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ment au Nouveau. Telle est, entre plusieurs autres, l'interprétation du mot de Corne, dans les diverses acceptions où les auteurs sacrés s'en sont servis.

Du Bosc trouve dans le cantique de Zacharie une preuve très sensible de cette vérité que Jésus-Christ est Dieu; c'est que le même nom, celui de Seigneur, y est donné, d'abord à Dieu (v. 68), et ensuite à JésusChrist (v. 76). Il eût pu en trouver une autre, plus palpable encore, dans l'annonciation de l'ange à Zacharie : Il (Jean-Baptiste) convertira beaucoup des enfans d'Israël AU SEIGNEUR LEUR DIEU; et il marchera devant LUI, dans l'esprit et la puissance d'Élie pour préparer AU SEIGNEUR un peuple bien disposé (Luc, 1, 16. 17.); par où l'on voit que le Seigneur, devant qui Jean-Baptiste devait marcher, et à qui il devait préparer les voies (et à ces traits qui ne reconnaît Jésus-Christ?) est le Dieu d'Israël. Un enfant tirera cette conséquence. Mais hélas! les sages et les intelligens ne la tireront peut-être pas.

CORRESPONDANCE ENTRE JOHN SHEPPARD ET LORD BYRON. Paris, chez H. SERVIER, rue de l'Oratoire, n• 6. Prix : 25 c.

Cette brochure est la réimpression d'un article inséré dans notre livraison de janvier 1826. Elle se compose d'une lettre écrite à lord Byron par M. John Sheppard, manufacturier anglais, pour lui apprendre qu'il a trouvé parmi les papiers de sa femme, morte depuis peu, une prière en sa faveur, dans laquelle elle demande à Dieu de lui faire connaître le prix de la religion; et de la réponse de Byron qui, nous assure-t-on, a dit, au sujet de la lettre de M. Sheppard, que s'il l'avait reçue quelques années plus tôt, elle aurait probablement douné une tout autre direction à son esprit et à sa vie. Cette Correspondance n'a été tirée qu'à cent exemplaires.

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MÉDAILLE D'Oberlin. M. Kirstein fils, de Strasbourg, vient de faire paraître une médaille de dix-huit lignes, portant d'un côté l'effigie trèsressemblante du pasteur Oberlin, et de l'autre ces mots : La mémoire du juste sera en bénédiction. Elle se trouve chez H. Servier. Prix: 6 fr. Nous rappelons à cette occasion à nos lecteurs, qu'il reste encore chez le même libraire quelques exemplaires de la Notice sur J.-F. Oberlin (prix: 1 fr. 25 c.), extraite des Archives du Christianisme, et augmentée d'un appendice: elle est ornée de son portrait. Cette Notice a été traduite en allemand par M. Krafft, de Strasbourg, et on nous assure que sa traduction a déjà été réimprimée à Bâle, à Nuremberg et à Berlin.

(FÉVRIER.)

BIOGRAPHIE RELIGIEUSE.

NOTICE BIOGRAPHIQUE sur Auguste-Hermann FRANCKE, pasteur et professeur de théologie à l'Université de Halle, mort le 8 juin

1727.

