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Sourds-muets, 32 à l'hospice de la Charité. La société s'est imposée en outre des sacrifices pour favoriser l'admission des indigents dans plusieurs maisons de charité : 8 sont entrés ainsi àu Refuge, 4 à la Préservation, 7 aux Orpnelins, 17 à la société de bienfaisance, aux filles pauvres de la Providence du choléra, 5 aux enfants de la Providence de l'étoile. Les conférences ont contribué en outre à 41 mois de nourrice et payé 7 inhumations. L'OEuvre des militaires est une école créée depuis 1850. Elle est ouverte chaque soir de 5 à 7 heures. Les membres voués spécialement à cette œuvre donnent aux militaires les premières notions de la lecture, de l'écriture, de l'orthographe et de l'arithmétique. Ils leur font ensuite de bonnes lectures, leur donnent des explications historiques et géographiques, surtout de sages conseils. Un ecclé siastique est chargé de l'instruction religieuse. Le nombre des militaires qui ont suivi l'école dans le courant de l'année 1852 est évalué à 800. Une bibliothèque d'environ 500 volumes a été créée dans le local de l'OEuvre des militaires.

Un soir, raconte un ecclésiastique de Marseille, j'étais sur le point de porter le saint-Sacrement à l'église des Prêcheurs. Parmi les personnes qui environnaient l'autel, j'aperçus un soldat qui, un flambeau à la main, se disposait à me suivre. Mon ami, lui dis-je, ne venez pas. Si quelque camarade vous rencontrait, il pourrait vous rendre la vie dure à la caserne. Il me regarde un moment avec étonnement, puis d'une voir à laquelle la vivacité de sa foi prêtait une force particulière : — Monsieur le curé,» me dit-il, quand mon colonel passe, je lui présente les armes. Qui pourra trouver mauvais que je rende à mon Dieu les honneurs que je lui dois ?» Ainsi se refont les mœurs d'une nation. Les bons exemples ne sont pas, Dieu merci, moins contagieux que les mauvais. Nous citerons deux traits de la conférence de Marseille, que nous extrayons d'un des comptes rendus :

Deux jeunes filles, âgées l'une de dix ans, l'autre de douze, avaient l'effrayant malbeur de se trouver placées dans une maison de prostitution, et celui plus épouvantable encore peut-être d'avoir pour père et mère ceux-là même qui tenaient cette infame demeure. Un membre, instruit de ce fait, n'a plus de repos qu'il n'y ait porté remède. Il s'assure d'abord des moyens de faire entrer ces pauvres enfants au Refuge. Mais, bien que les allocations nécessaires à cet effet fussent au-dessus des ressources de la conférence, ce n'était point là le plus difficile. Ce qui l'était beaucoup, c'était de faire consentir le père et la mère à se priver de leurs filles, objets d'avance de leur part peut-être des plus odieux calculs. Enfin, à force de supplications et de menaces, à force de prières adressées, le double trésor a été livré à l'heureux confrère, qui est allé triomphant le déposer lui-même dans l'asile qu'il lui avait préparé.

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Un vieillard avait passé loin de Dieu une vie qui durait depuis quatre-vingts ans, lorsque les infirmités et la misère vinrent à la fois l'accabler. Celui des membres de la conférence auqul ie échut en partage, après l'avoir soulage matériellement autant qu'il le pouvait, s'appliqua à lui faire un bien autrement important. Mais le vieillard semble plus incurable encore sous ce rapport que sous l'autre, il est impossible de trouver un être plus insensible, plus inintelligent des choses du ciel. Cependant le confrère ne se décourage pas. Dix fois, cent fois ses paroles sont vaines; le vieillard était sourd, mais Dieu ne l'était pas, lui qui a dit: Demandez et vous obtiendrez; frappez et il vous sera ouvert. (Matth. vii, 7.) Dieu entend la voix de son serviteur. Touché de sa persévérance, il prononce sur l'âme ensevelie dans les ténèbres de la mort une parole de vie. A cette toute-puissante voix, le nouveau Lazare sort du tombeau, et sa résurrection est si complète, que son visiteur se demande, dans le ravissement de sa joie, s'il doit en croire ses yeux, si c'est bien là l'homme réduit à l'état de cadavre, qui ne donnait quelques instants auparavant aucun signe de vie morale. Et Dieu a poussé encore plus loin sa miséricorde, en appelant presque aussitôt à lui l'ouvrier de la der-, nière heure. »

Nous avons trouvé également à Marseille, où la corruption est profonde, deux traits de charité pratiquée par le pauvre lui-même qui nous ont profondément ému.

