Page images
PDF
EPUB

་་་་

danger. Or, dans tout ceci, il n'y a point de néologisme; j'en suis l'ennemi déclaré, et je ne cesse de m'élever contre les mots déjà bien anciens, mais nouveaux sous le rapport biblique, de trinité, satisfaction, péché originel, etc., qui ne sont propres, selon moi, qu'à défigurer la doctrine évangélique. Si maintenant vous trouvez encore que je manque de franchise, je ne saurai plus comment m'y prendre pour vous satisfaire; car tout prudent que je vous parais, j'accepte volontiers l'explication de Zach: Weber sur les anges de la tentation. Si je les ai laissés dans cette occasion hors de cause, je m'en étais occupé dans la partie de mon cours où ce passage trouvait plus naturellement sa place (1).

Quant à vous, Messieurs, si vous aviez un peu moins de distractions, vous vous seriez épargné la leçon que vous me faites (page 406 et suiv.). Je n'ai pas besoin de recourir à M. de Wette pour savoir que, quoique diabolos signifie proprement et dans son sens naturel et primitif ennemi, il s'applique cependant quelquefois dans l'Evangile dans un sens particulier d an être surnaturel. Le paragraphe qui précède la longue citation que vous avez faite de mon cours, le dit d'une manière tellement formelle, que si je vous connaissais moins, je serais presque tenté de vous accuser de mauvaise foi (2). Ma citation de Lucas de Bruges peut être inexacte; mais

(1) Il est bon de rappeler ici, pour comprendre la portée de ce nouvel aveu de M. Nazon, quelle est l'explication de Zach. Webber. Voici ce qu'en dit Rosenmuller: « Putavit Zach. Webberus angelos Jesu mi«nistrantes fuisse certos homines, cibum potumque ei afferentes (Zach. « Webber a pensé que les anges qui servirent Jésus étaient des hom« mes qui lui apportèrent à manger et à boire. ) » Rosenmuller a la pudeur d'ajouter qu'il n'est pas nécessaire de recourir à cette explication; mais M. Nazon l'accepte, et l'accepte volontiers. (Réd.)

[ocr errors]
[ocr errors]

(2) Voici en entier le paragraphe auquel M. Nazon fait allusion : << Ces préliminaires terminés, examinons ce que le texte sacré nous « révèle de positif. Le Nouveau-Testament nous parle d'un chef ou prince des démons désigné sous le nom de Satan, Diable, Beelzebub « et Bélial; mais là se bornent les lumières que nous pouvons récueillir << sur cet être surnaturel; sa nature, son origine, son empire, son pou« voir, ses sujets sont autant d'énigmes couvertes pour nous de voiles impénétrables; ces noms mêmes ne lui appartiennent pas en propre : << toute espèce d'adversaire, d'ennemi, d'accusateur, se trouve paré «< des mêmes titres; de sorte que pour faire à chacun la part qui lui appartient, il est indispensable d'examiner l'un après l'autre les di

"

[ocr errors]

dans ce cas l'inexactitude retombe sur l'auteur protestant de l'ouvrage intitulé: Synopsis Criticorum, etc., qui fait partie de la bibliothèque de notre faculté, et où je l'ai copiée mot à mot, comme pourront s'en convaincre ceux qui voudront le consulter. Si j'ai employé dans ma traduction le terme dioptrique, j'y ai été conduit par le rapprochement des mots vi artis prospectiva per inspicilia, qui en réveillent naturellement l'idée, si toutefois mes professeurs ne m'ont pas induit en erreur, quand ils m'ont enseigné que l'art de regarder à travers des verres fait partie de cette science. - Du reste, j'ai fort goûté votre plaisanterie sur les lunettes ; je confesse que je ne vous croyais pas si plaisans; mais prenez-y garde, il pourrait bien y avoir du profane là-dessous; car le diable les portait dans sa poche, et ce n'est pas sur son nez qu'il dut les placer pour montrer tous les royaumes du monde. Je voulais aussi vous faire mon compliment sur l'humilité profonde avec laquelle vous parlez de vos talens; mais comme j'ai bientôt aperçu le bout de l'oreille, je le réserve pour une autre occasion. Je profite de celle-ci pour vous avertir que, puisque vous vous délassez de vos graves occupations par les rapports du petit espionnage (1) de mes faits et gestes, qui

