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dont la conduite mérite d'être signalée et rend hommage à la sage direction de leur membre visiteur, ont pu parvenir à sortir de la misère et ont offert d'elles-mêmes de ne plus recevoir les secours de la conférence.

Les inêmes efforts de nos confrères ont mené à fin la célébration civile et religieuse de 6 mariages et ont obtenu 3 premières communions et celle entre autres d'un vieillard de 64 ans. Outre les mises en apprentissage effectuées avec tant de sollicitude par l'œuvre de Saint-Jean, quelques enfants ont été placés par l'entremise de nos confrères qui ont également pu, en diverses circonstances, fournir à leurs protégés des placements et les sortir de leur position précaire.

Les autres œuvres ressortissant à notre conférence ont généralement été en voie de progrès. L'œuvre des loyers a pris de l'extension, et à deux reprises a reçu de nous une allocation de 100 francs chaque fois. Les saintes familles de la place Dupleix et de la rue de Sèvres, qui doivent leur existence et le bien réel qu'elles procurent au zèle ardent de quelques-uns d'entre vous, sont prospères; 200 francs leur ont été alloués cette année par nous.

Les petites lectures, auxiliaires si utiles dans notre mission et qui nous offrent un sujet si facile de communiquer avec nos pauvres, soit en leur faisant la lecture, soit en les interrogeant sur leurs lectures, ont été distribuées avec soin et régularité par le porteur que nous salarions à cet effet.

Le vestiaire, dont on méconnaît l'utilité pratique par ignorance où l'on est de tout le parti que les pauvres savent tirer des vieilleries qu'on leur procure, a rendu des serVices. La bibliothèque attachée au local du vestiaire a été fort utile; mais on demande également pour elle des livres qui font défaut, depuis surtout que la conférence de Saint-Thomas d'Aquin a retiré les ouvrages qui lui appartenaient.

Si nous avons eu la douleur de perdre l'un de nos jeunes et édifiants confrères, nous avons eu de l'autre la joie de recevoir parmi nous 17 membres nouveaux qui nous mettront à même de multiplier nos œuvres. On a pensé qu'il serait utile dans l'intérêt des pauvres comme dans celui des visiteurs qu'il fût de règle à l'avenir d'admettre un roulement dans les familles, et que, chaque année, au retour de la campagne, les confrères prissent de nouvelles familles.

Il a été question tout en conservant en principe le pain comme base de secours, d'en distribuer moins et de donner à la place des bons de fourneaux économiques. On a enfin souhaité en général qu'on abandonnât les distributions de coke dont les pauvres n'aiment pas se servir, et qu'on revint à l'usage du bois qui est susceptible de rendre un meilleur office et qui est moins mal sain.

Les Saintes familles dont il est question dans ce petit compte-rendu, sont des réunions des pauvres de la conférence pour as

sister au service divin dans une chapelle, sous le patronage d'un ou plusieurs membres de la conférence, deux fois par mois. Un membre de la conférence y prend quelquefois la parole avant ou après l'officiant. La Sainte famille de Saint-Sulpice ne compte pas moins de 1000 personnes, hommes femmes et enfants. Il n'y a encore que 11 conférences qui en aient organisé.

La liste d'une partie des membres de la conférence de Sainte Valère sera seule un trait caractéristique des mœurs modernes :

1

Comte de Lambel, vicomte de Lambel, comte de Gondrecourt, marquis de Blancard, vicomte Elie de Gontaut, de Mirebeaux, comte de Graville, marquis d'Andigné, vicomte de Busset, comte Louis de Coulombières, comte de Montjean, comte de Périgord, baron de Lépinay, prince de Broglie, marquis de Couronel, comte de Beaufonds, de Moutiers, de Mortemart, vicomte de Lucay, comte de Panis, de Brimont, vicomte de Bernard, comte de Bertoud, MareyMonge, marquis de Bartillac,comte de Malden, de Mirepoix, de Boisjelin, deux fils de M. de Neuville, le comte de la Rochefoucault, Nicolaï, etc. Le nombre total des membres est de 44.

On retrouvera souveut la société de SaintVincent de Paul à sa place parmi les œuvres de la charité privée dans les départements autres que celui de la Seine.

Disons en passant que les conférences de Lyon visitent 1100 familles formant un personnel de 5,000 indigents; celles de Bordeaux en visitent 1257, comprenant de 4,900 à 5,000 personnes, et étendent leur patronage à 2,000 ouvriers; celles de Toulouse visitent 1,400 familles; celles de Nancy, 414; à l'étranger, celle de Gand 702 familles. Elle patronne 925 apprentis. L'oeuvre des militaires y réunit 300 hommes de toutes armes.

