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La séance a été ouverte par un discours latin sur l'utilité et les avantages de l'étude de la langue grecque, prononcé par M. Planche, professeur de rhetorique au Lycée Bonaparte.

Ce discours fini, S.Exc. le grand-maître a parle aux élèves à peu près eu ces termes:

"Cette fête de l'université se confond avec celle de son fondateur pour rappeler continuellement à la jeunesse française le grand nom qui doit être l'objet de ses hommages et de son admiration.

"Cette époque solennelle est aussi chère aux maîtres qu'aux élèves. Elle leur ferait sentir, s'ils en avaient besoin, qu'en formant le goût à la connaissance des beautés littéraires, il n'est pas moins important de former l'âme aux habitudes monarchiques.

"Ces deux genres d'instruction, si je l'ose dire, ont des rapports plus intimes qu'on ne pense. Le goût du beau dans les ouvrages d'esprit naît du sentiment délicat et sûr de toutes les convenances. N'est-ce pas ce même sentiment des convenances qui nous accoutume à bien juger les grands rapports de l'harmonie sociale? Soit qu'il se renferme dans les objets de pur agrément, soit qu'il embrasse de plus hauts intérêts, il nous met en garde contre les innovations hasardeuses, et ces théories bizarres qu'enfantent des esprits faux ou pervers.

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Quand des maîtres habiles et sages, parlant au nom des siècles, s'appuyant sur l'autorité des grands modèles, formaient des disciples dignes d'eux, toutes les bonnes traditions sociales se maintinrent avec celles du goût et dès beaux arts.

"Mais quand l'anarchie osa s'introduire dans les doctrines littéraires, elle passa bientôt dans les doctrines politiques. Aussi les esprits séditieux ont presque toujours attaqué les maximes de l'ancienne éducation, pour ébranler plus sûrement la base des empires.

"Ne cessons donc point de remettre en honneur ces solides études qui développaient à la fois la raison et le goût, et qui ne rendaient les esprits plus justes, que pour faire des concitoyens plus fidèles.

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"Nous recueillerons encore les fruits de ce double enseignement. Le même esprit règne dans tous les lycées de l'empire. Ces concours annuels justifient de plus en plus nos espérances. L'université n'a point vu sans un vif intérêt, que dans les compositions tirées même des sujets anciens, les meilleurs élèves s'étaient empressés de saisir avec le discernement le plus sûr toutes les allusions brillantes qu'offraient les tems modernes. Plusieurs ont ramené l'image du prince dans les discours les plus distingués pour leur élegance et leur correction, et cette image environnée de tant de gloire, n'en a que mieux inspiré leur jeune talent,

"Un écrivain éloquent a dit qu'on ne pouvait parler sans éloquence de Rome et d'Athènes. En effet, l'imagination s'élève

en présence des lieux célèbres. Il sort même de leurs ruines je ne sais quelle inspiration qui double le talent de l'orateur. Mais si le pouvoir des lieux est si grand, combien l'est davantage le souvenir des hommes extraordinaires ! On ne peut s'occuper d'eux sans être saisi d'enthousiasme. Vivans, on les révère déjà comme s'ils étaient anciens. Tel est l'homme immortel qui se place naturellement au milieu de toutes nos leçons, et dont la seule vie nous dispense de chercher ailleurs d'autres exemples d'héroïsme. Sa gloire embellit toutes nos solennités. C'est sous ses auspices, c'est en son nom, jeunes élèves, que nous allons vous distribuer ces couronnes pour vous les rendre encore plus chères et plus honorables."

28 Aout, 1813.

Paris, le 27 Août.

DÉCRETS IMPÉRIAUX.

Au quartier-impérial de Dresde, le 13 Août, 1813. Napoléon, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la confédération du Rhin, médiateur de la confédération Suisse,

etc. etc. etc.

Sur le rapport de notre grand juge ministre de la justice;
Notre conseil d'état entendu,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. 1er. Le délai accordé à ceux de nos sujets qui, lors de la publication de notre décret du 26 Août, 1811, étaient déjà naturalisés en pays étranger ou au service d'une puissance étrangère pour obtenir notre autorisation par lettres-patentes, est prorogé jusqu'au ler Janvier, 1814.

