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manifeste de nos jours dans le monde entier. Après avoir rendu gloire à Dieu, qui accorde ainsi aux hommes de nos jours des effusions abondantes de son Saint-Esprit, M. Gonthier recherche quels sont les instrumens dont le Seigneur s'est servi et se sert encore pour opérer ces merveilleux effets, et il signale d'une manière générale les Sociétés des Missions et les Sociétés Bibliques, par les soins et l'influence desquelles l'Évangile a été depuis vingt-cinq ans traduit et publié en quatre-vingt-dix-sept langues nouvelles, tandis que dans le long période des dix-huit siècles qui les ont précédés, il n'avait été imprimé qu'en quarante-sept langues seulement; de sorte qu'il y a de nos jours cent quarante-quatre langages divers, dans lesquels est proclamée la bonne nouvelle de la réconciliation du pécheur avec son Dieu par le sang de la croix. Le discours se termine par un touchant appel à tous les hommes à prendre part à ces œuvres de vraie charité chrétienne, appel fondé sur les miséricordes de Dieu en Christ. C'est dans cette dernière partie que se trouve le morceau suivant, que nous citons de préférence, parce qu'il nous paraît convenir à un grand nombre de personnes :

« Il est d'autres hommes à qui les sommations que je viens d'a dresser ne sont pas également applicables; pour qui les appels multipliés que le Seigneur nous fait entendre de toutes parts n'ont pas été inutiles; et qui, sans être pleinement réveillés par eux, ont été du moins ébranlés et émus. Ils ont porté quelques regards sérieux sur leur vie ; ils n'ont point résisté à cette voix intime de leur conscience qui leur crie que le péché habite en eux et les souille; ils ont senti qu'ils ne sauraient subsister devant la face du Dieu vi vant (1); que, sans le sacrifice admirable du Christ, sans son ex¬ piation, sans ses mérites, ils ne pourraient être reçus dans cette Jérusalem d'en-haut où rien d'impur ni de squillé ne peut avoir accès (2). Un mouvement secret (fruit précieux de la grâce ) les pousse dona vers le Sauveur. Toutefois je ne sais quel bruit importun du monde les trouble et les arrête. Ils redoutent ses railleries, les mépris qu'il verse sur ceux qui se déclarent ouvertement disciples de l'Évangile Ils ont raison et ils ne sauraient trop ménager le monde, si c'est lui

(1) Apoc. vi, 17.—(2) Apoc. xx1, 27.

qui doit les juger un jour. Mais si c'est Christ... oh! qu'ils se hâtent de confesser franchement, hautement, devant les hommes Celui qui ne les reconnaîtra pour siens devant son Père qui est aux cieux qu'autant qu'ils lui auront donné pleine gloire ici-bas (1)! Ce n'est pas tout; il est d'autres chaînes encore qui les lient, et qui les empêchent d'assurer leurs pas dans les voies chrétiennes; je veux parler de certaines attaches au monde, à ses faux biens, à ses plaisirs, qu'ils ne peuvent se décider à rompre, qu'ils aimeraient pouvoir concilier avec leur goût naissant pour l'Évangile. Ils s'efforcent d'unir leur volonté propre à celle du Seigneur : comme si la chose était possible, comme si la lumière pouvait s'allier avec les ténèbres! comme si le Roi de gloire voulait établir sa demeure dans une âme qui soupire encore après les plus misérables illusions! Qu'ils cessent de l'espérer... Et que gagnent-ils, après tout, je le leur demande à eux-mêmes? Ils sont livrés à un trouble continuel : ils n'ont ni la paix de Christ, ni la tranquille jouissance des vanités qui les séduisent; ils veulent saisir quelques joies passagères, et ils ne trouvent que des tristesses toujours renaissantes. Oh! qu'ils sortent, et sans délai, de ce pénible état! Qu'ils cessent de vouloir servir deux maîtres (2) ! Ils ont suffisamment éprouvé que leur âme se fatigue et se brise dans ce déplorable essai. Il est temps qu'ils arrivent à la liberté des enfans de Dieu, à la joie pure des vrais chrétiens. Il est temps qu'ils se tournent tout entiers du côté de Jésus, qu'ils le conjurent, avec ardeur et avec larmes, de triompher de leurs tristes incertitudes, de leurs longues et criminelles résistances. Alors ce Maître adorable laissera tomber sur eux ses regards d'amour; il les fera passer de l'état d'enfance où ils s'obstinaient à languir à la stature d'hommes faits (3); il leur apprendra à juger sainement des hochets qui les captivèrent si long-temps, et il en détachera pleinement leur cœur ; il les portera lui-même dans la voie de ses commandemens, dès qu'ils ne voudront plus aimer que lui seul; il leur fera connaître sa paix, sa paix divine qui surpasse toute intelligence (4); il leur fera sentir de quel bonheur intime et permanent ils se sont privés, tant qu'ils ont craint de lui appartenir sans réserve, et ils béniront jusqu'à la fin des siècles le jour heureux où ils cessèrent de clocher des deux côtés (5); où Christ devint leur unique Roi.