<«< vers passages où les mots de Diable et Satan se trouvent em«ployés. (Mal. iv, 1. Marc-1, 13, 1. Tim. II, 7, 11. 2 Tim. III, 3. « Tite II, I»). Puis suit l'exposition de la tentation telle que nous l'avons transcrite. Ajoutons que dans la même page, en déclarant « qu'il << est bien éloigné de nier l'existence des anges déchus, » M. Nazon avait dit : « Ces exemples nous conduisent à penser que Jésus-Christ << dans ce qu'il a dit des Démons, soit relativement à leur influence sur l'esprit de l'homme, soit relativement à leur pouvoir magique sur son «< corps, n'a nullement eu dessein d'établir là-dessus une doctrine posi«tive, et n'a fait que s'accommoder à des opinions populaires reçues. »

[ocr errors]

Voilà comment le paragraphe auquel M. Nazon fait allusion établit l'existence de Satan comme un étre surnaturel, « d'une manière tellement <«< formelle, que s'il nous connaissait moins (bien qu'il ignore qui nous « sommes, d'où nous venons, à quelle Eglise nous appartenons), il serait << presque tenté de nous accuser de mauvaise foi. » (Réd.)

(1) Le mot odieux d'espionnage, dont sesert M. Nazon, ne saurait être appliqué au compte rendu de ce qui doit nécessairement être public; si la vie privée de tout citoyen doit être murée, sa vie publique appartient au public; nous sommes donc en droit d'attaquer les doctrines qu'il professe en plein auditoire, et nous continuerons à le faire. Nous savons qu'il a prétendu que nos Eglises n'avaient pas le droit de se mê

vous paraissent si importans, vous ferez bien de choisir des mandataires et des correspondans un peu plus exacts; ils vous diront alors que je n'ai employé qu'une seule leçon a réfuter votre article, et qu'elle m'a pleinement suffi; que j'ai communiqué d'avance á un élève la réponse que je vous ai adressée, parce que cet élève m'avait communiqué une lettre d'un pasteur du Midi, dans laquelle on lui disait que, battu par les Archives, je n'avais pas osé répondre; je répondis le lendemain, et je n'en éprouve aucun regret; car je ne puis comprendre ce que vous voulez dire en parlant d'un certain voile favorable dont je me serais enveloppé jusqu'à cette heure. Je n'ai jamais porté de masque, et je vous invite vous-mêmes à mettre bas le vôtre.

Voilà, Messieurs, les observations qu'une lecture rapide de votre réponse a fait naître dans mon esprit, et que je jette en toute hâte

ler de son enseignement, et qu'il n'avait aucun compte à leur en rendre; mais cette prétention est si mal fondée, qu'il serait inutile de s'y arrêter. Nous rappellerons seulement à M. Nazon que plusieurs consistoires du midi de la France, et notamment ceux de Nîmes et de Montpellier, se sont élevés, soit isolément, soit de concert, et avec la plus grande force, contre l'enseignement de diverses doctrines hétérodoxes dout feu M. le professeur Gasc affligea de son temps la faculté naissante de Montauban, et qu'ils ont alors insisté dans leurs justes et énergiques réclamations jusqu'à ce que ce professeur leur eût promis formellement de rentrer à cet égard dans le devoir de sa place, en inculquant à ses élèves les doctrines chrétiennes reçues dans nos Eglises, et rappelées et exposées dans nos livres symboliques. Un cri d'alarme fut jeté à cette époque dans tout le Midi, à travers les événemens politiques de la plus haute importance et du plus pressant intérêt, et on en serait venu sans aucun doute à prendre des mesures efficaces au sujet de l'enseignement, si d'un côté les troubles civils n'avaient pas attiré tous les regards; et si de l'autre, la nomination de feu M. Encontre à la chaire de théologie et à la direction de la faculté n'avait pas offert, peu de temps après, à nos Eglises les garanties qu'elles ont le droit d'obtenir. Oui, que M. Nazon le sache, s'il n'en est pas déjà convaincu, il est le serviteur de nos Eglises, et il n'y a pas un protestant en France qui n'ait le droit d'examiner et de juger ses enseignemens, et, s'il le croit convenable, de dire à la France et au monde entier ce qu'il en pense. Pour les pasteurs placés à la tête des Eglises, ce droit devient, dans les circonstances actuelles un devoir pressant et sacré. C'est du reste une vérité que M. Nazon a semblé reconnaître dès le début de sa lettre du 3 août, pag. 385. (Réd.)

