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dans les hôpitaux, d'après le dépouillement des registres de charité, 1,800 pauvres, le 50; Soissons, avec 8,000 âmes de population, 160 pauvres également dans les hôpitaux, encore le 50.

Un aperçu non, moins curieux, basé sur le service des Hôtels-Dieu les plus anciens et les plus complets, indiquait la même proportion de pauvres. La proportion des malades à l'égard des pauvres était portée avec la même exacte proportion du 10°, qui en est la proportion la plus forte, au 20, qui est la plus faible. D'après cela, les Hôtels-Dieu devaient calculer leurs dépenses et leur importance à raison d'un malade sur 10 pauvres dans les temps les plus calamileux, d'un malade sur 20 pauvres dans les temps ordinaires. Lyon, sur une population de 150,000 âmes, avait un Hôtel-Dieu de 1,200 lits, dont 600 n'étaient pas encore en place. Ces lits représentaient le 10 des auvres, le 20 des malades parmi ces pauvres. A Rouen, où la population était de 100,000 âmes, le nombre commun des malades soignés par jour à l'Hôtel-Dieu était d'environ 600, c'est-à-dire d'un 10 de pauvres secourus au dedans, et d'un 20 de malades sur ces pauvres.

A Besançon, la population était de 40,000 Ames, et le nombre des lits à l'Hôtel-Dieu de 400, même proportion.

Dans Seine-et-Marne, les états partiels fournis par quelques municipalités présentèrent, sur 19,848 individus recensés, 2,179 pauvres, offrant une proportion d'à peu près un 10 de pauvres.

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A Paris, la population était, comme il a été dit, de 6 à 700,000 habitants; le nombre de 6,000 lits, que l'on demandait dans un projet de 4 Hôtels-Dieu, répondait aussi au 10 du 10 de la population. Les 3,000 lits de l'Hôtel-Dieu, ajoutés à ceux des autres hôpitaux portant à 6,492 le nombre des malades secourus, donnait une proportion exactement semblable. La même remarque s'appliquait à la paroisse Saint-Jacques du Haut-Pas, qui n'envoyait aucun malade à l'Hôtel-Dieu, considérée isolément. Elle s'appliquait à Etampes: population, 6,651, nombre de lits, 39; à Provins: population, 5,078, nombre de lits, 56; à Fontainebleau: population, 7,000, nombre de ILS, 53; à Montfort-la-Maury: populaLon, 1,664, nombre de lits, 6; à Melun: population, 4,000, nombre de lits, 46; -- d Nemours population, 3,000, nombre de lits, 10:à Bray-sur-Seine: population, 2,652, nombre de lits, 20; à Coulommiers: population, 3,500, nombre de lits, 12; Brie-comte-Robert: population, 2,300, nombre de lits, 12; - à Compiègne : population, 6,000, nombre de lits, 22; à Pontoise: population, 5,538, nombre de lits, 40; à Joigny population, 4,628, nombre de lits, 27; à Auxonne: population, 5,000, nombre de lits, 18; -à Dax: population, 4,290, nombre de lits, 58; à Dijon : population, 23,000, nombre de lits, 94. D'autres renseignements

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confirment

l'exactitude de cette même proportion des Tels furent ceux qui parvinrent des anpauvres sur 100 individus, et de 10 au plus ciennes généralités."

pulation, 349,000; pauvres, 33,980. Les Les états du Roussillon présentaient : poétats de Metz: population, 347,000; pauvres, 33,989; généralité d'une population de 672,813; pauvres, 52,307; 17 municipalités de villes et 1,397 municipalités de cainpagne renfermaient 23 pauvres chacune du 12 au lieu du 20°, mais le comité avait terme moyen, ce qui donnait la proportion estimé qu'on devait considérer les états fournis comme exagérés à raison des circonstances. N'oublions pas de mentionner que diants de profession était du 100 environ dans les états produits, le nombre des mèndes indigents domiciliés. Si l'on prend pour des pauvres n'excède pas 105,000 individus, base les calculs de M. Necker, la proportion vieillards, 40,000; 3° malades de 20 à 25,000. savoir 1° enfants, 40,000; 2° infirmes et

