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AVERTISSEMENT DU TROISIEME VOLUME.

L'Introduction de ce Dictionnaire en a résumé l'essence. L'avertissement qui y fait suite explique le système de composition que nous avons adopté. Nous renvoyons, pour l'exposition du caractère historique du Dictionnaire, à l'avertissement du tome II, rejeté, par une de ces impossibilités typographiques qui désespèrent un auteur, après la Table des matières, au lieu de figurer à l'ouverture du volume. Le mot CLASSES SOUFFRANTES, renfermé dans celui-ci, contient, avec les causes génératrices de la misère, l'énoncé des moyens de la - prévenir, depuis la crèche, la salle d'asile, la cuisse d'épargne, etc., jusqu'à la caisse des retraites. Nous avons décrit, avec les détails qu'elles comportent, les souffrances locales et les souffrances professionnelles. Au rang des questions soulevées dans l'intérêt des classes agricoles, nous avons cru devoir placer celle des communaux montrée sous ses faces diverses. Le système des mots complexes nous a permis d'embrasser dans un même ordre d'idées des objets qui, considérés isolément, auraient eu une signification beaucoup moindre. On ne nous reprochera pas d'avoir introduit dans le Dictionnaire le mot de CoLONISATION, ni de l'avoir accouplé à celui de Colonie agricole : ce qui se passe en Algérie nous justifierait à ce dernier point de vue. Les nations vigoureuses sont, depuis les trois mille ans de l'histoire écrite, des pépinières dont les plants trop serrés sont employés à peupler les solitudes des sols vierges ou laissés incultes. Les grandes végétations étouffent les petites. Celles-ci ont besoin d'aller chercher sous d'autres cieux l'air et le soleil.. Nous n'avons dérogé à notre système des mots complexes que dans deux ou trois circonstances pour définir des locutions auxquelles s'attachent des idées fausses; tel est le mot de CHARITÉ LÉGALE. Nous n'aurions su d'ailleurs quelle place donner à cette abstraction dans un dictionnaire d'où les abstractions sont bannies presque absolument. On nous a reproché l'absence d'une bibliographie à la fin des articles; notre réponse est qu'ayant entrepris un exposé historique de l'économie charitable, et ce sujet étant complétement neuf, nous n'avons pu renvoyer à des traités ex professo qui n'existent pas. Des revues, des journaux, des fragments empruntés à des livres qui ne traitent des matières d'économie charitable que par occasion et quelquefois à l'insu de l'auteur, ne comportent pas d'inventaire bibliographique. D'un autre côté, entreprenant un dictionnaire de si colossale proportion à nous seul, moyen d'unité s'il en fut, nous avons cru pouvoir nous faire de tous, ceux qui se préoccupent des classes souffrantes de précieux collaborateurs, leur laissant dire ce que nous aurions dit beaucoup moins bien, corroborant nos principes par leur adhésion, de telle sorte qu'il n'y aura guère, dans cette pléiade d'hommes de bien dont la charité est devenue de nos jours l'étude et la pratique favorite, de nom propre dont nous n'ayons illustré nos pages. La longue durée et l'opiniâtreté de nos labeurs personnels (ils ont plus de douze ans de date) nous mettront à même de publier les quatre volumes du Dictionnaire en deux ans. Les derniers feuillets du IV seront remis fidèlement à l'imprimeur avant que l'année 1856 prenne fin. Les mots importants de ce tome IV seront ceux-ci : ENFANTS TROUVÉS, Hopitaux, MENDICITÉ el SYSTÈMES PÉNITENTIAIRES. LES MONTS DE piété et les SOURDS-MOETS y auront leur place.

Paris. ce 31 mars 1856.

DICTIONN. D'ECONOMIE CHARITABLE. III.

MARTIN DOISY.

1

D'ÉCONOMIE CHARITABLE.

CHARITÉ LÉGALE.

C

Un écrivain moderne, le pasteur Naville qui a jeté beaucoup de confusion dans les questions de charité (Voy. ECONOMIE CHARITABLE et ECONOMISTES), a mis en circulation le mot de charité légale, ce qui implique qu'il y aurait quelque part en France une charité illégale. Du mot de charité légale, on a fait mal à propos un synonime de charité publique (Voy. ce mot.) Dans l'intention du pasteur Naville, charité légale signifie de par la loi ou charité par l'Etat, ce qui est l'équivalent de la taxe dès pauvres. Il n'y a en France ni charité par l'Etat ni taxe des pauvres, d'où il suit qu'il n'y existe pas de charité légale, comme l'entend l'écrivain protestant. L'Etat encourage les établissements publics au même titre qu'il encourage les établissements privés; il ne les soudoie pas. Les secours obligatoires des départements ou des communes qui entrent comme éléments dans la charité publique, sont une exception restreinte à deux cas et leur quotité est laissée à la libéralité des départements. (Voy. CAPITAL et REVENUS DE LA CHARITÉ; CHARITÉ PUBLIQUE et TAXE DES PAUVRES.)

