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dans dix ans? » En attendant le peuple continue à souffrir et à mourir sans soulagement et sans consolation. Ah! du moins, qu'on lui rende son Dieu, et avec lui, la moralité, la dignité d'homme, la soumission au travail, le soin de sa santé, le respect de sa vie. Qu'on lui rende son Dieu, et avec lui la conscience de ses devoirs qui peut seule lui donner la mesure de ses droits. Religieux, le peuple sera propre à toutes les réformes; il gardera le bien-être qui lui sera dévolu par la société. Mais irréligieux, il déchirera demain, dans son insouciance ou dans sa frénésie, tous les plans de l'économie polilique, et il donnera le démenti de son incurable dégradation aux plus belles utopies. La religion, voilà donc le premier remède qu'il faudrait appliquer au paupérisme, le remède radical, le seul efficace à préparer la réhabilitation des classes malheureuses. Et jei l'auteur fait apparaître la société de SaintVincent de Paul. Ce remède, reprend-il, estil applicable? Et qui en fera l'application? Qui descendra dans ces basses régions de la misère, de l'ignorance et du vice? Qui pourra y porter le rayon céleste, y faire sentir le souffle pur de la vertu ? Sera-ce l'instituteur de l'enfance? Oui, si l'enfance n'avait surtout pour maitres l'athéisme pratique de la famille, et le cynisme de l'atelier. Sera-ce le prêtre? Oui, s'il pouvait se multiplier au gré de son zèle, et si le pauvre ne fuyait pas ses enseignements sacrés. Mais si l'école et si l'église ne peuvent rendre la foi au peuple, qui donc la lui rendra?

Il est des hommes qui ont pensé dans leur cœur que le devoir de tout chrétien, fat-il laïque et homme du monde, est de faire au pauvre non-seulement l'aumône du pain, du vêtement et du gîte, mais aussi l'aumône du conseil, l'aumône de l'instruction, l'aumô..e du bon exemple. Ils ont considéré qu'il y a une foule innombrable de malheureux dont le corps est torturé par toute sorte de maux, dont l'âme est plongée dans la nuit la plus profonde, qui semblent disgraciés de la nature, abandonnés du monde, oubliés de la Providence, et qui pourtant sont nos semblables, nos égaux devant Dieu, nos frères; et ils se sont dit que ne pas leur tendre la main, ne pas les relever de l'abaissement où ils demeurent, ne pas les décharger un peu de la croix sous laquelle ils tombent, en les engageant à regarder le ciel et à y chercher la lumière et le courage, ce serait manquer à la loi d'amour qui nous ordonne de faire pour autrui ce que nous voudrions qu'on fit pour nousmêmes. Ces hommes n'ont pas autrement raisonné, ils ont agi. Ce sont des socialistes d'une école éminemment pratique. Ils ont pour maître celui qui a eu au plus haut degré le simple et merveilleux génie de faire da bien, Vincent de Paul, de mémoire bénie, et ils vont où les guide cet astre de charité. Ils n'écrivent pas de livres, ils ne créent pas de systèmes, ils font des œuvres. Ils font l'œuvre de la visite des pauvres, l'œuvre de la réhabilitation des mariages, l'œuvre du

