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dont les dépenses sont les plus considérables, et qui réclame ainsi d'autant plus vivement ses encouragemens et ses généreuses offrandes. Nous voulons parler du pensionnat situé rue des Deux-Portes-Saint-Jean, n° 2, dans le voisinage de l'école d'enseignement mutuel, dont il est une dépendance importante. Formé en 1819 par des dames du Comité de l'École, qui furent frappées des avantages qu'il y aurait à réunir dans un même local et sous une même surveillance plusieurs jeunes filles qu'elles avaient mises en pension dans différentes familles, il n'a cessé depuis d'être dirigé et protégé par elles; chaque année, il a reçu des améliorations, et il serait susceptible d'un accroissement très considérable, si le manque de fonds ne s'opposait à l'exécution des projets du Comité. Faire connaître en peu de mots le bien qui a déjà été fait, nous paraît la meilleure manière de procurer aux directrices du pensionnat les moyens d'en faire beaucoup plus encore.

Depuis dix ans qu'elle est fondée, cette maison a reçu successivement 101 jeunes filles, qui y ont été logées, nourries et formées aux soins du ménage, tandis qu'elles allaient recevoir à l'école l'instruction nécessaire à leur position dans le monde. Le jeudi, jour où l'école est fermée, une des dames du Comité leur donne une leçon de religion. Les directrices se font aussi présenter ce jour-là un rapport exact et détaillé sur la conduite de chacune des élèves, et leur adressent les réprimandés ou les encouragemens qu'elles ont mérités. On sentira encore mieux la nécessité d'un pareil établissement, si l'on réfléchit que les protestans sont tellement disséminés dans cette grande ville, qu'il n'y a comparativement qu'un petit nombre d'entre eux qui puissent profiter du bienfait des écoles protestantes. De quel avantage n'est-il donc pas pour des parens, qui désirent par-dessus tout que leurs filles soient élevées dans leur religion, de pouvoir les placer, à la portée de l'école, dans une maison où leur éducation est mieux soignée qu'elle ne pourrait l'être chez eux, pour la modique somme de 360 fr. par année, ou même pour une somme bien moins considérable encore, puis qu'outre les places entièrement gratuites dont le nombre est nécessairement très borné, il y en a à différens

taux, suivant la position des parens. Un grand nombre de pensions sont aussi payées par des personnes charitables qui trouvent avec raison que le bien le plus sûr et le plus satisfaisant est celui que l'on fait aux enfans et surtout aux jeunes filles, exposées à tant de dangers dans les grandes villes. Les placer dans cet asile, c'est les mettre pour toute leur vie sous la surveillance et la protection des dames qui composent le Comité de l'École. Une circonstance particulière doit exciter en faveur de cette institution l'intérêt des familles anglaises qui habitent Paris : treize des jeunes filles qui en sont sorties ont été placées en Angleterre pour soigner de jeunes enfans, et leur donner l'habitude de parler français; et non-seulement le Comité n'a jamais reçu la plus légère plainte sur aucune d'elles, mais encore leurs maîtres ont été si contens de leurs principes et de leur conduite, que le Comité a souvent reçu plus de demandes qu'il n'en pouvait satisfaire. Il y a dans ce moment au pensionnat 27 jeunes filles; le local ne permet pas d'en admettre un plus grand nombre, et cependant le besoin d'un établissement plus considérable se fait tous les jours sentir. Espérons que les protestans de Paris s'empresseront de répondre à l'appel qui va leur être adressé d'une manière encore plus directe et plus pressante par le Sous-Comité, pris dans le sein du Comité de l'École, qui est chargé spécialement de la direction de cette maison. Le Consistoire de l'Église reformée de Paris vient de lui donner une marque réjouissante de son intérêt, en fondant deux bourses au pensionnat, et en laissant aux dames qui le dirigent le choix des enfans à qui elles seront accordées.

