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noms, prénoms, professions, demeures des membres de toutes les conférences de la ville, de la date de leur réception et du nom de ceux qui les ont présentés. Il prend note aussi du pays de ceux dont le domicile n'est pas fixé dans la ville.

Art. 34. Le trésorier tient la caisse commune de la ville.

Art. 35. Les présidents et vice-présidents des conférences représentent leurs conférences au conseil particulier. Les présidents des œuvres spéciales viennent y soutenir les intérêts de ces œuvres. Les uns et les autres font des rapports quand ils y sont invités par le président du conseil.

Chap. III. Du conseil général: Art. 36. Le conseil général est composé d'un président, d'un vice-président, d'un secrétaire, d'un trésorier, et de plusieurs

conseillers.

Art. 37. Le conseil général est le lien de toutes les conférences: il maintient l'union de la société. Il veille à tout ce qui peut favoriser sa prospérité. Il prend à cet égard les décisions qui lui semblent utiles.

Art. 38. Il décide de l'emploi des fonds de la caisse centrale. Cette caisse est alimentée par les dons extraordinaires faits à la société, par les quêtes faites aux assemblées générales de la société et par les offrandes qu'envoie chaque conférence ou chaque conseil pour concourir aux frais généraux de la société.

Art. 39. Les membres du conseil général sont nommés par le président, de l'avis de ce conseil.

Art. 40. Lorsqu'il y a lieu à nommer un président général de la société, le conseil général est convoqué par le vice-président. Cette séance, qui est préparatoire, est consacrée à s'entendre sur la personne qui pourrait être chargée de cette fonction. L'ancien président, s'il vit, est prié de désigner quelle personne i croit utile d'élire. Lorsqu'on s'est entendu sur un ou plusieurs noms, on s'ajourne à deux mois. Dans l'intervalle, il est donné connaissance de cette première réunion aux présidents des conseils particuliers qui consultent leurs collègues, et à ceux des conférences qui consultent leurs bureaux ou même les conférences qu'ils dirigent; les uns et les autres transmettent leurs avis au conseil général; d'après ces avis, celui-ci consomme l'élection dont il est dressé un procès-verbal exact. Pendant le temps que dure l'élection, tous les membres de la société adressent, soit en particulier, soit dans les séances, une prière spéciale à Dieu, le Veni, Creator, afin que son esprit les éclaire dans le choix qu'ils se proposent.

Art. 41. Le président général fait les convocations extraordinaires; il préside les assemblées générales, ainsi que le conseil général.

Art. 42. Le secrétaire général tient note des noms, prénoms, professions, domiciles, dates des réceptions; il tient également

note de la composition des bureaux des conseils ou conférences; et des lieux, jours, et heures de leurs réunions. Il dresse les procès-verbaux des séances du conseil général et des assemblées générales. Il rédige le rapport annuel sur l'état des œuvres de la société. Il est chargé de la correspondance générale, avec les présidents où secrétaires particuliers des différents conseils ou conférences. Il garde les archives de la société.

Art. 43. Le trésorier général tient la caisse. Il met en ordre les recettes et les dépenses, et rend ses comptes au conseil général.

Art. 44. Un membre du conseil général est chargé par le président général de la présidence du conseil de Paris, s'il ne peut le présider lui-même; plusieurs d'entre eux sont désignés par lui, sur la proposition du secrétaire général, pour remplir les fonctions de vice-secrétaires.

Chap. IV. Assemblées générales.

Art. 45. Les assemblées générales se tiennent, chaque année, le 8 décembre, jour de la conception de la sainte Vierge; le premier dimanche de carême; le dimanche du bon pasteur, anniversaire de la translation des reliques de saint Vincent de Paul; le 19 juillet, jour de la fête de ce saint patron. Le président peut en outre convoquer des assemblées générales extraordinaires.

Art. 46. Les assemblées générales, ainsi que les conférences, commencent par la prière et la lecture de piété.

Art. 47. Après avoir lu le procès-verbal de la séance précédente, le secrétaire appelle à haute voix les membres reçus dans les diverses conférences depuis la dernière assemblée générale, et dont les noms lui ont été remis à cet effet par les divers présidents. Ces membres se lèvent; le secrétaire les présente à la société et au président, qui leur adresse une courte allocution.