patronage de l'enfance, l'oeuvre des apprentis, l'oeuvre des ouvriers, l'œuvre des hôpitaux ; c'est-à-dire qu'ils assistent l'indigent dans sa vie et dans sa mort; c'est-à-dire qu'ils recherchent toute souffrance, tout dénûment, tout abandon, pour lui venir en aide dans la mesure de leurs forces. Ces hommes, qui se sont rencontrés dans la sympathie d'un but catholique, et qui se sont associés pour le bienfait, je ne prétends, pas les louer; ils ne font qu'obéir à la double loi de leur cœur et de l'Evangile. Je constate seulement qu'ils essayent la cure de la mi-. sère publique par le meilleur de tous les moyens. Réussiront-ils ? Leur sera-t-il donné de changer le sort des classes laborieuses? Ils ne le savent pas. Mais de ce qu'il ne leur est pas démontré que cette tâche difficile puisse être par eux entièrement accomplie, ils n'en tirent pas la conséquence égoïste du laisser-faire, et, si grand que leur paraisse le torrent fangeux du paupérisme, ils ne le regardent point passer sans sauver le plus possible des victimes qui s'y noient. Ce qu'ils savent, c'est que tout salut vient de Dieu. Ils lui offrent donc leurs efforts, et lui font hommage des premiers succès qu'il leur accorde. Car leur société s'étend aujourd'hui comme un réseau sur bien des points de la France. Quant à dire quelles pieuses influences ont pu se glisser sur le chemin de toutes ces aumônes; combien de leçons données, d'encouragements fournis, de bonnes semences répandues; combien de chutes réparées, de désespoirs adoucis, de. faiblesses fortifiées, de consciences ouvertes à l'onction de la grâce divine, je ne l'essayerai pas: je ne le puis ni ne le dois faire. L'histoire de la bienfaisance ne s'écrit pas sur la terre. Ce que la charité donne de battements au cœur, il suffit que Dieu le sache, et c'est à lui seul de compter les larmes de la reconnaissance.

<«< On sait maintenant, sur quels sentiments, sur quelles doctrines, sur quelles convictions se sont établies et reposent les conférences de Saint-Vincent de Paul. »

L'idée première de la société de SaintVincent de Paul a été attribuée à M. Bailly, instituteur et imprimeur à Paris, écrivain de mérite à qui le journal l'Univers doit d'avoir parcouru sans sombrer les jours mauvais de sa traversée. M. Bailly fut le président de la société à son origine, M. Gossin lui succéda. Elle en est, dans la personne de M. Adolphe Baudon, à son troisième président général. Selon d'autres, la pensée appartiendrait à M. Frédéric Ozanam, dont on trouve, au surplus, le nom écrit dans les fondements du grand édifice de la société. M. Ozanam l'y a gravé lui-même. Nous étions, dit-il, envahis par un déluge de doctrines philosophiques, hétérodoxes; lorsque, nous catholiques, nous nous efforcions de rappeler à nos jeunes compagnons d'études les merveilles du christianisme, ils nous disaient le christianisme est mort. Nous nous dimes, eh bien ! à l'œuvre; secourons notre prochain comme le secourait Jésus-Christ, ei mettons notre

foi sous la protection de la charité. Nous nous réunîmes huit amis dans cette pensée. Un de mes bons amis, abusé par les théories saint-simoniennes, me disait avec un sentiment de compassion: Vous êtes huit jeunes gens et vous avez la prétention de secourir les misères qui pullulent dans une ville comme Paris? Nous, au contraire, nous élaborons des idées qui réformeront le monde et en arracheront la misère pour toujours. Vous savez, Messieurs, à quoi- ont abouti les théories qui causaient cette illusion à mon pauvre ami. Et nous, qu'il prenait en pitié, au lieu de huit, à Paris seulement, nous sommes 2,000, et nous visitons 5,000 familles, c'est-à-dire environ vingt mille individus, c'est-à-dire le quart des pauvres que renferment les murs de cette immense cité; ces conférences, en France seulement, sont au nombre de 600, et nous en avons en Angleterre, en Espagne, en Belgique, en Italie, en Allemagne, en Amérique, et jusqu'à Jérusalem. (Discours prononcé en 1853 par Frédéric Ozanam devant la conférence de Florence).

