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de la loi, et Sara comme une figure de la grâce; et cette réflexion ne conduit - elle pas naturellement à cette conclusion, qu'il y a dans l'Ancien - Testament un beaucoup plus grand nombre de types que ceux dont il est fait directement mention dans le Nouveau ? Est-il possible, par exemple, de ne pas voir dans l'esclavage des Israélites en Égypte, dans leur passage dans le désert, et dans leur entrée dans le pays de Canaan une image aussi juste que frappante de la vie et de la destinée future du vrai chrétien? Mais nous en avons assez dit pour le but que nous nous proposons, sur un sujet où il est très difficile de s'arrêter, lorsqu'une fois on a commencé à l'envisager. Aux types que nous avons indiqués, nous aurions pu, sans nous écarter du texte même de la Parole de Dieu, en ajouter un très grand nombre d'autres tout aussi clairs, et faire voir en particulier comment une foule d'événemens et d'histoires de l'Ancien-Testament prophétisent encore, «comment, comme s'exprime M. Gaussen, les historiens des choses passées deviennent, sans le savoir peut-être, des interprètes de l'a1venir et des prédicateurs de l'Évangile. »

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Enfin Christ se présente à nous personnellement dans l'Ancien - Testament comme dans le Nouveau. Quand l'ÉTERNEL apparut sous une forme visible à Abraham (Genèse, XVIII, 13-33), à Jacob (Genèse, XXXII, 30), à Josué (Josué, V, 14, 15, comparé avec Exode, III, 5), à Gédéon (Juges, VI, 11-24), il apparut sous la forme de son Fils adorable, Dieu manifesté en chair (1. Thimothée, III, 16). La preuve de cette vérité, qui est pour nous hors de doute, nous entraînerait trop au - delà des limites qui nous sont imposées aujourd'hui. Nous pour, rons y revenir; car elle est d'une haute importance pour droite et saine intelligence des livres de l'ancienne alliance. Nous ferons remarquer seulement qu'Ésaïe vit le Seigneur, l'Élernel des armées séant sur son trône (Ésaïe, VI, 1, 3, 5), et que saint Jean déclare qu'Esaïe vit dans cette occasion la gloire de Christ (Jean, XII, 41 ).

la

De tout ce que nous avons dit, il nous paraît résulter d'une manière incontestable pour quiconque a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, la vérité de l'assertion dont nous

sommes partis, savoir que Christ remplit l'Ancien-Testament, et que ce livre divin est cacheté et inintelligible pour ceux qui n'y voient pas Christ. Il n'est donc pas exact de dire que l'Ancien-Testament contient des prophéties; mais il faut reconnaître qu'il est lui-même tout entier une grande et admirable prophétie, dont l'accomplissement est en Christ. Il est inutile de faire remarquer combien cette vue de l'Ancien- Testament est propre à réjouir le chrétien, à le consoler, à affermir sa foi, en lui montrant dans la Bible, non plusieurs dispensations diverses, mais un plan uniqué formé dans les décrets éternels de Dieu pour le salut du pécheur, et se déroulant successivement et majestueusement depuis la première promesse faite à Adam jusqu'à ce dernier livre de la Bible où sont révélées les destinées de l'Église que Christ a rachetée au prix de son sang, jusqu'à la consommation des siècles. Tel est le point de vue, comme nous l'avons déjà dit, qui distingue l'histoire de Risler de toutes les autres histoires de la Bible que nous possédons en français, et voilà la principale raison pour laquelle nous recommandons chaudement cette histoire à nos lecteurs, les assurant qu'ils y trouveront, avec un exposé clair et exact des faits de l'histoire sainte, une immense quantité d'aperçus nouveaux pour eux et qui, avec la bénédiction de Dieu, serviront à leur instruction, à leur édification, et à leur avancement dans la grâce et dans la connaissance de leur seul Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Nous connaissons un pasteur de nos églises pour lequel cet excellent livre a été, entre les mains de Dieu, un instrument de conversion et de vie, et nous le recommandons avec d'autant plus de confiance.

