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miner. L'archevêque le reçut ainsi qu'un ministre de l'Église indépendante, qui voyageait avec lui, entouré de son clergé; mais tout en rendant justice à l'élégance et à l'exactitude de la version de Sacy, il déclara ne pouvoir approuver la distribution générale de la Bible, parce qu'il était dangereux de permettre aux fidèles d'examiner eux-mêmes quelles doctrines y sont révélées et quels devoirs y sont prescrits. Il ajouta qu'il ne pourrait autoriser la distribution du volume sacré, que s'il était accompagné de notes tirées des écrits des saints Pères, et conformes à la tradition de l'Église, qui prévinssent toute fausse et dangereuse interprétation. M. Lusher a en conséquence dû se borner à répandre la Bible dans le Canada sans l'appui du clergé catholique; peu importe que les hommes favorisent sa distribution ou s'y opposent, pourvu qu'elle ait lieu.

GRECE.-Le docteur Bialloblotzky, d'abord répétiteur de la faculté de théologie, puis pasteur-adjoint de l'Église de Saint-Jacob, à Gottingue, qui a été forcé, en 1827, par l'autorité supérieure, de se démettre de ses fonctions, à cause des réunions d'édification qu'il avait établies, et qui s'est ensuite attaché à la Société des missions Wesleyennes de Londres, vient de partir pour Zante, en qualité de missionnaire. Il se propose de s'occuper particulièrement de la théologie des Grecs, de leur faire connaître, par des publications nouvelles, les Pères de leur Église, dont les œuvres leur sont tout-à-fait inconnues, et de traduire en grec moderne quelques-uns des meilleurs ouvrages allemands, entre autres l'excellente Histoire ecclésiastique du professeur Néander. C'est ainsi les obstacles que dans un pays à que l'on oppose la prédication de l'Évangile, servent ordinairement à ce que du Seigneur se répande dans un autre par le ministère de ceux qu'on voulait empêcher de l'annoncer dans leur patrie.

la Parole

PORTUGAL. Le patriarche de Lisbonne vient de publier un mandementqui montre avec quelle rigueur le clergé exige en Portugal l'observation du carême. En voici les dispositions principales : Toutes les boucheries du Portugal, à l'exception de trois, seront fermées pendant tout le carême; il ne sera vendu de la viande que pour les malades, et sur le vu d'une ordonnance d'un médecin. L'achat de la bulle devient obligatoire pour tous les Portugais. Des visites domiciliaires auront lieu dans toutes les maisons pour s'assurer que cette obligation a été remplie. Chaque fois qu'un agent de la police en exigera l'exhibition, on sera tenu d'y déférer, sous peine d'arrestation.

PRUSSE.—Instruction des Juifs dans le christianisme.— Un grand nombre de Juifs du grand duché de Posen viennent depuis quelque temps à Berlin, pour s'y faire instruire dans le christianisme; la plupart d'entre eux ont, pour la première fois, été rendus attentifs à l'Evangile de

Jésus-Christ par les missionnaires Haendes et Ball, que la Société prussienne pour la conversion des Juifs a envoyés dans leur pays natal. Après le départ des missionnaires des endroits où ces prosélytes demeurent, ceux-ci, privés de tout rapport religieux, et sentant cependant le besoin de connaître mieux cette doctrine de salut qu'ils ont entendu prêcher, se décident souvent à chercher au loin une instruction plus complète, et choisissent naturellement Berlin pour leur nouveau séjour, parce qu'ils savent que c'est en Allemagne le point central, d'où partent les efforts pour amener Israël à la connaissance du Messie. Le Comité de la Société, considérant le grand nombre de Juifs qui désirent être instruits, et la difficulté qu'il y a pour eux à l'être par les pasteurs ordinaires, dont les fonctions sont déjà si multipliées, a sollicité de S. M. le roi de Prusse, et en a obtenu l'autorisation de créer une place de pasteur spécial pour les Juifs. Il prêchera tous les dimanches pour eux, les admettra à des réunions de lecture de la Bible, et établira une école pour leurs enfans. Les magistrats de la ville ont accordé l'église de l'hôpital du Saint-Esprit pour ces divers exercices.