La dernière assemblée générale de Lille se composait de 7 à 800 membres appartenant à 47 conférences de la circonscription. La circonscription de Cambrai embrasse 1301 membres, etc.

L'année 1853 a vu naître 221 conférences nouvelles, et l'année 1854, 348. La confraternité des membres de Saint-Vincent de Paul va se déployer en 1854 dans une plus vaste sphère. Elle va se manifester dans les Lieux-Saints. Les membres de la conférence iront représenter la France dans la Palestine. Leur mission aura un but et des résultats politiques. Elle pesera dans la question d'Orient.

Je laisse la parole à un jeune avocat de Troyes, président de la conférence de rette ville. « Dieu, par une grâce insigne de sa bonté, m'a permis, il y a quelques mois, d'aller lui offrir mes adorations et mes prières aux lieux mêmes où son divin Fils est venu enseigner et régénérer le monde, Un pareil voyage était une grande entreprise et qui pouvait présenter de sérieuses difficultés. Mais c'était dans le Bulletin de notre société que j'en avais trouvé l'idée, et c'était

avec des confrères que je devais l'accomplir: comment ne pas être rempli de confiance! Aussi que de témoignages de sympathie, d'amitié, d'encouragement, n'avons-nous pas reçus tout le long de la route! A Marseille, les derniers amis qui nous pressent la main au moment du départ, c'est un membre du conseil général de Paris, ce sont aussi nos confrères de la ville. A Malte, après avoir vénéré les traces du grand Apôtre (saint Paul), notre premier soin est d'aller rendre une fraternelle visite au président de la conférence. Cet excellent confrère nous fait l'accueil le plus empressé, il nous présente à Mgr l'évêque, puis, accompagné de plusieurs membres de sa conférence, il vient jusque sur le pont de notre navire nous souhaiter une heureuse continuation de notre pèlerinage.

« Enfin nous avons mis le pied sur cette terre sacrée, théâtre et témoin de tant de prodiges. Nous avons visité Jaffa, que tant de souvenir de la Bible ou de l'histoire recommandent à l'attention du voyageur. Nous avons traversé la plaine de Saron, si belle autrefois, au témoignage de l'Ecriture, si triste et si nue aujourd'hui. Après une nuit passée à Ramlah, l'ancienne Arimathie, la patrie de cet homme bon et juste qui eut l'honneur d'ensevelir le Sauveur, nous quittons à quatre heures du matin le couvent des Pères Franciscains, et bientôt nous nous engageons dans les montagnes de la Judée. Encore novices aux fatigues du pèlerin, rous cheminions péniblement, en suivant de rudes et étroits sentiers, et sans qu'aucun ombrage nous garantit contre les ardeurs d'un brûlant soleil. Cependant personne ne se décourageait; tous, au contraire, nous hâtions le pas de nos montures, car le but à atteindre et dont nous approchions, c'était Jérusalem!

« Tout à coup, du versant de la montagne opposée, nous voyons plusieurs cavaliers descendre rapidement. De longs burnous blancs les couvrent de la tête aux pieds et ne permettent de distinguer ni leur costume ni les traits de leur visage. Cependant ils marchent droit sur notre caravane de toute la vitesse de leurs chevaux, et l'on se demande parmi nous ce que veulent ces singuliers personnages. Quelques-uns même s'assurent de leurs armes, afin d'être prêts à tout événement. Mais heureusement l'incertitude ne dure pas longtemps. L'un de ces cavaliers a devancé ses compagnons; il touche la tête de la caravane, il relève son burnous, il se fait reconnaître : c'est un ami, c'est un Français, c'est un enfant de saint Vincent de Paul, c'est le président de la conférence de Jérusalem. Oui, le président de la conférence de Jérusalem! Il sait que des frères lui arrivent de France, il leur a préparé aux portes de la ville sainte un cortégé d'amis, une digne et solennelle

(10) Les quatre membres de ce bureau appartiennent à quatre nations différentes: le président, M. Lequeux, est le chancelier du consulat français; le vice-président est un négociant maltais; le secré

réception. Mais cela ne lui suffit pas son cœur brûle de les voir, de leur parler, de les embrasser. Et malgré les fatigues et les dangers de la route, il est accouru à plusieurs lieues pour saluer le premier leur bienvenue.

