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elle n'est cependant que de 1 sur 16 malades, tandis que dans les hôpitaux elle est ordinairement de 1 sur 12, ce qui prouve combien les soins donnés à domicile à des malades entourés de leurs familles et exempts d'inquiétude sur leur subsistance, sont plus efficaces que ceux qui sont administrés dans les hospices à des malheureux que la pensée que leurs enfans manquent de pain prive de tout repos.

L'assemblée générale de la SocIÉTÉ DES TRAITES, RELIGIEUX avait réuni encore plus de monde qu'à l'ordinaire. Après la prière faite par M. le pasteur Marron, M. Stapfer a ouvert la séance par un discours où il s'est attaché à combattre les personnes qui, tout en accordant leur appui à cette Société, et en approuvant quelques-uns des traités qu'elle public, reprochent à quelques autres une couleur mystique. Il a réfuté victorieusement cette objection en montrant que, d'après l'ac, ception ancienne et naturelle de ce mot, le mysticisme est tout-à-fait opposé au christianisme, puisque le premier se compose d'idées vagues et abstraites, tandis que le second repose sur des faits; que le mystique prétend arriver à la connaissance de Dieu et des choses divines par une vue intérieure de l'esprit, par une intuition immédiate, tandis que le chrétien puise sa croyance dans l'Écriture - Saintes que le secours du Saint-Esprit, qu'il implore pour la comprendre et pour avoir la force de mettre en pratique les saints commandemens qu'elle renferme, n'est pour lui la source d'aucune notion nouvelle, d'aucun supplément à la Révélation divine, «Mais, ajoute M. Stapfer, si les personnes qui nous accusent « de mysticisme détournent ce mot de sa signification primitive, si elles entendent par-là les doctrines qui sont, selon << nous, les doctrines vitales du christianisme, telles que la « nécessité de devenir une nouvelle créature en Christ pour «être admis dans la cité de Dieu, et obtenir les priviléges de «ses enfans, la justification par la foi, la régénération par la grâce divine, la conversion enfin, mot dur à l'oreille de « l'homme, parce qu'il commande dans ses maxiines et dans «ses sentimens une révolution qu'il voudrait pouvoir s'épargner en la remplaçant par une demi-réforme, ou par des

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« compensations encore plus impuissantes et trompeuses; si « c'est là ce dont on blâme surtout la répétition dans nos trai«tés, nous passons condamnation, et nous nous avouons

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mystiques avec les apôtres de Jésus-Christ. »

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Après cet excellent discours, qui a été écouté avec une profonde attention, M. Henry Lutteroth, l'un des secrétaires, a lu le rapport. Il a montré que le chrétien éprouve le besoin de répandre la vérité dont il a reconnu tout le prix, qu'ayant trouvé dans la Bible un Sauveur, il brûle du désir de le faire connaître aux autres; il a ajouté que ce caractère distinctif du christianisme se retrouve tout entier dans la Société des Traités Religieux. Cette Société a publié, pour la quatrième fois, l'Almanach des Bons Conseils, et seize nouveaux Traités, c'est-à-dire huit de plus que l'année dernière. Entre plusieurs exemples du bien produit par la lecture de ces petits écrits, cités par M. le Rapporteur, nous avons remarqué le fait sui vant : « Le pasteur d'une de nos églises de la campagne, con« vaincu qué ses paroissiens pouvaient tirer du Traité n° 43, « le Culte domestique, autant de profit que d'un sermon, a eu ་ l'idée de le lire un dimanche en chaire. Le soir il traverse le « village. Quel n'est pas son étonnement, en passant auprès a de plusieurs chaumières, d'entendre les chefs de famille lire « à haute voix dans la Bible, et célébrer pour la première « fois le culte domestique ! Ce que beaucoup d'exhortations et « de conseils n'avaient pu obtenir, la lecture de ce Traité l'a«vait produit. Grâces à Dieu, a ajouté M. le Rapporteur, ce « hameau reculé n'est pas le seul lieu en France où les habi« tudes de la piété reprennent le dessus! Dans beaucoup de à villes', et dans cette capitale en particulier, il est un grand « nombre de maisons où l'autel domestique est de nouveau «dressé, et où l'on comprend enfin combien est glorieux le « privilége des chrétiens de pouvoir s'écrier avec David: Quelle est la nation si grande qui ait ses dieux près de soi, « comme nous avons l'Eternel notre Dieu près de nous! » ;

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Nous félicitons le Comité de l'heureuse idée qu'il a eue de publier des Traités en allemand, puisque cette langue est plus familière que le français aux nombreuses populations des dé

partemens qui bordent le Rhin. Quant à l'idée que M. le Rapporteur a exprimée, non comme un plan arrêté, mais comme un projet dont le Comité examinera la convenance, d'imprimer des Traités dans les divers idiomes de France, et en particulier en languedocien, nous pensons qu'en y réfléchissant davantage, il y renoncera. Ce serait une tâche fort difficile que celle d'écrire la plupart de ces patois, qui n'ont point d'orthographe arrêtée, et qui tiennent tellement aux localités que beaucoup d'expressions d'un usage habituel à Nîmes, ne sont point comprises à Cette ou à Montpellier. Les paysans eux-mêmes, qui ont appris à l'école à lire le français, auraient beaucoup plus de peine à déchiffrer un langage qui n'a jamais été présenté à leurs yeux; et d'ailleurs, bien loin d'encourager ces idiomes différens, qui rendent un Français étranger en France, nous croyons qu'on doit, autant que possible, s'efforcer d'y substituer peu à peu le français. Les progrès immenses, qui se sont faits à cet égard depuis une cinquantaine d'années, sont un sûr garant des succès plus grands encore qu'on obtiendra à mesure que l'on verra se multiplier les écoles où l'on forcera les enfans à parler français. Il y a deux générations que, dans le Languedoc, on parlait patois dans les réunions de société; aujourd'hui les enfans des écoles des grandes villes, et même de beaucoup de villages, entendent et parlent le français suffisamment bien pour comprendre ce qu'ils lisent, et quelquefois même pour en rendre compte. Nous sommes convaind'ailleurs, qu'à quelque parti que s'arrête le Comité, dont les travaux sont conduits avec beaucoup de prudence, il se règlera sur les conseils qu'il aura recueillis dans les localités mêmes auxquelles les Traités écrits dans ces divers idiomes seraient destinés.

