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à 1,486 fr. 70 c., et les bons de pains ne dépassent pas 464 fr. 75 c. Il est dépensé en viande même plus qu'en pain (537 fr. 05 c.); les secours en vêtements sont portés en compte pour 300 fr. 20 c. Il est donné en argent 729 fr. 35 c., et les conférences assistent 217 familles formant 600 personnes, L'école des militaires coûte à la conférence 681 fr. 80 c.

On nous a raconté à Strasbourg un fait qui mérite d'être conservé. Un jeune homme qui se permettait les distractions les moins permises, et donnait à ses parents les plus grandes craintes pour ses mœurs, trouve un jour la foi dans la lecture du Juif-Errant d'Eugène Sue, un des plus mauvais livres de ce temps et de l'auteur, ce qui est tout dire. L'incrédulité du jeune homme est terrassée aussi rapidement que la fureur antichrétienne de saint Paul, sa conviction est complète. I annonce l'intention d'entrer chez les Jésuites, et il devient un excellent prédicateur. La conférence de Saint-Vincent de Paul de Strasbourg lui confie la mission de prêcher l'école des militaires qu'elle avait créée. Le jeune Jésuite voulut dispenser ses auditeurs des privations que la religion n'exige pas; il était en Alsace, l'usage des cigares y est invétéré, il permit les cigares. L'école des militaires en fut approvisionnée. On écoute en fumant et le prédicateur n'en est que mieux écouté; mais il y contracte une maladie de poitrine dont il venait de mourir peu avant notre passage à Strasbourg, en 1853.

Une autre annexe des conférences, c'est la société de Saint-François Régis. Depuis sa création, elle avait ouvert en 1851, 799 dossiers donnant le résultat que voici :

437 mariages ont été célébrés entre Français: 145 entre Français et étrangers; 12 entre étrangers; 60 mariages ont été abandonnés pour causes majeures; 108 pièces nécessaires à des mariages ont été fournies à d'autres conférences; 37 mariages restaient à faire et étaient en instruction. Total 799, égal au chiffre ci-dessus énoncé. Le bienfait de la légitimation avait été procuré à trois cent soixante-dix-huit enfants. Ces mariages se classent encore ainsi qu'il suit: 381 entre catholiques; 170 mixtes; 41 entre protestants; 1 entre israélites; 10 mariages ont été contractés entre beaux-frères et belles-sœurs. De plus, la commission a fait obtenir un certain nombre d'actes de naissance, pour faciliter aux personnes qui en étaient l'objet les secours du bureau de SaintMarc. Les frais de tous ces actes s'élèvent, suivant le livre de caisse, à un total de 4,687 fr. 50 c. Dans plusieurs des ménages dont la commission s'est occupée, la misère était telle, qu'il a fallu contrevenir aux règlements, en leur procurant les vêtements indispensables pour leur assistance à la célébration de leur union. Cette situation a vivement énru un des respectables curés de la ville. Il a offert de nous faire obtenir, toutes les fois que des cas de cette espèce se présenteraient

sur sa paroisse, les vêtements necessaires. On va voir à quel point les immunités législatives ont facilité les unions. En 1846 elles rendirent un vote en vertu duquel diverses pièces relatives au mariage des indigents étaient affranchies des droits de timbro et d'enregistrement. De leur côté, les officiers ministériels prêtèrent, à titre gratuit, leur ministère à l'œuvre. A partir de ce moment, la moyenne de chaque union descendit du chiffre de 49 francs 50 centimes précité à celui de 15 francs. En 1850, la représentation nationale témoigna ses sympathies à l'œuvre des mariages d'indigents en rendant une loi qui étendait la franchise du timbre et de l'enregistrement, ainsi que des pièces venant de l'étranger, aux unions contractées entre beaux-frères et belles-sœurs, ce qui réduisit à Strabourg la moyenne des déboursés, pour chaque mariage, à la somme de 6 fr. 50 c.

Les conférences ont agrandi leurs largesses dans l'hiver de 1853-1854. Elles ont distribué 60,000 soupes, 500 par jour pendant les plus rudes mois de l'année. Les soupes n'étaient pas données, elles étaient vendues au prix réduit de 5 ou 10 centimes. De 11 heures à 1 heure les deux fourneaux étaient ouverts aux réclamants, auxquels on fournissait la soupière et la cuiller; le potage se consommait sur place. On rendait aux classes laborieuses un très-grand service, sans les avilir à leurs propres yeux.

