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préalable, paraissaient devoir être la scène la plus odieuse de l'histoire moderne; mais la politique tortueuse qui porte les Anglais à demander la cession d'une province, heureuse depuis tant d'années sous le sceptre de la maison de Holstein, et la série d'intrigues dans laquelle ils descendent pour arriver à cet odieux résultat, seront considérées comme plus immorales et plus outrageantes encore que l'incendie de Copenhague. On y reconnaîtra la politique dont les maisons de Timor et de Sicile ont été victimes, et qui les a dépouillées de leurs états. Les Anglais se sont accoutumés dans l'Inde à n'être jamais arrêtés par aucune idée de justice. Ils suivent cette politique en Europe.

Il paraît que dans tous les pourparlers que les alliés ont eus avec l'Angleterre, les puissances les plus ennemies de la France ont été soulevées par l'exagération des prétensions du gouvernement anglais. Les bases mêmes de la paix de Lunéville, les Anglais les déclaraient inadmissibles comme trop favorables à la France. Les insensés! ils se trompent de latitude et prennent les Français pour des Indous!

23 Juin, 1813.

PRÉFECTURE DE POLICE.

Une ordonnance de police en date du 15 Juin, concernant les porteurs dans les halles et marchés, contient les dispositions suivantes :

Le nombre des porteurs dans les halles et marchés ne pourra pas excéder huit cents.

Les porteurs actuellement en activité, continueront d'exercer leur état, en remplissant les formalités prescrites ci-après; mais il n'en sera point admis de nouveaux jusqu'à ce que la réduction reconnue nécessaire ait été effectuée.

Nul ne peut être porteur dans les halles et marchés sans une permission délivrée par la préfecture de police.

Les porteurs seront en outre pourvus d'une médaille délivrée pareillement par la préfecture de police.

Il leur est enjoint d'avoir toujours cette médaille fixée à une boutonnière de la veste.

Les permissions délivrées jusqu'à ce jour aux porteurs dans les halles et marchés, sont annullées.

Dans un mois, à compter du jour de la publication de la présente ordonnance, les permissions et les médailles dont les porteurs sont actuellement pourvus, seront rapportées pour être renouvelées, s'il y a lieu.

La permission contiendra, en marge, le signalement du porteur. La médaille contiendra, avec le N°. d'enregistrement, les prénoms, nom et surnom du porteur.

Tout individu qui voudra obtenir une permission de porteur dans les halles et marchés, sera tenu de produire un certificat de domicile et de bonne conduite délivré par le commissaire de police de son quartier, sur la représentation des papiers de sûreté.

Ce certificat contiendra, en outre, le signalement du demandeur, et mentionera toujours que les pétitionnaires sujets à la conscription, ont satisfait à la loi.

Au mois de Décembre de chaque année, il sera fait un recensement des porteurs.

A cet effet, les porteurs seront tenus de se présenter au bureau du commissaire des halles et marchés pour y faire vérifier leurs permissions et leurs médailles.

Dans le courant du mois les médailles seront marquées d'un poinçon représentant une lettre de l'alphabet. La lettre A servira pour 1814, et successivement les autres lettres pour les années suivantes.

Il est défendu à tout individu non pourvu de permission et de médaille, de faire le service de porteur dans les halles et marchés. Ce service est également interdit à ceux dont les médailles ne porteraient pas le poinçon de l'année.

Dans ce cas les médailles seront retirées.

Il sera pris envers les contrevenans aux dispositions ci-dessus telles mesures de police administrative qu'il appartiendra.

27 Juin, 1813.

Paris, le 26 Juin.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de l'armée, en date du 21 Juin.

Le 8e corps, commandé par le prince Poniatowski, qui a traversé la Bohême, est arrivé à Zittau en Lusace.

Ce corps est fort de 18,000 hommes, dont 6,000 de cavalerie. Tous les ordres ont été donnés pour completter son habillement et pour lui fournir tout ce qui pourrait lui manquer.

S. M. a été le 20 à Pirna et à Koenigstein.

Le président de Kaas, envoyé par le roi de Danemarck, a reçu son audience de congé, et est parti de Dresde.

