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Dieu a béni leurs efforts, la quête a dépassé tout ce que l'on pouvait en attendre.

Les conférences d'Angers ont compté cinquante charretées de richesses pour leurs malheureuses familles, et en outre, en argent, une somme de 1,000 ou 1,100 fr.

Le curé de Saint-Nicolas vient de fonder un atelier de travail pour les vieilles filles sans ouvrage. L'œuvre suffirait à ses besoins si elle avait un débouché pour ses produits. La ville compte plusieurs orphelinats, dont l'un renferme jusqu'à 500 jeunes filles. Orne. Le bureau de bienfaisance d'Alençon marche à la tête des secours à domicile; mais il est puissamment secondé par la charité privée. Une conférence de Saint-Vincent de Paul fondée depuis 6 ans et composée de 40 membres, porte à domicile des bons de pain, de bois et de braise. Elle soulage 300 pauvres, et visite par mois 8 ou 10 familles malades. L'hôpiial lui fournit les médicaments; et elle donne aux malades des bons de viande. Elle a fondé l'œuvre accessoire des loyers. Les indigents déposent de petites sommes qu'ils destinent à payer leur propriétaire, el la société leur alloue à titre d'encouragement une prime de 20 p. 100. Mais ce qui est digne d'admiration surtout, c'est la manière dont la conférence comprend et exercé le patronage. Elle place les enfants dans les écoles et les y surveille. De concert avec les frères des Ecoles chrétiennes qu'elle compte parmi ses membres, elle réunit les soldats de la garnison dépourvus d'enseignement, en école d'adultes, leur donne des leçons d'orthographe, de lecture, d'écriture et de calcul, leur fait des lectures pieuses et leur apprend à prier. Sur une garnison de 230 hommes, 40 ou 50, c'est-à-dire près d'un cinquième, est soumis à cette action bienfaisante de la société. Comment ne pas être touché de voir le président du tribunal civil consacrer ses soirées à la sainte mission d'instruire et d'éclairer ces hommes, que leur ignorance livre ailleurs sans contrepoids & leurs grossiers instincts?

Ene société d'apprentissage complète l'œuvre de Saint-Vincent de Paul. Elle a placé jusqu'ici 168 enfants (1852). Elle dispose d'une somme de 1,500 à 2,000 fr. La moyenne des frais d'apprentissage par enfant est de 150 fr., c'est-à-dire 50 fr. par an, la durée des apprentissages étant de 3 ans. Dans les temps calamiteux, les patrons donpent une partie de l'argent que gagnent leurs apprentis aux père et mère de ceux-ci. Nous avons dit que la société d'apprentissage complétait l'oeuvre de Saint-Vincent de Paul, parce que c'est une œuvre spéciale; mais elle l'avait devancée, car elle remonte à 1837. Nous voyons dans un compte-rendu de 1843, qu'un assez grand nombre de maîtres consentent à n'être payés de l'enseignement professionnel qu'ils donnent aux enfants, que par le travail de ceux-ci; dans ce cas la dépense,de la société se borne à fournir, durant l'apprentissage, du pain et

des vêtements.

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La salle d'asile reçoit les enfants à l'age de 2 ans, nous disait le respectable président de la société d'apprentissage; à 6 ans ifs entrent chez les frères; à 12 ans la société d'apprentissage les recueille et les patronne jusqu'à leur majorité.

La société de Saint-Joseph s'était formée pour procurer une honnête distraction lè dimanche aux classes ouvrières, et les arracher ainsi à de coûteuses et funestes dissipations. L'oeuvre a trébuché faute de ressources. Cependant ses membres n'en ont pas désespéré tout à fait. Ils ont chargé les Frères des écoles chrétiennes de la continuer. Ceux-ci sont aujourd'hui les dépositaires du matériel, qui consiste en plusieurs jeux destinés aux divertissements des ouvriers. Il suffirait d'une souscription de 1,000 à 1,200 fr. pour faire vivre la fondation.

