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qui en dissipe l'obscurité et en donne l'intelligence : cette clef, c'est Christ, cette lumière, c'est Christ, et c'est à nous faire voir Christ dans l'Ancien-Testament que Risler s'est surtout appliqué. C'est par là que son histoire se distingue si avantageusement de toutes les autres histoires de la Bible à nous connues dans notre langue. « Tout l'Ancien-Testament est rempli de JésusChrist, dit M. le pasteur Gaussen, dès le début de son excellent sermon intitulé le Serpent d'airain, et le seul secret de le comprendre, c'est d'y savoir chercher toujours celui que les prophètes annonçaient à la terre, et qui, d'âge en âge, fut pour toute âme d'homme le chemin, la vérité et la vie éternelle. » Nous pensons remplir utilement quelques-unes de nos pages et quelques minutes du temps de nos lecteurs, en cherchant à prouver cette importante vérité. Nous devons avertir toutefois que nous ne ferons qu'effleurer le sujet, et que ce que nous dirons n'est qu'une très petite partie de ce qui peut être dit sur cette vaste question.

Jésus-Christ est l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin de l'Ancien-Testament comme du Nouveau.

Dès la chute d'Adam, Jésus-Christ fut annoncé comme Sauveur dans cette prophétie si claire et si consolante pour ceux qui reçoivent la parole de Dieu avec foi, si inintelligible pour ceux qui se travaillent pour représenter toute l'histoire de la chute d'Adam comme une vaine allégorie : Je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta postérité et la postérité de la femme; cette postérité l'écrasera la tête et te blessera au talon (Genèse, III, 15); prophétie répétée en partie par Ésaïe lorsqu'il annonça que le Christ naîtrait d'une vierge (Esaïe, VII,14), et si merveilleusement accomplie dans l'inimitié dont JésusChrist fut l'objet pendant les jours de sa chair, dans le triomphe éclatant de la puissance du Christ sur celle de Satan (1. Jean, III, 8), appelé par le Saint-Esprit le Serpent ancien (Apoc., XII, 9), et dans la mort ignominieuse du Sauveur du monde. --Le même Sauveur fut annoncé aux patriarches Abraham, Isaac et Jacob, dans les mêmes termes : Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité (Genèse, XXII, 18; XXVI, 4, et XXVIII, 14), et saint Paul ne laisse aucun doute

sur le sens de cette promesse lorsqu'il dit que par elle la bonne nouvelle de la justification des Gentils par la foi a été annoncée à Abraham, et que Christ est la postérité dont il était question dans la promesse (Galates, III, 8, 16; Voyez aussi Actes III, 25). Aussi voyons-nous que cette ineffable promesse fut l'objet de la foi d'Abraham (et sans aucun doute aussi des deux autres patriarches), et qu'il y puisa sa joie et sa consolation. Abraham, dit Jésus-Christ, a tressailli de joie de voir cette mienne journée, et il l'a vue et s'en est réjoui; car avant qu'Abraham fût, je suis (Jean, VIII, 56, 58).

que

Non-seulement le même Messie fut annoncé à Moïse, lorsl'Eternel lui dit : Je leur susciterai un prophète comme toi d'entre leurs frères, et je mettrai mes paroles en sa bouche; et quiconque n'écoutera pas ses paroles, je lui en demanderai compte (Deuteronome, XVIII, 15, 17-19. Voyez l'application à Christ de cette prophétie, Actes, III, 22, 23; Jean, 1, 45); mais encore Moïse estima que l'opprobre de Christ était un plus grand trésor que les richesses de l'Egypte (Héb., XI, 26). Job savait que son Rédempleur était vivant (Job, XIX, 25). Saint Paul nous déclare qu'Abel, Enoch, Noé et tous les autres fidèles de l'Ancien-Testament sont morts dans la foi, sans avoir reçu les choses qui leur avaient été promises, mais qu'ils les ont vues de loin, vues et saluées (Hébreux, XI, 13). Au verset 39, il répète qu'ils n'avaient pourtant pas reçu l'effet de la promesse : de quelle promesse, si ce n'est de cette grande promesse d'un Sauveur, faite à la race déchue d'Adam, et accomplie en Jésus qui est appelé, trois versets plus bas, le chef et le consommateur de la foi (XII, 2)?