Art. 48. Les présidents des conférences font leurs rapports sur l'état de ces conférences. Un extrait sommaire du rapport, indiquant le mouvement des membres, des familles pauvres, le résultat des recettes, le montant des dépenses, leur nature, est déposé entre les mains du secrétaire.

Art. 49. Le secrétaire donne ensuite lecture des lettres envoyées par les diverses conférences qui n'ont pu s'y faire représenter; il lit aussi les extraits des autres lettres qui peuvent intéresser la société.

Art. 50. Le président fait connaître ensuite les décisions prises par le conseil de direction, dans l'intérêt de la société, et consulte, s'il y a lieu, l'assemblée elle-même.

Art. 51. Le président, ou celui des membres de la société qu'il y invite, adresse à l'assemblée quelques paroles d'exhortation chrétienne et charitable. La société s'estime heureuse quand des personnes recommandables par leur caractère, leur vertu, leur science, veulent bien, sur l'invitation du président, assister à la séance générale et la

terminer, comme il vient d'être dit, par quelques paroles d'édification.

Art. 52. On se sépare après la quête et la prière d'usage.

Chap. V. Des différents membres de la société.

Art. 53. Outre ses membres actifs, la société a des membres correspondants, des membres honoraires et des souscripteurs.

Art. 54. Lorsqu'un membre de la société change de résidence, si dans la ville où il va s'établir, il n'y a pas de conférence de Saint-Vincent de Paul, il ne quitte pas pour cela la société et prend le titre de membre correspondant; il se met en rapport avec la conférence ou les conférences de la ville de son diocèse la plus rapprochée de sa résidence, et correspond avec le secrétaire du conseil ou de la conférence de cette ville. Lorsque dans son diocèse il n'y a pas de conférence, il correspond avec le secrétaire général. Il reçoit chaque année un rapport sur les œuvres de la société, et reste avec elle en union, non-seulement de prières, mais aussi de bonn es ceuvres, en accomplissant autour de lui des œuvres de charité, et en se rendant utile à la société toutes les fois que la circonstance s'en présente.

Art. 55. Les membres honoraires n'assistent pas aux conférences. Ils sont compris, comme les membres ordinaires, dans toutes les convocations qui sont faites en dehors des séances ordinaires des conférences. Ils doivent envoyer chaque année une offrande particulière au trésorier du conseil ou de la conférence de leur ville. La réception des membres honoraires est faite dans les mêmes formes que celle des membres ordinaires; elle est faite par le conseil particulier dans les villes où plusieurs conférences sont établies.

Art. 56. Chaque conférence peut avoir en outre de simples souscripteurs. Les souscripteurs ne sont pas membres de la société; mais ils ont droit à ses prières à titre de bienfaiteurs.

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Art. 57. La société célèbre la fête de l'Im

maculée Conception de la sainte Vierge, et la fête de saint Vincent de Paul, son patron. Les conférences assistent à la messe, le 8 décembre et le 19 juillet, et aussi le jour anniversaire de la translation des reliques de saint Vincent de Paul. Les membres prient, en ces jours de fête, pour la prospérité de la foi catholique, pour l'accroissement de la charité parmi les hommes, pour attirer la bénédiction de Dieu sur l'œuvre dont ils font partie. Si quelque membre est absent ou empêché, il s'unit, du moins d'intention, à ses frères, il prie pour eux comme ils prient pour lui.

Art. 58. Le lendemain de l'assemblée générale du carême, tous les membres de la société assistent en corps à la messe de Requiem, qui est célébrée dans leur ville pour le repos des âmes des membres décédés de la société.

Art. 59. Aucune des obligations imposées par ce règlement n'est obligation de conscience. Mais la société en confie l'accomplissement au zèle de ses membres et à leur amour pour Dieu et pour leur prochain.

Le procès-verbal de l'assemblée générale des conférences de Paris, du 9 décembre 1852, nous montrera mieux la société de Saint-Vincent de Paul dans son vaste mouvement et dans ses immenses progrès.

