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sère par la cession d'une part du sol à ces hôtes incommodes 1.

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'Populi tamen aggravati per Langobardos hospites partiuntur. - Paul. Diac. II, 16. Un manuscrit de Milan porte per Langobardis hospicia, ce qui paraît une leçon préférable. Sur la condition des Romains, sous les Lombards, V. Della vicende della proprieta in Italia, lib. II, c. 7.

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LIVRE VI.

DES HOMMES LIBRES ET DES ALLEUX.

CHAPITRE PREMIER.

Réflexions générales.

Lors de la conquête, ce fut l'état des personnes qui fit la condition des propriétés. La terre du noble fut noble, celle du Barbare fut franche, celle du Romain soumise à l'impôt. Mais la terre étant la source et le cachet de la puissance, l'État des terres a bientôt exprimé plus au vifque tout le reste la condition des personnes. Le signe alors est devenu cause, et l'état des personnes a été commandé par l'état des terres. Un grand propriétaire barbare ou romain, peu importe, est devenu bien vite un noble, un grand; dépouillés, ses descendans se sont perdus dans la masse du peuple, et le successeur dans la propriété, quelle que fût son origine, a été à son tour un grand, un noble.

Cette révolution lente qui fit prévaloir les re

T. I.

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lations du sol sur les relations personnelles, c'est l'histoire de l'époque germaine. Quand la révolution fut accomplie, et que la terre fut la noblesse et la grandeur, ce fut le système féodal. Et la ruine de ce système arriva quand la condition des personnes vint à prévaloir sur la condition des terres; ce fut le règne de la noblesse de race et de la monarchie royale.

Ainsi, et à mesure qu'on s'est éloigné de la conquête, les conditions sociales s'étant toujours et de plus en plus incorporées au sol, les variations successives de la propriété ont réglé presque seules le mode et les vicissitudes de toutes les conditions, de tous les droits, de toutes les libertés '. Ceci, qu'on ne l'oublie pas, est la clé de ce livre.

CHAPITRE II.

Du canton et de la marche 2.

Ce puissant esprit d'association qui avait donné le monde aux Germains ne s'affaiblit

1

Guizot, troisième essai sur l'histoire de France.

" Mæser, Osnabrukische Geschichte, t. I, 1re section. Eichorn, De l'origine des villes allemandes, dans le journal de Savigny, t. I, p. 167 et ss.

point par la victoire; un lien nouveau, celui du territoire, unit plus étroitement encore tous les vainqueurs.

Les cités laissées aux Romains, la campagne fut découpée en cantons', les cantons en centaines 2, les centaines en dixaines 3, les dixaines en manoirs particuliers ; ce qui resta en dehors de ces manoirs fut propriété commune, ce fut la marche, comme on disait alors. Cette marche

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' Pagus, gau chez les Allemands, scyre, chez les AngloSaxons.

* Centenæ, LL. Wisig., IX, 2. SS 1; 3, 4, L. Alam., t. 36, hundred chez les Anglo-Saxons. C'est de ce mot hundred (hundrada) que quelques savans font dériver le mot italien contrada, contrée.

3 Ces dixaines sont dites ordinairement marcha, toothing, tienmantale chez les Anglo-Saxons.

• Villa, mansus, hoba. Dans les ventes ou donations d'immeubles, on désigne toujours le canton et la centaine. Chronic. Fontanellense, c. 7. Villam... sitam in pago Oximensi, in centena Noviacense, c, 8. De villa Digmaniaco, quæ sita est in pago Oximensi, in centena Alancionensi. Tabularium abbatiæ Belliloci in Lemovicibus. Hæc omnia sunt in pago Lemovicino, et Caturcino, et centenis Vertelense et Lidense.

* Je me sers de cet ancien mot, qui fut autrefois usité dans ce

sens:

Le Roman d'Amile et d'Amy, mss.

Si saisirez vos honors et vos marches

Que l'an vous a donnés.

En latin marca, en allemand mark, chez les Anglo-Saxons mearc, chez les Suisses almende.

fut composée d'immenses pâtures où le Barbare envovait ses bestiaux, et de forêts où il se livrait à la chasse avec cette furie dont les rois normands ont laissé le dernier exemple 2.

Chaque canton eut à sa tête un comte, chef pendant la guerre, juge pendant la paix. On ne séparait point alors ces deux fonctions *. La centaine et la dixaine eurent aussi leur chef, le

'Sur l'usage de ces communaux, usurpés plus tard par les comtes et les monastères, voyez Zellweger, dipl. 17, et un diplôme curieux dans Mæser, Osnab. Gesch., t. II, dipl. 49.

* Chez les Alamanni, par exemple, un chien tête de meute (lailihunt) vaut 12 solidi, le prix du cheval de bataille, deux fois le prix d'un cheval ordinaire, quatre fois le prix d'un taureau. Lex Alam., tit. 82, § 2; tit. 75, § 1.

Comes, en allemand graf; chez les Anglo-Saxons greve. Muratori, Dissertazioni sopra le antichita Italiane, dissertat. 8. Mariana, De reb. Hisp., lib. VI, c. 1.

Voici un diplôme de comte donné par Charlemagne et qui détaille les fonctions de ce magistrat. Baluze, I, 250. Quapropter in illa parte Saxoniæ Trutmannum virum illustrem ibidem comitem ordinamus, ut resideat in curte ad campos, in mallo publico ad upgrsorum causas audiendas, vel recta judicia termimanda, isque advocatum omnium presbyterorum in tota Saxonia fideliter agat, superque vicarios et scabinos, quos sub se habet, diligenter inquirat, et animadvertat ut officia sua sedulo peragant, tandem idem comes omnia sua sibi singulariter a nobis præscripta toto conatu et viribus perficiat, atque ita memoratus noster comes Trutmannus bene ingenuus, atque securus existat. Winspeare, Storia degli abusi feudali, p. 201 et ss.

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