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»> ne veut pas la croire, elle doit prendre dans sa >> main gauche sa tresse de cheveux, poser cette >> main sur son sein droit, et avec sa main droite >> jurer par Dieu et les saints; ce qu'elle aura >> ainsi affirmé aura pleine valeur, et personne >> ne pourra lui contester son morgengabe. >>

Chez les Lombards, qui ne connaissaient point de douaire, la morgengabe en faisait fonction; mais cette donation ne pouvait excéder le quart des biens du mari; ainsi l'avait établi Luitprand'.

L'usage d'assurer le quart de ses biens à sa femme finit par devenir général. La faculté devint un droit, la quarte fut une légitime. Les femmes dans l'acte même des fiançailles demandaient caution pour leur morgengabe et se faisaient en outre constituer ce douaire avant le mariage 3. Muratori a donné sur ce point les. plus curieux documens *.

'Leges Langob. Luit., lib. II, lege 1.

* Formulæ regni Italici ad Legem 182 Rotharis regis : Da wadium quod facies ei quartam portionem de quanto tu habes, aut in antea adquirere potueris, tam de re mobili quamque immobili, seu familiis, et si te subtraxeris componas libras C. — V. aussi la formule que j'ai donnée sup., ch. IV.

3 De là le nom d'antefactum, antefatto, que porte le douaire dans les coutumes italiennes. Gans, Erbrecht, III, 239. — Muratori, diss. 20.

* Antiq. Italic., diss. 20. Voici un de ces diplômes : In nomine Domini nostri J.-C., anno nativitate ejusdern 1185, 15 kal. decemb. Ind. III. Dilecta valde atque amabilis mihi semper No

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CHAPITRE VIII.

Faderfium. Don mutuel.

Dans cette législation du mariage, les donations du mari jouaient le principal rôle ; c'était le contrepied des idées romaines. Il n'est pas rare néanmoins de voir la femme apporter à son mari quelque dot. Atque invicem ipsa armorum aliquid viro affert, dit Tacite '. C'était en général un avancement d'hoirie donné

par le père, ainsi

mencale, filia Guasconi de Monte-Clariculo, honesta femina, sponsa mea; ego quidem in Dei nomine Guidotus filius quondam Vilani de prædicto loco, qui professus sum ex natione mea lege Langobardorum vivere; sponsus et dator tuus, præsens præsentibus dixi: Manifesta causa (chose) est mihi, quoniam die illo quando te sponsavi, promiseram tibi dare justitiam tuam (ta légitime) secundum legem meam in morgincap, id est quartam portionem omnium rerum mobilium et immobilium quas nunc habeo aut in antea habuero. Nunc autem si Christo auxiliante te in conjugio sociavero, suprascriptam quartam portionem omnium rerum mobilium et immobilium ut supra legitur, tuæ dilectioni do, cedo, confero, et per præsentem cartam morgincap in te habendum confirmo, ut facies exinde a præsenti die tu et heredes toi, aut cui vos dederitis, quicquid volueritis ex mea plenissima largilate. Actum Montis-Clariculi feliciter. Ego Ainricus, notarius sacri palatii, rogatus interfui et scripsi. Voyez aussi Galland, p. 321 et ss.

De Morib. Germ., 16.

que l'indiquent les lois des Allemands et des Bavarois1.

Cette dot donnée par le père ou les frères au jour du mariage, les lois lombardes la nomment fader fum; c'était toute la part de la fille dans la succession paternelle, quand elle avait des frères, mais quand elle n'avait que des sœurs, elle rapportait sa dot et partageait également avec elles. Ce fader fium passait à ses enfans et, à défaut d'enfans, faisait retour à ses proches 3.

La loi lombarde défendait au mari de rien don

'Lex Alam., t. 55. Quidquid de sede paterna secum attulit. -Lex Bajuv., VII, 14. Quidquid de rebus parentum ibi adduxit.

"Muratori, diss. 20, traduit ce mot par hérédité paternelle; cette traduction me semble préférable à celle de Grimm, R. A., p. 430, qui traduit par argent du père (vatergeld). Ce mot fium n'est-il pas l'origine du fief (fevum, feodum), qui nous vient, dit-on, de Lombardie? - Au moyen âge cette donation du père a porté en France et en Angleterre le nom de maritagium. Homines de territorio de Bernvalle possunt dare filiis suis et filiabus suis in maritagio de terris suis quantum voluerint et facere dotalitium competens uxoribus suis. C'est ainsi que parle un accord entre Odo, évêque de Senlis, et les hommes de Berneval. (Galland, p. 324.)