· Conventicule à Iserlohn.—Onvoit à Iserlohn, ville de fabrique du comté de la Marche, comme dans presque toutes les villes commerçantes, un grand nombre d'hommes qui ne connaissent pas de devoirs plus élevés que celui de gagner de l'argent, pas de joies plus nobles que les jouissances matérielles. Les ouvriers y peuvent gagner facilement assez d'argent, et ils résistent rarement aux tentations multipliées qui s'offrent à eux de le dépenser aussi vite qu'ils l'ont gagné. Le penchant au mal se développe ainsi d'une manière effrayante, et ceux qu'aucun avertissement ne vient arrêter dans cette dangereuse carrière, deviennent enfin étrangers aux pensées et aux sentimens religieux. Il y a environ deux ans qu'un prosélyte nommé B*** arriva dans cette ville; il était parvenu au christianisme à travers beaucoup d'obstacles et de persécutions, et par cette raison-là même il l'aimait d'un amour que ne connaissent point la plupart de ceux qui sont nés dans les Églises chrétiennes. Il travaillait dans une manufacture, et il vit et entendit parmi les autres ouvriers bien des choses qui lui inspirèrent le désir de parvenir à exercer quelque influence sur eux. Il les engagea à venir chez lui après souper, pour s'appliquer sous sa direction à l'écriture et à l'arithmétique, et il ne leur demanda aucune rétribution. Il y en eut plusieurs qui acceptèrent sa proposition, et B*** profita de cette occasion pour lire tous les soirs quelques chapitres de la Bible avant la leçon d'écriture et de calcul. Tel fut le commencement du conventicule qui existe encore à Iserlohn. Il n'y vint d'abord que des jeunes gens, mais il se joignit peu à peu à ce petit noyau des hommes faits qui ne venaient pas pour écrire et pour calculer, mais pour entendre la lecture de la Bible, qui devint ainsi, au bout de peu de temps, le seul but de la réunion. Les autorités eurent alors les yeux sur le conventicule. Mais bientôt la plupart des habitans d'Iserlohn, non

contens de manifester l'aversion la plus marquée pour ces réunions, travaillèrent à les empêcher. Elles furent représentées sous le jour le plus faux, et tournées en ridicule dans un article de l'Indicateur de Westphalie, et cet article fut général ement attribué à un habitant d'Iserlohn. Les fabricans qui avaient donné de l'ouvrage au prosélyte B*** le lui retirèrent, et la police exigea qu'il justifiât de ses moyens d'existence, ou qu'il quittât la ville. On venait de lui enlever les moyens de travailler, et il aurait probablement été obligé de céder à la haine excitée contre lui, si un riche marchand, qui se fait un honneur et une joie de se déclarer disciple de Christ, n'avait pris cet opprimé à son service, et ne l'avait ainsi soustrait à la persécution. Les réunions qui furent soumises à divers réglemens de police durent encore, et elles sont bénies de Dieu. Plusieurs des habitans les plus considérés de la ville ne se montrent plus aussi prévenus contre elles, tandis que d'autres manifestent toujours la même haine et la même opposition. Les amis de l'Évangile ont lu avec peine les observations qu'a faites en passant, mais évidemment avec intention, sur les conventicules, la Société Biblique d'Iserlohn dans son treizième rapport qui vient de paraître. Après avoir recommandé de lire la Bible dans les dévotions domestiques, on ajoute, page 12: « On satisfera ainsi à un besoin qui se fait sentir, d'une manière plus convenable que dans ces conventicules qui nous paraissent un moyen-terme superflu et même nuisible entre les dévotions domestiques et celles de l'Église, et sur lesquels nous ne voulons pas nous permettre de porter un jugement plus étendu dans cette occasion. » L'auteur appelle plus bas ces conventicules une «extension contre nature » du culte domestique, tout en ajoutant bientôt après, qu'il va sans dire que «l'ami de la maison » peut se joindre à ce culte ; et il se contredit ainsi manifestement, puisque les conventicules, qu'il traite si mal, ne sont, à proprement parler, que le culte domestique auquel des amis viennent prendre part; car il ne voudrait sûrement pas déterminer, à la rigueur, quel doit être le nombre de ces amis. Il nous semble aussi que l'auteur n'a pas réfléchi qu'il y a à Iserlohn comme ailleurs, des hommes, et même des pères de famille qui ne savent pas lire du tout, ou du moins qui ne lisent pas assez bien pour diriger le culte domestique dans leurs maisons. Il faut aussi considérer que l'expérience a démontré que les réunions qu'on attaque ainsi ont souvent amené le rétablissement du culte domestique, ce qui n'est guère arrivé par l'effet des seules recommandations des rapports de Sociétés Bibliques. Et enfin il y a dans Leaucoup de familles mondaines, qui ne veulent pas entendre parler du culte domestique, des individus qui s'appliquent de tout leur cœur à la seule chose nécessaire, et qui se réjouissent de trouver l'occasion de nourrir leur piété dans des réunious d'amis chrétiens. On doit s'étonner qu'une Société Biblique, qui devrait voir avec joie la Bible se répandre de plus en plus et être toujours mieux appréciée, puisse regarder comme