CHÁRITE PAROISSIALE Voyez CLERGE (Influence du ), BUREAU DE BIENFAISANCE CAPITAL ET REVENUS; CHAKITÉ PRIVÉE, HÔPITAUX, MEndicité.

CHARITÉ PRIVÉE.

SECTION F. — Charité privée, élément de tout secours chrétien. Charité privée distincte de la charité organisée dans les actes des apôtres. Elle se perpétue dans les divers âges. Confréries laïqués. Forme habituelle des sociétés de charité privée dans l'ancien régime. Hôpitaux entretenus par les confrères. Statuts des confréries. Letires de sauvegarde aux hôpitaux privés (1372). Privilége aux confrères de l'hôpital de Pontoise (1380). Fondation particulière pour les étrangers (1578 et 1581). Fondation pour les soldats estropiés et invalides. Charité individuelle au xvi° siècle. Associations de charité dans les paroisses. Associations pour l'enseignement (1698). Charités privées au xvn siècle. Un valet de chambre de Louis XIV. Mlle Legras. Petites Sœurs du pot, Règlement de la compagnie de charité de Saint-Sulpice. Sœurs grises attachées aux compagnies de charité, Société philanthropique à Orléans. Distributions à la porte des grands hôtels.

SECTION II. Caractères de la charité privée immuable. Traits d'union entre la charité publique et la charité privée. Société de charité maternelle de nature mixte. Son origine. Marie-Antoinette, Mme la duchesse d'Angoulême, Marie-Louise, Marie-Amélie et l'impératrice Eugénie. Son expansion. Modèle des statuts. Règlements y annexés. Société maternelle de Paris. Tarif des secours accordés. Diversité des fondations de la

charité privée. Société de Saint-Vincent de Paul; sa portée sociale; sa formation récente controverse à cette occasion; sa généralisation; sa division en provinces. Règlement. Assemblée générale de Paris le 9 décembre 1852. Une conférence de Paris. OEuvres diverses de la conférence. Progression des recettes. Séance présidée par le Souverain Pontife le 5 janvier 1855. La charité privée à Paris. Manuel des œuvres. Association générale de charité. Chiffre des œuvres de la charité privée. Enfance, adultes et vieillards. Secours à l'enfance crèches, salles d'asile, Saint Nicolas, Société des amis de l'enfance. Orphelins et orphelines. OEuvre de Saint-Jean. Orphelins du choÍéra. Association des fabricants. OEuvre des 'catéchismes. Savoyards et Auvergnats. Société d'adoption. Petitbourg. Patronage des jeunes libérés. Mettray. Ecole de la compassion. Education des jeunes filles. Sœurs de Saint-Vincent de Paul dans 28 écoles. 20 pensionats religieux. Dames du Sacré - Cœur, 14 écoles laïques. Jeunes économes. Association de Sainte-Anne. Maison des enfants délaissés. Maison de la Providence. Institution de Saint-Louis. Atelier de Mme Chauvin. Maison de refuge des jeunes sourdes-muettes. Immaculée-Conception. Asile ouvroir de Gérando. Bon-Pasteur. Société de patronage. Secours aux adultes. Société philantropique. OEuvre des pauvres malades. Visites des pauvres malades. OEuvre des paroisses. Société de Saint-François-Régis. Société de la Miséricorde. OEuvres des dames visitant les prisons. Ouvroir de Vaugirard. Société de patronage des prévenus acquittés. Société de la Morale chrétienne. Société des amis des pauvres. Société de patronage et de secours pour les aveugles. Maison des ouvriers. Sociétés helvétiques et israélites.