3 Rotharis L. 181, 132. (Lomb., II, 14, 14, et II, 1, 4.) ↑ Rotharis L. 199. (Lomb., II, 14, 15.)

Rotharis L. 201. Et si filios de ipsa muliere habuerit legitimos, habeant filii morgincap et faderfium suæ matris ; et si filios de ipsa non habuerit, revertatur ipsa facultas ad parentes qui eam ad maritum tradiderant; et si parentes non habuerit tune.... prædicta facultas ad curtem regis perveniat. (Lomb., I, 9, 12). Gans, Erbrecht, III, p. 176.

ner à sa femme en dehors de la meta et du morgengabe; cette restriction paraît due à l'influence des lois romaines; je ne la vois pas du moins dans les autres lois germaines.

La loi des Ripuaires' autorise formellement le don mutuel entre époux au cas où ils n'ont point d'enfans; seulement elle ne donne que l'usufruit; la nue propriété retourne aux héritiers légitimes, à moins que l'époux survivant n'ait disposé du fonds dans une nécessité pressante ou pour des usages pieux. Cet usufruit est, comme le douaire, une jouissance beaucoup plus étendue que l'ususfructus des lois romaines.

Que ces donations fussent fréquentes, c'est ce que prouve le recueil de Marculf, dans lequel il y a

1

Lex Ripuar., tit. 48. De homine qui sine heredibus moritur. Si quis procreationem filiorum vel filiarum non habuerit, omnem facultatem suam in præsentia regis, sive vir mulieri, vel mulier viro, seu cuicumque libet de proximis vel extraneis adoptare in hereditatem, vel adfatimi per scripturarum seriem, seu per traditionem, et testibus adhibitis secundum legem ripuariam licentiam habeat. Tit. 49. de Adfatimi re. Quod si adfatimus fuerit inter virum et mulierem post discessum amborum ad legitimos heredes revertatur; nisi tantum qui parem suum supervixerit, in eleemosyna vel in sua necessitate expenderit.

2

Usufructuario ordine, subusu beneficio, Marculf, II, f. 8. Souvent on interdisait le droit d'aliéner: Dum advixeris usufructuario ordine debeas possidere, post tuum quoque discessum ad legitimos nostros revertatur heredes, et nullum pontificium quicquam exinde alienandi aut minuandi habere non debeas. Marculf, II, 8.

trois ou quatre formules différentes de ces libéralités : don mutuel in palatio, par la main du roi', don mutuel dans l'assemblée du canton", don mutuel par commun testament 3, forme romaine qu'avait introduite une novelle de Théodose et de Valentinien *.

Le don mutuel tel que nous le présente la loi ripuaire subsiste dans nos anciennes coutumes, qui prohibent toute autre donation entre époux.

Nota, dit l'auteur du Grand Coutumier, secundum consuetudinem parisiensem, quod uxori vivæ nihil legare possum, vel in morte donare, possumus tamen invicem facere donationem mutuam omnium bonorum, quæ quidem donatio valet et tenet non ex

' Marculf, I, 12.

* Marculf, VI, 7, 8. — Capit., I, 212. Qui filios non habuerit et alium quemlibet heredem sibi facere voluerit, coram rege vel coram comite et scabinis vel missis dominicis, qui ab eo ad justitias faciendas in provincia fuerint ordinati, traditionem faciat.

Marculf, II, 17 (appendix, K). Cette dernière formule est fort remarquable en ce que le don mutuel a lieu, encore bien qu'il y ait des enfans issus du mariage.

* Novellarum Theod. et Valent, lib. II, tit. 4. de Testamentis; dans l'appendix de Godefroy au C. Th. (éd. de Lyon), p. 21. In unius chartæ volumine supremum votis paribus condidere judicium, septem testium subscriptionibus roboratum: cui nos æternam tribui firmitatem legis hujus definitione censuimus: quoniam nec captatorium dici potest, cum duorum fuerit similis affectus, et simplex religio testamenta condentium.

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