D'après les mêmes calculs, les 3/4 des pauvres sont en état de gagner leur vie. (P. 18 des pièces justificatives du 5 rapport de M. de la Rochefoucauld-Liancourt.) Le comité d'extinction de la mendicité porte à 17 millions sur 26 millions d'habitants le nombre des individus vivant de leur trapopulation agricole comme la classe indusvail en 1789, parce qu'il faut entendre la trielle. Un député de Carcassonne, M. Dupré, portait à 10 millions le nombre des ouvriers condamnés à l'inaction par la faute

de l'Etat.

Au mois de septembre 1789 les ouvriers cordonniers se rassemblent aux Champs-Elysées. Ils nomment un comité chargé de veiller à l'intérêt commun et de recueillir et distribuer une cotisation mensuelle destinée à subvenir aux besoins de ceux d'entre eux qui se trouveraient sans ouvrage (Hist. parlem. de la révol. t. li, p. 418.)

Le 4 septembre 1790, Varnière déclare à l'assemblée, au nom du comité des finances, que le département de Seine-et-Oise. contient 41,000 pauvres sans ouvrage. Il fait voter, pour les soulager provisoirement, 25,000 fr. Les ouvriers se coalisent pour faire hausser les salaires. Les émeutes industrielles déterminent quelquefois le succès des crises politiques durant la révolution. Un grand nombre de séances du conseil municipal sont employées à répondre aux demandes d'augmentation de salaire formées par les ouvriers. Le 5 mai 1791 les ouvriers du pont Louis XVI, demandent 36 s. au lieu de 30. (Hist. parlem., t. X, p. 104.) Les écrivains du temps n'en parlent pas; on voulait faire accroire que la révolution n'était faite que pour le peuple, et on ne voulait pas convenir que le peuple était, à cette époque de théorie, plus malheureux que jamaís. L'industrie et le travail n'avaient, pas de représentant. A mesure qu'on avançait, le langage des ouvriers était plus

hardi. N'étaient-ils pas les vainqueurs du 10 août, dit Eugène Durer?

Dans une de leurs pétitions (séance du 2 octobre 1792), les ouvriers font un rapprochement entre leur salaire et celui des représentants. Le salaire de tous les individus doit être, disaient-ils, gradués dans une juste proportion; le leur était trop faible et ils étaient dans la misère, celui des députés était trop fort et ils étaient devenus des aristocrates. Il n'y avait rien à dire à ce raisonnement.

Les malheureux, dit Barère (11 mai 1794), sont les puissants de la terre; ils ont le droit de parler en maitres aux gouvernements qui les négligent. La mendicité qui est la lèpre des monarchies, fait des progrès effrayants dans la république. Les HôtelsDieu et hôpitaux sont les tombeaux de l'espèce humaine; la misère est incompatible avec le gouvernement populaire. Belle théorie suivie de votes sur le papier. En 1794, une immense foule de peuple se porte aux abords de la Convention, et l'orateur de la députation admise à la barre disait : Le pain nous manque, nous sommes à la veille de regretter tous les sacrifices que nous avons faits pour la révolution : Du pain! du pain! Ne laissez pas flotter au milieu de nous l'étendard de la famine; déployez tous les moyens que le peuple a mis entre vos mains et donnez-nous du pain; 800 de nos camarades attendent votre réponse (17 mars).

Lors d'un recensement qui eut lieu au mois de vendémiaire an X (1801), le 12' arrondissement sur 61,553 habitants se trouva renfermer 24,424 pauvres et le 8 20,000 sur 46,000, Dans la section Popincourt plus de la moitié des habitants recevaient l'aumône publique; il en était à peu près de même dans celle des Quinze-Vingts.

