienfaisance dans la nécessité de fournir du bouillon et du charbon à 200 accouchées. On ne peut donuer à la moitié des mères assistées que des layettes. Une somme de 1,500 francs est employée au profit de l'autre moitié, en secours accessoires, tels que pain, charbon, literie. Le prix d'une layette est de 15 fr.; le second vêtement est donné au cinquième mois; le troisième à un an, Les layettes sont confectionnées dans l'ouvroir créé par les sœurs; il arrive que les jeunes filles de l'ouvroir font les trousseaux de leurs propres frères et sœurs. L'ouvroir ne réunit pas moins de 350 enfants. La maison de charité dont la société maternelle n'est que l'accessoire, est un très-bel établissement. Les accouchées secourues pår la société maternelle ne forment pas le vingtième de celles qui auraient besoin d'assistance, à ce que nous a assuré la supérieure des sœurs de la charité. Une société maternelle, régulièrement organisée et aidée par le budget de l'Etat, serait nécessaire à Arras.

La conférence de Saint-Vincent de Paul s'adonne surtout au patronage des enfants, à partir de leur première communion. Le III.

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RECETTES.

Souscriptions annuelles des membres actifs, des membres affiliés et des bienfaiteurs de l'œuvre.

Produit de deux sermons de charité. Quêtes des séances hebdomadaires. Secours accordés par le gouvernement de 3 à

nombre des patronnés est aujourd'hui de 200; la conférence leur attribue soit un pain de 3 livres par semaine, soit l'équivalent en objets d'habillement. Elle accorde de plus un pain par semaine à 25 familles. Les patronnés sont conduits à l'office le dimanche par les membres de la conférence qui leur donnent l'instruction religieuse. La conférence ne borne pas là ses œuvres : elle tient tous les soirs une école de soldats, de concert avec les frères des Ecoles chrétiennes; un inspecteur de l'université y fait un cours de mathématiques. Dans une garnison de 2,500 hommes, elle a exercé son action sur 300 soldats; en même temps un régiment (le 9 léger), profitant des bons principes qu'il avait recueillis à Arras, a tiré de son propre sein les éléments d'une école du soir qu'il a fondée à Sedan.

L'OEuvre de Saint-François-Régis est un des rameaux de la conférence de Saint-Vincent de Paul; elle a déjà converti en mariages 25 unions illégitimes. Ce serait le lieu de parler de la maison du Bon-Pasteur d'Arras, mais nous remettons à le faire au mot SYSTÈMES PÉNITENTIAIRES, à propos des repenties.

St-Omer. Les œuvres privées à St-Omer consistent principalement en trois sociétés maternelles, une par paroisse, une conférence de Saint-Vincent de Paul et une société de Marie. Les sociétés maternelles vivent d'une souscription, d'une quête et d'une lo

terie. Elles sont formées toutes trois sur le même modèle, disposent d'à peu près la même somme et secourent environ le même nombre de personnes. Il nous suffira de dire, d'après cela, que la société de la paroisse Saint-Denis assiste annuellement environ 70 femmes en couches, entre lesquelles est partagée une somme de 1,000 à 1,200 fr. Les dames confectionnent les layettes dont les sœurs de Charité font la distribution dans le local même du dispensaire du bureau de bienfaisance.

La conférence de Saint-Vincent de Paul remonte à 1843. Elle est composée de 36 membres et dépense environ 6,000 fr. Des bienfaiteurs sont annexés aux membres actifs; deux sermons de charité forment une des ressources de l'œuvre. Elle se propose spécialement le patronage des jeunes garcons. Ses patronnés sont au nombre de 80. Dix centimes sont accordés aux familles, par semaine, en pain ou en vêtements. La conférence paye 1.200 fr. aux frères des Ecoles chrétiennes, pour tenir une classe du soir. Les enfants sont conduits à l'église le dimanche par un membre de la conférence; ce touchant devoir est rempli à tour de rôle. Les enfants se livrent à toutes sortes de jeux dans une maison louée à cet effet. Une des œuvres de la conférence consiste dans l'entretien de deux bibliothèques où les enfants peuvent s'amuser et s'instruire. La recette et la dépense donnent les résultats suivants, d'après un compte d'une des précédentes années que j'ai sous les yeux;

DÉPENSES.

CEuvre des bons livres.
Ecole du soir.
OEuvre du patronage.

Récréations, distribution de prix et loteries, primes payées aux enfants qui versent des fonds à la caisse d'épargnes, frais d'impressions, location de la maison de patronage, etc.

4,043 05

862 25 314 97

800 6,020 27

480 40

1,200

2,065

4,856 58

5,784 50

L'énoncé des dépenses révèle toute l'économie de la conférence.