Un pauvre savetier du coin habite une toute petite mansarde à laquelle on ne parvient qu'au moyen d'une échelle. Il est là avec sa femme et deux enfants en bas âge. La Providence veut que cet homme, qui est dans un état si voisin de la misère, vienne à apprendre un jour qu'un pauvre garçon de douze aus a été abandonné par sa mère qui mène une mauvaise vie. Le malheureux enfant passe ses journées dans les rues, implorant la charité des passants, et plus d'une fois on le voit accroupi contre une borne, souffrant du froid et de la faiu. Le savetier n'a pas plutôt connaissance de cet affligeant état de choses, qu'il court un soir à l'écurie où on lui dit que ce pauvre enfant passe ses nuits. Celui qui aurait été témoin de la tendresse avec laquelle il l'accueille, de son empressement et de sa joie à l'emmener chez lui, aurait cru que c'était un père retrouvant son pauvre enfant qu'il avait perdu. Eh bien ! ce traitement de père, il l'a constamment continué depuis, et il y a plus de trois ans que cela dure; il lui apprend son métier, partage avec lui, ses deux autres enfants et sa femme associée de tout cœur à la bonne œuvre, son pain de chaque jour.

Mais ces soins matériels prodigués par ce brave homme à cet enfant, sont peu de chose auprès des soins moraux dont cette pauvre créature a été de sa part l'incessant objet. Il reconnut bien vite que l'âme de son enfant adoptif était étrangère à toute notion, à tout sentiment religieux. La solicitude, la pa

tience, la persévérance qu'il mit dès lors à lui inspirer les sentiments qui lui manquaient, à lui apprendre ses prières, son catéchisme; son assiduité, son exactitude à le conduire lui-même au catéchisme de la paroisse, sont au-dessus de tout éloge. Il faut avoir vu de ses propres yeux, nous dit son visiteur, un aussi touchant spectacle pour s'en faire une idée complète. Il serait resté inaperçu, si le moment de la première communion approchant, on n'avait été dans le cas de recourir à la société de Saint-Vincent de Paul de Marseille à raison des dé

penses extraordinaires qu'elle nécessitait. Ce grand acte a été accompli avec les dispositions les plus édifiantes par l'enfant régénéré, et le jour où il a eu lieu a été un beau jour de fête pour la famille du savetier..

Une autre famille secourue par la société a donné l'hospitalité à deux pauvres Allemands, tombés à Marseille, dépourvus de toute ressource. L'impossibilité de se faire comprendre rendait la position de ces deux étrangers plus difficile encore. Ils étaient perdus dans un désert d'hommes. La rencontre de la famille marseillaise qui parlait allemand, fut pour eux un événement tout providentiel. Pendant tout le temps qu'ils ont passé à Marseille en attendant qu'ils se rendissent au lieu de leur destination, la charitable famille a partagé avec eux sa nourriture et son logement. A la voir agir, nul ne se serait douté qu'elle avait deux étrangers dans son sein; on aurait dit une seule et inême famille; et cette conduite n'était inspirée par aucun espoir de récompense ou de réciprocité possible: on allait bientôt se séparer pour ne plus se rencontrer ici-bas! L'union des époux hospitaliers avait été peu auparavant légitimée par les soins de la conférence qui les secourait. Chose remarquable! du moment que le sacrement leur a été conféré, il s'est opéré en eux une véritable régénération. L'union, la paix, la patience, la résignation y sont entrées avec lui, et avec lui également y ont été en quelque sorte improvisés l'ordre, l'économie, la propreté, qu'on n'y avait pas remarqués auparavant. Les époux sont venus d'eux-mêmes demanderà la conférence de discontinuer des secours dont ils pouvaient rigoureusement se passer désormais.

