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ter ses anciens paroissiens de Gressier, situé à une demi-lieue d'Yverdon, où il a exercé pendant plusieurs années et avec bénédiction le ministère évangélique. Le dimanche 14 juin, il fut dès le matin à Gressier, assista au service public, dîna avec M. Cornaz, son successeur, et se rendit ensuite dans un autre hameau de la paroisse

«< régens prénommés comment il se fait qu'ils se permettent d'assister à des assemblées que la loi défend, tandis qu'au cóntraire il est de leur << devoir de se rendre dans les temples de l'Eglise nationale où ils sont appelés à remplir des fonctions spéciales. Vous voudrez bien, M. le <«< doyen, nous transmettre les réponses de MM. les pasteurs, ainsi que <«< celles des deux régens Stuby et Mellet, et nous renvoyer les pièces

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«< ci-incluses.>>

Je suis bien affligé, monsieur et très cher parent, d'avoir à remplir à votre égard une si pénible commission; connaissant votre prudence et votre soumission aux lois, dont les pasteurs doivent donner l'exemple, j'espère que vous n'êtes pour rien dans cette affaire. Mais ce que je ne puis comprendre, c'est que dans des paroisses où les pasteurs sont si excellens en doctrine, en zèle et en vertus, les habitans ne se contentent pas de la nourriture spirituelle qui leur est abondamment donnée, et en cherchent ailleurs, comme s'ils en manquaient entièrement. Agréez, etc. (Signé) S...., doyen.

Réponse de M. VALLOUY.

M. le doyen, mon très honoré frère,

Palézieux.......

Je n'ai reçu votre lettre qu'aujourd'hui, et j'y réponds de suite, afin la mienne puisse être mise à la poste ce soir.

que

Il est très vrai que deux de mes domestiques ont assisté à la réunion religieuse dont vous faites mention, mais ils ne m'avaient pas demandé la permission de s'y rendre. Je suis peu à la maison le dimanche, étant appelé à prêcher hors de ma paroisse depuis assez long-temps. (C'est à cause de la construction de l'église.) Au reste, il y a eu erreur dans le rapport, si cette réunion s'y trouve indiquée comme une assemblée de sectaires; les personnes qui s'y trouvaient sont attachées à l'Eglise nationale; c'était une réunion mensuelle pour les Missions, qui n'a eu lieu qu'après les services divins, et ces réunions ont été jusqu'à présent tolérées dans ce canton. Je ne puis les envisager comme contraires aux lois, puisqu'elles ne sont point une affaire de secte. Mes opinions à cet égard sont assez connues des autorités, puisque je les ai émises avec franchise dans une lettre adressée au Conseil d'Etat en février 1827, et dans un mémoire transmis, l'année passée, par la classe à nos premiers magistrats.

Ainsi, lors même que mes domestiques m'auraient manifesté l'inten

nommé Épautheyres chez M. Alex. Auberson, avec qui il avait eu affaire le vendredi, et qui l'avait invité pour le dimanche. M. Cornaz, invité par M. Mellet à l'accompagner dans sa visite, ne put la faire, parce qu'il attendait quelqu'un chez lui. Arrivé chez M. Auberson, M. Mellet voyant que plusieurs de ses anciens paroissiens

tion de se rendre à cette assemblée de Missions, je n'aurais pu, sans blesser ma conscience, leur faire envisager cet acte comme une action repréhensible. J'aime mon pays, j'honore et je respecte les magistrats que Dieu nous a donnés, je prie ce Dieu tout bon de répandre sur eux ses plus précieuses bénédictions; je m'abstiens d'aller à ces réunions par esprit de conciliation; mais les blâmer, les signaler comme funestes et dangereuses, tandis que je les crois bonnes et utiles, ce serait un acte d'hypocrisie, une duplicité vile et méprisable, et je respecte trop nos magistrats pour croire qu'ils voulussent l'exiger de moi.

Si je n'avais cherché qu'à me mettre à l'abri de tout reproche, je me serais dispensé de faire cette exposition de mes sentimens; mais il me semble qu'il y aurait un manque de droiture à laisser supposer que j'accepte la vocation de m'élever contre les réunions d'édification de mes paroissiens. Tout ce que je puis faire, c'est de ne pas y prendre part. Je désire autant que personne la paix, l'union et la concorde; mais j'ai l'intime conviction que les moyens employés jusqu'à présent ont été les moins propres à procurer cet heureux résultat.

Agréez, etc. (Signe) VALLOUY, pasteur. Nous regrettons de ne pas avoir les lettres de MM. Monneron et Verrey. La deuxième lettre du doyen indique qu'elles ressemblaient pour le fond à celles de M. Vallony.

Monsieur, etc.,

IIe lettre du doyen.

