Page images
PDF
EPUB

leurs modestes et pieuses fonctions, avec l'agrément des diverses administrations qui dirigent ces établissements, y laissent de bons livres à ceux qui ont le temps et la force de se distraire par de bonnes lectures, et répandent ainsi de précieuses semences dans les cœurs des malheureux.

Les Hospitaliers sont divisés en membres actifs et en membres honoraires. Les membres actifs sont ceux qui se livrent aux œeuvres charitables de la société ; les membres honoraires contribuent, par des aumônes pécuniaires plus abondantes, aux œuvres de leurs confrères. Chaque colonne contient un certain nombre de membres honoraires; ils sont plus spécialement chargés, dans les réunions, de faire les lectures et les instructions religieuses.

Les Hospitaliers se livrent avec ardeur aux hambles fonctions qu'ils s'imposent. Ils se rendent aux différents lieux qui leur sont indiqués par leur président, avec la plus scrupuleuse exactitude. Quel amour pour les pauvres! En les voyant au milieu de ces assemblées nombreuses de vieillards, d'indigents, d'infirmes, on dirait des frères avec leurs frères, des amis avec des amis. A voir le courage qu'ils mettent dans l'accomplissement de leurs œuvres, dit le narrateur, on croirait qu'ils se hâtent de gagner un salaire énorme qui doit grossir leur fortune. Ah! ceux-là comprennent que les pauvres sont les membres souffrants de Jésus-Christ, et ils accomplissent les préceptes de l'Evangile au pied de la lettre commie les saints.

Le Dispensaire. Le but de cette institution est de donner à domicile tous les secours de la médecine aux malades indigents, de leur fournir les médicaments nécessaires, de leur faire pratiquer les opérations chirurgicales que leur état exige, et de leur procurer, autant que possible, le soin des veilleurs et des veilleuses charitables. Le dispensaire remonte à 1818. Un conseil d'administration est alors forme, com. posé des illustrations dans l'art de guérir et d'autres bonorables citoyens. De nombreux souscripteurs se présentent; au prix de trente francs une carte d'admission leur est délivrée, et cette carte circulant dans les mains des malades pendant une année, leur procure les soins des médecins et les remèdes nécessaires. Pour établir l'ordre dans les visites, la ville est divisée en cinq cantons, à chacun desquels sont attachés un tédecin titulaire et un médecin supplémentaire. Pour que rien ne manque au pauvre de ce que le riche se procure à prix d'argent, des médecins consultants, choisis parmi les célébrités médicales, portent gratuitement leurs conseils à leurs honorables confrères, dans les cas graves et difficiles.

On comprit la nécessité d'établir une pharmacie; c'était un moyen de régulariser la distribution des remèdes sur la signature des médecins, et une économie pour l'institution, car la vente des remèdes au public devait produire un bénéfice qui aiderait à répandre des bienfaits dans la classe indi

gente. En 1821, le conseil municipal, convaincu des avantages de l'institution nouvelle, l'encourage par un secours abondant, qui plus tard devient annuel: 2,000 fr. sont alloués en faveur du dispensaire, et sont inscrits parmi les dépenses ordinaires de la ville en 1826.

Les médecins de la fondation, pour faciliter aux malades consultants les moyens de profiter de leur ministère, les reçoivent à leur domicile respectif. Ce n'était pas encore assez pour le soulagement des pauvres malades; souvent les soins qui leur étaient prodigués pendant les nuits par les membres de la famille devenaient un obstacle au travail du jour, il fallait employer à un repos nécessaire un temps précieux. L'administration fait un appel au zèle des Lyonnaises: une foule d'ouvrières de toutes les paroisses y répond avec un admirable empressement et se fait inscrire sur la liste des veilleuses charitables des pauvres malades. Des dames visiteuses offrent aussi leur généreux concours, elles portent pendant le jour des consolations religieuses au lit de douleur, elles pourvoient pour les secours de la nuit au choix d'une veilleuse, qui se trouve placée de cette manière sous leur direction. Le médecin n'a qu'à faire prévenir la dame visiteuse, le malade est certain d'avoir une garde pleine d'attention pendant la nuit. Enfin, pour assurer le service de la pharmacie d'une manière régulière, pour ne pas être exposé à des changements trop fréquents, résultat inévitable, lorsque des gens à gage sont chargés de sa manipula tion, il est confié aux sœurs de Saint-Josepb, sous la direction d'un pharmacien s'acinstruit, et ces pieuses filles, depuis 1826, quittent de leur fonction avec un zèle qui leur a constamment mérité la reconnaissance des pauvres et l'approbation des administrateurs.