La séance s'ouvre à huit heures précises, dans la chapelle basse de Saint-François-Xavier, à Saint-Sulpice, sous la présidence de Mgr l'archevêque de Paris. Après la prière, récitée par Monseigneur, et la lecture d'un chapitre de l'Imitation, le secrétaire du conseil de Paris fait l'appel de 176 nouveaux membres admis dans les conférences de la ville. M. Baudon, président général, prend ensuite la parole

Il profite de l'époque actuelle de l'année, où un grand nombre de membres sont admis dans les conférences, pour insister sur les devoirs principaux des membres de la société de Saint-Vincent de Paul: d'abord le zèle, qui est nécessaire pour ne se rebuter jamais au milieu des difficultés et des fatigues que présente nécessairement l'exercice de la charité; puis l'humilité qui doit constamment régner dans une société placée sous le patronage de l'humble Vincent de Paul, et qui doit étouffer les sentiments d'orgueil et de retour sur soi-même, nonseulement dans chaque membre, mais dans la société tout entière; enfin, la cordialité, qui a été l'un des caractères distinctifs de nos réunions jusqu'à ce jour, qui fait que T'on s'y plaît, que l'on s'y attache, que l'on s'y dévoue parce qu'on s'y aime.

La parole est ensuite donnée à M. Anatole de Ségur, membre de la conférence de SaintThomas d'Acquin, ancien préfet, d'à-peine quarante ans, qui lit le rapport suivant:

« C'est un spectacle instructif et touchant, dit-il, plein d'enseignements solides et d'émotions douces, de voir se développer dans le silence de l'humilité, dans la paix d'une activité pieuse, l'œuvre de la charité catholique, œuvre modeste et peu bruyante, mais infinie comme Dieu dont elle vient, universelle comme l'Eglise qui la porte et comme les misères auxquelles elle s'adresse; œuvre que le monde ne voit pas, qu'il ne soupçonne même pas, occupé qu'il est à regarder les hommes et les choses aller où les conduit la main mystérieuse de la Providence, mais que Dieu regarde, qu'il bénit et qu'il aime.

« Le nombre des conférences agrégées cette année est de 122 pour la France, dont 1 dans les colonies françaises, et de 92 pour les autres nations; à savoir: 3 en Angleterre, 7 en Ecosse, 3 en Irlande, 15 en Belgique, 11 dans les Pays-Bas, 29 en Prusse, 1 dans le duché de Nassau, 1 en Bavière, 1 à Hambourg, 2 en Autriche, 5 en Espagne, 6 dans les Etats Sardes, 2 en Toscane, 5 dans les Etats Romains, et 1 en Terre Sainte,

à Jérusalem. Le chiffre total, au 8 décem

bre, est de 214.

«On a de plus institué : 8 conseils particuliers, dont 5 en France, 2 en Belgique, 1 en Ecosse;

4 conseils provinciaux à Reims, Nancy, Valence et Metz;

Enfin 3 conseils supérieurs, à Madrid pour l'Espagne, à Gênes pour le duché de Gênes et quelques conférences environnantes, et à Berlin pour la Prusse proprement dite.

« Vous voyez, Messieurs, que la moisson a été cette année plus abondante encore qu'aucune des années précédentes.

« On remarque, comme d'habitude, des différences assez sensibles dans l'origine des conférences nouvelles, dans leur formation et dans leur mode d'existence. Les unes, comme le grain de senevé dont parle l'Evangile, semblent rester longtemps à l'état de germe, se forment peu à peu et n'arrivent que lentement à leur complète maturité. D'autres, au contraire, semblent naître, se développer et s'épanouir en un seul jour, au soleil ardent de la charité, embrassant dès leur origine un nombre considérable de membres actifs et honoraires, et s'éten 'ant dès le principe à des œuvres multipliées. Telles sont, entre autres, les trois conférences nouvelles fondées à Nancy, celles de Lagnieu, d'Altorf, de Pierrelatte, de Crest, qui ont joint tout d'abord à l'œuvre fondamentale et nécessaire de la visite des pauvres celles du patronage des enfants, de la visite des prisonniers, des bibliothèques populaires et d'autres œuvres encore; telles sont aussi les conférences de Dôle, de Châteauroux, d'Aurillac, qui, après une année d'existence, comptait 50 membres actifs; celle de Bédarieux, qui en a compté 41 dès sa première réunion, et surtout celle de Narbonne, qui, du jour de sa fondation, nous a donné 110 confrères de plus !