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M. le Rapporteur a exprimé des regrets, qui seront partagés par tous nos lecteurs, sur la perte que la Société a faite de l'un de ses dépositaires, M. Félix Neff, qu'il a appelé, à bon droit, l'Oberlin des Hautes-Alpes, et qui est mort le 12 avril à Genève. Nous ne pensions pas, quoique le sachant atteint d'une maladie grave, qu'il serait sitôt enlevé à l'Église de Jésus-Christ, quand, dans une de nos dernières livraisons,

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nous donnions des éloges bien mérités à deux Méditations qu'il avait publiées depuis peu. « Pasteur d'une Eglise de quinze à << dix-huit lieues de diamètre, qui a environ douze anà plusieurs desquelles on ne peut arriver que par « des chemins de chèvre, a dit M. le Rapporteur, il n'avait « aucune demeure fixe, il ne couchait jamais trois fois dans le « même lit, il se promenait de montagnes en montagnes pour « visiter ses paroissiens, dont quelques-uns habitent des villages où, comme en Groënland, on ne voit pas de trois à << quatre mois le soleil, tant les montagnes sont hautes et rap<< prochées. >>

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M. Guillaume Monod, pasteur à Saint-Quentin, a demandé l'impression du Rapport. Faisant allusion à la pauvreté de la Société, qui n'a que 19 fr. 22 c. en caisse, il a dit qu'elle sera certainement soutenue, puisqu'elle est fidèle, puisqu'elle proclame, sans se lasser, ces doctrines qui séparent, non les chrétiens d'avec les chrétiens, mais les chrétiens d'avec le monde. Il trouve un grand avantage à prêter les Traités, et à les faire passer ainsi de mains en mains, d'un bout de la ville à l'autre ; il y a des jours où il en met plus de cinquante en circulation, et leur influence se montre par le nombre toujours croissant de personnes qui assistent au service divin.

M. le baron D'Ounous, membre de la Chambre des Députés, a présenté les comptes de la Société, en sa qualité de trésorier. Les recettes provenant des ventes et des souscriptions s'élèvent, réunies au solde en caisse le 22 avril 1828, à la somme de 12,007 fr. 02 c., et les dépenses étant de 11,987 fr.: 80 c., il ne reste disponible que le petit solde que nous avons indiqué plus haut. La Société a distribué cette année plus de 300,000 Traités, ce qui présente sur l'année dernière une augmentation de 130,000; depuis sa fondation, elle en a mis en circulation tout près d'un million. M. le trésorier espère qu'elle sera suffisamment soutenue pour pouvoir poursuivre avec une activité toujours croissante des travaux qui ont déjà produit tant de bien.

M. Grand-Pierre a exprimé combien il était frappé de la petitesse des moyens que la Société emploic, et de la grandeur

des résultats qu'elle obtient; d'un côté, de petites brochures à 1 ou 2 sous; de l'autre,, ce changement, des cœurs et des volontés que nous leur voyons opérer, parce qu'ils contiennent la Parole de Dieu. Après avoir comparé la manière dont cette Parole a agi dans la création, avec celle dont elle agit dans la régénération, où elle crée de nouveaux mondes spirituels en mettant dans les cœurs qu'elle a touchés de nouvelles volontés, de nouvelles affections, un nouvel ordre d'idées, M. GrandPierre a proposé un vote de remercîmens aux Sociétés et aux individus qui coopèrent à cette œuvre basée elle-même sur la Parole de Dieu.

M. le comte Ver-Huell, pair de France, a appuyé ce vote, en racontant comment les Traités parviennent dans les hameaux les plus écartés, sont lus et relus pendant les longues soirées d'hiver, et produisent dans les familles les sentimens et les habitudes de la piété, l'union et la paix. Il a insisté de nouveau sur les grands avantages que les chrétiens peuvent tirer de l'Ancien Testament, a rappelé quelques découvertes récentes qui confirment les nombreuses preuves de leur authenticité qu'on possède déjà; et, en témoignant sa joie de ce que le Comité a publié sur les rapports de l'Ancien Testament avec le Nouveau un Traité extrait du grand ouvrage d'Abbadie, il a exprimé le vœu d'en voir publier encore d'autres du même genre.

M. Martin, ancien pasteur à Bordeaux, a répondu aux remercimens votés aux Sociétés auxiliaires, en insistant sur la nécessité de ne pas se laisser détourner de faire le bien par l'opposition du monde, ni surtout par l'opposition, bien plus redoutable. que chacun trouve dans son propre cœur contre la sainteté des lois de l'Évangile.

M. Frédéric Monod, pasteur à Paris, a communiqué à l'assemblée une lettre qu'il a reçue d'un anonyme, qui, touché des efforts que font les chrétiens des États-Unis pour mettre un terme à la profanation du dimanche, et affligé de ce que ce saint jour ne semble en France se distinguer des autres que par plus de dissipation et de péchés, adresse au Comité une somme de 200 fr. qu'il destine à être donnés en prix à l'auteur

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