Décomposition de la population française en 1789. Décomposant la population de 1789, Monteil donne les chiffres que voici: nobles, 80,000; ordres religieux, 100.000; gens de guerre, 400,000; gens de mer, 300,000; gens de plume, 200 000; marchands, 400,000; propriétaires ou fils de propriétaires, 9 millions; laboureurs, 5 millions; vignerons, 500,000; bergers, 2 millions; artisans, 500,000. Le savant écrivain ne nous fait pas connaître le chiffre de la classe ouvrière industrielle. Mais la population totale du royaume étant de 25 millions selon Necker, et celle qu'on vient de dénombrer ne formant en chiffres ronds que 19 millions, il s'ensuivrait que la classe ouvrière industrielle était, en 1789, d'environ six millions, dont il faut distraire deux millions de domestiques en nombre égal dans les deux sexes. Restent quatre millions d'ouvriers industriels.

On ne trouve de dénombrement de la France entière qu'à la fin du xvi siecle. Il s'élève alors à 19,669,230 habitants; soit 20 millions. Le dénombrement de 1684 la porte à 24,800,000 habitants, de sorte qu'elle s'était accrue en un siècle d'a peu près 5 millions. La proportion est double de 1784 à 1840; elle a grandi de 10 mil

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lions. Monteil compte er. France, à l'époque du dénombrement de 1784, 500 villes audessus de 4,000 âmes, 3,000 bourgs, 40,000 villages, 200,000 hameaux. Ces chiffres sont hasardés.

La population de Paris suit la progression que voici Le xm siècle compte 120,000 habitants; le xv, 150,000; le règne de Henri 11, 210,000. Sous le règne de Henri III le chiffre tombe à 200,000. Plus que doublé sous le règne de Louis XIV, il monte à 492,000. Du xvi siècle commençant jusqu'à nous, la même population donne l'échelle ascendante que voici de 1709 à 1719 elle s'élève à 509,000, de 1752 à 1762, à 570,000; en 1776, elle est, selon Buffon, de 658,000, selou Necker, de 660,000. Si les chiffres sont exacts, elle aurait subi, par le fait de notre première révolution, une dépression de 50,000 habitants, car on ne la porte plus en 1792 qu'à 610,000, elle se relève de 1795 à 1798, sous le Directoire, à 640,000,

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CHAPITRE II.

.

Un

Classes souffrantes au XIX' siècle. - Dé nombrement. Est-il vrai que les classes souffrantes grandissent en nombre? professeur de Genève, M. Etienne Chastel, dans ses études historiques sur l'in fluence de la charité, voulant prouver les progrès de la misère dans le monde romain, à partir du christianisme, cite l'assertion de saint Jean Chrysostome, qu'à Antioche, un dixième de la population vivait d'aumônes au jour le jour. N'était-ce pas vivre d'aumones au jour le jour que de recevoir à Athènes le triobole, et à Rome son pain quotidien? La population subventionnée à Rome était de plus du quart de la population totale. Voy. Assistance.

M Théodore Fix, va éclairer la question au point de vue moderne. Comment peut-il se faire, dit-il, qu'un pays tout entier gagne en puissance et en richesse, tandis que la classe la plus nombreuse s'appauvrit progressivement, tandis que l'instrument qui crée cette puissance se dégrade et s'affaibli chaque jour davantage? L'anomalie nous paralt flagrante. Sans en excepter l'Angleterre, où le principe aristocratique est cependant encore dans toute sa vigueur, nous voyons dans tous les Etats industrieux l'extension des classes moyennes, et ces classes moyennes se recrutent naturellement dans les classes inférieures. Si celles-ci étaient aussi misérables qu'on veut bien le dire, ce phénomène serait à coup sur impossible. Nous n'avons jamais entendu contester par personne le développement des classes moyennes, qu'on accuse même d'envahir les sociétés modernes. Nous n'avons pas entendu dire non plus que ce développement avait lieu aux dépens de l'aristocratic. Comment alors expliquer cette transformation reconnue par tous, et qui se manifeste plus particulièrement dans les Etats manufacturiers, sinon par le passage d'une portion de la classe inférieure dans la classe moyenne? Or, nous le répétons, si la première était

sur la pente fatale qui fait l'effroi des philanthropes, cette transformation serait tout à fait impossible...