Un jour de l'hiver de 1851, le confrère qui tenait le bureau auquel viennent se faire inscrire les familles, voit arriver à lui une pauvre femme. Il se disposait à prendre son adresse, lorsque celle-ci l'arrête en lui disant qu'elle ne venait point pour demander, mais pour apporter. J'ai fait, dit-elle, une longue maladie, pendant la durée de laquelle vous m'avez prodigué les consolations et les secours. Me trouvant aujourd'hui un peu audessus du besoin et pouvant vous rendre ce que vous m'avez si généreusement donné, j'ai cru devoir en faire le compte exact, et voici la somme. En disant ces mots, elle déposa sur notre bureau 40 francs. Toutes les inslances de notre confrère pour les lui faire re

prendre furent inutiles. Non, non, dit-elle, je ne la reprendrai pas; cette somme doit servir à secourir des misères maintenant plus grandes que la mienne. Et cette fe:ume a voulu rester inconnue.

Toute la population marseillaise accourait pour être témoin de l'ascension d'un aérosiat qui avait lieu de manière à piquer vivement la curiosité générale. Un enfant placé en apprentissage par la conférence reçoit dans la vaste enceinte réservée au public. de son patron le prix d'une carte d'entrée L'enfant demande alors à son maître la permission de faire un usage différent de l'argent qu'il lui donne. Le maître veut savoir quel est cet usage, et l'enfant lui déclare que cette petite somme est destinée par lui aux pauvres. Avec l'autorisation du maître, l'enfant plein de joie court porter sa précieuse offrande à celui des confrères de SaintVincent de Paul qui a visité autrefois sa famille. Il y a tout lieu de croire que c'est dans les visites faites à ses parents que cet enfant a puisé le sentiment charitable qui se révéla chez lui par un pareil acte.

Marseille est le chef-lieu d'une des provinces de la société de Saint-Vincent de Paul. Le conseil central a été installé le 17 juillet 1853. La circonscription embrasse, comme la province ecclésiastique d'Aix, six diocèses: ceux d'Aix, de Marseille, de Fréjus, de Digne, d'Ajaccio et de Gap. Les conférences agrégées par le conseil général de cette circonscription sont au nombre de vingt-neuf. Ces vingt-neuf conférences sont ainsi répar ties sept dans le diocèse d'Aix, savoir: les deux conférences de la ville archiepiscopale et celles de Tarascon, d'Arles, de Salon, d'Eguilles et d'Eyguières; huit dans le diocèse de Marseille, établies toutes les huit à Marseille même; dix dans le diocèse de Fréjus, dont deux à Toulon et les autres à Draguignan, Brignoles, Lorgues, Grasse, Saint-Tropez, Hyères, Barjols et Laverdière; deux dans le diocèse de Digne, l'une à Digne et l'autre à Sisteron; deux enfin dans le diocèse d'Ajaccio, celles d'Ajaccio et de Bastia. n'existe encore aucune conférence dans le diocèse de Gap.

* Nous trouvons dans le discours d'installation du conseil central de Marseille, des de vue de l'unité de la conférence et de la considérations d'une grande valeur au point puissance de cette unité.

Aujourd'hui, dit l'auteur de ce discours, (M. Charles Verger, président central, viceprésident du tribunal civil), aujourd'hui que la foi est considérablement affaiblie, quand elle n'est pas entièrement éteinte chez le pauvre; que les besoins, les misères, les souffrances du corps, plus grands encore néanmoins qu'ils ne l'étaient jadis, ne sont plus un but, mais seulement un moyen pour pénétrer jusqu'à des besoins, des misères, des souffrances d'une tout autre nature; aujourd'hui il faut arriver à l'âme du pauvre. Et là, que de préventions à détruire,

