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L'œuvre la plus importante de la charité privée à Montbéliard, s'intitule: Association evangélique pour le patronage des enfants. indigents de la circonscription de l'inspection ecclésiastique de Montbéliard. Démembrée du Wurtemberg, la ville de Montbéliard est un prolongement du protestantisme suisse, qui, en traversant la Haute-Saône, va s'élargissant dans le Haut et le Bas-Rhin. Le patronage évangélique s'applique au Doubs, à la Haute-Saône et une partie de Haut-Rhin. Il compte quelques souscripteurs catholiques. Les sociétaires se partagent en autant de comités sectionnaires qu'il y de communes dans l'inspection ecclésiastique. L'association est dirigée par un comité central composé de 17 membres, dont 10 laïques et 7 ecclésiastiques, élus par l'assemblée générale des sociétaires. Le député de l'inspection au Consistoire général de l'Eglise de la confession d'Augsbourg est président-né et honoraire de l'assemblée générale des sociétaires, du comite central et du comité exécutif. Le comité central se réunit tous les trois mois au moins et le comité exécutif au moins une fois par mois.

Le comité central décide les questions d'admission et approuve les conditions et le mode de placement. Une assemblée générale des sociétaires a lieu tous les ans pour entendre le rapport du comité central. L'assemblée se réunit alternativement à Audincourt, Montbéliard et Héricourt. Chaque comité sectionnaire est chargé de surveiller l'œuvre du patronage dans sa circonscription. C'est à notre avis le rouage le plus essentiel de l'institution. La société continue ses soins aux patronnés adultes et entretient avec eux, inême après le terme de leur apprentissage, des rapports d'une bienveillance active.

Le patronage évangélique dans ses 5 années d'existence a adopté 238 enfants. Il avait, au 1" août 1853, 136 patronnés placés. Le chiffre des pensions à payer s'est élevé dans l'année 1853, à 9,601 francs. Les patronnés de la commune de Monbéliard ne dépassent pas 17. La liste des donateurs remplit 46 pages sur deux colonnes, qui donnent environ 3,200 souscripteurs. Il est probable qu'il est pea de chefs de famille protestante de l'inspection ecclésiastique de Montbéliard qui ne figurent parmi les souscripteurs. Ceux-ci sont classés par commune. Chaque comité sectionnaire fait la collecte dans sa circonscription. Quelquefois au lieu du classement par commune, la liste procède par dénombrement des ouvriers souscripteurs d'une même manufacture ou fabrique. Les ouvriers de MM. Peugeot et Cie ont donné à la souscription 954 fr. 75 centimes. On recourt aussi au dénombrement par paroisse, canton ou village. Mulhouse ne produit pas au delà de 58 francs. Quelques souscripteurs étrangers à la localité terminent la liste. Ils appartiennent à Beauvais (Oise), à la Côte-d'Or, au Bas-Rhin, au Jura, à Paris et à la Suisse. On trouve dans cette division finale 253 fr. 50 c., provenant du ministère

de l'intérieur. Le comité central n'a pas assez de ressources pour accueillir toutes les demandes. L'année 1852 a présenté un déficit de 444 francs. Le prix de la mise en apprentissage est de 70 à 80 francs par an et par enfant. On assure que le soin le plus scrupuleux préside au choix des familles où les enfants sont introduits. Si les apparences ne nous trompent pas sur la réalité, la création de l'inspection ecclésiastique de Montbéliard serait digne d'être offerte pour modèle aux diocèses catholiques.

