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assentiment, et que le catholicisme seur peut produire.

La congrégation des Maristes de Lyon, à laquelle le Souverain Pontife a confié le soin de quelques missions étrangères, s'efforce de former des Frères religieux auxquels on pourra confier, avec espérance de succès, la direction des Providences des jeunes garçons. L'institution Denuzière leur a été remise à Lyon, et ses administrateurs s'applaudissent chaque jour du choix qu'ils ont fait des bons Frères, et des succès qu'ils obtiennent. Une autre Providence pour les petits garçons de la paroisse de Saint-Nizier, a été fondée par le respectable curé de la paroisse, elle est aussi confiée aux frères Maristes et placée sur le chemin de Fourvières, à côté de l'hospice des prêtres infirmes.

En 1816, l'abbé Coinare aîné avait déjà fondé aux Chartreux un établissement en faveur des petites filles de la paroisse de Saint-Bruno. Il fut aidé par une douzaine de dames charitables, et la maison, mise entre les mains des sœurs de Saint-Joseph, a tellement prospéré qu'elle peut contenir une centaine de personnes; soixante jeunes tilles, sous la direction de quatorze religieuses, apprennent, avec la religion, la couture, le tissage de la soie, la lecture, l'écriture et le calcul.

On trouve aussi aux Chartreux la Providence de Saint-Louis de Gonzague, instituée par une pieuse veuve, vers 1820. La fondatrice la dirigea elle-même pendant plusieurs années, aidée de quelques autres personnes charitables. Elle est maintenant sous la direction des sœurs de Saint-Joseph, et compte le même nombre d'enfants et de religieuses que la précédente, même travail et mêmes soins.

La plus florissante aes Providences peutêtre est celle dite des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, établie aussi par les soins de l'abbé Coindre aîné, sur le plateau de Fourvières quatre-vingts jeunes personnes y sont élevées de sept à vingt-un ans. A leur sortie, on leur donne une petite somme d'argent et un trousseau complet, en sorte qu'elles peuvent facilement se placer d'une manière convenable à leur état.

Au hant du Chemin-Neuf est encore la Providence de Mlle Desmarets, charitable personne qui, depuis plus de vingt-ans, consacre son temps et sa fortune à donner des soins à un certain nombre de jeunes filles pauvres des paroisses de Saint-Juste et de Saint-Jean. Quelques personnes pieuses de ces deux paroisses encouragent et soutiennent de leurs aumônes ce petit établisse

sement.

Si nous sortons du quartier des Chartreux pour entrer dans la ville de la Croix-Rousse, nous trouverons encore là plusieurs Providénces pour les jeunes filles, d'abord dans la

(19) Nous avons extrait cette longue mais instructive monographic de l'ouvrage de M. l'abbé Bey, chanoine honoraire de Saint-Dié, intitulé La Ville

maison Chaumette, ensuite dans celle dite du Passage; la première contient quarantecinq enfants, la seconde soixante, toutes deux encore dirigées par les sœurs de Saint-Joseph. A la Croix-Rousse, l'abbé Collet a rassemblé une cinquantaine de petits garçons à l'éducation desquels il se consacre depuis plus de quinze ans. L'abbé Collet vit pauvrement avec ses enfants pauvres; si le pain lui manque, ce qui arrive quelquefois, il frappe à la porte du riche bienfaisant, il n'en sort jamais les mains vides. Il fait le bien dans le silence; doucement il agrandit son œuvre avec le temps, sa maison ne sera jamais riche, mais elle sera nombreuse; c'est toute son ambition.

Voilà la charité lyonnaise, la voilà dans toute sa simplicité, mais aussi dans toute sa gloire. Et peut-être n'avons-nous pas tout dit (19).