« Cette dernière conférence s'est établie à la suite du Jubilé de 1852, comme un monument du changement profond que les exercices de ce saint temps et la grâce de Dieu avaient apporté dans l'esprit et le cœur des habitants de cette ville. Depuis plusieurs années Narbonne s'était endormie dans cette indifférence déplorable des cho-. ses religieuses qui est presque pire que la haine; car la haine vit, et on peut parler aux vivants, mais cette indifférence est pour ainsi dire la mort. La foi, la charité, l'amour de Dieu et du prochain se sont réveillés en même temps dans une foule de cœurs, et la conférence de Saint-Vincent de Paul, fondée par acclamation le jour de la clôture du Jubilé, s'est trouvée dès sa naissance, comme vous venez de le voir, une des plus considé rables par le nombre de ses membres et par celui des familles visitées, car elle en visite plus de 150.

« D'autres conférences ont été fondées, soit par le zèle des curés de paroisse, soit par la charité active de membres laïques des conférences déjà établies dans des localités voi

sines. Je pourrais, si la charité ne devait rester, autant que possible, cachée à tous les yeux autres que ceux du Seigneur, citer les noms d'hommes admirables, dévorés d'un zèle ardent, qui, dans le cours de cette seule année, ont fondé dix, vingt conférences, allant présider les unes pour leur donner une direction salutaire, encourager les autres, relever le courage des faibles, modérer le zèle impatient de quelques-uns, se faisant tous à tous pour l'amour de Jésus-Christ et de ses membres souffrants!

Dans les procès-verbaux de fondation, qu'on pourrait appeler les actes de naissance des conférences nouvelles, se retrouvent presque toujours, à un degré éminent, l'esprit de prière et d'humilité, le sentiment de l'importance de l'œuvre qu'on entreprend et des devoirs qu'on embrasse.

« Dans le compte rendu de la première séance de la conférence de Fénétrange, en Lorraine, on lit ce qui suit: Après avoir « pris connaissance de l'esprit essentielle«ment catholique de l'association telle « qu'elle est établie et approuvée par l'autoarité spirituelle dans un grand nombre de « villes de la chrétienté; après avoir mure«ment, pesé devant Dieu les obligations « auxquelles nous sommes appelés à nous « soumettre en acceptant la charge de servi<< teurs des pauvres, et après avoir demandé « à Dieu la grâce de la persévérance, nous « déclarons nous constituer dês ce moment « en Société de Saint-Vincent de Paul. »

« A Pithiviers, la conférence se forme d'une manière plus solennelle encore dans sa simplicité: « Le moment semblait venu, « dit le président de la conférence, de fon«der cette œuvre dans cette ville au nom«bre de quatre, nous nous sommes réunis « chez M. le curé de la paroisse, et, après « avoir examiné suivant les règles de la << prudence les chances de succès, nous « nous sommes mis à genoux; M. le curé a << appelé sur nos têtes les bénédictions du « ciel, et nous avons proclamé l'existence de « notre conférence. »>

« Vous penserez comme moi, Messieurs, que c'est encore là la meilleure manière de fonder les conférences, comme toutes les œuvres chrétiennes il ne faut pour cela qu'une chambre, fût-elle pauvre et nue, fûtelle au cinquième étage, et trois ou quatre chrétiens qui s'agenouillent et qui prient. Quant aux misères à soulager, misères du corps et misères de l'âme, on en trouve partout, et ce n'est pas cela qui manquera jamais; et quant à la bénédiction de Dieu, elle descend partout aussi où des chrétiens sont assemblés en son nom! C'est ainsi qu'il y a noins de vingt ans, quelques jeunes gens se réunirent dans une chambre d'étudiant, s'agenouillèrent et, après avoir prié, fondèrent cette Société dont nous sommes les enfants, et qui compte aujourd'hui des filles et des sœurs dans tout le monde catholique. Que dis-je! Et n'est-ce pas ainsi qu'il y n dix-huit siècles les Apôtres, réunis dans le cénacle, se mirent à genoux, reçurent le

Saint-Esprit promis par le Sauveur, et partirent pour aller conquérir l'univers?

