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me, quelle que soit leur dénomination, sans autre raison que des actes tels que ceux que les clauses en question défendent et érigent en délits. Pour ne pas comparer ici entre eux les ministres de l'Eglise protestante et de l'Eglise catholique, je me bornerai à demander comment on a pu supposer que nous conseillerions à Sa Majesté de défendre aux premiers, et de punir en eux des actes que la même loi prend un soin spécial de permettre expressément aux Israélites? J'en ai, j'en suis sûr, dit assez pour vous convaincre que le gouvernement de Sa Majesté ne sanctionnera jamais de telles lois et pour vous montrer la nécessité de vous en tenir strictement à cette partie de ma dépêche officielle de ce jour, qui vous enjoint de n'approuver aucun bill qui imposerait des gênes de ce genre, à moins qu'il n'y soit inséré une clause qui en suspende l'exécution, jusqu'à ce que la volonté de Sa Majesté, à cet égard, soit connue. »

Outre le témoignage remarquable rendu dans cette lettre à l'utilité des missions, nos lecteurs y auront vu avec joie la volonté hautement exprimée, au nom du gouvernement anglais, de s'opposer à tout ce qui porterait atteinte au droit qu'a tout homme de communiquer à d'autres ses convictions.

Invitation aux Pasteurs et aux Fidèles des Églises protestantes de France à assister aux assemblées générales des Sociétés Religieuses de Paris.

Les assemblées générales des Sociétés religieuses et philantropiques de Paris commenceront vers la fin du mois prochain. La Société des Traités religieux se réunira le 28 avril, la Société Biblique le 29, la Société de la Morale Chrétienne le 30, la Société des Missions Evangéliques le 1er mai. La Société Helvétique, la Société pour l'Instruction Élémentaire et la Société protestante de Prévoyance et de Secours Mutuels n'ont pas encore fixé les jours de leurs assemblées; mais nous savons qu'elles les tiendront à peu près à la même époque, afin que les personnes venues des départemens à Paris pour assister à ces fêtes de la charité, puissent être présentes à toutes, sans prolonger leur séjour. Nous désirons que beaucoup de pasteurs et de fidèles s'y rendent en effet, et que ces réunions,

qui ant été jusqu'ici abondamment bénies pour nos Églises, deviennent de plus en plus un moyen de réveiller la foi et la piété. Qu'il nous soit permis, dans ce but, de nous livrer à quelques réflexions, et de montrer sous quels rapports ces réunions annuelles nous paraissent surtout utiles.

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Elles sont utiles aux Sociétés mêmes qui les tiennent le devoir imposé aux membres des Comités de rendre compte, à une époque déterminée, de ce qu'ils ont fait pour remplir leur mandat, les excite sans doute puissamment à s'en occuper, non pas, certes, pour en tirer vanité, mais pour justifier la confiance dont on les a honorés. Les communications personnelles que les Comités ont avec les protestans des départemens leur font mieux connaître que des lettres le jugement qu'on porte sur la direction qu'ils donnent à leurs travaux, et les améliorations que l'on désire y voir introduites; ceux-ci, de leur côté, se pénètrent mieux du plan général de nos Sociétés ; ils se familiarisent avec les moyens de les seconder dans leurs ressortsrespectifs, et s'affectionnent davantage à des institutions. qu'ils ont vues de près.

Les réunions annuelles sont en second lieu utiles aux Eglises, en ce que les pasteurs et les fidèles y retrempent leur piété. Placés pour la plupart dans des localités où les relations avec les chrétiens d'autres Églises ne sont pas faciles, il est bon qu'ils aient de temps en temps une occasion spéciale de se voir et d'échanger leurs idées. Pendant leur séjour à Paris, ils se font part de leurs expériences, ils s'entretiennent des difficultés qu'ils rencontrent, de leurs espérances, de leurs succès, des conversions dont ils ont été les instrumens ou les témoins, des moyens extérieurs qui leur paraissent avoir été bénis de Dieu; de cette manière, s'encourageant réciproquement, ils apprennent les uns des autres comment ils peuvent, dans leurs situations diverses, faire encore plus de bien qu'ils n'en faisaient jusque là. Les fidèles de Paris profitent aussi de ces réunions; ils sont édifiés et réjouis du témoignage que leurs frères des départemens viennent de toutes parts rendre au milieu d'eux à Celui en qui ils ont cru, et il est plusieurs pasteurs dont le court séjour dans cette capitale a porté plus de

fruits, et des fruits plus durables qu'eux-mêmes ne le pensent sans doute.

Enfin, les réunions annuelles sont utiles à la cause du protestantisme en général; pour nous en convaincre, nous n'avons qu'à nous reporter de dix ans en arrière, et qu'à examiner ce que nous étions alors et ce que nous sommes aujourd'hui. Les protestans français, Dieu en soit béni, ne sont plus isolés les uns des autres ; ils savent qu'ils sont nombreux, et que de la Manche aux Cévennes, se trouvent partout des frères, qui descendent, ainsi qu'eux, de ces pieux protestans échappés, comme par miracle, à la Saint-Barthélemy et aux dragonnades; ils savent que les liens entre les Églises se resserrent de plus en plus ; que les circonstances de l'une intéressent toutes les autres, et que là où le gouvernement n'a pas encore pourvu aux besoins les plus urgens du culte, on peut compter, si les ressources locales ne sont pas suffisantes, et en attendant que l'autorité y satisfasse d'une manière stable, sur les contributions des Églises plus favorisées; ils savent surtout que la prospérité spirituelle de la grande famille protestante de France est de toutes parts l'objet des efforts et des prières de beaucoup de ses membres. C'est parce qu'on songe à tous, qu'on veut voir une Bible dans chaque famille, qu'on répand des traités, qu'on organise des écoles, et qu'on s'occupe de tant d'autres manières à relever cet antique édifice, dont Christ est le fondement, et dont ceux qui croient sont les pierres vives ; c'est parce qu'on songe à tous, qu'on ne se contente pas de prier pour l'Église particulière à laquelle on appartient, mais que, selon le conseil de saint Paul, on prie aussi, afin que la Parole du Seigneur ait un libre cours et qu'elle soit partout glorifiée. (2 Thess. 111, 1.)