2. Ceux qui ont déjà obtenu ou qui obtiendront les lettres patentes mentionnées en l'article ci-dessus, seront tenus de les lever et de les faire revêtir des formalités prescrites par l'article 2 de notre décret du 26 Août, 1811, dans le même délai, à peine de décheance.

3. Notre grand juge ministre de la justice est chargé de l'exé cution du présent décret, qui sera inséré au bulletin des lois.

(Signé)

NAPOLÉON.

Par l'empereur,

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Le ministre secrétaire d'état,

30 Août, 1813.

Dresde, le 16 Août.

L'empereur a quitté cette capitale hier, vers cinq heures de

l'après-midi, et a pris la route de Pirna.

Le roi de Naples est parti aujourd'hui à midi. Ce prince z pris la route ordinaire d'étapes, et s'est porté par Schmiedefeld sur Bautzen.

Depuis avant-hier, on a placé beaucoup d'artillerie sur les remparts de la vieille ville, ainsi que dans les redoutes qu'on a construites en avant des faubourgs.

Après le départ de la garde impériale, les troupes westphaliennes qui, depuis quelques semaines, occupaient un camp en avant de cette capitale, ont été mises en garnison tant dans la vieille ville qu'à Friedrichstad.

Il est arrivé le 14 un détachement de Polonais de la légion de Ia Vistule. On attend encore ici plusieurs corps de troupes de cette nation, de sorte que dans quelques jours notre garnison sera nombreuse.

Nous voyons passer ici sans interruption des régimens entiers d'infanterie et de cavalerie.

On ajoute tous les jours aux ouvrages qui défendent les dehors et les dedans de notre place. On peut inonder en entier une partie des faubourgs. Les maisons qui se trouvent aux entrées intérieures de la ville sont abattues et converties en batteries.

Paris, le 29 Août.

Copie d'une lettre de S. Ex. M. le comte Daru, ministre secrétaire d'état, à S. Ex. le ministre de la guerre, datée de Corlitz, le 24 Août, 1813.

M. le duc, comme je vois que l'empereur est extrêmement occupé, tantôt sur les bords du Bober, tantôt sur les débouchés de la Bohême, et tantôt sur l'Elbe; et comme la campagne est extrêmement active, il serait possible que S. M. n'eût pas trouvé un moment pour vous écrire.

Je crois utile de faire connaître à V. Ex. que l'armée est dans le meilleur état, et abondamment pourvue de tout ce qui lui est nécessaire.

L'armée ennemie, qui était en Silésie, a été battue et repoussée au loin. Les débouchés de la Bohême ont été occupés et fortifiés. Il paraît que, dans ce moment, S. M. manœuvre l'armée ennemie sur l'Elbe.

Celle de nos armées qui manœuvrait vers le Brandebourg, doit être entrée aujourd'hui à Berlin.

Celle du prince d'Eckmühl, réunie au corps danois, doit être maintenant à quelques marches de cette ville.

Je prie V. Ex. d'agréer, etc.

(Signé)

Le comte DARU,

2 Septembre, 1814.

Paris, le 1er Septembre.

Les événemens militaires qui se suivent avec rapidité n'ayant pas permis d'en donner une relation détaillée, nous sommes autorisés, en les attendant, à publier la lettre suivante, adressée par S. Ex. le duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à S. A. S. le prince archi-chancelier de l'empire.

Monseigneur,

J'ai eu l'honneur de vous écrire hier 26, et d'annoncer à V.A. S. que les armées russe, prussienue et autrichienne avaient marché pour attaquer Dresde sous les yeux de leurs souverains, et qu'elles ont été repoussées sur tous les points.

On comprendra facilement que l'empereur est tellement occupé, qu'il est impossible de donner en ce moment un récit détaillé des événemens qui ont eu lieu.

Les hostilités ont commencé le 17; S. M. était entrée en Bohême le 19, occupant les principaux débouchés à Rumbourg et à Gabel, et ayant porté ses troupes jusqu'à douze lieues de Prague. Le 21, elle était en Silésie, battant l'armée russe et prussienne des généraux Sacken, Langeron, Yorck et Blucher, et forçant les belles positions de la Bober.