En 1822, le dispensaire avait déjà secouru depuis sa fondation, plus de 40,000 malades, dont 15,000 avaient reçu des remèdes entièrement gratuits. Chaque année ce nombre s'est accru; chaque année aussi le nombre des souscripteurs augmente. Saint Vincent de Paul a été pris pour patron par les fon... dateurs du dispensaire. L'oeuvre est digne de ce beau nom.

Elle a donné naissance à l'œuvre des Veilleuses, dont nous allons parler.

OEuvre des Veilleuses. Il n'existe pas à Paris d'œuvre semblable. Cependant la dépense d'une garde-malade est au-dessus des ressources du pauvre, et les dames du Bon-Secours de Paris n'assistent pas les malades à titre gratuit.

Rien de plus nécessaire que de laisser à la famille qui veille durant le jour le temps de retrouver ses forces dans un sommeil répa

[blocks in formation]

nommée par le curé de la paroisse. Chaque mois les veilleuses se rassemblent sous la présidence de la directrice, reçoivent de saintes instructions qui alimentent leur zèle, et laissent, en sortant, une petite aumône pour les besoins de l'œuvre. Lorsque la présence d'une veilleuse est réclamée, la directrice s'empresse d'aller d'abord porter au malade quelques paroles d'encouragement. Elle étudie dans cette première visite les besoins de l'indigent, le caractère de la famille, le genre de la maladie et toutes les circonstances qui doivent

guider dans le choix de la veilleuse qu'elle envoie auprès du lit de douleur. La veilleuse, aux termes des règlements, ne doit rien accepter, pas même le plus léger rafraîchissement, à moins d'une évidente nécessité. Elle ne peut rien donner non plus en son propre nom. Si le malade a besoin de quelque soulagement extraordinaire, que la famille ne puisse pas fournir, elle en prévient la directrice, qui prend les mesures convenables. Cependant, dans un cas d'urgence, la veilleuse peut, pendant la nuit, dépenser au nom de la société jusqu'à concurrence de 1 fr. 50 c., dont elle rend compte à la directrice. La veilleuse qui ne peut répondre à l'appel qui lui est fait par celle-ci, est obligée de verser 1 fr. dans la caisse de la société. Celle qui, sans en avoir prévenu, manque à la réunion mensuelle, ou qui y arrive après l'appel terminé, paye une amende de 15 c. Ces diverses aumones sont employées à l'achat et à la conservation de tout ce qui peut faciliter le service des malades et leur soulagement, ustensiles, linges pour les pansements, ce qui est nécessaire pour l'administration des sacrements, quelques bons livres propres à édifier et consoler les malades, quand leur état peut supporter une lecture. Tous ces objets sont en dépôt chez les dames directrices, qui en disposent selon les circonstances et les besoins.

Les règlements de la société recommandent aux veilleuses les soins de l'âme du malade aussi bien que ceux du corps. Pour ces derniers elles doivent suivre avec scrupule les prescriptions indiquées par le médecin, sans jamais se permettre d'appliquer un remède de leur propre mouvement. Pour les premiers, elles doivent agir avec un zèle prudent et sage, en sorte que leurs prières à Dieu, leurs soins charitables, un mot dit avec douceur et bonté, doivent porter les malades les plus endurcis à demander eux-mêmes les secours de la religion. Dans tous les cas, elles doivent prévenir la directrice des dispositions spirituelles du malade, afin que, par son concours, le pas teur de la paroisse trouve un moment favorable pour parler de Dieu à celui que la mort va peut-être bientôt frapper. Jamais les veilleuses ne doivent se mêler des affaires de famille dans les maisons où elles sont envoyées; le malade seui doit concentrer tous leurs soins et toute leur attention.

