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qu'au trouble de la conscience, depuis les contrariétés et les désappointemens jusqu'à la perte de ceux qu'on aime! Quelle lutte inégale entre l'homme et les événemens de la vie ! Celui qui est rentré dans l'ordre, en acceptant la réconciliation que le Médiateur lui offre de faire entre lui et son Dieu, découvre partout le désordre et le malheur que produit un état d'éloignement de Dieu. Plus il reconnaît que celui qui suit Jésus n'est pas dans les ténèbres, plus ces ténèbres le frappent chez ceux qui ne suivent pas Jésus, et plus aussi son désir augmente de les voir quitter le train de ce monde pour devenir des enfans de lumière.

nous aurions

Pourquoi est-il si difficile aux hommes de croire à la puissance de Dieu pour changer les cœurs? Les conversions sont aujourd'hui si fréquentes qu'on n'a pas de peine à rencontrer des personnes qui aient éprouvé un tel changement, et qui soient prêtes à le certifier en disant : « Voilà ce que nous étions; mais maintenant les choses vieilles sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » Pour nous, peine à compter les conversions dont nous avons été témoins dans le cercle de nos connaissances, et dont nous bénissons Dieu. Des âmes que nous avions connues bien légères, bien attachées à la figure de ce monde qui passe, nous les avons vues s'en détacher et devenir sérieuses. D'autres s'inquiétaient et se troublaient pour beaucoup de choses; une seule chose les maintenant. D'autres encore étaient plongées dans les angoisses les plus douloureuses; des maux de tous genres les accablaient; il n'y avait pas de repos pour elles, et la vie leur était devenue ennuyeuse, à cause des maux qui sont sous le soleil. Ces âmes si agitées, nous les avons vues acquérir une paix qui surpasse toute intelligence et cette joie habituelle qui est un des dons de l'Esprit. Nous pourrions citer des conversions plus remarquables encore : des personnes qui avaient toujours vécu dans les habitudes de la piété, qui étaient assidues au culte, qui remplissaient leurs devoirs de leur mieux, et qui étaient généralement animées de ces bonnes intentions. qui font souvent qu'on est tranquille sur son salut, se sont réveillées tout à coup comme d'un profond sommeil, et ont re1829.-12° année.

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connu que jusqu'alors, tout en ayant bruit de vivre, elles étaient mortes en effet; elles ont senti un changement total dans leurs affections, qui a eu pour suite un changement correspondant dans leur langage et dans leurs œuvres. Dira-t-on qu'elles se sont trompées en sondant les replis de leur âme, ou que nous nous sommes trompés en en jugeant par ce qui paraissait au dehors? Ah! plutôt qu'on prenne, en main l'Écriture Sainte, et qu'on se laisse convaincre par ce qu'elle déclare sur l'égarement des hommes, sur le voile épais qui recouvre leurs cœurs, et sur la grâce divine qui peut seule ôter ce voile, afin que le soleil de justice, qui porte la santé dans ses rayons, échauffe l'âme et l'éclaire!

Nous renvoyons nos lecteurs au sermon même pour des développemens dans lesquels nous ne pouvons entrer ici : ils y trouveront les grandes vérités de la foi exposées avec tout le talent de M. Gaussen.

VARIÉTÉS.

Assemblée gÉNÉRALE DE LA Société pour L'INSTRUCTION
ÉLÉMENTAIRE.

LA SOCIÉTÉ POUR L'INSTRUCTION ÉLÉMENTAIRE a tenu sa séance annuelle, le dimanche 17 mai, à l'Hôtel-de-Ville, dans la salle Saint-Jean. La réunion était nombreuse, et jamais on n'avait eu lieu d'être aussi satisfait. Les progrès ont été très grands pendant le cours de 1828, et tout annonce que 1829 présentera des résultats encore plus remarquables. Cette Société a eu ses temps de défaveur et de détresse ; elle a partagé la disgrâce qui a pesé, pendant quelques années, sur tout ce qui était bon et utile; maintenant espérons que ses anniversaires continueront à être des jours de fête. Il appartenait à ceux qui ont lutté contre les orages de proclamer le triomphe, et cette réunion ne pouvait être plus convenablement présidée que par M. le duc de Doudeauville, l'un des fondateurs de la Société et de ses appuis les plus fermes et les plus constans. Dans le discours par lequel il a ouvert la séance, il a rappelé

les jours d'épreuve avec un ton de modération qui faisait res sortir d'une manière plus frappante les torts dont on s'est rendu coupable envers une institution qui n'a repoussé les attaques de ses adversaires qu'en continuant à répandre des bienfaits. Après les défaites sont venues les victoires; le nombre des souscripteurs a plus que triplé. Le bien qu'a produit la Société ne s'est pas borné à Paris, ni même à la France; dans les pays étrangers on a formé des associations sur le même modèle, on a sollicité des conseils. « Continuons, » a dit en finissant M. le président, « à préparer à la France des a citoyens éclairés et vertueux. L'assiduité est la science de « ceux dont le travail est la richesse, et les principes moraux « et religieux sont le lien des familles et la base la plus solide « de la prospérité des Etats. »

Après ce discours, des enfans tirés des différentes écoles de Paris ont exécuté plusieurs morceaux de chant, sous la direction de M. Wilhem, avec un ensemble qui fait honneur à leur maître. Nous croyons qu'il eût mieux valu s'en tenir aux chœurs, et ne pas faire chanter un enfant tout seul devant un public si nombreux; c'est exciter beaucoup trop l'amourpropre, et peut-être aussi risquer de pousser les enfans vers des professions dangereuses pour leur moralité.

