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Le 3 Septembre, le prince de la Moskowa a pris le commandement de l'armée, et s'est porté sur Interborgh. Le 5, il a attaqué et battu le général Tauentzien; mais le 6, il a été attaqué en marche par l'armée ennemie, commandée par le général Bulow. Des charges de cavalerie sur ses derrières ont mis le désordre dans ses parcs. Il a dû se retirer sur Torgau. Il a perdu 8000 tués, blessés ou prisonniers, et 12 pièces de canon. La perte de l'ennemi doit avoir été aussi très forte.

Sire,

Rapport du prince de la Moskowa.

Le 12e corps d'armée a attaqué l'ennemi le 5, et l'a culbuté avec une grande vigueur jusqu'au-delà de Sayda; nous avons pris trois drapeaux, plusieurs pièces de canon et quelques centaines de prisonniers prussiens; le champ de bataille était couvert des morts de l'ennemi.

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Le lendemain, 5, le 4e corps a débouché à huit heures du matin par Neundorf et Interbock: l'ennemi tenait les hauteurs en arrière de Dennewitz. Le 7e corps marchait sur Rohrbeck, et le 12e sur Ohna: je refusais ainsi ma gauche, et j'étais en mesure de soutenir le 4e corps qui, au lieu d'attaquer, devait tourner Interbock par sa droite, pour masquer le mouvement que je voulais faire sur Dahma, et auquel j'étais déterminé par la certitude que toute l'armée ennemie débouchait en grande hâte sur Dennewitz. L'avant-garde ennemie a été renversée par la division Morand, qui a fait des prodiges de valeur. La division de cavalerie légère du général Lorge, mal engagée et ramenée en désordre, a causé quelque confusion que la bonne conL'ennemi se rentenance de l'infanterie a bientôt fait cesser. forçant très-rapidement, le 4e corps s'est trouvé entièrement engagé. Le 7e, qui s'était fait attendre, arrivait enfin, et j'ai ordonné au général Reynier de charger vivement la droite de l'ennemi en même tems que le général Morand renouvellerait son attaque; cette charge générale a eu beaucoup de succès; l'ennemi venait de perdre beaucoup de terrein; la division Durutte se conduisait bien; 60 pièces de canon tiraient à mitraille sur les troupes ennemies qui étaient en désordre dans les basfonds entre Golsdorf et Welmersdorf; enfin, le 12e corps, qui entrait vivement en action, refoulait la droite de l'ennemi sur son centre, séparé de sa gauche par le 4e corps. Dans ce moment, la bataille était gagnée; mais deux divisions du 7e corps ont faibli, et ce corps, qui s'est trouvé tout-à-coup replié en entier, et qui a entraîné une partie du 12e, a fait changer l'état des choses.

L'ennemi a pu jeter des masses entre le 4e et le 12e corps, qui se battaient toujours avec la plus grande chaleur; j'ai rapproché insensiblement le 4e de la droite du 12e. L'artillerie de position placée sur les hauteurs entre Ohna et Dennewitz

remplissait l'intervalle, et j'ai alors ordonné la retraite; le 4e corps l'opéra en bon ordre sur Dahma, et les 7e et 12e se sont dirigés sur Schweinitz.

Ce matin, l'ennemi au nombre de 3 à 4 mille lionmes d'infanterie, avec du canon et 120 chevaux venant de Lackau, a attaqué très-brusquement Dahma. Le 23e régiment de ligne a marché sur lui et l'a forcé à s'éloigner précipitamment. Le pont de Herzberg sur l'Elbe a été brûlé; nous en avons conservé deux autres au-dessus et au-dessous de cette ville. Demain le 4e corps, avec une division de cavalerie légère, s'échelonnera depuis Herzberg jusqu'à Torgau. Les 7e et 12e corps, et les deux autres divisions de cavalerie, occuperont des positions sur Torgau.

La perte éprouvée dans la journée d'hier est d'environ 8000 hommes et de 12 pièces de canon; celle de l'ennemi à dû être aussi considérable, l'artillerie des divers corps ayant consonimé une grande partie de ses munitions. Nous avons eu beaucoup de prisonniers en notre pouvoir, mais ils ont disparu pendant la marche de nuit.