Secours aux vieillards. Petites Sœurs des pauvres. Asile de la Providence. Société de la Providence. Société en faveur des pauvres vieillards. Prêtres âgés et infirmes. Charité universelle. OEuvres de la propagation de la Foi et de la sainte Enfance. Notions précises sur les revenus des fondations de la charité privée de Paris ciaprès Institution de la jeunesse délaissée, pensionnat des jeunes filles luthériennes, établissement de Saint-Louis, atelier de travail de Mme Chauvin, association des jeunes économes, société de Sainte-Anne, société pour le placement en apprentissage de jeunes orphelins, société des amis de l'enfance, société de patronage des jeunes garçons libérés, société des jeunes lilles libérées et abandonnées, société pour le patronage des jeunes garçons pauvres du département de la Seine, société d'adoption pour les enfants trouvés et orphelins pauvres, maison de refuge pour les jeunes filles sourdes-muettes, Asileouvroir du cœur de Marie, Asile-ouvroir de Gérando, OEuvre du Bon-Pasteur, Comité de patronage pour les prévenus acquittés, asile de la Providence, infirmerie de Marie-Thérèse association des mères de famille, Société de Saint-François-Régis, œuvre des apprentis et ouvriers, association des fabricants et artisans sans place, Société de patronage et secours pour les

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aveugles, Ouvroir de Vaugirard pour les ouvrières sans ouvrage, asile Fénelon, établissement de crèches dans le i arrondissement, société pour le renvoi dans leurs familles de jeunes filles sans plaee et des femmes délaissées, comité israélite de secours et d'encouragement. Opinion de certains fondateurs d'oeuvres de la charité privée sur les subventions. Charité privée dans les départements. France du centre: Seineel-0 se, Versailles, Dourdan, Elampes. — Oise, Beauvais, Sentis. Eure-et-Loire, Chartres. Eure, Evreux. Aube, Troyes, Arcis-sur-Aube, Bar-sur-Seine, Bar-sur-Aube, Nogent-sur-Seine. Loiret, Orléans. Cher. - Allier, Moulins, Montluçon, Bourbon-l'Archambault, la Palisse, commune de Noyant.— Puy-de-Dôme, ClermontFerrand, Riom, Issoire, Billom.-France du nord: Nord, Lille, Dunkerque. Pas-de-Calais, Arras, Saint-Omer, Calais, Boulogne. Meuse, Bar-leDuc, Commercy, Etain, Montmédy, Saint-Mihiel, Verdun. Somme, Amiens. Calvados, Caen, Vires, Avranches, Valogres, Cherbourg. France du midi: Rhône, Lyon. Loire. Ain. -Vaucluse, Aviguon. Gironde, Bordeaux. Lot-etGaronne.— Bouches-du-Rhône, Marseille. — Var, Draguignan, Toulon. Hérault. PyrénéesOrientales. Basses Pyrénées, Bayonne.. France de l'est: Moselle, Metz. Haute-Marne, Langres. Bas-Rhin, Strasbourg, Schelestadt, Bischwiller, Willerhoff. Haut-Rhin, Colmar, Mulhouse. Côte d'Or, Dijon, Nuits, Auxonne, Alise, Sainte-Reine, Seurre, Beaune, Châtillonsur-Seine. Doubs, Besançon, Pontarlier, Baume-les-Dames, Montbéliard. Haute Saône, Vesoul, Gray. Jura, Lons-le-Saulnier, Poligny, Basses-Alpes, Arbois, Salins, Saint-Claude. Gap.France de l'ouest: Ille-et-Vilaine, Rennes. -Loire - Inférieure, Nantes, Lorient, Savenay, Mauron. Finistère, Brest. Côtes-du-Nord, Saint Brieuc.Orne, Alençon, Argentan, Domfront, Mortagne, L'Aigle. Maine-et-Loire, Angers Charente- Inférieure, La Rochelle. Mayenne. Vendée, Luçon, Sables-d'Olonne. Conclusion.

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SECTION IT.

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La charité privée est l'élément du secours au point de vue chrétien. Elle est plus nécessaire à la charité que la substance même du secours. Là où la charité privée n'est pas, il n'y a plus charité, il y a prévoyance sociale. La classe indigente devient sans elle un caput mortuum gênant qu'il Caut restreindre le plus possible, un insecte rongeur de la richesse publique que l'on détruirait si on l'osait. C'est grâce à l'action de la charité privée que la charité publique est chrétienne et non païenne. Elle est représentée dans les hôpitaux et les hospices par les commissions administratives, dont le dévouement est l'âme des secours matériels. Elle y a été représentée, surtout, pendant la triste période, enfin traversée, où les idées chrétiennes s'étaient affaiblies, par

les sœurs hospitalières. Si la charité privée était absente, il n'y aurait plus que des usines d'assistance. Les grands monuments de charité publique, les hôpitaux, les hospices et les bureaux de bienfaisance sont eux-mêmes les produits de la charité individuelle. On peut dire qu'il n'y a pas dans leur construction une pierre qui ait été posée sans une de ses inspirations. Toute la différence qui existe entre les établissements publics et ceux de la charité privée, c'est que les siècles ont travaillé de concert avec la charité privée pour fonder les premiers. Voy. CHARITE (Esprit de la).-CAPITAL ET REVENUS, CHARITÉ PUBLIQUE, HOPITAUX ET HOSPICES.