Conférences de Saint-Vincent de Paul de Lyon. Elles comptent en 1852 260 membres parmi lesquels 186 membres actifs. Les bons de pain et de viande sont distribués à 500 familles. Les conférences dépensent cette année-là 12,969 fr.; 130 malades ont été assistés. La plupart des maladies proviennent de la malpropreté et de la mauvaise nourriture. Plusieurs des malades ont plus besoin de viande que de médicaments. La société a placé 42 enfants à Lyon et 4 à la campagne. Parmi ceux-placés dans la ville, 28 sont de bons sujets, 8 sont inexacts et paresseux, 11 ont causé des mécontentements graves; 2 des enfants placés à la campagne sont devenus meilleurs, les 2 autres laissent à désirer. 22 apprentissa ges sont gratuits, et 23 payants. Il a été dorné des leçons d'écriture, de lecture et de grammaire à 25 militaires en hiver et 20 en été, un grand nombre ont emprunté des livres. Les conférences ont assisté 91 passants; la plupart des compagnies des bateaux à vapeur leur accordent les passages gratuits, mais les frais de séjour et de nourriture sont à la charge de l'œuvre,« et trop souvent, dit le rapporteur de 1852, la charité de nos confrères s'inspire de la simplicité de la colombe, sans songer à la prudence du serpent. Aussi avons-nous vu arriver des pauvres traînés en fiacre, d'autres traitant nos secours en créanciers superbes, des vagabonds se recommandant de nous avant ou après leur arrestation, des touristes de l'indigence, traversant plusieurs fois notre ville en quelques mois, enfin des ouvriers malheureux venant de l'autre bout de-la France demander du travail dans une ville où tant de pauvres en attendent vainement. » Des mesures sont prises pour préve nir le retour d'abus semblables. La conférence a fondé une maison à Oullins pour les petits garçons. L'établissement s'est ouvert le 8 septembre 1851. Des sœurs de Saint-Vincent de Paul, détachées d'une mai

des aumônes, ou Tableau des œuvres de charité de la ville de Lyon.

son de Lyon, s'y sont installées provisoirement, et 2 enfants formaient au début une petite famille à laquelle bien des choses manquaient encore. Au bout de trois mois et demi, ils étaient 10; ne nouvelle supérieure était accordée à l'œuvre. Les sœurs atteignent en 1854 le nombre de 4; elles sont aidées par une sous-maîtresse et une domestique; 22 enfants sont dans l'établissement. La mort a enlevé le premier; des parents mal inspirés en ont redemandé 3, la santé de 2 autres a contraint de les rendre à leur famille. Un sermon prêché par le P. Lacordaire produisit à l'œuvre 5,864 fr La conférence patronne 106 enfants; 8 médailles de mérite, donnant droit à 15 c. par semaine pendant six mois, leur ont été distribuées; des vêtements ont été accordés à 30 enfants. Les recettes de la société s'élevaient, au 19 juillet 1852, à 47,338 fr. 25 c. Les quêtes dans les conférences portent à la recette 3,172 fr. 60 c.; une loterie, 4,257 fr.; un concours, 2,110 fr. Un don particulier

s'élève à 5,000 fr. Plusieurs articles de recette ont trait à des œuvres spéciales. Nous avons dit plus haut que les dépenses applicables aux familles visitées ne dépassaient pas 12,969 fr. La maison de charité de Oullins a seule coûté 16,022 fr. 47 c.

Les conférences se sont accrues de 2 en 1853, et de 288 membres; 520 familles ont participé aux distributions, qui se sont élevées en pain à 15,524 kilog. et à 3,713 kilog. de viande, valant en argent 8,097 25 c.; 950 cxemplaires de divers livres de piété ont été distribués aux familles; 90 malades ont été diversement assistés; 14 écoles sont visitées par 12 membres de l'œuvre, qui patronnent ainsi 141 enfants. Les recettes ont été, du 19 juillet 1852 au 19 juillet 1853, de 45,958 fr. 43 c.; la loterie a produit 4,432 fr. 65 c.; le concert, 2,975 fr.. La maison de charité de Oullins a coûté 11,434 fr. 57 c. La conférence a une caisse centrale s'appliquant à tontes les œuvres, formant un article de dépeuse de 9,597 fr. 60 c.; les fonds de réserve et disponibles dans la maison de charité sont portés à 11,201 fr. 16 c.; ils ont pour objet d'assurer l'existence de l'établissement pendant une année, et de procurer des ressources pour l'acquisition d'un immeuble destiné à étendre l'établissement.