Si des promesses nous en venons à considérer les prophéties, quel champ nouveau et immense s'ouvre à notre méditation, et quelle éloquente confirmation de la vérité de la thèse que nous soutenons! Ces prophéties sont si nombreuses et si détaillées, que nous ne craignons pas d'affirmer, avec Thomas Scott, qu'il serait possible et peut-être même assez facile de composer une relation neuve des principaux faits du Nouveau-Testament, en n'employant que les paroles mêmes de l'Ancien :

<< La personne du Rédemptuer, comme Emmanuel (Dieu avec nous), dit-il, sa descendance selon la chair de Juda et de David, son apparition dans le monde à une époque où la famille du roi-prophète ⚫ était tombée dans la pauvreté et dans l'obscurité, sa conception miraculeuse, sa naissance à Bethlehem, son caractère, ses miracles, sa doctrine, l'accueil que lui firent ses compatriotes, le mépris et l'animosité dont il fut l'objet, les circonstances de sa mort et de sa sépulture, presque dans leurs détails les plus minutieux, les conséquences et le but de ses souffrances et de sa mort, sa résurrection et son ascension, l'effusion du Saint-Esprit, la conversion d'une immense multitude de personnes, l'incrédulité et la résistance obstinée de la nation juive, les jugemens terribles de Dieu sur elle, l'abrogation de la loi cérémonielle, la destruction de Jérusalem et de son temple, la vocation des Gentils, le triomphe du christianisme, l'état même de l'Église pendant toute la suite des siècles et jusqu'à la consommation des temps; toutes ces choses pourraient être rapportées avec les paroles mêmes des prophètes, en n'y faisant d'autre changement que de substituer quelquefois le temps passéa u futur, tant est admirable l'accord qui règne entre l'AncienTestament et le Nouveau, tant est surprenante la clarté que ces deux portions de la Révélation répandent l'une sur l'autre. (Introduction au Nouveau-Testament, 1re livraison de la Bible de SCOTT, page VI.) »

Nous ne nous arrêterons pas ici à exposer en détail ces prophéties ; nul, qui fait profession de recevoir la Bible comme la Parole de Dieu, ne nie la plupart d'entre elles. Il est généralement reconnu que le lieu de la naissance du Sauveur a été prédit par Michée (V. 12), les circonstances qui l'ont accompagnée, par Esaïe (VII, 14), l'époque où elle a eu lieu, par Jacob (Genèse, XLIX, 10), et par Daniel (IX, 24, 26), les circonstances de sa vie et de sa mort, entre autres par Zacharie (XI, 12, 13), par David (Psaumes, XXII), par Ésaïe (LIII), etc., etc. Tous ceux qui connaissent le Nouveau-Testament savent que Pierre a déclaré que tous les prophètes depuis Samuel et ceux qui l'ont suivi, tout autant qu'il y en a eu, ont parlé de Christ, et ont prédit sa venue et les circonstances de sa vie et de sa mort (Actes, III, 24); que Philippe annonça Jésus à l'eunuque éthiopien, en commençant par un passage du 53 chapitre

et

d'Esafe (Actes, VIII, 32-35 ); que Jésus taxa ses disciples d'incrédulité parce qu'ils n'avaient pas eru toutes les choses que les prophètes avaient prononcées, et que, commençant par Moïse, continuant par tous les prophètes, il expliqua aux deux disciples qui allaient à Emmaüs les choses qui le regardaient dans toutes les Ecritures,c'est-à-dire dans tout l'Ancien-Testament qu'il désigne un peu plus bas sous le nom de la loi de Moïse, les prophètes et les Psaumes (Luc XXIV, 25-27, 44) (1). L'ange de l'apocalypse dit que le témoignage de Jésus est l'Esprit de prophétie (XIX, 10); la loi est appelée un pédagogue pour nous amener à Christ, afin que nous soyons justifiés par la foi ( Galates, III, 24 ), et JésusChrist déclare que la loi a prophétisé (Matth. XI, 13). L'esprit de prophétie est appelé l'Esprit de Christ (1 Pierre I, 10, 11).