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Haute-Saône. Vesoul. L'accord si désirable entre la charité publique et la charité privée n'existe pas à Vesoul. Le maire envisage la conférence de Saint-Vincent de Paul établie dans la ville, comme faisant au bureau une fâcheuse concurrence. Il ignore que les associations de charité sont ou des sentinelles avancées ou d'utiles auxiliaires des bureaux de bienfaisance. Ainsi à Vesoul les Dames de charité attachées au bureau de bienfaisance ne servent guère qu'aux quêtes à domicile; la conférence de Saint-Vincent de Paul, au contraire, en visitant les pauvres, juge de près leurs véritacompte de précieux renseignements au bubles besoins et pourrait fournir sur leur reau de bienfaisance, si les deux œuvres marchaient de concert. La conférence à bureau, le bureau l'accuse de donner hors l'intention de compléter les secours du de propos, et de donner trop. Examen fait du grief, nous avons eu la preuve que le maximum des secours en nature donnés par la conférence ne dépasse pas 1 kil. et demi de pain par semaine et par famille, ce qui n'égale pas la consommation d'une famille, en pain, pour un seul jour. La conférence évalue à 600 personnes le nombre des pauvres de la ville. Elle secourt dans le courant d'une année 120 familles, mais non habituellement. La moyenne des familles qu'elle assiste dans un même temps n'excède pas 60; or l'assistance de bureau embrasse 150 familles. La conférence ne nous paraît donc pas mériter le reproche de créer le pauvre, ni de le gâter. Elle se compose de 24 membres actifs, 15 honoraires et un membre aspirant; sa recette s'est élevée, en 1853, à 1,732 francs. Dans cette somme le produit d'une loterie est entré pour 490 fr. Le gouverment de l'empereur n'a pas vu la conférence du même œil que le maire, car l'impératrice a fait don à la loterie d'une pendule. Le préfet, de son côté, lui a attribué 150 frances sur les fonds dont la distribution lui était confiée. La société donne, outre du pain, de la viande, des objets de literie et des vêtements. Elle a dépensé aussi en 1853, pour 105 fr. de livres de classe. Une autre excellente assis tance a consisté à encourager le travail du pauvre par un supplément de salaire, par exemple, 10 c. par mètre de pierre. 150 mètres de pierres cassées ontcouté à la conférence 37 fr. 80 c. en sus du salaire payé par la ville. La conférence a composé ce qu'on nomme une sainte famille-Voy.plus haut-des hom

mes qu'elle réunit pour entendre le dimanche une messe spéciale. N'est-ce pas ainsi qu'on restaurera les mœurs des classes ouvrières?

La conférence avait le dessein de construire un fourneau à ses frais pour donner ou vendre des potages à prix réduit à la classe laborieuse pendant l'hiver. Le maire a refusé à la conférence de lui prêter le fourneau du bureau de bienfaisance, dont elle voulait faire usage à titre d'essai. Elle en a fait construire un à ses risques et périls. Le maire est un homme excellent, très-dévoué à la ville et aux pauvres, nous avons eu l'occasion de nous en convaincre ; tout simplement il se trompe.

La charité privée a créé à Vesoul trois sociétés de vêtements; deux, formées de dames, se réunissant un jour par semaine, et la troisième de jeunes demoiselles qui vêtissent les jeunes personnes de leur sexe. Les dames procurent des vêtements à la conférence et lui désignent les familles dont elles connaissent les besoins. Cette bonne entente devrait régner partout. N'omettons pas de signaler l'existence d'un orphelinat privé, où, sans bruit et presque exclusivement à ses frais, Mlle Victorine Aubry élève 14 orphelines.

Gray. Les secours à domicile sont assez étendus à Gray pour que la mendicité pût y être sérieusement interdite, s'il existait un dépôt de mendicité dans la HauteSaône. Le chiffre de la classe souffrante est évalué à 900 personnes sur une population de 6,000 habitants. Nous avons dit au mot BuREAUXDE BIENFAISANCE que ses ressources s'élèvent à 6,472 fr.; nous avons ajouté que les sœurs dites du bouillon, distributrices des secours du bureau, ajoutent à sa recette le produit de leurs collectes particulières. Il existe à côté du bureau de bienfaisance et en bonne harmonie avec lui, une association de Dames du patronage pour l'extinction de la mendicité. Quoique les dames donnent leur nom à l'association, elles se sont adjoint des commissaires. L'association a une commission exécutive et se réunit en assemblée générale. La ville est partagée en huit quartiers de secours. A chaque quartier sont attachés un commissaire et un adjoint, une dame et une adjointe. Les mêmes sœurs de la charité qui ont le nom de Dames du bouillon, et sont le centre des secours du bureau de bienfaisance, distribuent ceux du patronage. Elles ont créé un ouvroir dans lequel les jeunes filles font leur apprentissage et où les dames viennent chaque semaine confectionner des vêtements pour les pauvres, surtout pour les apprentis.

