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daleuses de quelques individus. Il serait très injuste de juger un homme sur une seule action, combien l'est-il plus encore de juger d'après un seul homme tous ceux qui professent les mêmes principes? Ils imputent les fautes personnelles des hommes à leur piété ; c'est là une injustice palpable, dont ils se gardent bien de se rendre coupables envers leurs philosophes; ils savent très bien distinguer entre leur doctrine et les mœurs de quelques-uns de ceux qui font profession de la suivre; ils devraient en agir de même envers le christianisme. Qu'ils examinent la religion en elle-même et la doctrine qu'elle enseigne, et s'ils la trouvent mauvaise, ils pourront la blâmer avec justice; mais si elle n'enseigne que la sainteté et la justice, le blâme doit tomber sur les personnes qui péchent contre la sainteté et la justice, et ne pas s'étendre à tous ceux qui font profession de piété, et bien moins encore à la religion elle-même. Et cependant c'est ainsi qu'agit le monde à la moindre faiblesse qu'il peut découvrir dans ceux qui sont pieux, ou qui semblent l'être ; et il attaque la religion avec encore plus de violence, lorsqu'il arrive à quelqu'un de ceux qui se sont déclarés pour elle de tomber dans quelque grand péché.

Mais puisque c'est là le caractère d'un esprit profane, et la livrée des ennemis de la religion, prenez garde de n'y participer en rien. Ne vous montrez pas disposé à écouter les rapports des profanes, ou des hommes qui séparent la morale de la foi, contre ceux qui se déclarent disciples de Christ; ils sont certainement coupables de partialité, et leur témoignage doit vous être suspect. Ne prêtez pas une oreille complaisante à leurs calomnies, et que votre langue ne serve pas à les divulguer et à les répandre au loin; veillez sur vous-même de peur que vous ne preniez plaisir à leurs profanes railleries contre la vérité et la puissance de l'Évangile. Vous tous qui désirez mener une conduite chrétienne, prenez garde de ne pas vous faire de tort les uns aux autres, et de ne pas armer ainsi les mondains contre vous, en vous soupçonnant et vous accusant les uns les autres. Gardez-vous de prendre plaisir à entendre mal parler d'autrui : que la censure soit injuste ou

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en partie méritée, ce doit toujours être pour vous une chose pénible que d'entendre de pareilles choses, et vous devez éviter encore avec plus de soin de les répéter vous-mêmes. C'est un des plaisirs de Satan que d'entendre dire du mal. Le Syrien l'appelle un mangeur de scandales. C'est un aliment agréable à son palais, et les hommes ont naturellement du goût pour cette nourriture; mais, pour un chrétien régénéré, qui a un nouveau goût et de nouveaux sens, rien n'est plus affligeant que d'entendre diffamer les autres, et surtout ceux qui aiment la piété. Si la loi de la charité remplissait nos cœurs, elle gouvernerait nos oreilles et notre langue, et nous ferait respecter la réputation de nos frères; elle nous apprendrait à cacher leurs infirmités et à juger d'eux favorablement, prenant toujours le meilleur côté de leurs actions, et les interprétant dans le sens le plus charitable; elle nous apprendrait à émousser le tranchant de nos censures sur nous-mêmes, sur nos cœurs endurcis et sur nos volontés rebelles, et alors elles ne pourraient plus blesser les autres, et nous nous contenterions de les reprendre avec douceur pour leur bien.

Ceux qui sont du dehors se trouveraient ainsi privés d'une grande partie de leurs approvisionnemens de médisance et de calomnies contre les chrétiens, car elles leur sont souvent fournies par les chrétiens eux-mêmes, qui manquent de charité les uns envers les antres. Cependant, quelque soin que les chrétiens apportent à leur conduite, c'est là une épreuve à laquelle ils ne pourront jamais se soustraire entièrement ; ils doivent donc s'y préparer d'avance, et prier Dieu de la faire contribuer comme tout le reste à leur véritable bien (1).

REVUE LITTÉRAIRE ET RELIGIEUSE.

REDEMPTION DU GENRE HUMAIN annoncée par les traditions et les croyances religieuses, figurée par les sacrifices de tous les peuples; ouvrage qui sert d'appendice aux Soirées de Saint-Péters

(1) Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. (Ecclés. 1, 9.) Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. (Matth. xIII, 9.) (Red.) xii,

bourg, traduit de l'Allemand de B. J. SCHMIDTт, par M. R. A. HENRION, avocat à la Cour royale de Paris, un vol. in-8°, 1827; chez J. J. Blaise, rue Férou-Saint-Sulpice, no 24, et chez H. Servier, libraire, rue de l'Oratoire, no 6 : prix, 5 fr.

Ce livre est un peu petit pour un titre si grand : la Rédemption! Mais c'est la Rédemption annoncée par les traditions et les croyances religieuses, et figurée par les sacrifices de tous les peuples, et, sous ce point de vue particulier, le livre répond au titre ; celui-ci en exprime la grande division : les traditions, les sacrifices.

C'est une grande et belle idée, assurément, mais fort répandue avant la publication de cet ouvrage et de celui du comte de Maistre, que de chercher dans toutes les mythologies de la terre les traces éparses et sensibles des vérités capitales de la révélation chrétienne. Nos plus vieux théologiens l'ont eue ou aperçue, exprimée ou indiquée ; elle a passé de leurs volumes et de leurs Traités dans nos enseignemens catéchétiques; elle a ensuite perdu de son crédit.; plus tard les incrédules ont cru pouvoir s'en emparer pour la faire servir au succès de leurs systèmes, lorsqu'ils ont prétendu établir que le judaïsme et le christianisme avaient puisé leur origine dans ces fables, tandis que les théologiens voient, au contraire, dans ces fables une altération plus ou moins profonde et grossière des vérités qui sont le fondement de la religion; elle a été de nos jours ressentie avec force, et reproduite avec éclat par divers auteurs ; elle est présentée d'une manière rapide, mais pourtant suivie et intéressante dans l'ouvage allemand de B. J. Schmidtt, dont M. Henrion a publié en 1827 la traduction que nous annonçons en ce moment.