Parmi les conférences établies dans l'année, il en est qui ont un caractère particulièrement intéressant: ce sont les conférences d'enfants et les conférences rurales.

• Quatre conférences de tout jeunes gens ou d'enfants se sont fondées cette année dans les colléges de Saint-Dizier, de Saint-François-Xavier à Besançon, de Saint-Palais et de Ferney: c'est avec une joie chrétienne qu'on entend prononcer et bénir le nom de saint Vincent de Paul dans ce dernier lieu, profané par l'impiété et par la piété plus odieuse et plus sacrilége encore de Voltaire ! Ces conférences d'enfants sont une excellente chose et qu'on ne saurait trop encourager. Il est touchant de voir de jeunes écoliers dérober à leurs plaisirs et à leurs récréations le temps et l'argent nécessaires pour secourir des douleurs qu'ils apprennent ainsi de bonne heure à connaître et à soulager. Ces conférences ont eucore un autre avantage que celui de former les enfants à l'apprentissage de la charité: elles les prémunissent par la vue de misères réelles et saisissantes, contre cette déplorable manie des douleurs imaginaires qui est si répandue de nos jours, et qui peuple la société d'existences désenchantées, d'âmes désolées, qui perdent leur temps à pleurer sur elles-mêmes, on ne sait pourquoi, au lieu de s'occuper à aller soulager les douleurs vraies, les misères profondes qui nous entourent. Quel est lo Werther ou le René qui oserait se plaindre encore de la vie et trouver des larmes sur soi ou des murmures contre Dieu, en voyant pleurer une mère près de son enfant qui lui demande du pain, en voyant un vieillard sans parents, sans amis, sans secours, grelotter dans l'abandon et sous les haillons qui ne le couvrent même pas ? La vue d'un pauvre, la pratique de la charité, c'est la plus grande, la plus nécessaire leCon qu'on puisse donner à des enfants. Aussi la société-mère a-t-elle accueilli avec joie les demandes d'agrégations faites par ces jeunes conférences et souvent formulées en des termes vraiment admirables de foi et de charité. Les jeunes membres de la conférence de Saint-Palais, entre autres, qui s'occupent spécialement de faire pendant leurs récréations le catéchisme à des enfants pauvres qu'ils préparent à leur première communion, et qu'ils accompagnent ensuite à la sainte table, écrivent on demandant leur agrégation: Heureux si nous pouvons ⚫inarcher sur lestraces du grand saint Vin* cent de Paul! »

« Les conférences rurales présentent un caractère également touchant c'est la pauvreté secourant la misère et donnant de l'indigence de sa bourse et du trésor de son amour. Elles ont pris cette année une extension considérable, surtout dans le diocèse de Nantes, où quelques âmes ferventes se sont spécialement occupées de leur fondation. Elles joignent pour la plupart à la viSite et au soulagement des pauvres le patroDICTIONN. D'ECONOMIE CHARITABLE,

nage des enfants placés dans les campagnes. Ces conférences, composées presque exclusivement d'artisans et surtout de laboureurs, se font remarquer par leur zèle pieux, par l'assiduité de leurs membres bien pauvres d'argent, mais si riches de foi et de dévouement, qu'ils obtiennent parfois des résultats admirables au point de vue moral. C'est ainsi, pour n'en citer qu'un exemple, qu'à Rémering, dans la Moselle, la conférence établie depuis un an a vu revenir à la pratique de la religion presque toutes les familles qu'elle visite, quoiqu'elle n'ait pu dans l'année distribuer que pour 86 fr. de secours matériels.