que d'erreurs à redresser, que de passions à combattre, que de mauvais sentiments à étouffer! Comment en dehors de ces miracles de la grâce sur lesquels il serait par trop téméraire de compter, comment l'ou vrier de la charité, réduit à ses seules forces individuelles, pourrait-il ne pas succomber à la peine? Il lui faut nécessairement l'aide et le secours de l'association. Par elle, il participe, en quelque sorte, à la force de tout le corps auquel il appartient, sans parler de la réalisation qui s'opère, particulièrement dans les réunions de charité, de ces divines paroles: Lorsque vous serez assembles plusieurs en mon nom, je serai au milieu de vous (Matth. xvm, 20); paroles, remarquons-le, prononcées par ce même Verbe divin qui avait dit au commencement des temps: Il n'est pas bon que l'homme soit seul! (Gen. u, 18.) Mais l'association n'est pas sealement nécessaire pour accroître la force, le pouvoir, la volonté de celui qui exerce la charité; elle l'est encore pour que le malheureux envers qui elle est exercée se prête à cette action charitable. Qui ne sent en effet que si le pauvre la croyait isolée et le fait seulement d'un simple individu, cette action serait bien loin de lui faire la même unpression, d'avoir sur lui la même influence, que lorsque, dans sa pensée, elle se lie à une infinité d'autres actions semblables; lorsque ce pauvre se dit que le visiteur, devenu son ami, n'est que le mandataire auprès de lui d'une société innombrable, répandue dans toutes les contrées du monde ; que ce que cette société fait pour lui, elle le fait de la même manière pour tous ceux qu souffrent comme lui, pour tous les déshérités de ce monde, au soulagement desquels elle s'est entièrement dévouée? L'ami qui vient à lui n'est plus dès lors pour le uvre un être à part, sa conduite ne fait joint exception à la règle généralement suivie dans le monde, elle est au contraire celte règle elle-même dans les classes plus moins élevées de notre ordre social actuel. Les gens du monde, les jeunes gens, les hommes instruits et distingués, les ri ches enfin, comme il le dit, les riches aitent les pauvres, s'occupent d'eux, s'efforrent de leur faire le plus de bien possible. Nest-ce point là ce que, partout où la sociéte de Saint-Vincent de Paul se trouve établie, le pauvre est dans le cas de se dire aujourd'hui ? Et l'on comprend combien une pareille persuasion est propre à ouvrir son cœur à de salutaires influences, à dissijer ces malheureuses préventions qui ne

sont que trop naturelles et que l'on a Lant fait cependant pour fomenter en lui. On omprend aussi combien l'ascendant sur le Jauvre se trouve par là favorisé et fortifié, e quel immense avantage il acquiert sur un ascendant individuel et isolé. On comprend enlin combien, en se généralisant. chez le peuple, une semblable conviction doit avancer la so'ution d'un des plus importants et des plus difficiles problèmes de nos sociétés telles que l'irréligion et les révolutions les

ont faites, la réconciliation du pauvre avec le riche.

« Une objection pourrait être faite cette unité, pourrait-on dire, n'offre-t-elle pas de véritables dangers, dangers d'autant plus grands qu'elle aura été plus parfaite? L'impulsion reçue de Paris continuera-elle d'être bonne?

« La société de Saint-Vincent de Paul est une société essentiellement et uniquement catholique et charitable; elle n'est, elle ne peut être composée que d'éléments ayant ces deux qualités constitutives, et cela, non point seulement en théorie, mais encore en réalité et dans la pratique. Si la direction imprimée n'était plus ce qu'elle a été toujours, elle ne serait plus reconnue ni suivie. Le conseil général de Paris et les conseils des provinces et des villes ne sont pas des pouvoirs, mais seulement des liens. Ils n'ont d'autre autorité que celle que leur donnent la confiance et l'affection, et s'ils venaient à perdre l'une et l'autre, cette autorité n'aurait plus de raison d'être; eile ne serait plus. »

Deux autres œuvres capitales, à Marseille, sont celle des Orphelines et celle des Orphelins. Les orphelins recueillis sont au nombre de 50. Ils reçoivent l'enseignement professionnel, et on retire de leur travail 1,500 fr. Les enfants sont supérieurement tenus. L'œuvre des Orphelins du choléra est encore plus importante, elle s'applique à 150 enfants. La charité privée vient en aide aux enfants pauvres qui fréquentent les écoles, 28 externes, garçons ou filles, sont nourris dans les classes pendant la journée, aux frais des œuvres. La fondation des Orphelines est plus considérable encore que celle des Orphelins. On nous a donné le chiffre de 350 jeunes filles recueillies par l'œuvre. Les Orphelines du Choléra sont de plus secourues par une œuvre à part. Mgr l'évêque de Marseille nous a entretenu d'une œuvre qui lui doit, croyons-nous, sa fondation, et à laquelle il a raison d'attacher un grand prix, c'est celle des Domestiques. Les jeunes filles qui viennent à Marseille pour s'y placer ou celles qui restent sans place trouvent, au moyen de l'œuvre, un asile, des conseils, des recommandations précieuses. Des milliers de jeunes filles ont été préservées des immenses périls auxquels l'inexpérience et la jeunesse, privées de ces conseils, sont exposées dans une grande ville. Tout ce qu'on sait des mille piéges tendus aux jeunes filles que les départements versent incessamment dans la capitale, s'appli appliquait à Marseille avant la création de l'oeuvre des Domestiques. Les curés ou d'autres protecteurs lui adressent les jeunes filles des montagnes du Dauphiné ou des HautesAlpes, qui prennent le chemin de Marseille. Les curés de la ville utilisent encore l'œuvre au profit des domestiques déjà placées, qui rencontrent des dangers dans les maisons où elles sont entrées. La fondation leur sert de refuge jusqu'à ce qu'elles aient trouvé des maîtres religieux ou au moins honnêtes gens. Un ecclésiastique riche a ouvert