Je suis, avec le plus profond respect,

Sire,

De Votre Majesté,

Le très-humble et très-obéissant serviteur et

fidèle sujet,

(Signé) Le maréchal prince de la MOSKOWA. Torgau, le 7 Septembre, 1813.

Sa Majesté l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de l'armée au 11 Septembre:

La grande armée ennemie, battue à Dresde, s'était réfugiée en Bohême. Instruits que l'empereur s'était porté en Silésie, les alliés ont réuni un corps de 80,000 hommes, composé de Russes, de Prussiens et d'Autrichiens, et se sont portés, le 5,', sur Hottendorf, le 6 sur Gieshubel, et le 7 sur Pirna.

Le 8 à midi, l'empereur se porta à Dohna, fit attaquer par le maréchal Saint-Cyr l'avant-garde ennemie, qui fut chassée par le général Bonnet des hauteurs de Dohna. La nuit, les Français étaient sur le camp de Pirna.

Le 9, l'armée française marcha sur Borna et Furstenwalde. Le quartier général de l'empereur fut à Liebstadt.

Le 10, le maréchal Saint-Cyr se porta du village de Furstenwalde sur le Geyersberg, qui domine la plaine de la Bohême. Le général Bonnet, avec la 43e division, descendit dans la plaine près de Toeplitz. L'on apperçut l'armée ennemie qui cherchait à se rallier, après avoir rappelé tous ses détachemens de la Saxe. Si le débouché du Geyersburg avait été praticable pour

l'artillerie, cette armée aurait été attaquée en flanc pendant sa marche; mais tous les efforts faits pour descendre du canon furent inutiles.

Le général Ornano déboucha sur les hauteurs de Peterswalde, pendant que le général Dumonceau y arrivait par Hollendorf. Nous avons fait quelques centaines de prisonniers, dont plusicurs officiers. L'ennemi a constamment évité la bataille, et s'est retiré précipitamment dans toutes les directions. Le 11, l'empereur est retourné à Dresde.

25 Septembre, 1813.

Munich, le 17 Septembre.

Les 2es bataillons de landwerhr destinés à completter les Ters bataillons incorporés aux régimens, sont nommés à présent bataillons libres, indépendans, et disponibles pour le service de l'armée.

Les 3es bataillons, qui ne sont pas encore formés, seront composés d'hommes mariés, et doivent completter les bataillons au régiment. On n'avait point d'armes pour ces bataillons, et on est obligé, pour les armer, de prendre les fusils de sousofficiers des régimens de ligne.

-Les nouvelles qu'on a reçues à Vieune de la Hongrie sont loin d'être aussi satisfaisantes qu'on avait paru l'espérer. L'Angleterre continue à entretenir, à grands frais, dans cette capitale, quelques misérables brouillons, dignes émules des Drake, des Willot, et autres gens de cette espèce.

Parmi ceux qui remplissent ces nobles fonctions, on cite un M. de Hardenberg, hanovrien de naissance, parent du chancelier prussien, et domicilié à Vienne. Cet homme, connu pour un des plus grands usuriers de cette ville, avait depuis long-tems la réputation d'être un agent stipendié par l'Angleterre; mais si l'on n'en avait pas été bien convaincu, la lettre suivante, qui a été interceptée, suffirait pour lever tous les doutes: elle était adressée à un nommé George Best, vieil employé hanovrien, attaché à la chancellerie de Munster, à Londres. Il est curieux de voir avec quel respect M. de Hardenberg traite ce commis; mais ce respect cessera de surprendre, quand on connaîtra la nature des relations qu'il entretient avec lui.

A M. George Best, à Londres, Buke Street, No. 40.
Vienne, le 28 Août, 1813.

"Noble seigneur, "J'ai l'honneur, par ces présentes, de vous donner avis qu'à cause de différens arrangemens que je ne puis spécifier ici, nais qui vous seront connus plus tard, parce que j'ignore par quelles passera cette lettre d'avis, mais dout la justification suit

mains

par une voie plus sûre, en date de ce jour, j'ai tiré sur votre grandeur, sous la date d'aujourd'hui, pour la somme de 2,200 liv. sterl., les traites suivantes, montant de mes honoraires accoutumés:

· 780 l. 14-6 en 2 traites, 400 1. et 380-14-6.

607

5-6 en 2 traites.