Les souscriptions de la société de patronage ont produit en 1853 6,760 fr., chiffre qui constate une décadence, car la recette atteignait d'abord de 9 à 10,000 fr. La ville porte à la recette une somme annuelle de 1,000 fr., qui s'est élevée par exception, l'hiver dernier, à 4,000 fr.

L'inégalité du nombre des pauvres dans chaque quartier doit produire la même inégalité dans la dépense. Voici le résultat de

-

l'exercice 1853 1" quartier, 1,350 fr. 50c.: - 2 quartier, 966 fr. 35 c.; 3 quartier 679 fr. 25 c.; 4 quartier, 869 fr. 15 c.. -3 quartier, 752 fr. 30 c.; -6° quartier 228 fr. 60 c.;-7 quartier, 1,905 fr. 60 c.; - 8 quartier, 27 fr. 40 c.

Les commissaires du quartier sont surtout chargés de la quête. Les dames visitent les pauvres au moins une fois la semaine, et les reçoivent chez elles quand ils ont des réclamations à leur adresser. La ville a voté 20,000 fr. l'hiver dernier pour assister la classe souffrante; 12,000 fr. ont été employés. Une conférence de Saint-Vincent de Paul, composée de 17 membres actifs, a em ployé, depuis trois ans qu'elle existe, 5,617 fr. 10 e. Elle distribue du pain, des soupes, de la viande, du bois, des sabots, non sur des bons, mais au moyen de plaques numérotées. Chaque pauvre a son numéro. Le secours ainsi est personnel et non au porteur, comme le bon. Les distributions de soupe ont lieu trois fois la semaine. La conférence visite 100 familles. Elle consacre 286 fr. 50 c. au patronage des écoliers. Elle n'agit pas isolément de l'association de patronage; un de ses membres, inspecteur des forêts du lieu, assiste aux séances de l'association. La conférence tenait son assem blée générale, le 30 avril dernier, dans la chapelle des Sœurs de la charité, centre d'attraction de tous les secours à domicile de la ville.

Il existe anssi à Gray une société de patronage pour la salle d'asile. Les souscrip tions pour la fondation de la salle d'asile s'étant élevées à 50,000 fr., et cette somme n'ayant pas été tout entière employée, es fonds restant servent à procurer des vêtements aux enfants pauvres qui se font remarquer par leur docilité; c'est à la fois un moyen de soulagement et d'encouragement. On se proposait aussi de contribuer à la nourriture des enfants les plus dénués; mais les ressources ne l'ont pas permis.

La classe ouvrière compte un nombre relativement considérable de mariniers et de portefaix. Il serait extrêmement désirable que cette classe s'organisât en société de secours mutuels. Elle est dans cette voie el n'aurait besoin que d'y être dirigée, ca déjà les marins et les portefaix vieux ou in firmes reçoivent de leurs confrères valide: la moitié du salaire qu'ils gagnaient en tra vaillant. Le préfet de Vesoul ou le sous préfet de Gray, et à leur défaut le ministre de l'intérieur, pourraient adresser des mo dèles de statuts aux ouvriers dont nous parlons. (A peine avions-nous émis ce vœu que la section des secours mutuels y avai fait droit.) Presque toutes les communes de l'arrondissement sont riches, rien ne serai plus facile que d'y organiser des secours inais les souscriptions ne seront abondantes. elles ne seront durables qu'autant que l'arrestation des mendiants sera certaine, el elle est au prix de la création d'un dépôt de mendicité.

Jura. Lons-le-Saulnier.

Il avail

été fondé à Lons-le-Saulnier une association pour l'extinction de la mendicité. La Société de secours et de patronage et la Conférence de Saint-Vincent de Paul l'ont absorbée. Dans les villes où la population est restreinte, la multiplicité des fondations demande un accord complet et un partage bien entendu des œuvres; autrement on peut porter obstacle à leur développement et même à leur durée.