On vient d'essayer la création d'une société de charité maternelle, ayant pour but de donner aux femmes en couches les secours indispensables, et une layette pour leurs enfants. Ce projet date seulement du ↳ février 1851, et déjà 60 mères ont été secourues; 900 fr. ont été employés à acheter des layettes, ou plutôt une partie de ce qu'il en faudrait. Les sociétaires comprennent qu'il faudrait procurer aux accouchées, de la viande, du bouillon, du linge et quelquefois un peu d'argent.

Le personnel administratif ne manque pas, car dans la société, formée de 60 dames, on trouve une présidente et une vice-présidente, une dame secrétaire et une vice-secrétaire, une trésorière et une sous-trésorière, une magasinière et une sous-magasinière. Les autres dames sont vouées aux fonctions de quêteuses, distributrices ou visiteuses, par groupe et par quartier.

Nous avons parlé, à propos du bureau de bienfaisance d'Alençon, des secours qu'il tire de la charité religieuse dans la personne des sœurs de la Miséricorde chargées de la distribution du bouillon qu'elles préparent, et du linge qu'elles font blanchir. Les pauvres viennent chercher chez elles ces deux objets, qui coûtent au bureau de bienfaisance environ 100 fr. par mois. Les sœurs reçoivent en outre de la ville 1,800 fr. par an pour visiter les malades et les soigner. Elles sont au nombre de 20. Quatre d'entre elles s'emploient, au profit de la communauté, à confectionner des chemises pour les personnes de la ville, et 4 autres à blanchir le linge des trois églises d'Alençon. Elles vont donner des soins aux malades dans les maisons riches ou aisées quand on les réclame, et reçoivent la rémunération qu'on leur donne, sans jamais fixer aucun prix, sous l'humble nom d'aumône.

Les mêmes sœurs établies à Argentan, y sont les actives auxiliaires du bureau de bienfaisance, mais elles constituent en outre une œuvre à part qui porte leur nom et qu'alimentent les cotisations de la charité privée. Argentan possède aussi une confé

rence de Saint-Vincent de Paul. Elle a de remarquable qu'elle est formée des élèves

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du collége, parvenus aux classes de rhétorique et de philosophie. Ces jeunes gens sont conduits par leurs aumôniers chez les indigents, auxquels ils distribuent des bons de vêtements et d'aliments.

Nous avons dit, au sujet des bureaux de bienfaisance, que celui de Domfront se laisse absorber par l'OEuvre des dames de la charité, composée de 10 dames, qui dressent la liste des indigents, et signalent leurs besoins. Une quête leur procure 4,000 fr. Elles emploient les soirées d'hiver à confectionner des vêtements pour les pauvres familles.

Loin que l'assistance soit insuffisante à Domfront, on nous a assuré qu'elle y est excessive. La ville fait, de plus, des aumônes considérables aux mendiants des communes voisines. L'interdiction de la mendicité vient d'y mettre un terme. Comment y sera-t-il suppléé? C'est la question que se posait devant nous le maire de Domfront. Il ne doute pas que les communes dans lesquelles s'exerçait la mendicité, ne soient disposées à suppléer par une cotisation aux aumônes qui étaient données à la porte des maisons. Il allait plus loin, il proposait de créer par arrondissement un fonds commun destiné à subventionner les communes dont les ressources sont disproportionnées au nombre de leurs indigents. Nous croyons qu'il n'est pas bon d'altérer les principes généraux sur lesquels repose la charité publique dans notre pays. La charité est assise sur ces deux bases, la commune et le département; les secours à domicile et hospitaliers sont donnés par la commune; s'agit-il d'interdiction de la mendicité, la mesure est départementale. C'est au département à suppléer à l'impuissance des communes. Le conseil général l'a si bien compris qu'il a consacré à l'extinction de la mendicité, dans le budget de 1852, une somme de 8,000 fr.