C'est là véritablement une œuvre admi

rable et qu'on devrait s'empresser d'imiter partout. Les gardes manquent aux malades, non-seulement dans le but de les veiller, mais dans celui de l'application exacte et intelligente des ordonnances des médecins. La plupart des veilleuses de Lyon sont dépourvues de fortune; presque toutes gagnent leur pain à la sueur de leur front. Il leur serait difficile de satisfaire au précepte de l'aumône pécuniaire, si recommandé dans l'Evangile à tous les Chrétiens. A défaut d'argent, elles donnent leur repos, elles donnent leur temps, elles donnent leur peine, elles donnent de bons conseils, de consolantes paroles; elles remplissent à la lettre le précepte divin sur lequel tous les Chrétiens seront un jour jugés: J'étais malade, et vous m'avez visité; entrez dans le royaume de Dieu qui vous a été préparé

[ocr errors]

QEuvre de Saint-François-Régis. Elle fut implantée à Lyon en 1836. L'appel fait à la charité par la commission exécutive de l'œuvre fut entendu. Un comité consultatif et

gratuit, choisiparmi les plus honorables memres la commission dans les questions difficiles. bres du barreau lyonnais, éclaira de ses lumiède Messieurs les curés de la ville, s'occuDes conseillers visiteurs, sous la direction pèrent à ramener à l'ordre ceux qui s'en étaient écartés. Dans la première année de son établissement, en 1837, la société parvint à faire célébrer 148 mariages, 97 enfants furent légitimés. En 1838, 227 mariages et 150 enfants légitimés sont le fruit de son zèle. Enfin, en 1839, 260 mariages et 134 enfants légitimés prouvent la continuation croissante de ses succès. Pendant ces trois années, 16,707 fr. 50 c. ont été dépensés pour obtenir ces heureux résultats. Voy. cidessus CHARITÉ PRIVÉE, à Paris.

Hospices charitables. Les dames de la Miséricorde de la paroisse de Saint-Polycarpe, sous la direction de leur curé, ou vrirent en 1836 un asile aux femmes pauvres et âgées du quartier, dans la maison appartenant à la fabrique, située sur le chevet du cœur de l'église. Là, 35 à 40 femmes indigentes et incapables de subvenir à leur exislence, attendent le jour où l'entrée de l'hospice des vieillards pourra leur être ouverte. Leurs bienfaitrices pourvoient à tous leurs besoins au moyen de quêtes annuelles faites dans la paroisse, et de souscriptions. individuelles. Ces pauvres femmes, pour diminuer les charges de leurs protectrices, se rendent mutuellement les services que leurs forces leur permettent, et consacrent leurs loisirs à quelques travaux utiles. Un autre établissement de ce genre est consacré à douze pauvres femmes de la paroisse de Saint-Pierre, rue Luizerne, n° 8. Elles sont toujours choisies parmi les plus malheureuses. Il fut fondé en 1820, par M. Alumbert, curé de la paroisse, aidé de quelques personnes charitables. Des domestiques à gages, sous la surveillance des dames de la Miséricorde, furent d'abord préposées aux soins ordinaires de l'établissement; mais on 1825,

il fut confié aux sœurs de Saint-Joseph. La maison est administrée par un conseil de dames, sous la direction et l'inspection immédiat du pasteur de la paroisse. Un négociant, que l'on voit à la tête de presque toutes les œuvres charitables de la ville, remplit les fonctions de trésorier et de secrétaire.

Pendant plusieurs années, les dames de la paroisse de Saint-Pierre et celles de SaintPolycarpe ne formèrent qu'une seule société et un seul bureau. La division qui eut lieu plus tard produisit des quêtes annuelles plus abondantes, et une utile émulation favorable aux indigents s'établit entre les deux paroisses.

Enfin, un troisième hospice fut créé en 1832 dans la paroisse de Saint-François de Sales (impasse François-Dauphin, rue SaintJoseph), en faveur de douze vieillards de Fan et l'autre sexe, par Mme de la Barmondière. Les paroisses d'Ainay et de SaintFrançois, selon le vœu de la charitable fondatrice, doivent participer par égale portion aux bienfaits de l'établissement confié aux seurs de Saint-Joseph.