Pendant l'hiver de 1854, une association, qui a pour actionnaires les principales notabilités lyonnaises, s'est formée dans le but d'assurer aux consommateurs peu aisés une nourriture saine et à bon marché. Moyennant 55 c., elle s'engage à donner une soupe (10 c.), une portion de viande ou de poisson (20 c.), une assiette de légumes (10 c.), 230 grammes de pain (10 c.), et 5 c. de fromage ou de fruits. Il est distribué, à l'entrée da local, des jetons représentant la valeur de ces objets. La consommation peut avoir lieu dans la salle de l'établissement, ou être emportée à domicile. Dans la saison d'hiver, l'association se procure, au moyen de marchés importants traités par elle, du charbon, des pommes de terre, des légumes secs,

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Vaucluse. Avignon. Société de charité maternelle. Une association de dames pieuses fournit des draps, paillasses, couvertures, pain, viande, bouillon, mois de nourrices, visites du médecin, aux pauvres femmes en couche.

Société de la Grande-Providence et des Orphelines de Notre-Dame de la Garde. Cet établissement, fondé et soutenu par une société de dames charitables, est administré par les religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve. Il se divise en deux sections: l'une, dite des Repenties, est composée de filles repentantes qui demandent à y être admises; l'autre, dite des Préservées, entièrement séparée de la première, se compose d'orphelines et de jeunes filles dont la vertu pourrait être mise en péril par les mauvais exemples qu'elles recevraient dans leurs familles. Le temps des unes et des autres est partagé entre des pratiques religieuses et des travaux d'aiguille.

Société de la Petite-Providence. Cet élablissement est soutenu par des demoiselles appartenant aux familles aisées de la ville; elles y font élever, sous la direction des damés religieuses de Saint-Charles, des jeunes filles de la ville, orphelines ou dépourvues de moyen d'existence on les dresse aux travaux d'aiguille et de ménage, afin d'en former des couturières et des fenimes de chambre.

Dames de charité. Les dames associées visitent à domicile les familles nécessiteuses; elles apportent des secours en argent et en nature, et y joignent des consolations charitables. Des médecins, payés par l'association, donnent leurs soins aux malades pauvres auxquels il répugne de se faire porter à l'Hôtel-Dieu. Des vêtements, des bons de pain, de viande et de charbon,

sont également distribués par les dames aux pauvres honteux.

Maison des Domestiques. Les servantes sans place, ou venant du dehors pour en chercher une, sont recueillies dans cette maison, où elles emploient leur temps à des pratiques religieuses et à des travaux manuels. Une société de dames respectables dirige la maison et s'occupe de trouver à ces filles des conditions conformes à leur âge et à leur aptitude.

Saurs de Saint-François d'Assises. Ces pauvres filles, réunies sous la règle de Saint-François, soignent et veillent les malades à domicile; elles tiennent aussi une classe pour les petites filles du premier âge. OEuvre de la Miséricorde. - Cette œuvre, plus connue sous le nom de Confrérie des pénitents noirs, a pour but le soulagement des prisonniers nécessiteux. Les confrères distribuent aux prisonniers un supplément de vivres consistant en une soupe grasse et une ration de viande. A mesure que des améliorations se sont introduites dans le régime alimentaire des prisonniers, ces distributions, qui étaient d'abord quotidiennes, ont été réduites; elles sont demeurées longtemps hebdomadaires, aujourd'hui elles n'ont lieu que les jours de grandes fêtes. En remplacement, l'œuvre distribue aux prisonniers, au moment de leur libération, du linge, des vêtements et des secours pécuniaires, afin de leur venir en aide, en attendant qu'ils aient trouvé du travail. L'œuvre désintéresse aussi parfois le créancier du détenu pour deties, lorsque la créance est de peu d'importance, et que le débiteur, père de famille, est d'une bonne moralité. Cette œuvre est très-ancienne; les pénitents noirs jouissaient autrefois du privilége de gracier de temps en temps un condamné à la peine capitale.