La société remonte à 1833. Les premiers sociétaires ne se préoccupaient que de leur salut. C'était une association de chrétiens, aidant les pauvres, pour conquérir les mérites attachés aux oeuvres de miséricorde, voulant mettre leur chaste jeunesse sous la protection de leur charité. (Introduction au Manuel de 1851.) L'union des sociétaires naît de l'accord où ils sont sur l'Affaire maitresse de la vie, comme parle Bossuet. (Id.) La société se réunit d'abord dans les bureaux d'un écrit périodique, rue du Petit-Bourbon Saint-Sulpice; des colonnes du journal sont ouvertes aux essais littéraires de quelques-uns de ses membres. Elle porte le titre de Conférence de charité de SaintVincent de Paul. Quelques membres se livrent à la défense des dogmes de la religion dans les discussions alors fort orageuses des sociétés littéraires. De longs débats s'engagent, au moment où ce volume du Dictionnaire va être livré à l'impression, sur l'origine de la fondation de la société. On cherche déjà cette origine comme celle de la source du Nil, ou comme le nom de l'auteur de l'Imitation. L'éditeur de ce Dictionnaire, M. l'abbé Migne, a projeté sur ce sujet la plus grande lumière en attribuant à chacun sa part. Les premiers membres de la société de Saint-Vincent de Paul, dit-il, attribuaient l'idée première à M. Bailly de Surcy, déjà créateur de l'Europe littéraire, de la Tribune catholique, de la Propagation des Bons Livres et de la Société des bonnes études, et qui succéda à M. l'abbé Migne dans la direction du journal l'Univers. Les premiers membres de la société de SaintVincent de Paul furent tirés par lui de celle des Bonnes-Etudes; il les assemblait dans les vastes locaux de son institution; il leur faisait des conférences pour les soutenir dans le bien; quelques-uns même partageaient sa table et son logis, en qualité de pensionnaires. D'ailleurs, si presque tous

étaient des étudiants hors ligne pour le talent et la conduite, ils se trouvaient trop jeunes pour organiser matériellement une grande œuvre. Ils y concouraient sans doute, et de la manière la plus active et la plus heureuse; mais ils n'agissaient que sous la direction d'un chef, et ce chef n'était aucun d'eux. M. Ozanam, il est vrai, dérobait plus de temps qu'aucun autre à ses chères études, et même à son sommeil, pour visiter les pauvres et recruter des associés dans l'élite de la jeunesse des écoles. Rempli du feu sacré à un degré extraordinaire, il était sans contredit le membre le plus actif, pour ne pas dire la cheville ouvrière de l'oeuvre; mais, M. Ozanam et ses coopérateurs reconnaissaient tous M. Bailly de Surcy comme leur maître, et s'assemblaient sous ses ailes tutélaires, pour n'agir que d'après ses impulsions.

Le conseil général de la société de SaintVincent de Paul apparaît dans la controverse. Il témoigne qu'il en a été affligé. Il est unanime à penser que la société de SaintVincent de Paul doit demeurer dans l'humilité qui lui a toujours servi de règle. Si quelques membres ont pris à son organisation une part plus active, n'est-il pas juste de dire, qu'au fond, dit le général de la société du conseil, c'est un mouvement de piété chrétienne qui nous a réunis, que personne en particulier ne peut se rapporter l'origine de la société, et que si elle a été guidée dès l'abord par l'expérience et l'autorité de chrétiens déjà versés dans la pratique de bonnes œuvres, elle doit son développement et ses progrès à un élan de charité parti du cœur de la jeunesse catholique? Dans notre société, il y a eu solidarité de bonnes volontés, concours de dévouement et de pensées généreuses. Gardons-nous de rompre ce faisceau. La mort n'a pu le briser, ni diminuer notre reconnaissance pour ceux qu'elle nous a enlevés comme pour ceux qui survivent. Et, pour résumer sa pensée, le conseil général rappelle les paroles prononcées le 8 décembre 1855 par M. l'abbé Mermilliod à l'assemblée générale de Paris, ce jeune et fervent chrétien (de l'Eglise de Genève) qu'il nous a été donné d'entendre. : Vos fondateurs, Messieurs, sont restés à peu près inconnus: ne les sortez pas de cette ombre qui les voile, laissez leurs noms gardés par les anges jusqu'à ce qu'ils resplendissent au jour des suprêmes révélations! Ils perdraient à la lumière du monde de la splendeur qu'ils auront à la lumière de Dieu. Les pierres sur lesquelles repose une cathédrale sont enfoncées dans les catacombes; elles supportent tout l'édifice; si vous les tirez des fondations, vous ébranlez les murailles. Messieurs, la gloire humaine pent compromettre votre œuvre ; restez donc dans cet humble silence qui fait votre force et qui sera votre vie.