[ocr errors]

à bâtons rompus sur le papier, pour que vous puissiez les insérer dans votre prochain numéro. Je m'arrête à l'endroit où vous dites que vous en avez fini sur ma lettre. Le temps me manque pour aller plus avant. Je terminerai en vous annonçant que comme j'ai toujours fait profession de prendre pour base de mes instructions la Parole de Dieu, il en résulte simplement que nous ne nous accordons pas dans la manière de l'interpréter, et que par conséquent le prétendu pas que vous avez voulu faire en avant ne diminuera guère la distance qui nous sépare, parce que mes convictions sont très fertrès arrêtées, et qu'il est vraisemblable que je demeurerai immobile à ma place; poursuivez donc la guerre que vous m'avez déclarée. La citadelle que je défends n'est pas encore démentelée, et se trouve assez bien approvisionnée pour répondre longtemps au feu de l'ennemi. Je n'en demeure pas moins, en toute charité fraternelle,

mes,

Votre très humble serviteur,
NAZON, Professeur.

P. S. Je rouvre ma lettre pour vous apprendre que ce que vous croyez savoir sur la prétendue indulgence et la pernicieuse faveur que je montre aux étudians que vous traitez de sceptiques est de toute fausseté (1), et que n'ai jamais dit que je ne savais comment obvier à la voie qu'ils prennent. S'ils se trouvaient dans ce cas, je saurais parfaitement comment faire cesser un pareil mal. Le remède est fort simple, mais pour l'indiquer il faudrait que je parlasse de choses, dont il n'est pas convenable de faire le public confident.

Nous avons à remplir le triste devoir d'annoncer la mort de M.ANDRÉ-DANIEL LAFFON DE LADEBAT, ancien Député des départemens de la Seine et de la Gironde, Vice-Président de la Société Biblique protestante de Paris, Président de la Société protestante de Prévoyance, décédé le 14 octobre, à l'âge de 83 ans. Malgré son grand âge, il n'avait pas cessé de remplir ces diverses fonctions avec une grande assiduité et un zèle remarquable.

(1) Malgré la dénégation de M. Nazon, nous ne pouvons rétracter ce que nous avons dit à cet égard. (Réd.)

(DÉCEMBRE.)

REVUE LITTÉRAIRE ET RELIGIEUSE.

I. OBSERVATIONS sur l'article sur les seclaires, inséré dans la Gazette de Lausanne du 13 mars 1829. Br. de 12 pages in-8°. Lausanne, 1829.

II. NOUVELLES OBSERVATIONS sur un nouvel article de la Gazette de Lausanne (du 27 mars 1829), sur les Sectaires; par A. VINET. Br. de 30 pages in-8°. Lausanne 1829, chez H. Fischer. III. ESSAI SUR LA CONSCIENCE et sur la liberté religieuse, ou Examen du rapport présenté au Grand-Conseil du Canton de Vaud par le Conseil d'Etat, le 30 mai 1829; par A. VINET, avec cette épigraphe: Parle en faveur de ceux qui sont muets. ( Prov. xxx1, 8.) Br. de 99 pages in-8°. Paris, 1829, chez H. SERVIER ; à Genève, chez Mme S. GUERS; à Lausanne, chez H. FISCHER, à Berne, chez P. E. Rothen; et à Neuchâtel, chez NEUKIRCH. Prix, 2 fr.

Nos lecteurs connaissent déjà l'histoire de la première de ces brochures, due, comme les deux autres, à M. le professeur Vinet, auteur du Mémoire en faveur de la liberté des cultes, dont nous avons rendu compte dans ce journal. (Archiv. vol. x, p. 70. ) Ils savent qu'elle fut saisie par ordre du gouvernement du Canton de Vaud, et que quoique le tribunal de première instance et la cour d'appel n'y aient pas trouvé le délit pour lequel le ministère public poursuivait l'auteur, M. Vinet a été, à cause de sa publication, priyé par le Conseil d'État de la faculté de demander un poste ecclésiastique dans le Canton de Vaud, dont il est citoyen. La seconde brochure est une réponse à un article de la Gazette de Lausanne qui, sous prétexte de réfuter les doctrines professées dans le premier écrit, les défigure et les mutile. L'auteur les rétablit dans leur intégrité et les développe. Enfin le troisième écrit, qui est de beaucoup le plus étendu, et auquel un rapport du Conseil d'État sur les deux premiers a donné lieu, contient un extrait de ce rapport et la réponse de M. Vinet. Nous ferons connaître ces trois 1829.-12° année. 34

« PreviousContinue »