La Société de charité maternelle accorde des secours en moyenne à 340 femmes en couche. Les ressources de l'œuvre s'élèvent à 10,000 francs environ. Le conseil municipal, le conseil général et le gouvernement entrent dans cette somme pour partie. L'assistance consiste généralement en un bon de nourriture valable pour 10 jours, une layette et un décistère de bois. La société se charge de plus du payement de la sage-femme. La Société de Saint-Joseph, fondée en 1840, est composée de chefs d'ateliers auxquels se sont jointes quelques autres personnes; elle a pour bui l'instruction et le patronage des jeunes ouvrières. Des leçons de calcul, de langue française et allemande, se donnent tous les jours de la semaine à l'exception du sainedi de 7 heures et demie à 9 heures du soir, celles de dessin ont lieu tous les dimanches de 1 heure à 3. Les cours sont suivis par plus de 100 élèves; l'instruction religieuse en forme la base. Le couvent du Bon-Pasteur, près de Saint-Marc, renferme de 120 à 140 pénitentes. Dans la même enceinte a été fondé un pensionnat. L'établissement subsiste des travaux d'aiguilles qu'on y confectionne et d'une souscription & 5 centimes par semaine recueillie par une association ad hoc. La Société des Dames des paroisses visite les pauvres et distribue des secours. Les quêtes de la paroisse de la cathédrale sont portées chez le receveur général, et on en retire tous les trois mois la somme à distribuer dans le trimestre. Nous proposerions de créer une recette générale our

toutes les paroisses, les plus abondantes en indigents étant ordinairement les moins fécondes en ressources. A l'ouverture du trimestre une réunion de dames a lieu chez l'archiprêtre pour y arrêter les distributions. Dans les autres paroisses deux dames font les que es et en déposent le produit entre les mains de leur curé auquel elles adressent les pauvres.

Une œuvre s'est formée pour les enfants abandonnés et orphelins âgés de plus de douze ans, que ne reçoivent pas les hospices. La société leur fait donner l'enseignement industriel ou agricole. Elle étend ses secours aux enfants de veuves indigentes surchargées de famille. On voit par le compte rendu de 1850, que 11 enfants ont été placés chez des cultivateurs, 8 en apprentissage chez divers maîtres et 4 en pension provisoire. Les souscripteurs payent 1 fr. par mois,

OEuvre de la Providence. Une société de dames s'est formée en 1846, dans le but de recueillir les orphelines pauvres et les jeunes filles abandonnées, âgées de plus de 12 ans. La souscription est aussi de 1 fr. par mois. Les jeunes filles sont remises jusqu'à 18 ans entre les mains de religieuses du Bon-Pasteur qui ont une maison à la Robertsan. On les place comme domestiques dans de bonnes maisons. L'OEuvre des dames de la Croix a la même destination. On apprend aux jeunes filles à lire et à calculer, et à écrire en français et en allemand. On leur enseigne les travaux d'aiguille; elles ne quittent l'établissement qu'à 21 ans. La recette se forme avec le produit des ouvrages confectionnés, des souscriptions, une subvention départementale de 500 fr. et une communale de 300. En 1850, la maison entretenait 56 jeunes filles. Elle date de 1835. L'OEuvre de Sainte-Elisabeth, fondée par Mme Humbourg, en 1842, a aussi cette destination. On place les élèves à la journée, même à l'heure, comme ménagères, bonnes d'enfants, couturières et gardes-malades; elles se forment ainsi au service domestique, et ne sont pourvues d'emploi définitif qu'à leur 21 année; elles peuvent rester dans l'établissement sous certaines conditions. Plusieurs dames surveillent les travaux d'aiguille et ceux du ménage La Société privée de bienfaisance pour les protestants fondée en 1780 se propose de secourir et soulager les malades, les vieillards, les veuves, les pères et les mères de famille qui justifient de leur indigence. Elle leur fournit des médicaments, du bois, des aliments, de l'argent; s'occupe de l'instruction de leurs enfants et les met en apprentissage. Les pauvres honteux d'une bonne conduite sont aussi assistés. La société dépense 5,000 francs par an. L'Etablissement de Neuhof fondé en 1825 donne l'éducation professionnelle aux enfants protestants des deux sexes. Une école primaire et une exploitation rurale sont attachées à l'établissement. Les élèves sont placés en apprentissage après leur confirmation, et restent jusqu'à leur ina

jorité sous le patronage de l'œuvre. Vue succursale établie à Strasbourg y surveille spécialement les apprentis employés dans cette ville. 74 enfants, dont 19 apprentis, sont élevés par les soins de l'œuvre.