Un hospice plus nombreux est établi depuis dans le clos des Chartreux. Il avait été fondé primitivement dans la paroisse SaintPolycarpe; on y reçoit des femmes âgées et incurables, moyennant une modique pension annuelle; il est dirigé par les sœurs de la congrégation de Saint-Charles.

OEuvre paroissiale des Marmites. Les sœurs de Saint-Vincent de Paul préparent dans ces établissements le bouillon des pauvres convalescents et des vieillards infirmes. Elles confectionnent pour le dimanche, le finge propre qui se distribue le samedi. Là se trouve la pharmacie de l'indigent, de la reuve, de l'orphelin. C'est là qu'en hiver ils viennent chercher du charbon pour se réchauffer. L'œuvre de la Marmite, établie dans presque toutes les paroisses, est le greDier d'abondance des indigents. Il est alimenté par les dons des paroissiens. Chaque année, la fillede Saint-Vincent de Paul, accompagnée du pasteur ou d'un de ses vicaires, parcourt toutes les maisons, frappe à toutes les portes. La collecte sert aux dépenses de l'œuvre. Dans chaque paroisse, une société de dames augmente le produit des quêtes par un tribut volontaire et annuel. Vingt mille bouillons ont été distribués en 1839 dans une seule paroisse de la ville, et ce n'est pas, une des plus opulentes.

Les sœurs de Saint-Vincent de Paul sont chargées des pauvres des paroisses de SaintFrançois et d'Ainay, de Saint-Georges, de Saint-Paul et de Saint-Louis. Elles vont à la recherche des malades ; leur pharmacie fournit les remèdes indiqués par le médecin. Souvent elles-mêmes elles se servent de la

larcette. La sœur de la Marmite, comme l'appelle le pauvre, panse ses blessures, le console par des paroles d'espérance, lui parle du ciel pour soutenir son courage au milieu des épreuves de la misère, Elle introduit doucement auprès de son lit le mi

nistre de la religion dont elle est le précurseur; elle reçoit son dernier soupir, console sa famille éplorée, et souvent adopte ses enfants devenus orphelins.

Dans la paroisse Saint-Louis, grâce à la charité du pasteur, les filles de Saint-Vincent de Paul ont réuni dans un vaste local tout ce qui peut-être utile aux soins physiques des pauvres. Ici des layettes complètes pour les enfauts nouveau-nés; là des vêtements pour les âges plus avancés, des chaussures de toutes les dimensions, des chapeaux et des bonnets pour tous les sexes, voire même des boîtes à tabac pour les pauvres-priseurs, des cannes de toutes les formes et de toutes les dimensions pour soutenir les pas chancelants du vieillard. On dirait un vaste bazar propre à faire accourir les chalands. Ils accourent, en effet, mais ce sont les pauvres de la paroisse qui viennent recevoir sans argent ce qui manque à leurs besoins les plus pressants. Ils n'ont qu'à demander. Cependant, pour se mettre à l'abri d'importunes exigences, ou des fraudes d'une criminelle cupidité, on exige de l'indigent qu'il soit muni d'un billet du pasteur, ou d'une Sœur de la marmite.

Près du bazar des pauvres se trouve une salle de travail où des dames viennent à des jours et des heures réglées s'occuper de préparer les objets nécessaires à l'habilleinent. Sur une table immense sont étalés les objets qui doivent passer par leurs mains, et à côté de petits nécessaires à ouvrage, ciseaux, fil, aiguilles. A l'heure du travail, vous croiriez visiter un vaste atelier de couturières, de lingères, de modistes. Une seule voix se fait entendre: elle lit quelques pages éloquentes sur la nécessité d'amasser des richesses pour le ciel, en veillant sur les besoins du pauvre, sur le néant de la vie, sur le mérite de la pauvreté, sur la récompense promise à ceux qui auront procuré des vêtements à l'indigence. La prière a commencé le travail; la prière le finit et le couronne.

Dans la paroisse de Saint-Nizier, ce sont les sœurs de Saint-Charles qui sont préposées aux soins des indigents; leur maison, fondée par le curé de la paroisse, depuis évêque de Metz, sert aussi de Providence à plus de cinquante petites filles pauvres que la charité d'une société de demoiselles de la ville y entretient.

