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nus à tour de rôle par des propriétaires cultivateurs, au moyen de donations en na

ture.

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Basses-Pyrénées. Bayonne. Il y a quelques années, un pauvre prêtre de Bayoune recueillit dans les quartiers les plus misérables, dans les bouges les plus infects, un certain nombre de petites filles pour les arracher, par le bienfait d'une éducation: chrétienne et laborieuse, aux entraînements de la misère et aux séductions du vice. Pour fonder une œuvre aussi utile, M. l'abbé Cestac n'avait d'autre ressource qu'un modeste traitement de vicaire de la cathédrale, et sa courageuse confiance dans l'aide de la Providence. Le premier asile of fert par M. l'albé Cestac aux orphelines délaissées, fut une chambre où la bienfaisance d'un généreux habitant de Bayonne leur permit de s'établir. Ce refuge devint bientôt trop étroit; mais, à mesure que croissaient les besoins de l'institution naissante, l'ingénieuse bonté de son fondateur savait y faire face. De la modeste chambre qui les avait d'abord reçues, M. l'abbé Cestac transporta ses enfants, chaque jour plus nombreuses, dans une humble maisonnette située sur le bord de la mer, en face de cet Océan dont les magnificences racontent à toute heure la puissance de Dieu. Là, tout en leur enseignant leur religion, tout en les initiant aux premières notions de la lecture, de l'écriture, de la grammaire et du calcul, le bon prêtre leur apprit à féconder les sables de la plage, si bien qu'au bout de quelque temps, la grève aride, fertilisée par un travail assidu et intelligent, s'était transformée en un riche potager dont les produits suffisaient à l'entretien de la cominunauté.

Encouragé par son succès, soutenu par la haute approbation et par la protection puissante de Mgr l'évêque de Bayonne, dont la sollicitude épiscopale avait apprécié l'utilité pratique de son entreprise, M. l'abbé Cestac conçut le plan d'une œuvre nouvelle : un refuge pour les malheureuses filles tombées au dernier degré de l'échelle du vice, qui out l'amer sentiment de leur dégradation, et qui n'attendent souvent pour en sortir qu'une main secourable. Le digne abbé Cestac se voua avec bonheur à cette œuvre de réhabilitation. Sur la plage d'Anglet, à côté de l'asile des orphelines, une maison s'ouvrit pour les filles repenties. La prière et le travail agricole occupèrent, au milieu de la solitude, la vie oisive naguère de ces créatures déchues. La nature de ce travail était indiquée par une considération d'utilité matérielle, puisque l'existence de l'institution nouvelle reposait tout entière sur les produits du sol; mais elle était en même temps dictée par ce qu'on pourrait appeler l'hygiène morale. On vit bientôt cette Thébaïde se peupler de pécheresses repentantes, qui venaient redemiander à la solitude, à la pénitence et au travail sanctitiant, la paix du cœur qu'elles avaient depuis longtemps perdue. Les rudes travaux

de la terre furent un puissant moyen de moralisation. Les efforts du bon prêtre furent bénis, car, parmi toutes celles qu'il recueillit, pendant l'espace de sept ou huit années, c'est à peine si l'on en compte trois ou quatre qui aient quitté le refuge. Cependant l'exemple portait ses fruits, l'excellence de l'œuvre de l'abbé Cestac était comprise. Tandis que des personnes charitables s'empressaient de lui venir en aide, d'honnêtes filles de la classe du peuple embrassaient, sous ses auspices, la vie religieuse, se consacrant au soulagement des malades et à l'éducation des filles pauvres. Ainsi fut créé au jour le jour, et avec une sublime imprévoyance, cet établissement que ne se lassent point d'admirer ceux qui le visitent. Le voisinage des bains de mer de Biarritz y a amené, dans ces derniers temps, des honimes du monde, des littérateurs, des économistes, des hommes politiques : tous se sont inclinés devant les merveilles de la charité d'un humble prêtre. L'établissement de l'abbé Cestac se compose aujourd'hui de bâtiments considérables; il renferme un personnel nombreux; une exploitation rurale importante y est attachée; trois institutions distinctes et séparées en dépendent: l'asile des orphelins, le refuge des repenties, et le noviciat des sœurs. Eh bien ! pour subvenir à la subsistance quotidienne de ce petit monde, pour faire face aux dépenses de construciion et de mobilier, qui s'élèvent à beaucoup plus de 100,000 fr., M. l'abbé Cestac n'a eu que son modeste patrimoine, quelques aumônes et le produit du travail de la communauté ! Les services que peuvent rendre les servantes de Marie commencent à être appréciés. Plusieurs d'entre elles sent attachées, en qualité de sœurs infirmières, à divers établissements d'instruction publique. Leur présence est un bienfait pour les communes pauvres. (Patruck O'quin, député des Basses-Pyrénées, mars 1852.)