Pendant que l'ennemi croyait encore S. M. au fond de la Silésie, elle y laissait une puissante armée sous les ordres du duc de Tarente, faisait faire dix lieues par jour à sa garde, et arrivait à Dresde, menacée depuis plusieurs jours d'une attaque imminente. S. M. est entrée dans la ville hier à neuf heures du matin, et a fait aussitôt ses dispositions.

A trois heures après midi, les armées russe, prussienne et autrichienue, commandées par les généraux Wittgenstein, Kleist et Schwarzenberg, ont déployé 150,000 hommes, marchant contre la ville. Toutes les attaques ont été repoussées avec la seule garde vieille et jeune, qui s'est couverte de gloire. L'ennemi a laissé 4000 morts aux pieds de nos redoutes. On a pris 2000 hommes, un drapeau, et plusieurs pièces de canon.

Ce matin, à 4 heures, l'empereur était sur le terrein: la pluie tombait par torrens, les maréchaux duc de Raguse et de Bellune passaient les ponts avec leurs corps. A 8 heures, notre attaque a commencé par une canonnade très-vive. L'extrême gauche de l'ennemi était commandée par les genéraux autrichiens Ignace, Giulay et Kienau, et séparée du reste de l'armée par la vallée de Plauen. L'empereur l'a fait attaquer par le maréchal duc de Bellune, et par la cavalerie du général Latour-Maubourg, sous les ordres du roi de Naples. On compte dejà parmi les trophées de cette journée 15,000 hommes, dont le feld-maréchal lieutenant Metzko, deux généraux de brigade, beaucoup d'offciers supérieurs, 20 pièces de canon et 10 drapeaux.

Pendant ce tems, le général Vandamme qui avait débouché par Koenigstein, s'emparait du plateau de Pirna, se mettait à cheval sur la route de Peterswalde, et se rendait maître des dé bouchés de la Bohême, en battant 15,000 hommes qui s'étaient présentés devant lui, et faisant un bon nombre de prisonniers.

En ce moment les routes de Peterswalde et de Freyberg sont coupées; les Russes et les Prussiens étaient venus par la route de Peterswalde, et les Autrichiens par celle de Freyberg.

Si l'armée ennemie qui est nombreuse, puisqu'elle se compose de corps russes et prussiens et de toute l'armée autrichienne, prend le parti de la retraite, elle éprouvera nécessairement des pertes considérables; si elle tient, il y aura demain des événenemens décisifs.

Depuis les affaires d'Ulm, l'armée française ne s'était pas battue par un plus mauvais tems et des pluies plus abondantes. L'empereur y a été exposé toute la journée. Il rentre en cet instant. Les nombreuses colonnes de prisonniers, les pièces de canon et les drapeaux qui ont été pris traversent la ville. Les habitans font éclater la joie la plus vive à la vue de ces trophées.

Le duc de Reggio doit être depuis le 23 ou le 24 à Berlin. · Le duc de Tarente pousse les restes de l'armée de Silésie sur Breslau.

Ce n'est point un bulletin que j'adresse à Votre Altesse Séré. nissime, mais j'ai cru qu'il était de mon devoir de lui donner ces importantes nouvelles, S. M. n'ayant pas le tems d'écrire: elle se porte à merveille.

Une circonstance excitera l'indignation universelle: l'ex-géné ral Moreau est à l'armée ennemie, à la suite de l'empereur de Russie, comme son conseiller privé. Il a ainsi jetté le masque, dont il n'était plus couvert aux yeux des personnes clairvoyantes depuis plusieurs années.

Je ne puis encore, Monseigneur, envoyer à Votre Altesse Sérénissime, les pièces relatives à la déclaration de guerre de l'Autriche; au milieu des événemens qui se succèdent, je n'ai pas encore trouvé le moment de les mettre sous les yeux de l'empereur.

Je suis avec respect,

Monseigneur,

De Votre Altesse Sérénissime,

Le très-humble et très-obéissant serviteur,
Le duc de BASSANO.

Dresde, le 27 Août, 1813, à six heures du soir.

P. S.-Nos pertes sont peu considérables; les affaires d'hier et d'aujourd'hui ne nous ont coûté aucune personne de marque.

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