Depuis le commencement du christianisme, ces deux fleuves, la charité publique et la charité privée, suivent un cours parallèle se cotoient se rapprochent et confondent leurs eaux. Ce sont des dames de la charité qui visitent les malades des hôpitaux, c'est la main de la charité privée qui distribue les secours des bureaux de bienfaisance. L'union est si intime que souvent les bureaux de bienfaisance mêlent leurs secours avec ceux de la charité privée, sans cesser d'être des établissements publics, tandis que la Société maternelle, par exemple, que l'Etat semble revendiquer comme sienne, est en réalité une expression de la charité privée. La charité privée spiritualise l'assistance, et elle la christianise. Pendant que la charité matérielle s'occupe des besoins physiques, la charité spirituelle s'unit de cœur avec les peines du pauvre. Elle profite, pour élever l'âme, des atteintes mêmes du malheur. — Eme pour élt. A ne partager que sa richesse, il y a une sorte d'indifférence et de dédain; l'homme charitable doit encore, si l'on peut parler ainsi, partager son âme et entrer avec le pauvre en communauté de sentiments et d'affection. (M. le Cte DUCHATEL.)

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M. le vicomte de Falloux y à rendu la même pensée en poétique langage Le coin de terre qu'habite le pauvre est un pays plein de mystères et de beautés, qu'il ne faut pas connaître par la géographie, et dont on ne pénètre les profondeurs qu'en l'explorant soi-même à pied. (Biographie de Mmę la marquise de Pastoret.)

Parallèlement à la charité organisée par les apôtres, le lendemain de la prédication de l'Evangile et à la tête de laquelle ils placent saint Etienne (Voy. ADMINISTRATION), la charité privée se produisit isolément, suivant le témoignage des Actes des apôtres. «Il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centurion d'une cohorte appelée italique, religieux et craignant Dieu, ainsi que toute sa famille, et faisant beaucoup d'aumônes au peuple, It voit manifestement dans une vision, environ vers la neuvième heure du jour, un ange de Dieu qui vient à lui, lui disant Corneille. Et Corneille le regardant, saisi de frayeur, lui dit: Que voulez-vous, Seigneur? Or, l'ange reprit Tes prières et tes aumônes sont montées en présence de Dieu, et il s'est souvenu de toi. (Act. x, 1 seq.) A Joppé, parmi les disciples, se trouvait une femme

nommée Tabithe, en grec Dorcas. Sa vie était remplie de bonnes ceuvres, et elle faisait beaucoup d'aumônes. Or, il arriva qu'étant malade, Tabithe mourut; après qu'on l'eut lavée, on la mit dans une chambre haute. Les disciples apprenant que Pierre était à Lydde, située près de Joppé, envoyèrent vers lui deux hommes, le priant de se håter de venir. Et Pierre, se levant, vint avec eux. Et quand il fut arrivé, on le conduisit dans une chambre haute, et là toutes les veuves s'assemblèrent autour de lui, pleurant et lui montrant les tuniques et les vêtements que Dorcas leur faisait. Pierre, ayant fait sortir tout le monde, se mit à genoux et pria, et, se tournant vers le corps, il dit : Thabithe, levez-vous. Elle ouvrit les yeux, et, ayant vu Pierre, elle s'assit. Alors Pierre lui donnant la main, l'aida à se lever, et ayant appelé les saints, il la leur rendit vivante.» (Act. Ix, 36-41.)

Plus la charité individuelle est active, plus elle est ardente, plus elle ressent vite le besoin de trouver des coopérateurs. C'est T'histoire de tous les grands dévouements charitables. Il n'en est pas un qui n'ait ressenti la nécessité de sortir de son isolement. La confrairie a été la forme la plus ordinaire del'agrégation charitable chez nos pères. Ils appelaient compagnies de charité, nos sociétés modernes. Dieu a promis d'être au milieu de ceux qui le prient en commun, comment ne serait-il pas secourable à la charité de plusieurs? Servir les pauvres, n'est-ce pas servir Dieu, n'est-ce pas prier?