un asile où les ouvriers viennent prendre leur repas après le travail et trouvent à coucher. Le pieux fondateur profite du loisir des travailleurs qu'il héberge ainsi, et que la gratuité lui attire en grand nombre, pour procurer l'instruction primaire à ceux qui en manquent, ramener au devoir ceux qui s'en écartent et enseigner à tous les leçons de l'Evangile. Il s'en faut que ce soit là toutes les œuvres de la charité privée à Marseille. Il nous reste à parler des Sourds-muets de la Société maternelle, des Hommes de la Providence, de la société de Saint-François Régis, des deux pénitenciers de Saint-Pierre et de Sainte-Madeleine dus à M. l'abbé Fissiaux ; enfin de l'oeuvre des jeunes filles pauvres dite du choléra, fondée par le même ecclésiastique.

La maison des Sourds-muets est un établissement payant. Elle réunit 50 enfants, moitié garçons et moitié filles. Les prix de pension s'élèvent jusqu'à 1,000 fr., et descendent jusqu'à 300 fr. Cette maison reçoit des subventions municipales et départementales. La fondation des Hommes de la Providence a pour objet l'apprentissage et le patronage des garçons. Elle est dirigée par des Frères des écoles chrétiennes. Ses ressources proviennent d'une association qu'on dit être de 6,000 membres. C'est une sorte de confrérie composée des personnes notables de la ville, en majeure partie. La souscription est de 30 fr., ce qui a donné, à raison de 6,000 personnes, un capital disponible de 180,000 fr. Des réunions périodiques ont lieu dans lesquelles on rend compte à la société de la marche de l'œuvre charitable. La religion est un des liens de cette grande société; comme dans les associations des secours mutuels on célèbre des services pour les membres morts. L'OEuvre de Saint-François Régis est dirigée par un conseil de 23 personnes. Les trois établissements de M. Perso l'abbé Fissiaux sont un des prodiges de la charité. Le nom de cet ardent Chrétien vivra dans les anuales de la bienfaisance. Voy. SYSTÈMES PÉNITENTIAIRES, Pénitencier de Saint-Pierre. Pénitencier de la Madeleine.

Il évalue le prix de la nourriture à 38 c. A tous les dommages que les fondations de M. l'abbé Fissiaux ont éprouvés dans ces derniers temps est venu se joindre celui de la réduction à 70 c. de l'allocation portée jusqu'ici à 80 c. Il reçoit encore néanmoins du département 80 c. Les ingénieuses créations de Mettray, telles que l'appropriation d'une même salle aux récréations et au réfectoire, au moyen de la mobilité des tables, ont été appliquées aux pénitenciers de Saint-Pierre et de la Madeleine. L'emploi des fourneaux économiques de l'invention du curé d'icigny (près Lyon) produit par le moyen d'une concentration extraordinaire de la chaleur, une économie de combustible de 50 p. 100. Un pétrin conique, une bluterie d'un grand modèle assurent à ces fondations toutes les conditions du bien-être et de la durée, et leur permettent de recevoir une beaucoup plus grande extension. L'abbé Fissiaux à

pour auxiliaires un ordre particulier de Frè res vêtus d'une soulane noire, ornée d'une croix blanche sur le cœur, avec un chapelet pendant sur le côté droit. Le Pénitencier de la Madeleine renferme 13 femmes extraites de la prison départementale et 70 jeunes filles dans le cas des articles 66 et 67 du Code pénal. Cet établissement, faute de ressources suffisantes, est au-dessous des besoins du département; il faudrait 200 places disponibles. Les 13 femmes condannées ou prévenues sont soumises au système cellulaire,

Les trois établissements sont placés dans un site admirable, entourés d'une chaîne de montagnes couvertes de bastides et de plantations, avec la vue et l'air de la Méditerranée.