5. Il va sans dire qu'en portant ce jugement sur l'ouvrage de Risler nous le considérons dans son ensemble et dans sa tendance générale, sans pour cela adopter sans exception toutes les applications particulières que l'auteur fait des principes d'après lesquels il a écrit son livre, et que nous partageons pleinement avec lui. C'est ainsi qu'il peut lui arriver d'entrer, à l'égard de quelques types, dans certains développemens plus précis et plus minutieux que nous ne l'aurions peut-être fait à sa place. C'est ainsi encore qu'en parlant du mensonge dont

Rébecca et Jacób se rendirent coupables, il dit (p. 90) que c'est un de ces faits sur lesquels il ne nous appartient pas de hasarder un jugement. Nous pensons à cet égard que ce qui est défendu est toujours défendu, qu'il ne faut pas faire le mal afin qu'il en arrive du bien (Romains, III, 8), et que, lors même que Dieu dans sa bonté tire le bien du mal, le péché ne peut dans aucun cas cesser d'être péché, ni par conséquent d'être coupable devant Dieu et devant les hommes.

Nous ajoutons que des corrections de style assez nécessaires ont été faites dans cette nouvelle édition, et que l'exécution typographique ne laisse rien à désirer. Il-y manque, nous le regrettons beaucoup, une table raisonnée des matières, qui aurait facilité les recherches, et nous ne pouvons terminer sans exprimer le vœu que l'éditeur puisse ajouter ce travail à celui qu'il s'est déjà imposé pour le bien de nos églises.

ESSAI HISTORIQUE SUR L'ÉVANGILE, par L. VULLIEMIN, ministre du saint Évangile. Un vol. in-12, de 270 pages. Genève, 1828. chez Mme Suz. GUERS; Paris, chez H. SERVIER, rue de l'Oratoire, n. 6. Prix: 3 francs.

Cet ouvrage forme, en quelque sorte, le complément de celui de Risler: réunis, ils présentent une histoire complète de lá Bible, jusqu'à l'ascension du Sauveur; histoire dont les deux parties sont liées par un abrégé de l'histoire des Juifs, depuis le prophète Malachie jusqu'à la naissance de Christ, que Risler a ajouté à son ouvrage sous forme de Supplément, et dont nous avons omis de faire mention dans l'article qui précède. M. Vulliemin annonce l'intention où il est de publier un second volume dans lequel il reprendra l'histoire sainte au livre des Ac

et traitera de l'établissement du christianisme et de ses progrès jusqu'au jour où les empereurs romains permirent le libre exercice de la religion de Jésus. Nous désirons qu'il lui soit donné d'accomplir cette tâche utile et instructive; car l'histoire de l'Église de Christ, écrite avec l'esprit de Christ, l'histoire même de l'Évangile, écrite avec l'esprit de l'Évangile, est une chose plus rare qu'on ne pense. S'il existe beaucoup

d'histoires de la Bible et des premiers jours du christianisme, il en est peu, en français surtout, qui soient évangéliques et chrétiennes. Indépendamment de la foi et de la douce piété qui règnent d'un bout à l'autre dans le volume qui nous occupe, l'auteur a su rajeunir son sujet par la manière dont il l'a traité. Depuis le témoignage rendu à Christ par Jean-Baptiste jusqu'à l'ascension du Sauveur, on suit avec un intérêt et une édification qui vont croissant, ce Jésus qui allait de lieu en lieu en faisant du bien, qui n'avait pas un lieu pour reposer sa tête, et qui cependant était le Maître des cieux et de la terre, et mit en évidence la vie et l'immortalité par son Evangile. L'ouvrage est divisé en quatre livres, dont voici les titres : 1o Jésus proclamé aux fils d'Israël comme le Messie: sous ce chef M. Vulliemin traite du précurseur, de la personne de l'Homme-Dieu, et de son premier voyage à Jérusalem; 2o la prédication de Jésus: ici il nous est parlé de sa doctrine, de ses enseignemens dans leur application, de ses paraboles, de sa vie et de ses miracles, 3o les Apôtres et les soixante et dix associés à la prédication du règne de Dieu; 40 la Passion. Vient enfin une conclusion, où il est parlé de la résurrection et de ses suites, et de l'envoi des disciples par leur Maître pour évangéliser le monde, et de l'Esprit qui a dicté les Évangiles. -Nous ne nous occuperons pas ici des faits mêmes dont se compose cette histoire que tout le monde connaît; nous nous bornerons à rendre témoignage à l'esprit dans lequel ils sont racontés, à la manière douce et pénétrante avec laquelle ils sont présentés, et aux excellentes réflexions dont ils sont accompagnés. A ces divers égards, nous ne pouvons mieux faire de citer les morceaux suivans: que

