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mander de croire à un miracle beaucoup plus invraisemblable que celui du passage de la Mer-Rouge ou qu'aucun de ceux dont M. Salvador cherche à détruire la réalité. Nous renvoyons

à

un prochain numéro l'examen de la réponse de M. Dupin.

(La suite à un prochain numéro.)

VARIÉTÉS.

Le Pape reconnu pour l'Antichrist par les rédacteurs du
MEMORIAL CATholique.

Lorsque les journaux papistes se bornent à lancer des injures ou des anathèmes contre la religion de l'Évangile, nous ne leur répondons pas, car ces injures ne font aucun mal, ces anathèmes n'inspirent aucune crainte. Mais lorsqu'il leur échappe des aveux pareils à celui dont nous allons entretenir nos lecteurs, nous en prenons acte et nous leur donnons toute la publicité en notre pouvoir, parce que ces aveux sont précieux pour la cause de l'Évangile que nous défendons; et, malgré notre désir d'éviter le plus possible la controverse, nous croyons devoir montrer comment, par une direction manifeste de l'Esprit du Seigneur, les catholiques romains viennent eux-mêmes rendre témoignage contre eux-mêmes, et mettre dans tout son jour l'accomplissement des prophéties qui les concernent dans nos saints livres. C'est ainsi que les Juifs ont constamment été, entre les mains de la Providence de Dieu, des instrumens pour rendre témoignage au Sauveur qu'ils rejettent et que leurs pères ont mis en croix. Ces derniers ont accompli les prophéties en traitant Dieu comme un pécheur; les papistes les accomplissent en traitant un pécheur comme Dieu. Toutes les fois que des écrivains évangéliques ont appliqué au Pape la description que le Saint-Esprit a faite de l'Antéchrist (2 Thess. 11.), de cet homme de péché qui s'élève contre tout ce qui est nommé Dieu et qu'on adore, jusqu'à être assis comme Dieu au temple de Dieu, voulant se faire pasSER POUR ÚN DIEU, toutes les fois, disons-nous, que nous appliquons cette prophétie à l'orgueilleux serviteur des serviteurs de Dieu qui

prétend à la domination universelle sur les con sciences et sur toute l'Église de Jésus-Christ, nos adversaires crient au scandale, à l'impiété, à l'hérésie; ils répoussent avec une apparente indignation cette odieuse imputation, et il ne manque pas de protestans mêmes qui nous accusent d'injustice et d'intolérance. Mais voici des écrivains catholiques romains, et papistes par excellence, qui, au dix-neuvième siècle, au centre des lumières et de la civilisation, soutiennent en autant de mots que le pape est dieu. Voici ce curieux passage dans son entier :

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Quand nous disons les Pontifes romains, nous entendons aussi l'Église universelle; parce que, comme l'a fort bien démontré le cardinal Litta, l'enseignement du Pape et celui de l'Église ne forment qu'un seul et même enseignement. Toutes les promesses faites aux Apôtres, y compris Pierre, ont été faites à Pierre seul; s'il a été dit aux premiers: Tout ce que vous délierez, il a été dit à Pierre dans les mêmes termes: Tout ce que tu délieras. Mais, ajoute le même cardinal, c'est Dieu qui a fait ces promesses; il ne peut être contraire à lui-même, la vérité est une; donc, selon le mot de saint François de Sales, le Pape et l'Église c'est tout un. Nous ajouterons une réflexion qui nous est suggérée par M. Drach dans sa deuxième lettre d'un rabbin converti: «Undes noms du Messie» (dit ee savant Israë– lite, destiné par Dieu, sans doute, à ramener ses frères errans) « qui exprime le mieux tous les caractères que nous remarquons dans << sa personne adorable, c'est celui de Pierre. Vous avez vu dans la « première lettre que dans ce mot nous trouvons les noms hébreux « du Père, du Fils et du lien d'Amour ineffable entre les deux. Dans l'Ancien Testament, Jéhova est fréquemment appelé « Pierre (1).