FRANCE DE L'EST. Moselle. - La ville de Metz compte au moins 25 institutions de bienfaisance; en tête, il faut placer les écoles. On ne doit pas estimer à moins de 6,000 le nombre des enfants qui en reçoivent le bienfait; et pas à moins de 100,000 fr. les sommes données annuellement afin de pourvoir aux besoins des écotes, et afin d'encourager les jeunes élèves.

La ville inserit à son budget une somme qui dépasse 75,000 fr., et qui s'applique à l'instruction de plus de 4,000 enfants, depuis ceux qui fréquentent les salles d'asile, lesquelles en comptent habituellement 1,300, jusqu'aux cours d'enseignement supérieur.

Avant 1830, les dépenses de la ville, relatives à l'instruction, ne s'élevaient pas à 20,000 fr. En 1835, elles atteignent 30,000; en 1840 53,600; en 1845, 62,000; aujourd'hui eiles dépassent 75,000; en 1835, le nombre des élèves ne dépassait pas 2,000.

Les écoles chrétiennes privées, entretenues par les libéralités de nombreux souscripteurs, dont le but charitable est de puttiplier les moyens d'enseignement, offföret

aux familles qui le désirent pour leurs enfants l'instruction primaire, surveillée par l'Eglise catholique. Huit cents élèves fréquentent ces écoles, qui occupent des bâtiments spacieux, et qui sont dirigées par des Frères de la Doctrine chrétienne. Les dépenses annuelles de ces écoles s'élèvent à 13,000 fr. L'école de la religion réformée renferme environ 100 enfants des deux sexes. Cette communauté, peu nombreuse à Metz, contribue à l'enseignement primaire par une somme annuelle de 800 fr. La ville, par une résolution récente, vient de prendre l'excédant de dépense à sa charge. La congrégation du Sacré-Cœur donne l'enseignement à 160 jeunes filles pauvres. Ses dépenses pour cet objet sont compensées par un prêt que la ville lui a fait d'une somme de 40,000, fr. sans intérêts, avant 1830; ce qui suppose une subvention annuelle de 2,000 fr. Les sœurs de Sainte-Chrétienne ont aussi trois écoles, où elles reçoivent gratuitement de pauvres jeunes filles, dont le nombre atteint 400.

Les orphelins sont recueillis dans un établissement où ils reçoivent la nourriture et l'instruction.. L'existence de la maiSon remonte à 1834, près de 80 enfants y sunt entretenus, à l'aide de dons et de souscriptions, et la dépense s'élève à près de 20,000 fr. par an. L'OEuvre des Orphelines avait précédé de douze ans la première. C'est une pensée due au zèle des membres du bureau de bienfaisance. La maison des Récollets étant une propriété de cette administration, elle a été consacrée à recueillir les pauvres jeunes filles privées de parents. Là, sous la direction des sœurs de Saint-Vincent de Paul, 115 orphelines reçoivent une éducation religieuse, l'enseignement primaire, et l'habitude des traTaux manuels qui sont le plus ordinairement réservés aux femmes. La maison est tenue avec un ordre parfait. L'entretien des jeunes orphelines occasionne à l'institution une dépense de 18,000 fr. par an. Cette somme est le produit de diverses donations faites à l'établissement, et de souscriptions annuelles. La maison du Bon-Pasteur a été fondée en 1835; elle occupe l'ancien couvent de Sainte-Claire. Elle est dirigée par des sœurs de l'ordre. Ainsi que l'indique son titre, c'est la brebis égarée que cette institution se propose de ramener au troupeau; elle entretient aujourd'hui 65 personnes. Les dépenses reposent entièrement sur les souscriptions des personnes charitables, sur une allocation de 2,000 fr. faite par le conseil général, et une de 1,000 fr. par la ville en faveur d'un établissement dont l'u

tilité est reconnue. Il est difficile d'apprécier ce que coûte l'entretien de cette maison, à cause de la quantité de dons en nature qu'elle reçoit; on peut cependant présumer que ses dépenses ne s'élèvent pas au-dessous de 9,000 francs par an.