«La terre n'avait jamais vu l'exemple d'un homme dont la vie et les discours offrissent un parfait accord, et qui marchât sur la ligne de ses principes, sans jamais s'en écarter; mais voici que Jésus enseigne une morale telle que l'on n'en saurait imaginer de plus élevée, et toujours l'on voit ses préceptes se reproduire dans sa vie. Ce qu'il commande, il le fait ; ce qu'il conseille, il l'exécute. Il prêche le mépris des richesses, et sa pauvreté est si grande (Luc IX, 58) qu'il n'a pas un lieu où reposer sa tête (Luc VIII, 3), et que, sans le secours de quelques femmes pieuses, il manquerait de subsistance;

il a ordonné l'humilité, et il passe sa vie dans l'état le plus bas, rassasié d'opprobre; il recommande la douceur, et, chose admirable, celui dont le pouvoir se fait obéir dans toute la nature, aucun homme ne l'a craint; il prescrit la pureté, et la sienne est telle que ses disciples sont surpris de le trouver conversant avec une femme (Jean Iv, 27); il exhorte à la prière, et il est continuellement en oraison; il excite à la bienfaisance, et tous ses pas sont marqués par des bienfaits; il enjoint l'amour des ennemis, et sur la croix il prie pour ceux qui l'ont fait mourir (Luc xxi, 34) : « Père, pardonneleur, car ils ne savent ce qu'ils font. » Telle a été la pureté de chacun de ses mouvemens, qu'au milieu même du temple, en présence de la foule et de ses ennemis rassemblés, il s'écrie (Jean vii, 46): « Qui de vous me convaincra de péché? » et qu'à cette parole, qui dans la bouche d'un mortel eût été le comble de l'aveuglement, aucune réclamation ne s'élève; personne n'ose contester la sainteté parfaite qu'il s'attribue. Son exemple était si bien l'image de sa doctrine, que pour savoir ce qu'il enseigne, il n'est pas nécessaire de l'entendre, il suffit de le voir; et que si l'on retranchait de l'Évangile les préceptes qu'il renferme, et qu'on le réduisît aux faits qu'il rapporte, on aurait encore le code d'une morale parfaite (p. 92 ). »

« .... Par un miracle bien différent de ceux que recherchait l'incrédulité de la multitude, déjà le Fils de Dieu est né dans l'obscurité ; nous l'avons vu révéler sa divinité dans ses paroles et dans ses œuvres, par sa vie et par ses discours; nous l'avons vu enseigner les hommes, il fallait encore qu'il mourût pour eux. En effet, il ne suffisait pas que la grâce de Dieu fût promulguée à la terre; il fallait qu'à l'heure où Dieu pardonnerait, sa sainteté fût proclamée aussi bien que ses compassions, et que sa justice fût reconnue sans mesure comme sa clémence; il fallait qu'aucune des perfections du Souverain, aucune de ses gloires, aucun de ses titres à l'adoration ne demeurât couvert d'un voile aux yeux de l'univers; et, pour qu'il en fût ainsi, Jésus a donné sa vie. La majesté du Père a brillé tout entière dans le sacrifice du Fils; la sainteté de ses lois s'est révélée en même temps que l'étendue de sa miséricorde, et, selon la magnifique expression des Écritures, la Justice et la Paix se sont embrassées en Jésus-Christ. Il nous reste à considérer l'accomplissement de cette œuvre d'un amour sans mesure; après avoir reconnu en Jésus le Fils éternel de Dieu, nous sommes venus au moment d'apprendre à le connaître mieux comme le Sauveur, qui nous a rachetés à grand prix; suivons-le donc dans ses souffrances, et nous at1829.-12° année.

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