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était sous les armes dès cinq heures du matin avec sa compagnie. Entendant du bruit du côté de la porte, il s'y porta; mais l'ennemi avait déjà forcé le poste, et occupait les maisons. Il le retint assez long-tems pour donner la facilité à une partie des deux compagnies du 150e de le rejoindre, et fit sa retraite hors de la ville.

On croit que le colonel du 150e a été pris dans son lit, et on craint que l'aigle du régiment n'ait été pris en même-tems; toutefois, comme ce colonel se trouvait-là en détachement, on n'est pas bien certain qu'il ait apporté l'aigle de son corps dans son logement à Neuss.

La force de l'ennemi qui occupa Neuss était d'environ 900 hommes d'infanterie prussienne, et de 60 hussards.

M. le général Sébastiani, informé à Cologne de l'événement, me fit partir sur-le-champ avec un détachement de cavalerie du général Quinette qui se trouvait à Worringen. Je me portai surle-champ sur Neuss avec 500 hommes d'infanterie et 200 hommes de cavalerie. La cavalerie du général Quinette fit une charge et culbuta les 60 hussards; elle en fit 15 prisonniers et en sabra plusieurs.

A l'aspect des forces que j'amenais, l'ennemi s'empressa de quitter la ville, et j'y entrai à neuf heures du soir.

L'événement de Neuss ne peut être attribué qu'à l'extrême négligence du commandant du 150e, et à la manière dont le service se faisait, quelques instructions que je lui eusse données avant de quitter Neuss, pour me rendre à Cologne où j'avais été appelé par mes chefs.

J'ai l'honneur d'être, etc.

Le général-commandant la 2e brigade de la
10 division du 5e corps d'armée,
(Signé) Genéral BEAUVAIS.

18 Décembre, 1813.

Paris, le 17 Décembre.

DÉCRET IMPÉRIAL.

Réglement sur le mode de réception des denrées provenant des réquisitions faites pour les armées, et les récépissés à fournir aux contribuables.

Au palais des Thuileries, le 15 Décembre, 1813. Napoléon, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la confédération du Rhin, médiateur de la confédération Suisse, etc. etc. etc.

Voulant garantir de toutes vexations et difficultés, de la part des gardes-magasins, ceux de nos sujets qui sont chargés de fournitures par réquisitions, et leur assurer la prompte expédi tion des récépissés des denrées par eux fournies;

Notre conseil d'état entendu,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. 1er. Le préfet de chaque département auquel il aura été fait demande de réquisitions, nommera et chargera de se rendre dans chaque lieu indiqué pour le versement des denrées requises, un commissaire qui s'y tiendra pendant tous le tems que le service l'exigera.

2. Ce commissaire sera chargé de recevoir, à leur arrivée, les denrées requises, et d'en fournir le récépissé, qui servira aux contribuables de titre au paiement du prix de leurs denrées, en sorte qu'ils n'aurout aucun rapport avec les gardes-magasins militaires,

3. Le commissaire du préfet sera seul chargé des livraisons à faire aux gardes-magasins militaires; il sera, à cet effet, tenu entr'eux un compte ouvert, arrêté et signé chaque jour.

4. Les dépenses auxquelles donnera lieu la présence du commissaire, seront payées sur mandat du préfet, imputable sur le fonds des dépenses imprévues du département.

5. Nos ministres de l'intérieur et de l'administration de la guerre sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera inséré au bulletin des lois. (Signé) NAPOLEON.

Par l'empereur,

Le ministre secrétaire d'état,

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Aujourd'hui, Dimanche, 19 Décembre, S. M. l'empereur et roi est parti à une heure du palais des Thuileries, en grand cortége pour se rendre au corps législatif.

L'empereur a prononcé le discours suivant:

"Sénateurs,

"Conseillers d'état,

"Députés des départemens au corps législatif, "D'éclatantes victoires ont illustré les armes françaises dans cette campagne; des défections sans exemple ont rendu ces victoires inutiles: tout a tourné contre nous. La Frauce même

serait en danger, sans l'énergie et l'union des Français.