Dans presque toutes les paroisses, des dames bienfaisantes se sont chargées de rechercher les pauvres indigents. Aussitôt qu'une famille malheureuse leur est signalée, elles accourent, elles donnent les premiers secours, elles l'indiquent ensuite aux sœurs de la Marmite, qui la prennent aussitôt sous leur protection. Ces mêmes dames, en rapport incessant avec les pauvres, emploient une partie de leur temps à placer les jeunes enfants dans les ateliers chrétiens, dans les Providences consacrées à cet effet, et se font leurs patronnes.

Elles parcourent avec un courage vraiment néroïque los gites souvent infects où se ca

che la misère; elles étonnent par leurs infatigables travaux; elles passent une partie de leur journée, et souvent de la nuit, à visiter ceux que le monde repousse, et dont sa délicatesse ne pourrait pas un seul instant supporter le spectacle. Le nombre est grand, à Lyon, de ces pieuses dames dont la foi et l'espérance enflamment la charité.

OEuvres de zèle. — Une nombreuse société d'hommes et de femines, de jeunes gens et de jeunes personnes, se dévoue l'instruction religieuse de la classe pauvre, et ordinairement ignorante de la ville. Elle embrasse dans ses vastes ramifications toute la population ouvrière. De pienx laïques de l'un et de l'autre sexe deviennent de nouveaux apôtres. Leur religieuse industrie gagne la confiance, inspire l'affection, excite la reconnaissance de ces esprits plutôt égarés que pervers, plus ignorants que corrompus.

Les ateliers, les prisons, les hôpitaux sont les champs de bataille de ces apôtres infatigables. Leurs armes sont une tendre compassion, des instructions religieuses sagement ménagées, de petits présents d'objets de piété qui réveillent la foi et inspirent des sentiments chrétiens, le désir manifeste d'être utile et d'alléger les misères. Quand l'homme du monde court aux spectacles et aux fêtes, l'homme de charité quitte ses affaires et son négoce, abandonne momentanément sa famille. Il s'achemine vers le triste galetas, où il apporte l'instruction et l'espérance. Se faisant petit avec les petits, il explique avec bonté les simples leçons du catéchisme, et apprend à de pauvres ignorants qu'il est une Providence qui ne laisse pas périr de faim les petits oiseaux, et qui récompensera dans une vie meilleure la patience et la résignation: Par la douceur de son langage, il persuade la vertu à ceux qui vivent dans le crime; il prépare de saintes alliances qui succèdent à de criminelles unions; if donne des pères à des enfants, et dispose le cœur maternel à les élever avec une pieuse tendresse. D'autres fois, il pénètre dans les cachots, s'assied sur la paille avec le criminel qui n'attend plus que le bourreau. Il passe de longues heures à exciter de salutaires remords dans ces cœurs endurcis, il parle d'espérance à ceux dont le monde ne veut plus, il dispose doucement ces âmes flétries au repentir.

Une malheureuse jeune fille, convaincue d'avoir donné la mort à sa maîtresse, était condamnée au dernier supplice. Livrée au désespoir dans le cachot où elle était enfermée, elle attendait le moment terrible de son exécution. Une jeune personne d'une fa mille distinguée pénètre dans son cachot, lui parle avec bonté et de Dieu et d'une autre vie, fait luire à ses yeux l'espérance d'un bonheur sans limite et sans fin, compatit à ses souffrances, et vient enfin à bout d'exciter ses remords. Les visites de l'ange consolateur se multiplient, et le calme revient dans le cœur criminel. La condamnée, enfant du vice, n'avait pas connu ses parents.

Délaissée en entrant dans la vie, privée du bienfait d'une sage éducation, son existence vagabonde allait se terminer sur l'échafaud. Sa consolatrice lui apprend les premiers principes de la doctrine chrétienne; l'aumônier de la prison vient entendre les secrets mystères de son cœur, achève de la consoler en la réconciliant avec Dieu, elle est baptisée dans la sombre chapelle du lieu de douleur. Pour la première fois elle participe aux divins mystères. La jeune condamnée n'attend plus la mort que pour jouir des douceurs de l'autre vie; elle la regarde sans crainte. Son visage a pris la sérénité de la vertu. Les jours sont trop longs pour son âme qui s'élève à chaque instant vers son Dieu. Mais bientôt on lui apprend que par une grâce spéciale de la faveur royale, elle est condamnée à vivre; alors elle verse des larmes abondantes. Son ange est obligé de la soutenir et de la consoler, et enfin elle part pour une maison de détention, où depuis dix ans elle persévère dans la pratique de tous les devoirs du christianisme.

