Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

reçûmes à plus d'une reprise des lettres anonymes et injurieuses timbrées de ce canton. Nous y avons répondu, comme nous répondrons à toute lettre anonyme, par le silence. Aujourd'hui nous recevons de divers côtés des observations sur nos articles; mais ces observations sont signées et faites sur un ton de charité; aussi n'ont-elles excité que notre gratitude; nous remercions les personnes qui nous les ont adressées, quoiqu'elles ne nous paraissent pas toutes également admissibles et nous ferons des efforts sincères pour profiter de tout ce qu'elles ont de juste et de fondé ; nous sommes les premiers à reconnaître, que peut-être plus d'une fois nous nous sommes laissé entraîner au-delà de la limite très délicate qui sépare une indignation chrétienne, sainte, permise, dont nous trouvons plus d'un exemple dans la Bible, de cette indignation mauvaise et toute charnelle qui gâte tout, et qui se porte sur les personnes en même temps que sur les choses. Les observations qui nous sont parvenues contribueront, avec l'aide de Dieu, à nous mettre mieux sur nos gardes à cet égard, et nous sollicitons les prières de nos frères, pour que, dans l'accomplissement de la sainte tâche que nous nous sommes imposée, nous ne soyons mus par aucun autre motif que la gloire du Seigneur et l'avancement de son règne par la libre prédication de la vérité telle qu'elle est en Jésus. Quoique nous ne pensions pas devoir entrer ici dans les détails, il est un fait que nous devons rectifier. Un de nos correspondans pense que nos articles nous sont envoyés tout rédigés, c'est une erreur. Les faits sans doute ne nous appartiennent pas, nous les recueillons avec le plus de soin et de circonspection que nous pouvons; mais nous déclarons que la manière de les présenter et les réflexions qui peuvent les accompagner, nous appartiennent entièrement et uniquement, et que nous en sommes seuls responsables, nonseulement devant les hommes, mais aussi devant Dieu. Pas un seul article ne nous a été communiqué; et si nous avons cru devoir signer les notes dont nous avons accompagné dans notre dernière livraison le résumé des débats du Grand Conseil dans sa séance du 12 mai, c'est par une surabondance de précautions, et afin que nul ne pût attribuer ces notes au Nou

[ocr errors]

velliste Vaudois d'où nous avons extrait ces débats. Nous désirons que nos lecteurs, du canton de Vaud surtout, veuillent bien prendre acte de cette déclaration.

P. S. Nous venons d'apprendre que presque immédiatement après la mesure prise récemment par le gouvernement du Canton de Vaud, de faire fermer à Lausanne et ailleurs les lieux de réunion des dissidens, un certain nombre de personnes sont passées dans l'Église dissidente. Nous avons reçu aussi les renseignemens suivans sur le procès de MM. Monnard et Vinet :

[ocr errors]

C'est le jeudi 21 mai que le tribunal d'appel, confirmant l'arrêt du tribunal de première instance, a déclaré qu'il n'y avait dans l'écrit de ce dernier aucun passage pour lequel ils pussent être mis en accusation. La cause se trouve donc réduite à un seul fait, la censure négligée, à laquelle M. Vinet, comme non-domicilié dans le Canton, était soumis, ce qu'il avait oublié. L'omission de cette formalité entraîne une amende de 4 à 100 fr., que personne ne paiera si M. Monnard est déclaré éditeur, et que M. Vinet paiera, si on ne lui reconnaît pas cette qualité, ce qui paraît probable.

