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sidérées comme faites par la Compagnie ou en son nom. C'est ce qu'a déclaré, avec son entière approbation, son modérateur, le 14 janvier 1819, dans un discours qui a été publié, dans lequel les confessions de foi sont directement attaquées dans leur principe même. « Genève, disait M. le modérateur, jouis« sait depuis près d'un siècle d'un calme religieux; elle pou«vait hardiment soumettre sa croyance à l'examen de sa rai« son... Mais cet heureux privilége, elle le possédait comme à «l'insu des autres Eglises; contente de jouir de la paix, elle n'aspirait point à paraître avoir secoué un joug auquel par« tout ailleurs on était encore trop asservi, pour qu'elle « put espérer de faire goûter ses principes. Cependant on « l'accuse de s'écarter de la doctrine reçue... et elle laisse, en quelque sorte, échapper son secret, qui, révélé à certaines époques, eut révolté les esprits. » Le secret n'en est donc plus un ; et comme disait M. le pasteur Heyer, dans une brochure publiée en 1818 contre l'usage des confessions de foi, la seule que puisse faire le clergé de Genève est celle-ci, à laquelle nous souscrivons, par parenthèse, de tout notre cœur: « L'Ecriture-Sainte est la seule règle de notre foi, et il n'y a sur la terre aucun interprète infaillible de cette règle. Tels étant les principes bien avérés de la Compagnie, nous disons qu'elle se met en contradiction flagrante avec ces principes, en voulant imposer aux pasteurs l'usage de son catéchisme. Qui nous montrera en effet la différence qu'il y a entre mettre entre les mains d'un homme consciencieux une confession de foi, et lui dire : « Vous enseignerez selon cette «< confession; » ou lui mettre entre les mains un catéchisme, et lui dire « Vous enseignerez selon ce catéchisme? » lorsque surtout ce catéchisme a été déjà souvent modifié, que la Compagnie peut le modifier encore d'édition en édition, et qu'il peut ainsi être en opposition directe avec les croyances de quelques membres de la Compagnie, croyances dont elle déclare qu'elle n'a pas entendu et qu'elle n'entend nullement s'enquérir.

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Et si, au lieu de puiser dans la Bible des enseignemens conformes à la foi orthodoxe, M. Gaussen y avait puisé des ensei

gnemens conformes aux opinions de la majorité actuelle, la Compagnie aurait-elle mis le même intérêt à lui faire reprendre l'usage du catéchisme? Cette question s'adresse à la bonne foi de pasteurs dont nous savons apprécier et estimer le caractère moral et personnel, tout en déplorant les dangereuses erreurs dans lesquelles les ont plongés les circonstances au milieu desquelles ils se sont trouvés placés. Nous le répétons donc, la question de doctrine est dominante dans toute cette affaire: le nier serait une inutile défaite; persévérer dans la fiction par laquelle on voudrait n'y voir qu'une question de discipline, entièrement séparée de la doctrine, pourrait être commode pour se sauver de tomber en contradiction avec des principes chéris et hautement proclamés, mais à coup sûr ne serait pas digne de la Compagnie.

Nous nous croyons pleinement en droit de critiquer la conduite publique, et d'attaquer comme erronées les doctrines d'un corps ecclésiastique quelconque, et de la Compagnie des pasteurs de Genève en particulier; mais nous désirons séparer nettement les personnes des doctrines qu'elles professent, et des mesures qu'elles croient devoir prendre dans l'exercice public de leurs fonctions; et si dans ce qui précède il y avait un seul mot qui sortît de cette ligne de démarcation, nous le désavouons d'avance: guerre à l'erreur, charité envers ceux qui se trompent, voilà comme nous entendons la tolérance, et ce que nous prions Dieu de graver de plus en plus profondément dans nos cœurs. Nous ne serions pas entrés dans tous ces détails sans la publicité donnée à ces tristes débats par le Journal de Genève qui compte en France plusieurs abonnés, et qui présente M. Gaussen et les difficultés qui lui ont été suscitées sous un jour faux et passionné. Nous engageons nos lecteurs à prier avec nous le souverain Auteur de toute grâce excellente, de relever bientôt l'Eglise de Genève, de l'état de chute dans lequel elle se trouve, et de la replacer au rang distingué qu'elle a long-temps et si honorablement occupé,

Monument religieux retrouvé à Genève.

L'inscription suivante se trouve incrustée dans un mur sur une place publique à Genève :

« Cum anno 1535 profligata Ro. antichristi tyrannide abrogatisque ejus superstitionibus, sacro-sancta Christi religio hic in veram puritatem Ecclesia in meliorem ordinem singulari Dei beneficio reposita, et simul pulsis fugatisque hostibus urbs ipsa in suam libertatem non sine insigni miraculo restituta fuerit, senatus populusque genevensis monumentum hoc perpetuæ memoriæ causa fieri, atque hoc loco erigi curavit, quo suam erga Deum gratitudinem ad posteros testatam faceret. »

Ce qui signifie en français:

« Lorsqu'en l'an 1535, après le renversement de la tyrannie et des superstitions de l'antéchrist romain, la sainte religion de Christ, par une singulière faveur de Dieu, eut été rétablie ici dans sa pureté primitive, ainsi que l'Église dans un ordre meilleur, et que la ville elle-même, après la défaite et la fuite de ses ennemis, eut été, par un insigne miracle, rendue à la liberté, le sénat et le peuple geneyois ont fait construire et ériger en ce lieu comme mémorial perpétuel ce monument destiné à transmettre aux âges suivans le témoignage de leur gratitude envers Dieu. »

A MM. les rédacteurs des Archives du Christianisme.