L'ignorance est une des causes les plus actives de l'immoralité publique. Pour y remédier, à Lyon, à l'heure où les offices de paroisses sont terminés, les jours de dimanche, des salles de catéchisme sont ouvertes dans plusieurs quartiers de la ville, les unes pour les hommes, les autres pour les jeunes filles. Des laïques des deux sexes dirigent les unes et les autres. Plusieurs de ces catéchismes sont fréquentés par plus de deux cents personnes, ouvrières ou domestiques, tous les dimanches. Après l'instruction, on leur donne des leçons de lecture et d'écriture. De temps en temps les dames charitables qui remplissent les fonctions d'institutrices, encouragent l'assiduité et l'application de leurs élèves par de petits. présents. Les bons conseils ne leur sont pas épargnés. Sont-elles malades? on les visite. Sont-elles sans ouvrage? on cherche à leur en procurer. Ne se rendent-elles pas à la réunion dominicale? on s'informe des causes de cette absence, et si elles sont criminelles, on est exclu de la réunion, mais on n'est pas privé des soins et des vigilances, car la charité est persévérante et ne se lasse jamais. Ce n'est pas seulement à celles dont la conduite est régulière que les dames charitables consacrent leur zèle, mais encore à ces âmes faibles et légères, dont la vie est une suite continuelle de chutes et rechutes, et qui ont d'autant plus besoin d'appui qu'elles sont plus exposées.

Combien de jeunes filles sont redevables de leur innocence à ces mères adoptives, qui les attendent, pour ainsi dire, à la porte de la ville, lorsqu'elles y arrivent pour y ehercher fortune, afin de les soustraire au libertinage qui les attend ! Signaler une jeune fille à préserver de la contagion du vice, c'est rendre un service à ces femmes admirables c'est leur indiquer une jouissance à laquelle elles se livrent avec la prudence et le courage que donne la charité. Rien n'est négligé pour arriver au but; courses longues

et multipliées, sacrifices de temps et d'argent, prières, supplications, tout est employé, et souvent, hélas ! le zèle n'est pas récompensé par le succès.

soieries. Les fabricants de ces légers tissus sont tellement convaincus de la probité séyère des asiles de charité, qu'ils aiment à leur procurer du travail et les préfèrent aux autres ateliers. En sorte que la charité et l'industrie se donnent, pour ainsi dire, la main, et concourent par un heureux accord au bien général. Les fabricants, par charité, fournissent du travail aux asiles de l'enfance, et les asiles de l'enfance, par reconnaissance, s'appliquent à procurer des bénéfices plus considérables à leur bienfaiteurs, en surveillant davantage les travaux qui leur sont confiés. Aussi, dans les crises com

Le zèle des chrétiens Lyonnais s'exerce aussi avec une tendresse toute paternelle sur les jeunes enfants de la Savoie. Chaque année, sur la fin de l'automné, ceux-ci quittent en grand nombre leurs montagnes, fuyant les neiges qui couvrent leurs pauvres chalets, et s'acheminent vers la grande ville où leur travail leur procurera du pain. Au milieu des grandes cités, la demeure de ces pauvres étrangers est sur la place publique. Ils sont témoins de tous les scandales que multi-merciales, lorsque la plupart des ouvriers plient l'effronterie du vice et la licence de toutes les passions. Voilà les seules écoles qu'ils fréquentent. Tout ce qu'il y a de plus grossier dans la population, de plus vil, de plus rebuté dans l'espèce humaine, voilà leurs maîtres et leur société. Leurs travaux mêmes ne les sauvent point du désœuvrement, et la rigueur des temps les condamne souvent à une dangereuse oisiveté. Un artisan de crime cherche-t-il des disciples, c'est parmi ces enfants abandonnés qu'il va choisir ses victimes. Faut-il préparer un forfait ou en faire disparaître les traces, le malfaiteur s'adresse à ces malheureux dont il est si facile de tromper la simplicité. Or, à cette tribu toujours errante, qui ne se distingue que par son obscurité, son indigence, son genre de vie, la religion a préparé un secours puissant pour la retenir dans la vertu, pour maintenir en elle les principes du christianisme dont son enfance fut heureusement imbue.