-

OEuvre des Orphelins de Saint-Pierre de Luxembourg. Cette institution, fondée au profit d'enfants orphelins ou abandonnés, a pour but de leur faire enseigner une profession manuelle, et de veiller à leur éducation morale et religieuse. Les enfants sont placés chez d'honnêtes patrons, auxquels on paye leur entretien et le prix de leur apprentissage. On les réunit tous les dimanches dans le local de la société, pour leur faire une instruction religieuse, à la suite de laquelle ils se livrent, sous les yeux des R. P. Jésuites qui dirigent l'œuvre à d'honnêtes délassements.

Société de la Foi. Cette société embrasse à la fois plusieurs œuvres charitables qui sont ailleurs l'objet de plusieurs associations: 1° elle soulage les indigents par des distributions en nature et en argent; 2 elle recherche et instruit dans la doc trine catholique les ignorants, les indifférents et les membres de cultes dissidents qui témoignent le désir d'entrer dans le sein de l'Eglise; 3° elle visite, moralise les prisonniers et leur donne des secours;

elle s'efforce de faire cesser le scandale des relations adultères et de légitimer les

unions illicites; 5° elle réunit ses membres dans un cercle, s'efforçant ainsi de les soustraire, les jeunes gens surtout, à l'influence des mauvaises compagnies. Outre les délassements ordinaires à ces sortes de réunions, on s'y livre quelquefois à d'intéressants exercices littéraires et on y donne des concerts.

Société de Saint-François-Xavier. - Cette société, établie sur le modèle et dans le même but que les autres sociétés de SaintFrançois-Xavier, est dirigée par de vénérables ecclésiastiques, et travaille à la moralisation et à l'enseignement des ouvriers.

Association avignonnaise de bienfaisance.Cette association, établie sous l'invocation de saint Vincent de Paul, est de création récente; M. d'Olivier, à qui nous devons ces détails, a été un de ses fondateurs. Nul n'a droit à ces secours, s'il n'a contribué à alimenter la caisse de l'association, contribution minime et qui retourne au centuple à celui qui l'a fournie; mais enfin il a payé sa cote, et il peut hardiment et sans honte yenir réclamer sa part. Deuxième condition: l'association ne donne rien gratuitement, mais elle délivre beaucoup de choses à prix réduits et très-inférieurs au cours; mais il faut que chacun travaille et ajoute un appoint, si petit qu'il puisse être, aux secours de l'association. Elle compte deux catégories d'associés: 1° ceux qui profitent des secours de l'association; 2° ceux qui par leur position aisée, n'ont pas besoin d'y avoir recours, bien qu'ils en aient le droit. La cotisation de tous les sociétaires est de cinquante centimes par mois, mais les membres aisés excèdent notablement cette cotisation. L'association compte aujourd'hui 870 sociétaires, dont 457 aisés et 413 nécessiteux. Ses recettes, en 1852, se sont élevées à 20,000 fr.; ses dépenses à 13,500 fr. Elle distribue aux sociétaires, non gratuitement, mais à prix réduits, du pain, de la viande, des haricots, des pommes de terre, du charbon; elle dégage, à prix réduits, les objets de première nécessité du mont-de-piété. Elle donne gra tuitement aux malades membres de la famille de chaque sociétaire et demeurant avec lui des remèdes, du bouillon, des bains; le médecin de l'œuvre les visite gratuitement. Elle accompagne les sociétaires décédés à leur dernière demeure et contribue aux frais de leurs funérailles. Cette association a été approuvée par le dernier concile provincial d'Avignon, qui l'a recom mandée à toute la province comme un nodèle à imiter. (Annales de la charité, 23 avril 1853.)

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règlement à part, et son retour au règlement général est encore hésitant; c'était comme une Eglise grecque qui se constituait en face de l'Eglise romaine. Les œuvres de la charité privée à Bordeaux n'ont pas entre elles non plus de lien commun. On s'étonne de ne pas trouver dans cette ville comme à Paris un Manuel des OEuvres.