La Société de Marie est le pendant ou plutôt le complément de la conférence de Saint-Vincent de Paul. Le nombre de ses patronnées est aussi de 80. Elle conduit auss les jeunes filles à l'église le dimanche. Se ressources sont à peu près les mêmes que celles de la conférence. Une pareille entei de la charité n'a pas besoin d'éloges.

Nous trouvons dans un des comptes-ren dus de la conférence de Saint-Vincent lation générale, à Saint-Omer, dans la pro Paul, que la population pauvre est à la popu portion de 1 sur 31

Calais. Une société de dames connue sous le nom de Dames de l'OEuvre, comin pour dire l'œuvre par excellence, réunit 3 personnes. Elles se cotisent entre elles, for des quêtes et donnent un concert. Elles com plètent environ 3,000 fr. Elles visitent l pauvres, leur procurent des secours de to nature, et notamment dégagent leurs effet du mont-de-piété. Voy. CLASSES SOUFFRAN TES, Population maritime.

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Boulogne. La contagion du mal est b lancée de nos jours par l'émulation du bien on en trouve la preuve à chaque pas dans département du Pas-de-Calais, et cette preuv est plus éclatante encore à Boulogne qu partout ailleurs. L'émulation se communiq de la charité religieuse à la charité prive de la charité privée à la charité publiqu Le nom du président de la conférence Saint-Vincent de Paul rayonne, pour air parler, sur toutes les œuvres; c'est à 1: qu'on renvoie ceux qui s'occupent de ch rité; mais lui-même reporte avec modest l'admiration qu'il inspire sur un employé la ville qui refuse des appointements dou bles ou triples des siens, par le motif qu autre emploi lui enlèverait la moitié temps qu'il consacre aux classes souffrant Cet employé destine 5,000 fr. à fonder u maison d'orphelins sur le modèle de ce de l'abbé Halluin, d'Arras. On dit beauco à Boulogne qu'il y a antagonisme entre œuvres; nous nous sommes convaincu contraire. La seule concurrence qui se fas remarquer, c'est celle qui existe entre les s

cours de la basse ville et ceux de la haute ville. Mais cela tient à ce que, matériellement, ce sont deux villes juxtaposées, plutôt qu'une même cité: On s'exagère également la démoralisation de la classe du peuple-Voy. CLASSES SOUFFRANTES; - celle des marins, si corrompue naguère à Calais-voy. ibid..-conserve à Boulogne beaucoup de son caractère antique. Les secours mutuels ont à peine besoin d'y être organisés, tant ils sont dans les mœurs. Il suffira de dire que trois cents orphelins, enfants de marins, ont été adoptés par les familles des confrères. Il est prélevé sur les bénéfices des marées une part pour les venves et pour leurs enfants. Des secours sont aussi donnés. par des confrères aux femmes des marins dans la gêne pendant que leurs maris sont à bord. Le marin, en général, croit de sa dignité de recourir le moins possible à la charité publique ou privée.

Les membres de la conférence de SaintVincent de Paul donnent la main au bureau de bienfaisance. C'est parmi eux que la commission administrative de ce bureau choisit ses auxiliaires les plus dévoués; c'est à eux qu'elle confie ses missions les plus délicates. Y a-t-il des orphelins à pourvoir d'un asile ou à encourager, des soins à donner aux vieillards, dans leur propre famille, le bureau et la conférence assoient leurs efforts pour y parvenir. Lors de l'invasion du choléra l'administration municipale n'hésita pas à charger la conférence de la direction et de Texécution des mesures à prendre pour en préserver la population indigente. Enfin l'Union de Notre-Dame, dont nous parlerons tout à l'heure, communique la liste de ses pauvres à la conférence de Saint-Vincent de Paul,

de femmes chargées d'enfantsqu'on a érigée en corps de métier, et qu'on trouve nioyen d'investir du monopole du transport à domicile des malles et paquets des voyageurs (par mer), qui forment presque la moitié de la population de Boulogne pendant une partie de l'année.

Les œuvres capitales de la charité privée sont dans la basse ville, la société de l'Union de Notre-Dame, dans la haute ville, les Dames des pauvres, et la confrérie de Saint-Vincent de Paul qui embrasse la haute et la basse ville, et dont les sociétés de Saint-François Xavier et Saint-François-Régis sont deux ramifications. Nous ne devons pas oublier la société des Dames des salles d'asile, remplissant la mission si utile de distribuer des vêtements aux enfants qui fréquentent ees écoles.