Cette grande assemblée de fidèles qui vient d'avoir ces jeunes filles sous les yeux et qui a prié pour elles, ne voudra pas rester en arrière lorsqu'il s'agit d'étendre les mêmes bienfaits à un plus grand nombre d'enfans. Veuille le Dieu tout bon et tout puissant qui a visiblement béni cette maison pendant dix années, la combler toujours de ses grâces les plus précieuses, et puissent les personnes qu'il a appelées à la diriger être de plus en plus animées de son Esprit, en sorte qu'elles travaillent avant tout à former des femmes chrétiennes, afin de pouvoir se pré

senter un jour devant le trône de l'Éternel, en lui disant : Nous voici, Seigneur, avec les enfans que tu nous as donnés !

Les souscriptions et les dons continuent à être reçus par toutes les Dames du Comité et particulièrement par m:adame J.-J. GUIZOT, rue Bleue, n° 17.

Exemple remarquable de prières exaucées.

On ne saurait trop engager les chrétiens à prier avec instance et confiance pour ceux de leurs parens, de leurs amis, de leurs enfans qui n'ont pas encore goûté combien le joug du Seigneur est doux. La prière faite au nom de Jésus-Christ a une telle efficace, que le chrétien le plus humble peut espérer d'être exaucé, quand il demande à Dieu, avec foi, le salut d'une âme. Il doit se souvenir des nombreuses promesses que le Sauveur fait à la prière dans son Évangile, et ajouter plus de foi à ces promesses, que son indignité ne lui inspire d'inquiétude. Si chaque enfant de Dieu ne cessait de lui demander, au nom de son Fils bien-aimé, l'avancement de son règne dans les cœurs, la conversion des incrédules, les grâces spirituelles dont son Église a besoin, ce concert de prières attirerait sans doute de grandes bénédictions; car Dieu est fidèle, et il exauce abondamment. Nous lisons dans le New-York Observer l'exemple suivant de prières d'un père pour ses enfans, portant d'heureux fruits de salut : « Un vénérable pasteur,mort depuis peu, disait à un jeune ministre de l'Évangile: « J'ai sept enfans, pour lesquels je n'ai cessé de prier depuis « leur naissance; cependant aucun d'eux n'est encore con« verti. Sans doute le peu de foi de mes prières en est la «< cause; mais je suis si persuadé que Dieu peut les exaucer à « l'heure et au moment qu'il le trouvera bon, que je continue« rai à le prier pour eux tant que je vivrai. » Quatre de ses enfans ont déjà été convertis depuis sa mort! >>

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NOUVELLES RELIGIEUSES.

ÉTATS-UNIS. Sanctification du dimanche. — Pétitions adressées au Congrès. Plusieurs Sociétés se sont successivement formées aux États

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Unis pour mettre un terine à la profanation du jour du repos. Les personnes qui en sont membres s'engagent, entre autres choses, à ne pas voyager le dimanche, excepté dans les cas de nécessité, et à ne se servir, autant que possible, que des voitures publiques et des bateaux à vapeur qui interrompent leur service ce jour-là. Une Société générale vient d'être organisée dans le même but à New-York; elle se compose d'amis de la religion et de la morale de toutes les dénominations. Considérant que les armes du chrétien ne sont pas charnelles, mais spirituelles, la nouvelle Société n'emploiera, pour arriver à ses fins, d'autre influence que celle de l'exemple personnel et de la persuasion, en en appelant aux déclarations de la Parole de Dieu, aux lois du pays et à la conscience des chrétiens. - Une autre mesure relative à la sanctification du dimanche a été prise par un grand nombre d'habitans de New-York. Ils ont adressé au Congrès une pétition au sujet du service des postes et de la distribution des lettres et paquets le jour du repos. Ils y rappellent qu'il y a quatorze ans, cent vingt-sept pétitions semblables lui furent adressées par des citoyens de différens États de l'Union. Ces pétitions furent renvoyées au directeur général des postes, qui n'introduisit à ce sujet aucun changement dans son administration; et en effet la question paraît trop importante pour qu'elle puisse être résolue sans le concours direct du Congrès. Les pétitionnaires représenteut que tant que le service des postes ne sera pas légalement interrompu le dimanche, les voyages continueront à être nombreux ce jour-là, les bureaux de poste seront ouverts, les cabinets de lecture fréquentés, les imprimeries actives, enfin que toutes les personnes qui exercent des états qui se rattachent de quelque manière à ce service, seront empêchées par leurs occupations temporelles de sanctifier dûment le dimanche. En peu de jours cette pétition a été revêtue de près de sept mille signatures, et elle a été portée à Washington par une députation spéciale. Des pétitions relatives au même objet se préparent à Boston et dans un grand nombre d'autres villes des États-Unis. On suppose que, pendant la durée de la session, il en sera remis plus de cinq cents, portant la signature de plus de cent mille citoyens; et l'on assure que des millions d'autres en demanderont le succès par leurs prières et leurs vœux. Il paraît que, pour éviter de rien résoudre, un certain nombre de membres du Congrès voudraient, comme en 1814, renvoyer ces pétitions au directeur général des postes; ses sentimens sont, il est vrai, favorables à la demande des pétitionnaires, mais il ne serait pas enclin à prendre sur lui la responsabilité de recommander au Congrès une mesure aussi sérieuse. C'est, à ce que pensent les pétitionnaires, au Congrès seul à prononcer, et des lettres ont été écrites à plusieurs membres par leurs constituans pour leur faire connaître leurs désirs à cet égard. — On a publié en peu de jours un grand nombre d'ouvrages et de brochures sur la sanctification du dimanche.-Des efforts ont en même temps lieu en sens contraire. Une réu