Maintenant, comment expliquer le chiffre sans cesse croissant qu'on introduit dans le recensement des classes indigentes et pauvres Evidemment, il y a là un esprit de système qui ôl。 oute vérité à ces sortes d'opérations. On ne se rend pas compte de ce que c'est qu'un pauvre ou un indigent, et fon applique ces qualifications à des individus qu'on plaçait jadis dans d'autres catégories. Aujourd'hui, quand un ouvrier est temporairement privé de travail, on le place dans la classe des pauvres. Quand une crise industrielle occasionne un chômage momentané, voilà tout aussitôt les chiffres les plus alarmants qui se produisent sur la siimation entière du pays. Les chiffres, une fois écrits et inprimés, restent; ils servent de base à certains documents, et on les reproduit ensuite, sans autre examen, comme étant l'expression de la plus exacte vérité. On confond ainsi une position transitoire avee un état permanent, une souffrance passagère avec une misère et un dénument chroniques. Depuis la réforme de la loi sur les pauvres en Angleterre, la condition de ceux qui reçoivent des secours publics est devenue assez dure. Mais, avant cette époque, l'ouvrier qui recevait des secours de la pamisse était dans une condition absolument pareille à celui qui n'avait que son salaire: l'un n'était ni plus heureux, ni plus malheureux que l'autre, et cependant les statisticiens mettaient le premier dans le cadre de la population indigente. Néanmoins l'ouvrier ainsi secouru avait un revenu infiniment supérieur à l'ouvrier allemand, par exemple, et ses consommations étaient peutêtre trois fois plus fortes que celles de ce dernier. On voit que ces désignations sont tout à fait arbitraires; car pourquoi l'ouvrier allemand, qui a un revenu incomparablement plus faible et des moyens bien Aus limités pour satisfaire ses besoins, ne serait-il pas aussi classé parmi les pauvres en proie à la misère ? Voilà qui ne s'expli

que pas.

In homme n'est pas misérable uniquement parce qu'il reçoit des secours publics eu privés, et ces secours ne prouvent même pas toujours qu'il soit pauvre ou indigent. Cependant les philanthropes ne tiennent Comple d'aucune de ces distinctions. Ils Vous disent, ainsi que les statisticiens; Il y a tant de pauvres en Angleterre, tant en France, tant en Allemagne, tant en Espagne, sans se préoccuper le moins du monde de la situation réelle de ces pauvres. Ils ne réfléchissent pas que c'est l'intensité des privations qui détermine le degré de misère d'un individu. Le taux des salaires, les consommations, la commodité relative des habitations, ne sont pas des indices caractéristiques et absolus de bien-être ou de pauvreté. Ces situations sont déterminées par une foule de circonstances qui échappent compictement à la statistique, et pour l'obser

DICTIONN. D'ECONOMIE CHARITABLE,

vation desquelles il faut l'œil du philosophe et de l'économiste. Les pauvres qui sont nourris aux portes des couvents de que!ques pays catholiques sont certainement moins à plaindre que la plupart des cultivateurs irlandais, que la cupidité des propriétaires et un mauvais système de feruage plongent dans la plus affreuse misère. De Comme la statistique ne dispose que de rhifcos nuances, on n'en tient aucun compte. fres, elle simplifie les choses autant que possible, et elle confond par cela même les situations les plus diverses.

Nous insistons sur ce point, parce que les pauvres et leur nombre sont devenus pour une certaine école le grand criterium de la civilisation. C'est de là que partent toutes les déductions, c'est de là que dépend, d'après cette école, l'avenir de l'humanité. Le paupérisme, disent-ils, amènera la dissolution des sociétés, et pour donner à leur prophétie le caractère d'une certitude future, ils augmentent par leurs calculs, chaque année, le nombre des pauvres dans les pays où le régime de la production a encouru leur blâme. Mais cette méthode ne change rien aux faits, et, nous le répétons, pour connaître la portée réelle de ceux-ci, il faut recourir aux études historiques, examiner l'état des générations qui nous ont précédés, comparer l'existence matérielle des peuples à de longs intervalles, tenir compte des besoins nouveaux engendrés par les progrès de la civilisation, et ramener enfin les faits, avant de les rapprocher les uns des autres, à leur véritable signification. Tout cela ne se fait pas au moyen de la statistique et avec les seuls procédés en usage dans les sciences exactes. Si l'économie politique a, dans son expression théorique, des analogies assez complètes avec les sciences positives, elle n'offre plus la même précision, la même sûreté dans ses applications, et c'est là que l'intervention des sciences morales et philosophiques est nécessaire pour éclairer ces problèmes variés et complexes que des intérêts et des besoins nouveaux font surgir chaque jour du historiques viennent prêter leur appui à la sein de la société. C'est là que les études science pure pour la solution de toutes les des phénomènes sans cesse nouveaux qui questions imprévues, et pour l'appréciation se produisent dans le vaste domaine de l'activité matérielle des hommes.