L'auteur trouve la doctrine de la réconciliation du monde, par l'entremise d'un divin Sauveur, attestée par les traditions de tous les peuples. Il la suit attentivement chez les Chinois, les Hindoux, les Perses, dans la Mésopotamie, l'Égypte, la Grèce, l'Italie, la Scandinavie, d'où il se rend en Judée, qui lui offre enfin la vérité, pure de tout alliage, dans les écrits inspirés par le Saint-Esprit.

La seconde partie de l'ouvrage, beaucoup moins étendue que la première, traite des sacrifices, dont l'auteur suit l'idée dans l'Inde, la Chine, la Perse, la Chaldée, l'Egypte, la Grèce, l'Italie, l'Afrique septentrionale, chez les Scythes, les Gaulois, les Germains et en Amérique.

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Nous pensons que cet ouvrage doit être envisagé comme utile. Sorti cependant d'une plume laïque, il manque souvent d'exactitude dans les termes, et décèle des connaissances théologiques superficielles. On pourroit en critiquer la division, car la seconde partie rentre dans la première, puisqu'il est certain que les sacrifices sont au nombre des traditions et des croyances religieuses des peuples. Il est dit, - dans l'Introduction, en parlant des descendans de Cain et de ceux de Seth : « Toutefois, nous ne devons pas croire que ceux-ci furent tous des saints, que ceux-là furent tous des pécheurs. Cette dernière assertion ne peut être vraie, au moins telle que nous la donne la traduction, puisque nous savons qu'il n'y a point d'homme qui ne péche. En recherchant les causes de l'altération de l'idée de Dieu parmi les hommes, et de l'introduction du polythéisme et de l'idolâtrie, l'auteur cherche à prouver que la poésie et la philosophie en sont en grande partie coupables; mais la corruption du cœur de l'homme, dont il parle, au reste, sous les noms d'orgueil et de sensualité, n'en est-elle pas la cause suffisante et certaine? La tradition, suivant lui, et nous sommes de son avis, est d'autant plus pure qu'on se rapproche davantage de sa source. En appliquant ce principe aux traditions que l'Eglise romaine accueille, et qu'elle vénère à l'égard des saintes Écritures, que penser des traditions qu'elle a ramassées dans les ténèbres et la fange du moyenâge, et dont elle ne craint pas aujourd'hui encore d'invoquer la prétendue autorité? Enfin, l'introduction se termine par un paragraphe conçu en ces termes : « Si les croyances des peuples dérivaient, pour la plupart, d'idées religieuses mal entendues, il en devrait exister aussi qui indiquassent, d'une manière plus ou moins obscure, la mystérieuse doctrine de la réconciliation du monde par l'entremise d'un divin Sauveur, et qui préparassent ainsi les hommes à l'œuvre de leur ré

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demption. On ne saurait comprendre que toutes les traces d'un enseignement surnaturel, à cet égard, se fussent évanouies. Il est beaucoup plus probable que Dieu prenait un soin particulier de vivificr parmi les peuples la vérité, à laquelle se rattachent plus ou moins directement toutes les révélations de l'ancienne alliance, celle de l'attente du divin, du grand Messie. Le but de cet ouvrage est de transformer cette spécieuse probabilité en une certitude inébranlable, et, par conséquent, d'arracher la vérité du sein des préjugés fabuleux. Nous ne savons quelle impression ces lignes pourront produire sur l'esprit de nos lecteurs, mais elles n'ont pas offert au nôtre un sens qui nous paraisse exempt d'erreur; ́et cela est d'autant plus grave, qu'elles sont la donnée même et le fondement de tout l'édifice. Est-ce Dieu lui-même qui a favorisé le culte offert à Apollon, à Osiris, à Wischnou, divinités fabuleuses sous lesquelles se cachait l'idée de JésusChrist? L'auteur reconnaît lui-même que le Mauvais Esprit, séducteur de nos premiers parens, a déterminé les hommes à l'apostasie, et que l'idolâtrie, toujours accompagnée du triple caractère du mensonge, de l'immoralité, et de l'homicide est son ouvrage. Il faut conclure de nos remarques, que le livre de M. Schmith doit être lu avec précaution. Mais il fait penser; les idées en sont élevées, les vues larges, le résultat favorable à la piété. On assure qu'il a eu un débit considérable. Nous nous réjouissons de voir se répandre parmi nos frères de l'Eglise romaine des livres de ce genre, qui doivent plus vivement éveiller chez eux le besoin de recourir au seul Livre, qui ne contienne point d'erreur et qui contienne au contraire toute la vérité, sur la grande et pressante affaire du salut. Une observation qui se présente ici et qui fait naître plus d'une réflexion, c'est que ce n'est point un ecclésiastique qui leur a donné ce livre, mais un laïque.

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CODE ECCLÉSIASTIQUE FRANÇAIS, d'après les lois ecclésiastiques de d'HÉRICOURT, précédé d'une introduction, suivi d'une table alphabétique et raisonnée des matières; par MATHIEU-RICHARDAUGUSTE HENRION, avocat à la Cour Royale de Paris, des аса1829-12 année.

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