La Société de secours et de patronage était dans sa 4* année en 1853, si nous en jugeons par un rapport à l'assemblée générale de l'ouvre du 1" décembre 1852. Elle a un conseil général composé de 15 membres. Le tribunal, le conseil général et le conseil municipal y sont représentés. Le préfet du Jura et le vicaire général du diocèse en sont les présidents honoraires. Les pauvres secourus sont divisés en 6 sections. La 1 compte 5 inspecteurs, la 2, la 3, la 4 et la 5 en comptent 6, et la 6 5, comme la 1". On trouve un ecclésiastique et un médecin dans chaque section. Les autres membres sont: magistrat, avocat, banquier, notaire, avoué, négociant, etc. Le nombre des souscripteurs est d'environ 900. Les souscriptions s'élèvent jusqu'à 300 fr. et descendent jusqu'à 25 cent., en passant par tous les chiffres intermédiaires. Un très-grand nombre dépassent 20 fr. Nous en comptons 80 de 10 fr. La recette s'est élevée en 1852 à 6.003 fr. 85 c. sur une population de 8,500 habitants. La société assiste 300 familles. Le rapport affirme que nulle misère absolue ne peut exister sans certitude d'étre secouTue et adoucie. Le rapporteur déclare que la société ne se propose pas précisément J'extinction de la mendicité, mais l'illégitimité de la mendicité est la conséquence aême de son affirmation. Il promet le concours de l'oeuvre à toute entreprise ayant l'interdiction de la mendicité pour but exprès. Le nombre des familles assistées annuellement ou temporairement est de 300 en hiver, et en été de 200. Les secours en pain ont été de 19,127 kilogr., divisés en 12,850 bons (au prix de 22 cent. le kilogr.); 812 fr. ont été dépensés en bois, et 687 fr. 20e. en médicaments. Les médecins visitent les malades gratuitement. Les pauvres honteux ont reçu 161 fr. Voilà pour les secours à domicile, et voici ce que nous apprend le rapport sur le patronage. Six jeunes garçons ont été patronnés; deux sont près de finir leur apprentissage. On les assiste par les bons de pain. 12 bons de pain par quinzaine sont alloués aux deux écoles publiques pour être distribués aux élèves indigents que le manque d'aliments empêchait de les fréquenter. La peine de la suppression du sécours est encourue par les parents qui n'envoient pas leurs enfants à l'école ou au catéchisme. Le patronage entre dans la dépense pour environ 400 fr. Celui des jeunes filles s'exerce par l'intermédiaire des dames patronnesses, formant une œuvre à part à laquelle la société alIoue 600 fr.; 14 jeunes filles ont été placées

ou secourues chez leurs parents; 46 enfants ont reçu un habillement complet pour leur première communion; 25 ont été habillés plus ou moins complétement. D'abondants secours en vêtements, chaussures, paillasses ont été procurés aux indigents de la ville les plus nécessiteux. Les craintes que le rapporteur concevait de l'avenir au 1er décembre 1852 ont dû s'accroître depuis. Les résultats de la récolte de 1853, exagérés en mauvaise part, ont produit partout une véritable panique.

La Conférence de Saint-Vincent de Paul ne réunit pas plus de 8 à 9 membres. Ses ressources sont cependant d'à peu près 2,000 fr.

Les Dames patronnesses ajoutent 7 ou 800 fr., aux 600 fr. qu'elles reçoivent de la société de secours. Elles font dans la ville des collectes de vêtements. L'habillement du pauvre est la seconde spécialité de leur fondation, dont la surveillance des jeunes filles en apprentissage est la première.

Des dames dites du bouillon emploient en secours 1,600 fr. La sœur de la charité chargée des distributions grossit les 1,600 fr., soit de ses propres ressources, soit par ses quêtes particulières, à tel point que la recette de l'œuvre n'est pas évaluée au-dessous de 5,000 fr.

En résumé, on estime à 19 ou 20,000 fr. les secours à domicile répandus dans la ville. Il paraîtrait d'après une phrase du rapporteur cité plus haut, que le chiffre des inendiants peut s'élever à une trentaine d'individus. Ceux-ci sont mis au ban des secours, parce que leur mendicité n'inspire pas de pitié; c'est une raison pour qu'on la leur interdise. Ils n'inspirent pas de pitié, parce qu'ils pourraient trouver un remède à leur misère dans le travail ou dans la charité; c'est-à-dire que du jour où la mendicité sera interdite et punie, la leur cessera.