"Dans ces grandes circonstances, ma première pensée a été de vous appeler près de moi. Mon cœur a besoin de la présence et de l'affection de mes sujets.

"Je n'ai jamais été séduit par la prospérité. L'adversité me trouverait au-dessus de ses atteintes.

"J'avais plusieurs fois donné la paix aux nations lorsqu'elles

avaient tout perdu. D'une part de mes conquêtes, j'ai élevé des trônes pour des rois qui m'ont abandonné.

"J'avais conçu et exécuté de grands desseins pour la prospérité et le bonheur du monde!.... Monarque et père, je sens ce que la paix ajoute à la sécurité des trônes et à celle des familles. Des négociations ont été entamées avec les puissances coalisées. J'ai adhéré aux bases préliminaires qu'elles ont présentées. J'avais donc l'espoir qu'avant l'ouverture de cette session, le congrès de Manheim serait réuni; mais de nouveaux retards, qui ne sont pas attribués à la France, ont différé ce moment que presse le vœu du monde.

"J'ai ordonné qu'on vous communiquât toutes les pièces originales qui se trouvent au porte-feuille de mon département des affaires étrangères. Vous en prendrez connaissance par l'intermédiaire d'une commission. Les orateurs de mon conseil vous feront connaître ma volonté sur cet objet.

"Rien ne s'oppose de ma part au rétablissement de la paix. Je connais et je partage tous les sentimens des Français. Je dis des Français, parce qu'il n'en est aucun qui désirât la paix au prix de l'honneur.

"C'est à regret que je demande à ce peuple généreux de nouveaux sacrifices; mais ils sont commandés par ses plus nobles et ses plus chers intérêts. J'ai dû renforcer mes armées par de nombreuses levées : les nations ne traitent avec sécurité qu'en déployant toutes leurs forces. Un accroissement dans les recettes devient indispensable. Ce que mon ministre des finances vous proposera est conforme au système de finances que j'ai établi. Nous ferons face à tout sans emprunt qui consomme l'avenir, et sans papier-monnaie qui est le plus grand ennemi de l'ordre social.

"Je suis satisfait des sentimens que m'ont montrés dans cette circonstance mes peuples d'Italie.

"Le Danemarck et Naples sont seuls restés fidèles à mon alliance.

"La république des Etats-Unis d'Amérique continue avec succès sa guerre contre l'Angleterre.

"J'ai reconnu la neutralité des 19 Cantons Suisses.

"Sénateurs,

"Conseillers d'état,

"Députés des départemens au corps législatif,

"Vous êtes les organes naturels de ce trône: c'est à vous de donner l'exemple d'une énergie qui recommande notre génération aux générations futures. Qu'elles ne disent pas de nous: Ils ont sacrifié les premiers intérêts du pays; ils ont reconnu les lois que l'Angleterre a cherché en vain, pendant quatre siècles, à imposer à la France!

"Mes peuples ne peuvent pas craindre que la politique de leur empereur trahisse jamais la gloire nationale. De mon côté,

j'ai la confiance que les Français seront constamment dignes d'eux et de moi!"

Après le discours de S. M., la séance terminée, S. M. s'est levée au milieu des acclamations.

22 Décembre, 1813.

Paris, le 21 Décembre.

CORPS LÉGISLATIF.

Présidence de S. Ex. le duc de Massa.

SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE.

La séance est ouverte à une heure.

M. le président communique à l'assemblée une lettre par laquelle S. Ex. le duc de Bassano, ministre secrétaire d'état, l'informe que des orateurs du conseil d'état se rendront aujourd'hui, à trois heures, dans le sein du corps législatif.

L'assemblée procède à un premier tour de scrutin pour la nomination des vice-présidens.