« Ah! chère et douce conférence de Jérusalem, personne, parmi les quarante pèlerins, n'oubliera ton fraternel accuei!! Pour moi, sur cette terre miraculeuse, j'ai ressenti de bien vives et de bien profondes émotions, et aucun langage ne saurait exprimer tous les sentiments qui m'ont agité dans la grotte de Bethléem, sur le Calvaire, devant le saint Sépulcre. Mais l'un des souvenirs les plus doux, les plus touchants qui resteront à jamais dans mon cœur, c'est assurément celui des quelques heures que j'ai eu le bonheur de passer avec mes confrères dans l'assemblée générale de la conférence de Jérusalein.

« Vingt conférences de France, une conférence de Londres et une de Rome étaient représentées à cette solennité. Certes, notre pauvre sœur de Jérusalem n'avait jamais vu pareille fête; aussi s'était-elle revêtue de sa parure des plus beaux jours. Un illustre prélat aussi, un saint confesseur de la foi, Mgr Valerga, nous avait reçus dans son palais et présidait la réunion. A ses côtés était assis le représentant de la France. En face se trouvait le bureau de la conférence de Jérusalem, témoignage vivant à lui seul, par sa composition cosmopolite (10*), de cette fraternité de la religion et de la charité qui unit entre eux tous les peuples de l'univers. Au sein de ce bureau siégeait l'un des notres, le secrétaire général de la société de Saint-Vincent de Paul, M. de Guinaumont, président de notre caravane. Après une bienveillante allocution de Mgr le patriarche, M. le président de la conférence de Jérusalem, dans un langage à la fois simple et élevé, nous exposa rapidement l'origine, la situation actuelle, les œuvres, les besoins, les espérances de cette humble fille de SaintVincent de Paul, et termina par un chalenreux appel à l'appui et au concours des conférences de France. Puis M. de Guinaumont exprima à nos confrères la joie que nous avions de nous trouver au milieu d'eux, la sympathie que nous inspiraient leurs œuvres, et notre vif désir d'aider de tout notre pouvoir à leurs progrès et à leurs développements. Divers sujets spéciaux furent ensuite plus familièrement abordés: on parla bientôt des moyens de remédier à la misère presque incurable de la population que secourent nos confrères, misère qu'elle supporte, nous avait dit Mgr Valerga, peut-être parce qu'elle appartient au pays qui a été témoin des souffrances de notre divin Sausveur. Et toutes ces sollicitudes, toute ces effusions de la charité, c'était notre langue de France qui servait à les exprimer,

taire, un architecte anglais (M. G. Wigley, l'un des promoteurs et des plus zélés soutiens de l'uvie des pèlerinages); et le trésorier, un drogman indigène.

cette voix de la patrie si douce au cœur et à l'oreille du voyageur! Enfin, avant de nous séparer, M. le secrétaire nous remit en souvenir à chacun une feuille signée de lui et où se trouvaient recueillies et groupées quelques-unes des fleurs que le soleil, au printemps, fait éclore en Terre sainte. Gråcieuse image de notre humble et aimable sœur de Jérusalem !

Espérons que cette première visite des conférences de l'Occident lui aura porté bonheur, et que désormais le Seigneur lui accordera souvent de pareilles joies. L'ouvre des pèlerinages, assurée, comme elle l'est, du suffrage des hommes politiques et soutenue par le concours des hommes religieux, ne peut que s'étendre et prospérer, car elle donne satisfaction à un double intéret trop longtemps négligé. Aussi les pèlerins du mois de septembre ont déjà trouvé des successeurs, et peut-être qu'à l'heure où je parle, une autre assemblée des enfants de Saint-Vincent de Paul adresse ses prières à Dieu pour l'œuvre commune à quelques pas du saint Sépulcre ! (5 avril 1854.)