Lausanne, 30 juillet 1829.

Le Conseil d'Etat ayant pris connaissance des réponses que vous m'avez adressées au sujet du conventicule tenu rière Ecôteaux, me donne dans cet instant l'ordre de vous dire de sa part et de la manière la plus prompte (la lettre fut en conséquence expédiée par un gendarme), qu'il a vu par ces réponses que vous approuviez ces assemblées, et que vous cherchiez à les justifier, en disant qu'elles ne sont point composées de sectaires séparés de l'Eglise nationale, et qu'elles n'ont d'autre but que l'avancement des Missions chez les peuples païens; que lors même que cette explication serait exacte, que lors même qu'il serait certain MM. les pasteurs ne sont pas dans l'erreur en manifestant leur opinion sur les caractères et le but de ces assemblées, le Conseil d'Etat n'en verrait pas moins avec peine l'attache indirecte qu'ils y donnent. Dans

que

s'y étaient rendus pour le saluer, voulut profiter de cette occasion pour les édifier encore et, après une conversation assez longue, il pria avec eux, lut un chapitre de la Bible, et le leur expliqua. La conversation recommença ensuite, et elle durait déjà depuis longtemps, lorsque arrivèrent d'Yverdon, M. Jordan, chrétien de l'E

ce cas, il leur rappellerait ce qu'il disait par une circulaire du 17 avril 1821, adressée à tous les pasteurs, à l'occasion d'une société de Missions qui s'était formée; savoir: « Qu'il ne peut voir avec indifférence de telles démarches; qu'autant il applaudit au zèle louable des pasteurs qui, réfléchissant sur tout le bien qu'ils peuvent faire autour d'eux, s'appliquent à ranimer la piété dans leurs paroisses, et à remplir les nombreux devoirs que leur ministère leur impose, autant il voit avec peine que par un zèle inconsidéré pour des entreprises lointaines, hors de la portée des moyens d'un petit pays comme le nôtre, on se livre à des actes contraires aux lois. En effet, la Société des Missions, en disant qu'elle recueillera des contributions volontaires, annonce l'intention de provoquer des dons et de faire une collecte, tandis que d'après la loi, le Conseil d'Etat ne pourrait accorder la permission de recueillir de semblables contributions, même dans une seule commune, pour un citoyen vaudois ruiné par un incendie. Or, la vocation de MM. les pasteurs, telle qu'elle est tracée dans les ordonnances ecclésiastiques, ne s'étend nullement à des Missions étrangères, qui ne feraient que les détourner des soins assidus que la patrie, qui les a appelés à son service, réclame d'eux dans leurs paroisses respectives. »

de

Telle était l'exhortation que le Conseil d'Etat adressait à tous les pasteurs, déjà en 1821, et dans laquelle il aime à croire que MM. Monneron, Verrey et Vallouy auraient trouvé une règle de conduite, si peut-être ils ne l'eussent pas perdue de vue; car ils doivent bien sentir que leurs protestations de dévouement seraient vaines, s'ils ne se conformaient pas scrupuleusement aux directions du Gouvernement. Ainsi donc, lors même qu'ils n'auraient vu dans les assemblées qui paraissent se tenir dans leurs paroisses qu'un but relatif à des Missions, il aurait été de leur devoir, nou-seulement de ne pas permettre que les gens leur maison y assistassent, mais encore d'employer leur influence pastorale pour les empêcher, puisqu'en résultat elles tendent à désunir leurs paroissiens et à occasionner des désordres... Du reste, je dois vous le dire, mon très honoré frère, le Conseil d'Etat n'admet point comme un moyen de justification l'explication donnée par MM. les pasteurs sur le but de ces assemblées; car c'est une simple opinion de leur part qu'il trouve erronée. Ils ne peuvent savoir ce qui se passe dans ces réunions, où ils reconnaissent qu'ils ne doivent pas assister; et ce n'est d'ailleurs pas à eux de qualifier et de juger des actes, dont toutes les

glise nationale et M. le médecin Develay, membre de l'Eglise séparée d'Yverdon. Ce dernier adressa, dans la conversation, quelques exhortations aux paysans qui étaient là, et termina par implorer sur eux la bénédiction de Dieu, mais en quelques mots seulement, et sans se lever de sa chaise, non plus qu'aucun des assistans. Ces

circonstances extérieures présentent les caractères d'une contravention aux lois, à en juger par les rapports officiels parvenus à ce sujet; en sorte que le Conseil d'Etat n'a pu voir qu'avec surprise qu'ils aient pu même penser à donner la couleur d'une assemblée de Missions à une réunion évidemment illicite, et sans nul rapport avec les circonstances qui se rencontreraient dans une assemblée, dont les Missions étrangères seraient le but.