L'asile pour les jeunes protestantes travaille à faire de bonnes domestiques. Il remonte à 1837. Une directrice remplit les devoirs d'une mère de famille. On initie les jeunes filles à leur profession future en les envoyant une partie de la journée dans des maisons sûres. Le nombre des élèves était de 34 en 1850. Institution des diaconesses, Nos sœurs de la charité devaient tôt ou tard faire envie au protestantisme; de là l'institution des diaconesses fondée à Strasbourg, en 1842, par un comité de dames pour former des institutrices enseignantes consacrées à Dieu par une vocation spéciale L'œuvre les destine à diriger des salles d'asile, à tenir des écoles primaires, à servir de gardes-malades dans les maisons particulières, enfin à desservir les hôpitaux; c'est une contrefaçon complète de nos ordres religieux que le marteau du protestantisme a démolis partout où il l'a pu. La dernière année de la guerre de Crimée a amené dans ce sens une impulsion nouvelle, qui finira par un avortement. Nous avons trouvé des diaconesses à l'hôpital de Mulhouse, et nous dirons au mot HOPITAL ce que nous en ont appris les protestants eux-mêmes. L'institution des diaconesses a deux maisons centrales à Strasbourg : l'une de sœurs infirmières, rue Sainte-Elisabeth; l'autre d'institutrices, rue des Fribourgeois, avec un pensionnat et une école supérieure. Des Stations extérieures sont établies à Schiltigben, Gueswiller, Mulhouse, et Neufchâtel en Suisse. Le nombre des sœurs diaconesses, y compris les novices, était en 1830 de 40. A limitation aussi du catholicisme, il a été fondé à Strasbourg un refuge des filles protestantes repenties. H est dirigé par deux sœurs diaconesses. Les maisons de repenties, qui le nierait, sont des couvents à temps. Un ministre protestant est attaché au refuge. qui ne renfermait en 1850 que sept personnes. La Société des amis des pauvres s'appuie sur l'institution des diaconesses comme le refuge.

Le protestantisme emprunte ici encore au catholicisme l'agence de distributrices de lable; car la diaconesse protestante fait prosecours, avec consécration religieuse préfession comme la sœur catholique, sice n'est que l'apostasie de sa profession ne lui cause ni scrupule ni honte. Les pauvres de la société dont nous parlons reçoivent des de la maison des diaconesses. C'est le plasoins, tantôt à domicile, tanta l'infirmerie giat des bureaux de charité, desservis par les sœurs de Saint-Vincent de Paul, et dont la France est semée.

Sociétés israélites de bienfaisance. On trouve à Strasbourg plusieurs sociétés israélites qui se concertent pour l'exercice de la

an métier de servantes. Les garçons reçoivent l'instruction dans l'établissement de 7 ans à 13; après cet âge, sans quitter l'école, ils travaillent au dehors comme ouvriers, jusqu'à 20 ans. Ils quittent la maison alors munis d'un trousseau et avec de petites épargnes. La maison renferme 60 élèves de chaque sexe. L'abbé Dacher est supérieur de l'établissement; l'abbé Eug. Mertian en est le directeur, et l'abbé Nil l'économe. Ce dernier conduit l'exploitation agricole avec une rare habileté. Les autres fonctions de la maison sont remplies par des frères de la Doctrine chrétienne de Strasbourg et des sœurs de la Providence.

bienfaisance. Celle pour les malades israélites indigents remplit l'office que son nom indique. La Société de bienfaisance des dames israélites vient au secours des femmes indigentes, malades ou en couche de son culte. Čelle appelée Jesomin Véalmonoth assiste les veuves et les orphelins. La communauté israélite s'occupe de la création d'un refuge spécial pour les vieillards de sa nation. Il existe une école israélite d'arts et métiers. Elle place tous les ans plusieurs élèves. Les professions données aux enfants sont celles de corroyeur, tailleur, peintre, graveur, relieur et ferblantier. L'oeuvre comptait en 1850 35 ouvriers apprentis. Elle est aidée par le conseil général, le conseil municipal et des souscripteurs de tous les cultes. Le compte annuel de 1849 porte sa dépense

à 11,045 fr. 14 cent.