Telle est donc cette pieuse, cette universelle, cette catholique fraternité qui unit entre elles toutes les branches de notre grande famille. Vous dirai-je maintenant que j'ai trouvé le même esprit, le même accueil à Smyrne, à Constantinople, en Grèce, partout enfin où il m'a été donné de rencontrer un confrère? A quoi bon insister, et ne voyez-vous pas que cette union porte l'essence même de notre société, puisqu'elle seule permet d'en atteindre le but fondamental; ne voyez-vous pas que c'est sa grace privilégiée, sa force providentielle ? Oh oui, remercions Dieu de cette faveur insigne, et demandons-lui de maintenir toujours parmi nous ce précieux gage de ses bénédictions. »>

Les fondements d'une conférence sont jelés à Pondichéry (Indes françaises), le 28 mai 1854. Elle étend ses rameaux tout de suite à Madras, Chandernagor, Karikal. On y retrouve toutes les œuvres des conférences de l'Europe, de l'Amérique; mais la société s'y occupe de plus du baptême des petits enfants païens. Un des confrères à servi de parraín à une adulte païenne dont le mariage a été réhabilité. La société ne refuse jamais de faire des dépensés exceptionnelles pour les païens avancés en âge, quand elle entrevoit la possibilité d'obtenir leur conversion. Elle est dans ce cas l'auxiliaire du clergé. L'Inde a encore des lépreux que visite la conférence; elle sollicite du gouvernement l'amélioration de leur position et vote des toiles pour couvrir leurs plaies et du vieux linge pour les panser. Laissons parler e rapporteur de la conférence : « Ces pauvres épreux avaient le malheur d'être tous païens, et la misère spirituelle était encore plus grande chez eux que la misère corporelle. M. l'abbé Thirion, qui fait partie de la société comme membre honoraire, dematda avec instance qu'on voulût bien le

charger des visites à la Léproserie. C'est ce qu'il aime à appeler sa paroisse. A son titre de missionnaire apostolique, il a voulu qu'on ajoutât aussi celui d'aumônier à la Léproserie. A dater de ce jour les visites se firent régulièrement chaque semaine, et l'un des membres actifs fut chargé d'accompagner notre aumônier à la Léproserie, afin de lui servir d'interprète et de dire quelques bonnes paroles à ces pauvres malheureux. Mais comme il nous a été difficile et peut-être impossible de les instruire complétement de la religion, nous priâmes M. Léhodey de vouloir bien nous donner un chrétien qui passerait plusieurs heures avec eux pour leur apprendre les prières. Nous nous chargeâmes avec plaisir, pendant plusieurs mois, de l'entretien de ce catéchiste. Le résultat fut que nous pumes faire baptiser six des lépreux, après que M. Léhodey les eut examinés et les eut préparés d'une manière immédiate. Ce jour-là fut un grand jour de joie pour notre société. C'est avec bonheur que nous offrimes à Dieu ces prémices et ces quelques épis perdus que nous avions pu glaner dans le champ du père de famille. Les membres de la société voulurent servir de parrains; les dames de Saint-Joseph réclamèrent de leur côté une part dans la bonne œuvre, et elles firent, à leur usage, une exception qui fait beaucoup d'honneur à leur charité, en demandant à être prises pour marraines de nos pauvres lépreux. La cérémonie se termina, à la grande édification de tous, par une distribution d'objets do piété et par le don d'une petite somme d'argent destinée à leur procurer à tous une petite fête, afin que ce jour fût pour eux, de toute manière, un jour de joie. Nous leur fimes préparer ensuite une petite chapelle dans un des appartements de la Léproserie. Nous fimes quelques petites dépenses pour leur faire obtenir les choses absolument nécessaires, et ils font régulièrement, soir et matin, les prières sous la direction du plus savant d'entre eux qui leur sert de caléchiste, et auquel nous avons donné, au baptême, le non de François-Xavier. Grâce à nos efforts, le nombre des lépreux admis dans la Léproserie a toujours été en augmentant, et maintenant hous en comptons plus de vingt, au lieu de cinq ou six qu'ils étaient dans l'origine. Tous, à l'exception d'une seule femme, de païens qu'ils étaient, sont devenus successivement chrétiens, et ont pu apprendre les prières. M. Léhodey, malgré ses nombreuses occupations, a trouvé dans son zèle le temps de passer plusieurs matinées avec eux afin de les instruire de plus en plus, d'en préparer quelques-uns à la confession et à la première communion M. le préfet apostolique lui-même, accoupagné d'un interprète, a bien voulu les honorer de sa présence et leur faire réciter les prières. Dans son amour pour les pauvres de Jésus-Christ, il a trouvé quelques paroles de foi et de charité pour les consoler, les encourager, leur parler des joies du ciel. Cette bonne visite, accompagnée du don d'une

petite aumône a produit les meilleurs effets sur ces pauvres délaissés.