Remarquons enfin, car à moins de couper court, il n'y a pas moyen de se circonscrire dans l'immense étendue du sujet qui nous occupe, remarquons enfin que les prophéties de l'AncienTestament ne se rapportent pas seulement à la venue du Christ il y a dix-huit siècles, mais encore à son second avénement, à cette époque de gloire et de bonheur si clairement annoncée, où la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l'Éternel comme les eaux comblent la mer (Habacuc, II, 14), où tous les bouts de la terre verront le salut de notre Dieu (Psaume XLVIII, 3; Esaïe, XLV, 22; LII, 10), où les hommes forgeront de leurs épées des hoyaux, et de leurs halebardes des serpes; où une nation ne lèvera plus l'épée contre l'autre, et où ils ne s'adonneront plus à la guerre (Esaïe, II, 4), où, selon les paroles du Nouveau Testament, il n'y aura plus qu'un seul troupeau et un seul berger (Jean, X, 16), où tout genou, tant dans le ciel que sur la terre, se ploiera au nom de Jésus, et toute langue confessera que Jésus-Christ est le Seigneur à la gloire de Dieu le Père (Philippiens, II, 10, 11; Esaïe, XLV, 23; Romains, XIV, 11), et où Satan sera lié pendant mille ans et Jésus-Christ règnera sur la terre pendant le même espace de temps (Apocalypse, XX, 2, 4).

(1) Remarquons en passant que pour que les Apôtres comprissent ces choses, il fallut que Christ leur ouvrit l'esprit pour entendre les Écritures (Luc, XXIV. 45).

En troisième lieu, nous trouvons Jésus-Christ dans l'Ancien-Testament, dans les nombreux types qui préfiguraient sa personne, son ministère, son sacrifice, etc.

<< Tout le culte cérémoniel des Hébreux, est-il dit dans le sermon déjà cité (p. 14), devait être l'image prophétique de Christ (Hébreux, VIII, 5. X, 1. Lisez les chapitres VIII, IX et X), et comme une ombre précède et dessine à l'avance l'objet qui l'a produite, tout ce culte, nous dit saint Paul, était une ombre dont le corps était en Christ (Colossiens, II, 17). Les sacrificateurs représentaient son œuvre, les victimes redisaient son sacrifice; il n'y avait pas dans le tabernacle une place, il n'y avait pas une cérémonie, pas un personnage, pas un meuble sacré qui ne rappelât sa personne, qui ne reproduisît son image, et qui ne portât comme le chiffre et comme l'empreinte du Maître éternel de cette sainte maison. »

Parmi les types sans nombre que renferme l'Ancien-Testament, nous nous bornerons à rappeler ici quelques - uns de ceux qui sont positivement déclarés tels dans le Nouveau. Si les Israélites murmurent dans le désert, saint Paul nous dit qu'ils ont tenté Christ (1. Corinth., X, 9). Jésus-Christ lui-même enseigne que Jonas était un type de sa sépulture et de sa résurrection (Matthieu, XII, 40). Melchisedec (Hébreux, VII ), les sacrificateurs, le souverain sacrificateur en particulier, et tous les sacrifices sanglans (Hébreux, VIII, IX, X), l'Agneau pascal (Exode, XII, 1. Corienthiens, V, 7; 1. Pierre, I, 18, 19; Jean, XIX, 36), la colonne de nuée, le passage de la mer Rouge, le rocher du désert (1. Corinthiens, X, 1, 2, 4), la manne (1. Corinthiens, X, 3; Jean, VI, 48-51), le serpent d'airain (Nombres, XXI, Jean, III, 14, 15), toutes ces choses et bien d'autres encore étaient des types de Christ et de ses bienfaits; et ce n'est pas nous qui l'affirmons, c'est la Sagesse et la Vérité éternelle qui l'a déclaré. Le Saint-Esprit nous enseigne encore que l'histoire de Sara et d'Agar doit être entendue allégoriquement, et que ce sont les deux alliances, l'une de la loi, et l'autre de la promesse ( Gal., IV, 22-31). A propos de ce dernier type, n'est-il pas certain que s'il n'était pas enseigné aussi clairement qu'il l'est dans le Nouveau-Testament, on aurait traité hautement de mystique et d'insensé celui qui aurait représenté Agar comme une figure

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