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Mais puisque LE Nnom de Pierre est celui de Dieu, et rENFERME ainsi que Jéhova, les trois personnes de la divINITÉ, pourquoi Jésus-Christ l'a-t-il donné au Prince des Apôtres ? N'a-t-il pas montré par là que ce Pasteur suprême, qu'il donnait au troupeau pour le

(1) M. Drach fait sans doute allusion ici aux passages où le psalmiste appelle l'Éternel sa roche, un rocher de délivrance, un rocher de retraite, le rocher de son salut, etc., tels que Ps. xvIII, 3. xix, 15. LXXXIX, 27. CXLIV, 1., etc., peut-être au passage prophétique de Jésus-Christ, Ps. cxv, 22. La pierre que les architectes ont rejetée est devenue le

conduire jusqu'à la fin des temps, N'ÉTAIT AUTRE QUE LUI-MÊME RENDU AINSI VISIBLE DANS LA PERSONNE SACRÉE DU PONTIFE? Les prophètes avaient en effet annoncé que le guide unique qui régirait éternellement Israël NE SERAIT AUTRE QUE JEHOVA, et Jésus-Christ a parfaitement expliqué leurs oracles en donnant à Simon cenom auguste, et, en lui; disant par trois fois en présence des Apôtres: Pasce oves, pasce agnos (1). L'Église entière a proclamé cette croyance, en disant dans le huitième concile œcuménique que la religion chrétienne s'était toujours conservée pure et sans tache dans le siége apostolique. Mais pour ne jamais errer dans la foi, il ne faut pas un seul instant être abandonné de la vérité, et la vérité c'est Dieu; donc rien de plus vrai que ce mot de saint Augustin, que nous avons déjà cité: Ce que le Pontife (2) prononce, ce n'est pas lui qui le dit, mais Dieu même, qui a mis la doctrine de vérité dans la chaire d'unité, › lame relig Nous n'ajouterons aucun autre commentaire que celui que nos lecteurs trouveront dans le passage cité plus haut (2 Thess.. 11, 4. Ces impiétés, ou plutôt cès blasphèmes, se lisent dans le Memorial Catholique, livraison de novembre 1828, tome X, note 2 de la page 324.

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PAYS-BAS. Démission volontaire du pasteur ter Borg, à Amsterdam. →Sans revenir sur l'histoire antérieure des Églises nommées Mennonites (ou plus proprement doopsgezinden, nom qui répond à celui des baptistes anglais), il suffira de rappeler que le relâchement dans les idées positives au sujet des dogmes que les Eglises chrétiennes avaient re

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principal du coin. Est-ce par aveuglement ou mauvaise foi qu'il s'appuie par ces passages sur ges sur le sens desquels il. quels il n'y a pas un écolier qui se meprenne, pour dire que dans l'Ancien Testament Jehova estfréquemment appele Pierre, en faisant allusion au nom que Jésus donne au fils a Jonas? Nous préférons croire à l'aveuglement. ( Réd.)

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(1) On ne niera pas qué des prophéties concernant Jésus-Christ sont ici clairement appliquées au Pape. (Réd.) `·

(2) Pourquoi n'a-t-on pas fait rendre à saint Augustin témoignage au Pontife romain? Il n'en coûtait pas davantage. On aurait bien dû nons indiquer aussi où se trouve ce passage de saint Augustin. (Red.)

connus jusqu'alors, qui se montra malheureusement plus ou moins dans toutes les communions chrétiennes, dans la dernière moitié du dixhuitième siècle, s'était également fait sentir dans leur communauté à Amsterdam. Ce n'est pas qu'on y niât l'authenticité de nos saints livres ou la vérité des miracles et de la résurrection du Seigneur; mais on voulait accorder les dogmes de l'Evangile avec les prétentions de la raison humaine, et de là naquit une froideur qui paralysait l'élan de la dévotion, et paraissait borner le domaine de la foi à ce qu'on nomme la foi historique. Cette époque nous présente un caline et une uniformité qui n'étaient pas de l'unité. On sortait du sermon sans être ému ni scan-I dalisé; seulement une tradition de piété qui se perpétuait dans les familles, beaucoup de bienveillance et de bienfaisance prouvaient qu'on croyait réellement davantage qu'on ne se l'avouait à soi-même. Peu à peu de nouveaux besoins religieux se firent sentir, et après la restauration | politique on prêchait déjà avec beaucoup plus de chaleur; on annonçait le nom du Christ et le pardon des péchés; mais ce pardon n'était pas encore la justification, et ce Christ n'était pas encore celui que l'Écri ture nous montre. En 1820, ter Borg fut nommé à une place de pasteur^ devenue vacante : il avait jusqu'alors desservi une église de village en Frise. Il se fit d'abord remarquer par sa simplicité, l'originalité de ses› idées et la verve de sa prédication, par le zèle qu'il déployait à répandre" une religion du cœur, et à étendre le domaine de cette religion, même1 sur les plus petits détails de la vie. Ceux même qui n'admettaient pas ̈1 ses principes étaient entraînés par sa franchise. Cependant, bien loin" d'être satisfait de lui-même, il continuait toujours à chercher la vérité, › et c'était surtout et presque uniquement l'Écriture sainte qui était l'objet? de son étude. Il se plaignait que lorsqu'on lui avait enseigné la théologie, în lui avait fait connaître beaucoup de choses, mais qu'on ne lui avait pas appris à connaître la Bible. Un jour, au printemps de 1824, ter Borg se trouva dans une réunion, où il rencontra M. J. da Costa, connu par ses ouvrages et par sa conversion du judaïsme, dans lequet.› il était né, au christianisme. On vint à parler des vérités évangéliques','| ce qui donna à da Costa l'occasion d'annoncer avec force la bonne nouvelle du salut, et surtout la divinité du Sauveur. Ter Borg fut étonné ; il voyait un nouveau monde ouvert pour lui ; il répondit peu de mots, mais il garda toutes ces choses dans son cœur. Il fit des recherches, illutta, il passa de l'Écriture à la prière, et de la prière à l'Écriture, et bientôt il put dire à Christ comme Thomas: Mon Seigneur, et mon Dieu!-L'Ancien-Testament s'éclaircit pour lui; il y reconnut bientôt le Christ figuré avant sa venue; il prêchait avec une conviction intime les vérités que Dieu lui faisait apercevoir dans sa parole, et s'étonnait luimême, en descendant de chaire, des dogmes qu'il avait osé y proclamer. Bientôt il annonça, d'après l'Écriture, la grâce de Dieu qui appelle le pécheur à lui, en considération des mérites du Sauveur, et qui le régé