Messieurs,

Saint-Quentin, 11 novembre 1830.

En engageant les protestans de Levergies à poursuivre jusqu'au bout la défense de leur cause, je savais que ni eux ni moi n'aurions le moyen de payer les frais de ce procès; mais considérant que c'est pour la libre prédication de la Parole du Sauveur que nous plaidions, nous avons compté sur lui pour nous fournir les moyens de travailler pour lui. Je n'ai pas douté un instant qu'il ne remplit l'attente de notre foi. Jugez combien j'ai été touché en voyant une souscription ouverte dans votre fidèle journal, pour payer les frais de ce procès, et par une si généreuse offrande! Que le donateur reçoive la récompense qu'il mérite du Seigneur lui-même, ainsi que tous ceux qui se

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gendre le bien. Ne nous reláchons done point en faisant le bien, car nous moissonnerons en la propre saison, si nous ne nous reláchons pas. » (Gall. vi, 9.)

CANTON DE VAUD.

Expulsion de M. HAHN, docteur en philosophie.

Voici un fait qui montre que, même dans les rapports de particulier à particulier, on est atteint par l'inquisition du Canton de Vaud. M. Hahn, docteur en philosophie et ministre du saint Evangile à Stuttgard, demeurait depuis un an à Lausanne, où il était attaché à une maison d'éducation; ayant été appelé à fournir à la Gazette ecclésiastique de Darmstadt, des renseignemens sur les troubles religieux de la Suisse, il lut toutes les brochures auxquelles ils ont donné lieu, et en particulier les écrits de M. le doyen Curtat, dans lesquels il crut trouver la première cause des persécutions du Canton de Vaud. Il écrivit en conséquence à M. Curtat une lettre, que nous avons lue: il y discute sans aucune aigreur quelques-uns des principes énoncés dans ses ouvrages, et termine en le priant d'employer toute son influence auprès du Gouvernement à obtenir à son pays une entière liberté de conscience et de culte. Nous ignorons si c'est dans ce but que M. Curtat remit la lettre de M. le docteur Hahn au Gouvernement; du moins est-il certain qu'il ne l'a pas atteint; car le Conseil d'Etat a fait signifier à celui-ci, par l'entremise de M. Gaudin, chez qui il demeurait, l'ordre de quitter le canton au plus tard en dix jours. M. le docteur Hahn devait désirer de pouvoir justifier, auprès du consistoire dont il dépend, les causes de son expulsion: ne se contentant donc pas d'un ordre qu'on lui faisait transmettre verbalement, il écrivit à M. le syndic de Lausanne pour lui demander un ordre écrit, et de plus un témoignage sur ses mœurs et sa conduite pendant son séjour à Lausanne. Il n'en reçut que la réponse suivante:

Le syndic de Lausanne à M. C. 4. Hahn, à Lausanne.

Monsieur,

Lausanne, 28 avril 1829. ›

Vous trouverez ci-après copie d'une lettre que je viens de recevoir, au contenu de laquelle vous voudrez bien vous conformer. Recevez, Monsieur, mes salutations.

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d'adresser à tous les chefs de famille de son troupeau la circulaire que nous allons transcrire, et qui fera connaître à nos lecteurs le véritable objet de ce débat:

A Messieurs les chefs de famille de la paroisse de Saligny.

<< Messieurs et chers paroissiens,

« Un article de journal, dirigé contre le ministère que j'exerce au milieu de vous, vient de donner une publicité fâcheuse à des circonstances dont j'aurais préféré n'avoir point à vous entretenir.

« J'ai cru devoir apporter tant de discrétion dans toute cette affaire, et j'ai craint tellement jusqu'à l'apparence d'avoir voulu me faire au milieu de vous une espèce de parti, que jusqu'à ce jour il n'y avait encore après six semaines, dans toute la paroisse, qu'une seule personne à qui ma famille ou moi nous en eussions parlé. Je pense maintenant que la publicité qu'on vient de lui donner fait un devoir à votre pasteur de vous en rendre compte simplement et en peu de mots.

« Je souhaite vivement que ma conduite soit approuvée de vous; mais Dieu m'est témoin que c'est avant tout à lui que je regarde, et que le plus profond désir de mon âme est d'être trouvé lui avoir été fidèle dans cette paroisse, lorsqu'il voudra m'en retirer, soit par la mort, soit autrement.

« Il y a plus de quatorze ans que j'ai le bonheur d'exercer parmi vous les douces fonctions d'un pasteur. Durant ce long ministère, je n'ai point cessé de vous annoncer en paix les vérités qu'on a prêchées dans l'Église de Genève depuis les jours de la Réformation jusqu'au milieu du siècle passé, et que vous avez eu l'inestimable privilége d'entendre exposer avec tant d'onction, pendant trente années, de la bouché de mon prédécesseur, mon père et le vôtre, le vénérable M. Cellerier.

« Les plus importantes de ces doctrines sont en particulier les quatre vérités suivantes, savoir: que l'homme est tombé dans un état de péché et de condamnation; qu'il ne peut être justifié que par la foi au sang de Jésus-Christ, notre Sauveur; que personne ne.. peut voir le Royaume de Dieu, s'il n'est régénéré par le SaintEsprit ; et qu'il n'y a qu'un seul Dieu, créateur éternel et tout-puissant, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

« Or, ces quatre doctrines ayant été retranchées du catéchisme actuellement en usage dans les écoles; et ce livre étant d'ailleurs 1830. - 13° année.

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