En conséquence des observations ci-dessus, j'ai ordre, mon très cher frère, de vous prévenir que vous serez surveillé d'une manière spéciale; et que s'il arrivait que vous favorisassiez de telles assemblées, le Conseil d'Etat se verrait dans le cas de prendre d'autres mesures. Je dois ajouter encore, qu'autant vous devez encourager le culte et la dévotion dans l'intérieur des familles, autant et plus encore vous devez chercher à prévenir et à empêcher des réunions ouassemblées, le plus souvent dangereuses, et toujours inutiles dans un pays où des pasteurs, distingués par leur zèle et par leurs talens, peuvent satisfaire à tous les besoins religieux et moraux des troupeaux qui leur sont confiés, et offrir par leur prudence et leur zèle éclairé le spectacle de la paix, de l'union, de la concorde, au milieu de leurs Églises.

Je n'ajouterai rien à cette lettre du Conseil d'Etat, que je transcris en entier, si ce n'est le vœu ardent qu'en vous conformant à des observations qui me paraissent justes et saines, je n'aie plus que des félicitations et des éloges à vous transmettre pour les heureux fruits de votre ministère, qui peut contribuer si puissamment au bonheur et à la régénération de notre chère patrie. Agréez, etc.

(Signé) S...., doyen.

Circulaire.

Oron, le 11 août 1829.

Le juge de paIX DU CERCLE D'ORON AUX MUNICIPALITÉS DU CERCLE.

Messieurs,

Le Conseil d'Etat ayant été informé de ce qui s'est passé dernièrement dans notre contrée touchant les assemblées de sectaires qui y ont eu lieu, m'a chargé de prendre toutes les mesures qui paraîtront propres à empêcher de telles assemblées. Il m'invite en particulier de m'entendre avec vous, pour faire en sorte qu'au moyen de la persuasion, d'une surveillance exacte et d'une sage fermeté, l'on parvienne à calmer les esprits et à 1829.-12° année.

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deux messieurs ne restèrent pas en tout plus d'un quart d'heure. Le soir, M. le ministre Roulet, principal du collège à Yverdon, après avoir prêché dans la paroisse de Puelcy, voisine de celle de Gressier, revint assez tard chercher son ami M. Mellet, qui logeait chez lui à Yverdon; il goûta avec lui et avec quelques campagnards qui étaient restés chez M. Auberson; puis il repartit avec M. Mellet, à la 'fin de la soirée. Voilà les faits tels qu'ils se sont passés, et c'est làdessus qu'est basé un procès qui s'instruit maintenant devant le tribunal d'Echallens. Aucune autorité ne s'est présentée chez M. Auberson pendant le dimanche 14 juin; personne n'est venu oïficiellement surprendre et constater une violation de la loi du 20 mai 1824; on n'aurait même pas osé venir dissoudre une réunion aussi simple, aussi naturelle, aussi légitime; et l'on ne peut savoir avec certitude, si c'est par le bruit public que le juge de paix en a été instruit les jours suivans, ou, ce qui est le plus probable, s’il en a reçu avis d'un municipal de l'endroit, qui n'a nullement dans ses attributions de faire exécuter la loi du 20 mai. Quoi qu'il en soit, une enquête préliminaire a été faite par le juge de paix du cercle de Vuarens, qui a cité à sa barre comme PRÉVENUS, M. le

IT.

prévenir toute espèce de nouveaux désordres, sans avoir besoin, si possible, de recourir à des moyens rigoureux qui, dans des rencontres semblables, ne doivent être mis en usage qu'après avoir épuisé toutes les voies amiables. D'un autre côté, le Conseil d'Etat m'a annoncé qu'il a aussi écrit à MM. nos pasteurs, et qu'il les, a invités à employer leur influence pastorale pour empêcher les assemblées dont il est question, lesquelles me tendent qu'à jeter, de plus en plus, les germes de la désunion dans la société, et à troubler l'ordre public.

Nous devons donc, les uns et les autres, faire ce qui est en notre pouvoir pour correspondre aux intentions bienveillantes de notre Gouvernement, et lui donner ainsi une preuve de notre attachement au bon ordre. Loin de nous l'idée de ne pas encourager le culte et la dévotion dans l'intérieur des familles ; car nous devons, au contraire, les favoriser par tous les moyens. Mais aussi nous devons, de la même manière chercher à prévenir des réunions toujours inutiles, et le plus souvent dangereuses dans un pays comme le nôtre, où des pasteurs distingués r leur piété et leurs talens peuvent satisfaire à tous les besoins religieux et moraux des troupeaux qui leur sont confiés.

par,

Vous voudrez bien, chacun dans votre ressort, donner toute la publicité possible à cette circulaire, et vous conformer, aux directions qu'elle contient. (Signe) PASCHE, juge de paix.

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