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mouvemens de la grande armée étaient déjà connus et causaient une grande consternation à Hambourg. Les traîtres de Hambourg voyaient que le jour de vengeance était près d'arriver. Le général Dumouceau était à Lunebourg.

A la bataille du 2, les officiers d'ordonnance Berenger et Pretel ont été blessés, mais peu dangereusement.

15 Mai, 1813.

Paris, le 14 Mai.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles sui vantes de la situation des armées au 9 au matin :

Le 7, le quartier-général de l'empereur était à Nossen.

Entre Nossen et Wilsdruf, le vice-roi a rencontré l'ennemi placé derrière un torrent et dans une belle position. Il l'en a déposté, lui a tué un millier d'hommes et fait 500 prisonniers.

Un Cosaque qui a été arrêté était porteur de l'ordre ci-joint (A), de brûler les bagages de l'arrière-garde russe. Effectivement, 800 voitures russes ont été brûlées, des bagages et 20 pièces de canon ont été ramassés par nous sur les routes; plusieurs colonnes de Cosaques sont coupées; on les poursuit.

Le S, à midi, le vice-roi est entré à Dresde. L'ennemi, indépendamment du grand pont qu'il avait rétabli, avait jeté trois ponts sur l'Elbe. Le vice-roi ayant fait marcher des troupes dans la direction de ces ponts, l'ennemi y a mis le feu sur-lechamp; les trois têtes de pont qui les couvraient ont été enlevées.

Le même jour, 8, à 9 heures du matin, le comte Lauriston était arrivé à Meissen. Il y a trouvé trois redoutes avec des blockhaus que les Prussiens y avaient construites; ils avaient brûlé le pont.

Toute la rive de l'Elbe est libre de l'ennemi.

-S. M. l'empereur est arrivé à Dresde le 8, à une heure après midi. L'empereur, en faisant le tour de la ville, s'est porté sur-le-champ, au chantier de construction à la porte de Pirna, et de là au village de Prielnitz, où S. M. a ordonné qu'on jetât un pont. S. M. est revenue à sept heures du soir de sa reconnaissance, au palais, où elle est logée.

La vieille garde a fait son entrée à Dresde, à huit heures du soir.

Le 9, à trois heures du matin, l'empereur a fait placer luimême sur un des bastions qui domine la rive droite, une batterie qui a chassé l'ennemi de la position qu'il occupait de ce côté. Le prince de la Moskowa murche sur Torgau.

L'empereur de Russie a quitté Dresde hier matin.

Ce fameux Stein est l'objet du mépris de tous les honnêtes gens. Il voulait révolter la canaille contre les propriétaires.

On ne revenait pas de surprise de voir des souverains comme le roi de Prusse, et surtout comme l'empereur Alexandre, que la nature a doué de tant de belles qualités, prêter l'appui de leur nom à des menées aussi criminelles qu'atroces:`

Indépendamment des canons et des bagages pris à la poursuite de l'ennemi, nous avons fait à la bataille 5,000 prisonniers et pris 10 pièces de canon. L'ennemi ne nous a pris aucun canon, mais il a fait 111 prisonniers.

Le général en chef Koutousoff est mort à Bautzen de la fièvre nerveuse, il y a quinze jours. Il a été remplacé dans le commandement en chef par le général Witgenstein, qui a débuté par la perte de la bataille de Lutzen.

(A)

Copie de la lettre dont était porteur un Cosaque fait prisonnier.

Si l'ennemi vous force à replier, vous prendrez la marche qui vous est prescrite par l'ordre du général Winzingerode. Je vous autorise à détruire tous les bagages qui embarrasseront les routes et ne pourront avancer, en brûlant les voitures, et enlevant les chevaux avec vous. Ceux qui sont en état de se sauver, faites-les courir sans relâche jusqu'à l'Elbe.

(Signé)

LANSKOY,

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S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suiyantes sur la situation de l'armée, le 10 au soir:

Le 9, le colonel Lasalle, directeur des équipages de pont, a commencé à faire établir des radeaux pour le pont qu'on jette au village de Prielnitz. On y a établi également un va-etvient. Trois cents voltigeurs ont été jetés sur la rive droite, sous la protection de 20 pièces de canon placées sur une hau

teur.