Le plus remarquable est celui qui est consacré à l'œuvre de la Providence des filles pauvres ou OEuvre du choléra. Cette institution'est due à une société de 400 dames de Marseille, et plus encore au zèle charitable de M. l'abbé Fissiaux, qui a su créer cette société moyennant une modeste souscription de 25 fr. par an. La fondation a coûté 300,000 fr. de frais de premier établissement. Les associées se réunissent une fois par mois pour visiter l'œuvre. Des exercices religieux ont lieu en cette occasion dans une belle chapelle incorporée aux bâtiments. On arrive à l'édifice,d'un très bel aspect, en traversant une large terrasse servant de préau, à laquelle on monte par un perron de quinze marches. Les bâtiments se composent d'un corps principal de douze fenêtres de face, très-espacées, à deux étages. Le corps principal doit avoir, en retour, deux ailes, dont une seule est aujourd'hui construite. Le revenu actuel ne permet pas de recevoir plus de 150 jeunes filles. Les classes sont très-belles; de superbes dortoirs sont séparés par de vastes corridors où l'air circule abondamment. Sous la terrasse sont distribués tous les communs de la maison, les caves, les magasins. Ure machine à vapeur correspondant par un tuyau, à la buanderie, a procuré 80 pour 100 d'économie aux deux pénitenciers et à la maison de la Providence que dessert celle buanderie.

Parmi les 150 jeunes tilles reçues dans la maison, 25 sont sourdes-muettes et 12 aveugles. En présence de si grand's efforts de la charité privée, suscitée par le zèle de M. l'abbé Fissiaux, on s'étonne que la subvention de l'Etat, envers l'établissement, se borne à 2 ou 3,000 fr., quand des sommes considérables s'ensevelissent dans les institutions de bienfaisance, dites nationales, avec des résultats si médiocres! Les jeunes fille sont divisées en trois sections. Dans la première, sont enseignées les plus âgées, au nombre de 40; dans la seconde, celles dè l'âge moyen; dans la troisième, les enfant de trois à six ans. L'instruction professionnelle marche de front avec l'enseignement primaire. Les plus jeunes ont leur petit ou eroir, comme les plus âgées leur atelier de couture.

L'OEuvre embrasse, pour le soulagemen

des filles pauvres, tout l'espace compris entre 3 et 21 ans. La charité privée, comme la charité publique plient, à Marseille, sous le poids des étrangers. Les étrangers donnent ou 5,000 malades à l'hôpital par an, et ils jettent, sur le pavé de la ville, un nombre d'individus à existence précaire, qu'on évalue à 25,000, et qui épuisent la majeure partie des ressources de toutes les œuvres charitables. Nous avons entendu rapporter ce chiffre de 25,000 étrangers aux Italiens seuls (Piémontais ou autres).

Var. A Draguignan, les Dames de la Miséricorde distribuent, aux indigents de la ville, des vêtements et du pain. Les Dames de la Providence leur portent des médicaments et les soignent dans leurs maladies. La charité privée ne se borne pas à compléter la charité publique, elle vise à se substituer à elle. Par un renversement des règles suivies en économie charitable, c'est la charité privée qui secourt les misères ostensibles, et le bureau de bienfaisance qui recherche les pauvres honteux.