« Deux de nos pauvres lépreux sont morts quelques heures après avoir été baptisés. Parmi eux, un Turc, que l'on n'a pu enterrer au cimetière chrétien, parce que tous ses parents réclamaient à grands cris son corps, nous accusant d'avoir volé son âme. Monseigneur fut consulté, et il crut qu'il était prudent de céder devant une pareille démonstration. Quant à l'autre lépreux, nous le fimes inhumer d'une manière très-décente et très-convenable dans le cimetière chrétien, et ses parents, païens, qui avaient fait aussi quelque opposition, finirent par se montrer très-satisfaits, et ils accompagnè rent même le convai.

« Après la dernière visite que M. l'aumônier fit à la Léproserie, il rendit compte à la société du désir qu'avaient manifesté ces pauvres malheureux. Ils nous priaient de ne pas cesser de les visiter, bien qu'ils soient tous Chrétiens, et de leur donner toujours quelques bonnes paroles. Ils ajoutèrent, ce qui est bien rare parmi les Indiens: « Nous préférons votre visite à l'argent; ne vous « croyez pas obligés de nous donner quelque chose chaque fois que vou savez la bonté « de venir nous voir. »

Voici dans leur ordre naturel l'énumération des œuvres principales auxquelles la société de Saint-Vincent de Paul prend une part directe: crêches, salles d'asile, patronage des orphelins, placement des enfants pauvres chez les laboureurs ; patronage des écoliers, instruction des enfants pour la première communion, patronage des jeunes savoyards, patronage des apprentis, patronage des enfants dans les manufactures, instruction des jeunes gens, patronage des jeunes libérés, patronage des compagnons, patronage des ouvriers, visite des pauvres à domicile, vestiaire, lingerie, logement des pauvres, couchage, placement, bureau d'affaires, travail, caisse d'épargne et d'économie, caisse des loyers, caisse de secours mutuels, secours médicaux, fourneaux économiques des pauvres, mariage des pauvres, instruction des pauvres, réunions de la sainte famille, bibliothèques, almanachs, écoles d'adultes, secours extraordinaires, mendiants, pauvres honteux, réfugiés, voyageurs, visites des prisons, condamnés à mort, visite des hôpitaux, asiles pour les vieillards, maison de Nazareth, soins aux mourants, funérailles des pauvres.

Il y a des conférences rurales où, à défaut d'argent, les membres donnent du grain, des semences, des pommes de terre, du bois, leur travail quand le pauvre est malade et des outils quand il en manque. Cela se passe surtout en Lorraine. Une conférence à obtenu l'autorisation de mettre en culture une friche communale de 45 ares; elle l'a ensemencée de pois et de lentilles pour son propre compte et afin d'engager ses pauvres à en faire autant dans des terrains de même nature, elle leur a distribué 2,200 kil. de

pommes de terre de semence. La conférence, après s'être faite jardinière, s'est faite cuisinière, elle a distribué en moins d'une année 8,000 litres de soupe de sa façon (rapport de M. le comte de Champagny, du 19 juillet 1855). A Saint-Pierre-Alost, une partie de terre de 300 verges a été louée par le président, et sous-louée par lui à 12 familles.

La société de Saint-Vincent de Paul de Paris a des fourneaux économiques d'un usage étendu. Dans le quartier des chiffonniers, on fait le pot-au-feu la nuit de manière qu'il soit cuit à six heures du matin. Il y a des rations de bouillon, de viande et de légumes, haricots; le tout varie entre dix et vingt centimes, soit à emporter, soit à consommer sur place. Mais on consomme debout, jamais assis, et dans une salle de très-petite dimension; on ne prend pas de vin; en un mot on ne s'installe pas. Voici les résultats: les chiffonniers qui rentrent le matin après leur opération de la nuit, ont un bouillon chaud et bien fait. Ensuite on délivre à une foule de mères de familles du bouillon chaud pour leurs enfants. Elles peuvent emporter pour dix centimes une portion de bouillon, de légumes, etc. La société de Saint-Vincent de Paul, qui a établi ces fourneaux, distribue des cartes représentatives de ces portions.

A Bar-le-Duc, la société de Saint-Vincent de Paul a fourni à une société alimentaire un local et les premiers ustensiles nécessaires, chaudières, foyer et tout ce qu'il fallait pour le service. Les aliments sont confiés à une cuisinière qui les prépare trèsbien. Les gens qui viennent se nourrir, sont surveillés par un ancien sous-officier dévoué à l'œuvre, et qui fait partie de la société de Saint-Vincent de Paul. On y mange assis. Los murs sont ornés de sentences qui rappellent à l'homme la providence de Dieu, la reconnaissance pour Dieu qui le nourrit; la décence la plus parfaite règne dans la réunion. 1 résulte des comptes de la société, qu'elle suffit à ses dépenses sans aucune subvention.

