Page images
PDF
EPUB

phénomène remarquable et que j'attribue à ́ l'introduction des hommes libres dans les vassalités, là reparurent tous les priviléges de l'homme libre '. Le propriétaire d'alleux, le Franc ne peut être jugé que par ses pairs et dans l'assemblée du canton présidée par le comte; ainsi le bénéficiaire doit être jugé par les autres fidèles réunis sous la présidence du comte du palais 2. Et

præcipimus, ut si adversus jam dictum abbatem ejusque successoribus vel etiam monachis ibidem Deo famulantes, eorumque rebus vel familia aliquæ causæ surrectæ vel ortæ fuerint, aut etiam ullus sit qui de eorum rebus abstrahere vel minuare cogat, nullatenus præsumat, nec eos distringere, neque de eorum rebus aliquid minuare, quousque in præsentiam nostram, vel comites palatii nostri sint suspensæ vel reservatæ ; quatenus inibi cuncta ad eos pertinentia secundum æquitatis ordinem diffiniantur. — Diplôme de Pépin, roi d'Aquitaine, de l'an 833. Hist. du Languedoc, t. I.

[blocks in formation]
[ocr errors]

L'intitulé ordinaire des diplômes est : Cum nos in Dei nomine in palatio nostro, ad universorum causas recto judicio terminandas, una cum dominis et patribus nostris episcopis, optimatibus, domesticis, palatii ministris, vel reliquis fidelibus nostris, nec non cum comite palatii resideremus, etc. (Baluze, t. II, 909.) -Schoepfflin, Alsatia illust., t, I, p. 51, nous a conservé un de ces jugemens royaux de Charlemagne. L'auteur de Villa Noviliaca (œuvres d'Hincmar, II, 833). Dedit Carolus Donato in beneficium villam Noviliacum. Processu denique temporis commendavit Donatus filium suum Gozzelinum Carolo regi, cui in beneficium dedit Carolus villam Noviliacum..... Deinde Landrada uxor Donati. Sed et filii eorum pergente Carolo (Calvo) rege ad obsidendos Normannos..... cum aliis defecerunt. Quorum honores et proprietates a francis auferri et in fiscum re

ce ne furent pas seulement des causes de médiocre intérêt qui furent portées au jugement des fidèles, ce furent toutes les affaires qui intéressèrent le roi et sa cour, alors même que l'accusation atteignait des personnes du sang royal: Tassilon, accusé de félonie', Bernhard2, Pépin3, accusés de conspiration, l'impératrice Judith* accusée d'adultère, furent jugés par des fidèles.

Ces priviléges de l'alleu communiqués aux bénéfices expliquent comment le fief reproduisit les priviléges de l'alleu; preuve évidente que du bénéfice au fief il n'y eut de différence que la durée.

digi judicatæ sunt. Ce nom de Franci se prend souvent pour désigner les fidèles, surtout dans les derniers temps de la monarchie. Conv. ap. Marsnam, II, an. 851, cap. 8. 'Ann. Mettenses, ann. 788. Rex congregavit synodum in præfata villa (Ingelheim) et ibi venit Tassilo. - Ab omnibus dijudicatus est ad mortem; et cum omnes capitalem sententiam proclamarent, rex, misericordia motus, eo quod consanguineus ejus esset, obtinuit ab ipsis Dei et suis fidelibus, ut non more

retur.

2 Einhardi annales, ann. 818. 818 (D. Bouquet, VI, 207).

Ann. Bertin., ann. 864.

Ann. Fuldenses, ann.

* Ann. Bertin., an. 830 D. Bouquet, VI, 193. Ab omnibus episcopis, abbatibus, comitibus ac ceteris Francis judicatum est: ut conjux imperatoris reduceretur. — Ibid., an. 831. Purificavit se secundum judicium Francorum.

་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་

་་་་་་་་་་་་་་་་་་

CHAPITRE XII.

Le maire du palais'.