Luther avait opéré la réformation, en établissant la doctrine de la justification par la foi en Jésus-Christ, qu'il avait reconnu être la doctrine fondamentale de l'Écriture sainte, et en ramenant ainsi l'Église de son temps sur l'antique base de l'Eglise primitive; mais les hommes qui succédèrent en Allemagne aux réformateurs, à la fin du seizième et au commencement du dix-septième siècle, au lieu d'être animés de leur esprit, et de travailler à l'avancement du règne de Dieu en prêchant comme eux avec force les grandes vérités de l'Évangile, ne s'occupèrent que de questions de détail, et passèrent inutilement leur vie en de petites controverses qui s'é levèrent au sein de leur propre Église, ou que celle-ci soutint avec l'Église romaine. Ne possédant qu'une orthodoxie froide et sans vie, ils maintenaient avec un zèle souvent amer les doctrines luthériennes, sans savoir faire, comme Luther, l'application pratique de ces mêmes doctrines. La polémique avait tellement envahi la théologie, que dans les Universités les plus célèbres, les leçons étaient presque uniquement dirigées dans ce sens, et qu'on n'y songeait à rien moins qu'à une étude approfondie de la Bible; le goût de cette étude était même si peu répandu, qu'Olearius ne put réussir à établir à Leipsick un cours d'exégèse, et que le savant Carpzov, qui avait commencé à donner des leçons sur le livre du prophète Ésaïe, dut les borner, faute d'auditeurs, à l'explication du premier chapitre. Les pasteurs qui avaient fait leurs études à des Universités ainsi conduites, au lieu d'annoncer cette Parole, qui est vivante et efficace, et plus pénétrante qu'aucune épée à deux tran1829.12 année.

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chans, et qui atteint jusqu'au fond de l'âme et de l'esprit (Héb., iv, 12), ne savaient porter en chaire que des discussions scolastiques, sans importance et sans fruit; aussi les églises confiées à leurs soins dépérissaient-elles, faute de nourriture.

Cet état de choses ne pouvait durer; il fallait y porter remède. Dès le milieu du dix-septieme siècle, Georges Calixte, professeur à Helmstaedt, s'occupa de réformer l'enseignement théologique. Vers le même temps, se manifesta chez beaucoup de laïques un besoin plus grand de s'occuper de la religion et de vivre selon la piété : ne trouvant rien pour leurs âmes dans les sermons de la plupart des prédicateurs, ils avaient cherché à suppléer par leurs propres efforts au manque de bonnes instructions pastorales, et avaient quelquefois été entraînés, faute de lumières, à adopter des opinions erronées et bizarres. Jean Arnd, Jean Gerhard, Valentin Andreae, et quelques autres ecclésiastiques animés du véritable esprit de l'Évangile, ayant alors commencé à prêcher, ils n'eurent pas de peine à rallier autour d'eux tous ces fidèles épars. Ces hommes excellens ne purent toutefois que préparer les voies à unc amélioration plus réelle; c'est à Spener qu'il était réservé de débarrasser la théologie des débats scolastiques, et de la ramener à l'Écriture sainte. Il fit voir que, pour être théologien, il faut avoir puisé soi-même sa doctrine dans la Bible, et qu'on ne peut annoncer l'Évangile avec fruit qu'après en avoir ressenti l'efficacité dans sa propre âme. S'élevant avec force contre le genre de prédication en vogue de son temps, il soutint que les prédicateurs ne devaient jamais monter en chaire pour faire admirer leur talent, mais pour convaincre le peuple, par des discours simples et intelligibles, des vérités capitales du christianisme, de la corruption de l'homme, de la rédemption qui lui est offerte, et de la sanctification à laquelle il est appelé. Spener désirait d'ailleurs ne pas influer seulement sur les théologiens; il voulait faire sentir à tous les chrétiens l'importance de leur vocation, et s'attacha, dans ce but, à tirer de l'oubli où elle était tombée dans ces temps de desséchement, une doctrine essentielle du christianisme primitif, celle du sacerdoce auquel sont appelés tous les chrétiens, qui, par leur union avec Christ,

leur pontife et leur médiateur, peuvent s'approcher librement de Dieu par lui, et lui offrir leur vie entière en sacrifice d'actions de grâces. Il tint à Francfort, sous le nom de Collegia pietatis, des réunions auxquelles assistaient les membres les mieux disposés de son troupeau, et où il cherchait à les préparer à devenir un jour le levain qui doit faire lever toute la pâte. Mais c'est surtout à Berlin que son influence fut grande, par la part qu'il eut à la formation de la faculté de théologie de la nouvelle Université de Halle, qui fut tout entière composée de professeurs chrétiens. Il va d'ailleurs sans dire que ses efforts rencontrèrent une grande opposition : on le décria, ainsi que ses disciples, sous le nom de Piétistes, et il fallut bientôt tout le courage que donne la conviction, pour professer ouvertement la croyance à la nécessité de cette vie intérieure, que Spener recommandait sans cesse. C'est de l'un des hommes qui partagèrent le plus ses convictions, et qui travaillèrent le plus à les répandre, , que nous voulons nous occuper dans cette notice ; et c'est afin que l'on puisse mieux comprendre son histoire, que nous sommes entrés dans les détails qui précèdent sur le temps où il vécut.