« Les sociétés charitables portent le sentiment religieux dans les classes pauvres. Les mœurs, comme on sait, vont de haut en bas en France où la vanité est si active. La haute classe arrive ainsi jusqu'à la plus

humble sans intermédiaire. Les classes la

borieuses apprennent à connaître la puissance de la religion et la sagesse de ses œnvres. L'homme charitable va à la religion par la charité, et la charité aussi y ramène le auvre; il croit à cette religion qui se fait sentir à lui, qui a mis ses doigts dans les plaies de ses côtes et qui cicatrise, par de douces paroles, celles de son cœur. Il s'accoutume à ne pas séparer la religion de la morale. La religion ne se présente plus à lui comme une poésie imaginée pour satisfaire l'imagination, comme un simple appareil de pratiques extérieures; elles y voient une réalité féconde. (Bienfais. pub. de M. de Gérando, t. III, p. 482.)

Nous avons parlé de la charité des grands et de celles de saints évêques, dans les précédents articles. On a vu au mot CHARITE (Esprit de la), la charité privée enfanter des miracles dans toutes les classes sociales. Un seul homme, une seule femme équivalent souvent à une grande institution. Un pauvre tisserand de Lucques, dont on ne dit pas même le nom, chef d'une confrérie dite des Colombins (du nom de Saint-Colombin qui avait fondé une pareille confrérie à Sienne), nourrit des fruits de son travail

une infinité de pauvres, de religieux et de pèlerins auxquels sa maison sert d'hospice. Dict. des Ordres religieux, t. III, p. 358.)

Le moyen âge est rempli de faits semblables. Les confréries sont définies des sociétés ou associations formées par des personnes laïques pour des exercices particuliers de charité et de dévotion. On les appelle archiconfréries lorsqu'elles donnaient naissance à d'autres confréries qui leur sont agrégées.

Les confréries fondent des hospices. On trouve, en 1300, un hôpital dit du Saint-Esprit orphelins et passants, dont les statuts sont rédigés par les Frères Amand, de l'ordre des Frères Mineurs, Jacques d'Avençay, de l'ordre des Hermites, et Guillaume Bouguin, de l'ordre des Prêcheurs. Saint Dominique et saint François s'étaient, pour ainsi dire, associés pour le soulagement des pauvres orphelins de Paris. Le corps de l'association est formé de bourgeois de Paris nommés, Laurent Gadet, Pierre de Villeneuil, Pierre Maréchal, changeur, et Guillaume Basin. Ils s'unissent pour demander à l'évêque l'institution de la nouvelle confrérie et l'approbation de ses règles. C'est le premier hospice d'orphelins fondé à Paris; mais on n'y reçoit que des enfants légitimes. Le but de l'institution était double. L'hôpital ouvre un asile pour une nuit aux pauvres femmes et filles pèlerines ou passantes. Voy. ENFANTS TROUVÉS et ORPHELINS, XII siècle.

Les règlements de la confrérie 1o interdisent d'y admettre personne qui fût sous le coup d'une excommunication; les confrères s'engageant à en chasser celui d'entre eux qui, après avoir encouru cette peine, ne s'en ferait pas relever dans l'espace de dix jours au plus; 2 chaque confrère s'obligeait à employés aux œuvres de charité envers les donner par an deux sols parisis pour être

il restait quelque chose dans le trésor de la enfants abandonnés; si, à la fin de l'année, confrérie, on devait l'employer en faveur des pauvres convalescents sortant de la Maison-Dieu, à leur procurer du pain, du potage et quelques soulagements en argent pour les empêcher de retomber malades; et si, après cela, il restait encore quelque argent, il fallait le dépenser en faveur de

pauvres honnêtes.

Nous allons voir encore un hôpital sortir du sein d'une confrérie: « Les frères et sœurs de Sainte-Marie - Magdalene faisoient célébrer une messe par chacun l'entente (intention) et volonté de acquérir jour en l'église Saint-Eustace à Paris; ayant ung bien à Paris pour édiffier une chapelle à faire célébrer les messes et faire un hospital pour aizier (aider) et hebergier les pauvres, s'adressent pour cela à Philippe VI. 11s demandoient l'autorisation de constituer au profit de cette fondation quarante livres de celles qu'on a appellé depuis et qu'on appelle rente parisis, une propriété de la nature de encore aujourd'hui de main-morte: « nous << ont fait supplier porter les lettres patentes

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