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(1) Matth. x, 32.-—(2) Id. vi, 24. —(3) Eph. IV, 13.—(4) Phil. iv, 7: (5) Rois, XVIII, 21.

VARIÉTÉS.

Assemblée générale de l'Église presbytérienne des États - Unis d'Amérique, tenue à Philadelphie en mai 1828 (1).

L'Église presbytérienne des États-Unis a tenu à Philadelphie, du 15 au 29 mai 1828, son assemblée générale, qui répond à nos synodes nationaux. Cette église comprend seize synodes, divisés en quatre-vingt-dix presbytères, qui forment ensemble mille neuf cent soixante-huit églises desservies par douze cent quatre-vingt-cinq pasteurs. Chaque presbytère a le droit d'envoyer des députés ecclésiastiques et laïques à l'assemblée générale annuelle. Seize presbytères n'en ont pas fait usage, cette année, soit à cause des distances, soit par d'autres motifs ; les soixante-quatorze autres étaient représentés par cent quatre ministres et quarante anciens, en tout cent quarantequatre députés, dont les pouvoirs ont été dûment constatés. Sept sociétés religieuses, les associations générales du Connecticut, du Massachustse et du New-Hampshire, la convention générale de Vermont, l'Église réformée hollandaise, l'Église réformée allemande et la conférence du Maine se sont en outre fait représenter par un ou plusieurs délégués. Diverses sociétés religieuses et philanthropiques ont, pendant la durée de la session, adressé des messages à l'assemblée.

M. le pasteur Ezra Stiles Ely D. D. a été nommé modérateur, et M. Élias W. Crane secrétaire. L'assemblée s'est réunie tous les jours, le matin et l'après-midi, excepté les dimanches et le mercredi 21 mai, qui a été célébré comme un jour d'actions de grâces et de prières. Les affaires soumises à l'assemblée ont toutes été renvoyées à des commissions, et c'est sur leurs rapports que les décisions ont été prises. L'une des premières qui a occupé l'assemblée a été la proposition

(1) Nos lecteurs feront bien, pour mieux comprendre les nouvelles qui suivent, de relire notre article sur l'organisation des Églises aux États-Unis, Archives, Xe vol., pag. 544 et suivantes.

de Dieu a été d'anéantir l'intelligence des sages, et lorsqu'ils s'écrient: O profondeur des richesses, de la sapience et de l'intelligence de Dieu! que ses jugemens sont incompréhensibles et ses voies difficiles à trouver! On peut en inférer, en second lieu, que la curiosité humaine, qui a tant multiplié les questions de la théologie, est un des plus grands obstacles à la foi véritable. On ne se contente point de savoir les choses, on veut sonder la manière, et c'est la manière que Dieu ne veut point que nous sachions: c'est là le côté obscur qui doit être respecté. Le je ne sais, ou le je ne comprends point, est un mot si terrible, qu'il n'y a rien que les homines n'inventent pour se dispenser de le prononcer. (Vol. II, pag. 383. )»