Le journal l'Univers revient à la charge en citant quelques passages d'une circulaire de la société, du 11 juin 1844. Cette circulaire a été publiée au moment où

M. Bailly venait de donner sa démission de président général. C'est Ozanam, dit-on, qui tenait la plume, et la circulaire est signée de lui et de M. Léon Cornudet. On y lit: Ce fut M. Bailly qui, en 1833, à une époque où beaucoup d'hommes de bien, encore intimidés, se tenaient à l'écart des bonnes euvres, eut la pensée de réunir dans un but de charité, sous le patronage de saint Vincent de Paul, un petit nombre de jeunes gens, bien éloignés de s'attendre à cette heureuse multiplication que nous voyous aujourd'hui. Ce fut lui qui leur prêtă un lieu d'assemblée, l'assistance de ses conseils, l'encouragement de ses exemples, qui leur enseigna de se rapprocher pour se soutenir, à se recruter au dehors, à secourir les pauvres, etc... Quand nos rangs se furent grossis et qu'il fallut réduire en règlement nos simples usages, M. Bailly écrivit les considérations préliminaires, tout inspirées des maximes de notre saint patron, qui fixèrent l'esprit de la société. En les développant dans plusieurs circulaires, dans tous les actes d'une laborieuse présidence de onze années, il a su maintenir l'unité au milieu de l'accroissement de nos conférences à Paris, dans les départements, dans les contrées voisines. Notre reconnaissance sera sans bornes comme notre respect, et si nous n'osons l'exprimer ici d'une manière plus solennelle, c'est que, fidèles aux traditions d'humilité qu'il a établies, nous voulons laisser à ses bonnes œuvres leur secret, et à Dieu le soin de récompenser une vie où lant de temps fut consacré au bien de la jeu nesse chrétienne et au service des pauvres de Jésus-Christ. Et, un peu plus loin, la circulaire parlant des objections apportées à la détermination de M. Bailly, ajoutait il lui fat représenté que s'il pouvait cesser d'être le président de la société, il ne cesserait jamais d'en être le fondateur. Quelques mois après, M. Gossin, qui venait d'être élu président général de la société de Saint-Vincent de Paul, rendait aussi hommage à la vérité en ces termes M. Bailly a été le fondateur, le modérateur et le père de la société de Saint-Vincent de Paul. Les services éminents qu'il lui a rendus à tous ces titres, sont du nombre de ceux dont la mémoire ne peut périr. Non-seulement la pensée des conférences lui est due, mais c'est à la sagesse de ses directions, c'est à l'action habilement circonspecte de son autorité et au lent et froid accueil qu'il faisait à toute proposition de nouveauté, qu'il est parvenu à donner à la société de Saint-Vinceut de Paul l'esprit de simplicité, d'humilité et de cordialité qui la distingue et où, jusqu'ici, elle a trouvé à la fois son ornement et sa force. Voilà l'histoire de la fondation de la société de Saint-Vincent de Paul telle que le conseil général l'a toujours enseignée, telle qu'il la maintient encore aujourd'hui et telle, enfin, qu'aucun document nouveau ne nous parait capable de l'altérer.

Quand la société se sectionna et s'étendit, le nom de conférence resta aux sections et