Nous désirons que ces réflexions atteignent leur but, et qu'elles persuadent à un grand nombre de nos frères de nous visiter le mois prochain; nous voudrions que dans beaucoup d'endroits les fidèles suivissent l'exemple donné, l'année dernière, par un consistoire qui, convaincu de l'importance des assemblées de Paris pour tous les protestans de France, y délégua, à ses frais, l'un de ses pasteurs; nous voudrions

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là en

que tous ceux à qui leurs moyens pécuniaires, leurs devoirs et les distances le permettent, regardassent comme un privilége de profiter le plus souvent possible de cette liberté, et que, autant que faire se pourra, chaque département où il y a des protestans, ou même chaque Église consistoriale, fût représentée à ces anniversaires : nous n'en sommes pas core, mais peut-être y arriverons-nous un jour; nous voudrions que ceux qui ont l'intention de venir examinassent d'avance ce que, dans les réunions particulières qui se tiennent à la même époque, il convient de proposer à leurs frères, soit dans l'intérêt de leurs propres Églises, soit dans celui de l'Église en général; nous voudrions enfin que, dans toute la France, le temps de ces fêtes chrétiennes fût tout spécialement consacré à prier en public et en particulier pour l'effusion du Saint-Esprit sur l'Eglise réformée de France et pour le réveil de tous ses membres; en sorte que ceux-là même qui ne peuvent entendre raconter toutes les choses que Dieu a faites (Actes xiv, 27), rendent cependant grâces à Dieu, comme cela est juste, de ce que la foi fait de grands progrès, et de ce que la charité abonde de plus en plus, et qu'ils prient afin que notre Dieu accomplisse puissamment tous les desseins favorables de sa bonté et l'œuvre de la foi ( 2 Thess. I, 3, 11). Alors nous verrions bientôt de plus grandes choses qué celles dont nous avons été témoins; car si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? (Rom. vii, 31 ).

Moyen facile de recueillir chaque année, sans peine et sans sacrifice onéreux pour personne, DEUX CENT MILLE FRANCS en faveur de la Société des Missions Évangéliques de Paris.

Le calcul suivant, présenté à la dernière assemblée générale de la Société des Missions, peut être utile à reproduire à l'époque de la rentrée des fonds de nos diverses Sociétés religieuses:

« Je crois qu'il y a en France plus de quinze cent mille protestans, mais, pour ne prendre qu'un nombre hors de toute contestation, bornons-le à un million; un million d'âmes forment deux cent mille familles; supposer deux femmes par famille en état de travailler

de leurs mains, ne serait pas exagéré, mais n'en mettons qu'une ; tenons encore compte largement des positions particulières, faisons la part de l'indifférence, et supposons qu'une femme seulement, sur dix familles, puisse consacrer une parcelle quelconque de son temps à l'œuvre des missions, nous trouverons vingt mille femmes pour travailler. Que chacune de ces vingt mille femmes donne à l'œuvre des missions une heure par semaine; que le travail fait pendant cette heure soit évalué à deux sous, le produit se montera, au bout de l'année, à plus de cinq francs, et le produit total du travail de vingt mille femmes, à plus de CENT MILLE FRANCS. »

Plus loin, l'orateur en parlant de l'utilité des troncs placés dans les maisons et destinés à recevoir des offrandes pour les Missions, reprend ainsi les élémens de son calcul:

«Y aurait-il de l'exagération à penser qu'il pourrait y avoir une de ces boîtes pour dix familles protestantes, c'est-à-dire que vingt mille de ces quêteurs immobiles pourraient faire entendre leur muet, mais éloquent langage, dans toute l'étendue de la France protestante? Y aurait-il de l'exagération à porter à cinq francs par an le produit de chacune de ces boîtes? Ce seraient cependant encore CENT MILLE FRANCS qui se recueilleraient sans peine et sans sacrifice onéreux pour personne. (5° Rapport, p. 54-57.) »

Les chiffres ne sont pas sujets à controverse, que nos lecteurs réfléchissent à ceux qui viennent de leur être présentés, qu'ils cherchent à se rendre bien compte de ce que c'est que l'œuvre des Missions parmi les payens, et qu'ils reconnaissent que si aucun chrétien ne peut rester volontairement étranger à cette œuvre d'amour, de miséricorde et de salut, il n'en est non plus aucun, quelle que soit sa position, qui ne puisse contribuer à ses succès par ses prières et ses offrandes. Combien le prochain départ des trois premiers missionnaires protestans français pour le sud de l'Afrique ne doit-il pas augmenter l'importance de ces réflexions aux yeux de tous nos co-réligionnaires! (Voyez plus bas les NOUVELLES.)

NOUVELLES RELIGIEUSES.

ÉCOLES PARMI LES PAÏENS.-Comme il y a des personnes qui, sans comprendre encore l'importance de la religion, apprécient cependant à

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