Les secours à domicile sont à peu près exclusivement, à Mortagne, dans les mains du clergé. Le bureau dit d'association, dispose des fonds du bureau de bienfaisance. 30 membres du sexe masculin et un nombre égal de dames, divisées en 5 sections, forment autant de bureaux secondaires, qui sont représentés dans un bureau central de 5 membres, par un délégué. Le bureau centrai statue sur les demandes dont les délégués sont les interprètes. Au mois de décembre de chaque année, le curé et le maire se mettent à la tête des quêtes, c'est-à-dire qu'ils font appel en personne aux souscripteurs dont les cotisations s'acquittent par trimestre. Le nombre de ceux-ci, sur une population de 5,000 habitants est de 200. Le curé et le maire ouvrent la liste par un don de chacun 600 fr. La recette s'est élevée la première année à 15,000 fr., ce qui, avec celle du bureau de bienfaisance, montant à 2 ou 3,000 fr., formait un revenu disponible de 18 à 20,000 fr. Tombée à 9 ou 10,000 fr., elle justifie encore les évaluations du département de la Manche, où l'on estime qu'on peut compter sur une recette de 2 fr. par habitant, compensation faite des riches et

des pauvres, des hommes doués de bonne volonté avec ceux qui en manquent. La municipalité contribue jusqu'à concurrence de 1,500 fr., et le gouvernement accorde une subvention de 500 fr. Toutes les forces s'associent. Le curé de Mortagne considère la subvention du gouvernement comme un agent d'excitation très-puissant. Le même pasteur ne doute pas que s'il survenait des années calamiteuses, les ressources de l'association atteignissent bien vite 25,000 fr., d'autant mieux que des réserves placées en rente sur l'Etat, ont lieu dans les temps ordinaires. Les secours se distribuent sur une grande échelle. Il est distribué 4 kilogr. de pain par semaine à chaque indigent, outre du bois et du linge. On donne de la viande aux malades, et des vêtements une fois par an. Les secours s'élèvent de 6 à 15 fr. par mois; mais ils ne sont pas toujours permanents. On donne à filer aux femmes, et des travaux de terrassement aux hommes durant l'hiver. Les investigations de la société sont portées plus loin qu'ailleurs sur le compte des familles pauvres, et on mesure rigoureusement le secours au besoin. La famille à laquelle il manque 2 ou 3 fr. par semaine pour vivre, touche ces 2 ou 3 fr. du bureau; 40 familles sont assistées en moyenne par section, ce qui forme une population secourue de 5 ou 600 personnes. L'extinction de la mendicité était opérée de fait à Mortagne, avant qu'elle fut interdite. L'association a subi une grande épreuve, celle de la durée; elle est constituée depuis 13 ans. Mais pour ajouter un élément de plus à cette vérité, que la charité est difficile à bien faire, nous ne devons pas taire l'aveu que nous a fait le curé de Mortagne. A donner aux pauvres tout ce qui leur manque, il y a, dit le pasteur, l'inconvé nient de perpétuer le paupérisme, de détendre le ressort du père de famille, d'affaibhr la responsabilité individuelle. Frappés de ce danger, les deux curés de l'Aigle, qui ont pris dans la charité privée un rôle analogue à celui du curé de Mortagne, font en sorte que le nécessiteux ne compte pas trop sur l'assistance. Au lieu de mesurer le secours au besoin, ils le proportionnent aux efforts du pauvre pour sortir de la misère. Le curé de Saint-Martin regrette, nous disait-il, de ne pouvoir distribuer les secours personnellement. Les huit dames qui lui ser vent d'auxiliaires, lui paraissent céder trop facilement aux sollicitations des familles inscrites. Il n'est accordé que 2 kilogr. de pain par semaine et par individu, et non 4. comme à Mortagne. Le bois et le charbon sont donnés à époques fixes. Le curé de Saint-Jean, dont les ressources sont plus considérables que celles de son collègue, et qui compte moins de pauvres, se met en rapport direct avec ceux-ci, assisté qu'il est par quatre dames de la charité, visitant un certain nombre de familles. La charité individuelle se produit tantôt en avant, tantôt à côté de la charité paroissiale. Elle augmente la dose des secours et les complète. Elle