Le Dictionnaire que nous publions, conbeaucoup d'obscurités. Il montrera que toutribuera, nous en avons l'espoir, à dissiper problèmes; que la nôtro a compris sa tâche, tes les sociétés ont eu à résoudre les mêmes que toutes les misères ont leur remède, et qu'il n'y a guère autre chose à faire, qu'à généraliser le bien qui se fait partiellement avec autant de succès qu'il est humainement possible de l'accomplir.

On compte en Europe 11,000,000 d'indigents sur 226,000,000'd'habitants, ce qui donne 1 indigent sur 20 habitants.

III.

12

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Nous empruntons aux Statistiques les chiffres suivants :

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Indigents. Russie, 525,000. France, 1,600,000. Autriche, 1,280,000. AlleAlle magne entière, 680,000. Royaume-Uni, Royaume-Uni, 3,900,000. Hollande, 100,000.- Suisse, 171.000. Italie, 750,000. Angleterre (seule), 110,000.- Espagne, 450,000.Turquie d'Europe, 142,500. Irlande, 3,000,000. Belgique, 877,000. - Suède, 154,600. Portugal, 141,000. Echelle proportionnelle des indigents en Europe: Angleterre, 1 sur 6. Paysbas, 1 sur 7. Suisse, 1 sur 10. - Allemagne, 1 sur 20. Autriche, 1 sur 25. Italie, 1 sur 25. Suède, 1 sur 25. Prusse, 1 sur 30.

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France, 1 sur 20. — Danemark, 1 sur 25. Portugal, 1 sur 25. Espagne, 1 sur 30. Turquie, 1 sur 40.

Russie, 1 sur 100. Voy. MENDICITÉ.

Pehelle comparative des nations européennes classées par religion, et par rapport au nombre des indigents.

Protestants. Angleterre ! indigent sur 6 habitants.

Pays-Bas, 4

7

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l'Angleterre, on a environ 1 pauvre sur 15 personnes. Les dépenses ont diminué de 1849 à 1830. En 1849, elles avaient été de 96,858,025 fr.; en 1850, elles ne se sout plus élevées qu'à 86,712,400 fr., dont 17, 306,725 fr. pour les frais d'entretien des pauvres dans les workhouses, et 69,405,675 fr. pour secours donnés au dehors. Le rapport entre les deux natures de dépenses est de 1 à 5,01. Voy. Charité a L'ÉTRANGER, MENDICITÉ et TAXE DES PAUVRES.

Une nouvelle loi des pauvres a été introquite en Ecosse en 1845. Cette loi avait pour but de régulariser l'assistance publique, et de garantir aux pauvres, plus efficacement que par le passé, les secours de la paroisse, L'effet immédiat de sa mise en vigueur a été un accroissement rapide et continu du paupérisme officiel, comme l'attestent les documents suivants :

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Mahomé:ans. Turquie, 1

Grees.

Russie, 1

40 100

Si l'on remarque que es deux dernieres contrées sont des pays de servage; qu'il n'a disparu qu'en 1807 et 18:1 en Prusse, pays d'ailleurs si non veau, si complétement transformé depuis 50 ans, et composé de populations catholiques et protestantes; que la Suède et le Danemark sont peu peuplés, eu égard à leur territoire; en un mot, si l'on se borne à comparer les contrées comparables, l'avantage à l'honneur des contrées catholiques est énorme.