A 10 heures du matin, l'ennemi s'est avancé pour culbuter ces tirailleurs dans l'eau. Il a pensé qu'une batterie de 12 pièces serait suffisante pour faire taire les nôtres; la canonnade s'est engagée: les pièces de l'ennemi ont été démontées : trois bataillons qu'il avait fait avancer en tirailleurs ont été écrasés sous notre mitraille; l'empereur s'y est porté : le général Du lauloi s'est placé avec le général Devaux et 18 pièces d'artillerie légère sur la gauche du village de Prielnitz, position qui prend à revers toute la plaine de la rive droite: le général Drouot s'est porté avec 16 pièces sur la droite: l'ennemi a fait avancer 40 pièces de canon; nous en avons mis jusqu'à 80 en batterie,

Pendant ce tems, on traçait un boyau sur la rive droite, en forme de tête de pont, où nos tirailleurs s'établissaient à couvert. Après avoir eu 12 à 15 pièces démontées, et 15 à 18 cents tués ou blessés, l'ennemi comprit la folie de son entreprise, et à 3 heures après midi il s'éloigna.—On a travaillé toute la nuit au pont; mais l'Elbe a cru; quelques ancres ont dérivé; le pont ne sera terminé que ce soir.

Aujourd'hui, 10, l'empereur a fait passer dans la ville neuve, en profitant du pont de Dresde, la division Charpentier. Ce soir, ce pont se trouve rétabli; toute l'armée y passe pour se porter sur la rive droite. Il paraît que l'ennemi se retire sur l'Oder.

Le prince de la Moskowa est à Wittenberg; le général Lauriston est à Torgau; le général Reynier a repris le commandsment du 7e corps, composé du contingeut saxon et de la division" Durutte.

Les 4c, 6e, lle et 12e corps passeront sur le pont de Dresde demain à la pointe du jour. La garde jeune et vieille est autour de Dresde. La 2e division de la garde, commandée par le général Barrois, arrive aujourd'hui à Altenbourg.

Le roi de Saxe, qui s'était dirigé sur Prague pour être plus près de sa capitale, sera rendu à Dresde dans la journée de demain. L'empereur a envoyé une escorte de 500 hommes de sa garde, avec son aide-de-camp, le général Flahaut, pour le recevoir et l'accompagner,

Deux mille hommes de cavalerie ennemie ont été coupés de l'Elbe, ainsi qu'un grand nombre de bagages, de patrouilles de troupes légères et Cosaques. Il paraît qu'ils se sont réfugiés en Bohême,

18 Mai, 1813. Paris, le 17 Mai.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes sur la situation des armées au 11 Mai au soir:

Le vice-roi s'était porté avec le 11e corps à Bischoffswerda; le général Bertrand avec le 4e corps à Koenigsbruck; le duc de Raguse avec le 6e corps à Reichenbach; le duc de Reggio à Dresde; la jeune et la vieille garde à Dresde,

Le prince de la Moskowa est entré le 11 au matin à Torgau, et a pris position sur la rive droite à une journée de cette place: le général Lauriston lest arrivé le même jour à Torgau avec son corps, à trois heures après midi.

Le duc de Bellune avec le 2e corps s'est mis en marche sur Wittenberg, ainsi que le corps de cavalerie du général Sebastiani. Le corps de cavalerie commandé par le général Latour-Maubourg a passé le 11 sur le pont de Dresde, à trois heures après midi.

Le roi de Saxe a couché à Sedlitz. Toute la cavalerie saxonne doit rejoindre dans la journée du 13 à Dresde. Le général Reynier a repris le commandement du 7e corps à Torgau; ce corps est composé de deux divisions saxonnes formant 12,000 homines.

S. M. a passé toute la journée sur le pont à voir défiler ses troupes.

Le colonel du génie, Bernard, aide-de-camp de l'empereur, a mis une grande activité dans la réparation du pont de Dresde. Le général Rogniat, commandant en chef le génie de l'armée, a tracé les ouvrages qui vont couvrir la ville neuve, et servir de tête de pont.