Le maire de Draguignan nous a fait visiter, avec un juste orgueil, la maison des Orphelines de Sainte-Marthe qui, avec une modique dépense de 7,000 fr. par an, procure à la ville et aux environs des avantages infinis. Dirigée par huit religieuses, elle comprend des pensionnaires, des externes payantes et des externes gratuites. Les payantes, pensionnaires ou externes, sont au nombre de 70; les gratuites, de 60. Sur les 7,000 fr. de dépense, 5,000 sont employés en frais de nourriture; les 2,000 fr. restant suffisent à défrayer la maison. Sur les 7,000 fr. de recette, 1,800 proviennent des prix de peusion et des mois des externes payantes; la charité fait le reste. Sans capital, sans dotation aucune, la maison se soutient miraculeusement. La minime pension de 100 fr. par an est le prix le plus ordinaire payé par les pensionnaires. La propreté, la tenue de la maison, l'air de santé et satisfait des enfants, l'ardeur qui s'y fait remarquer au double point de vue de l'enseignement élémentaire et professionnel, tout contribue à faire tristement ressortir la condition des jeunes filles de l'Hôtel-Dieu. La raison de cette différence c'est que, confondus dans les services hospitaliers avec les malades civils et militaires, les vieillards et les infirmes des deux sexes, les enfants de l'hospice manquent d'un règlement intérieur qui leur soit applicable.

La maison des Orphelines ne possède aucune dotation; mais le corps de bâtiment, siége de cet établissement, lui appartient. L'établissement n'étant point autorisé par le conseil d'Etat, la maison ne pouvait être donnée à l'établissement; elle a été attribuée à la commune, à la condition de sa destination actuelie. Si d'une part, l'établis sement ne peut posséder, de son côté, la commune ne veut pas faire acte de propriétaire; c'est-à-dire qu'elle répudie les charges de la propriété, celles des grosses comme des Lenues réparations, des contributions, etc.

Elle se défend d'être propriétaire, da. peur que cette qualité n'entraine, pour elle, la nécessité de soutenir la maison dans. ses besoins si elle vient à manquer de res

sources.

M. le maire de Draguignan se demande. quelle est la situation respective de l'éta-. blissement et de la commune. Nul doute que. la maison, en tant que maison d'éducation ou de charité, ne soit qu'un établissement privé. L'autorisation donnée à la commune d'accepter la donation, n'a pas fait, de la maison des orphelines, un établissement d'utilité publique. D'un autre côté, la commune ne s'est engagée qu'à une seule chose, à accepter une donation et à attribuer, à la chose donnée, la destination voulue. Elle n'a contracté aucunement l'obligation pour l'avenir. C'est à la maison à supporter les frais dont elle retire les fruits. Les positions respectives sont très-nettes.

A Toulon, la société de la Providence, moyennant quelques ressources propres que lui fournissent des souscriptions, des quêtes, et la vente d'objets confectionnés par les jeunes filles, trouve moyen d'en élever 23 au prix de pension tout à fait infime de 125 fr. par an. A l'âge de 18 ans, et au moment de s'en séparer, elle les pourvoit d'un trousseau complet. Une faible pension de 125 fr. est à la portée de beaucoup de familles laborieuses. De pareils établissements secourent les classes ouvrières sans les démoraliser.

i

Hérault. Nous remarquons à Nimes, quatre conférences de Saint-Vincent de Paul formées d'enfants: la première, des élèves de philosophie et de rhétorique ta seconde, de ceux des classes venant après, et ainsi de suite. Des domestiques de la maison, entraînés par les exemples qu'ils avaient sous les yeux, se sont réunis, eux, aussi, au nombre de dix-huit en conférence, et en ont ainsi formé une cinquième.

Pyrénées-Orientales. Il existe à Perpignan une société de Dames des Pauvres, qui distribue des bouillons et des médicaments aux malades et aux convalescents, La moyenne de la durée du secours est de 8 jours. Cette société dispose d'une, somme d'environ 3,000 fr. Une autre société identique à la société de Charité maternelle connue sous le nom de la Sainte-Enfance, vient en aide aux mères de famille pauvres pendant leurs couches, et leur fournit des layettes. Cette société consacre à ces se cours une somme de 1,500 fr. La plus importante association charitable de la ville est celle créée pour l'extinction de la mendicité, qui est interdite dans les PyrénéesOrientales. Elle alloue à 160 mendiants 4, 5 et 7 fr. par mois. Ses ressources sont d'environ 13,000 fr., somme à laquelle le gouvernement ajoute une subvention de 1,500 fr. Mais la mendicité ne peut être réprimée qu'à la condition que la défense de inendier aura le dépôt de mendicité pour sanction. Il arrive souvent dans les communes rurales, que des indigents sont entrete

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