Introduction de l'Inquisition dans le canton de Berne, par le gouvernement Bernois. Ce n'est pas sans dessein que nous employons ici le terme d'inquisition, et l'on va voir qu'il est rigoureusement exact. Ce qui se passe dans le canton de Vaud n'est rien en comparaison de ce qui vient de se passer à Berne; le Conseil SECRET, sans loi, sans jugement, vient de bannir à perpétuité douze Bernois et huit étrangers au canton, parce qu'ils sont dissidens; quatre dames dissidentes aussi, ont été exceptées de cette mesure parce qu'elles appartiennent à la noblesse; mais elles ont été mises sous la surveillance de leurs familles, et une d'entre elles s'est vue obligée de prendre la fuite avec ses enfans, dont on la menaçait de la priver. Dans le canton de Vaud il y a du moins des lois et des tribunaux, et le maximum de la peine est trois ans de bannissement; dans le canton de Berne on ne se laisse pas arrêter par de pareilles misères, qui supposent encore quelque dignité et quelques droits du côté des citoyens; le conseil secret décide de la fortune, du bonheur, du repos et par conséquent à quelques égards de la vie des citoyens, à huis clos, sans rendre compte à personne, sans lois, sans jugement, sans entendre même les inculpés

dans leur défense, et condamne sans autre forme de procès sur le témoignage mercenaire de quelques espions. Toute réunion ayant pour but l'édification des âmes, et non les dissolutions mondaines, est sévèrement prohibée. C'est ainsi que M.Lhuilier, Pasteur dissident, pris un soir en flagrant délit prononçant une prière au sein d'une famille chrétienne, a été obligé, sur un ordre signé de Watteville de Montbeney, de quitter Berne, non dans les vingt-quatre heures, mais le soir même ; malgré ses représentations on ne lui a pas permis d'y passer la nuit. Nous demandons à Messieurs du conseil secret, nous demandons à tout homme de cœur et de bonne foi, quelle différence il y a entre ces iniques mesures et celles de l'inquisition romaine; pour être organisée par un gouverne. ment qui s'appelle protestant, ce n'en est pas moins de l'inquisition, et de l'espèce la plus odieuse. Ces Messieurs doivent trouver toutes simples les persécutions de l'Église romaine; ils auraient bonne grace de se récrier contre les atrocités de la révocation de l'édit de Nantes et des dragonades! La seule différence, c'est que les persécutions de Louis XIV s'exécutèrent sur une plus grande échelle, et dans la conviction que hors de l'Église romaine il n'y a pas de salut, tandis que nos persécuteurs protestans, très indifférens pour la plupart sur la religion, sont en contradiction flagrante avec leurs propres principes, font le procès à leurs ancêtres, et servent lâchement les préventions d'une multitude ignorante et brutale, au lieu de protéger une paisible et vertueuse minorité, contre la violence et la haine, dans la jouissance des droits imprescriptibles et sacrés de la conscience religieuse. - On a été généralement aussi étonné qu'effrayé de cette conduite du gouvernement Bernois, qui, dans son étroite oligarchie, s'était cependant montré en général jusqu'ici, sage, juste et paternel, et qui avait pu se convaincre par ce qui s'est passé dans le canton de Vaud qu'on ne peut pas gouverner les consciences par des ordonnances et des gendarmes ; tandis que la tranquillité dont jouit le canton de Genève avait mis dans tout son jour cette vieille vérité que la tolérance serait d'une bonne politique, si elle n'était

pas de stricte justice. Il en sera dans cette occasion ce qui en a toujours été; le règne de Dieu s'avancera par les efforts mêmes que font les ennemis du Seigneur et de sa Croix pour en arrêter les progrès. Lorsque les chefs et la populace de Jérusalem poussèrent le cri horrible de crucifie! crucifie! crucifie! qu'il soit crucifié, ils préparaient et avançaient le triomphe de Christ et de son Evangile; nos Pharisiens et Sadducéens modernes, avec la même inimitié et la même fureur, préparent et avancent le même résultat, ils machinent contre le juste et grincent les dents contre lui, mais le Seigneur se rira d'eux. Ils ont tiré leur épée et bandé leur arc pour massacrer ceux qui marchent dans la droiture. Mais leur épée rentrera dans leur cœur et leurs arcs seront rompus; les ennemis de l'Éternel s'évanouiront comme la graisse des agneaux, ils s'en iront en fumée ; tandis que l'héritage des justes demeurera toujours et qu'ils ne seront point confus au mauvais temps. (Ps. xxxvii, 12. 20.) Nous recommandons encore aux persécuteurs et aux persécutés la méditation du psaume second; il est bien propre avec la bénédiction de Dieu à fortifier et encourager ceux-ci, et à faire rentrer ceux-là en eux-mêmes, s'il y a encore en eux quelque crainte de Dieu et de sa parole.