On a intercepté un courrier du comte de Stackelberg, ex-ambassadeur de Russie à Vienne, au comte de Nesselrode, secrétaire d'état, accompagnant l'empereur de Russie à Dresde. On a aussi intercepté plusieurs estafettes venant de Berlin et de Prague.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes sur la situation de l'armée au 12 Mai au soir:

Le 12, à dix heures du matin, la garde impériale à pris les armes, et s'est mise en bataille sur le chemin de Pirna jusqu'au Gross-Garten. L'empereur en a passé la revue. Le roi de Saxe, qui avait couché la veille à Sedlitz, est arrivé à midi. Les deux souverains sont descendus de cheval et se sont embrassés, et ensuite sont entrés à la tête de la garde dans Dresde, aux acclamations d'une immense population. Cela formait un très-beau spectacle.

A trois heures, l'empereur a passé la revue de la division de cavalerie du général Fresia, composée de 3000 chevaux venant d'Italie. S. M. a été extrêmement satisfaite de cette cavalerie, dont la bonne tenue est due aux soins et à l'activité du ministre de la guerre d'Italie, Fontanelli, qui n'a rien épargné pour la mettre en bon état.

L'empereur a donné ordre au vice-roi de se rendre à Milan, pour y remplir une mission spéciale. S. M. a été extrêmement satisfaite de la conduite que ce prince a tenue pendant toute la campagne: cette conduite a acquis au vice-roi un nouveau titre à la confiance de l'empereur.

Proclamation de l'empereur à l'armée.

"Soldats,

"Je suis content de vous! vous avez rempli mon attente! vous avez suppléé à tout par votre bonne volonté et par votre bravoure. Vous avez, dans la célèbre journée du 2 Mai, défait et mis en déroute l'armée russe et prussienne, commandée par

T'empereur Alexandre et par le roi de Prusse. Vous avez ajouté un nouveau lustre à la gloire de mes aigles; vous avez montré tout ce dont est capable de sang français. La bataille de Lutzen sera mise au-dessus des batailles d'Austerlitz, d'Jéna, de Friedland et de la Moskowa! Dans la campagne passée, l'ennemi n'a trouvé de réfuge contre nós armes qu'en suivant la méthode féroce des barbares ses ancêtres. Des armées de Tartares ont incendié ses campagnes, ses villes, la sainte Moscou elle-même ! Aujourd'hui ils arrivaient dans nos contrées, précédés de tout ce que l'Allemagne, la France et l'Italie ont de mauvais sujets et de déserteurs, pour y prêcher la révolte, l'anarchie, la guerre civile, le meurtre. Ils se sont faits les apôtres de tous les crimes. C'est un incendie moral qu'ils voulaient allumer entre la Vistule et le Rhin, pour, selon l'usage des gouvernemens despotiques, Les insensés! ils connaismettre des déserts entre nous et eux. sent peu l'attachement à leurs souverains, la sagesse, l'esprit d'ordre et le bon sens des Allemands. Ils connaissaient peu la puissance et la bravoure des Français.

"Dans une seule journée, vous avez déjoué tous ces complots parricides....Nous rejetterons ces Tartares dans leurs affreux climats qu'ils ne doivent pas franchir. Qu'ils restent dans leurs déserts glacés, séjour d'esclavage, de barbarie et de corruption, où l'homme est ravalé à l'égal de la brute. Vous avez bien mérité de l'Europe civilisée; soldats! l'Italie, la France, l'Allemagne vous rendent des actions de grâces! "De notre camp impérial de Lutzen, le 3 Mai, 1813. “NAPOLÉON."

(Signé)

20 Mai, 1813.

Paris, le 19 Mai.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes sur la situation des armées le 13 au matin :

La place de Spandau a capitulé.

Le baron de Montaran, écuyer de l'empereur, suivi d'un homme des écuries, s'était égaré le 6 Mai, deux journées avant d'arriver à Dresde. Il est tombé dans une patrouille de caval'ennemi. lerie de 80 hommes et a été pris par

Un nouveau courrier adressé de Vienne par M. de Stackelberg à M. de Nesselrode à Dresde vient d'être intercepté. Ce qui est singulier, c'est que les dépêches sont datées du 8 au soir, et que pourtant elles contiennent des félicitations de M. de Stackelberg à l'empereur Alexandre sur la victoire éclatante qu'il vient de remporter, et sur la retraite des Français au-delà de la Saale.

La grande-duchesse Catherine a reçu à Toeplitz une lettre de son frère, l'empereur Alexandre, qui lui apprend cette grande victoire du 2. La grande-duchesse, comme de raison, a donné

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