Si nous donnons un coup d'œil à la charité privée des autres villes du Bas-Rhin, nous trouvons les Dames de la charité à Schelestadt. Elles confectionnent des vêtements pour les pauvres, avec des étoffes achetées par elles. A Saverne, la société du même nom créée en 1846 et composée de 45 dames, se divisant en quartiers, fait des distributions en nature, visite les malades, prend des renseignements sur les indigents et en rend compte au bureau de bienfaisance, aux séances duquel assistent cinq dames de la société. D'autres membres de l'association surveillent les ouvriers, les écoles des filles et les salles d'asile, où elles

distribuent des vêtements à titre de récompense. Elles donnent des soupes pendant T'hiver. Une autre société accorde des primes de 2 à 40 francs aux ouvriers qui ont fait le plus d'efforts pour placer à la caisse J'épargne. La société, à la fin de 1849, avait pratiqué cette forme de l'assistance envers 234 déposants. La charité privée à Bischwiller a aussi son originalité. Plusieurs associations de sept membres fournissent de lear table, chaque jour de la semaine, aux indigents qu'elles adoptent, une ratión de soupe, de viande, de légumes et de pain. Plusieurs familles ont tous les jours un ou deux pensionnaires externes. Une association de damnes de la charité formée en 1844, visite les pauvres par quartiers, et les assiste en argent et en nature. Les vêtements Occupent beaucoup de place dans les distributions de cette dernière sorte; l'association, composée de 40 membres, se réunit une fois la semaine pour en confectionner. Les membres absents compensent le travail par une rétribution en argent. L'œuvre se soutient au moyen d'une loterie. Des caisses d'aumônes des églises protestante et réformée versent aux indigents de 6 à 700 francs par an. Un hospice protestant, annexe d'une des paroisses de ce culte, loge des indigents, mais sans les nourrir ni les vêtir. A Willerhoff, commune d'Ebersmünster, un établissement est consacré aux puuvres orphelins et orphelines d'Alsace. On y enseigne aux garçons les meilleures méthodes d'agriculture et de jardinage, et on y forme les filles

Haut-Rhin.

Colmar.

La charité

privée à Colmar s'appuie principalement sur une association pour l'extinction de la mendicité. La recette du bureau de bienfaisance n'est que de 6,439 francs, tandis que celle de l'association égale 20,000 francs. Elle a pour élément une quête et une loterie. Une loterie a produit jusqu'à 5,000 francs. Colmar, sur une population de 19,200 habitants, compte 800 pauvres. La ville est partagée en 13 quartiers d'assistance, à la tête desquels sont placées 13 dames patronnesses sous la direction desquelles agissent un nombre variable de dames de charité qui visitent les pauvres. L'association secourt sans distinc

tion protestants, juifs et catholiques. Il est à remarquer que les indigents de la religion juive ne réclament que dans une très-faible proportion l'assistance soit de la société d'extinction de la mendicité, soit du bujuifs ne laissent jamais mendier les pauvres reau de bienfaisance; il faut ajouter que les de leur nation. La charité privée compte à Colmar d'autres fondations: celles des vêtements et des salles d'asile au nombre de

deux, l'une catholique et l'autre protestante; une société de Saint-Vincent de Paul, et depuis 3 ans un hospice des Petites sœurs des pauvres. Après avoir vécu jusqu'ici en location, les Petites sœurs viennent d'acquérir une maison qui leur coûte, frais de premier établissement compris, 30,000 fr. Elles ont trouvé à emprunter au taux de 2 1/2 d'intérêt. L'hospice pourra contenir 100 personnes; il en réunit déjà 40. Les Petites sœurs seront un moyen puissant de l'extinction de la mendicité en France, si la charité publique et la charité privée savent en profiter. Leur écueil est la propriété du moment que les Petites sœurs seront propriétaires foncières, elles seront de la même nature que les hospices. Si elles vivent comme elles font de la charité privée, leur destinée sera meilleure, elles auront un caractère à part; elles seront un stimulant à la vertu de la charité pour les villes où elles existent. Nous en pensons la même chose que de la société de Saint-Vincent de Paul, qui elle aussi perdrait son caractère si elle devenait grand propriétaire.

