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sera près de celui des troupes assiégeantes, pour veiller à ce qu'on fournisse exactement les vivres stipulés.

6. Pendant la durée de l'armistice, chaque place aura au-delà de son enceinte un rayon d'une lieue de France. Ce terrain sera neutre. Magdebourg aura par conséquent sa frontière à une lieu sur la rive droite de l'Elbe.

7. Un officier français sera envoyé dans chaque place assiégée pour prévenir le commandant de la conclusion de l'armistice et de son ravitaillement. Un officier russe ou prussien pourra l'accompagner pendant la route, soit en allant, soit en revenant. 8. Des commissaires nommés de part et d'autre dans chaque place régleront le prix des vivres qui seront fournis. arrêté à la fin de chaque mois par les commissaires chargés de Ce compte, veiller au maintien de l'armistice, sera soldé au quartier-général par le payeur de l'armée.

9. Des officiers d'état-major seront nommés de part et d'autre pour rectifier de concert la ligne générale de démarcation sur les points qui ne seraient pas déterminés par un courant d'eau, et sur lesquels il pourrait y avoir quelque difficulté.

10. Tous les mouvemens de troupes seront réglés de manière à ce que chaque armée occupe sa nouvelle ligne le 12 Juin (31 Mai). Tous les corps ou partis de l'armée combinée qui peuvent être au-delà de l'Elbe ou en Saxe, rentreront en Prusse.

11. Des officiers de l'armée française et de l'armée combinée seront expédiés conjointement pour faire cesser les hostilités sur tous les points, en faisant connaître l'armistice. mandans en chef respectifs les muniront des pouvoirs nécesLes com

saires.

12. On nommera de part et d'autre deux commissaires, officiers-généraux, pour veiller à l'exécution des stipulations du ssent armistice. Ils se tiendront dans la ligne de neutralité Heumarkt, pour prononcer sur les différends qui pourraient survenir.

Ces commissaires devront s'y rendre dans les vingt-quatre heures, afin d'expédier les officiers et les ordres qui doivent être envoyés en vertu du présent armistice.

Fait et arrêté le présent acte en douze articles et en double expédition, le jour mois et an que dessus.

(Signé) COULAINCOURT, duc de VICENCE;

(Signé) Le comte de SCHOUVALOFF;

(Signé) DE KLEIST.

Vu et ratifié par ordre de l'empereur et roi, le 4 Juin, 1813,

Le prince vice-connétable de France,

major-général de la grande-armée,

(Signé) ALEXANDRE.

13 Juin, 1813.

Paris, le 12 Juin.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes sur la situation des armées au 6 Juin:

Le quartier-général de l'empereur était le 6 à Leignitz.
Le prince de la Moskowa était toujours à Breslau.

Les commissaires nommés par l'empereur de Russie pour l'exécution de l'armistice, étaient le comte de Schouvalof, lieutenant-général, aide-de-camp-général de l'empereur, et M. de Koutousof, général-major, aide-de-camp-général de l'empereur. Les commissaires nommés de la part de la France, sont le général de division comte Dumoutier, commandant une division de la garde, et le général de brigade Flahault, aide-de-camp de l'empereur. Ces commissaires se tiennent à Neumarkt.

Le duc de Trévise porte son quartier-général à Glogau avec la jeune garde. La vieille garde retourne à Dresde, où l'on croit que S. M. va porter son quartier-général.

Les différens corps d'armée se sont mis en marche pour former des camps dans les différentes positions de Goldberg, de Lowenberg, de Buntzlau, de Leignitz, de Sproteau, de Sagan, etc.

Le corps polonais du prince Poniatowsky, qui traverse la Bohême, est attendu à Zittau le 10 Juin.

14 Juin, 1813.

Paris, le 13 Juin.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de la situation des armées au 7 Juin :

Le quartier-général de S. M. l'empereur était à Bunzlau. Tous les corps d'armée étaient eu marche pour se rendre dans leurs cantonnemens. L'Oder était couvert de bateaux qui descendaient de Breslau à Glogau, chargés d'artillerie, d'outils, de farines et d'objets de toute espèce pris à l'ennemi.