L'asile de Bellevaux offre de recevoir les mendiants du Jura à raison de 85 c. pour les adultes, et de 60 c. pour les enfants; le moyen d'interdire la mendicité est donc trouvé. Si les ressources actuelles ne suffisent pas pour l'éteindre à Lons-le-Saunier, les habitants sont disposés à accroître leurs largesses. « Si on nous délivre, disent-ils, des mendiants, nous donnerons le double de ce que nous accordons aux bons pauvres. » L'interdiction de la mendicité est d'autant plus urgente dans le Jura, que ce département est placé entre le Doubs et Saône-et-Loire, où elle est aujourd'hui proscrite. Au surplus, la société de patro

dèrent la mendicité dans leur ville comme un fléau; ils craignent qu'elle ne dévore la substance de la charité dont s'alimentent les vrais pauvres, si on la laisse plus longtemps subsister.

Un vénérable prêtre, nommé Bailly, avait fondé un établissement, connu sous le nom de l'Ermitage, sur un coteau qui domine la ville. De beaux et vastes bâtiments recevaient 100 enfants auxquels était donné

DICTIONNAIRE

l'enseignement professionnel, dans plusieurs sortes d'industries. Dès avant la révolution de 1848, ceux qu'on appelle à Lons-le-Saunier les voltairiens déclamèrent contre cette maison où l'éducation des enfants du peuple était, mal à propos à leur avis, mise entre les mains du clergé. La classe industrielle se livrant à l'impulsion que lui communiquaient les libéraux de la bourgeoisie, entra dans la voie du dénigrement contre une fondation qui lui enlevait, disait-elle, ses apprentis. Les révolutionnaires de 1848, profitant de ces dispositions, n'allaient avoir rien de plus pressé que d'assouvir sur la maison de l'Ermitage leur appétit de destruction; mais ses habitants se hâtèrent de l'évacuer. Nous tenons ces détails du sécretaire général de la préfecture actuelle. La ruine de l'établissement est d'autant plus regrettable, qu'on était sur le point de traiter avec son directeur pour y créer accessoirement un atelier de charité pour les ouvriers sans ouvrage et les mendiants valides, en vue de l'extinction de la mendicité. Les prétendus libéraux de Lons-le-Saunier poursuivaient de leur haine, comme étant trop clérical, un établissement d'enseignement professionnel fondé dans l'intérêt des enfants du peuple, et par un bizarre retour des choses d'icibas, c'est un noviciat de Jésuites qui le remplace aujourd'hui.

Poligny.

Il vient à Poligny beaucoup de mendiants des communes voisines. Le nombre des pauvres secourus ou à secourir est d'environ 800, sur une population d'un peu moins de 6,000 habitants; on compte dans la ville 25 mendiants.

La Conférence de Saint-Vincent de Paul y est l'âme des secours. Elle a à sa tête un homme éminent, dont la réputation de charité est répandue dans tout le Jura (M. Monnier), et un autre membre, M. Amion (professeur de musique au collége de la ville), dont le zèle est admirable. La Conférence a pour auxiliaires 150 dames appartenant à toutes les classes de la population. Elle est composée de 30 membres actifs et 20 membres honoraires. Elle visite 100 familles, et patronne 50 enfants placés chez les frères. Les enfants qui se conduisent bien reçoivent par trimestre une récompense qui sert à les vêtir. La Conférence vient de trouver tout récemment dans le concours de la charité de quoi acheter une des maisons de l'hospice du Saint-Esprit, moyennant 12,000 fr. Elle y a déjà placé des sœurs qui y reçoivent des jeunes filles pauvres. On y distribuera pendant l'hiver des soupes économiques, et même la maison servira de chauffoir. On espère par ce dernier moyen étudier mieux les mœurs et les vrais besoins des pauvres. Les visites à domicile de la conférence ont déjà à un très-haut degré procuré cette notion. Un des membres que nous avons nommé (M. Amion), cornaît les 100 familles visitées presque aussi bien que la sienne propre. Il est à noter que des 30 membres actifs de la conférence, 10 seulement appartiennent à ceux qu'on appelle