l'ensemble s'appela société de Saint-Vincent de Paul. La fin de la conférence est : 1° de maintenir ses membres par des exemples et des conseils mutuels dans la pratiqué d'une vie chrétienne; 2° de visiter les pauvres à domicile; de leur donner des secours en nature, de leur donner aussi des consolations religieuses; 3° de se livrer à l'instruction élémentaire et chrétienne des enfants pauvres ; 4o de répandre des livres moraux et religieux; 5 de se prêter à toutes sortes d'œuvres charitables auxquelles peuvent suffire ses ressources et qui ne l'éloigne pas de son but: règlements qui suppléèrent ainsi à l'insuffisance des quêtes en versant les honoraires de leurs articles, dans la caisse des pauvres. Deux mois après sa formation, au moment des vacances, la société comptait une quinzaine de membres. Au retour des vacances en novembre 1833, elle transporta le lieu de ses séances au centre du quartier des Ecoles, dans l'ancienne maison des Bonnes-Etudes. Elle vit se grossir ses rangs d'une foule de membres nouveaux, particulièrement de jeunes gens du diocèse do Lyon. En 1834, les sociétaires furent assez nombreux pour visiter les jeunes détenus dans la maison de la rue des Grès. Ils trouvèrent là des enfants de 15 ans, qui répondaient à une question du catéchisme par une plaisanterie de Voltaire. La conférence se livra à cette œuvre pendant deux ans. Elle cherchait sa voie. Ce fut en 1835 que le nombre des membres approchant de 100, on la fractionna en deux sections: l'une des sections s'établit sur la paroisse SaintEtienne du Mont, l'autre sur la paroisse Saint-Sulpice. Deux autres fractions s'installèrent ensuite sur les paroisses Bonne-Nouvelle et Saint-Philipe du Roule. Le temps fit le reste.

Parmi les jeunes gens qui composaient les premières conférences de Paris, plusieurs, leurs études achevées, retournèrent dans leurs provinces. Pour entretenir des relations avec leurs anciens confrères de Paris, ils fondèrent des conférences, dans les lieux surtout où les facultés attirent une nombreuse jeunesse. Les premières colonies s'établirent à Nîmes et à Lyon en 1835 et 1836; à Nantes, Rennes, Dijon, en 1837 ; à Nancy, à Metz, Langres, Lille et Quimper en

1838.

Du moment que la société se ramifia, il fut créé un conseil général. Les conférences présidèrent à l'admission des membres, le conseil général présida à l'annexion des conférences à la société. Le conseil général est de plus un conseil qui tranche les questions que luiadressent les conférences de serrer le lien des conférences entre elles, d'établir une jurisprudence commune; enfin, au moyen d'une caisse centrale, il est à même d'aider les conférences besogneuses; la caisse centrale s'alimente des prélèvements que les conférences peuvent faire sur leur propre caisse pour contribuer aux dépenses générales. Un appel est fait aux diverses sociétés quand des désastres exceptionnels frappent certai

nes localités. On recourut à ce moyen à l'époque des inondations du Rhône et de la Loire.

Une première tentative de création d'une conférence eut lieu dans la capitale du monde chrétien, en 1836, mais avec plus de décision, en 1842, à la suite d'une prédication de M. de Ravignan, pendant l'hiver de cette année-là. En quelques semaines il s'y établit deux conférences, l'une réunit les étrangers, l'autre les Italiens. La seconde conférence italienne s'établit à Nice le 11 mars 1844, un confrère d'Aix l'y implanta. Bientôt après il s'en établit d'autres à Genève, Chambéry et Turin. Elles apparurent à Londres, en 1844; en 1850 la GrandeBretagne en comptait 19. Celles de Dublin et d'Edimbourg datent de 1845. La sainte propagande se répandit ainsi en Belgique, dans les Pays-Bas, en Suisse, en Allemagne, en Turquie, en Grèce, en Espagne et en Amérique. Dix-huit conférences existaient à Québec, à la fin de 1849. Dès les premières années les conférences de Québec avaient distribué 25,000 fr., ouvert un refuge pour les vieillards, des asiles pour les enfants, une caisse d'épargne pour les ouvriers. Des in. dulgences furent accordées à la société par deux brefs des 10 et 12 août 1845. Les conférences françaises sont divisées en 16 Provinces Paris, Aix, Alby, Auch, Avignon, Besançon, Bordeaux, Bourges; Cambrai, Lyon, Reims, Rouen, Sens, Toulouse, Tours. Chaque province a un conscit central!

RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ.

Dispositions générales.

Art. 1. La société de Saint-Vincent de Paul reçoit dans son sein tous les jeunes gens chrétiens qui veulent s'unir de prières et participer aux mêmes œuvres de charité, en quelque pays qu'ils se trouvent.