La ville de Hambourg a été reprise le 30, de vive force. Le prince d'Eckmühl se loue spécialement de la conduite du général Vandamme. Hambourg avait été perdu, pendant la campagne précédente, par la pusillanimité du général Saint-Cyr: c'est à la vigueur qu'a déployée le général Vandamme, du moment de son arrivée dans la 32e division militaire, qu'on doit la conservation de Brême, et aujourd'hui la prise de Hambourg. On y a fait plusieurs centaines de prisonniers. On a trouvé dans la ville deux ou trois cents pièces de canon, dont 80 sur les remparts. On avait fait des travaux pour mettre la ville en état de défense.

Le Danemarck marche avec nous: le prince d'Eckmühl avait le projet de se porter sur Lubeck. Ainsi la 32e division mili

taire et tout le territoire de l'empire sont entièrement délivrés de l'ennemi.

Des ordres ont été donnés pour faire de Hambourg une place forte: elle est environnée d'un rempart bastionné, ayant un large fossé plein d'eau, et pouvant être couvert en partie par des inondations. Les travaux sont dirigés de manière que la communication avec Harbourg se fasse par les îles en tout tems.

L'empereur a ordonné la construction d'une autre place sur l'Elbe, à l'embouchure du Havel. Koenigstein, Torgau, Wittenberg, Magdebourg, la place du Hayel et Hambourg, completteront la défense de la ligne de l'Elbe.

Les dues de Cambridge et de Brunswick, princes de la maison d'Angleterre, sont arrivés à tems à Hambourg pour donner plus de relief au succès des Français. Leur voyage se réduit à ceci : ils sont arrivés et se sont sauvés.

Les derniers bataillons des cinq divisions du prince d'Eckmühl, lesquels sont composés de 72 bataillons au grand complet, sont partis de Wesel.

Depuis le commencement de la campague, l'armée française a délivré la Saxe, conquis la moitié de la Silésie, réoccupé la 32e division militaire, confondu les espérances de nos ennemis.

Aujourd'hui, Dimanche, 13 Juin, S. M. l'impératrice-reine et régente s'est rendue a l'église métropolitaine pour assister au Te Deum chanté en actions de grâces des nouvelles victoires de S. M. l'empereur sur les armées russe et prussienne.

Cette cérémonie a été annoncée, comme la précédente, par une salve d'artillerie; l'église de Notre-Dame et le palais épiscopal ont été de même occupés par la garde impériale, sous le commandement et la police de S. Ex. le grand-maitre des cérémonies, remplaçant le grand-maréchal du palais.

La décoration de l'église et la disposition du trône étaient les mêmes. Le corps diplomatique, les familles des ministres et des grands officers, les dames et officiers des maisons impériales, occupaient dans le choeur leurs tribunes accoutumées. Les banquettes du chœur et de la partie supérieure de la nef étaient remplies, suivant l'usage, par les grands corps de l'état, les autres corps et les cours; une affluence encore plus considérable, composée de l'élite des habitans de Paris, se pressait dans toutes les autres parties de la métropole.

A une heure, S. M. l'impératrice-reine et régente est partie du palais des Tuileries dans la voiture du couronnement avec le cortége, dont l'ordre et la marche ont été publiés dans les journaux.

S. M. est descendue au portail de l'église, où elle a été reçue et haranguée en ces termes par M. le cardinal Maury, archevêque de Paris, à la tête de son chapitre.

"Madame,

"Les premières actions de grâce de V. M. I. et R. dans ce sanctuaire, y ont été l'hommage solennel de la reconnaissance publique, pour la brillante victoire qui nous promettait des succès encore plus éclatans et plus décisifs.

"Les espérances de la nation ne pouvaient ni se réaliser avec plus de promptitude, ni élever à un plus haut degré le bonheur de V. M. Son âme douce et sensible se trouve absorbée ici devant Dieu, dans le sentiment religieux de sa joie et dans l'intimité de ses affections les plus chères.

« Aujourd'hui même, Madame, nous avons célébré dans ce temple, en l'honneur du roi de Rome, si précieux à l'empire, l'anniversaire de son baptême. Votre auguste présence vient doubler en ce moment et rendre plus majestueuse encore cette fête nationale, en consacraut les nouvelles victoires qui ont eté déjà couronnées par la suspension des hostilités. Tel a été l'heureux prélude de l'armistice que votre magnanime époux vient de conclure avec nos ennemis, en arrêtant lui-même la rapidité de son char de victoire, pour traiter des conditions de la paix, au milieu de ses triomphes et de ses conquêtes.