Les corps francs prussiens, levés à l'instar de celui de Schill, ont continué, depuis l'armistice, à mettre des contributions, et à arrêter les hommes isolés. On leur a fait siguifier l'armistice dès le 8: mais ils ont déclaré faire la guerre pour leur compte; et comme ils continuaient la même conduite, on a fait marcher contre eux plusieurs colonnes. Le capitaine Lutzow, qui commandait une de ces bandes, a été tué, 400 des siens ont été tués ou pris, et le reste dispersé. On ne croit pas que 100 de ces brigands soient parvenus à repasser l'Elbe. Une autre baude, commandée par un capitaine Colombe, est entièrement cernée;

et on a l'espoir que sous peu de jours, la rive gauche de l'Elbe sera tout à fait purgée de la présence de ces bandes, qui se portaient à toute espèce d'excès envers les malheureux habitans.

L'officier envoyé à Custrin est de retour. La garnison de cette place est d'environ 5,000 hommes, et n'a que 150 malades. La place est dans le meilleur état, et est approvisionnée pour six mois en blé, riz, légumes, viandes fraîches, et tous les objets nécessaires.

La garnison a toujours été maîtresse des dehors de la place jusqu'à 1,000 toises. Pendant ces quatre mois le commandant n'a pas cessé de travailler à augmenter les moyens de son artillerie et les fortifications de la place.

Toute l'armée est campée. Ce repos fait le plus grand bien à nos troupes. Les distributions régulières de riz contribuent beaucoup à entretenir la santé du soldat.

3 Juillet, 1813.

Paris, le 2 Juillet.

Sa Majesté l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de la situation de l'armée au 25 Juin.

Le 24, l'empereur a diué chez le roi de Saxe. Le soir, la comédie française a donné sur le théâtre de la cour une représentation d'une pièce de Molière, à laquelle LL. MM. ont assisté.

Le roi de Westphalie est venu à Dresde, voir l'empereur. Le 25, l'empereur a parcouru les différens débouchés des forêts de Dresde, et a fait une vingtaine de lieues. S. M. partie à cinq heures après-midi, était de retour à dix heures du soir.

Deux ponts ont été jetés sur l'Elbe, vis-à-vis la forteresse de Koenigstein. Le rocher de Lilienstein, qui est sur la droite, à une demi-portée de canon de Koenigstein, a été occupé et fortifié. Des magasins et autres établissemens militaires sont préparés dans cette intéressante position. Un camp de 60,000 hommes, appuyé ainsi à la forteresse de Koenigstein et pouvant manœuvrer sur les deux rives, serait inattaquable par quelque force que ce fût.

Le roi de Bavière a établi autour de Nymphenbourg, près de Munich, un camp de 25,000 hommes.

L'empereur a donné au duc de Castiglione le commandement du corps d'observation de Bavière. Cette armée se réunit à Wurtzbourg. Elle est composée de six divisions d'infanterie et de deux de cavalerie.

Le vice-roi réunit entre la Piave et l'Adige l'armée d'Italie, composée de trois corps. Le général Grenier en commande un. Le nouveau corps qui vient d'être formé à Magdebourg, sous le commandement du genéral Vandamme, compte déjà 40 bataillons et 80 pièces d'artillerie.

Le prince d'Eckmühl est à Hambourg. Son corps a été renforcé par des troupes venant de France et de Hollande; de sorte que sur ce point il y a plus de troupes qu'il n'y en a jamais eu. La division danoise qui est réunie au corps du prince d'Eckinühl est de 15,000 hommes.

Le 2e corps que commande le duc de Bellune, n'avait qu'une division pendant la campagne qui vient de finir; ce corps a été completté, et le duc de Bellune commande aujourd'hui les trois divisions.

Les circonstances étaient si urgentes au commencement de la campagne, que les bataillons d'un même régiment se trouvaient disséminés dans différens corps. Tout a été régularisé, et chaque régiment a réuni ses bataillons. Chaque jour il arrive une grande quantité de bataillons de marche qui passent l'Elbe à Magdebourg, à Wittemberg, à Torgau, à Dresde. S. M. passe tous les jours la revue de ceux qui arrivent par Dresde.

Les équipages militaires de l'armée ont aujourd'hui, soit en caissons d'ancien modèle, soit en caissons du nouveau modèle (dit No. 2), soit en voitures à la Comtoise, de quoi transporter des vivres pour toute l'armée pour un mois. S. M. a reconnu que les voitures à la Comtoise, ainsi que les caissons d'ancien modèle, ont des inconvéniens, et elle a prescrit que désormais les équipages, au fur et à mesure des remplacemens, fussent établis sur le modèle des caissons N°. 2, attelés de 4 chevaux, et qui portent facilement 20 quintaux.