Art. 2. Aucune œuvre de charité ne doit être regardée comme étrangère à la société, quoique celle-ci ait plus spécialement pour but la visite des familles pauvres. Ainsi, les membres de la société saisissent les occasions de porter des consolations aux malades, et aux prisonniers, de l'instruction aux enfants pauvres, abandonnés ou détenus, des secours religieux à ceux qui en manquent au moment de la mort.

Art. 3. Lorsque, dans une ville, plusieurs jeunes gens font partie de la société, ils se réunissent afin de s'exciter mutuellement à la pratique du bien. Cette réunion prend le nom de Conférence, qui est celui sous lequel la société a commencé d'exister.

Art, 4. Lorsque, dans une ville, plusieurs conférences sont établies, elles se distinguent entre elles par le nom de la paroisse sur laquelle leurs membres se rassemblent. Elles sont unies par un conseil particulier qui prend le nom de la ville où il est établi.

Art. 5. Toutes les conférences de la société sont unies par un conseil général.

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Art. 8. Chaque conférence s'administre par un président, un ou plusieurs vice-présile bureau de la conférence. Il y a aussi dans dents, un secrétaire, un trésorier, qui forment chaque conférence, suivant les besoins du service, un bibliothécaire, un gardien du vestiaire, ou tout autre fonctionnaire.

Art. 9. Le président est élu par la conférence. Les autres fonctionnaires sont nomimés par le président, de l'avis du bureau. les villes où il y a un conseil de direction, Toutefois, comme il est dit plus loin, dans les présidents et vice-présidents des coufé→ rences particulières sont, ainsi que les autres membres qui le composent, nommés par le président de ce conseil.

Art. 10. Le président dirige la conférence, reçoit et présente les propositions, fait les convocations, s'il y a lieu, surveille l'exécution des règlements et décisions de la société. vice-président. En cas d'absence, il se fait remplacer par un

Art. 11. Le secrétaire dresse le procès-ver-. bal sommaire des séances. Il tient registre des noms, professions et demeures des membres, de la date de leur réception et du nom de ceux qui les ont représentés. Il tient une note exacte des familles visitées. Il prend des renseignements sur celles qui sont présentées, afin que la conférence puisse, autant que possible, ne visiter que des familles dignes de son intérêt et de ses seles familles ou dans les membres qui les vicours. Hinscrit les changements arrivés dans sitent.

Art. 12. Le trésorier tient la caisse, il fait la note des recettes et des dépenses, séance par séance.

Art. 13. Le bibliothécaire rassemble des livres instructifs à la portée des gens secourus par la conférence, et tient note de ceux qui sont donnés ou prêtés

Art. 14. Le gardien du vestiaire rassemble les objets d'habillement à l'usage des pauvres; il en tient également note.

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Art. 16. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance précédente. Chaque inembre est admis à faire ses observations sur ce procès-verbal.

Art. 17. S'il y a lieu, le président proclame l'admission des candidats présentés à la séance précédente, et invite ceux qui les ont présentés à leur annoncer leur admission.

Art. 18. Si de nouveaux candidats sont présentés, le président fait connaître leurs noms. Les membres qui ont à faire sur les candidatures quelques observations, transmettent celle-ci par écrit ou de vive voix au président, dans l'intervalle de la séance de présentation à la séance suivante. S'il n'y a pas d'observations, on procède, lors de cette dernière séance, à l'admission des membres présentés. Chaque membre doit veiller à n'introduire au sein de la société que des personnes qui puissent édifier les autres ou en être éditiées, et qui s'efforcent d'aimer leurs collègues et les pauvres comme des frères.

Art. 19. Le trésorier fait connaître le montant de la caisse et le chiffre de la quête faite à la fin de la séance précédente, afin que chacun puisse proportionner ses demandes de secours aux ressources de la conférence.