Quelques-uns de ses membres se font un devoir de venir très-souvent à l'établissement aux heures des repas, et là ils donneut de bons conseils à ces ouvriers, et surtout à ces pauvres, et non-seulement aux pauvres de l'endroit, mais aux pauvres voyageurs qui viennent là prendre leur repas économique.

Nous avons fait connaître la marche de la société, nous allons traduire cette marche en chiffres.

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85

1841

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1842

257,845

232,356,

1843

356,499

322,631

1844

483,376

447,024

1845

662,137

562,667

1846

693,302

680,263

1847

1,108,033

998.784

1848

794,858

1849

1,194,420

818,804 939,055 5,553,126

Total. 5,937,955

Nous n'avons pas besoin de faire remarquer la cause, si fugitive d'ailleurs, de la dépression des ressources de la société en 1848. Les chiffres des souscriptions des membres honoraires et des personnes qui veulent gagner des indulgences accordées par Grégoire XVI, ont produit dans les 16 années 650,000 fr. Les quêtes qui se font dans les séances, 1 million 600 mille francs. Le surplus provient des sermons de charité, des loteries, des ventes et d'autres moyens du même genre.

Une séance générale de la conférence est tenue le 5 janvier 1855, au Vatican, sous la présidence auguste du Souverain Pontife Pie IX. L'état du nombre des conférences existant, à la fin de 1854, est présenté à Sa Sainteté par le président-général de la société (M. Baudon). En voici le tableau :

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Le nombre des familles visitées ne dépasse pas encore 50,000. La moyenne des secours qui leur sont distribués n'est que de 30 fr., faible quotité sans doute; mais n'oublions pas que le but de la société est moral et religieux avant tout; considérons aussi que le mystère couvre les aumônes individuelles des visiteurs, et enfin, que le bienfait du patronage ne s'évalue point par chiffres. M. le curé de Saint-Sulpice, adressant une allocution au congrès d'économie charitable tenu au mois d'avil 1853, à Paris, et auquel assistaient un grand nombre des présidents des conférences de France, qualifiait l'action de la société de Saint-Vincent de Paul d'apostolat laïque. Il y a, dans ce mot, tout un livre. Il caractérise les besoins de notre temps et confère à la société de Saint-Vincent de Paul une mission dont le soulagement matériel des masses n'est que le moyen.

Les glorieuses et saintes louanges que s'est attirées la charité moderne (Voy. CHARITE [Esprit de la]) ont été surtout inspirées, il faut le dire, par le spectacle de la charité privée de Paris. Lyon croit être la première ville charitable de France; elle n'est que la seconde en charité comme en population et en importance. Paris est le cerveau de la charité comme il est celui du génie français; et les grandes pensées charitables y viennent de leur vraie source, de la foi. Nous admettrons, si l'on veut, que, toute proportion gardée, il y a plus d'âmes pieuses et charitables à Lyon qu'à Paris; mais les foyers du bien comme du mal- étant plus vastes à Paris que partout ailleurs, la chaleur y a plus de puissance, et sa fécondité doit s'en ressentir. On ne saurait dire à qui, dans cette immense ville, appartient la prédominence des forces génératrices de la charité, du clergé ou des laïques, des hommes ou des dames de bonne volonté, du clergé séculier ou régulier. Le clergé abuse de ce qu'il a plus de tribunes pour proclamer les miracles de l'intervention laïque et voiler ainsi, du manteau de son humilité, ses propres vertus. La voix prépondérante de nos prélats, si nous voulions entreprendre de leur décerner la palme de la bienfaisance chrétienne, couvrirait la nôtre; et de même, si nous osions écrire ici les noms des plus renommés représentants et représentantes de la charité privée à Paris dans les divers centres d'actions où ils se meuvent, on serait embarrassé de dire quel est le plus beau diamant de cette couronne dont la richesse se révèle assez, d'ailleurs, par les trésors de bienfaisance qu'elle produit. (Voy. ASSOCIATION. Application du principe de la charité.)

Nous avons pris pour base la première édition du Manuel des œuvres publié par M. de Melun. Nous dirons quelques mots de la troisième édition (11) dont M. de

(11) Publiée en 1852 par ordre de Mgr l'archeveque de Paris. Poussielgue-Rusand, rue Saint-Sulpice, 23.

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