Un toit hospitalier attend les enfants de la Savoie à leur arrivée. Ils vivent ensemble autant que possible, pour ne pas être exposés à la contagion des mauvais exemples. Le dimanche on les réunit pour les instruire, pour leur rappeler les tendres exhortations de leurs parents. Accueillis sur la recommandation des pasteurs de leurs villages, ils s'efforcent de mériter à leur départ un bon témoignage de leur conduite, et munis de ce certificat d'honneur, ils rentrent sous le toit paternel aussi purs qu'ils en sont sortis. N'ont-ils point fait leur première communion, on les y prépare; des habits leur sont donnés pour ce beau jour. C'est ainsi qu'ils reçoivent à Lyon, en sus de leur gain légitime, une hospitalité toute chrétienne. Providences diverses. Il y a peu de Il y a peu de villes où les asiles charitables pour recueillir les petits enfants soient aussi multipliés qu'à Lyon, mais il faut dire qu'il y a peu de villes où les besoins soient si grands et si pressants. Une nombreuse population ouvrière, le gain si réduit de son travail de lous les jours, les scandales publics des ateliers, poussent à fonder ces établissements, autant pour soulager les familles, que pour arracher à une précoce corruption de pauvres enfants. Un autre motif qui multiphe si heureusement ces maisons charitales, c'est la facilité d'occuper ces jeunes bras à la préparation ou à la confection des

sont livrés à une inaction forcée, presque toujours les ateliers de charité dans les Providences sont occupés. Les ouvriers ne s'en plaignent point, ils ne doivent pas s'en plaindre; ce sont leurs enfants qui travaillent. Le but des Providences est d'élever religieusement de pauvres enfants qui, pour la plupart, seraient abandonnés à l'incurie et à l'indifférence de leurs parents; de les garantir dans l'âge le plus tendre des exemples qui jettent les germes de l'immoralité dans les cœurs.

C'est pour cela qu'avait été fondé, en 1818, le secours en faveur des jeunes détenus, qui devint plus tard un asile pour les enfants, auxquels on apprend un état convenable à leur goût. Cet établissement se trouve dans le quartier des Chartreux, au lieu dit de la Bulle. Le nombre des institutions charitables en faveur des jeunes garçons est loin d'égaler en nombre celles établies pour les jeunes filles. Pourquoi cela ? Le besoin de ces utiles maisons est-il moins réel pour les garçons que pour les filles? L'annaliste lyonnais pense qu'on ne saurait trop les multiplier, et que les jeunes enfants, en passant de l'école des frères de la Doctrine chrétienne dans des maisons religieusement dirigées, arriveraient à l'âge d'homme avec une moralité affermie et stable. Ce qui a manqué jusqu'à ce jour pour former ces précieux établissements, ce sont des instruments capables de les diriger, de les surveiller, de les maintenir dans une sage direction. Ce sont les congrégations religieuses de femmes qui donnent de la vie, qui fécondent, qui entretiennent les Providences, créées pour l'éducation des filles pauvres ; ce seront les congrégations religieuses d'hommes qui seules pourront se dévouer avec l'héroïsme convenable à diriger les Providences charitables pour les garçons pauvres. Plusieurs fois on a tenté à Lyon de confier le soin de ces utiles maisons, dont on faisait l'essai, à des laïques religieux, mais toutes les tentatives sont restées infructueuses. La piété toute seuie ne suffit pas pour une œuvre si difficile; il y faut le dévouement absolu, le renoncement à soi-même, l'abnégation de ses idées propres, la soumission invariable à une règle fixe, et tout cela ne se trouve que dans la perfection religieuse, dans ces saintes congrégations que l'Eglise encourage de sou

« PreviousContinue »