Aucun membre ne réunit la majorité absolue des suffrages. Cette élection est suspendue par l'arrivée de MM. les orateurs du conseil d'état, comtes Regnaud de Saint-Jean-d'Angely et Lavallete.

M. le comte Regnaud se présente à la tribune et donne lecture d'un décret de S. M. conçu en ces termes :

Extrait des minutes de la secrétairerie d'état.

Au palais des Thuileries, le 20 Décembre, 1813. Napoléon, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la confédération du Rhin, médiateur de la confédération Suisse, etc. etc. etc.

Notre conseil d'état entendu,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. 1er. Le corps législatif nommera une commission extraordinaire de cinq membres.

2. Chaque membre sera nommé par un scrutin séparé, et à la majorité absolue des voix.

3. Le président du corps législatif sera, de droit, membre de la commission, indépendamment des membres élus au scrotin. 4. Lorsque la nomination de la commission sera terminée, le président du corps législatif nous le fera connaître par un mes

sage.

5. Le présent décret sera porté au corps législatif par des orateurs de notre conseil d'état.

Par l'empereur,

(Signé)

Le ministre secrétaire d'état,

NAPOLÉON.

(Sigué) Le duc de BASSANO.

M. le comte Regnaud de Saint-Jean-d'Angely:-Messieurs, dans les deux dernières campagnes, sans avoir été abandonnés par la victoire, nous avons été trahis par la fortuue.

A la première, un de ces hivers qui n'attristent la nature qu'une fois par siècle; à la seconde un abandon, des défections dont l'histoire offre peu d'exemples, ont rendu stériles les plus éclatans succès.

Heureusement, Messieurs, la nation, qui avait joui de la prospérité saus ivresse, a soutenu le malheur sans découragement; et après avoir généreusement, dans les guerres précédentes, défendu le territoire de nos alliés des maux de la guerre, nous nous sommes préparés courageusement à en préserver le nôtre.

Appelés près du trône dans des circonstances graves, l'empereur vient vous associer, Messieurs, aux intentions de sa politique, comme aux efforts de son administration.

J'ai dit les intentions et non pas les secrets de sa politique; et en effet cette politique a toujours été la défense et l'indépendance de l'honneur, de l'industrie et du commerce de la France et de ses alliés.

Mais les nations comme les gouvernemens, frappés vivement, fortement préoccupés des événemens les plus récens, oublient les événemens plus éloignés, gardent mal la mémoire des causes premières, et perdent de vue les anneaux de cette chaîne historique qui rattache le passé au présent.

A Dieu ne plaise, Messieurs, que je retrace ici aujourd'hui aucuns souvenirs propres à aigrir aucuns esprits, à rechauffer aucuns ressentimens.

Je ne reporte ma pensée, je n'appelle la vôtre sur le passé que parce que dans chacune des pages qui en ont conservé le souvenir, ou peut reconnaître avec certitude quels ont été les provocateurs de la guerre.

La guerre existe en Europe depuis vingt ans; la dernière se rattache à la première, et est la conséquence de son principe. Pour voir à qui doivent être imputés les malheurs et la durée de cette guerre, il suffit de remonter à son origine, et de rappeler que les intervalles de paix, ou plutôt les courtes trèves durant lesquelles les peuples out respiré, sont dus à cette France.

L'agression n'est venue de la France, ni en 1792 quand elle fut envahie; ui en l'an 7, quand le traité de Campo-Formio fut rompu; ni en l'an 8, quand les Russes vinrent à travers l'Allemagne et l'Italie menacer nos frontières; ni en l'an 10, quand le traité d'Amiens fut violé; ni à l'époque de l'invasion de la Bavière, quand la paix de Lunéville fut méconnue; ni à l'époque où le traité de Presbourg fut mis en oubli; ni quand les engagemens de Tilsitt furent abandonnés ; ni quand les traités de Vienne et de Paris furent déchirés.

Et n'est-ce pas la France, au contraire, qui, victoriense et

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