entre plus intimement dans l'intérieur des familles pour en sonder les misères dans leurs profondeurs, et en panser toutes les plaies. C'est ce que fait spécialement la conférence de Saint-Vincent de Paul, fondée à l'Aigle par quatre jeunes gens qui composèrent le bureau en attendant que la société trouvât des recrues. Des habitants de tout âge ont été entraînés par leur exemple, et la conférence compte aujourd'hui 40 membres qui visitent les pauvres à domicile, et se concertent pour éviter les doubles emplois avec les dispensateurs des charités paroissiales. Les ressources de la conférence sont évaluées à 1,500 fr. Le bureau de bienfaisance porte à la charité paroissiale, qu'il laisse maîtresse, les 3,000 fr. de son budget. Les quêtes ont produit, quand il a fallu, jusqu'à 20,000 fr., mais elles grossissent, bon an mal an, de 4 à 5,000 fr. la recette du bureau de bienfaisance. Le bureau n'a donc pas à se plaindre de son entrée dans l'association. Les établissements publics ne doivent pas abdiquer leurs devoirs, mais ils peuvent déléguer leurs droits pour le plus grand bien des pauvres. Le nombre des assistés, qui est de 5 à 600 en temps ordinaire, s'est élevé dans les années difficiles, à 1,000 ou 1,100, sur une population de 6,000 âmes, population en grande partie industrielle, où le chômage sévit non-seulement par le manque d'ouvrage, mais par le manque d'eau.

Maine-et-Loire. Une quête pour le vestiaire des pauvres, causait une vive émotion à Angers, le 12 janvier 1854. Cent cinquante membres des conférences de SaintVincent de Paul, s'étaient mis en marche pour quêter des vieilleries. Précédés d'une lettre pastorale, ils s'en allaient gaiement par les rues, récoltant de leur mieux. Escalader les étages, revenir couvert de poussière ou de duvet, mais en compagnie d'un vieux meuble ou d'un ballot de linge, etc., etc., c'était des joies sans fin. Depuis la voiture de chasse et son brillant attelage jusqu'à l'humble tombereau, tous les véhicules avaient été mis en réquisition et accordés avec un bon vouloir charmant. Bientôt pleins, ils roulaient à pas lents vers les ruines de l'église Saint-Martin, transformée en magasin général. En voyant ainsi cette masse d'inutilités s'amonceler sous ces voûtes profanées et délaissées depuis longtemps, l'imagination se plaisait à prêter aux pierres de la vieille église un tressaillement d'allégresse; c'était comme leur Nunc dimittis, en regard de la bonne œuvre. C'était le jeudi, par un beau soleil et une température douce, au sortir de l'hiver. Les écoliers, libres ce jourla, se firent les auxiliaires des quêteurs. Grâce à l'enseignement des Frères des écoles chrétiennes et au patronage que les conférences de Saint-Vincent de Paul exerceut dans les écoles, nos petits frères quêteurs savaient fort bien ce qu'ils faisaient.

Si les petits sont venus prêter leur conCours empressé à cette petite œuvre, les humbles sont venus aussi en rehausser l'hu

milité par leur assistance; les bonnes sœurs de Saint-Charles, si dévouées au chevet des malades pauvres, ont passé bien des journées à mettre de l'ordre dans ce désordre. La lingerie, les vêtements, la coiffure, la chaussure, la literie, les objets de ménage, tout a été classé, restauré, transformé, distribué à bien des pauvres, et en particulier à de véritables pauvres honteux, par les membres de la société de Saint-Vincent de Paul, et pour une valeur de 5 à 6,000 fr. Une dame se plaignant de la rigueur de la saison et de la fréquence des quêtes, renouvelées sous toutes les formes: « Je n'ai plus que deux sous, dit-elle aux quêteurs, võyez si vous les voulez. - Madame, nous recevrions deux centimes avec reconnaissance, lui fut-il répondu. Prenez-donc mes deux sous,» reprit-elle en donnant deux pièces d'or!« Vous quêtez des vieilleries, dit une ouvrière déjà âgée, il faut donc que je vous donne tout mon ménage et moi pardessus le marché, puisque nous avons vieilli ensemble; prenez toujours, en attendant, ces 50 centimes, c'est le gain de ma journée!» Un résultat durable et permanent de cette quête, est la création d'un vestiaire de santé où les pauvres trouvent des secours, limités dans leur durée par celle de la maladie. Linge de corps, draps, couvertures, linge à pansements, etc., tout sera tenu disponible pour ceux qui doivent nécessairement être secourus à domicile et qui ne peuvent profiter, soit pour une raison soit pour une autre, des secours de l'hôpital. (Annales de la Charité, mars, 1854.)