La ville compte buit sociétés de charité privée.

Le bulletin de la société de Saint-Vincent de Paul, de mars 1856, nous donne sur le produit de la quête de vêtements de la conférence de Meiz, des détails trop curieux pour que nous les omettions. L'évêque de Metz avait chargé de la quête la conférence, qui lui en rend compte. La collecte a été considérable; 54 charretées de vêtements et d'effets de toutes sortes ont été, en quatre jours, versées dans le vestiaire de la conférence de Saint-Vincent de Paul, où il fallut plus de trois mois pour se reconnaître et mettre un peu d'ordre parmi ce monde de vieilleries. Beaucoup de personnes n'ayant pas d'effets à donner, offrirent de l'argent qui fut accepté en vue des réparations et de la mise en état des objets détériorés. Laissons parler le rapporteur. « Nous avons recueilli, soit en argent, soit en nature, les plus touchantes aumônes, et de personnes souvent qui étaient dans le cas de recevoir plutôt que de donner. Des domestiques, des ouvrières, d'humbles artisans tenaient tout préparé leur petit paquet pour les pauvres de Monseigneur. Il y eut de riches dons; ce n'était pas toujours du vieux, c'était quelquefois du bon et du neuf. Quelquefois aussi, pour n'être pas connu, on envoyait directement, et ce n'était pas les moindres lots qui arrivaient ainsi sans marque et

nom.

sans

« Mais il ne suffisait pas de recueillir, il fallait démêler, classer, nettoyer, réparer; il fallait tirer parti des objets qui ne pouvaient pas servir directement aux pauvres, répartir et distribuer avec discernement ceux qui pouvaient être immédiatement utilisés. La commission chargée de ce travail s'imposa tout d'abord deux obligations: la première, de ne rien donner qui, par son état de malpropreté ou de délabrement, put humilier le pauvre; la seconde, de tout utiliser et de tirer parti de tout, fût-ce de la plus mauvaise guenille, fût-ce d'un sous-pied, d'un bouton; et elle a été fidèle jusqu'au scrupule à cette double résolution. Nous renonçons, dit le rapporteur, à vous faire connaitre, même sommairement, les détails intinis dans lesquels on a dû entrer, et les inqualifiables industries auxquelles il a fallu souvent recourir pour mener l'œuvre à bonne fin. Un seul exemple. Que faire d'un uniforme? Rien ne coûte plus cher quand on le commande au tailleur; rien n'est plus embarrassent quand il est hors de service. La charité scule et la friperie sont capables d'en tirer parti. Nous ne savons au juste ce qu'en ferait la friperie, mais voici ce qu'en fait la charité. Elle prend des ciseaux, coupe les pans, dont elle tirera des morceaux pour le raccommodage, et avec le reste confectionne une veste de travail, très-propre à mettre pendant l'hiver sous la blouse; les galons, après avoir fait le tour des boutiques d'or févres, sont vendus à un juif pour 5 fr.; les doublures écarlates se transforment en calottes pour les enfants de chœur de la paroisse; les boutons sont aclietés par un bon prêtre, qui en fait un sujet d'émulation et

de récompense pour les petits garçons du son catéchisme. Mais que faire d'un télescope, d'une caisse d'étrilles sans manches, d'une collection d'embauchoirs, d'une foule de lampes de toutes formes, passées de mode ou hors d'usage? Que faire d'une multitude innombrable d'ustensiles tordus, écor'nés, rouillés; d'appareils ou d'instruments bizarres; de meubles vermoulus ou décollés; d'une quantité fabuleuse de chapeaux d'hommes ou de femmes; d'une montagne de chaussures dépareillées, percées, moisies; d'une véritable inondation de manches, de jambes, de corsages, de gants, de cols, de chaussettes, de rubans, encombrement de greniers, de tiroirs ou de garde-robes, dont nous étions encombrés à notre tour au point de ne savoir où mettre le pied? Il fallut bien cependant chercher à tout cela sa place et son emploi, et ce ne fut pas l'affaire d'un jour. Enfin l'on en vint à bout. Une grande partie de ces objets furent vendus, et les 5 ou 600 fr. qu'on en retira serviront, avec les aunômes recueillies en argent, à faire faire les réparations et raccommodages. On acheta même du neuf, principalement des paillasses et des couvertures, etc.