Ce développement des concessions bénéficiaires, en modifiant l'organisation militaire et en jetant dans la vassalité royale tout ce qu'il y avait d'ambitieux et d'ardent dans le pays, fit la fortune du maire du palais. Cet officier n'était dans l'origine que l'administrateur des biens royaux, ce qu'étaient le major, le villicus, dans les terres des grands; ces biens du fisc devenus l'objet des bénéfices, le maire, chargé de l'administration et de la dispensation des bénéfices, fut en réalité le premier personnage du royaume. Il y eut entre lui et les fidèles une conspiration permanente, une espèce d'assurance mutuelle qui garantit à l'un la perpétuité de l'office pour garantir à tous la perpétuité du bénéfice3. Quand les leudes bourguignons

'Major domus regiæ, major palatii,' major in aula, senior domus, præpositus palatii, rector aulæ, subregulus. Pertz, Geschichte der Merowingischen Hausmeier, Hanovre, 1819.

3

"Eichorn, Deutsche Rechts und Staats geschichte, § 125.

Fredeg., Chron., c. 89. Flaochatus cunctis ducibus de regno

livrérent Brunehaut à Clothaire, ils firent jurer au roi qu'il conserverait toute sa vie dans ses fonctions de maire Warnachaire, le chef de la défection; c'était la garantie la plus sûre que Clothaire n'oublierait pas un jour les services. rendus '.

Les leudes finirent par se rendre maîtres de la fonction, seul moyen d'assurer la possession paisible de la concession; l'élection du maire dépendit de leur choix. Le maire commanda seul l'armée des fidèles; et présidant la cour féodale, l'autorité du roi ne fut plus que nominale2: toute la puissance fut aux mains de cet autre

vizir.

En Austrasie les leudes choisirent le maire dans la même famille; ce fut la fortune des Carolingiens: les bénéfices s'accumulèrent dans leurs mains, et avec ces bénéfices ils s'attachèrent directement les fidèles. Le nom du roi mérovingien finit même par s'oublier en Austrasie, et

Burgundiæ, seu et pontificibus per epistolam, etiam et sacramentis firmavit unicuique gradum honoris et dignitatem seu et amicitiam perpetuo conservare.-Montesquieu, XXXI, c. 1-3 - Eichorn, I, 123.

[ocr errors][merged small]

2 Fredeg., Chron., 42, 72, 89, 92, 95, 98, 101 et 106.Winspeare, Storia degli abusi feudali, p. 208.

le maire eut ses fidèles ', son armée et sa cour2. La victoire de Testri acheva cette indépendance absolue de la famille carolingienne. Un souvenir de leur descendance sacrée conserva quelque temps encore les derniers Mérovingiens, mais il y avait longtemps que leur puissance était évanouie et qu'ils n'étaient plus dans l'État qu'une gêne inutile, quand le pape Zacharie prononça, sur la demande de Pépin3, que le trône devait appartenir à celui qui avait la science et la force, de préférence à celui qui n'avait que le nom 1.

'Fredeg., Chron., c. 109. Egregius bellator Carolus princeps regionem Burgundiæ sagaciter penetravit, fines leudibus suis probatissimis viris industriis ad resistendum gentibus rebellibus et infidelibus statuit; pace parta Lugdunum in Gallia suis fidelibus tradidit.-Vita S. Salvii episcopi. Dux(Carolus)... convocavit omnes principes, satrapas et optimates, ac magistratus et duces, et omnes domesticos suos, qui gubernabant sub ipso regnum et imperium. Pertz, p. 86. - Eichorn, I, 127

et ss.

" Placitum, ann. 720 et 746 (Martène et Durand, t. II, p. 15, p. 19). Proinde nos (dit Charles-Martel) taliter una cum fidelibus nostris, id est episcopis et abbate

tro.

[ocr errors]

comiti palatio nos

3 Philipps, Hist. d'Allemagne, se donne beaucoup de mal pour démontrer qu'il n'y eut pas usurpation de la part de Pé pin; t. I, p. 523 el ss. Hotoman, Franco-Gallia, ch. Utrum Pipinus papæ an concilii franco-gallici auctoritate rex factus fuerit.

4

App. ad Gesta Franc. (Bouquet, II, p. 576).

[ocr errors][merged small]
« PreviousContinue »