Charente-Inférieure. - - Il a été fondé à la Rochelle par la conférence, de SaintVicent de Paul, à la fid de février 1851, des soupes économiques dans un double but le premier de secourir les indigents, et le second, de faire voir les avantages d'une alimentation commune en vue du bon marché, et de pouvoir plus tard procurer aux ouvriers les avantages d'une combinaison analogue en conservant ceux de la vie de famille.

Le premier but a été atteint au moyen: 1° de souscriptions recueillies ; 2° d'une allocation du conseil municipal; 3° de la vente de bons de soupe; 4° de l'appui du bureau de bienfaisance, qui a fait faire pour son compte un grand nombre de distributions.

Les souscriptions ont produit.
Le conseil municipal a accordé.
La vente des bons de soupe a produit.
Le bureau de bienfaisance a donné
pour les soupes faites en son nom.

Total des recettes Les dépenses se décomposent suit:

Acquisition de fourneaux.
Constructions et réparations pour leur
établissement.

Achat de linge, d'ustensiles, etc.
Frais pour les soupes délivrées.

Total des dépenses.

2,167 65

600 521

1,300

4,591 65 comme il

359 50

300

180 15 2,590 57

5,250 22

Les recettes étant de 4,591 fr. 63 c., et les dépenses de 3,230 fr. 22 c.: il est resté disponible au 1 janvier 1852 1,361 fr. 43 c. Cette somme a été employée à continuer les distributions de soupes en 1852, à entretenir le mobilier, faire les réparations nécessaires. Le nombre total des soupes distribuées pendant les dix derniers mois de l'année 1851 s'élève à 14,700. Savoir: prises par le bureau de bienfaisance 7,188; par les personnes charitables, 2,620; distribuées par la conférence de saint Vincent de Paul 4,892.

Il résulte du relevé des dépenses faites par les sœurs de saint Vincent de Paul, qui ont bien voulu se charger de la confection et de la distribution des soupes, que le prix de revient, en moyenne, pour une soupe est de 0 fr. 162. Le prix des bons étant fixé à 0 fr. 200 c. Il en résulte une différence ou boni de 0 fr. 038 c.

Mais il faut observer que, dans ce prix de revient, on n'a porté que les dépensés pour pain, viande, légumes, charbon et maind'œuvre, sans tenir compte des frais d'entretien et du renouvellement du linge, des ustensiles, etc. Aussi il a paru indispensable de maintenir le prix actuel des bons à 0 fr. 20 c. 1° pour parer à des dépenses qui deviendront d'autant plus nécessaires qu'on s'éloignera davantage de l'époque de l'installation; 2° parce que les économies qui pourront en résulter permettront de distribuer un plus grand nombre de soupes. L'intention des personnes charitables sera toujours remplie, puisque tous les fonds donnés par elles seront uniquement consacrés à l'œuvre.

La société de Saint-Vincent de Paul s'occupe des intérêts des jeunes apprentis. Le bureau de bienfaisance vient de créer (16 mars 1852) une institution qui, sous le pa tronage de saint Louis de Gonzague, prend le titre de société des jeunes apprenties. Elle est composée de jeunes demoiselles qui ont accepté la mission de rechercher les jeunes tilles pauvres, de leur venir en aide, de les soustraire à tout ce qui pourrait avoir sur elles une action démoralísatrice, de les placer chez des maîtresses où elles puissent apprendre la couture, le flasquage, les travaux du ménage, d'arriver, en un mot, à en faire des ouvrières, et plus particulièrement des femmes de chambre, des domestiques sages, probes, intelligentes et laborieuses.

Mayenne. Les principales créations de la charité privée dans la Mayenne sont une maison d'orphelines créée par une association de dames dans la commune d'Asvenières. Le nombre des élèves variait en 1851 de 100 à 150. La même association a fondé à Laval (carrefour aux Toiles) une maison qui reçoit un certain nombre de vieillards des deux sexes.