Auguste-Hermann Francke naquit à Lubeck le 23 mars 1663. Il perdit de bonne heure son père, qui était jurisconsulte, et qui paraît avoir joui d'une considération méritée. L'éducation du jeune Francke ne fut pas négligée, quoiqu'il fût privé des soins paternels: il étudia successivement dans le collége de Gotha, à l'Université d'Erfurt et à celle de Kiel, où il passa trois ans, et dirigea toutes ses études vers la théologie, ayant de bonne heure résolu de se vouer au saint ministère. Ses professeurs lui avaient dit que le grec et l'hébreu étaient comme les deux yeux de la théologie (uterque oculus studii theologici ); il possédait la première de ces langues, mais n'avait encore fait que peu de progrès dans la seconde. A son départ de Kiel, il passa à Hambourg où demeurait alors le célèbre hébraïsant Esdras Edzardi, dont la grande réputation attirait des auditeurs de toutes les parties de l'Allemagne. En étudiant la Bible dans un but philologique, il y avait puisé la connaissance de la vérité, et avait regardé dès lors, comme l'un des

principaux buts de sa vie, de travailler à la conversion des Juifs. Ce savant homme conseilla au jeune Francke de se familiariser assez, à l'aide d'une traduction, avec les quatre premiers chapitres de la Genèse, pour en comprendre tous les mots, sans s'appesantir sur les difficultés grammaticales qu'il pourrait rencontrer, l'engageant à venir le revoir quand il aurait fait cet essai. Francke ne comprit pas trop le but du conseil d'Edzardi; il le suivit cependant, et se présenta ensuite de nouveau chez le professeur. Celui-ci lui prouva alors que par cette étude il avait déjà appris le tiers des mots hébreux, et lui donna un nouveau conseil, celui de lire plusieurs fois l'Ancien-Testament d'un bout à l'autre, dans la langue originale, et de n'en commencer qu'ensuite une étude approfondie (1). De retour dans sa famille, Francke se conformaà cetavis ; il lut sept fois la Bible en hébreu dans une seule année, et il s'en trouva si bien, que s'étant rendu en 1684 à l'Université de Leipsick, il put enseigner l'hébreu à Wichmannshausen, qui fut depuis l'un des orientalistes les plus distingués de l'Allemagne.

Ayant obtenu en 1685 le degré de maître ès-arts, qui lui donnait le droit d'enseigner publiquement les humanités et la philosophie, Francke ouvrit l'année suivante à Leipsick, de concert avec Paul Antoine, qui devint dans la suite professeur de théologie, et quelques autres amis, un cours philobiblique, où l'on expliquait alternativement une portion de l'Ancien et une portion du Nouveau-Testament. Le morceau de l'Écriture sainte exposé par l'un d'eux, était ensuite discuté par tous, et aux remarques purement philologiques s'en joignaient souvent d'autres relatives aux doctrines et à leurs conséquences pratiques. Ces réunions attirèrent bientôt un si grand nombre d'auditeurs, qu'il fut nécessaire de les tenir dans un local plus vaste que celui où on les avait commencées.

En 1687, Francke passa quelque temps à Lunebourg, auprès du pieux et savant pasteur Sandhagen, pour recevoir ses directions sur l'interprétation des prophètes. C'est pendant son séjour dans cette ville, qu'il nommait souvent sa patrie

(1) Lege Biblia, relege Biblia, repete Biblia.

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