500

200

112

2,200 1. à 14 jours de vue;

ordre d'Arnstein et Eskelet; je vous prie de les honorer en leur tems Je remarque seulement provisoirement que celles de 500 et 200 ne doivent point charger le compte habituel qui doit être envoyé, et je me recommande toujours à la bienveillance de votre grâce."

Très-obéissant,

H. HARDENBERG.

(Extrait du Journal de l'Empire.)

Paris, le 24 Septembre.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de l'armée au 13 Septembre, 1813:

Le quartier-général de l'empereur était à Dresde.

Le duc de Tarente, avec les 5e, Ile et 3e corps, s'était placé sur la rive gauche de la Sprée. Le prince Poniatowski, avec le 8e corps, était à Stolpen. Toutes ces forces étaient ainsi concentrées à une journée de Dresde, sur la rive droite de l'Elbe.

Le comte de Lobau, avec le 1er corps, était à Nollendorf, en avant de Péterswalde; le duc de Trévise, à Pirna; le maréchal Saint-Cyr, sur les hauteurs de Borna, occupant les débouchés de Furstenwalde et du Geyersberg; le duc de Bellune, à Altenberg.

Le prince de la Moskowa était à Torgaw, avec les 4e, 7e et 12e corps.

Le duc de Raguse et le roi de Naples, avec la cavalerie du général Latour-Maubourg, se portaient sur Grossen-Hayn. Le prince d'Eckmühl était sur Ratzeburg.

L'armée ennemie de Silésie était sur la droite de la Sprée. Celle de Bohême était: les Russes et les Prussiens dans la plaine de Toeplitz, et un corps autrichien à Marienberg. L'armee ennemie de Berlin était à Junterbork.

Le général français Margaren, avec un corps d'observation, occupait Leipsick.

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Le château de Sonnenstein, au-dessus de Pirna, avait été occupé, fortifié et armé.

S. M. avait donné le commandement de Torgau au comte de Narbonne.

Les quatre régimens des gardes d'honneur avaient été attachés, le ler, aux chasseurs à cheval de la garde; le 2e, aux dragons; le 3e, aux grenadiers à cheval; et le 4e, au 1er régiment de lanciers. Ces régimens de la garde leur fournissaient des instructeurs, et toutes les fois qu'on marchait au combat, y joignaient de vieux soldats pour renforcer leurs cadres et les guider. Un escadron de chaque régiment des gardes d'honneur était toujours de service près de l'empereur avec l'escadron que fournit chaque régiment de la garde, ce qui portait à huit le nombre des escadrons de service.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de l'armée au 17 Septembre, 1813:

Le 14, l'ennemi déboucha de Toeplitz sur Nollendorf et menaça de tourner la division Dumonceau qui était sur la hauteur. Cette division se retira en bon ordre sur Gushabel, où le comte de Lobau réunit son corps. L'ennemi ayant voulu attaquer le camp de Gushabel, fut repoussé et perdit beaucoup de monde.

Le 15, l'empereur partit de Dresde et se porta au camp de Pirna. H dirigea le général Mouton-Duvernet, commandant la 42e division, par les villages de Langenhenersdorf et de Bera, tournant ainsi la droite de l'ennemi. En même tems le comte de Loban l'attaqua de front; l'ennemi fut mené l'épée dans les reins tout le reste de la journée.

Le 16, il occupait encore les hauteurs au-delà de Peterswalde, A midi, on se mit à sa poursuite, et il fut délogé de sa position. Le général Ornano fit faire de belles charges à la division de cavalerie de la garde et à la brigade de chevau-légers polonais du prince Poniatowski. L'ennemi fut poussé et jetté en Bohème dans le plus grand désordre. Il a fait sa retraite avec tant d'activité qu'on n'a pu lui prendre que quelques prisonniers, parmi lesquels se trouve le général Blucher, commandant l'as vant-garde, et fils du général en chef prussien Blucher.

Notre perte a été peu considérable. Le 16, l'empereur a couché à Péterswalde, et le 17 S. M. était de retour à Pirna.

Thielmann, général transfuge du service de Saxe, avec un corps de partisans et de transfuges, s'est porté sur la Saal, Un colonel autrichien s'est porté en partisan sur Colditz. Les géuéraux Margaron, Lefebvre-Desnouettes et Piré, se sont mis avec des colonnes de cavalerie et d'infanterie à la suite de ces partis, espérant en avoir bon compte.

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