NOUVELLES RELIGIEUSES.

- Sanctification du Dimanche.

ETATS-UNIS. Nous avons cité plusieurs journaux américains, dont les éditeurs ont pris la résolution de ne plus les faire paraître le dimanche. Le New-York Morning Herald vient aussi de publier dans un de ses derniers numéros l'avis suivant: « Nous prions les personnes qui désirent faire insérer des annonces << dans notre feuille du lundi, de nous les faire parvenir le samedi ma«< tin, aucun travail n'ayant lieu le dimanche dans nos ateliers. >>

ISLANDE.-Société Biblique.—On écrit d'Islande, en date du 7 septembre 1828, qu'il y existe une Société Biblique dirigée avec un zèle vraiment apostolique. Fondée il y a douze ans par l'excellent évêque Gièr Viddin, elle est présidée aujourd'hui par son successeur le vénérable évêque Steingrim Johnshon. Elle vient de publier une troisième édition des saintes Écritures en langue islandaise. Elle s'occupe aussi activement à distribuer des Traités.

ANNONCES.

PAIX UNIVERSELLE DURANT LE MILLENNIUM; discours prononcé à Gosport, par DAVID BOGUE, accompagné de notes et suivi du Traité de la Sainte-Alliance. 1829. Genève, chez Mme Suz. GUERS; à Paris, chez H. SERVIER. Prix: 1 franc.

Ce discours est extrait du grand ouvrage de M. le docteur Bogue, sur le Millennium, dont nous avons annoncé il y a quelque temps la traduction. Il a pour texte les versets 1 à 4 du ive chapitre de Michée, et traite, comme son titre l'indique, de la paix universelle qui doit régner sur la terre pendant cette période annoncée par les prophètes. On y a joint un assez grand nombre de notes; les unes sont anonymes; les autres portent la signature du docteur Bogue. Nous croyons que les éditeurs ont fait erreur à cet égard; car il est dit en tête de la traduction de l'ouvrage complet, que ces notes sont du traducteur. Quant à celles qu'on a ajoutées à cette réimpression, elles paraissent avoir surtout pour but de répandre l'idée d'une Diète permanente, composée de députés de tous les Etats souverains, et investie du droit de terminer souverainement tous les différens qui s'élèveraient entre eux. Nous rendons justice aux intentions de l'auteur, qui nous semble animé des excellens sentimens qui distinguent les membres des Peace-Societies de l'Angleterre; mais ses projets ne nous paraissent pas exécutables. Quand le temps sera venu où ces peuples forgeront leurs épées en hoyaux et leurs hallebardes en serpes, il ne sera pas besoin de Diète permanente, et d'ici là nous craignons fort que les Diètes permanentes ne puissent ni se maintenir, ni même s'établir, parce que les dispositions intérieures des hommes ne seraient pas conformes à ces institutions qui, dans le système même de l'anonyme qui les propose, n'auraient qu'une force morale.

LES PSAUMES DE DAVID, mis en vers français, etc. Nouvelle édition, revue et corrigée par J. N. MEREAUX, organiste de l'Église réformée à Paris. In-32. Avec quatorze Cantiques. 1829. A Paris, chez TENON, libraire, rue Hautefeuille, no 3o, et chez H. SERVIER. Prix : 3 fr. 50 c. avec la musique au premier verset; et 5 fr. avec la musique à tous les versets.

Nous recommandons à nos lectenrs cette charmante édition de nos Psaumes. Elle est remarquablement nette tant pour la musique que ponr les paroles.

« PreviousContinue »