Il existe une conférence de Saint-Vincent de Paul dans chaque arrondissement de la Mayenne. Celle de Laval compte déjà 15 ans d'existence; elle visitait 100 familles en 1851 et patronnait 40 apprentis. Ceux-ci sui

vent tous les soirs des cours d'écriture, de lecture et de calcul qui leur sont faits par des membres de la conférence. La conférence a une caisse des loyers qui donne une forte prime aux déposants. La conférence de Mayenne secourt 50 familles et a créé une salle d'asile pour les enfants des pauvres qu'elle visite. Celle de Château-Gontier se compose des élèves des trois principales maisons d'enseignement secondaire de la ville. Elle réunit à la visite des pauvres le patronage des enfants et celui des apprentis. Elle paie l'apprentissage à un certain nombre de patrons. (Communiqué par M. le Vte DE LCCAY).

Vendée. Luçon.- Les dames de charité confectionnent des vêtements. Elles habillent en totalité plusieurs femmes et plusieurs enfants et en partie quelques pauvres vieillards. Elles s'attachent à fournir à leurs indigents des objets solides qu'elles ne renouvellent que tous les deux ans. De cette manière, elles forcent les pauvres à économiser ce qu'on leur distribue. Elles battent monnaie au moyen des quêtes.

Sables d'Olonne. Une œuvre vient de se former sous le nom d'Association de travail. Elle a pour but la confection de travaux en fil et en laine. Elle se propose de porter le salaire à 5, 10 ou 15 c. au-dessus du salaire habituel, selon les besoins de l'ouvrière. Le produit du travail sera donné partie aux pauvres, partie vendu.

Une société dite de Sainte-Elisabeth on des Enfants de Marie s'assemble tous les jeudis pour l'habillement des pauvres. Les associés, au nombre d'environ 40, distribuent 7 ou 800 fr. de vêtements par an.

Nous avons fait le tour de la France et l'on serait embarrassé de dire, quelle région l'emporte par la bonne volonté. Partout l'esprit chrétien est l'âme des œuvres. Nous reprocherons à la charité privée en général, ses préventions contre la charité publique, préventions que la charité publique fui rend pour son compte. L'entente cordiale des euvres serait un pas immense vers le progrès. Nous ne saurions trop le répéter, pour secourir nos frères souffrants, ce n'est pas trop de tout le monde. Ce Dictionnaire aspire à obtenir ce résultat, que la charité publique et la charité privée se connaissent mieux. Noublions pas, nous tous qui voulons obéir à la grande loi de la charité que mal parler ou mal penser de ceux qui la comprennent ou l'exercent autrement que nous, c'est enfreindre un des articles de cette loi, c'est manquer de charité.

Conclusion. Mgr de la Bouillerie, éve que de Carcassonne, dans une lettre pastorale de novembre 1855, fournit à cet article une excellente conclusion; il en confirme tous les principes.

La véritable charité, dit-il, est la charité bien faite. La charité qui a l'intelligence du pauvre, la charité qui sait choisir ses méthodes et grouper habilement ses ressources, la charité enfin qui s'organise.

La charité dans son œuvre d'organisation, n'est pas seulement une vertu chrétienne : elle est de plus une science chrétienne, et, au dire de saint Paul, uue science qui dépasse toutes les autres, supereminentem scientia charitatem (Ephes. I, 19). Voy. au mot ADMINISTRATION, cette proposition démontrée par l'histoire.

1. La charité qui s'organise réclame de la part de ceux qui prêtent leur concours à cette organisation certaines qualités spéciales. La charité qui s'organise doit choisir les meilleures méthodes pour secourir les pauvres, les méthodes que l'expérience et la pratique ont le plus heureusement appliquées.

3 La charité qui s'organise a besoin de ressources abondantes.

Enfin la charité ne s'organise qu'à la condition d'une direction uniforme, donnée el suivie.

Une qualité essentielle est donc l'esprit d'entente et de concours.