nion s'est tenue, vers la fin de décembre, à Rochester, pour s'opposer au succès des pétitions; mais, même dans cette assemblée, les résolutions prises se ressentent de cet esprit religieux qui domine aux États-Unis. Dans la première on déclare considérer comme le devoir de tout citoyen de s'abstenir le dimanche de tout travail servile, en n'admettant d'excẹption que quand l'accomplissement de ce devoir pourrait porter préjudice aux droits d'autrui, et le service des postes est classé parmi les cas exceptionnels. Le New-York Observer fait observer, au contraire, que tant que le service des postes ne sera pas interrompu légalement, sept mille six cent cinquante et un maîtres de poste seront forcés de tenir leurs bureaux ouverts pendant une partie du dimanche; que deux à trois mille conducteurs de voitures publiques, autant d'aubergistes et de garçons d'auberge, seront empêchés d'assister au culte public; que mille congrégations chrétiennes et beaucoup de milliers de familles seront troublées dans leurs dévotions par le bruit et la confusion des voilures, etc., et tout cela dans le seul but de recevoir les lettres le dimanche, et de pouvoir, ce jour-là, occuper son esprit de choses dont Dieu veut qu'il ne soit pas occupé pendant le jour qu'il s'est réservé. Le New-York Observer ajoute qu'à Londres, où il y a un million deux cent mille habitans, et où les affaires sont si importantes, la fermeture des bureaux de poste le dimanche se concilie parfaitement avec une grande prospérité publique. Quel que soit le résultat des efforts des chrétiens des États-Unis, nous ne pouvons que nous réjouir de la vie spirituelle dont ils sont la preuve, et nous serions heureux de voir le dimanche tellement sanctifié en France que l'abus contre lequel ils s'élèvent, et qui existe aussi chez nous, contrastât avec l'emploi général de ce saint jour.

CANADA.-Opposition à la distribution de la Bible. On trouve dans le Bas-Canada un grand nombre de descendans d'anciens colons français, qui paraissent y être venus autrefois de la Normandie. Ils demeurent surtout sur la rive septentrionale du fleuve Saint-Laurent, depuis Montréal jusqu'à Québec. Ils ont conservé la langue de leur mère-patrie. Les lois civiles qui les régissent sont les coutumes de Paris antérieures à l'an 1666. Ils professent la religion catholique, et y paraissent très attachés. Un ecclésiastique anglais, M. Lusher, qui a passé quelque temps parmi eux, assure que leurs prêtres sont animés contre la lecture de l'Écriture sainte des mêmes préventions que les membres du clergé catholique en Europe; ils détournent le peuple de lire la Bible, et on en a vu quelquefois brûler les exemplaires qu'ils pouvaient retirer des mains de leurs paroissiens. M. Lusher, possédant un certain nombre de Bibles et de Nouveaux-Testamens français, demanda à l'archevêque de Québec, dans une audience qu'il en obtint, la permission de les distribuer. Il lui avait envoyé d'avance un Nouveau-Testament catholique, de la version de Sacy, et une Bible entière, de la version d'Ostervald, pour les exa

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