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nère par son Esprit. De telles prédications effarouchèrent le plus grand nombre de ses auditeurs, qui n'étaient pas accoutumés à un pareil langage; plusieurs, cependant, lui restèrent fidèles, et bientôt des membres des Églises réformées, qui entendaient annoncer par lui les dogmes fondamentaux de leur Église, sans qu'il en connût alors, pour ainsi dire, la confession, se rendirent en foule à ses sermons. On fit enfin entendre à ter Borg que la divergence d'opinion entre lui et ses collègues exigeait qu'il donnât sa démission, de crainte que, quoiqu'on observât des égards réciproques, un schisme et une division ne devinssent à la fin le résultat d'une différence de principes aussi prononcée. Ter Borg cependant, considérant que l'Église qui l'avait élu, en donnant à chaque prédicateur la liberté d'annoncer les vérités qu'il trouverait dans la Bible, n'entend se distinguer des autres communions chrétiennes que par la croyance qu'elle a qu'il n'est permis, d'après l'Évangile, d'administrer le baptême qu'aux adultes, et par le refus qu'elle fait de préter serment, crut ne pouvoir abandonner le poste qui lui avait été assigné tant qu'il ne lui paraîtrait pas que Dieu en avait décidé autrement. Une année après, des doutes s'élevèrent dans son esprit sur la validité des argumens que ses coreligionnaires opposent au baptême des enfans. Il avoua ses doutes au consistoire, et demanda du temps pour examiner ces difficultés. Deux semaines après cet aveu, il dit ouvertement en chaire qu'il n'avait pas encore reçu de lumière à ce sujet. De retour chez lui, il relut encore le Nouveau-Testament tout entier, en ne se proposant de le considérer que par rapport au baptême, et, par cette lecture, il fut convaincu que le baptême des enfans des fidèles est conforme à l'esprit de l'Écriture sainte, et que les enfans compris dans l'alliance de grâce peuvent et doivent être baptisés. A la réunion du consistoire il se leva au milieu de ses frères, leur avoua sa conviction, et quoique sans aucune fortune, se démit en même temps volon tairement de la charge qui lui avait été confiée, et qu'après le changement de ses opinions, il ne croyait pas pouvoir exercer plus long-temps; puis, avec un attendrissement profond, mais en glorifiant Dieu qui lui avait donné la liberté d'agir selon sa conscience, il prit un congé affectueux de tous les membres du consistoire sur qui cette retraite fit une vive impression. Le lendemain, une commission de cette assemblée vint lui offrir l'éméritat. Les émotions du coeur semblaient réunir en ce moment ceux qui, tout en admirant la sincérité et la candeur de ter Borg, croyaient son esprit troublé par des opinions exagérées et mystiques, el ceux qui, inclinés devant les voies de Dieu, disaient, en réflé→ chissant sur le développement successif des vérités chrétiennes dans le cœur de ce serviteur fidèle: Sa volonté est faite sur la terre comme au ciel.

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