Si dans les villes où la population est immense, Tentente complète offre des difficultés presque insurmontables, parce que là personne ne se connaît et ne veut se connaltre; parce qu'une même cité en renferme dis: parce que chacun se circonscrit en un cercle qui, pour lui, est la ville entière; parce que, dès lors, un appel à tous est à peu près impossible; dans les localités moins populeuses, ces mêmes difficultés n'existent plus. Ici chacun se touche, et touche sur tout, hélas ! des misères bien prochaines et qui s'étalent sous les yeux. Partout, nous ne l'ignorons pas, la position et l'intérêt peuvent devenir un élément de division; mais le terrain de la charité est un sol commun, celui où s'unissent aisément tous les ceurs pour se porter au bien, et toutes les mains pour l'accomplir.

L'entente n'est pas seulement nécessaire pour chaque œuvre, ajoutons qu'elle l'est également entre les différentes œuvres car importe que les secours soient également répartis, et cette répartition équitable n'aura lied qu'autant que les œuvres s'entendront sur le personnel qu'elles soulagent. L'organisation de la charité exige cette largeur d'esprit qui exclue les petites jalousies et les petites susceptibilités.

Toutes les œuvres sont sœurs et elles répondent toutes à un besoin réel; il faut donc qu'elles vivent toutes en paix l'une à côté de l'autre, se réchauffant ensemble au rayon du soleil que Dieu fait luire sur tous, et se nourrissant ensemble du pain quotidien que le Père céleste ne refuse à per

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Une aumône privée peut être donnée aujourd'hui et refusée demain Une œuvre a besoin de la persévérance de ceux qui l'entreprennent: mais combien cette persévérance est rare !...

L'organisation bonne ou mauvaise de la charité, dépend en grande partie des méthodes que l'on adopte pour la pratiquer. Si ces méthodes sont bonnes, la charité sera bien faite; si ces méthodes sont mauvaises, elle sera défectueuse. Il y a donc de mauvaises et de bonnes méthodes ? Une détestable méthode est celle qui consiste à favoriser la mendicité par des aumônes distribuées dans les rues ou aux portes des maisons : ou plutôt c'est ici l'absence de toute méthode.

Une excellente méthode, est celle des œuvres. Là les diverses infortunes sont classées et connues les secours qu'on leur apporte sont sagement administrés; le côté moral de la charité n'est jamais oublié. Ce que la charité individuelle ne peut faire, l'association l'accomplit. Elle est elle-même une puissante méthode et qui s'applique merveilleusement à la charité. Mais la charité a besoin. de ressources, et voilà ce qui lui fait tort auprès d'une foule d'esprits!

La charité en théorie présente à tous d'irrésistibles charmes : la charité qui veut se faire pratique, rencontre souvent de trèsgraves obstacles. De loin on courbe le genou devant la charité et on l'adore. De près, et si elle tend la main, on est tenté de la trouver indiscrète et on l'éloigne. La charité a besoin de ressources personnelles et matérielles.

Elle demande la surveillance active qui dirige l'emploi des aumônes. Quiconque a l'expérience des œuvres, sait qu'elles no périssent jamais faute d'argent : ce sont toujours les hommes qui leur manquent.

A la suite du prêtre, et comme le plus. puissant instrument de la charité chrétienne, tout le monde a nommé ces admirables et angéliques filles qui, ne vivant plus quepour Dieu et les pauvres, leur consacrent généreusement leur activité, leur temps, leur zèle, leur santé, leur vie? C'est de leurs lèvres que sortent ces paroles persuasives et consolantes qui valent plus que l'aumône et en doublent le prix. Mais si elles ont entre les mains le ministère habituel de la charité, elles n'en revendiquent pas le monopole.

La charité laïque a montré de nos jours son ardeur et sa puissance. Elle a donc une grande mission à accomplir. Mgr de la Bouillerie cite la conférence de Saint-Vincent de Paul et les dames de charité.

Les œuvres, reprend-il, sont le premier degré de l'organisation de la charité; mais les œuvres à leur tour, soit pour suffire au but qu'elles se proposent, soit pour ne pas se nuire l'une à l'autre, ont besoin d'être organisées, c'est-à-dire qu'elles ne doivent pas être complétement isolées l'une de l'autre, complétement indépendantes d'un guide commun, d'un centre commun. Mgr de la Bouillerie propose de former une commis

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