Les conférences de Bordeaux comptent 417 membres actifs. Elle visitaient au 1 janvier 1854, 1257 familles, composant un effectif de 4.937 personnes. La société patronne 520 enfants et 220 apprentis. Sa recette en 1854 excede 36,000 francs. La quête en séance [roduit un chiffre inférieur aux cotisations des membres honoraires et des bienfaiteurs; cile est de 7,02% francs, les cotisations s'élèvent à 7,491 francs 65 centimes, des dous particuliers y ajoutent 2,006 francs 28 centimes. La loterie générale donne le chiffre énorme de 9,931 francs 30 centimes; les sermons de charité 2,053 francs 85 centimes. Nous trouvons en recette une soirée du poète d'Agen, Jasmin, qui n'a pas rapporté moins de 2,053 francs 85 centimes. Nous ne citons que les gros chiffres. La dépense de 1854 a été de 31,801 franes 74 centimes; sur cette Somme il a été distribué 73,128 kil. de pain, coolant 22,742 francs 84 centimes; riz et lé umes 1,763 francs 55 centimes; achats de vêtements, literie et chaussures 3,234 franes 91 centimes. D'autres secours ont été donrés en viande et bouillons et en combustides, mais pour des sommes plus minimes. Les secours en argent sont un peu au-dessous de 1,000 francs. Le patronage des écoers est porté en dépense pour 1,124 francs 17 centimes, dans lesquels il entre pour 580 franes environ de frais d'écolage. Le patronage des apprentis a coûté 350 francs, celui des militaires 100 franes. La société a conbné aux dépenses de l'œuvre de SaintFrançois Xavier pour 100 francs. Cette dernere société mérite bien qu'on la menDonne, car elle ne réunit pas moins de 2,000 ouvriers.

Lot-et-Garonne. Le département compte dix-sept salles d'asile qui sont fréquentées jar 1419 enfants de l'âge de 2 ans à 7 ans, et int les dépenses annuelles varient de 17 à 18,000 franes; 18 ouvroirs où 350 jeunes filles de l'âge de 12 à 16 ans sont admises pour y prendre à coudre ou se créer une industrie; 25 sociétés de secours mutuels ou de prévoyance dont les ressources ne s'élèvent pas * moins de 124,510 francs; enfin une maison dite de la Providence où sont reçus des ingents et de jeunes orphelines. Elle est Sigée par M. le curé d'Agen, aidé des eirs de charité.

Bouches-du-Rhône. Marseille. Les urres de la charité privée vivent à Maredle dans un isolement complet. On n'a mais conçu l'idée de les relier. Chaque fondation, disent les membres des diverses associations, réalise le bien qu'elle peut, As s'occuper de ce que font les autres. L'isolement des œuvres à Marseille n'est pas seulement un fait, c'est un système, mauDICTIONN. D'ECONOMIE CHARITABLE,

vais système, car il produit infailliblement des abus, des doubles et faux emplois et une grande déperdition du trésor charitable. Les œuvres qui pourraient s'entre-éclairer faute d'entente peuvent s'entre-nuire. L'évêque de Marseille, devant qui nous en faisions l'observation, en convenait volontiers. Et l'alliance des œuvres serait plus facile à Marseille que partout ailleurs. Les bureaux de bienfaisance sont entre les mains des sœurs de Saint-Vincent de Paul. La charité religieuse et la charité privée ont fondé parallèlement aux bureaux de bienfaisance la Société de bienfaisance et de charité qui, comme les bureaux de bienfaisance, distribue des secours à domicile; or cette société est desservie comme le sont les bureaux de bienfaisance par les sœurs de Saint-Vincent de Paul. En troisième lieu, la société de Saint-Vincent de Paul occupe une placo considérable dans la charité privée à Marseille. Elle y compte huit conférences et elle en réunira bientôt dix-sept, une par paroisse. Trouve-t-on qu'il soit si difficile de relier des œuvres dont le nom de saint Vincent de Paul est également le drapeau, et qui se proposent identiquement le perfectionnement moral des pauvres aussi bien que leur soulagement matériel?