« Pour la mise en état, on employa des ouvriers et des ouvrières de diverses professions, dont quelques-uns ont travaillé jusqu'à aujourd'hui ce fut encore un bienfait, d'autant plus qu'on eut soin de choisir pour ces ouvrages faciles les moins forts et les motus occupés. Nos vestiaires, dit le rapporteur, ne sont que des greniers; mais il y règne un ordre et une propreté qui feraient plaisir à voir. Tout y est soigneusement rangé, plié, étiqueté. Nulle confusion parmi les innombrables catégories qu'il a fallu établir. Ce qui est à réparer est distinct de ce qui est en état; les âges et les sexes ont leurs cases différentes; les natures de vêtements ont leurs rayons et leurs pendoirs particuliers; la literie est disposée dans une salle basse d'un abord commode pour les pauvres; la lingerie, confiée aux soins de deux dames du plus humble et du plus touchant dévouement, semble une lingerie de religieuses, c'est tout dire. Ces dames font raccommoder et blanchir, et Dieu sait tout ce qu'il faut de courage pour toucher seulement du bout du doigt les draps que ces pauvres gens rapportent tous les mois pour le blanchissage; mais ce serait de la dentelle, qu'on ne le ferait pas avec plus de bonne grace. Pendant l'été, tout le lainage est serré dans des malles avec des aromates, et déposé dans un lieu frais et obscur. Les objets de literie, prêtés seulement aux pauvres, portent une marque et sont soigneusement enregistrés; une commission trèsactive est spécialement chargée de veiller à leur conservation. Les draps sont réservés aux malades. Quelques paires plus fines ont pour destination de rendre plus décent le lit des mourants, lorsqu'ils doivent recevoir le bon Dieu. On y joint des serviettes bien blanches, un crucifix et des flambeaux. Nous avons aussi de petits lincculs 2710

des couronnes, pour couvrir le cercueil des enfants morts avant l'âge de sept ans. Inutile de dire qu'on est reçu au vestiaire avec bonté; une pièce est spécialement affectée à la distribution; on fait asseoir les pauvres, on leur parle avec douceur, on les sert promptement. Il est aisé de voir que ceux qui les servent pensent servir dans leur personne Jésus-Christ lui-même. »

La société de Saint-Vincent de Paul de Metz s'occupe de la nourriture de l'esprit comme de celle du corps: elle est parvenue à créer une bibliothèque de 4,000 volumes, qu'elle prête à ceux qui, dans la maladie, éprouvent le besoin de quelque distraction. Les secours que cette société répand dans la ville, ne restent pas au-dessous de 12,000 fr. par an. Une autre société qui ne se distingue pas moins par l'utilité, la moralité du but qu'elle poursuit, c'est celle de SaintFrançois-Régis, fondée en 1838.

Depuis son origine, elle a contribué à l'accomplissement de près de 800 mariages dus à son intervention, et elle a rendu une famille à 350 enfants qui en étaient privés. Sous le titre de Société des écoles, des jeunes gens se sont réunis pour fournir leur contingent à la bienfaisance publique. Favoriser l'enseignement, après avoir pourvu d'abord aux besoins physiques des classes souffrantes, s'occuper de tous, sans exception, telles sont les bases sur lesquelles repose cette association. Le développement qu'acquiert chaque jour la société, le zèle actif, ardent qu'elle met à remplir les devoirs qu'elie s'est imposés, indiquent une heureuse tendance et sont un présage d'avenir que nous devons accueillir avec bonheur.

Les secours donnés par la Société des écoles, et qui prennent leurs source's dans vent à plus de 4,000 fr. par an. Une œuvre des souscriptions et dans des loteries, s'élèplus ancienne, et qui s'est fondée en 1838, c'est l'OEuvre des jeunes économes.