« Le développement de ces conférences rurales dans le diocèse de Nantes a nécessité la création d'un conseil particulier à Meilleraie, et la première assemblée de ce conseil a eu lieu le 19 juillet, jour de la fête de saint Vincent de Paul. Dix conférences étaient convoquées, 82 membres actifs assistaient à la réunion. A la messe qui fut célébrée le matin à l'abbaye, 60 de ces pieux voyageurs communièrent; puis ils allèrent s'asseoir à un banquet offert et servi par les Trappistes, tous, laboureurs et gens de la ville, assis à côté les uns des autres sans distinction de classe ni de position, confondus fraternellement dans une même foi, une même espérance et un même amour. Ne croit-on pas, à voir tous ces enfants de Saint-Vincent de Paul assis à la même table, servis par de saints religieux, sous les vontes d'un monastère, ne croirait-on pas assister à ces agapes fraternelles où les premiers Chrétiens venaient participer aux saints mystères, et prendre leur nourriture avec joie et simplicité de cœur? Ne croiraiton pas voir les réunions de ces pieux pèlerins des temps passés qui venaient, accablés de lassitude et de besoin, frapper aux portes des monastères, toujours sûrs d'y trouver à la table du Seigneur le pain de vie qui nourrit et remplit l'âme, et à la table des religieux la nourriture frugale qui répare et soutient les forces du corps? Que béni soit Dieu qui rend à nos cœurs catholiques ces spectacles admirables et ces joies des jours passés que notre pauvre siècle ne connaît plus!

<< La réunion du conseil provincial établi à Reims a vu le même spectacle et donné lieu aux mêmes émotions. C'est le 8 septembre, jour de la Nativité de la sainte Vierge, qu'a eu lieu cette réunion. Presque toutes les conférences y étaient représentées par quelques-uns de leurs membres. Dix membres d'une conférence rurale éloignée de Reims de dix ou douze lieues étaient partis en véritables pèlerins à deux heures du matin, afin d'arriver à temps pour assister à la messe : la saison déjà froide et pluvieuse ne les arrêta point, et ils purent avec leurs confrères s'asseoir au banquet eucharistique, le premier et le plus essentiel de cette bonne journée.

« A Avranches, des membres de la conférence rencontrent sur la place publique III..

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une pauvre voiture, sorte de maison ambulante contenant toute une famille composée de huit personnes. Le père, atteint d'une fluxion de poitrine, allait mourir faute d'air, de secours et de soins. La conférence loue une petite chambre, l'y installe, le visite, le sauve avec le secours de Dieu, et au bout de quelques jours la pauvre famille continuait son voyage, emportant dans son léger bagage ce qu'elle n'y avait sans doute pas auparavant, un sentiment profond d'amour pour les Chrétiens et pour leur divin Maître, principe et fin de leur charité !

« Mgr l'archevêque de Paris daigne aussi, comme gage d'une estime et d'une bienveillance dont nous devons être profondément touchés, confier aux conférences de Paris la distribution d'une partie de ses aumônes. Du 1 janvier au 30 novembre 1852, il a été distribué, au nom de Monseigneur, à 917 personnes qui ont sollicité sa charité, une somme de 4,938 fr. J'espère que Sa Grandeur voudra bien me pardonner d'avoir trahi dans cette enceinte le secret de son inépuisable charité, et d'avoir sacrifié son humilité à notre édification!

<< Suivons, Messieurs, cet exemple et cet encouragement que nous donne notre premier pasteur; redoublons tous de zèle, de dévouement, de charité; donnons de notre bourse, donnons de notre cœur, de notre pauvreté et de notre richesse; donnonsnous nous-mêmes tout entiers, et sauvons ainsi d'un même coup les pauvres que nous secourons en les to chant par nos bienfaits, et les indifférents qui nous regardent faire, en les touchant par notre exemple. Pour Convaincre une société aussi matérialisée que la nôtre, il faut passer par la matière pour arriver à l'âme, et c'est là en deux mots l'hist l'histoire de la société de Saint-Vincent de Paul. Ne manquons donc pas à ce mot d'ordre sacré qui nous a été donné du haut du ciel par notre saint patron, et, pour emprunter en finissant, une parole admirable d'un des plus grands génies de notre temps, vivons, aimons, agissons de telle sorte que les pauvres, les incrédules, les hérétiques, tous les indigents du corps et de l'âme, qui sont incapables de reconnaître et d'aimer la vérité en elle-même et pour elle-même, la reconnaissent, la saluent et l'embrassent en nous sous les habits de l'amour! »>