MM.. Duchâtel établit ainsi le chiffre des pauvres en Angleterre il y a 40 ans. Pauvres en Angleterre en 1812, 1813 et 1814. "En 1812. 1813. 1814. llors aes mais. dé trav. 434,441 430,140 406,887 Dans les mais. de trav. 97,225 94,085 88,115 Secourus accidentellem. 440,249 429,770 400,971

Totaux. 971,915 953,995 893,973

Les documents officiels de 1849, 50 et 51, donnent des chiffres on ne peut plus en rapport avec les précédents. Les pauvres secourus par les paroisses, tant dans les workhouses qu'au dehors sont:

Le 1" janvier 1849, de 987,996; 1850, de 924,672; 1851, de 862,749.

En ajoutant à ce chiffre celui des pauvres secourus dans les paroisses qui ne sont pas soumises au régime administratif institué par la loi de 1834, et dont la population est J'un dixième de la population totale de

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Nous allons parler de l'Irlande.

Les rapports sur les établissements de charité de Londres pour 1851 font mention des précautions que les conseils d'administration se sont vus obligés de prendre pour repousser l'invasion des Irlandais, que la faim chasse dans les grands centres industriels de l'Angleterre et de l'Ecosse. Leur nombre est tel à Londres seulement, qu'ils épuiseraient à eux seuls toutes les ressourcès de la charité privée, si la cruelle mesure de l'exclusion ne leur était intligée. Cette large émigration irlandaise à l'intérieur, celle non moins considérable qui a lieu à l'extérieur depuis quatre ans, contribuent à expliquer, avec l'effroyable mortalité de 1847, 1848 et 1849, la diminution imprévue que le dernier dénombrement vient de constater dans la population de l'Irlande; elle est de 1,659,330, et réduit le nombre actuel des habitants de l'Irlande au-dessous de ce qu'il était en 1821, ainsi qu'il résuite des chiffres officiels suivants : 1821: 6,801,827. 1831; 7,767,401.1841: 8,175,124.-1851: 6,515,794.

Un de nos meilleurs statisticiens, M. Le goyt, qui nous fournit ces chiffres, pense que l'Angleterre n'a pas à se reprocher d ́avoir manqué à ses devoirs envers l'Irlande, au milieu des calamités qui l'ont visitée. Emprunt de 200,000,000 de francs, immédiatement applicables au soulagement de la mi

sère dans ce malheureux pays où l'on a vu près de la moitié de la population nourrie par le gouvernement anglais, pendant plus de 6 mois. Dons volontaires qui ont dépassé 12,000,000 de francs, et ont reçu la même destination. Application à l'Irlande de la loi anglaise des pauvres.

Voici quelques documents officiels sur le mouvement du paupérisme en Irlande, de 1847 à 1851 : Au 25 mars 1849, les workhouses d'Irlande pouvaient recevoir 114,129; au 29 septembre 1850, 289,931; au 1" février 1851, 295,663; au 7 juillet de la même année, 318,823 pauvres. Le nombre des indigents secourus dans l'intérieur de ces établissements, a varié ainsi qu'il suit, dans la la période de 1847 à 1850. 1847: 420,499. 1848 585,105.1849: 932,207.1850: 789,191.

Quant au nombre total des individus secourus, il a été de près de 1,500,000 en 1848; de 1.200,000 en 1849; et de 1,100,000 en 1850. En prenant la moyenne des trois années (1,250,000), on a 1 pauvre pour 52 habitants. Au 29 mars dernier, les workhouses contenaient 251,202 individus, parmi lesquels on comptait 88,656 pauvres valides adultes, dont 24,670 du sexe masculin, et 63,986 du sexe féminin. Ces 251,202 pauvres se divisaient ainsi qu'il suit, en ce qui concerne l'âge et le sexe :

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a. Gustave de Beaumont va nous donner letableau raccourci des misères de l'Irlande et des efforts tentés pour les adoucir.