Art. 20. On distribue alors des bons, représentant des secours en nature, qui varient Suivant les besoins des pauvres. Chaque membre est appelé à son tour par le président, et dit à haute voix ce qu'il demande et pour combien de familles. Quand il y est invité, il donne des renseignements sur ces familles. Les secours doivent être portés exactement aus pauvres dans l'intervalle d'une séance à l'autre. Le moment, le nombre, le mode de ces visites sont laissés à la prudence de chaque membre, ainsi que les moyens à prendre pour introduire dans les familles l'amour de la religion et la pratique de leurs devoirs. On écoute avec égard et bienveillance ceux qui demandent quelques règles de conduite ou des conseils dans des cas difficiles, et le président, ou tout autre membre, fait les réponses que lui suggèrent son expérience et sa charité.

Art. 21. Si des secours en argent, en vêtements ou en livres, sont demandés, les motifs de ces demandes doivent être développés, et la conférence vote. Lorsqu'il n'est pas possible d'éviter une allocation d'argent en donnant à la place un secours en nature, le membre qui a reçu l'argent doit surveiller de très-près l'emploi.

Art. 22. Après Fallocation des divers secours, on s'occupe des places à donner, des démarches à faire pour les pauvres, des familles à faire visiter par les membres nouvellement reçus ou qui en désirent voir d'autres encore.

Aucune famille nouvelle n'est acceptée sans un exposé préalable de ses besoins, fait par le secrétaire ou par tel autre membre qui a été chargé par le président de prendre les renseignements. Avant la vote de la con

férence, chaque membre peut faire sur l présentation toutes les observations qui lui semblent utiles.

Art. 23. Les membres qui viennent à quitter momentanément ou pour toujours le siége de la conférence, en donnent avis au président, qui confie à d'autres les œuvres dont ils étaient chargés.

Art. 24. La conférence se livre ensuite à toutes les observations qui importent à son maintien, à son accroissement, à la bonne distribution de ses secours.

Art. 25. A la fin de la séance, et avant la prière, le trésorier fait la quête, à laquelle chaque membre contribue par une offrande proportionnée à sa fortune, mais toujours secrète. Ceux qui ne peuvent sacrifier du temps pour le service des pauvres tâchent de faire un sacrifice pécuniaire plus grand. Le produit de la quête est destiné à faire face aux besoins des familles visitées, mais les membres ne doivent négliger aucun des autres moyens qui se pourraient présenter d'alimenter la caisse de l'œuvre.

Art. 26. On termine la séance par l'Oraison à saint Vincent de Paul, et par les prières Pro benefactoribus et Sub tuum præsidium. Chap. 11. Des conseils particuliers.

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Art. 27. Le conseil particulier d'une villa est composé d'un président, d'un vice-président, d'un secrétaire, d'un trésorier et de tous les présidents et vice-présidents des conférences de la ville et des présidents et vice-présidents des œuvres spéciales qui les intéressent toutes.

Art. 28. Le conseil particulier s'occupe des œuvres et des mesures importantes qui intéressent toutes les conférences de la ville.

Art. 29. Il décide de l'emploi des fonds de la caisse commune. Cette caisse est alimentée par les dons extraordinaires venus du dehors, par les quêtes faites aux assemblées générales de la ville et par les offrandes qu'à chaque conseil les présidents apportent an nom de leur conférence. Elle est destinée à faire face aux oeuvres de la ville et à soutenir les conférences les plus pauvres.

Art. 30. Le président, le vice-président, le secrétaire et le trésorier forment un conseil ordinaire, auquel appartient la direction des affaires courantes.

Art. 31. Le président est nommé par le conseil, d'après l'avis des conférences. La première fois, il est nommé par les conférences réunies. Le président nomme les présidents et les vice-présidents des conférences et des œuvres spéciales, ainsi que le vice-président, le secrétaire et le trésorier du conseil particulier, en prenant pour toutes ces nominations l'avis du conseil.

Art. 32. Le président du conseil particulier dirige ses opérations, reçoit et présente les propositions, fait les convocations s'il y a lieu. Il préside les assemblées générales de la localité.

Art. 33. Le secrétaire dresse le procès-verbal des séances du conseil. Il tient registre des

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