Mulhouse. -Les principales associations de charité à Mulhouse ont pour objet de vêtir les pauvres. Ces associations sont au

nombre de cinq. Deux d'entre elles sont des annexes des salles d'asile.

On évalue la population pauvre du département du Haut-Rhin à 50,000 personnes sur une population de 494,147 habitants, ce qui donne un dixième. Le préfet de la HauteSaône ne fixe pas la population à secourir de son département au-dessus de 6,000 âmes. Il est impossible qu'il y ait similitude dans la manière d'envisager le paupérisme pour le Haut-Rhin et pour la Haute-Saône (où la population est de 347,469 habitants). Les faits sociaux ne sont pas aussi divergents. Il y a toujours cette question à poser aux auteurs des statistiques du paupérisme: qu'entendez-vous par indigent? On attribue pour cause principale à la misère la maladie de l'ouvrier. Il suffit de la création des sociétés de secours mutuels pour y porter remède. Il n'en existe qu'une à Colmar.

Côte-d'Or. Les principaux efforts de la charité privée à Dijon se sont portés vers une association pour l'extinction de la mendicité, réunie aujourd'hui au bureau de bienfaisance. Voy. BUREAU DE BIENFAISANCE et MENDICITÉ. Il existe une conférence de Saint-Vincent de Paul divisée en 3 sections, établie dans les 3 paroisses de Saint-Bénigne, Saint-Michel et de Notre-Dame. La première réunit 54 membres, la seconde 47, la troisième 38. Elles visitent 147 familles, patronnent 274 enfants et 113 apprentis. Celle de Saint-Bénigne donne l'instruction à 80 militaires. Les recettes des trois sociétés s'élèvent à 6,672 francs en 1853. Elles dé pensent en pain 3,725, fr, 03, en vêtements environ 500 fr., en argent à peu près 300 fr. L'évêque de Dijon fait distribuer des secours à domicile à des orphelins. Il se fonde en ce moment une œuvre de vêtements que trois dames dirigent. Les Petites sœurs des paucres se sont établies à Dijon depuis 18 mois. Elles venaient d'occuper une maison plus vaste et plus commode au moment de notre passage. (Août 1854.) La ville a eu la malheureuse idée d'installer une infirmerie de vénériennes dans la même enceinte que la maison des Petites sœurs ainsi que le mont de-piété qu'on y transporte en ce moment. Le nombre des indigents recueillis par les Petites sœurs est aujourd'hui de 30, 22 femmes et 8 hommes. L'établissement pourra en contenir 70; cette fondation est un élément précieux d'extinction de la mendicité dont les communes doivent faire usage. L'œuvre est consacrée à la ville de Dijon exclusivement; on exige 5 ans de domicile pour l'admission. La commune a fourni le logement. Les sœurs sont livrées pour le surplus à leurs propres ressources. Elles -vivent de quêtes et des dessertes, tant des établissements publics que des maisons particulières. Un âne apporte les provisions qu'une sœur va quérir par la ville. La consommation en pain est de 220 francs par mois, mais les sœurs ne peuvent s'en procurer que l'argent à la main. Elles auraient grandement besoin d'un secours pour se monter en linge. Les dortoirs sont forts jolis et meu

blés de lits en fer que garnissent de bonnes couvertures. Les assistés des deux sexes ont chacun leur préau. La maison a aussi son jardin. Le voisinage de l'intirmerie des prostituées est seul à reprendre.