Tout est mêlé, dit-il, en Irlande; les partis et les conditions sociales en portent l'empreinte. Le protestant est riche, le catholique est pauvre; non-seulement cela est, mais chacun estime que cela doit être. Le catholique accepte sa misère; le protestant met, dans ses rapports avec e catholique, de cette supériorité que le créole montre envers la race noire. Le pauvre catholique, affranchi dans ces dernières années, regarde toujours le riche protestant comme son maître.

Il y a autre chose en Iriande que ce contraste. En Angleterre, l'élément industriel et commercial contribue à faire de nouveaux riches; rien de pareil en Ir'ande, où la terre est restée la source unique de la richesse. On n'y voit que des châteaux magnifiques ou des cabanes misérables; nulle construction qui tienne le milieu entre le palais et la chaumière; ii n'y a que des riches ou des pauvres le catholique d'Irlande, qui n'a pas le capital nécessaire pour être fermier, bêche le sol comme un manœuvre. Le nombre des pauvres cultivateurs est dans la proportion de 199 catholiques contre 1 protestant, En

Angleterre, les 2 tiers de la population sont commerçants ou industriels, quart seulement est agricole. En Irlande, moins d'un quart est adonné au commerce, plus des 2 tiers sont, en conséquence, uniquement dévoués à l'agriculture; celui qui n'a pas un coin de terre à cultiver meurt de faim.

« Le protestant, qui a le privilége du rang et de la richesse, à aussi le monopole de l'éducation. Le pauvre est abandonné à lui-même et laissé à son ignorance. Le riche s'est fait dans cette contrée de misère une destinée magnifique; tandis que des millions d'êtres malheureux attendent leur pain de chaque jour; il s'étudie, lui le riche, å réveiller son appétit éteint et son âme engourdie par le pléthore d'une opulence démesurée. Le luxe étale tout son faste, toutes ses ostentations à travers toutes les souffrances, toutes les détresses. La misère, nue, affamée, fainéante et vagabonde, couvre le pays; elle est partout et à toutes les heures c'est elle que vous rencontrez en posant le pied sur les rivages de l'Irlande, et elle ne vous quitte plus. Là, elle étale ses ulcères hideux; là elle traîne ses haillons. Sa voix ne vous émeut bientôt plus, elle vous importune et vous fait peur; on la dirait un produit du sol; elle létrit ce qui l'approche, elle est adhérente au riche lui-même, il veut en vain secouer cette vermine qu'il a créée et qui s'attache à lui. Le château féodal apparaît, après sept siècles, plus riche et plus brillant qu'à sa naissance, pendant que croule à côté la misérable masure qui ne se relèvera pas. On est étonné de la quantité de ruines qui jonchent cette terre malheureuse, ruines qui n'ont de pittoresque que l'excès des misères dont elles déploient l'effrayant spectacle. On ne sait ce qu'il y a de plus triste à voir de la demeure abandonnée ou de celle qu'habite le pauvre Irlandais. Quatre murs de boue desséchée que la pluie détrempe, un peu de chaume ou quelque coupure de gazon pour toiture; pour cheminée, un trou grossier ou la porte du logis: c'est là sa demeure. Point de meuble dans ce réduit où toute la famille couclie pêle-mêle, sur un peu de paille ou d'herbe fanée. Cinq ou six enfants affamés végètent accroupis dans l'âtre, auprès d'un maigre feu dont les cendres recouvrent quelques pommes de terre; au milieu de la famille gît un porc immonde, seul habitant du lieu qui soit bien, parce qu'il vit dans l'ordure. Et ce n'est pas encore la demeure des pauvres, c'est celle des fermiers. »>

Tout le monde n'est pas d'avis que l'Angleterre fait son devoir envers l'Irlande. Voilà un peuple, disait un journal, exclu de la propriété du sol même qu'il habite, étranger sur la terre de ses ancêtres, condamné à une misère affreuse, à une famine périodique, en présence d'une nation qui nage dans l'or; ce peuple, opprimé, dompté par elle, montre des exemples de pureté dans les mœurs, do chasteté, de charité, qui sont la honte de ses maîtres! Dernièrement on a recueilli,

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