superflues, et même comme nuisibles, des réunions dans lesquelles on lit la Bible, lors même qu'il y aurait des exemples isolés de quelques abus. (Gazette Evangélique de Berlin.)

-

Institution Biblique de Halle. Nous avons dernièrement entretenu nos lecteurs de cette Institution, fondée en 1712 par Canstein, et dirigée pendant quelques années par Francke; nous pouvons aujourd'hui leur dire que le nombre total des livres saints sortis des presses de cet établissement depuis sa fondation, est de 2,390,986 Bibles, et 1,060,714 Nouveaux-Testamens. Dans la seule année 1827-1822, ses directeurs ont mis en circulation 34,000 Bibles et 20,000 Nouveaux-Testamens. Ces indications complètent ce que nous avons dit de l'Institution Biblique de Halle, dans notre livraison de février. ( Archives, vol. xII, pag. 71.)

SAXE.-Lévi Wolff, frère du missionnaire Joseph Wolff, a renoncé au judaïsme en Bohême, où il était lecteur dans une synagogue. Il est venu se fixer à Dresde, avec sa femme, qui partage ses dispositions chrétiennes, et se fait instruire dans la connaissance de l'Évangile par M. Goldberg, qui est lui-même un israëlite converti, et qui est attaché comme missionnaire à la Société de Londres pour la conversion des Juifs.

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SUISSE. Nouveaux détails sur l'affaire de Payerne.-Le Nouvelliste Vaudois contient dans ses numéros des 13 et 20 février de nouveaux renseignemens sur la persécution qu'a éprouvée à Payerne une personne qui présidait le 5 janvier dans cette ville une réunion de prière en faveur des missions. Cette personne est M. Alexandre Lenoir, de Villeneuve, agriculteur et propriétaire, âgé de trente ans, marié, et père de trois enfans, qui paraît avoir été chargé par plusieurs membres de l'Église dissidente du Canton de Vaud, assemblés à Lausanne le 7 novembre 1828, de visiter divers endroits du Canton, pour y annoncer l'Évangile. Parti de Villeneuve le 2 décembre, M. Lenoir se rendit successivement à Ballaigue, à Orbe, à Yverdon, à Moudon et à Corcelles, et arriva à Payerne le 5 janvier. Le Nouvelliste Vaudois raconte comme il suit ce qui se passa dans cette ville : « Il entra à trois heures de l'aprèsmidi chez le tailleur Buache, en Glatigny, qui l'avait invité à goûter, et y resta jusqu'à huit heures et demie du soir. M. Lenoir rend compte de la manière suivante comment il a passé ce temps : « Sur le soir, » dit-il, «< est entré Louis Rossier, cordier, qui, après un peu de conver«sation, m'a demandé de lui apprendre l'air d'un cantique qu'il avait << apporté; pendant le chant, on a proposé de lire la Bible et de prier « pour l'œuvre des missions, en joignant nos prières à celles des autres <«< assemblées qui ont lieu ce jour-là dans les principales villes de notre « Canton. et en général dans l'Europe. C'est moi qui ai lu et prié. » D'un autre côté, il résulte des dépositions de la plupart des personnes qui se sont trouvées à cette réunion, qu'elles s'y sont rendues dans le seul but