Son but est d'enseigner aux jeunes filles catholiques les travaux professionnels, et d'ajouter à ce bienfait quelques secours en vêtements et en nourriture. Sous le patronage de cette œuvre, quatre ouvroirs sont ouverts à Metz, dans les maisons tenues par les sœurs de Sainte-Chrétienne; i's sont fréquentés par 200 jeunes filles. Cette œuvre dépense annuellement une somme de 7,000 fr.

association, connue sous le nom du Chauf foir, qui a pour objet de donner aux plus pauvres un asile pendant l'hiver et de leur procurer quelques aliments, s'est formée en 1847. Tout individu qui s'y présente reçoit, s'il le demande, un litre de soupe; quelques vêtements même sont donnés aux plus nécessiteux.

Les personnes charitables qui s'occupent de cette œuvre s'entendent pour en partager tour à tour la surveillance et ajouter à la nourriture quelques lectures et des prières. 60 à 80 indigents se présentent chaque jour au chauffoir.

Les dépenses de l'association s'élèvent environ à 2,000 fr.

Les israélites ont fondé dans leur communauté plusieurs sociétés charitables qui Occasionnent une dépense de près de 12,000 fr. (Emile BOUCHOTTE, président de la chambre de cominerce de Metz.)

Note additionnelle. — Une association de dames et de demoiselles, faisant partie des Enfants de Marie, se réunit chaque semaine dans la maison d'éducation du Sacré-Cœur de Metz, pour travailler à des vêtements destinés aux jeunes filles pauvres qui suivent l'école gratuite dirigée par les religieuses du Sacré-Cœur. Les membres de cette association viennent d'ajouter à leurs bonnes œuvres celle de la visite des prisonnières, que l'on tâche de moraliser par le travail et de bons conseils, en leur assurant un petit pécule sur le produit de leur travail, pour le moment où elles sortent de la prison. Des membres de la conférence SaintVincent de Paul de Metz vont, trois ou quatre fois par semaine, donner des leçons de lecture, d'écriture et de calcul à des soldats

détenus dans la prison militaire, et un petit secours de route est alloué à ceux qui sortent de cette prison pour se rendre à la destination qui leur est assignée. Un jeune prêtre plein de cœur et de dévouement, M. l'abbé Michaud, a fondé et dirige à Metz, depuis quelques années, des réunions consacrées tour à tour à des ouvriers et à des militaires de la garnison. Il leur donne le soir, plusieurs fois par semaine, des instructions religieuses, et leur rend tous les services qui dépendent de lui; des livres leur sont prétés; ils sont mis à même d'écrire à leurs familles. Le dimanche, ils se réunissent dans une élégante chapelle, qu'une riche et bienfaisante demoiselle de Metz (Mlle Piquemal) a fait construire pour eux dans un bâtiment qui lui appartient, et dont une autre partie est concédée par elle pour les réunious de la semaine. Enfin, une vaste maison, pourvue d'une chapelle et destinée à recevoir des orphelins, vient d'être construite, grâce à la charité de M. et Mme Holandre, qui, ayant eu le malheur de perdre une fille unique, ont voulu consacrer sa dot à la fondation de cet établissement. (Alexis CHEVALIER.)

Haute-Marne. Langres.- Une quête de vieux vêtements et de vienx meubles qui a eu lieu sous le patronage de l'évêque, va servir de pendant à celle de Metz. Une lettre où respirait la charité du saint prélat, annonce l'œuvre au prône des deux paroisses; puis un billet de Monseigneur, distribué dans toutes les maisons de la ville, indique le jour de sa réalisation, souhaitant « paix et bénédiction à tous ceux qui, par la plus légère offrande, contribueraient à la bonne reuvre. Au jour dit, les quêteurs se mirent en tournée; on s'était partagé la ville en ring sections: chaque section était parcourue par deux membres de la conférence, accoupanés d'une voiture et de deux pauvres

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pour la conduire et la charger. Ces voitures be coûtaient rien; elles avaient été fournies par les maisons de roulage ou par des particuliers de la ville. C'était par une belle journée de janvier les offrandes étaient prêtes dans chaque maison. Chacun voulait sa part de la bénédiction du premier pasteur; on donnait, on s'intéressait à ce que donnaient les voisins; bref, la quête eut lieu au milieu d'un entrain général ce fut dans la ville une véritable fête de famille offerte au nom de la charité chrétienne.