"Le ciel a exaucé nos prières. Jouissez donc, Madame, au comble de nos prospérités, du plein succès de tous nos vœux, Votre bonheur est aussi complet qu'il est pur, et dans ce moment il ne reste plus dans la pieuse sensibilité de votre cœur, aucun point accessible aux inquiétudes et aux craintes inséparables de la guerre. C'est à l'héroïsme et à la modération de l'empereur que nous devons ce bienfait du ciel. Puisse le génie tutélaire de la France être bientôt rendu aux désirs de ses peuples, comme à la tendresse de l'auguste compagne que Dieu lui a donné pour embellir le premier trône du monde !

"C'est à vous, Madame, qu'il est réservé d'égaler son bonheur à sa gloire, en fondant votre félicité sur la sienne propre et sur l'amour de tous les Français."

S. M. a été conduite au chœur sous le dais, porté par des chanoines; et l'ordre de son cortége était le même qu'au précédent Te Deum.

S. M. l'impératrice-régente, après avoir fait sa prière au bas des marches de l'autel, est allée s'asseoir sur son trône, placé à la gauche du trône de l'empereur. M. le cardinal a commencé le Te Deum, dont la belle composition n'a pas fait moins d'honneur à M. Lesueur, directeur de la musique de LL. MM., que son exécution brillante aux musiciens de la chapelle impériale.

Après le Te Deum, S. M. l'impératrice a été reconduite sous le dais comme à son arrivée, et est rentrée au palais des Tuileries, en suivant la marche que les journaux ont fait connaître. Des salves d'artillerie ont annoncé le départ et le retour de Sa Majesté.

Les acclamations publiques qui se font entendre toutes les fois qu'on voit paroître S. M. l'impératrice, et qui lui expriment les sentimens qu'elle inspire, ont été aujourd'hui plus vives, plus prolongées, plus répétées que jamais.

A son arrivée dans l'église, à son départ, sur tout le chemin qu'elle a parcouru, l'air a retenti des vœux qu'une foule immense adressait au ciel pour son bonheur, que méritent ses vertus, pour le roi de Rome, dont cet heureux jour rappelle le baptême, et pour la conservation de notre auguste empereur, qui, s'occupant toujours également de la gloire et du bonheur des Français, augmente sans cesse l'une par ses triomphes, et cherche à consolider l'autre par une paix honorable, généreusement offerte après la victoire.

16 Juin, 1813. Paris, le 15 Juin.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de la situation de l'armée au 10 Juin:

L'empereur était arrivé le 10, à quatre heures du matin, à Dresde. La garde à cheval y était arrivée à midi. La garde à pied y était attendue le lendemain, 11.

S. M. arrivée au moment où on s'y attendait le moins, avait ainsi rendu inutiles les préparatifs faits pour sa réception.

A midi, le roi de Saxe est venu voir l'empereur qu'on a logé au faubourg, dans la belle maison Marcolini, où il y a un grand appartement au rez-de-chaussée, et un beau parc; le palais du roi qu'habitait précédemment l'Empereur n'ayant pas de jardin. A sept heures du soir, l'empereur a reçu M. de Kaas, ministre de l'intérieur et de la justice du roi de Danemarck.

Une brigade danoise de la division auxiliaire mise sous les ordres du prince d'Eckmühl, avait le 2 Juin pris possession de Lubeck.

Le prince de la Moskowa était le 10 à Breslau; le duc de Trévise à Glogau; le duc de Bellune à Crossen; le duc de Reggio sur les froutières de la Saxe et de la Prusse, du côté de Berlin. L'armistice avait été publié partout. Les troupes faisaient des préparatifs pour asseoir leurs baraques et camper dans leurs positions respectives, depuis Glogau et Leignitz, jusqu'aux frontières de la Bohême et à Gorlitz.

18 Juin, 1813. Hambourg, le 6 Juin.

Il s'est répandu dans cette ville et dans Altona un bruit devenu trop public pour que nous puissions nous dispenser d'en faire part à nos lecteurs.

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