il

de prier pour les missions. Sur ces entrefaites un attroupement tumultueux s'étant formé devant la maison Buache, M. le juge de paix en fut averti vers les huit heures et demie, et s'y rendit aussitôt. Il vit qu'en effet il y avait devant cette maison un grand nombre de personnes qui paraissaient violemment agitées, et qu'il invita à se retirer. Il entra ensuite dans la maison, où il trouva plusieurs personnes étrangères à la famille Buache, et qui se retirèrent sans aucune sommation pendant qu'il prenait le nom du missionnaire. M. Lenoir ayant été conduit à l'audience de M. le juge de paix, ce magistrat lui fit l'observation qu'il se trouvait dans le cas prévu par l'article 2 de la loi du 20 mai 1824, et il l'invita à donner caution pour la somme indiquée à l'article 4. (600 fr. outre les frais.) M. Lenoir répondit qu'il ne pouvait pas fournir une caution; en conséquence il fut conduit à la chambre d'arrêt. Le tribunal de district prit connaissance de cette affaire le 10 janvier. Ce jour-là, l'huissier chargé de conduire le détenu à l'audience ayant fait rapport que celui-ci se trouvait indisposé, la commission d'enquête décida de se transporter à la prison dite l'Ermitage, pour l'interroger. L'interrogatoire terminé, M. le docteur Muller fut chargé de donner ses soins au détenu, qui paraissait avoir une légère indisposition, et l'on décida qu'il serait transporté dans une chambre chaude à l'hôpital. Le 13 janvier, le tribunal reçut une lettre d'un particulier d'Yverdon, offrant son cautionnement, qui fut refusé, la position et la fortune de cette personne, qui n'était pas domiciliée dans le district, n'étant pas connues du tribunal. Le 29 janvier, M. Rapin, municipal à Corcelles, ayant offert son cautionnement, le tribunal l'accepta, et M. Lenoir fut remis en liberté. »

Après avoir rapporté ces faits, le Nouvelliste Vaudois remarque que M. le juge de paix a pu être embarrassé dans l'exercice de son office par la complication de l'objet de la réunion, qui est légal, et le caractère avoué de dissident de celui qui la présidait, M. Lenoir ayant déclaré qu'il appartenait à la secte vaguement désignée dans la loi du 20 mai 1824. Il en conclut que rien n'est embarrassant coinme l'exécution d'une loi vicieuse dans son principe, et ajoute, à l'occasion des mauvais traitemens que la populace a fait éprouver à l'accusé : « On ne saurait insister avec trop de force sur l'illégalité des voies de fait que le peuple se permet çà et là dans notre canton contre des gens dont les opinions ne sont pas de son goût. Ces sortes de voies de fait, qui annoncent chez un peuple l'oubli des premiers principes de la justice et la grossièreté des mœurs, procèdent toujours de quelque passion aveugle et violente, et peuvent, par conséquent, avoir pour celui qui en est l'objet des suites funestes et lui causer même des maux irréparables. La répétition de scènes de ce genre nous oblige à appeler l'attention des autorités sur une partie si importante des mœurs publiques et de l'ordre public. Il y va de la moralité du peuple, de la sûreté des citoyens, de la justice et de l'honneur du canton. »

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