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les habits noirs, les 20 autres portent la blouse de l'ouvrier. Le président de la conférence, M. Monnier, est parvenu à fonder 4 conférences dans les communes rurales, ce qui est d'un grand prix comme antécéauxiliaires, fonctionne la société de dames dent. A côté de la conférence et des dames dite Table du bouillon, ayant pour objet dépouillée par la première révolution. Elle les malades. C'est une ancienne fondation rente de 300 fr. perçue par le bureau de possède, outre sa recette de 700 fr., une bienfaisance, mais qui lui est versée antion de la mendicité existent à Poligny, il nuellement. Tous les éléments de l'extincn'y a qu'à les agréger: on y parviendrait immédiatement, nous a t-on dit, en créant une bureau de bienfaisance, et en y faisant encommission administrative spéciale pour le trer les deux membres de la conférence dont nous avons parié. Aujourd'hui c'est une même commission qui gère le bureau de bienfaisance et l'hospice, contrairement, au surplus, aux usages suivis presque par

tout.

vinicole, il suffit d'une mauvaise année pour Arbois.-Lapopulation d'Arbois etant toute y produire la misère. Les cultivateurs, la plupart colons partiaires, sont souvent obligés de vendre à vil prix leur part de récolte, et se 18 ares de terre on peut suffire aux besoins trouvent bientôt après sans ressources. Avec de sa famille, dans les bonnes années, le vin d'Arbois étant un vin de prix. La moyenne du loyer d'un vigneron est de 36 fr. Ou comprend comment, dans cette humble conproche. L'indigent non-seulement est colon, dition de culture, le dénûment est toujours mais souvent même il est propriétaire. Le bureau de bienfaisance d'Arboís cherche les pauvres honteux, et dit aux mendiants : « Vivez de votre métier, nous n'avons rien pour vous.» La mendicité ne doit pas être traitée ainsi, elle doit être décomposée dans ses éléments, soulagée si elle en a besoin, réprimée si elle est volontaire.

Des Dames de la charité ajoutent aux ressources du bureau de bienfaisance (dont la recette est de 4,684 fr.). Elles donnent surtout des vêtements. Leur recette se forme au moyen d'une cotisation, d'une quête et de l'ermitage, élève de 50 à 60 enfants. Le d'une loterie. Une œuvre dite des Orphelins chiffre des pauvres est d'environ 120 familde bienfaisance, homme de bien et d'expéles. Le receveur de l'hospice et du bureau rience, pense que les aumônes données aux mendiants, réunies en souscription, sufliraient pour éteindre la mendicité.

Salins. A Salins, les souscriptions pour budget du bareau de bienfaisance; elles s'élè l'extinction de la mendicité sont portées au vent à 3,400 fr. Les quêtes faites aux églises paroissiales, portées au même budget, sont société pour l'extinction de la mendicité disde 800 fr. Jusqu'en 1847, il avait existé une tincte du bureau. Les souscriptions s'étaient souscripteurs est porté aujourd'hui encore élevées jusqu'à 14,000 fr. Le nombre des

à 200. La collecte a lieu par un membre du bureau de bienfaisance, le curé de la paroisse et une dame de charité; c'est tout ce qui reste de l'ancienne association. L'abaissement du chiffre des souscriptions tient à l'existence de la mendicité. « Quand on nous délivrera des mendiants, disent les souscripteurs, nous éléverons le chiffre de nos souscriptions. » L'assistance tourne dans un cercle vicieux, car de leur côté, les mendiants répondent : « Donnez-nous de quoi satisfaire à nos besoins, et nous cesseroas de mendier. »

Salins a une conférence de Saint-Vincent de Paul de 30 membres actifs, et 10 membres honoraires. Un directeur des Frères de Marie est son président. Ses membres sont des cultivateurs et des artisans. On nous a nommé un meunier, un tanneur, etc. La Conférence n'assiste guère que les familles surchargées d'enfants. Ces familles sont au nombre de 30; c'est une sorte de patronage arcompagné de secours matériels. donne aux enfants une miche par semaine, e quelques vêtements. Un établissement

On

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On estime que sans addition de ressources on peut subvenir, dès à présent, aux besoins des vrais pauvres, et qu'il ne manque à l'assistance que la sanction d'un dépôt. L'interdiction de la mendicité était à l'ordre du jour à Salins en 1847; il avait suffit d'enToyer 3 mendiants à Bellevaux, et la mendicité avait cessé. La révolution de 1848 éclata, et tout fut à recommencer. Un fonds de souscriptions destiné à l'extinction de la mendicité, à Dôle, s'est élevé primitivement à 12,000 fr., puis il est tombé successivement à 8,000, 6,000 et 5,000 francs; alors cessèrent les collectes, et la mendicité disparue reprit son cours.