La Société de bienfaisance et de charité, dont le double nom nous semble former un inutile pléonasme, repose sur la base de l'enseignement et des secours inatériels. Au point de vue de l'enseignement, la société se préoccupe des obstacles que l'instruction rencontre dans la classe du peuple, et les aplanit. Elle les vêtit et les habille. Les chiffres vont nous apprendre dans quelle proportion les notabilités de la ville, l'évêque, le général commandant la division militaire, le préfet, le maire, les présidents du tribunal civil et du tribunal de commerce figurent parmi ses membres honoraires. Le nombre des administrateurs n'est pas moindre de 25. Deux commissions se partagent le soin des approvisionnements et distributions et des secours médicaux. Six médecins titulaires et autant d'adjoints font le service des dispensaires. L'enseignement des écoles est entre les mains de cinq sœurs de Saint-Vincent de Paul, et une sixième préside aux distributions, aidée d'une fille de service. La recette de 1850 nous donne le chiffre de 44,842 francs 55 centimes, mais la recette annuelle proprement dite ne dépasse pas 30,000 francs, distraction faite des recettes extraordinaires. De ces 30,000 francs, la ville, dont la libéralité se trouve partout la même voy. HoPITAUX, Hospices de Marseille, - en donne 10,000. La société comple en 1850 908 souscripteurs dont les cotisations produisent 18,160 francs. On voit ces chiffres décroître en 1851; les souscripteurs ne sont plus que 835, et la collecte se réduit à 16,705 francs. D'un autre côté le produit de l'ouvroir, qui n'est que de 739 francs 35 centimes en 1850, s'élève à 1,029 francs 50 centimes l'année suivante. Le travail des écoles est porté en recette pour 354 francs III. 8

E0 centimes et on voit qu'il est dû sur ce produit 200 francs. On voit aussi qu'on retire 150 francs du chant des élèves. Des bottes déposées chez divers négociants à l'instar de celles de nos pères procurent en 1851 un revenu de 674 francs 75 centimes. Enfin on voit figurer aussi en recette le produit d'une cavalcade, pour 80 francs dans la même année 1851.

Donner aux enfants des plus pauvres familles une éducation morale et une nourri ture saine, pourvoir aux besoins les plus indispensables de ces mêmes familles, tel est le but de l'œuvre. Aucun enfant n'est admis dans les écoles sans qu'une visite préalable ait été faite à ses parents. On constate la moralité de la famille non moins rigoureusement que son indigence. L'enfant, dès qu'il est admis, devient l'objet des soins les plus minutieux. Il est nourri d'une manière irès-substantielle. Par la masse des aliments employés, la société arrive à des réductions de prix très-importantes. Elle vend du pain aux classes mal aisées à raison de 15 cent. la livre pour une somme de 7,769 francs 15 centimes en 1850, et des bons de soupe à raison de 10 centimes. On trouve la même année 93 bons de viande vendue à 25 cent. le demi kilo. On nourrit dans les écoles 140 garçons et 140 tilles, et dans l'ouvroir 40. La dépense est de 6,620 francs 70 cent. Il est fait à la Noël de 1850, comme on dit dans le Midi, une distribution de vêtements de 688 francs 55 centimes. 5 garçons et 20 tilles habillés à leur première communion coûtent la même année 545 francs 10 cent. Il est dépensé en petites fournitures de livres, papier, savon, etc., 841 francs. Le traitement des sœurs est comme toujours de 500 francs, quand elles ne sont pas nourries. Le eulte figure au budget pour 1,515 francs 70 centimes, savoir: traitement de l'aumônier 1,000 francs, entretien de la chapelle 249 franes 65 centimes, bancs neufs pour les enfants, 260 francs 05 centimes. C'est là ce qui concerne le chapitre des écoles.

La dépense en approvisionnements et distributions est identique à peu près à celle des écoles. Elles roulent entre 12 et 13,000 francs chacune. 62,440 bons de pains ont coûté 9,366 francs; 25,200 rations de soupe, 2,520 francs; 258 bons de viande, 64 francs 50 centimes.