Nous éprouvons un vrai plaisir à transcrire encore le passage suivant, où, à l'occasion de quelques-unes des difficultés que la raison oppose à l'existence du péché originel, il montre qu'il y a la même proportion entre la foi et la raison qu'entre la raison et les sens :

«Il faut distinguer en cela la manière et la chose, » dit Abbadie. « Il est certain que nous sommes souillés de péché par le malheur de notre naissance, ayant été conçus en péché et échauffés en iniquité, et nous trouvant de nature enfans de colère. L'Écriture nous dit la chose, parce qu'elle était nécessaire à notre humilité et à notre sanctification; la manière était inutile, parce qu'il ne sert à rien de savoir comment on est tombé dans un abîme, et que le principal est de trouver le moyen de s'en retirer: aussi l'Écriture ne dit-elle rien de la manière dont le péché originel est venu jusqu'à nous, je veux dire de la manière physique de sa propagation. Toutes les questions que les théologiens font à cet égard ne sont proprement que des questions de philosophie, et ce n'est pas à nous à répondre à toutes ces difficultés. Peut-être que si nous savions bien distinctement les lois et la manière de l'union de notre âme avec notre corps, nous pourrions expliquer distinctement cette incompréhensible transmission du péché originel; mais comme cela n'étant pas, nous avons grand sujet de nous défier de notre philosophie; et, quoi qu'il en soit, nous ne devons point mettre sur le compte de la foi les difficultés de la curiosité humaine.

«La foi et la raison sont ici tout-à-fait en bonne intelligence, en se contenant dans leurs limites. La foi nous enseigne la chose, la raison y consent; la raison n'en comprend point la manière, la foi

suppose cette incompréhensibilité. Si la raison pouvait nier que les hommes n'e 'eussent dès leur naissance une inclination à mal faire, elle serait contraire à la foi, qui nous enseigne ce principe; si la foi nous promettait d'ôter de cet objet toutes les difficultés qui se présentent à ceux qui en veulent pénétrer le fond et la manière, elle serait contraire à la raison, qui doit reconnaître qu'elle ne saurait aller jusque là; mais puisque cela n'est pas, rien ne nous empêché de demeurer d'accord de la bonne intelligence de la foi et de la raison. En effet, la même proportion à peu près qui est entre la raison et la foi se trouve entre les sens et la raison. Comme la fói est supérieure à la raison, la raison est supérieure aux sens. Or, il est certain que la raison et les sens ne se combattent point, encore que l'une de ces facultés ne comprenne point la manière des choses qu'atteste l'autre. Les sens témoignent, par exemple, qu'il y a un flux et un reflux dans la mer: la raison, persuadée par ce témoignage et par le consentement de tous les hommes, convient de la chose, mais cependant elle en ignore la cause et la manière. Si les sens attestaient que ce phénomène peut être parfaitement compris, ils seraient contraires à la raison, qui ne le comprend guère; si la raison njait que ce phénomène fût absolument, elle serait contraire aux sens qui témoignent qu'il est. Mais les sens attestent l'existence de ce phénomène, et la raison en est persuadée; la raison le trouve très difficile à comprendre, et les sens ne disent pas le contraire: ils sont donc parfaitement d'accord. Telle est la convenance de la foi et de la raison à l'égard des plus grands mystères de la religion. (Vol. II, p. 418.) »

Après avoir combattu dans son premier ouvrage les athées et les déistes, Abbadie combat dans le second les ariens, les demi-ariens et les sociniens. Il fait voir la dépendance essentielle qu'il y a entre la divinité de Jésus-Chrit et la vérité de la religion chrétienne en général, et établit la divinité du Sauveur par les absurdités qui résultent du sentiment contraire. Ce n'est d'ailleurs pas seulement dans ses écrits qu'Abbadie rendait témoignage à la vérité; il la confessait toutes les fois qu'il en trouvait l'occasion. C'est ainsi que lá duchesse de Brandebourg, qui inclinait vers l'opinion contraire, ayant, en sa présence, mis en doute la divinité de Jésus-Christ, à l'occasion de son traité sur ce sujet, il n'hésita pas à exposer

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