Il est question de relier les œuvres existantes, d'unir à la cbarité publique la charité privée, et de rouvrir les souscriptions. Les fondations existantes sont (outre le bureau de bienfaisance, dont la recette dépasse 10,000 fr.): la Conférence de Saint-Vincent de Paul, le Bouillon, la Sainte-Enfance, la Providence des jeunes filles. Cette dernière euvre a pour objet le placement de jeunes tilles à raison de 15 fr. par mois. La SainteEnfance fournit des vêtements aux nouveau-nés. Elle secourt les enfants jusqu'au jour de leur apprentissage. Une de ses resSources consiste à quêter de vieux vêtements. L'œuvre du Bouillon est confiée aux sœurs de Saint-Charles. Elle est soutenue par une association de dames payant une otisation de 20 fr. La conférence de SaintVincent de Paul réunit 280 membres, savoir: 12 membres d'honneur, 30 membres actifs, 3 membres aspirants, 10 fmembres honoraires, 180 membres souscripteurs, et 45 dates bienfaitrices. Les membres d'honneur dont l'évêque fait partie, appartiennent au

clergé. Les recettes parties du chiffre de 2,973 fr. 85 c. (1849-1850), se sont élevées successivement à celui de 4,348 fr. 15 c. Les dépenses n'ont été, en 1852, que de 3,036 fr. 90 c. La plus élevée a consisté en 3,657 kil. de pain, coûtant 978 fr. 30 c.; 289 fr. ont été consacrés aux loyers des pauvres. La conférence à secouru 120 familles, payé l'apprentissage de 12 enfants, patronné 41 écoliers chez les frères, et 14 jeunes ouvriers dans les ateliers. Dôle renferme les éléments d'un dépôt de mendicité.

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Saint-Claude. La plaie de l'ouvrier à Saint-Claude est l'insalubrité de son logement. Un membre de la conférence de SaintVincent de Paul nous a conduit dans plusieurs habitations dont les mauvaises conditions bygiéniques sont sa préoccupation incessante. Les puisards, les amas d'eaux putrides dans les cours se retrouvent à chaque instant. On découvre un cloaque infect jusque dans la cour de la mairie. Les bouchers jettent leurs detritus au centre de la ville; les jardins sont arrosés de matières fécales. Dans la cour de l'école des Frères on nous a muntré ces mêmes matières à l'air libre. Qu'on juge, après cela, des demeures du pauvre ouvrier. Ce sont souvent des grottes sombres taillées dans le roc, dont les parois suintent des eaux pestilentielles. La fréquence des fièvres typhoides, les enfants scrofuleux, la vieillesse précoce et la mortalite avant l'âge en sont le produit. Une meilleure construction des fosses d'aisance est surtout une mesure indispensable et urgente. Les résultats signalés sont bien évidemment du fait de l'homme, et non du climat, qui est extrêmement salubre. Tout est à créer pour rendre saine l'habitation de l'ouvrier, et l'on ne se douterait pas à SaintClaude que ce sujet a donné lieu à une loi spéciale.

Les secours sont nombreux dans cette ville. La recette du bureau de bienfaisance dépasse 4,000 francs. Celle qui a pour objet spécial l'extinction de la mendicité est versée dans les mains de la conférence de SaintVincent de Paul, et elle atteint presque 5,000 francs. Des Dames de la charité, au nombre de vingt, disposent de 2,400 francs, qu'elles emploient tant en médicaments qu'en vin, viande ou bouillon distribués aux malades. L'OEuvre de la prévoyance patronne les jeunes filles. Son revenu est de 1,200 francs. La fondation repose sur une loterie. Les associées sont au nombre de trente, et se composent une recette de 7 à 800 francs.

Les Demoiselles de la Providence, au nombre de soixante-douze, distribuent des vêtements, au moyen d'un atelier dans lequel elles raccommodent les effets qui ont déjà servi, ou les approprient aux besoins des indigents. De jeunes garçons sont au nombre de leurs souscripteurs. Il faut citer encore la Conférence du Saint-Sacrement, sorte de confrérie ou de société de secours mutuels. La Conférence de Saint-Vincent de Paul est la distributrice de l'importante souscription pour l'extinction de la mendicité. 327 sous

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