Si l'on prend pour base les secours distribués par le bureau de bienfaisance, la classe pauvre serait à Dijon de 2,498 personnes. Les indigents tirés de la mendicité par la société d'extinction de la mendicité, sont en outre de 170 personnes, ce qui donne en tout 2,668 indigents. Les classes souffrantes, considérées à un point de vue plus général, ont donné dans l'hiver de 1853-1851, 1,354 familles, soit 4,050 personnes, auxquelles il a été distribué du pain à prix réduit. C'est le septième de la population de la ville, qui renferme 28,900 âmes. Les secours sont tels à Dijon, et il en est ainsi à peu près partout dans le département de la Côte-d'Or, que l'interdiction de la mendicité pourrait avoir lieu s'il y existait un dépôt. Telle est, au surplus, l'opinion exprimée par le préfet du département dans une circulaire du 25 février 1854. Il existe peu de communes, dit ce fonctionnaire, qui ne puissent nourrir leurs pauvres, c'est-à-dire ceux qui sont dans l'impossibilité de se livrer au travail. S'il n'y avait pas de mendiants venant du dehors, ajoute le préfet, les aumônes qui se font dans chaque commune suffiraient, et souvent bien au delà, pour soulager les familles indigentes du pays, et res aumônes seraient plus abondantes lorsqu'on saurat qu'elles profitent exclusivement à des familles que l'on connaît et pour lesquelles on éprouve, par cela même, une plus légitime pitié. Que chaque cultivateur ou habitant aisé remette aux établissements de charité ce qu'il donne à sa porte à des mendiants étrangers à la commune, et l'on reconnaftra que les familles domiciliées peuvent être ellicacement secourues.

Société de charité maternelle. Le receveur des hospices remplit les fonctions de secré taire-trésorier de la société. Il applique à tort à la société maternelle le principe de la caisse unique exigée des comptables à l'égard des établissements publics. Cet état de choses est contraire tant à la lettre qu'à l'esprit des statuts de la société de charité maternelle, qui n'est pas un établissement de même nature que les hospices et les bureaux de bienfaisance. Les souscriptions ne dépassent pas le chiffre de 13 à 1,400 francs; c'est grâce à la subvention de l'Etat que la recette s'est élevée à 4,017 francs en 1852 et à 3,982 francs l'année suivante. Le nombre des sociétaires est de 53, les femmes en couche secourues sont de 84 en moyenne. Il a été dépensé dans le courant de l'exercice clos en layettes 840 francs, en frais de couches 365. La plus forte dépense consiste à payer des mois de nourrice; elle s'est élevée à 1,920 fr. en 1853. Les mois de nourrice sont payés aux mères elles-mêmes, quan! le nourrisson est un quatrième enfant. Il est porté en dépense 50 fr. 25 cent, pour frais d'administration,

Nuits. La ville de Nuits, sur une population de 3,500 habitants ne compte pas 100 indigents. On vient d'y fonder un bureau de bienfaisance. Voy. ce mot.- Les dames de la ville, qui ont distribué jusqu'ici les secours à domicile, continueront d'exister à l'état de société privée. Leurs ressources se composent de quêtes à domicile et à l'église et d'une loterie. Il existe à Nuits une conférence de Saint-Vincent de Paul, depuis deux ans; elle réunit 15 membres et visite 20 familles. Elle distribue pour 15 ou 1,600 francs de secours. Les cotisations de la société peuvent former la moitié de cette somme. Une personne charitable donne 400 fr. à l'œuvre et d'autres bienfaiteurs lui font des dons en nature, pommes de terre, blé de Turquie, etc. Chaque famille reçoit par semaine 6 kilog de pain, 3 litres de blé de Turquie, un litre de pommes de terre, et en cas de maladie 2 litres de viande. Les secours sont ainsi d'environ 80 fr. par an. La société a réhabilité 3 mariages. Il est évident que ce n'est pas la ville de Nuits qui ferait obstacle à l'interdiction de la mendicité dans la Côte-d'Or. La mendicité existe de fait, mais les vices de l'indigent, ou les communes voisines peuvent seuls l'y faire persister.