Le rapporteur de 1851 constate que les parents, sous le moindre prétexte, interrompent l'enseignement des enfants, inconvénient que semblerait devoir prévenir le soin que prend la société de les nourir. Il déplore plus amèrement encore que les jeunes filles des ouvroirs aillent perdre dans leur famille chaque soir le fruit des conseils et des exemples de la journée. De là devait naître et est née en effet la pensée de convertir l'ouvroir externe en ouvroir interne. Ainsi s'engendrent les œuvres. L'assistance des malades à domicile se développe également. Il n'en avait été secouru que 585 en 1850, on en a soigné en 1851, 717.

Mais ce qu'il ne faut pas omettre de cons

tater, c'est que le coût des remèdes distribués, qui était déjà descendu d'un chiffre plus élevé, à 4 fr. 05 c. par malade, s'est abaissé en 1851 à 3 fr. 58 c.

La société s'étend hors des limites des œuvres dont on vient de parler, elle embrasse des dispensaires et dépôts de secours aux noyés et asphyxiés, et une école d'enseignement musical. La première de ces annexes ne lui coûte pas moins de 5,500 fr. 50°c. La seconde est portée au budget pour un peu moins de 1,400 fr. Les frais géné raux, dans lesquels sont compris les traitements d'un agent et d'un commissionnaire pour 1,750 fr., sont d'environ 3,500 fr. Ces chiffres ne seront pas sans intérêt pour les hommes pratiques de la charité privée.

Du sein fécond de la société de Saint-Vincent de Paul étaient déjà sorties à Marseille, en 1847, 5 conférences; et au moment où nous traversions cette grande ville à la fin de 1853, leur nombre allait être porté à 17. Les recettes, qui ne sont que de 17,000 fr. au point de départ en 1847, montent à 47,000 fr. en 1852. En 1844, la conférence unique n'est composée que de 8 membres actifs, et elle en compte 198 le 8 décembre 1847, non compris 56 membres honoraires. Les souscriptions des 5 conférences de 1847 portent au budget 4,551 fr. 70 c., celles de 1852 donnent 13,294 fr. 50 c. La ville, qui ne donne rien en 1847, alloue 2,000 fr. en 1852. Des bienfaiteurs de l'œuvre figurent en 1852 pour 4,439 fr. Le sermon de charite est moins fructueux en 1852 qu'en 1847, où il donne le magnifique résultat de 3,533 fr. 50 c.; mais la recette est enflée en 1852 par plusieurs dons, dont l'un (de M. Jérôme Borelly) s'élève à 10,000 fr. Chaque année a ses récoltes.

Les chiffres vont nous donner l'idée de la portée des conférences de Marseille. Il est dépensé en 1852: bons de pain, 19,203 fr. 75 c. bons de viande, 8,127 fr. 75 c.; couvertures, 770 fr. ; paillasses, 829 fr; argent. 874 fr.; vêtements, 389 fr. La recette est. avons-nous dit, de 47,000 fr., mais la dépense n'excède pas 34,556 fr. 20 c. Il est employé en secours de route 369 fr.; en œuvres dites de charité, 1,087 fr.; à l'œuvie dite des militaires, environ 900 fr., y conpris le loyer de la salle. Les conférence font un don de 300 fr. à l'œuvre des Petites sœurs des pauvres. L'année du choléra, dépense des conférences s'est élevée à 48,677 fr. Le chiffre des membres de la société en 1852 est de 498, dont 343 membres honoraires. Le nombre des familles seconrues est de 969, composant 3,736 personnes Les œuvres de charité ont conduit aux pra tiques religieuses 1 homme, 2 femmes e 11 enfants; 18 confirmations ont eu lieu 18 unions ont été légitimées : un des éj 001 était âgé de 70 ans; 5 enfants ont été reconnus, 87 malades ont été soignés, 34 pa vres mourants ont reçu les secours de la religion, 30 personnes sont entrées aux Petites sœurs des pauvres, 16 à l'hospice de Saint-Jean de Dieu, 1 à la ferme modèle,1 aus

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