L'armée est pourvue de moulins portatifs pesant 16 livres, et faisant chaque jour cinq quintaux de farine. On a distribué trois de ces moulins par bataillon.

On travaille avec la plus grande activité à augmenter les for. tifications de Glogau.

On travaille également à augmenter les fortifications de Wittemberg. S. M. veut faire de cette ville une place régulière, et comme le tracé en est défectueux, elle a ordonné qu'on la fit couvrir par trois couronnes en suivant à peu près la méthode que le sénateur comte Chasseloup-Laubat a mise en pratique à Alexandrie.

Torgau est en bon état.

On travaille aussi avec une grande activité à fortifier Hambourg. Le général du génie Haxo s'y est rendu pour tracer la citadelle et les ouvrages à établir dans les iles pour lier Harbourg avec Hambourg. Les ingénieurs des ponts et chaussées y construisent deux ponts volans dans le même systême que ceux d'Anvers; un pour la marée montante, l'autre pour la marée descendante.

Une nouvelle place sur l'Elbe a été tracée par le général Haxo, du côté de Verden, à l'embouchure de la Havel.

Les forts de Cuxhaven, qui étaient en état de soutenir un siége, mais qu'on avait abandonnés sans raison, et que

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l'ennemi avait rasés, se rétablissent. On y travaille avec activité; ce ne seront plus de siniples batteries fermées, mais un fort, qui, comme le fort impérial de l'Escaut, protégera l'arsenal de construction et le bassin, dont l'établissement est projeté sur l'Elbe, depuis qué l'ingénieur Beaupré, qui a employé deux ans à sonder ce fleuve, à reconnu qu'il avait les mêmes propriétés que l'Escaut, et qué les plus grandes escadres pouvaient y être construites et réunies dans ses rades.

La 3e division de la jeune garde, que commande le général Laborde, officier d'un mérite consommé, est campée dans les bois en avant de Dresde, sur la rive droite de l'Elbe.

La 4e division de la jeune garde, que commande le général Friant, débouche par Wurtzbourg. Des régimens de cette division ont déjà dépassé cette ville, et se portent sur Dresde.

La cavalerie de la garde compte déjà plus de 9,000 chevaux. L'artillerie à déjà plus de 200 pièces de canon. L'infanterie forme cinq divisions, dont quatre de la jeune gardé et une de la vieille.

Le Te corps que commande le général Reynier, composé de division Durutte, qui est une division française, et de deux divisions saxonnes, reçoit son complément. Ce corps est campé en avant de Görlitz. Toute la cavalerie légère saxonne y 'est réunie et va être également complettée.

Le roi de Saxe porte aussi ses deux beaux régimens de cuirassiers à leur complet.

S. M. a été extrêmement satisfaite des rois et des grands-ducs de la confédération. Le roi de Wurtemberg s'est particulièrement distingué. Il a fait, proportion gardée, des efforts égaux à ceux de la France: et son arinée, infanterie, cavalerie et artillerie, a été portée au grand complet. Le prince Emile de Hesse-Darmstadt, qui commande le contingent de HesseDarmstadt, s'est constamment fait distinguer dans la campagne passée et dans celle-ci par beaucoup de sang-froid et beaucoup d'intrépidité. C'est un jeune prince d'espérance, que l'empereur affectionne beaucoup. Les seals princes de Saxe sont en arrière pour leur contingent.

Non-seulement la citadelle d'Erfurt est en bon état et parfaitement approvisionnée, mais les fortifications de la ville ont été relevées; elles sont couvertes par des ouvrages avancés, et désormais Erfurt sera.une place forte de première importance.

Le congrès n'est pas encore réuni; on espère pourtant qu'il le sera sous quelques jours. Si on a perdu un mois, la faute n'en est pas à la France.

L'Angleterre, qui n'a pas d'argent, n'a pu en fournir aux coalisés; mais elle vient d'imaginer un expédient nouveau. Un traité a été conclu entre l'Angleterre, la Russie et la Prusse, moyennant lequel il sera créé pour plusieurs centaines de millions d'un nouveau papier garanti par les trois puissances. C'est

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