Auxonne. Sur une population de 5,000 habitants, Auxonne compte 80 familles pauvres formant 300 personnes environ. Les familles réunissent souvent six membres. Dans l'hiver de 1854 les parties prenantes aux distributions de pain à prix réduit ont été de 1,234. Ces chiffres marquent la différence entre la misère absolue ou habituelle, et l'indigence relative ou occasionnelle. La cause de la pauvreté habituelle la plus active. et la plus fréquente est l'ivrognerie. La coexistence d'une garnison de 2,500 hommes au milieu d'une population de 5,000 âmes n'est pas un élément de démoralisation aussi redoutable qu'il semble. Le vice de profession importé du dehors préserve la ville. Le curé de la paroisse pense que les mœurs de la jeunesse des deux sexes ne sont pas pires que partout ailleurs. Cet ecclésiastique est le lien qui unit la charité privée au bureau de bienfaisance. Membre de ce bureau, préside une société de 30 dames qui vont à la découverte des véritables misères en visitant les familles. Les dames donnent des secours provisoires en attendant l'inscription des indigents sur la liste du bureau, et ajoutent du leur aux secours qu'il distnbue. La présidence du curé prévient les Doubles emplois. La ville est divisée en 5 quartiers d'assistance, ce qui donne 6 dames pr quartier. Les sociétaires se réunissent une fois la semaine pour confectionner des vêtements, qui constituent surtout la défense de l'œuvre. Quatre quêtes à l'église produisant 400 fr. et une cotisation hebdomadaire, le jour de la réunion, portent la recette à 1,200 fr. Ces 1,200 fr. réunis aux 4,000 fr. du bureau de bienfaisance suffisent sax besoins de la véritable indigence. Il a the dépensé l'hiver dernier en distributions. DICTIONN. D'ECONOMIE CHARITABLE.

de pain à prix réduit, savoir: en novembre et décembre, 1,247 fr. 50 c.; en janvier et février, 2,275 fr. 06. La mendicité est interdite à Auxonne, comme dans un grand nombre de communes urbaines et rurales de la Côte-d'Or, sans autorisation du gouvernement et sans dépôt de mendicité. Dans la réalité quelques personnes donnent l'aumône à leur porte, et deux ou trois mendiants attendent les voyageurs aux voitures de passage. C'est là toute la mendicité; il ne serait donc pas difficile de l'abolir complétement et légalement.

Asile Sainte-Reine, dont l'hospice possède un revenu de 50,000 francs, n'a pas de bureau de bienfaisance. La classe pauvre est assistée par l'hospice. Le même établissement secourt de dix à douze passants par jour. L'opinion du maire et des principaux habitants est qu'il n'est pas nécessaire d'organiser dans cette petite ville, d'une popuTation de 800 Ames, d'œuvre publique ou privée de secours à domicile. Vingt familles environ éprouvent une gêne momentanée à certaines époques. On compte sept mendiants, mais dont la mendicité n'est pas permanente. L'hospice peut recevoir les vieillards et les mendiants privés de ressources. Quoi qu'en dise le maire, les secours à domicile ne seront jamais bien administrés que par une œuvre spéciale. Il est regrettable que la loi de 1851, au lieu de se borner à autoriser les hospices à dépenser un cinquième de leur revenu en faveur des vieillards et des infirmes, n'ait pas généralisé l'autorisation. Si la loi avait statué d'une manière générale, les moyens d'éteindre la mendicité existeraient amplement à Alise Sainte-Reine, et pourraient y être mis en usage légale

ment.

A Seurre, le curé, dans le cours de l'hiver dernier, s'est mis à la tête d'une société de dames, qui, au moyen d'une quête et d'une loterie, a réuni 1,200 fr. Il a été distribué 6,000 kilogrammes de pain par la ville à 6 centimes de prix réduit par livre, et employé 1,765 francs en travaux. La subvention de l'Etat y est entrée pour 450 francs. Voy. MENDICITÉ et BUREAU DE BIENFAISANCE.

Beaune. Sur une population de 11,500 ames, la classe pauvre est évaluée à Beaune, à 4,000 personnes. Les secours émanents, 1° de l'administration des hospices, qui distribue 3,000 kilogrammes de pain aux pauvres en hiver et 500 en été, et donne aux voyageurs indigents une passade de 20 centimes; 2 du bureau de bienfaisance; 3° des dames de la charité au nombre de 30; 4° de la société de Saint-Vincent de Paul.

Le bureau de bienfaisance est le centre des secours. On ne saurait dire si les 'sœurs de Saint-Vincent de Paul, qui le desservent, sont les auxiliaires de la société des dames, ou celles-ci les auxiliaires des sœurs. Dans le local du bureau sont établis un ouvroir où 30 jeunes filles reçoivent l'enseignement professionnel; 4 classes réunissant 200 enfants du sexe féminiu et deux asiles un pour chaque sexe, que fréquentent aussi 200 III.

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