La société de l'Union de Notre-Dame est composée de 30 dames. Quelques Anglaises en font partie pendant l'été. Elle se livre, dans la paroisse Saint-Nicolas, à des œuvres analogues à celles de la conférence de SaintVincent de Paul. Elle place les jeunes filles qu'elle parvient à retirer du vice dans la maison du Bon Pasteur de Saint-Omer. Nous devons à la présidente de cette société, Mme Cailleau, qui en est l'âme, l'observation que la réhabilitation des jeunes filles égarées est plus facile loin des villes où elles se sont abandonnées à la débauche que dans ces villes mêmes. La société place ou fait placer dans les institutions qui les concernent des aveugles et des sourds-muets.

Les Dames des pauvres de la haute ville sont présidées par le curé. Les quêtes donnent environ 8,000 fr. L'abondance des secours est telle que la conférence de SaintVincent de Paul n'a presque rien à y ajouter et peut replier presque toutes ses forces sur la basse ville.

Nous passerons rapidement en revue les autres fondations privées. Les sœurs de la La conférence se propose avant tout la Charité ont trouvé moyen de créer à leurs moralisation des familles; elle donne aussi frais un orphelinat dans le dispensaire du une grande partie de ses soins au patronage bureau de bienfaisance qu'elles desservent, des enfants. Elle réunit 60 membres et asmalgré l'exiguïté du local. Une œuvre dite siste près de 200 familles, formant une pode layettes est établie dans la même mai- pulation d'environ 1,200 personnes ; les fason. Le bureau de bienfaisance lui vient en milles sont le plus souvent de 8 membres, aide en mettant à la disposition des sœurs mais il n'est pas rare d'y trouver 6, 8 et une somme de 600 francs qu'elles emploient 10 enfants, quelquefois un plus grand en sucre, en confitures, etc., distribués aux nombre. Ce sont les pêcheurs qui donnent accouchées. C'est le commencement d'une ces chiffres élevés. La conférence dispose société maternelle. Dans le même ordre d'environ 8,000 fr. Elle distribue du pain. de secours que l'orphelinat des sœurs, une des vêtements et des objets de literie. Son demoiselle Sabine élève de 18 à 20 jeunes patronage s'applique à tous les enfants des tilles dans une maison qu'elle a payéé enfainilles visitées. Elle les place en apprenviron 20,000 fr. Or la demoiselle Sabine n'a tissage et les conduit aux offices les dimand'autre ressource propre que l'inspiration ches et fêtes. Des bons points sont donnés de son zèle. Un ouvroir et une école ont été aux enfants qui se conduisent bien. Ils en fontés par les religieuses de Saint-Joseph. gagnent 5 à 6 par semaine. Un bon point Ene association de. jeunes gens se dévoue à représente 10 centimes. Les mauvais points soulager spécialement des vieillards. On re- sont portés en compte comme les bons, et grette l'absence d'une maison du Bon-Pas-on fait la balance à la fin de l'année. La Leur et d'un orphelinat à l'instar de celui de l'abbé Halluin, d'Arras.

Une création tout à la fois neuve et locale a fourui des moyens d'existence à de nombreuses familles, l'OEuvre des paquebots. C'est une association de femmes veuves et

somme tinale des bons points est productive d'intérêts. Les enfants ne sont pas seulement patronnés, ils sont enseignés dans une classe du soir, où on leur donne l'instruction religieuse, qui se continue le dimanche. L'enseignement se partage, conme à

Saint-Omer, entre les frères des Ecoles chrétiennes et les confrères de la conférence, mais il porte surtout parmi ceux-ci sur l'employé (M. Flour, jeune homme de trente ans), dont il a été parlé plus haut. Un choix très-sérieux préside au placement des enfants en apprentissage; on ne les confie qu'à des artisans honnêtes, auxquels on alloue pour inderanité de nourriture, 8 On 10 livres de pain par semaine. Les enfants, à la fin de leur apprentissage, entrent dans la société de Saint-François-Xavier. De cette façon, le patronage les conduit jusqu'à leur majorité. La conférence se livre aussi à l'instruction des soldats de la garnison; elle en a réuni jusqu'à 80 dans une école spéciale. Enfin elle a créé une œuvre des loyers; les petits versements qu'y font les familles indigentes leurs procurent 10 pour cent par trimestre, soit 40 pour cent l'an. Nous n'avons pu rendre dans cette rapide esquisse la vive impression qu'ont excitée en nous les élans de charité du département du Pas-de-Calais. Nous nous bornons à mentionner en courant la conférence de SaintVincent de Paul fondée à Montreuil. Elle dispose de 2.000 fr., réunit 50 enfants le dimanche, en hiver, et tient une école du soir. Parallèlement à la conférence, la même ville a créé une OEuvre de Marie pour les jeunes filles. Les plus sages, à leur sortie des écoles, reçoivent la dénomination de prétendantes et sont gratifiées de 6 livres de pain par mois, ou de quelque autre don analogue. Des instructions ont lieu le dimanche et le jeudi. On voit des jeunes filles déjà placées s'y montrer assidues. L'attrait du secours entraîne les parents vers l'œuvre. Pendant les vacances des écoles, de jeunes filles fréquentent l'ouvroir de Marie, et c'est encore un postulat. La société se compose de demoiselles, membres actifs, et de dames honoraires. Elle s'alimente de quêtes à domicile qui donnent 3,000 fr. environ. Le produit de l'ouvroir sert à en payer les frais. Les jeunes filles qui le fréquentent prennent leur repas chez elles. La charité paroissiale est très-féconde en secours. I existe aussi à Hesdin une OEuvre de Marie où l'on donne l'instruction le jeudi et le samedi, et qui réunit les jeunes filles le dimanche. Une société de dames, dite de SaintVincent de Paul, composée de 18 membres, et dont la cotisation est de 25 fr., visite et assiste les pauvres à domicile à l'exemple des conférences qui portent le même nom. Nous croyons avoir justifié ce que nous avancions plus haut, que s'il y eut de nos jours contagion du mal, l'émulation du bien contribue avec une ardeur qui, espérons-le, sera la plus forte, à neutraliser les effets de celte contagion.