Le Rapport lu par M. Charles Renouard a été écouté avec beaucoup d'intérêt. Formée en 1814, au moment où les communications avec les autres pays venaient de se rouvrir, la Société pour l'instruction élémentaire a revendiqué pour la France cet enseignement mutuel qui y était né, mais qui n'avait prospéré que dans la terre étrangère. Dans les différens ministères qui se sont succédés depuis cette époque, la Société a compté des amis, des indifférens, des adversaires secrets, et enfin des ennemis déclarés; « elle ne peut s'étonner, a « dit M. le Rapporteur, de voir s'élever contre elle ceux qui « voient dans l'ignorance la plus sûre gardienne de la vertu, « et qui s'imaginent que Dieu a donné à l'homme la faculté « de penser afin qu'il pensât le moins possible. » Pour faire comprendre d'un coup d'œil les vicissitudes qu'a éprouvées Ja Société, M. Renouard a présenté le tableau du nombre de

ses membres et de la quotité des recettes, année par année. Il en résulte qu'elle avait 317 membres en 1815, que ce nombre était monté jusqu'à 674 en 1818, qu'en 1819 il est descendu à 402, qu'il est resté stationnaire jusqu'en 1826, qu'en 1827 il est remonté à 600, et en 1828 à 1408. C'est là que s'arrêtent les comptes, qui vont de janvier à décembre; mais les premiers mois de 1829 présentent, nous assure-t-on, un accroissement si considérable que la Société compte aujourd'hui jusqu'à 2,200 membres. La recette a subi de moins fortes variations, le zèle des membres restés fidèles à la Société ayant suppléé en partie à la désertion des autres. En 1827, on a reçu 21,056 fr., et en 1828, 43,974 fr. Dans cette recette considérable, nous devons remarquer un don de la Banque de France de 1000 fr., un don de pareille somme de M. le Ministre de l'Instruction publique, et un autre encore de la même somme de M. Girard, coiffeur, rue Vivienne, qui a destiné 500 fr. à une école pour le deuxième arrondissement et 500 fr. à une école qu'on doit établir dans le département du Jura. On a aussi reçu des dons de MM. les jurés, qui, frappés des maux et des crimes qu'enfante l'ignorance, ont décidé de verser dans la caisse de la Société une partie de la collecte qu'ils sont dans l'usage de faire après les sessions de la Cour d'assises.

L'établissement de comités dans les divers arrondissemens de Paris, a donné une nouvelle impulsion aux travaux de la Société; elle n'a toutefois pas l'intention de s'occuper seulement de la capitale : Paris a sans doute les premiers droits à la sollicitude d'une association dont les membres y résident presque tous; mais elle a déjà étendu ses bienfaits et veut les étendre toujours davantage aux départemens, et aux pays étrangers dans lesquels il lui a déjà été donné de faire du bien dans un temps où elle ne pouvait en faire que peu en France. On s'occupe aujourd'hui avec activité à rechercher l'étendue des besoins; les travaux de MM. Charles Dupin, Jomard, Balbi et Guerry, sont précieux sous ce rapport; mais ils ne sont pas encore assez complets. M. le Ministre de la guerre a décidé qu'à l'époque des recrutemens on dresserait une liste

des jeunes gens qui savent lire et écrire ; on doit faire, par ordre de M. le Garde-des-sceaux, un travail du même genre pour les accusés appelés devant les tribunaux.

La Société a correspondu avec deux cent soixante écoles; plusieurs ont reçu d'elle des secours ; des maîtres ont été envoyés dans sept villes et dans plusieurs communes rurales. Une carrière immense est ouverte; le gouvernement luimême, animé, comme il l'est dans ce moment, des meilleures intentions, ne pourrait suffire à ce qu'il y a à faire ; qu'on songe que quinze ou seize millions de Français ne savent ni lire ni écrire, et l'on comprendra que des sociétés libres, répandues dans toute la France, peuvent seules entreprendre avec succès de pourvoir à ces immenses besoins. Puisque le travail dont il s'agit est long et difficile, il importe de le commencer sur-le-champ avec zèle et de le continuer avec persévérance. On compte en France vingt-deux sociétés pour l'instruction élémentaire; celle de Lyon a réussi à former un capital de 150,000 francs; ses écoles d'adultes sont surtout remarquables; à Marseille, la Société de la morale chrétienne est devenue une société d'éducation; à Montpellier, une société protestante continue à faire beaucoup de bien.

La Société centrale a, à Paris, trois écoles: une de garçons et deux de filles; elle songe à en établir une seconde de garçons dans le sixième arrondissement. Les trois écoles existantes portent les noms de l'abbé Gautier, du duc de La Rochefoucauld-Liancourt et de M. Basset, juste hommage rendu à la mémoire de ces hommes, qui ont consacré leur vie à l'instruction de la jeunesse et au bonheur de leurs semblables. Près de mille enfans y sont instruits. On compte en tout à Paris trente écoles d'enseignement mutuel et huit écoles pour les adultes, Il est question d'établir dix écoles nouvelles qui pourront recevoir deux mille enfans. L'école normale élémentaire est suivie par quatre-vingt-quinze jeunes instituteurs. Nous ne devons pas omettre ici la mention honorable et si bien méritée que M. le Rapporteur a faite du bel établissement que Paris doit à l'un de ses maires, M. Cochin, qui a fait construire dans le douzième arrondissement une maison complète

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