La collecte fut abondante avant la fin de la journée, dix-huit chargements complets avaient été rentrés dans les bâtiments de l'ancien séminaire. On se trouva alors en débris d'un pillage ou d'un incendie; il fallut face de quelque chose qui ressemblait aux du courage et de la persévérance pour débrouiller ce chaos, en bravant la poussière et l'odeur qui s'exhalaient de plusieurs de ses parties. Beaucoup d'objets avaient grand besoin de réparations; une loterie tirée dans les salons du président du tribunal y pourvut, et l'on fit une première et précieuse charité, en procurant de l'ouvrage à des ouvriers et ouvrières qui en manquaient.

Enfin, l'on put constater les résultats suivants Pantalons 130, gilets 164, paletots, redingotes, habits, vestes et blouses 136; cravates 18, mouchoirs de poche 72, caleçons, gilets de flanelle, tricots 83; chemises d'homme 180, chemises de femme 147, chemises d'enfant 35, paires de bas et chaussettes 429, chaussures de toute espèce (paires de) 632, chapeaux, casquettes, bonnets de coton 275; robes et jupons 98, corsages et camisoles 113, chales, fichus et pèlerines 126; tabliers 48, béguins et bonnets 1 paquet, coupons d'étoffes 25, pièces pour raccommodages 2 sacs; draps, nappes, serviettes 38; Convertures et tapis 42, paillasses et matelas 42, traversins, oreillers, rideaux 38; bois de lit et lits,de sangles 23, berceaux 8, langes d'enfant 1 paquet; chaises, fauteuils, tabourets 238, meubles divers 54,instruments et ustensiles de ménage 377. Total 3,575 objets recueillis. Une partie semblait, il faut le dire, n'offrir aucune valeur; néanmoins, il y a des pauvres si dénués, que les rebuts les plus vils en apparence ont encore trouvé leur emploi. Des mesures ont été prises d'ailleurs de concert avec les diverses œuvres de charité de la ville, pour apporter dans la distribution tout l'ordre et toute l'équité possibles.

Bas-Rhin. Il s'est fondé à Strasbourg, à partir de 1830, une société pour l'extinction de la mendicité, véritablement digne de son nom. La ville était livrée à la mendicité et au vagabondage des deux sexes et de tous les âges. Les plus notables habitants se réunirent dans le but généreux de fermer cette plaie. L'accord des divers cultes était indispensable dans une ville où les protestants égalent à peu près les catholiques en nombre (protestants 31,000, catholiques de 34 à 35,000), et où la religiou juive donne 6,003 ames. Cet accord eut lieu.

On va voir quelle tâche la société s'imposait. Il fallait refouler hors du territoire

mois, l'autorité fit conduire au delà des frontières plus de 1,000 étrangers prévenus de vagabondage ou de mendicité; il fallait procurer des moyens d'existence aux mendiants domiciliés; il fallait éloigner de la voie publique les mendiants intirmes; il fallait ou vrir des écoles aux enfants errants par les rues et prenant le chemin de la mendicité et du vagabondage; et la société, qui avait des entrailles vraiment charitables, ne croyait pas qu'elle aurait encore assez fait si elle n'allait à la découverte des misères cachées et n'adoucissait leurs privations. 120 citoyens choisis dans les divers cultes, so partagèrent la ville sous le nom d'inspecteurs et furent chargés de soulager les pauvres à domicile. La société organisa trois commissions; l'une fut chargée de ce qui se rapportait à la mendicité, la seconde de la direction des secours à domicile, la troisième des écoles et des salles d'asile.

L'enquête des 120 inspecteurs dans leurs quartiers respectifs donna au bout d'un mois pour résultat une liste de 2,350 ménages à secourir; les 2,350 ménages formaient 6,000 personnes, c'est-à-dire un huitième de la population d'alors (1).