Meuse. Le département de la Meuse compte peu d'œuvres privées de bienfaisance; celles qui existent sont presque toutes de création récente.

Bar-le-Duc. Cette ville possède une conférence de Saint-Vincent de Paul et de Saint-François-Regis; un ouvroir de dames,

association analogue à celles qui portent d'habitude le nom de Société maternelle, et une OEuvre paroissiale dite de l'abbé Barry.

La conférence de Saint-Vincent de Paul, fondée en 1846, compte aujourd'hui 12 membres actifs et visiteurs; le nombre des personnes qui ont adhéré et aidé à l'OEuvre par leurs offrandes a toujours été très-variable. Ses principales ressources consistent, outre les cotisations des membres et les souscriptions des adhérents, dans le produit d'une quête le jour de la fête patro male et d'une loterie, quand l'autorisation peut en être obtenue. Ces ressources n'ont jamais dépassé 2,000 fr. par an. Quand elle a pu, elle a secouru jusqu'à 60 familles à la fois, choisissant de préférence celles que des accidents momentanés et de nombreux enfants mettent dans une position difficile. Son action s'est ralentie depuis deux ans (écrit en 1850), il ne lui a guère été possible de s'occuper que d'une vingtaine de familles; il a cependant été fourni da linge et des lits à un plus grand nombre. La conférence n'a jamais cessé de joindre, à ses aumônes à domicile, l'OEuvre de SaintFrançois-Régis: sous ce rapport, elle a rendu et rend chaque jour de nombreux et consolants services. L'ouvroir des dames de Bar a été fondé en août 1843, à l'imitation d'une œuvre semblable organisée à Saint-Mihiel quelques mois auparavant. Mmes d'Arros, Collin-Parisot, Paillot-Janson, etc., en son les premières fondatrices. Cette association a pour objet de fournir, confectionner ou faire confectionner des vêtements destinés aux familles indigentes. Sont dames foncatrices toutes celles qui s'engagent à soutenir l'OEuvre par une cotisation annuelle de 5 fr., et sont membres de l'ouvroir celles qui voudront bien y coopérer par leur propre travail pour les pauvres. Les dames associées sont au nombre de 120; elles élsent chaque anuée un conseil composé de 6 membres, et un bureau formé d'une dame directrice, d'une secrétaire, d'une trésorière et d'une magasinière. L'association se réu nit deux fois par mois pour le travail e commun; la dame directrice répartit la be sogne. Le bureau, assisté de deux conseil lères au moins et d'une des sœurs attachée au bureau de bienfaisance, laquelle en fa partie de droit, se réunit deux fois le mois arrête l'état des secours à distribuer et liste des indigents à secourir. Les ressour ces de l'ouvroir consistent dans la cotisation des associées et dans le produit de quêtes e nature autorisées par le bureau de bienfai sance. Depuis 1849, le bureau de bienfa sance vient en aide à l'ouvroir par des all cations qui le mettent en mesure d'élargir l cercle de ses bienfaits. Une somme de 300 a été versée dans ce but en 1849. Ces ressour ces sont employées à acheter des étoffes e les fournitures indispensables, et à rétribue quelques ouvrières âgées, ou sans ouvrage employées par l'ouvroir.

Voici les objets donnés pendant l'ann 1848-1849. Layettes composées de 14 pièces

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