En 1845, les conférences de Paris, de concert avec la société de Saint-François Régis, ont fait contracter 913 mariages; en 1846, elles ont distribué pour 851,000 fr. d'aumônes; en 1847, elles ont envoyé plus de 17,000 fr. aux inondés de la Loire, et 154,000 fr. aux malheureux Irlandais; les conférences de Lille et de Reims patronnent 400 ouvriers; celles de Villefranche, Villeneuved'Agen et de Chartres, 300; à Lille, on patronne environ 225 enfants; à Rennes, 120; la conférence de Nantes met annuellement en apprentissage 50 jeunes filles; celle de Tours a ouvert une école d'adultes où se réunissent environ 500 jeunes gens, et un local dans lequel sont reçus les jeunes Au

vergnats; celles du Havre ont fondé un e salle d'asile contenant 1,000 enfants; celle du Mans soutient environ 500 indigents, patronne une cinquantaine d'enfants dans les écoles et une vingtaine d'apprentis dans les ateliers; & Valenciennes, 17,900 volumes ont été distribués en 1846, et à Nancy, plus de 20,000. En résumé, 17,300 familles, composant plus de 100,000 personnes, ont été secourues par les conférences en 1846, et 8,000 enfants ont été patronés dans les écoles.

En 1853 elles sont, à Paris, au nombre de 54 et réunissent 2000 membres et patronnent 5000 enfants placés en apprentissage. Leur nombre, tant pour Paris que pour la banlieue, à la tin de 1854, est de 61.

Nous citerons le rapport particulier de la conférence dont nous avons l'honneur d'être membre, celle de Sainte-Valère présidée par M. le comte de Lambel (année 1852). Cette année, dit le rapporteur, si on la compare à celle qui l'a précédée, a offert une diminution dans le nombre des pauvres qui ont sollicité notre appui; la clémence de l'hiver et la reprise plus générale des travaux la motivent suffisamment. 152 enquêtes ont été faites sur des personnes qui se sont adressées à nous; 62 nous ont été envoyées par Mgr l'archevêque de Paris, qui bien souvent a pris en considération nos recommandations et nous a confié la distribution de ses aumônes. 222 familles ont été visitées jusqu'au 28 octobre, époque à laquelle, eu égard au manque de ressources et au petit nombre des membres, il a été indispensable de réduire d'un tiers tous les secours et de ne conserver sur la liste de visite que les familles ayant des enfants en bas âge.

Cette sévère mesure a, dans la pratique, perdu de sa rigueur, et dès la moitié du mois de décembre l'arrivée de quelques-uns d'entre nous a permis de l'adouci: encore, et votre retour à Paris va lever cet interdit.

On a distribué à ces familles tant en pain, viande, bois, paille, effets d'habillements qu'en secours divers d'argent et en primes accordées à ceux de nos pauvres qui déposent à la caisse des loyers, des sommes relativement importantes. 11 pauvres sont décédés, la conférence a demandé pour eux la célébration d'une messe, et lorsque cela a été possible, la famille de la personne défunte et les membres de la conférence ont été convoqués à rendre ce pieux devoir dont l'accomplissement de notre part nous attire la sympathie de la classe que nous soulageons. 13 de nos pauvres sont entrés comme malades dans différents hôpitaux et ont été suivis là par leur membre visiteur qui a rendu compte à la conférence des diverses phases des maladies de son protégé. 3 femmes ont été placées à la Salpêtrière, 1 homme à Bicêtre, 4 dans la maison des petites Sœurs des pauvres, 10 familles ont quitté le quartier, 7 ont pu être recommandées aux conférences dans la circonscription desquelles elles s'établissaient, 3 sont parties saus réclamer notre recommandation. 5 de nos familles

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