En l'absence d'un dépôt départemental de mendicité, la société créa une maison de refuge, où furent réunis les mendiants valides des deux sexes. Dès 1831, 114 assistés de cette catégorie y étaient occupés à divers travaux de leur sexe. Plus tard fut créée la colonic agricole d'Ostwald destinée à exploiter plus de 100 hectares de terre appartenant à la ville et qui ne lui produisaient aucun revenu. Un rapport fait en 1839 prouva que cette pensée avait été féconde. Les mendiants infirmes furent admis à l'hopital civil. Il s'agissait d'organiser un système d'écoles populaires en assez grand nombre pour recucillir les enfants pauvres, depuis l'âge le plus tendre et jusqu'à 12 ou 15 ans. L'entreprise était colossalc, elle fut tentée et réussit. Un premier fonds de 4,000 fr. fut votó par la commune, pour les frais d'appropriation de la maison de refuge. Une quête organisée par les inspecteurs produisit 30,000 fr. en moins de 15 jours. On créa une loteric et une commission des ateliers. La première loterie donna 7,000 fr.; le produit varia plus tard de 8 à 11,000 fr. Cette somme, déduction faite des frais, est versée partie dans la caisse des écoles et des salies d'asile, partie dans celle de la commission des ouvrages. On organisa des travaux de femmes, tels que tricotage, filage, couture, pour les temps de chômage et la saison rigoureuse. Treize dames choisies parmi les inspectrices les salles d'asiles, surveillèrent ces travaux. La ville est divisée en 13 quartiers de secours. La commission des ouvrages était encore en pleine activité en 1850. Tous les samedis, les dames se rendent dans un lo(20) Elle est aujourd'hui de 72,000 âmes.

cal dépendant des écoles, pèsent et distribuent aux indigentes la laine, le chauvre, lo

toile dont elles doivent faire des chemises. Elles président à la livraison des articles confectionnés et payent le salaire gagné par les ouvrières. Le fil livré par les indigentes est lessivé par la maison du refuge et remis à des tisserands sans ouvrage, et la toile que ceux-ci ont tissée sert à occuper de pauvres couturières qui en font des chemises, et ces chemises, ainsi que les bas fournis par les tricoteuses, sont distribuées aux indigents: admirable palingénésie charitable, à laquelle l'industrie la plus envieuse ne trouverait rien à reprendre. Cela est pratique, et il n'y a pas de ville, petite ou grande, où on ne puisse en faire son protit. La vêture du pauvre suffirait à occuper en France tous les bras des indigents sans ouvrage.

Voyons ce que la société organisa pour l'enfance. Lorsqu'elle prit naissance, deux écoles, l'une catholique, dirigée par les sœurs de la Providence, l'autre protestante, étaient fréquentées par 350 élèves; 300 enfants jouissaient en outre de l'instruction gratuite dans les écoles paroissiales; or le recensement opéré portait à 2,000 le nombre des enfants dans le cas de recevoir les bienfaits de l'instruction gratuite. La conmission des écoles et salles d'asile obtint

de la ville la cession de locaux dans les quartiers les plus populeux. 6 salles d'asile furent ouvertes d'abord et s'élevèrent ensuite jusqu'à 15; 32 dames inspectrices furent chargées de leur surveillance. On fonda pour les garçons au-dessus de 7 ans, écoles élémentaires et 2 écoles supérieures, 4 écoles élémentaires et 2 ouvroirs pour les filles. 2 écoles du soir s'ouvrirent aux ouvriers et aux apprentis.

2,500 enfants, le tiers environ de ceux de la ville, reçurent l'instruction. La tutelle des enfants n'a pas tardé à s'étendre aux parents, à devenir envers ceux-ci un patronage moral, accompagné de bienfaits matériels, tels que vêtements, nourriture, secours en argent. Les dames présidentes de chaque salle préparent tous les ans aux enfants des prix et des dons qu'on leur distribue à Noël, et qui consistent en effets d'habillements de toute sorte. C'est une dépense de 10,000 fr., produit des sacrifices d'argent ou du travail des dames patronnesses; on calcule que 152,000 f. ont reçu en 19 ans cette destination. Que l'on juge du reste par ce chiffre-là.

La conférence de Saint-Vincent de Paul de Strasbourg compte environ 150 membres, y compris une section de 25 jeunes gens; elle est divisée en 4 sections. Sa recette a été, en 1851, de 7,300 fr. 72 c. Sur cette somme, les quêtes aux séances hebdomadaires ont produit 1,406 fr., et les souscriptions 1,473f. 50 c., un concert entre en recette (produit net) pour 1,510 fr. 80 c., un sermon de charité pour 998 fr. 75 c. Les dépenses en bois sont de beaucoup plus fortes, elles s'élèvent

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